j'hésite entre les vers des sables de Dune ou le vers géant des Men in Black
Chapitre génial !
Pour la référence sa me dit quelque chose mais j'suis pas sure.. Tu peut l'expliquer?
ou alors c'est par rapport à mass effect les dévoreurs
Jenna la barbare ^^
-…Ainsi que l’intégralité du putain de désert Alik’r ! continua Edwin en hurlant de colère. Est-ce que tu te rends compte que tu aurais pu tous nous tuer et rayer cette région de la carte avec ce sortilège, petite imbécile ?!
-Je suis désolée…
J'adore ce passage !!!
Excellents chapitres ! Personnellement ça me fait penser aux vers géants dans Le Hobbit
Voilà, c'était ça la référence Ja-Tommo
Hahh voilà sa me disait quelque chose
Excellente suite, en particulier la partie "Magie" avec Edwin.
Chapitre 115 :
Auguste, les bras croisés dans le dos, affichait une mine fatiguée. Il n’avait pas dormi de la nuit, trop occupé à remplir rapports sur rapports, à donner ordre sur ordre et à se tenir continuellement au courant du déroulement des opérations.
Finalement, l’aube était arrivée plus vite qu’il ne le pensait. Bien trop vite. Les cernes sous ses yeux en témoignaient.
A ses côtés, Hector se curait distraitement le nez. L’épée-louée avait visiblement passé une bonne nuit. Il fallait dire que cet homme ne connaissait pas l’anxiété constante d’un membre du Conseil. Son travail se limitait à repousser tous ceux qui s’approchaient trop près de son employeur et à égorger sans discuter ceux qu’on lui désignait comme cibles à éliminer.
Mais il avait entièrement confiance en lui. Tant en sa loyauté qu’en ses capacités.
Juchés sur une plateforme en pierre, les deux hommes observaient, en contrebas, l’immense aéronef aux couleurs de l’Empire. Il y en avait cinq autres, un peu plus loin. Un flot d’hommes et de femmes s’y déversaient à un rythme lent et régulier, dans la plus parfaite des disciplines.
Ils venaient de toutes les contrées.
Auguste passa sur eux un regard morne.
Un escadron d’archers Bosmers aux longs cheveux dorés et aux yeux émeraude. Une unité de tueurs Rougegardes à la peau tannée, équipés de larges cimeterres aussi aiguisés que des rasoirs. Une horde de berserker Nordique dont les barbes hirsutes et les chevelures flamboyantes tranchaient avec leurs armures grises et froides. Un régiment de Fantassins Tyriens venus de l’Archipel de l’Automne, aux uniformes bariolés et aux écharpes multicolores, caressant la poignée de leurs fleurets. Des lignes de sorciers Brétons, avançant deux par deux en s’appuyant sur leurs sceptres de bois noueux.
Auguste soupira.
« Je n’ai encore jamais vu une telle force déployée simultanément par plusieurs nations, pensa le sénateur. Quelle sorte de démon pourrait les inquiéter ? »
Et pourtant, il ressentait un indescriptible malaise. Comme si tous étaient trop certains de la victoire. Comme s’ils sous-estimaient leur adversaire. Comme si… Comme si chacun des combattants sur lesquels il posait les yeux était envoyé à la mort.
Hector, de son côté, cracha au sol.
-M’ont pas l’air très impressionnants.
-Tu trouves ?
-De la bleusaille, en grande partie. C’est bien beau de donner des uniformes à des gamins mais j’parierais qu’la plupart n’a encore jamais vu un vrai champ d’bataille.
-Ils m’ont tous l’air de guerriers expérimentés.
-A vos yeux, ouais. Moi, j’ai l’œil quand il s’agit de ce genre de truc.
Auguste sourit, malgré son état d’épuisement.
-Franchement, reprit Hector, z’auriez dû m’y envoyer moi, en Lenclume, au lieu d’faire confiance à ces amateurs. L’est encore temps. Laissez-moi choisir une vingtaine de mes meilleurs gars, les plus entraînés et les plus valeureux, et j’vous ramène la vilaine trogne de Barahk Gro-Tragnan aussi sec. Séparée du corps.
Le sénateur éclata de rire.
-Tu prétends pouvoir réussir là où cinquante bataillons de légionnaires envoyés successivement ont échoués ?
-C’est parce qu’ils s’y prenaient mal. On fonce pas tête baissée face à un adversaire comme ça, c’est sûr. Tous des amateurs…
La vantardise immodérée de son garde du corps ne lassait jamais Auguste. Il avait cette manière de voir les choses tout simplement, de concevoir la vie comme une vaste opération militaire… Ou un jeu.
Mais n’était-ce pas ce qu’on attendait généralement d’un mercenaire ?
Un sourire se dessina sur le visage d’Hector. Il siffla.
-Eh, v’là le gros des troupes.
Les Sentinelles arrivaient.
Pas un bruit ne les annonça. Malgré les bottes de fer qu’ils portaient et les lourdes armures impériales, malgré les épées qui se balançaient à leurs ceintures, malgré la maille qui les appesantissaient, ils se déplaçaient tous dans un silence presque surnaturel.
Mille deux-cent surhommes. Mille deux-cent armes de destruction bipèdes. La mort en marche.
Leurs crânes rasés et leurs tatouages étaient dissimulés par les capuches sombres qu’ils portaient, capuches qui plongeaient également leurs yeux dans l’ombre et leur donnait une allure particulièrement terrifiante.
Soldats aveugles, muets et invincibles. Une vague de muscle et d’acier impossible à stopper, voire à ralentir.
Le genre d’escadron mortel qui, à lui seul, largué sur un champ de bataille quelconque face à un ennemi dix fois supérieur en nombre, était capable de retourner littéralement l’issue d’une guerre. La carte maîtresse de tout un empire, dont l’existence avait été jalousement gardée secrète jusqu’ici.
