Les gens, c'est Peil qui a rédigé le scénario du match Allemagne-Brésil
Ce combat..
Cette fin
Bref, très bon chapitre
Chapitre 75 :
Les hélices positionnées sous l’aéronef se mirent à tournoyer à toute vitesse à mesure que l’appareil perdait de l’altitude. A cause de la végétation et du terrain, le capitaine ne pouvait pas faire atterrir son vaisseau correctement.
L’aéronef se stabilisa à environs dix mètres du sol, au-dessus de la cime des arbres. Le vent produit par les hélices latérales et inférieures soulevait des nuages de poussière, de vapeur d’eau et de terre, mais le tout était incroyablement silencieux.
A l’intérieur de la cabine principale, Herbert Maskew, appuyé sur son bureau, parcourait une fiche des yeux. Le portrait de Liliane figurait dans le coin gauche supérieur. Le Bréton sourit.
-Atlus a bien fait de la choisir, elle, dit le commentateur. Elle a fait du bon boulot, contrairement à Ephron et Helzmar.
Eddard Linkingston, qui se tenait quelques mètres plus loin, devant la grande baie vitrée, et qui observait la jungle d’un air solennel, ne répondit pas. Il se gratta le menton.
Une trappe s’ouvrit sous l’aéronef et une longue corde se déploya. Trois soldats en armure légère, portant les couleurs de l’organisation de la Grande Marche, en descendirent en s’y laissant glisser, et se réceptionnèrent dix mètres plus bas avant de dégainer immédiatement leurs épées et se mettre en garde.
Une brume plutôt épaisse flottait dans la jungle à ce moment de la journée, et la visibilité était mauvaise. Les trois hommes avancèrent vers la position supposée de Liliane et du Serpent, écartant la végétation sur leur passage.
Eddard Linkingston les fixait sans un mot. Ses yeux plissés étaient impénétrables. Derrière lui, Herbert s’était assis sur le bureau et lisait une autre fiche portant une inscription écarlate « Secret Impérial ». Une représentation du Serpent y figurait.
-Eh bien, je suis content que tout ça soit terminé, fit Herbert. Cet enfoiré de Serpent nous a tous fait courir.
En contrebas, les trois hommes arrivèrent dans un endroit dévasté. Les arbres avaient été arrachés et les rochers retournés. Un arbre plus gros que les autres avait visiblement été déraciné, puis balancé avec une force inhumaine. Sa course avait été stoppée par un énorme amas de vase et de terre.
C’était vraisemblablement ici qu’avait eu lieu le combat entre Liliane et le Serpent. Les trois hommes se dispersèrent dans la zone, le dos rond. Ce n’était pas normal. Liliane aurait dû les attendre ici, avec le cadavre de sa cible.
Dans la cabine, Herbert continuait de bavasser.
-Je me demande ce que vont faire les autre agents. Est-ce qu’ils vont recevoir une partie de la récompense ? Ou peut-être que…
-La ferme, le coupa Eddard d’une voix sèche.
Il fronça les sourcils et se colla à la baie vitrée, les yeux posés sur l’un des soldats en contrebas.
Celui-ci venait de repérer quelque chose. Une forme humanoïde, allongée sur le sol boueux, derrière un arbre encore intact. Il raffermit sa prise sur son épée et la pointa en avant, puis se mit à avancer prudemment.
-Liliane ? lança-t-il.
Il n’y eut pas de réponse. Il continua à marcher. Derrière lui, ses deux compagnons l’observaient, prêt à intervenir. L’un d’eux avait tiré une petite arbalète de sa ceinture et a pointait vers la forme sombre au sol.
Le premier soldat arriva enfin à son niveau. Il écarquilla les yeux lorsque la brume s’écarta sur son passa et révéla ce qui se trouvait à ses pieds. Sa peau prit une teinte grisâtre alors qu’il portait sa main à sa bouche pour ne pas vomir.
La scène était insoutenable.
Une petite fille gisait là, nue, à moitié enfoncée dans la vase. Elle avait été démembrée. Un de ses bras, arraché de ses épaules, reposait sur un rocher, un peu plus loin, alors que ses jambes étaient empilées à côté d’elle, mais détachée de son bassin. Il ne lui restait qu’un bras, décharné et brisé.
