2 chapitres pour le prix d'un ? J'aime
Chapitre 83 :
Le Taureau de Rimmen chargea, en faisant tournoyer sa masse d’arme au-dessus de sa tête. La boule de fonte à son extrémité vrombit et percuta le bouclier de Jahir Crocs-Dorés. Il tourna autours de son adversaire en le martelant de toutes parts et en poussant des rugissements.
Dénué d’armure, le Taureau de Rimmen se battait torse-nu, sa fourrure sombre agitée par le vent. A l’opposé, Jahir Crocs-Dorés portait une solide cotte de maille, un plastron de verre, un heaume en métal précieux et un lourd bouclier de plate.
Malgré son équipement, il se mouvait avec une grande agilité et sa lame frappait de taille et d’estoc aussi vivement que s’il était nu.
Néanmoins, le Taureau de Rimmen alliait une rapidité exceptionnelle avec une force colossale. Il dénuda ses crocs et abattit sa masse. La fonte rebondit sur le bouclier, mais Jahir Crocs-Dorés perdit pied et bascula en arrière.
Le Taureau de Rimmen lui écarta son bouclier et lui posa son pied sur la poitrine, avant de lever sa masse.
-Abandonnes-tu le combat ?
-Jamais, répondit Jahir Crocs-Dorés.
Avant que son adversaire n’ait pu faire le moindre geste, Jahir lui saisit la cheville et la tira brusquement. Le Taureau de Rimmen, déséquilibré, posa un genou à terre, et sa masse heurta violemment le sol, à quelques centimètres de la tête de Jahir.
Le chevalier se redressa et porta un coup de pommeau au visage de son adversaire. Le Taureau de Rimmen se releva et tituba, le front couvert de sang. Jahir asséna un coup puissant de son épée, et sa lame alla fendre la cuisse du Taureau de Rimmen jusqu’à l’os.
L’énorme Khajiit rugit et s’écroula, ses deux mains plaquées sur sa blessure, de laquelle un flot de sang bouillonnant s’échappait. Cette fois, ce fut Jahir qui lui posa son pied sur la poitrine pour le maintenir à terre, et lui effleura la gorge de son épée.
-J’ai perdu, fit le Taureau de Rimmen. J’abandonne !
Jahir Crocs-Dorés recula d’un pas et releva la visière de son heaume, révélant un visage de jeune Khajiit à la fourrure immaculée et aux yeux perçants. Un filet de sang coulait de sa lèvre, et ses poils étaient poisseux de transpiration, mais il souriait de toutes ses dents.
La foule hurla de joie. Le chevalier se tourna vers les tribunes. Le roi Karjyo applaudissait, hilare. Jahir s’inclina. A côté de son père, la princesse Lewyna soupira. Elle n’était pas comme son père. Elle détestait les tournois et les joutes.
-Bravo à toi, vaillant chevalier, lança le roi de Torval. La fougue de la jeunesse a eu raison de la force de l’âge. Le Taureau de Rimmen a perdu, alors en ce jour, je te déclare champion du tournoi !
-C’est un honneur, majesté, répondit Jahir Crocs-Dorés.
-Ôte ton casque, champion.
Le chevalier retira son heaume et le coinça sous son bras. Il se releva et s’approcha du roi qui lui remit un cerceau argenté, comme le voulait la tradition, que se transmettaient les vainqueurs du tournoi d’année en année. Le Taureau de Rimmen l’avait porté cinq ans durant, et l’avait lui-même gagné en mettant à terre Dragzo l’Impitoyable, qui l’avait gardé neuf ans, faisant de lui le plus grand champion de la cité.
Le roi Karjyo le plaça sur la tête du jeune chevalier. Le Khajiit s’inclina et baisa la main de la princesse, avant de quitter les lieux sous les acclamations de la foule.
Lewyna se leva.
-Que fais-tu, ma fille ? demanda le roi. Le tournoi n’est pas fini. Il reste encore les combats à cheval et les duels magiques.
-Je suis lasse de ces duels. Puis-je me retirer, père ?
-Hum, comme tu voudras. Mais tu rates quelques chose.
