Sandre avait été soulagé que la rencontre soit brève et amicale, car au vu de leur allure et de leur équipement, les trois Orques et le Dunmer avaient l’air particulièrement redoutable au combat. Ce n’aurait pas été une partie de plaisir que de les affronter. Et surtout, chacun d’entre eux avait encore ses dix perles à son collier, signe qu’ils avaient réussis toutes les épreuves avec brio jusque-là.
Finalement, comme l’avait craint Adam, le soir tomba. Le ciel était néanmoins toujours assez lumineux pour y voir à peu près clair. En Lenclume, la nuit prenait du temps à devenir véritablement obscure.
Au bout d’un moment, Jenna lança une remarque qui fit réagir tout le groupe.
-C’est bizarre, dit-elle. Je n’ai vu aucun animal dans cette jungle. Même pas de traces au sol. Je me serais attendue à être attaquée par des hordes de prédateurs féroces dès mon arrivée mais là, rien…
Tous se regardèrent. Elle avait raison.
Le silence qui régnait dans la jungle était étrange. Pas de grognements lointains, de pépiements d’oiseaux, de croassements de crapauds, du clapotis d’animaux dans les mares, de cris de singes dans les arbres… Seulement des insectes.
Pourquoi n’y avait-il aucun animal dans cette jungle ? Qu’est-ce qui repoussait les créatures et les empêchaient de s’installer ici ?
Un frisson parcourut le dos de Sandre.
-C’est vrai, fit Roderick. Il n’y a pas âme qui vive à part nous.
Edwin regarda lentement autour de lui, méfiant. Zimo huma l’air. La main d’Adam remonta lentement vers sa rapière.
Les arbres avaient pris une allure menaçante.
-Qu’est-ce qui peut pousser des animaux à fuir un lieu ? continua la Flèche Blanche.
-Pas assez de ressource pour vivre, hasarda Sandre.
-Ou ?
-Ou… Un prédateur trop dangereux pour eux.
-Mais il n’y a pas d’animaux ici, fit Jenna.
Roderick pivota lentement vers elle.
-Le prédateur dont nous parlons… n’est peut-être pas un animal.
Sandre déglutit. Il se remémora certaines légendes qu’il avait entendu sur les jungles de Satakalaam. Une forêt nommée le Bois des Esprits. Un endroit sacré pour les indigènes, où la végétation prendrait vie pour chasser les indésirables.
Le jeune homme inspira.
-Qu’est-ce qu’on fait ?
-On trouve ce putain d’arbre et on se tire, répondit Edwin les dents serrées. Et quand je dis, on se tire, ça veut dire qu’on se tire très vite.
Raymard donna un coup de pied dans un caillou, d’un air rageur. Ce foutu vieillard, s’il le retrouvait… Il le réduirait en charpie. L’Altmer porta la main à sa bouche et introduisit un doigt entre ses lèvres. Il tâta la blessure le long de sa langue.
Il grimaça. C’était toujours douloureux. La plaie mettrait des semaines à cicatriser. Et lui, il souffrirait longtemps en mangeant et en buvant. Putain d’enfoiré de grand-père…
Le mage-guerrier écarta une énorme fougère devant lui. Il arriva alors devant une vaste clairière dégagée. Un gigantesque arbre, au tronc large de plusieurs mètres, et aussi haut que dix hommes, se trouvait là. Un colosse végétal se dressant au-dessus de la cime des autres arbres.
Raymard hoqueta de surprise. L’arbre Ayazambë ! Il avait trouvé l’arbre Ayazambë ! Cela faisait des heures qu’il tournait en rond dans cette jungle et il avait enfin trouvé sa cible !
Son tronc noueux portait quelques marques de coupures, signe que d’autres participants avant lui avaient réussis à dénicher l’arbre et à prélever de sa sève. Raymard sourit de toutes ses dents. La journée avait été mauvaise de bout en bout, mais elle terminait bien.