Des garrots avaient été placées à chaque moignon pour ne pas qu’elle se vide de son sang. Quant à la fillette en elle-même, elle… n’avait plus de peau. Pas le moindre centimètre carré d’épiderme sur tout le corps.
Pourtant, elle n’avait pas été écorchée. On l’avait visiblement… brûlée. Pas avec du feu, mais avec de l’acide. Sa chaire était rongée et fondue par endroit. Les muscles, mis à vif, dégoulinaient de sang, et teintaient l’eau de rouge.
Son visage n’était qu’une plaie béante et immonde. Une de ses joues était creusée abominablement et l’on pouvait voir ses dents et sa langue à travers la couche de chaire écarlate.
Un bâton de bois noueux à l’extrémité recourbée était fiché dans son bas-ventre et la clouait au sol, comme pour l’empêcher de bouger. Cependant, celui qui avait fait ça avait pris grand soin de n’endommager aucun organe interne. Le bâton était enfoncé dans ses intestins, mais ceux-ci avaient dû s’écarter au passage de l’outil de bois.
La fillette avait dû agoniser longtemps avant de mourir.
Les deux autres soldats apparurent aux côtés du premier. L’un d’eux se détourna immédiatement et s’appuya sur un arbre pour régurgiter son déjeuner. Le plus vieux, et le plus expérimenté, afficha une mine glaciale.
-J’ai déjà vu des gens se faire torturer, dit-il. J’ai même pratiqué cet exercice moi-même. Mais ça… Ça n’a pas été fait dans l’intention de faire avouer quelque chose. Ça n’avait pour seul but que de faire souffrir le plus possible.
-Qu… Qui est-ce, mon général ? demanda le premier soldat, le front luisant de sueur et les mains tremblantes. Qui est cette gamine ?
Le général ne répondit pas tout de suite. Il inspira profondément.
-C’est Liliane.
Le soldat bafouilla.
-Mais… Vous voulez dire…
-Le Serpent est toujours en liberté. Et visiblement, il a gagné le combat.
Il y eut un instant de silence pesant. L’information faisait froid dans le dos. Le Serpent… Le soldat en avait déjà entendu parler. De nombreux qualificatifs lui étaient donnés mais celui qui revenait le plus souvent était le terme de « monstre ».
Ca… C’était la monstruosité dans toute sa splendeur.
Le général s’agenouilla à côté du cadavre de Liliane et fit une grimace à cause de l’odeur.
-C’est un message que nous adresse le Serpent. Il n’a pas fait ça par hasard. Toute cette mise en scène macabre est un avertissement. « Voilà ce qui vous arrivera si vous tentez encore une fois de me gêner », c’est ce que ça veut dire. Il est probable qu’il ait même réfléchi à la manière la plus terrifiante de nous présenter le corps de cet enfant, afin que nous soyons le plus horrifié possible lorsque nous la découvririons.
-Vous pensez qu’il est encore dans les parages, mon général ? Qu’il… nous surveille ?
-Ça m’étonnerait. Sinon, il ne se serait pas donné la peine de nous laisser ce message. Il aurait fondu sur nous au moment où nous aurions posés un pied à terre, pour nous donner le message lui-même.
Le général passa un regard méfiant sur la forêt brumeuse.
-Mais restez sur vos gardes, soldat, dit-il. On ne sait jamais à quoi s’attendre avec le Serpent.
-Qu’est-ce qu’on fait pour elle ?
-On l’embarque. Et on la ramène à Daggerfall.
Le général voulut se relever. Mais c’est alors que les yeux de la fillette s’ouvrirent. Le soldat lâcha un glapissement de terreur et tressaillit. Celui qui vomissait se retourna brutalement, se colla à l’arbre et pointa son épée vers Liliane.
Quant au général, il se stoppa instantanément, la main sur la poignée de son sabre. Mais les doigts de Liliane furent plus vifs, malgré son état, et ils se refermèrent sur la cheville du général lorsque le dernier bras qui lui restait se détendit, comme un ressort.