La princesse Lewyna quitta les tribunes, sous escorte de quatre Chevaliers Lunaires, et regagna le palais. Azzyro, le capitaine de la garde, la rejoignit alors qu’elle passait les enceintes. Lewyna lui sourit. Elle aimait bien Azzyro. C’était un homme bourru et souvent revêche, mais le plus loyal qui ait jamais existé.
Il était grand et portait des tresses qui tombaient en cascade sur ses épaules. Ses crocs étaient d’une blancheur rare.
Il avait porté Lewyna dans ses bras alors qu’elle n’était qu’un nourrisson et il servait la famille royale de Torval depuis trente ans. Il n’avait jamais faillit.
-Vous revenez du tournoi, princesse ? dit-il.
-Oui, et je me demande pourquoi vous n’y étiez-pas. Vous auriez défait tous les participants facilement.
Azzyro s’esclaffa. Il ne riait jamais que devant Lewyna.
-Je ne suis plus le guerrier que j’étais il y a vingt ans, princesse.
-Peut-être, mais vous auriez quand même gagnés. Père dit que vous êtes le meilleur bretteur du royaume, et que pas un seul guerrier du pays ne vous arrive à la cheville.
-Qui a été sacré champion, cette année ?
-Le Taureau de Rimmen a été vaincu. C’est Jahir Crocs-Dorés qui porte dorénavant le Cerceau d’Argent.
-Jahir, fit le capitaine de la garde d’un air songeur. Un redoutable combattant. Mais trop sûr de lui. Trop jeune. Trop peu expérimenté.
-Qu’est-ce que je vous disais ? Vous l’auriez massacré ! Vous auriez du participer.
Ils arrivèrent aux portes du palais. Une Dunmer attendait, adossée au mur. Felisia. Azzyro fronça les sourcils. Lewyna avait remarqué qu’il évitait la Dunmer, depuis qu’elle était entrée à son service. Il ne l’aimait pas.
-Princesse, je vous attendais, dit-elle. Le tournoi a été agréable ?
-Ennuyeux, répondit la Khajiit. Comme toujours. Mais Père me force à y assister. Il dit que c’est l’occasion pour le peuple de me voir de ses yeux.
-Votre père a raison, vous devriez l’écouter.
-Qu’est-ce que vous voulez ? lança Azzyro d’une voix sombre à la Dunmer.
Felisia, sans se départir de son sourire, se tourna vers le capitaine de la garde.
-On dirait que vous ne me portez pas dans votre cœur, capitaine.
-C’est le cas.
-Puis-je connaître la raison de tant d’animosité ?
-Mon instinct, répondit le capitaine. Un instinct qui ne m’a jamais trompé. Je me défie de vous, et la princesse devrait en faire de même.
-Azzyro ! fit Lewyna.
-Princesse, si vous n’avez plus besoin de moi, je vais y aller.
La laissant là, le capitaine de la garde s’éloigna, sa main posée sur la poignée de son épée. Lewyna se tourna vers les quatre Chevaliers Lunaires qui l’escortaient.
-Vous pouvez également vous retirer.
-Mais, princesse…
-Nous sommes dans les enceintes du palais ! Je ne risque rien !
-Et de toute façon, nous sommes là pour la protéger.
Tous les regards se tournèrent vers l’homme qui avait parlé. Le Corbeau, sorti de nulle part, se tenaient aux côtés de Felisia. Les chevaliers déglutirent. Lewyna le toisa. S’il était là, le Rôdeur ne devrait pas être loin non plus.
-Vous l’avez entendu, dit la princesse. Retirez-vous.
-A vos ordres.
Les chevaliers s’éloignèrent. Le Corbeau exécuta une révérence et tendit son bras à Lewyna. Sa main griffue, semblable à des serres d’oiseaux, fit frissonner la princesse. Une malformation de naissance, affirmait Felisia. Lewyna n’y croyait pas le moins du monde.
-Je vous raccompagne à votre chambre, princesse.
Lewyna, non sans méfiance, lui donna le bras. Felisia s’inclina.
-Quant à moi, j’ai à faire. Nous nous revoyons ce soir pour le dîner, princesse. N’oubliez pas que vous fêtez votre dix-neuvième anniversaire.
Elle disparut à son tour. Le Corbeau et Lewyna s’engagèrent dans le château.
-Qui êtes-vous vraiment ? demanda Lewyna.