Néanmoins, Raymard était combattant accompli. Il y avait fort à parier que des Chasseurs de Coureurs stationnaient autours de l’arbre et attendaient, en embuscade, de cueillir leurs victimes. Raymard avait participé à la précédente édition de la Grande Marche, mais il avait été éliminé à la troisième épreuve, un participant lui ayant volé et détruit son collier.
La course n’avait pas duré longtemps pour lui mais il en avait tiré une certaine expérience.
Lentement, le mage-guerrier, recula et se dissimula dans l’ombre des autres arbres, scrutant la clairière. Il porta la main à sa besace, l’ouvrit, et en tira un parchemin de Détection Vitale. Il le déroula rapidement, le lut, répéta l’incantation dans sa tête et le déchira.
Le sortilège fit immédiatement effet. Raymard sentit sa conscience jaillir de son crâne et s’étendre comme une toile d’araignée sur tout ce qui se trouvait autour de lui. Décrite ainsi, cela pouvait paraître désagréable, mais la sensation était en fait incroyablement douce.
En un instant, la conscience avait recouvert l’intégralité de la clairière. Il pouvait sentir chaque parcelle de vie, et chaque conscience extérieure, jusque celle des fourmis dans l’herbe ou des vers, sous la terre.
Mais pas de conscience humaine. Simplement la sienne. Etonnant.
Une fois certains qu’il ne risquait rien, Raymard sortit de sa cachette.
L’arbre Ayazambë était impressionnant et majestueux. L’ombre de ses larges feuilles vertes s’étendaient sur toute la clairière, et au-delà. L’Altmer s’avança. Mais il se figea à mi-chemin, le regard braqué sur une longue et épaisse branche tordue de l’arbre, vingt mètres au-dessus du sol.
Quatre formes sombres y étaient suspendues. Non, pas suspendues. Empalées dessus.
Raymard plissa les yeux. Il avait compris qu’il y avait danger, alors il aurait dû faire demi-tour dans la seconde et s’éloigner au plus vite, mais il voulait savoir ce qu’étaient ces formes. Le soir tombait, et il faisait de plus en plus noir.
L’Altmer finit par comprendre. Cette fois, il fit volte-face et s’élança vers la jungle. Car les quatre formes empalées sur la branche de l’arbre étaient quatre silhouettes d’hommes. Trois Orques et un Dunmer. Ensanglantés, tailladés, les yeux exorbités et la bouche grande ouverte, laissant entrevoir leur langue, tout au fond, gonflée et sur le point d’éclater.
Raymard entendit un long et affreux craquement derrière lui. Le craquement se propagea dans la terre, passa sous ses pieds, et continua jusqu’à la lisière de la clairière. Alors, autour de lui, les plantes se mirent à bouger.
Les racines ondulèrent sur le sol, comme dotées de vie. Les arbres se balancèrent, comme s’ils cherchaient à l’atteindre. Les feuilles vibrèrent. Raymard sentit alors quelque chose s’enrouler autour de sa cheville. Il trébucha violemment et s’étala sur le sol boueux.
Il se retourna rapidement sur le dos et vit qu’une liane sortant du sol venait de happer sa jambe. D’un geste vif, il dégaina un poignard de sa botte et sectionna la liane. Une autre jaillit de la boue et s’enroula autour de la masse qu’il portait à la ceinture avant de l’arracher de ses sangles et de l’emporter sous la terre.
-Merde !
Raymard se redressa et porta un coup sur le côté. Une racine se rétracta, à moitié tranchée. L’Altmer, les yeux fous, tourna dans tous les sens. Les racines se rapprochaient de lui par derrière. Dès qu’il leur faisait face, elles reculaient, mais les autres reprenaient du terrain dans son dos.
Il était encerclé.
C’est alors qu’il se rendit compte de son erreur. Il y avait bel et bien une conscience autre que la sienne, dans la zone. Le sortilège faisait encore effet, mais il était difficile de la ressentir.
