Et désolé pour le retard.
super vivement la suite ;)
omg le chapitre 26 comment tu ma refroidis a la fin
Vraiment ... , non franchement j'aime beaucoup ce que tu fais, c'est pour dire que j'ai tout lu en une journée, vraiment hâte de découvrir la suite des aventures de Roderick " La Flèche blanche "
vraiment génial cette fic
Je n'aurais jamais imaginé Ulfric aussi sanglant, moi qui le voyais plus respectueux après la défaite de ses ennemis. Bonne transition qui nous rappel que Roderick n'est pas le seul a avoir des problèmes.
Chapitre 34 :
Portes de Vendaume…
-Il faut arrêter l’hémorragie ! Vous devez le sauver, bordel !
Les deux soldats Impériaux posèrent le chevalier sur la table d’opération le plus délicatement possible. Edwyn Layvon se pencha au-dessus du corps. L’armure avait été perforée au niveau du ventre, et les plaques de métal distordues laissaient s’échapper les tripes et les boyaux qui s’étalaient sur le sol.
-Je ne peux plus rien pour lui, répondit le médecin. Il est déjà mort.
Un sanglot agita l’uns des deux soldats. L’autre fixa Edwyn, le regard sombre.
-Qui était-il ? demanda le médecin.
-Erik Guerrier-Né.
-Jeanne ! Note son nom et l’heure du décès sur ton calepin ! Varek ! Fourre-le dans un sac !
-Quoi ?! s’insurgea le soldat. Vous comptez mettre un noble Nordique qui s’est battu pour sa patrie dans un sac comme un vulgaire paysan, sans même jeter un œil à son cadavre ?! Pour qui vous prenez-vous ?!
Edwyn s’approcha du soldat et se colla presque à lui, avant de hurler :
-Espèce de petite merde ! Regarde un peu dehors, et donne-moi le nom d’une seule personne qui n’est pas en train de se battre ! Je devrais traiter cet homme différemment des autres parce qu’il porte un nom fameux ?! Sur le champ de bataille, un homme est un homme ! Seigneur ou paysan, un coup d’épée aura le même effet ! Alors, je répète, en quel honneur devrais-je traiter cet homme différemment des « vulgaires paysans » qui se battent, là, en contrebas, tout aussi bravement que n’importe quel noble Nordique ?! Hein ?! Dégage de ma tente, troufion, et laisse moi travailler, parce que j’ai des blessés à soigner, et eux sont bien vivants !
Le soldat ne demanda pas son reste. Edwyn soupira et se massa les tempes. Il fut tiré de ses pensées par les hurlements d’un Légionnaire qu’on amenait dans la tente, et dont les jambes avaient été broyées par un coup de masse.
Il avait du travail.
Marius Oresin balança son sabre et emporta une tête. Il se redressa sur son cheval et para un coup de hache d’un cavalier Sombrage, avant de contre-attaquer. Sa lame siffla et traça une hideuse ligne rouge en travers du visage du Nordique.
Celui-ci s’affaissa et disparut dans la mêlée.
Marius se retourna et faucha deux hommes, d’un même revers. Il jeta son bouclier au loin, qui le ralentissait, et saisit son glaive des deux mains, avant de l’abattre violemment sur le crâne d’un guerrier adverse qui tentait de le faire tomber de cheval.
Les cris, le tintement métallique des épées s’entrechoquant, le grincement des armures en train d’exploser sous le coup de masse, le sifflement insupportable des flèches et le vrombissement des projectiles de catapultes enflammés fusant dans le ciel. Ces bruits lui emplissaient les oreilles.
Il ne pensait plus qu’à se battre. Et mourir.
Il avait tout de suite compris qu’ils ne gagneraient pas. Une différence de force trop évidente. Les Sombrages étaient supérieurs en nombre. Et Ulfric les menaient. Comment était-il revenu aussi vite de Solitude ? Personne ne le savait. Mais il combattait, la tête de Tullius accrochée à sa ceinture.