Le Corbeau ne sembla pas comprendre.
-C’est-à-dire ?
-Felisia m’a dit que vous étiez des mercenaires de sa connaissance. Elle a réussit, je ne sais comment, à convaincre mon père de vous placer à mon service et de me protéger.
-Cela vous gêne-t-il ?
-Vous n’avez rien de mercenaires. Des mercenaires, j’en vois tous les jours. Vous et le Rôdeur… vous dégagez autre chose. Quelque chose de différent. Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Qu’est-ce qui vous lie à Felisia ?
Ils empruntèrent un escalier en colimaçon qui menait à la chambre de Lewyna. Le Corbeau sourit.
-Vous vous posez beaucoup de questions, princesse. Vous ne me faites pas confiance ?
-Non.
-Au moins, vous êtes franche, répondit le Bréton à la peau pâle en éclatant de rire.
Ils arrivèrent à la chambre. Lewyna poussa la porte. Le Corbeau n’entra pas. Il fixa la princesse.
-Croyez-le ou non, princesse, je ne désire qu’une chose : Etre votre ami. Et vous protéger.
Lewyna ne répondit pas. Elle ferma la porte.
Le Rôdeur arpentait le sommet des remparts, sa cape agitée par le vent. Felisia s’approcha de lui. Le Rôdeur fixait quelque chose, en contrebas. La Dunmer se pencha et aperçut Azzyro, dans la cour, en train d’observer l’entraînement de ses hommes.
-Cet homme est dangereux, souffla le Rôdeur.
-Je sais. Je ne parviens pas à gagner son amitié. Et il a beaucoup d’influence sur la princesse.
-S’il devient gênant, je le supprimerais. Donnez m’en l’ordre.
-Surtout pas. Nous pourrions avoir besoin de lui.
-Vous vous méprenez, Maitresse. J’ai beaucoup d’expérience. Ce genre d’homme n’est pas de celui que l’on peut manipuler à loisir. Il ne servira pas à nos plans. Nous devrions nous en débarrasser le plus tôt possible. Un accident est vite arrivé. Le Corbeau est doué pour cela.
-Le Serpent encore plus.
-Savez-vous quand il arrivera ?
-Dans trois jours. En attendant, tenons-nous en au plan. Pas d’erreur. Pas maintenant.
-A vos ordres, Maîtresse.
top!!
ah sympa les 2 chapitres dans la même journée!
Chapitre 84 :
Le banquet débuta alors que la Lune était haute dans le ciel. A l’occasion de l’anniversaire de la princesse, des nobles et des personnalités influentes avaient accourus des quatre coins de Tamriel. Aussi, la cour du palais était bondée de carrioles, de carrosses, et d’attelages en tout genre.
Les écuries étaient également pleines à craquer, à tel point que la plupart des chevaux avaient été évacués à l’extérieur pour la nuit.
Un baron de l’Archipel de l’Automne avait même insisté pour ramener son lion domestique avec lui. L’animal somnolait dans une immense cage, entre deux tas de foins.
Tous les gardes de la ville étaient réunis autours du château, et divers camps avaient été montés un peu partout autours. La plupart des nobles qui étaient venus étaient accompagnés de leur garde personnelle, aussi, la caserne était occupée par ceux-là.
Leurs anciens occupants passeraient la nuit dehors, ce qui ne les gênait pas plus que ça.
Les gardes avaient allumés une multitude de feux et avaient préparés plusieurs tables. Certains bardes de la cité s’étaient joints à eux et d’agréables musiques résonnaient déjà à l’intérieur des enceintes, parfois couvertes par des rires, des cris et des chansons paillardes.
Le capitaine Azzyro n’aimait pas cela. Il était homme prudent. Les gardes n’avaient pas beaucoup de moments de détente et ils profitaient des fêtes comme celles-ci, trop rares à leur goût, pour se relâcher.
Et le relâchement pouvait être très dangereux.
Lewyna avait été attaquée par un assassin quelques jours plus tôt. On n’avait pas réussit à déterminer à quelle organisation il appartenait et qui avait commandité le meurtre de la princesse mais une chose était sûre, si un tueur voulait s’en prendre à Lewyna, il profiterait de l’allégresse ambiante.