Elle était basse, diffuse, subtile, mais incroyablement vaste. Elle n’était pas présente dans un seul être mais dans chaque branche, chaque feuille, chaque fleur, chaque plante de la clairière, imprégnant jusqu’à la plus minuscule cellule végétale.
Et pourtant, elle représentait une conscience unique et profonde, celle d’une seule entité.
Ce n’était pas une faible et fragile conscience humaine, oh non. C’était le genre de conscience qu’aurait eu une montagne ou un océan, si ceux-ci étaient vivants.
Elle était lourde, puissante, vieille de plusieurs milliers d’années, fruit de l’union d’un nombre incalculable d’esprits qui s’accrochaient à elle, et puisait son énergie d’une source proche et intarissable.
Raymard tourna lentement la tête vers l’arbre Ayazambë. Tel un titan de bois et de feuille, il surplombait la clairière et semblait la toiser. Raymard le vit se pencher lentement vers lui. Il était très impressionnant, voire effrayant, de voir plusieurs tonnes de bois s’animer et se rapprocher de soi.
Raymard ne s’urina pas dessus, mais ce fut tout comme.
Une des branches de l’arbre se craquela en se mouvant, et sa pointe s’approcha du visage de l’Altmer. Elle le caressa doucement, pendant quelques secondes. Puis, elle s’écarta légèrement, avant de fuser vers lui.
Raymard hoqueta quand la branche lui transperça la poitrine. L’arbre Ayazambë reprit lentement de la hauteur. Les pieds du mage-guerrier, mort empalé de la même façon que les trois Orques et le Dunmer, quittèrent le sol, et il s’éleva dans les airs à la même vitesse que la branche qui venait de lui perforer le cœur.
Alors la conscience qui donnait vie à la végétation de la clairière s’évanouit, tractée par une force invisible. Elle revenait toute entière vers son propriétaire.
Les gigantesques racines de l’arbre Ayazambë explosèrent le sol en projetant de la boue dans tous les sens et se reposèrent sur la terre, telles les pattes d’une araignée difforme. Alors, tout doucement, l’arbre Ayazambë se mit en marche et disparut dans la forêt.
ouah chaud je me demande comment sandre et les autres vont s'en sortir
Il est...il est VIVANT !
Blague à part, j'aime bien l'idée de l'arbre animé qui tue les candidats
Je suis le seul à avoir pensé à l'arbre dans kirikou, celui qui capture les enfants ?
Ils vont le bolosser cet arbre de malheur à coup sûr
Moi je me demande si on finira par revoir lynris
Alors l'arbre se déplace et peut très bien tuer..voilà ce qui complique l'épreuve
VDD Moi aussi
https://www.new.jeuxvideo.com/forums/1-58-264937-1-0-1-0-fantastique-la-fleche-blanche.htm
Coucou Peil.
C'est toi qui a écrit ce topic?
Si non...dis-toi que le plagiat c'est le début de la célébrité
Non ce topic n'est pas de moi, c'est un plagiat en bonne et due forme
Merci de me l'avoir signalé d'ailleurs
aucun souci
Hé, j'aime beaucoup l'idée de l'arbre vivant !
J'aimais bien le Dunmer et les trois orques mais comme d'hab, il faut que tu tues les gens qui apparaissent à l'instant et qui nous plaisaient
a quand une suite?
Maintenant
Chapitre 77 :
-On s’arrête.
Sandre tourna la tête vers Roderick.
-Quoi ?
-On s’arrête. Il fait tellement sombre qu’à part Zimo, je doute que quiconque ici voit plus loin qu’à trois mètres. Nous reprendrons la recherche demain.
-Ce n’était pas toi qui voulais perdre le moins de temps possible dans cette épreuve ?
-J’ai un mauvais pressentiment, répondit sombrement la Flèche Blanche. Si on continue, cette nuit, je sens qu’il ne nous arrivera rien de bon.
Tous se regardèrent. Finalement, Edwin haussa les épaules et se laissa tomber sur le sol en position assise, avec un soupir.