Marius le savait très bien. Il menait sa dernière bataille. Sa dernière danse. Et, curieusement, il n’avait pas peur. Il était euphorique. Parce que pour la première fois dans sa vie de Légionnaire, il se battait pour de bon. Il ne pensait à rien. Il tuait, tuait autant que possible, avant d’être tué à son tour. L’essence de la guerre. L’essence du combat.
Marius Oresin crut apercevoir le général Bacchus, dans la foule, rugir un ordre et décapiter un Sombrage d’un coup de tailles, avant de tenter une percée dans les rangs ennemis. Puis, le général disparut du champ de vision de Marius, submergé par le nombre.
L’Impérial ne sentit même pas la lance qui lui transperça la poitrine, ni l’épée qui se ficha dans son épaule. Il continua à se battre. Et il rit.
Edwyn s’essuya le front avec un chiffon. Sa blouse était imbibée de sang. Il était en train de recoudre une blessure sur l’épaule d’un soldat, un sale coup d’épée qui lui avait également emporté la moitié du visage, quand on lui apporta un énième corps.
Le médecin avait cessé de les compter.
Il ne leva même pas la tête.
-Jeanne ! Occupes toi du nouvel arrivant ! Varek, apporte moi un baquet d’eau chaude et une pince !
-Nous aimerions que vous vous en occupiez, docteur. Vous-même.
Edwyn se retourna en grognant et jeta un coup d’œil au pauvre diable qu’on lui apportait.
Un énorme Impérial. Son visage était couvert de cicatrices. Il était pâle, et semblait dormir. Le sang qui dégoulinait de son crâne ne faisait aucun doute quant à son état.
-Il est mort, dit le médecin d’un ton neutre en retournant à son travail. Son nom?
-Hector Bakmarck, officier de la Légion.
-Mettez-le dans le sac, avec les autres. Varek, il vient ce baquet d’eau chaude ?!
Olaf hurlait ses ordres et faisait des grands gestes nerveux. Ses longs cheveux détachés se balançaient dans tous les sens, et sa barbe était trempée de sueur. Uns de ses soldats se présenta devant lui.
-Nous perdons du terrain, capitaine ! Les Sombrages nous font reculer ! Que devons-nous faire ?
Olaf avait assez d’expérience pour savoir qu’avec ses maigres effectifs, il ne retiendrait pas longtemps ses ennemis. Il avait une assez bonne vue sur la bataille qui s’étendait devant lui et il n’y avait pas besoin d’être un grand stratège pour prévoir le résultat.
Les portes de Vendaume n’étaient même pas ébréchées. Ulfric se battait comme un démon, répandant la mort autours de lui, transformé en une arme à visage humain.
Mais il pensait être capable de retenir les rebelles au moins un peu. Au moins le temps que le général Bacchus ordonne la retraite. S’il la donnait un jour.
-Voila ce que vous allez faire, commença Olaf Barbefilante.
Mais le bruit d’un tir de catapulte couvrit son cri.
-Pouvez-vous répéter, capitaine ? fit le soldat en criant pour se faire entendre.
Olaf n’en eut pas le temps. Le soldat regarda la pointe de flèche ensanglantée qui ressortait de sa poitrine. Olaf ouvrit la bouche. Le soldat cligna des yeux, trois fois, exactement, et s’effondra. Une mare de sang s’élargit autours de lui.
Les Sombrages étaient là.
Un énorme destrier noir s’arrêta devant lui, monté par un Nordique colossal à la barbe drue, vêtu d’une peau d’ours terrifiante. Son regard était aussi noir que la mort elle-même. Galmar Rudepoing. Le bras droit d’Ulfric Sombrage.
Derrière lui, ses hommes mettaient le camp Impérial à feu et à sang.
Olaf tomba à genoux. Galmar renifla.
-Chien de renégat. Traître à ta patrie.
-Pitié, Galmar… Je t’en prie… Ulfric, il…
-Tais-toi. Pas de pitié pour les faux Nordiques.
Sa hache se leva et retomba lourdement. Du sang gicla aux alentours. Olaf n’émit pas à un seul cri. Galmar tourna la tête vers ses troupes et leva sa hache d’arme au-dessus de sa tête. On aurait dit un vrai monstre. Un barbare des temps anciens.