« Je ne dois pas relâcher mon attention, pensa Azzyro en arpentant le campement de ses hommes. Jamais. Rester sur le qui-vive, la main sur la poignée de mon épée, prêt à dégainer. Protéger la princesse, sur ma vie. »
Il arriva aux portes du palais. Deux Chevaliers Lunaires torses-nus montaient la garde.Voila des guerriers efficaces. Impossible à déstabiliser, formés pour endurer la fatigue et la douleur sans broncher, entraînés à garder une concentration totale dans n’importe quelle situation…
Ils étaient malheureusement trop peu nombreux, et le prix de leurs services trop élevé.
Bien sûr, il y avait le Rôdeur et le Corbeaux, qui ne lâchaient plus la princesse d’une semelle depuis quelques temps. Ils étaient forts, Azzyro pouvaient s’en rendre compte d’un coup d’œil. Mais il ne leur faisait pas confiance.
D’abord, ils étaient sous les ordres de Felisia, et Azzyro l’évitait comme la peste. Elle était apparue à la cour du jour au lendemain et s’était immédiatement attiré les bonnes grâces du roi. Celui-ci prêtait à ses paroles autant d’importance qu’à celles de son conseiller.
Ensuite, il se dégageait d’eux quelque chose de malsain.
Si le Corbeau gardait un air aimable et des manières parfaites en société, et savait comment séduire ses semblables, le Rôdeur était toujours silencieux, et ne se mêlait que très rarement aux gens de la cour. La plupart du temps, il arpentait les remparts, sans un bruit, sa longue cape flottant derrière lui, l’éclat du soleil se reflétant sur son masque de métal.
Il ne l’avait jamais enlevé, et Azzyro se demandait ce qu’il cachait en-dessous.
Le capitaine arriva dans la grande salle principale, où se trouvait le banquet. L’air était empli d’odeurs appétissantes, et la grande table couverte de mets venants des quatre coins de Nirn. Le vacarme était assourdissant. S’y mêlait musique, conversations, rires, bruits de mastication et de tintement de verres…
Azzyro détestait le bruit. Il préférait le calme et la solitude. Quand il y avait silence, on pouvait entendre son ennemi approcher dans son dos, et tirer son arme de sa ceinture. Mais au milieu d’une foule bruyante et tapageuse, comment discerner le son feutré d’une lame quittant doucement son fourreau ?
La princesse Lewyna, vêtue d’une magnifique robe bleue et de pièces de tissus chamarrés, ainsi que de bijoux en or, était assise à droite de son père. Elle était entouré de courtisans qui plaisantaient avec elle et lui présentaient des cadeaux.
Quand elle vit Azzyro, ses yeux brillèrent et elle lui fit signe.
-Azzyro ! Je n’en pouvais plus !
Elle se leva et s’approcha, avant de déposer un baiser sur les deux joues du capitaine.
-Il fait chaud, il y a du bruit, et tous mes prétendants m’ennuient. Ils me tournent autours comme des mouches. J’attendais que tu viennes pour les écarter de moi.
-Hélas, princesse, c’est votre anniversaire. Vous devez-vous y soumettre. Je ne peux rien pour vous.
Lewyna éclata d’un rire cristallin.
-Alors reste avec moi. Ta présence leur fera peur !
Le capitaine de la garde soupira et adressa à la princesse un sourire paternel.
Un individu s’approcha néanmoins. La princesse leva les yeux sur un homme de haute taille, mince et vêtu d’une tunique ocre incrustée de paillettes, et d’un gilet vert à motifs complexes, surmonté d’une collerette d’un blanc immaculé.
Malgré son apparence humaine, c’était bel et bien un Khajiit. Un Ohme, de l’espèce des rath. Une espèce sans fourrure, ni crocs, mais portant une queue.
Ses longs cheveux blonds tressés retombaient sur ses épaules en cascade. Ils étaient terminés par des perles multicolores, et étaient parfumés d’huiles odorantes. Ses yeux brillaient d’un éclat violet, et un sourire charmeur était plaqué sur son visage.
Il avait une démarche tranquille et sa queue balayait le sol derrière lui à un rythme hypnotisant. Assurément, il était d’une beauté sans pareille. Celui qu’on surnommait l’Aiguille, et dont on prétendait qu’il avait partagé la couche de deux milliers de femmes, dont des reines, à travers le continent.