-Le chef a parlé.
Jenna déposa son sac par terre. Adam s’assit sur un rocher et s’étira. Zimo fit craquer les os de sa nuque avec une grimace. Sandre, les jambes douloureuses, plia et déplié les genoux. Roderick ôta son carquois de son dos et le déposa contre un arbre.
Sandre s’était attendu à ce que la température baisse durant la nuit mais l’air était toujours aussi lourd et suffocant. Il allait être difficile de se reposer dans une telle atmosphère, moite et pesante. Mais on reconnaissait un bon guerrier à sa capacité à s’endormir n’importe où et n’importe quand, même dans la boue, les tripes, le froid, la chaleur, la pluie…
Les membres de la troupe se répartirent les tours de garde. Adam hérita du premier. Il regarda ses compagnons s’allonger à même le sol et essayer de trouver le sommeil. Lui resta sur son rocher, sa rapière posée sur ses genoux, dans son fourreau.
Une heure passa. La jungle était obscure et silencieuse.
Le vieux Bréton se leva et s’éloigna un peu du camp. Il tira son épée et entreprit de faire quelques moulinets dans le vide. Il imagina que l’arbuste en face de lui était son adversaire. D’un bond, il réduisit la distance entre le tronc et lui, puis il piqua en avant, et sa lame fendit l’air.
La pointe se stoppa net à trois centimètres de l’arbuste. Adam se remit en garde et sourit.
-Bien, murmura-t-il pour lui-même. Bon réflexe… Tu commences à reprendre la main, Adam…
Il continua pendant plusieurs minutes, exécutant des bottes vives et astucieuses, dans l’air de la nuit, ne faisant craquer aucune feuille morte par terre. Il se mouvait d’une manière incroyablement silencieuse, comme s’il dansait. Seuls les clapotis qui retentissaient quand ses pieds se posaient dans une flaque d’eau trahissaient ses pas.
Quand il fut satisfait, Adam, haletant, rengaine sa rapière. Il s’apprêtait à retourner au camp quand un long et sinistre craquement retentit, derrière lui. Le vieillard tourna la tête et déglutit.
L’arbuste face auquel il s’était exercé avait disparu. Adam fronça les sourcils et cligna des yeux, comme s’il n’arrivait pas à y croire. Il jeta alors un coup d’œil sur le côté et tressaillit. L’arbuste se trouvait à un mètre de lui, sur sa gauche. Il s’était… déplacé. Mais c’était impossible. Un arbre ne se déplaçait pas.
Adam recula, lentement. Il ne sut dire si son imagination lui jouait des tours ou non, mais sur son passage, à mesure qu’il s’éloignait, il avait l’impression de voir la végétation pivoter vers lui, comme pour le suivre du regard.
Son dos heurta alors un obstacle, dur et rugueux. Adam fit volte-face, tel un ouragan, sa rapière ayant quitté son fourreau si vite qu’elle en était devenue invisible. Il se mit en garde, prêt à attaquer. Sa bouche s’entrouvrit alors qu’une expression stupéfaite s’affichait sur son visage.
Ce contre quoi il venait de se cogner était un tronc, immense, épais, aussi large que dix Orques dos-à-dos. Dans la nuit, il était d’un noir effrayant.
Aucun doute, c’était l’arbre Ayazambë.
-Mais qu…
Cinq minutes plus tôt, il n’y avait pas d’arbre ici. Adam aurait pu continuer à réfléchir longtemps, mais l’arbre l’en épargna. Dans un craquement encore plus horrible que le précédent, il bascula en avant, et une de ses branches fusa dans l’air.
Adam se jeta au sol au dernier moment et le bras de bois siffla en frôlant son crâne. La force du coup lui avait arraché quelques cheveux. Si Adam l’avait reçu de plein fouet, il aurait perdu la tête. Littéralement.
C’est alors qu’il entendit des cris et des bruits étouffés, au loin. Et ils provenaient de la direction du camp.