-Bordeciel est aux Nordiques ! Sus aux envahisseurs Impériaux !
très beau chapitre mais pourquoi nous faire une partie de l'histoire sur la guerre ?
Ben, quelle question, parce que ça fait partie du scénario et que ça va avoir un impact sur l'histoire de Roderick
Wow
Sweet ?
Vous en avez eu une hier
Suite ce soir je pense
Excellent chapitre de bataille ! Une ambiance bien travaillée
Bon et apparement tu ne consideres pas les sombrages comme etant des gens tres appreciable j'adhere a ça
Chapitre 35 :
Tarlor talonna sa monture et fit claquer les rennes. Ses cheveux fouettaient son visage. Le petit officier Impérial serrait les dents, les yeux plissés à cause du blizzard. A mesure qu’il s’éloignait du champ de bataille et que les hurlements s’amenuisaient, au loin, l’air devenait de plus en plus glacial.
Il était entouré d’une escorte de trois Légionnaires en armure lourde.
Le petit Impérial se souvint des dernières paroles du général Bacchus qu’il avait entendu, dans le fracas des armes et les cris de douleur.
« Prend cette lettre, Tarlor ! Prend, et fuis ! Passes la frontière et confie le message au Conseil ! Il est de la plus haute importance ! »
Tarlor avait vite compris, comme tous les autres, que la guerre était perdue.
Mais il ne pensait plus qu’à une chose : Rejoindre la Cité Impériale au plus vite, et protéger le message de sa vie.
L’officier ne fit pas beaucoup de chemin.
Il fit ralentir son cheval trente mètres plus loin, et finit par le stopper complètement. A ses côtés, les trois Légionnaires dégainèrent leurs épées. Ils étaient nerveux et lançaient des regards méfiants autours d’eux.
Tarlor inspira longuement.
Il avait toujours été préparé à la mort. Cela faisait parti de son métier. Mais pas comme ça. Il ne voulait pas finir de cette manière.
D’entre les arbres qui bordaient la route jaillirent onze Sombrages. Ils ne se pressèrent pas et entourèrent les Impériaux au petit trot. Des rires gras fusaient ici et là. Tarlor passa son regard sur eux.
-Eh bien, lança l’un d’entre eux. Où vas-tu comme ça, mon petit Impérial ? Tu ne nous dis même pas au revoir ?
Des chasseurs de déserteurs. Des rebelles Sombrages chargés d’attraper et de tuer toute personne, quelle que soit son camp, qui tenterait de fuir le champ de bataille. Tarlor jaugea ses adversaires en un instant.
Il avait beau n’avoir pas toujours été le plus courageux des hommes, il était avant tout un soldat expérimenté et un guerrier. Cinq secondes lui suffirent pour estimer ses chances de victoire et la force de ses adversaires.
Onze contre quatre. Des Nordiques féroces et échauffés par l’alcool, aux armes affûtés et aux montures en pleine forme. Tarlor en emporterait quatre, voire cinq, avant de périr. Mais onze contre quatre… Il ne reverrait jamais les remparts de la Cité Impériale.
Pourvu que les Sombrages ne remarquent pas le message…
-Oh, fit un autre rebelle, regardez ce qu’il tient. On dirait une lettre cachetée… Ca te dérangerait de nous la montrer, petit Impérial, avant qu’elle ne soit toute tâchée de sang et qu’on ne puisse plus la lire ? Hein ?
Tans pis.
Tarlor dégaina son sabre. Mourir, il y était préparé, oui. Et il défendrait chèrement sa vie. Onze contre quatre.
Tarlor jeta un dernier coup d’œil derrière lui, vers le champ de bataille où combattait son général. Puis, il partit à l’assaut.
Bacchus talonna son cheval et se dressa sur sa selle pour enfoncer son épée jusqu’à la garde dans la gorge d’un Sombrage. Avec un cri de guerre, le général Impérial arracha le propre sabre du Nordique de sa ceinture et tua un autre homme dans le même mouvement.