L’homme s’inclina avec une grâce presque exagérée, et baisa la main de Lewyna.
-Princesse, c’est un honneur de vous rencontrer enfin, dit-il d’une voix de miel. Il n’y a pas un port dans lequel je ne me suis arrêté et où on ne m’a vanté la beauté de Lewyna, la princesse Khajiit, fille unique du roi Karjyo et héritière du trône de Pellitine. Je me rends compte avec surprise que votre réputation est en vérité bien en-dessous de la réalité.
-Vous me flattez, messire, rit la princesse. Malheureusement, si vous, vous me connaissez, je dois admettre ne vous avoir jamais vu et si j’ai entendu votre nom, je ne vous reconnais pas.
-Oh, j’en oublie de me présenter. J’ai honte. Je suis Zarys Deskoï, surnommé l’Aiguille, pour vous servir.
Durant tout l’échange, Azzyro n’avait cessé de fixer la fine épée qui pendait à la ceinture de Zarys Deskoï. Elle était belle, d’apparence, mais le capitaine ne doutait pas un seul instant du nombre de gorge qu’elle avait ouverte et de la multitude de personnes dont le sang avait tâché la lame.
-J’ai traversé les mers et les océans pour être présent à votre anniversaire, princesse. Je ne pouvais pas venir les mains vides.
Zarys Deskoï plongea la main dans son gilet et Azzyro se tendit, prêt à tirer son épée à tout instant, mais l’Aiguille sortit de ses vêtements un magnifique collier en or, parsemé de pierres précieuses, dont un joyau bleuté scintillant aux reflets surnaturels.
La princesse Lewyna le mit autours de son cou avec un air émerveillé.
-Il est splendide !
-Je me le suis procuré en Akavir, d’un joaillier Ka Po’Tun extrêmement réputé. La pierre précieuse principale qui l’orne a été extraite des profondeurs de la plus haute montagne du continent, et a été enchanté par un éminent sorcier. Le sortilège qui l’imprègne porte chance, dit-on. Et quand on le regarde, à certains moments de la journée, on peut voir des bribes de son avenir et de son passé. Ce collier a été porté par plusieurs reines Akaviroises. En le vendant, vous amasseriez assez d’argent pour racheter trois fois le Palais Bleu de Solitude, et ses alentours.
-Je ne compte pas le vendre, ser, mais bien l’arborer fièrement. Il est splendide.
-Rien ne l’est trop pour vous. Si vous voulez bien, je dois aller voir quelques connaissances présentes ici.
-Bien sûr.
Zarys prit congé, non sans avoir gratifié la princesse d’une dernière courbette. Azzyro soupira. Il posa une main sur l’épaule de sa protégée.
-Méfiez-vous de lui, princesse. Cet homme est une vipère. C’est un marchand extrêmement riche et influent, et il possède une flotte réputée, mais sous ses airs aimables se cache une cruauté sans pareille. La rumeur dit qu’il traficoterait avec les pirates qui sillonnent les mers, dernièrement, et qu’il entretiendrait des rapports avec le Domaine Aldmeri. On raconte qu’un jour, uns de ses hommes d’équipage a renversé son vin sur ses vêtements. Il lui a tranché la langue avec son propre couteau et lui a ordonné de nettoyer la tâche qu’il avait faite avec la dite-langue. Le tout en sirotant un deuxième verre de vin.
-On raconte, on raconte… On raconte beaucoup de choses, sur beaucoup de monde, Azzyro.
-Certes, mais si possible, j’aimerais que vous évitiez de trop vous rapprocher de ce…
-Et moi j’aimerais que vous évitiez de me dire ce que je dois faire. Je vous aime beaucoup, Azzyro, et vous êtes un père pour moi, mais je suis votre princesse. Un jour, je serais votre reine.
Azzyro s’inclina.
-Veuillez me pardonner. C’est votre anniversaire.
-Merci. Ne vous tracassez pas ainsi, mon brave capitaine. Profitez de la fête.
Azzyro hocha la tête et s’éloigna, non sans réticence. Il s’approcha de la table de banquet et entreprit de piocher dans diverses assiettes, tout en gardant un œil sur la princesse.