Adam se redressa et s’élança vers les bruits, ignorant l’arbre Ayazambë, derrière lui, qui reprenait de la hauteur, visiblement pour préparer un deuxième coup. Il sentit l’extrémité d’une branche effleurer son dos et déchirer sa tunique. Il continua à courir.
Sous ses pieds, il avait la sensation étrange que les racines, les lianes et les feuilles s’agitaient, ondulaient comme des serpents.
Adam arriva au camp.
Des silhouettes noires se mouvaient dans l’obscurité, avec des grognements et des halètements. Il crut reconnaître les formes féminines de Jenna, une arbalète dans les mains, tournant sur elle-même comme si elle faisant face à une myriade d’ennemis invisibles.
La voix de Roderick s’éleva, puissante et impérieuse, dans le silence nocturne :
-Edwin, lumière !
En temps normal, le mage aurait pris soin de matérialiser d’abord une faible lueur et d’en augmenter lentement l’intensité afin que les yeux de tous puissent s’accommoder. Mais dans la panique, il n’en prit pas la peine.
Adam entendit Edwin prononcer une rapide formule et une aveuglante lumière bleue apparut a trois mètres du sol, éclairant toute la zone comme s’il faisait jour. Adam ferma les yeux un instant, éblouit.
Quand il les rouvrit, il se rendit compte que tous étaient assaillis par… la végétation.
Des lianes, des ronces et des racines fouettaient l’air et attaquaient avec furie les membres de l’équipe. Ceux-ci, à peine réveillés, avaient bien du mal à répondre à leurs adversaires. Sandre frappait de sa faucille, les dents serrées et les yeux à moitié fermés. Zimo tourbillonnaient, le visage déformé par la colère, et tranchait les végétaux avec sa dague. Roderick, n’ayant pas son carquois à portée de main, était obligé de se défendre avec son arc, s’en servant comme d’un bâton de combat.
Adam sentit un contact glacé sur sa nuque. Il se retourna et vit l’arbuste qui l’avait suivi. Une de ses branches se tordait et semblait prendre la forme d’une lame. Elle se leva, comme si elle s’abattre. Adam n’hésita pas plus longtemps. Son bras se détendit, et sa lame, floue, traversa le tronc.
Celui-ci se sépara en deux une seconde plus tard et tomba dans la boue.
-On se replie ! hurla Roderick.
Sandre virevolta pour esquiver l’assaut d’un long tentacule végétal recouvert d’épines. Il avait du mal à bouger. Il avait la désagréable impression que l’herbe sous ses pieds essayait de happer ses chevilles pour le faire trébucher.
C’était incroyable. Toute la forêt semblait vouloir les tuer. Etait-ce un sortilège ? Un maléfice ? Un participant rival qui serait capable de manipuler la flore ?
Le jeune homme fit tourbillonner sa chaîne et l’enroula autour de la racine, avant de tirer d’un coup sec. Elle s’arracha du sol avec un bruit écœurant, puis retomba au sol, inerte. Des petits objets se mirent alors à pleuvoir des arbres alentours.
Jenna en reçut un sur la tête et gémit. Sandre écarquilla les yeux. C’étaient des noix. Des noix épaisses et lourdes. Celles qui tombaient des arbres les plus hauts pouvaient devenir très meurtrières en prenant de la vitesse. En recevoir une sur le crâne, c’était l’assurance d’être assommé. Voire tué sur le coup, dans le pire des cas.
Edwin exécuta des signes complexes avec ses doigts avant de former un cercle avec ses mains, en joignant ses deux pouces et ses deux index, au niveau de ses yeux.
-Dégagez ! lança-t-il.
Tous ceux qui se trouvaient sur son chemin bondirent sur le côté. Ce ne fut pas une boule de feu qui jaillit du cercle mais un jet de flamme concentrique, extrêmement concentré, avec une sorte de grognement. L’air se mit à onduler, chauffé à l’extrême.