Ses lèvres sanguinolentes s’écartèrent et un gémissement rauque en sortit.
-Nnnneuuugh… l’aaaaa….. prrrrrreu…. chhhh… ppppp…
Le général fronça les sourcils et se pencha en avant.
-Vous essayez de me dire quelque chose ?
-Nnneee… l’apprrrrrr… chhhhééééé…. paaas…
La respiration de Liliane était paniquée. Le simple fait qu’elle soit toujours vivante dans son état était atroce. Ses lèvres remuaient comme celles d’un poisson hors de l’eau, mais les sons qui en sortaient étaient incompréhensibles.
Ses yeux étaient exorbités et tournaient dans tous les sens. Ils finirent par se fixer sur le visage du général, dont elle agrippait toujours la cheville.
Celui-ci se pencha encore, jusqu’à ce que son oreille ne soit plus qu’à quelques centimètres de la bouche de Liliane. Alors, il comprit enfin ce qu’elle cherchait à lui dire.
-Ne… l’approchez… pas…
-Qui ? fit le général. Celui qui vous a fait ça ? Le Serpent ?
-Ne l’approchez… p… pas !
-Calmez-vous. Vous allez recevoir des soins. On va s’occuper de vous.
-Ne… Ne… Ne l’approchez pas !
Cette fois, elle ne gémissait plus. Elle criait.
-Ne l’approchez pas ! hurla-t-elle d’un air hystérique.
Sa prise sur la cheville du général était devenue douloureuse. Elle avait une force exceptionnelle pour son gabarit. Le général s’était redressé et fixait Liliane avec horreur, l’épée à moitié dégainée. Le soldat derrière lui était livide. L’autre se collait à l’arbre comme s’il désirait rentrer à l’intérieur.
Liliane était prise de spasmes écœurants et effrayants. Elle hoquetait d’une façon bestiale. Le bâton de bois planté dans son ventre l’empêchait néanmoins de trop s’agiter. On aurait dit un insecte cloué à un mur, tentant de se débattre autour du clou qui le transperçait.
Le général, sans quitter Liliane des yeux, fit un geste à ses hommes.
-Remontez dans l’aéronef ! Allez chercher de l’aide !
-Ne l’approchez pas ! cria Liliane. C’est un démon ! Il va tous nous tuer ! Il va tous nous tuer ! Ne l’approchez paaaaaaaas !
Elle s’arc-bouta et un gargouillis immonde sembla provenir de sa gorge. C’est alors qu’une mousse blanchâtre jaillit de sa bouche, mêlée à du sang. Face à ce spectacle atroce, même le général recula. Liliane avait relâchée sa cheville et grattait la terre de ses doigts.
La mousse se mit à couler également de ses narines, de ses oreilles et de ses yeux. Puis, elle cessa de hoqueter et de bouger. Elle se figea. Le général comprit qu’elle venait de mourir.
La mousse qui continuait de sortir de sa bouche était due à un poison violent, qu’on lui avait sûrement fait ingurgiter de force. Le Serpent l’avait dosé avec une précision diabolique pour que les effets ne se déclenchent qu’au moment où les soldats débarqueraient. Ce qui voulait dire qu’il avait prévu où ils se trouvaient et le temps qu’ils mettraient à arriver sur les lieux.
Terrifiant.
-Laissez tomber, dit le général à ses hommes en rengainant son épée et en déglutissant. On ne peut plus rien pour elle.
Dans sa cabine, Eddard avait les mâchoires contractées. Il cogna légèrement son front contre la baie vitrée.
-Que se passe-t-il ? fit Herbert.
-Il nous a eus, répondit Eddard. Ce connard nous a eus sur toute la ligne. Il est vraiment redoutable.
-Il nous a eus ? Qu’est-ce que ça signifie ?
-Ça signifie : « Il nous a baisés en beauté », abruti ! cracha le commentateur en se retournant vers son collègue. Le Serpent nous a baisés profondément ! Apporte-moi mon Miroir de Divination. Je dois contacter Atlus. Grouille-toi, bordel !