Son armure était cabossée et recouverte de poussière. Des filets de sang coulaient entre les jointures, s’échappant d’innombrables blessures.
Bacchus fouetta l’air de son épée et ouvrit deux gorges. Le sang gicla et le força à fermer les yeux. Sans même les ouvrir, il détendit son bras, et fit voler une tête.
Il essuya le liquide chaud et poisseux qui l’aveuglait et para un coup d’estoc, répliqua, esquiva, frappa de nouveau. Sa lame se ficha dans un défaut d’une armure adverse. Un Sombrage tomba. Bacchus laissa le glaive dans la plaie.
Il s’empara d’une hache et la fit tournoyer au-dessus de sa tête. Son cheval se cabra. Un cercle se forma autours de lui.
-Venez ! hurla le général. Venez chercher votre mort !
Et dans ses paroles sonnait le désespoir, car Bacchus venait de remarquer qu’il était seul, entouré de Sombrages. Un rebelle émit un rire féroce et s’élança. Il avait une épée qui lui transperçait l’épaule mais il ne semblait pas s’en rendre compte.
A sa tenue, Bacchus devina que c’était un haut-gradé.
Ses coups étaient puissants mais désordonnés, rapides mais peu précis, impressionnants mais prévisible. Face à la science du combat du général Impérial, le Sombrage n’eut aucune chance.
La hache vrombit et fendit le crâne du Nordique en répandant sa cervelle sur son armure. Le général lâcha sa hache et ôta l’épée du corps du Sombrage avant de la secouer pour retirer le sang de la lame. Il gémit à cause d’une blessure douloureuse à la hanche.
-Allez, hurla de plus belle le général. Venez mourir !
Mais les Nordique ne se jetèrent pas sur lui comme il l’aurait pensé. Ils s’écartèrent lentement, et un homme à cheval apparut. Ulfric Sombrage, en personne. La tête haute, les vêtements en lambeaux, sa cuirasse tâchée de sang, mais sans blessures apparentes.
Le chef des rebelles décrocha la tête de Tullius de sa ceinture et la lança à son adversaire.
-Un cadeau pour toi, général Bacchus.
Le général évita le projectile qui alla rebondir et rouler sur le sol. Ulfric tira son épée de son fourreau avec un chuintement métallique.
Le silence s’était fait, et le cercle s’était élargi. Les combats s’étaient stoppés, aux alentours, et tous les regards étaient tournés vers eux. Cela arrivait souvent, pendant les guerres, quand deux champions adverses s’affrontaient.
Le général Impérial jaugea son ennemi. Il était fort. Très fort. Et il savait « crier ». Le duel serait difficile.
-Et si c’était toi qui venais chercher ta mort ? lança Ulfric.
Le général talonna son cheval et fondit sur son adversaire. Les lames s’entrechoquèrent en faisant jaillir une pluie d’étincelle. Les coups pleuvaient à une vitesse impressionnante. Si vite que peu de spectateurs parvenaient à suivre les gestes des deux combattants.
Ceux-ci, d’ailleurs, frappaient, paraient et esquivaient plus par réflexe et par instinct qu’en voyant réellement les coups venir.
Mais aucun ne cédait un pouce de terrain. C’était une lutte âpre et violente.
Finalement, Bacchus sentit la main d’Ulfric se refermer sur sa gorge. L’Impérial empoigna son adversaire à son tour et se colla contre lui. Les deux hommes chutèrent de leurs montures et roulèrent à terre en se rouant de coups.
Ulfric repoussa Bacchus avec son pied et son poing lui heurta la tempe.
Sonné, le général se redressa et tituba. Ulfric se releva d’un bond et rugit, avant de se lancer dans un dernier assaut. Une botte vive et implacable, qui ne laissait aucune chance à l’ennemi. Précision et puissance. Son épée fusa.
La lame ressortit dans le dos de Bacchus. L’Impérial hoqueta et toussa. Du sang perla au coin de ses lèvres. Ulfric grogna et enfonça son sabre plus profondément. Bacchus gémit et lâcha son glaive. Ses forces le quittèrent et il tomba à genoux.