La vague de feu calcina tous les végétaux sur son passage, illuminant la jungle nocturne, à tel point que la lumière bleue qu’il avait matérialisée un instant plus tôt ne servait plus à rien.
Edwin pivota alors, et les flammes balayèrent tout ce qui se trouvait devant lui. Arbres, ronces, fourrés, tout s’évapora.
Les flammes se tarirent et Edwin baissa les bras. Un brasier s’élevait maintenant dans la forêt, crépitant et brûlant. Et au milieu… Un arbre. Un seul, qui était intact, semblait-il. L’arbre le plus grand que Sandre ait vu de sa vie.
-L’Arbre Ayazambë, fit Adam. C’est lui qui donne vie à la nature, tout autour de nous !
Mais ce n’était pas un arbre ordinaire. Il… se mouvait. Sandre crut un instant qu’il rêvait mais non, la forme sombre de l’arbre grossissait, dans les flammes, car il avançait, juché sur ses énormes racines, telle une monstrueuse araignée.
-Courez !
Les membres de la troupe se retournèrent et s’élancèrent pour s’éloigner de l’arbre démoniaque.
Ils couraient à en perdre haleine. Heureusement, leur poursuivant, de part sa taille, n’allait pas très vite. Bientôt, ils furent assez loin pour ne même plus voir la lueur de l’incendie, dans la nuit. Ils s’arrêtèrent et se rassemblèrent derrière un rocher.
Edwin fronça les sourcils, en reprenant son souffle.
-La végétation ne cherche plus à nous tuer… On dirait que le pouvoir de cet arbre a une zone d’action limitée.
-Je dirais une cinquantaine de mètres, dit Adam, songeur.
-Moi-aussi, approuva Roderick. Dans la panique et l’obscurité, c’était difficile à voir, mais je me suis rendu compte que les attaques des plantes étaient moins virulentes sur ceux qui étaient le plus éloignés de l’arbre. En revanche, la flore à proximité était déchaînée.
-Il faut qu’on mette au point une stratégie, fit Zimo en se grattant le menton. Je vous rappelle que le but de l’épreuve est d’aller taillader le tronc de l’arbre et de prélever une petite quantité de sève. Pour chacun des participants. Donc cinq, puisque Adam ne participe pas, officiellement.
-Au moins, nous n’aurons pas eu à chercher l’arbre plus longtemps, plaisanta Sandre. C’est lui qui est venu à nous.
-Vous croyez qu’il peut parler ? s’enquit Edwin d’un air cynique. On pourrait essayer de lui demander gentiment.
Jenna regarda ses compagnons avec des yeux ronds.
-Mais c’est quoi ce bordel ? glapit la jeune femme. On vient de se faire attaquer par un arbre psychopathe dans une forêt où toutes les fleurs prennent vie et essaient de nous égorger ! Comment vous faites pour rester aussi calmes ?! Ce n’est pas une situation normale ! On ne devrait pas être en train de blaguer mais de paniquer !
Roderick grimaça et porta ses mains à ses oreilles.
-Tu parles fort, Jenna. Je viens de me réveiller, alors un peu de calme… Ça me donne mal à la tête.
-Mais…
Edwin lui mit un coup de coude amical dans les hanches, avec un sourire carnassier.
-C’est bien le moment d’avoir peur maintenant… On a affronté une statue vivante je te rappelle. Avec une énorme épée. Un arbre ce n’est pas très effrayant, à côté.
-Hein ?
-Ah, c’est vrai que tu n’étais pas avec nous à ce moment-là. Tu peux paniquer alors.
Sandre remarqua qu’au moment où Edwin avait touché Jenna, Zimo avait frémit et lui avait discrètement lancé un regard noir de haine.
-Bon, fit Adam avant que Jenna n’ait pu reprendre la parole. Que ceux qui veulent paniquer paniquent. Mais que ça ne les empêchent pas de participer à la mise au point d’un plan. Réfléchissons… Par quel angle pourrions-nous attaquer cet arbre ?