Face à la colère d’Eddard, Herbert descendit en vitesse de son bureau et sortit la cabine. Eddard inspira profondément et ferma les yeux.
-Merde…
Roderick mit sa main en visière.
-Je vois des tentes, là-bas. Je pense qu’on est arrivé au lieu de la sixième épreuve.
En effet, au loin, à travers la végétation, on pouvait apercevoir des couleurs vives. Le petit groupe se remit en marche. Sandre se trouvait tout à l’arrière, avec Zimo. Le Khajiit était silencieux et morose. Son compagnon lui jeta un regard lourd de sens.
-Les papiers que j’ai trouvés dans ta sacoche… Tu ne crois pas qu’il est temps qu’on en discute ?
-On ne pourrait pas faire ça plus tard ? répondit Zimo en grognant.
-Il y avait des articles sur une édition passée de la Grande Marche. Et des images. La quasi-totalité concernait un Khajiit, un participant. Il te ressemblait étrangement.
-Plus tard, j’ai dit.
-Pourquoi pas maintenant ?
-Parce que… Oh, et puis merde… Le Khajiit que tu as vu est mon père.
Sandre haussa un sourcil.
-Tiens donc. Ton père a participé à la Grande Marche ?
-Il y a de nombreuses années, oui.
-Je n’ai jamais entendu dire qu’un Khajiit avait gagné la course.
-C’est parce qu’il ne l’a pas gagné. Il a échoué. Un de ses compagnons l’a trahis lors de la dernière épreuve et il a été laissé pour mort. Tu sais qu’une fois la course terminée, des équipes d’organisateurs refont le parcours en sens inverse pour récupérer les cadavres et le matériel ? Mon père a été trouvé comme ça. Il n’avait pas mangé depuis des semaines. Il a à peine eu la force de crier pour qu’on le repère. Hum… Mais il est mort quand même. Au moment où les organisateurs ont tentés de le sauver. Ironique, non ? Survivre autant de temps, s’agripper à la vie comme un acharné, et tout lâcher à l’instant où tes sauveurs arrivent. A mourir de rire, même.
Sandre garda le silence un instant.
-C’est pour ça que tu sais tant de chose à propos de la Grande Marche ?
Zimo haussa les épaules d’un air sombre.
-Ne te méprend pas sur mon compte. Je ne participe pas à cette course pour… prouver quelque chose par rapport à mon père, ou obtenir une vengeance, ou… Ça n’a rien à voir. Je n’ai qu’indifférence pour cet homme.
-De l’indifférence ? Je sens de l’amertume dans ta voix.
-Je suis simplement là parce que je suis le même objectif que mon père jadis. Il a échoué. Maintenant que je suis en âge de participer, je prends le relais. C’est tout.
-Quel objectif ?
-Ecoute, ce n’est vraiment pas une conversation que j’ai envie d’avoir, ici et maintenant.
-D’accord, d’accord.
Sandre se gratta la tête.
-Moi, Edwin, toi… C’est dingue. On a tous des problèmes avec nos ancêtres, on dirait.
-Je n’ai aucun problème avec mon père, répondit sèchement Zimo.
Edwin et Jenna marchaient dix mètres à l’avant. Ils étaient plongés dans une conversation sur la magie. Edwin restait froid dans ses propos mais il était beaucoup moins crispé qu’avant lorsqu’il s’adressait à Jenna. Quant à la jeune femme, elle s’était mise à rire aux quelques plaisanteries cyniques du mage et faisait de grands gestes, la mimant en train de lancer des boules de feu ou des pieux de glace.
La relation des deux individus semblait avoir énormément évoluée en très peu de temps, suite à leur mésaventure avec Ephron.
Sandre remarqua que Zimo les regardaient fixement, tout en serrant les dents.
C’est alors qu’à l’avant, la voix d’Adam s’éleva.
-On arrive, jeunes gens !
La végétation s’écarta et fit place à une zone légèrement surélevée par rapport au reste de la jungle, ce qui faisait qu’elle n’était pas inondée et qu’on y avait les pieds au sec. Comme d’habitude, des tentes et des étals se dressaient en cercle.