-Ulfric… Qu’as-tu fais ?
Bacchus venait d’apercevoir la silhouette mince et élancée, qui observait la scène depuis le sommet des enceintes de Vendaume. Les pans du manteau étaient secoués par le vent et l’individu devait retenir sa capuche pour que la bise glacée ne la lui ôte pas.
-Ulfric… Pauvre fou…
Le général Impérial bascula en arrière. La dernière vision qu’il eut fut celle du sourire carnassier d’Ulfric.
-Nous verrons qui aura été le plus fou d’entre nous, Bacchus. Nous verrons.
Mais qui est la silhouette ? un agent du Thalmor ?
Excellent; comme à ton habitude
La sweet ce soir ? ou demain ? voir encore plus tard
Ta fic est toujours aussi bonne et ça fait du bien de changer un peu de registre, bien joué !
pell vite la suite!! ;)
Chapitre 36 :
Le fauve bondit, la gueule grande ouverte. Lynris se jeta au sol et sentit l’énorme patte griffue frôler son crâne. Le félin retomba au sol et gronda, avant d’arrondir son dos et de retrousser ses babines. La Dunmer pointa son épée devant elle, mais l’extrémité était agitée de tremblements.
-Dé… Dégage !
Le fauve fit claquer ses mâchoires et avança. Ses lourdes pattes s’enfonçaient dans la vase et y laissaient des traces profondes. La longue queue écailleuse qui traînait derrière lui fouettait le sol de façon menaçante.
Les tigre-lézards étaient une espèce de monstre qui n’était trouvable qu’au fin fond du Marais Noir. Et ils faisaient partis des plus féroces prédateurs de ces contrées.
Lynris se redressa en titubant, l’épée toujours tendue.
-R… Recule !
Le fauve fondit sur elle.
Il se stoppa brutalement en soulevant un nuage de poussière, et gémit, trois flèches fichées dans les flancs.
Roderick, à quelques mètres de là, tendait déjà la corde de son arc jusqu’à sa joue, une quatrième flèche encochée et prête à fuser aussi vite que l’éclair. L’animal et lui se fixèrent un moment, avant que le tigre-lézard ne gronde doucement et ne disparaisse dans les fourrés.
Roderick resta un instant immobile avant de souffler et de détendre la corde.
Lynris tremblait de tous ses membres.
-Il… Il va revenir ?
-Non, répondit le Bréton en remettant son arc en bandoulière. Il va sans doute mourir. Je n’ai pas eu le temps de viser précisément des points vitaux qui l’auraient tués sur le coup mais ces flèches vont le gêner, le faire boiter, et il va sans doute finir par s’écrouler et les briser. Fatalement, les pointes vont déchirer ses organes et il va se vider de son sang. Ou alors, s’il a de la chance, ou pas, selon le point de vue, il ne cassera pas les flèches en tombant mais va perdre toutes ses forces, ne pourra plus se relever et mourra de faim.
Roderick avait dit cela de la manière la plus calme qu’il soit possible de dire quelque chose. Comme s’il parlait du temps qu’il ferait le lendemain.
-En revanche, rajouta-t-il pour lui-même, je regrette qu’il se soit enfuit. Je ne pourrais pas récupérer mes flèches sur son cadavre, sauf si j’essai de le pister, mais je ne sais pas où ses traces m’emmèneraient. Les flèches sont précieuses, mais pas assez pour risquer de se perdre. Surtout au cœur du Marais Noir…
Lynris, elle, n’écoutait pas. Elle avait tourné la tête vers les buissons.
-Il va agoniser longtemps… C’est triste.
Roderick s’approcha d’elle. Elle leva la tête.
-Dit, Roderick, tu es sûr qu’il va mourir ?
Le Bréton ne lui répondit pas et la gifla. Elle fut projetée au sol et y resta quelques secondes, le visage dans la boue, choquée. Puis, elle serra les doigts sur la poignée de son épée et se redressa d’un bond avant de fondre sur le jeune homme.