-Soyons franc, dit Sandre, nous n’avons aucun moyen de le tuer, n’est-ce pas ?
Tous les regards se tournèrent vers Edwin. Le mage haussa les épaules.
-La magie qui l’entoure est puissante. Une magie vieille comme le monde. Je ne dis pas qu’elle est impossible à briser, mais ça prendrait du temps. Beaucoup de temps. Je me viderais de mes forces bien avant d’avoir entamé son énergie. Brûler les racines qu’il nous envois ne me pose pas de problème mais le toucher directement lui, c’est autre chose…
Roderick hocha la tête.
-Tu pourrais l’immobiliser ?
-A voir… Il faudrait que j’essaie, mais ce serait très aléatoire. Mieux vaut ne pas compter là-dessus.
-Il est entouré de plantes. Et plus on se rapproche de lui, plus elles sont dangereuses. Et lui, il peut nous arracher la tête d’un coup de racine. Ce n’est pas avec mes flèches que je vais lui faire quoi que ce soit, ni toi Adam avec ta rapière. De toute façon, l’affronter à la régulière n’est pas une option. On doit simplement prendre de sa sève et nous enfuir.
-Certes, mais comment ? demanda Zimo.
Sandre prit un air soucieux.
-Moi je me demande comment il fait pour nous repérer. Il n’a pas de nez, pas d’oreille, pas d’yeux…
-La terre, répondit Edwin sans hésitation. En tant que végétal, il a un lien très fort avec la terre. Tant que nous gardons contact avec le sol, il peut sentir notre position avec précision.
-Alors nous n’avons qu’à nous envoler ! Edwin, tu claques des doigts et tu nous fais léviter.
-Et ensuite ? répondit le mage en levant les yeux au ciel. Je te balance sur lui ? A peine tu auras touché son tronc qu’il te repèrera et te pulvérisa avec ses racines.
-Pas si tu l’envoi assez haut, hors de portée des racines.
Tous se tournèrent vers Roderick.
-Je ne te suis pas, fit Adam.
-Aucune règle ne stipule que nous devons prélever de la sève depuis le tronc de l’arbre, insista la Flèche Blanche avec un regard malicieux.
-Et par là, qu’est-ce que tu entends ?
-Il y a de la sève dans les branches. Il faut que l’un d’entre nous monte au sommet de l’arbre et prélève de la sève sur la plus haute branche. Au milieu de tous ses appendices, l’arbre aura bien du mal à le repérer.
-C’est tout simplement suicidaire. Qui acceptera d’y aller ?
Il y eut un silence. Roderick ricana.
-Moi je ne suis plus à ça près. Je vais y al…
-C’est moi qui m’en chargerais.
La voix qui s’était élevée était celle de Zimo. Les regards pivotèrent vers le Khajiit. Jenna pâlit.
-Ah non, c’est hors de question !
Zimo renifla sèchement.
-Je ne crois pas.
-Je suis d’accord avec Jenna, répliqua Adam. C’est beaucoup trop dangereux pour toi, Zimo !
-Ne monte pas là-haut, fit Edwin en secouant doucement la tête. Tu vas y rester, mon gars.
Zimo serra les dents.
-Il va être question de grimper, pas vrai ? Je serais curieux de savoir qui d’entre vous se permettrait de me donner des leçons d’escalade. Toi, Edwin ? Tu veux m’apprendre comment m’agripper à une prise ? Et toi, Adam, peut-être que t’y connais mieux qu’un Khajiit dans ce domaine ?
-Ça n’a rien à voir, répondit Adam. Ce n’est pas juste de l’escalade… c’est…
Roderick fixait Zimo d’un air mystérieux. Il ouvrit la bouche.
-Ce n’est pas très raisonnable, mon garçon, tu en conviendras.