Sandre ne vit qu’un ou deux participants, autre que ceux de son groupe. Les lieux étaient calmes et silencieux. Le contraste était étonnant entre les épreuves du début de la course et ceux de la deuxième moitié.
Le nombre de participants avait fortement diminué, tout comme le nombre de marchand.
La petite troupe se dirigea vers le grand panneau habituel qui se dressait au centre du camp. Un Altmer était déjà présent. Il avait enlevé ses vêtements à cause de la chaleur et de l’humidité ambiante et était torse-nu, révélant des pectoraux saillants et des abdominaux parfaitement dessinés, ce qui était rare chez les représentants de cette race.
Au vu de la masse Elfique qui pendait à sa ceinture et de la quantité impressionnante de parchemins magiques qui dépassaient de l’ouverture d’une besace qu’il portait en bandoulière, Sandre devina qu’il était un mage-guerrier.
Il avait les cheveux mi- longs, tirés vers l’arrière et noués en une minuscule queue de cheval. Une coupe de guerrier.
Quand il entendit Roderick arriver, il tourna la tête vers lui et afficha une expression surprise et amusée. Une lueur d’arrogance passa fugitivement dans ses yeux.
-Eh bien, grand-père, on s’est perdu ?
Roderick le toisa une brève seconde, puis, jugeant sûrement que cet homme ne valait même pas la peine qu’on lui réponde, il le dépassa sans un mot et se plaça devant le panneau. L’Altmer fronça les sourcils et s’approcha du vieillard.
-Oh, je te parle vieux… Dégage d’ici. C’est un lieu réservé aux participants de la Grande Marche.
Sandre voulut s’avancer et envoyer une réplique cinglante à l’Altmer mais la main d’Adam le retint. Le Bréton souriait légèrement.
De son côté, Roderick restait de marbre, sans même lancer un coup d’œil à l’Altmer. Le mage-guerrier colla presque sa bouche à l’oreille de Roderick et se mit à crier.
-T’es dur de l’oreille papy ?!
-Ferme la bouche.
-Hein ?
-Je dis ça dans ton intérêt.
Le bras de Roderick se déplia et son poing cueillit l’Altmer au menton, le frappant sans grande violence mais assez pour que sa bouche se referme brutalement et que ses dents claquent douloureusement sur sa langue.
Le mage-guerrier bascula en arrière avec un long gémissement de souffrance, les mains plaquées sur ses lèvres et du sang coulant entre ses doigts. Il roula dans la boue en agitant les jambes d’une manière absolument ridicule.
Roderick ne daigna même pas le regarder.
-Je t’avais prévenu.
L’Altmer se mit à quatre patte, faillit tomber de nouveau, parvint à se redresser, et se pencha pour cracher un filet de sang. Tout en maintenant une main sur sa bouche, il pointa un doigt assassin vers Roderick.
-T… Toi ! balbutia-t-il. On s… se retrouvera d… dans la course ! Je te jure que… je te tuerais !
-C’est ça, soupira la Flèche Blanche. Déguerpis.
Sandre vit le mage-guerrier se détourner et se diriger vers la tente des soigneurs officiels de la Grande Marche. Il disparut à l’intérieur. Quand il fut hors de vue, le petit groupe rejoignit Roderick. Edwin plissa les yeux.
-Alors… L’Arbre Ayazambë…
A ses côtés, Sandre parcourut l’affiche des yeux. Le dessin d’un gigantesque arbre au tronc noueux et aux branches recourbées figurait à côté des règles de l’épreuve. Celle-ci consistait à s’enfoncer dans la jungle qui entourait le camp et à trouver l’arbre Ayazambë. Une fois cela fait, chaque candidat devait prélever une petite quantité de sève de l’arbre, puis retourner au lieu de l’épreuve et faire examiner la sève par un organisateur.
-C’est tout ? fit Zimo lorsqu’il eut terminé sa lecture. Je veux dire… on cherche un peu, on trouve l’arbre, on prend un peu de sève et on revient ? Mais c’est simplissime. Il est où, le piège ?
-Ça, on ne le saura que quand on y sera, répondit Adam en se grattant le menton.