La main de celui-ci se referma sur le poignet de la jeune Elfe et sa prise se resserra violemment. Lynris gémit et posa un genou à terre, tout en lâchant son sabre.
Roderick, sans même la lâcher, la fixa avec un regard froid comme la mort elle-même.
-Trois choses, Lynris. Trois. Tu vas les écouter bien attentivement car je n’ai pas l’intention de les répéter.
Lynris tenta de se relever mais la poigne de Roderick la força à rester au sol.
-Premièrement, que ce fauve meurt lentement ou pas, qu’il souffre ou non, je n’en ai strictement rien à faire. Ici, c’est la jungle. L’enfer. C’est la loi de la nature. Le plus fort survit, et le sort du plus faible n’intéresse personne. Si tu n’es pas prête à oublier tout sentiment pour tes adversaires, tu n’as rien à faire là. Et tu n’es qu’un boulet. Deuxièmement, à cause de toi et de ton comportement immature, j’ai perdu trois flèches pour te sauver la vie. Tu dois penser que c’est une perte négligeable ? Dans une situation comme la nôtre, au milieu d’une nature dont chaque parcelle, chaque feuille, chaque racine, chaque animal en veut à notre vie, c’est une catastrophe qui peut nous être fatale à n’importe quel moment. Si tu étais resté près de moi comme je te l’avais dit avant que l’on ne parte, cela ne serait jamais arrivé, et j’aurais épargné trois de mes flèches, mon énergie, ainsi que la vie d’un animal, car ça ne me fait pas plaisir à moi non plus de le tuer. Et troisièmement…
Sa voix devint aussi tranchante que le plus effilé des sabres, et Lynris ne trouva plus du tout le fauve effrayant.
-…La prochaine fois que tu me ralentis, je te tue.
Il lâcha le poignet de la Dunmer. Celle-ci fit une grimace de douleur et le massa. L’expression froide et grave de Roderick disparut comme par enchantement et son sourire habituel revint sur ses lèvres, comme si rien ne s’était passé. Comme si tout cela n’avait été… qu’une parenthèse.
Lynris se releva d’un coup.
-Non mais t’es malade ?! Tu me menaces de me tuer ?!
Roderick haussa les épaules d’un air innocent.
-C’est soit je t’abandonne au cœur de ces marécages, soit je t’offre une mort rapide. J’ai dit ce qui me paraissait le moins cruel. Bon, on se remet en route ? Faudrait pas qu’on tarde à arriver à Gidéon, on en a encore pour un petit bout de temps.
Comme si tout avait été dit, Roderick fit volte-face d’un air léger et reprit sa marche d’un pas tranquille. Lynris le fixa.
« Ce gars n’est pas normal… Il parle de la mort avec tant de légèreté. Et la façon dont il se meut dans la nature, au milieu des bêtes les plus sauvages et des dangers les plus mortels, le sang-froid qu’il arbore… Mais qu’à-t-il donc vécu dans sa jeunesse, et quelle genre de formation a-t-il bien pu suivre ? »
-Alors ? lança Roderick, trente mètres plus loin. Dépêches-toi un peu !
Lynris déglutit et se remit en route à son tour, ramassant son épée au passage. Elle avait bien retenue la leçon. Elle ne comptait pas le ralentir davantage. Néanmoins, elle ne savait toujours pas si, quand il lui avait dit ça… il était sérieux ou non.
Quelque chose lui disait qu’il ne valait mieux pas qu’elle n’essaye de vérifier.
L’aubergiste des Trois Mandragores, Ahbar-Ki, était un Argonien corpulent au rire sonore et au regard chaleureux. L’atmosphère qui régnait dans la grande salle de son établissement était festive, et les serveuses ne savaient plus où donner de la tête.
Ahbar-Ki s’était installé à Helstrom quatorze ans plus tôt, souhaitant laisser son ancienne vie de fermier derrière lui pour tenter de percer dans le monde des tavernes, et il avait réussit, puisque son auberge était uns des plus populaires de la ville.