-J’en ai plus qu’assez d’être inutile, dans cette foutue équipe ! grogna Zimo. Quand Edwin lance un sort, personne ne viens le sermonner ou lui donner des conseils ! Quand Roderick tire à l’arc non plus ! De même quand Adam se bat à l’épée ! L’escalade c’est mon domaine, alors j’interdis quiconque de se prétendre plus doué que moi quand il s’agit de grimper. Il me semble que chacun risque sa vie dans cette course, non ? Que chacun est préparé à mourir ? Que si un camarade tombe, on se contente d’enjamber son cadavre sans regarder en arrière ? Alors par les Neuf, qu’est-ce qui vous permet d’essayer de me dissuader ?!
-Du calme, dit Jenna, on ne voulait pas…
Sandre se leva d’un air déterminé.
-Si Zimo veut y aller, il ira.
Une nouvelle fois, les regards changèrent de cible, et se braquèrent tous sur lui.
-Et je vais l’accompagner.
Cette fois, les refus furent énergiques.
-Non ! s’écria Jenna. Ça suffit maintenant !
-Zimo ne pourra pas tout faire tout seul. Quand il sera là-haut, il lui faudra quelqu’un pour lui déblayer le terrain, et faire du nettoyage à travers toutes ces branches. Je doute que les flèches de Roderick ou la lame d’Adam soit très utile dans ce genre de situation. En revanche, ma chaîne est parfaite pour ça.
Roderick hocha la tête et prit la parole avant que quiconque ne puisse intervenir.
-Bien. Vous avez fait votre choix. Alors allez-y. Edwin, tu les couvriras à distance et tu te chargeras de les faire léviter jusqu’à l’arbre. Pas trop haut, sinon ils s’empaleront sur les branches, mais pas trop bas, sinon l’arbre les repèrera et les tuera à coup de racines. A mi-chemin, ce serait idéal. Jenna, Adam et moi, nous nous occuperons de le distraire en neutralisant les plantes qu’il nous lancera. Ça vous va ?
-C’est parfait, répondit Sandre avec un sourire.
Adam lança un regard teinté de reproches à Roderick, mais il se garda bien de dire quoique ce soit. Jenna, elle, tremblait. Edwin soupira. Personne ne pariait visiblement sur la réussite des deux jeunes hommes.
-Alors tous en position, fit la Flèche Blanche. On s’éparpille et on attend que l’arbre Ayazambë arrive. Nous n’aurons qu’une marge de manœuvre réduite. Vous connaissez tous vos rôles ? Très bien ! Dispersion !
Au moment où tous quittèrent le rocher, sauf les deux volontaires qui allaient grimper l’arbre, Zimo regarda fixement Sandre, sans un mot. Finalement, il posa sa main sur son épaule d’un air solennel.
-Merci, vieux.
-C’est rien, mon pote. Toi et moi, tous les deux face au danger. Ça faisait longtemps, non ?
-Ouais, ça faisait un bout de temps… Je n’oublierais pas ça. Seul, c’est vrai que je n’y serais pas arrivé.
-C’est ce que je me suis dit.
-Si on meurt tous les deux… Pas de regret ?
-Aucun, tu sais pourquoi ?
Zimo afficha un visage perplexe.
-Non, pourquoi ?
-Parce qu’avant de mourir, on se sera bien amusé.
Beaucoup d'action pendant le combat contre l'arbre, pas de temps mort, en tout cas, j'ai hâte de voir comment Sandre et Zimo vont s'en sortir.
JE VEUX LA SUITE (QUOI DÉJÀ. BEN OUI)!
Fuck yeah, c'est le moment de contre-attaquer !
J'apprécie vraiment tes efforts pour nous pondre ces chapitres, Peil. Continue comme ça
A votre avis, comment doit mourir Zimo après ça ?
Ecrasé
Ecrabouillé
Décapité
Egorgé
Tranché en deux
Etouffé
Brûlé
Noyé
Enterré
Les paris sont lancés
Que d'actions!!!!! La suite, Peil!!!!!
Vdd: et si c'est tout en meme tzmps?
Noyé dans une jungle