Un autre homme lui faisait la conversation. Il portait des vêtements légers et amples. C’était un jeune Khajiit. Lewyna rit à unes de ses plaisanteries. Azzyro reconnut Jahir Crocs-Dorés, le chevalier vainqueur du tournoi de la journée, qui avait défait le Taureau de Rimmen. L’élite de sa génération.
En tant que champion, il avait été tout naturellement invité à la fête.
Néanmoins, il portait également une épée, et Azzyro se méfiait de tout ce qui approchait la princesse avec une arme, même quelqu’un comme Jahir Crocs-Dorés qui n’aspirait visiblement qu’à briller aux yeux de Lewyna. Question de principe.
-Vous non plus, vous n’aimez pas qu’on traîne autours de la princesse ?
Azzyro sursauta et découvrit le Corbeau, à côté de lui, en train de manger des raisins secs. Il ne s’était pas rendu compte de sa présence. Et cela n’avait rien à voir avec le bruit ambiant.
-Je vous comprends, fit le Corbeau. Même si vous vous défiez de moi, sachez que nous avons le même objectif : Protéger la vie de la princesse.
-Peut-être. Seulement je ne vous connais pas, aussi, au même titre que toutes les personnes ici présentes, vous faites parti pour moi des dangers potentiels pour la princesse.
-A trop vous méfiez des autres, capitaine, vous risquez de vous les mettre à dos.
-Je ne me soucie guère de ce que les gens pensent de moi.
-Nous sommes deux, dans ce cas. Je n’accorde aucune importance à ce que vous pensez de moi. Je n’agis que dans l’intérêt de la princesse.
-Vous pensez qu’en suivant ce raisonnement, vous allez vous attirer ma sympathie ? Si vous ne vous souciiez pas de moi, vous ne chercheriez pas tant à m’amadouer.
-Touché.
Le Corbeau se remit à manger ses raisins, et Azzyro à grignoter une cuisse de poulet. Il vit un homme gras se mêler à la conversation de Jahir et de Lewyna. C’était un Nordique. Emett Barbe-Vive, un proche de la famille Roncenoire et propriétaire d’unes des banques les plus puissantes de Bordeciel, ancien partisan de l’Empire et aujourd’hui allié à Ulfric.
Lui ne présentait guère de danger.
-La Réunion aura lieu dans un mois, fit le Corbeau. Le fameux moment où les dirigeants d’Anequina et Pellitine se réuniront en territoire neutre pour débattre de l’avenir d’Elsweyr, et s’échanger leurs enfants. Jusqu’à maintenant, c’était un cousin du roi qui était retenu en otage à Rimmen. La princesse Lewyna a maintenant dix-neuf ans. Ce sera son tour de tenir ce rôle.
-Otage est un bien grand mot.
-Mais un mot réaliste. La Réunion durera une semaine. Elle sera terminée par une grande fête, et Lewyna partira pour Rimmen.
Le Corbeau sourit.
-Nous serons dans ses bagages.
Azzyro faillit s’étouffer.
-Quoi ?
-Felisia, le Rôdeur et moi. Nous sommes sa garde rapprochée. Nous iront à Rimmen avec elle pour la protéger.
-Vous ne pouvez pas, vous…
-Nous en avons obtenu l’autorisation. Du roi lui-même.
Azzyro pâlit. La princesse, seule, à l’autre bout du pays avec ces hommes ? Comme protection ? Le roi était-il devenu fou ?
Le Corbeau émit un petit rire.
-Vous voyez, nous tenons beaucoup à la petite princesse.
Azzyro n’en écouta pas plus. Il s’éloigna de la table de banquet et se dirigea vers le roi, se frayant un passage dans la foule avec ses coudes. Il croisa l’Anguille et le bouscula. L’homme garda son équilibre et haussa un sourcil.
-Vous allez bien, capitaine ?
Azzyro ne répondit pas. Il s’arrêta devant le roi et posa un genou à terre. Karjyo se tourna vers lui.
-Eh bien, mon bon Azzyro, que t’arrive-t-il ?
-Sire, désolé mais je vais être direct. J’ai appris que le Felisia et ses deux hommes allaient accompagner votre fille à Rimmen.