-Il y a quelque chose de louche avec cette forêt, dit Jenna. Ou avec cet arbre. Soit l’un, soit l’autre. Peut-être que la faune qui vit dans la jungle est particulièrement redoutable, ou que l’arbre Ayazambë est situé dans un endroit périlleux à atteindre…
-On reste sur nos gardes, fit Adam. On se couvre mutuellement, on reste vigilant, et tout devrait bien se passer.
-Bon…
Roderick vérifia que son carquois était bien en place. Il se retourna vers le chemin qui menait à la jungle quand un cri atroce retentit dans l’air. Des oiseaux s’envolèrent brusquement au-dessus des arbres.
Le cri était lointain, mais dans le silence des lieux, il avait été clairement perceptible. Un cri humain.
Sandre jeta un coup d’œil à Zimo.
-Simplissime, tu disais ?
C'est...gore ce qui lui est arrivé à la pauvre Liliane. Personne ne mérite autant de souffrance, mais bon, disons qu'elle est tombée sur la mauvaise cible
Sinon tu nous mets la hype là, Peil. Qu'est-ce que ça va être cette épreuve encore ? On sent le truc mastoc en approche
Le Serpent, la monstruosité pure
Liliane me fait penser à Schierke de Berserk ( http://imalbum.aufeminin.com/album/D20070406/280979_H5IX5YKGUHK5PAGXFACWWOD5CERNXI_schierke2_H160119_L.jpg ), surtout le bâton et son jeune âge
Sinon le Serpent est juste un monstre de puissance et d'ingéniosité. A aucun moment je ne l'ai vu perdre, et j'pense même qu'il aura aucun mal à vaincre les deux autres. A vrai dire même Roderick devrait avoir du mal à l'affronter
Oui mais Rod a toujours la flèche de machin truc^^
Whoaaa, elle a bien gouté aux tortures du Serpent . Ce sadisme exceptionnel ...
Je me pose des questions sur ma propre fic
Jusqu'où les sœurs Jadmär seraient-elles allées dans la course si elles n'avaient pas croisées la route de Roderick
Ah et oui, Liliane est complètement inspirée de Schierke au niveau du design. J'avais complètement elle en tête quand je l'ai créée.
Le design de Roderick jeune est inspirée de celui du héros de Fable 2 qu'on voit sur la jaquette du jeu et celui du Serpent est inspiré de Voldemort (mais en encore plus défiguré)
Ah, enfin quelqu'un qui connaît et lis Berserk
Du coup ça rend le truc encore plus gore quand j'imagines Schierke dans les mains du Serpent
Énorme
Roderick à toujours la flèche blanche?
Me semble que oui, il disais juste qu'il voulais la mettre à l'abri....dans son carquois par exemple
Les sœurs Jadmär auraient du aller plutôt loin, elles ont la plupart du temps un grand avantage dans les épreuves (liés avec l'eau) et n'ont peut-être même pas besoin d'un radeau pour traverser le fleuve.
Par contre, j'imagine bien que la plus costaude n'aurait peut-être pas pu traverser le pont illusoire
le prochain
Suite ?
Chapitre 76 :
-Qu’est-ce qu’il fait chaud !
Jenna ôta négligemment sa veste en fourrure et la noua autour de sa taille. Ainsi dénudée, elle avait les bras nus et ne portait qu’une pièce de tissu autour de la poitrine. Sandre avait fait de même depuis longtemps et s’était mis torse-nu.
Adam, s’il n’avait retiré aucun vêtement, passait régulièrement son foulard rouge sur son front trempé de sueur. Roderick avait entrouvert sa tunique de cuir, laissant apparaître son torse, avait retroussé ses manches, et avait roulé sa cape noire en boule avant de la ranger dans sa sacoche.
Edwin, lui, était déjà vêtu très légèrement.
Il fallait dire que l’atmosphère de la jungle était particulièrement moite et étouffante. Cela ne faisait que vingt minutes que le petit groupe avait quitté le lieu de l’épreuve pour partir à la recherche de l’arbre Ayazambë et ils n’en pouvaient déjà plus.