Il avait vu défiler toute sorte de clients, dans sa carrière. Mais des comme celui qui entra dans l’auberge, ce soir-là, jamais.
Un géant. C’est ce qu’il crut, au départ.
L’Orque était emmitouflé dans un manteau de laine brune, et une capuche était rabattue sur sa tête. Il portait des bottes qui lui remontaient jusqu’aux genoux. Il était vrai que le temps était frais, ces temps-ci, une fois la nuit tombée, surtout dans les rues froides de la cité.
L’Orque s’approcha du comptoir et écarta les pans de son manteau en soupirant.
-‘Fait plus chaud ici qu’à l’extérieur, foi de Shuzug Gro-Yargol.
-Ca, vous pouvez le dire, répondit Ahbar-Ki.
L’Argonien était difficilement impressionnable, et c’était souvent lui qui séparait les ivrognes lors des bagarres, même les plus violents, mais il ne put empêcher sa voix de trembloter légèrement quand il parla.
L’Orque était une véritable montagne de puissance et de sauvagerie contenue. Et pourtant, il se dégageait de lui une certaine... paix. Un calme rare. Mais qui pouvait exploser à tout instant pour laisser place à un monstre de force brute, l’aubergiste le devinait.
-Je… Je vous sers une bière ? demanda Ahbar-Ki.
-Oui, merci, répondit Shuzug en fouillant ses poches pour en tirer quelques septims. Et dites-moi dans le même temps pourquoi tout le monde a l’air si heureux en ville.
-Vous venez d’arriver ?
-Oui, je ne suis que de passage. Je suis arrivé il y a quelques heures, c’est vous dire, et je ne compte pas rester longtemps. Je partirais demain matin, à l’aube.
-Je vous prépare une chambre alors ?
-Oui, ce ne serait pas de refus. Vous ferez monter mon dîner et un baquet d’eau chaude également, s’il-vous-plait.
-Je note. Pour une seule personne ?
-Pour deux, en fait. Je prends assez de… place.
L’Orque éclata d’un rire tonitruant qui faisait passer ceux de l’Argonien, pourtant célèbres, pour des couinements de souris.
Shuzug reprit son sérieux.
-Bon, vous ne m’avez toujours pas dit pourquoi c’était la fête, ici.
-C’est vrai que vous venez d’arriver… C’est que le tueur qui terrorisait la cité depuis plus d’un mois est mort, hier. C’était un Ancien Vampire, vous le croyez, ça ? Je pensais qu’on ne trouvait ça que dans les livres. Le capitaine de la garde est même mort dans le combat, si, si.
-Un Ancien Vampire ? Voyez-vous ça.
-Ouais, mais le Bréton nous a bien aidé quand même. Par contre, impossible de le retrouver pour lui remettre une médaille ou un truc comme ça. Il se serait enfuit juste après le combat. C’est un garde qui me l’a dit.
L’Orque se pencha en avant.
-Un quoi ? Un Bréton ?
-Oui, un jeune Bréton. Un archer, qu’on avait pris dans un premier temps pour le tueur. Un malentendu.
-Oubliez la chambre.
-Même moi j’y ai cru, au début. En fait, il… Pardon ?
-Oubliez la chambre, le repas et le baquet d’eau chaude. Merci pour la bière. Bonne soirée.
-Mais, je…
Shuzug fit volte-face et sortit de l’auberge en arrachant presque la porte de ses gonds. Bon dieu… Lui qui croyait avoir définitivement perdu sa trace… Le destin était vraiment farceur.
Les dents blanches de l’Orque brillèrent dans la nuit quand un sourire se dessina sur son visage.
Que dire...c'est encore une fois de très bonne qualité ! On se croirait presque dans la taverne, accoudé au comptoir à écouter la conversation de l'Orque et de l'Argonien
On ressent aussi très bien la peur à travers Lynris, et ce changement de caractère de la part de Roderick n'est pas pour me déplaire.
Comment un type aussi balaise peut-il rester calme presque tout le temps
Content que ça te plaise alors
Vous aurez peut-être un chap dès ce soir si j'ai le temps.