-Oui, je leur ai donné l’autorisation.
-Mais… Ces hommes sont dangereux ! Cette femme est dangereuse !
-Je ne comprends pas ta méfiance.
-Je… Mon instinct me le dit. Ils veulent du mal à la princesse.
Le roi éclata de rire.
-Bien sûr. Et ils vont tenter de l’assassiner pendant le voyage ?
-Je vous en prie, laissez-moi aller avec elle. Laissez-moi sélectionner mes meilleurs soldats et l’escorter.
-Non. Tu es le capitaine de la garde de Torval. Tu resteras ici. Cesse de m’ennuyer, Azzyro.
-Je vous en conjure !
-Le Corbeau et le Rôdeur sont parfaitement aptes à protéger ma fille ! Désobéirais-tu à ton roi ?!
-Non, majesté, simplement, je…
Soudain, Azzyro eut un malaise. Son instinct lui cria de se retourner. Il se redressa d’un bond, sous le regard médusé du roi, et pivota dans la direction de Lewyna. Et là, il aperçut un homme, dans le fond de la salle. Un garde, tout en arme.
Il portait une arbalète et la pointait vers la princesse.
-Non ! hurla Azzyro.
Le carreau vrombit quand la corde se détendit, et fusa à travers la salle. Le garde avait bien visé. La flèche aurait touché le cœur de la princesse si, en un instant, le Rôdeur ne s’était interposé, sortant de nulle part.
Il ouvrit grand sa main et la plaça entre lui et le carreau d’arbalète. Celui-ci sembla heurter un mur invisible en arrivant au contact et se brisa net contre la paume du Rôdeur, avant de retomber sur le sol.
-A l’assassin ! cria une femme. On a tenté de tuer la princesse !
Le roi se leva. La foule s’écarta. Le garde jeta son arbalète au par terre, les yeux écarquillés, comme s’il sortait d’un mauvais rêve, et saisit sa lance à deux mains. Dix Chevaliers Lunaires jaillirent de tous les côtés et l’entourèrent.
Azzyro courut vers eux. Le Rôdeur avait attrapé la princesse et l’entourait de ses bras. Elle semblait sous le choc.
-Capturez-le ! ordonna Azzyro.
Les Chevaliers Lunaires allaient s’exécuter quand le garde comprit sa situation et fit volte-face, s’apprêtant à s’élancer vers la sortie. Mais où qu’il aille, il n’avait aucune chance. On allait de toute façon l’arrêter dans la cour.
Le garde s’élança mais fut stoppé par quelqu’un. Zarys Deskoï se tenait là, entre lui et les portes du palais. Sa lame était à nue.
-Tu as osé t’en prendre à la princesse, déclara l’Aiguille d’une voix sombre mais néanmoins douce.
-Je… Je… bredouilla le garde d’un air hébété.
-Meurs, chien.
-Non ! cria Azzyro.
La lame de Zarys siffla et s’enfonça dans la gorge du garde, traversant un défaut de son armure, et ressortant de l’autre côté de son cou dégoulinante de sang. Il l’ôta d’un geste sec et la secoua pour en enlever le sang poisseux.
Le garde lâcha sa lance et tomba à genou, les deux mains plaquées contre sa gorge, un flot écarlate imbibant ses vêtements et coulant hors de son armure. Azzyro écarta violemment ses Chevaliers Lunaires et posa un genou à terre avant de retenir le garde qui basculait sur le côté, tandis que l’Aiguille rengainait son épée.
C’était inutile.
Il était mort.
Salut je viens de découvrir ta fic. Elle est vraiment géniale, l'une des meilleures que j'ai eu le plaisir de lire. Continue comme ça, c'est vraiment fantastique !
SWEEET
Que dire de plus!!!
Hem, j'ai même pas lu les chap 83 et 84, plus tard
Bonne lecture
Quand la suite?
Le lycée ayant repris, je ralentit le rythme
Ca va reprendre à un par semaine, voire deux par semaine dans certains cas mais pas plus
Rien que là j'ai eu trop de boulot aujourd'hui pour écrire.
Vu que l'on a eu droit a 3 chapitres en 2 jours ça ne me derange pas d'attendre ce week-end pour en avoir un nouveau.
Ok