L’air était lourd, presque irrespirable, et l’humidité ambiante collait à la peau des participants de manière extrêmement désagréable. La chaleur était insoutenable.
Jenna secouait sa main près de son visage pour produire un peu d’air frais alors qu’Adam haletait. Même Roderick avait la respiration plus lourde que d’habitude.
Les insectes bourdonnaient autour d’eux et les moustiques, énormes, n’hésitaient pas à les assaillir de toutes parts.
Seul Zimo avait l’air à peu près à l’aise dans cet environnement qui devait lui être familier. Il avait cependant conservé son air sombre et morose.
Edwin, qui avançait en tête, s’arrêta pour grimper sur un rocher couvert de mousse. Là, surplombant ses compagnons, il mit sa main en visière et passa son regard sur la jungle. Il grimaça.
-‘Chier… lâcha-t-il.
Sandre posa ses mains sur ses hanches et s’étira, les dents serrées. Progresser dans cette tourbière était un calvaire. Si l’eau n’arrivait plus aux chevilles, comme avant, le sol était toujours humide et spongieux. Les pieds s’y enfonçaient mollement et sans résistance.
Impossible de se déplacer rapidement et avec agilité.
La jungle était un véritable enfer vert. La végétation y était incroyablement dense. Les racines s’emmêlaient, par terre, et les arbres prenaient parfois des formes étranges et courbées, étendant leurs branches sur plusieurs dizaines de mètres.
Parfois, d’immenses étendues de sables mouvants forçaient la petite troupe à rebrousser chemin ou à les contourner.
Nulle trace de l’arbre Ayazambë.
Adam leva la tête vers Edwin.
-Tu essais de repérer l’arbre ?
-Ou n’importe quoi qui pourrait nous indiquer que nous sommes sur la bonne route, répondit le mage. Un participant, par exemple… Ce serait bien.
-Et ?
-Rien. En même temps, la visibilité n’est pas très bonne.
-La voilà, la putain de difficulté, soupira Sandre en s’accroupissant pour soulager ses jambes. La chaleur, la moiteur, la boue, les arbres, les insectes… Si j’ai encore un centimètre carré de peau qui ne soit pas bouffée par les boutons de moustiques, ce soir, ce sera un miracle.
Zimo se gratta la tête.
-Quelle heure il se fait ?
-Seize heures, répondit Roderick.
-On n’a pas mangé à midi. Si on continue à ce rythme, on va gaspiller nos forces inutilement et dans trois heures, on ne tiendra même plus debout. Il faut qu’on fasse une pause et qu’on se remplisse un peu l’estomac.
-Hors de question, fit la Flèche Blanche. Il ne nous reste presque plus de provisions. Messieurs, vous allez vous serrer la ceinture, que vous le veuillez ou non.
-Mais… Pourquoi ne s’est-on pas réapprovisionner au camp ?
Edwin baissa les yeux sur le Khajiit, au pied du rocher, puis afficha un air exaspéré.
-Tu aurais voulu payer deux perles de ton collier pour un sac de nourriture ? On aura qu’à chasser, voilà tout…
-J’éviterais de la ramener, si j’étais toi, répliqua Zimo sur un ton étonnamment agressif, lui qui évitait à tout prix de contrarier Edwin d’habitude. C’est toi qui a faillis tous nous foutre dans la merde en t’en prenant à Ephron et en entraînant Jenna avec toi, hier !
Il y eut un silence. Edwin toisa Zimo.
-Et toi, tu aurais tenu combien de temps face à lui ?
-Là n’est pas la question, abruti ! C’est bien toi qui nous a dit qu’il était à deux doigts de tuer Jenna, non ?
-Je lui ai sauvé la vie.
-Tu as surtout manqué de crever, et de la laisser crever elle. De la chance, c’est tout ce que tu as eu ! Heureusement que Roderick était là pour rattraper tes conneries ! C’est ce qu’il fait depuis le début de la course, de toute façon !
-Oh, oh, on se calme ! intervint Jenna avec un sourire gêné en se plaçant entre Zimo et le rocher sur lequel était juché Edwin. C’est du passé tout ça, et ça s’est bien terminé, alors pourquoi revenir là-dessus ?
Edwin descendit de son perchoir d’un bond et s’approcha de Zimo, ignorant la présence de la jeune femme. Zimo, ne se laissant pas décontenancer, lui rendit un regard chargé de colère.
-Je n’ai jamais demandé de faire équipe avec toi, chaton, siffla Edwin. N’est-ce pas Sandre et toi qui m’avez contacté en premiers pour que je me joigne à vous ?
-Si, et c’était une sacrée erreur !
-C’est quoi ton problème ?
Ils s’étaient encore rapprochés, et leurs visages se touchaient presque. Jenna, coincée entre les deux, essayait tant bien que mal de repousser Zimo et d’éloigner Edwin. Roderick apparut alors derrière le mage et saisit son épaule avant de le tirer brusquement vers l’arrière.
Quant à Zimo, il fut attrapé par Sandre qui retint discrètement son bras. Le jeune homme avait compris que s’il n’intervenait pas, le poing fermé de son ami allait fuser vers le visage d’Edwin.
Tout en le forçant à reculer, il lui glissa à l’oreille :
-Bordel, Zimo, qu’est-ce qui te prend ?
-T’occupes, répondit sèchement le Khajiit en se dégageant.
Edwin reprit un visage froid et épousseta tranquillement sa tunique, comme s’il ne s’était rien passé. Roderick le lâcha, sans un mot. Jenna regarda les deux individus.
-Bon, lança-t-elle d’une voix enjouée pour détendre l’ambiance. Je crois que la température a un peu échauffée les esprits et que cette épreuve nous porte tous sur les nerfs. Alors on va se tâcher de trouver ce fichu arbre et de se tirer d’ici, d’accord ?
-Ecoutez-là un peu, vous autre, dit Adam avec un sourire. Cette jeune fille est beaucoup plus sage et raisonnable que vous. Pour en revenir à l’idée de s’arrêter, Zimo, je suis d’accord avec Roderick. Pas forcément parce que puiser dans nos réserves de nourriture serait du gâchis mais surtout parce qu’il est déjà seize heures et si l’on fait trop de haltes, le soir tombera sans qu’on s’en rende compte. Dans un tel environnement, c’est suicidaire de progresser dans l’obscurité. Mieux vaut se dépêcher d’en finir avec cette épreuve, comme l’a suggérée Jenna. N’oubliez pas que c’est une course.
Zimo ne répondit pas. Il se détourna avec un grognement étouffé et reprit sa marche.
Visiblement, les tensions qui avaient agitées le groupe quelques temps plus tôt étaient toujours présentes. Sandre ignorait pourquoi Zimo avait si subitement perdu son sang-froid face à Edwin mais il admirait celui de Jenna.
La jeune femme avait perdu son père et sa sœur, dans un intervalle très court, et elle s’en remettait à peine. Elle aurait dû être encore effondrée de ces décès mais elle ne laissait rien paraître de sa peine et affrontait la douleur avec courage.
Pire, c’était elle qui se chargeait de calmer les conflits, alors que c’était sûrement elle qui avait le plus besoin d’être choyée et rassurée. En tout cas, Sandre devrait avoir une sérieuse discussion avec son compagnon.
Le groupe se remit en route.
Ils errèrent dans la jungle pendant une heure sans trouver l’arbre Ayazambë. C’était démoralisant. Un arbre, c’était pourtant moins difficile à dénicher qu’une balise. De plus, la zone dans laquelle devaient chercher les participants était beaucoup moins vaste que le marais brumeux. En revanche, il y était bien plus difficile de se mouvoir.
En fin de journée, ils croisèrent trois Orques et un Dunmer. Heureusement, ils n’étaient pas belliqueux et ils se contentèrent de saluer le groupe de Sandre et d’échanger quelques paroles aimables.
-C’est un vrai tas de merde cette jungle, pas vrai ? avait lancé le Dunmer avec un sourire.
-Ça, on peut le dire, avait fait Roderick.
-Bonne chance pour la suite, hein.
-A vous aussi.