Auguste avait d’abord jugé que cela était une erreur que de dévoiler cette force de frappe aux nations voisines dans une telle situation, mais il avait révisé son jugement en apercevant plusieurs délégations étrangères, les yeux rivés sur les Sentinelles, une étrange lueur de peur au fond des prunelles.
Cette avancée silencieuse et régulière, ces hommes et ces femmes dénués de crainte et de pitié, ces démarches de prédateurs à la fois calmes et sauvages… C’était un acte d’intimidation des plus efficaces.
Caesar Tenerim avait bien joué son coup, il fallait le dire.
Même Hector en fut impressionné.
-Quand j’parlais d’vingt gars entraînés et valeureux… lâcha le mercenaire. Laissez-moi en piocher là-dedans et j’vous conquiert Akavir à moi tout seul.
Auguste s’autorisa une mine satisfaite.
-Je plaindrais presque notre pauvre Gro-Tragnan.
-Pourquoi ? Face à ces types, m’est avis que sa mort s’ra rapide. S’en rendra même pas compte qu’il s’ra déjà six pieds sous terre.
Des pas retentirent derrière eux. Auguste jeta un coup d’œil derrière son épaule et vit le magicien en chef de la Synode avancer dans leur direction, la tête découverte, ce qui était inhabituel pour lui qui portait toujours un large chapeau en tissu aux bords bleutés.
Ses cheveux blonds coupés courts et son collier de barbe encadraient un visage lisse et jovial qui contrastait avec son regard froid et sévère, empli d’une sorte de méfiance constante envers tous ceux qui l’entouraient.
Nulle ride ne venait trahir l’âge avancé du mage. Personne ne le connaissait, d’ailleurs, mais l’on disait qu’il allait bientôt atteindre les quatre-cent ans. Un exploit pour un humain, même un sorcier de cette envergure.
Un individu non-averti aurait juré avoir à faire avec un jouvenceau de vingt-cinq ans à peine.
Les membres de la Synode cultivaient le secret comme un fruit plus savoureux que n’importe lequel. La majorité d’entre eux effaçaient leurs noms des registres civils et en empruntait un autre, une fois passé le grade de novice. Ils affectionnaient les noms de couleur tel que Pourpre ou Azur, ainsi que les noms en lien avec le vent comme Zephyr ou Mistral.
Mais le plus secret d’entre tous était leur chef. Celui-ci ne s’embarrassait pas de nom du tout.
Lorsqu’on le désignait, on l’appelait l’Enchanteur par commodité. Ou Grand-Chapeau, pour ceux qui ne l’appréciaient guère. Mais face à lui, toute appellation autre qu’un « messire » était à éviter.
Auguste s’inclina légèrement. Le magicien en chef de la Synode fit de même.
-Messire.
-Sénateur.
-Vous venez assister au départ de nos hommes ?
-Bien entendu. Je voulais les voir avant le décollage des aéronefs. Moi-même, je ne vais pas tarder à embarquer. Dans trois jours, nous serons en Lenclume.
-J’aurais voulu venir.
-Impossible. Trop dangereux pour un non-combattant. Sentinelle elle-même risque d’être évacuée en partie.
Hector se retourna et étouffa un baîllement.
-M’étonneraient que vous aurez l’occasion d’lancer vos boules de feu, dit-il. Ces types vont se charger de Gro-Tragnan si vite qu’il aura été réduit en bouillie avant même que vous ne prononciez une seule formule.
Le magicien en chef de la Synode lança un regard glacial au mercenaire et le dévisagea une brève seconde avant de sourire.
-Il me semble vous avoir aperçus à Fort-Damon, il y a des jours.
-Hector est mon garde-du-corps, expliqua Auguste. Il ne me lâche jamais d’une semelle. Et effectivement, il était là.
-Vous êtes quelqu’un de prudent, approuva le sorcier en hochant la tête. Mais vous devriez opter pour un magelame, si vous désirez vraiment être protégé. Les bretteurs sont efficaces dans une certaine mesure, lorsqu’il s’agit d’écarter la piétaille, mais un illustre sénateur tel que vous mérite une garde conséquente.
-Des magelames ? répliqua Hector sans se démonter, sur un ton qui ne laissait deviner aucune colère mais plutôt un certain amusement. J’en ai d’jà combattu, des rigolos comme ça. Ça lance des machins qui brillent et qui scintillent, mais sitôt qu’les épées sortent de leurs fourreaux, ça se déballonne comme n’importe quel bouffon. Faut avoir des tripes pour protéger un sénateur, m’sire, pas des tours de passe-passe plein les manches.
Le magicien en chef de la Synode ignora ouvertement la remarque du mercenaire mais Auguste comprit que la pique avait fait mouche et que le sorcier bouillonnait.
Cependant, cet individu n’était pas homme à montrer ses émotions. Aussi, seul un sourire serein se dessina sur son visage.
-Je pourrais vous présenter quelques magiciens de ma communauté, dit-il doucement en posant une main sur l’épaule d’Auguste. Leurs services sont plus chers que chez les reîtres communs, bien sûr, mais…
-Je travaille avec Hector depuis des années, répondit Auguste en se dégageant furtivement. Vous êtes bien aimable mais jusqu’ici, une bonne vieille épée en acier au fil acéré m’a toujours plus rassuré qu’un bâton en bois, dû-t-il cracher des flammes.
-Comme vous voudrez, fit le magicien en reculant d’un pas.
Il regarda autour de lui et claqua des doigts. Son légendaire chapeau apparu dans un nuage de fumée, vissé sur son crâne.
-Sur ce, je quitte votre agréable compagnie. Ma suite m’attend, et je dois me préparer au combat. Bonne journée.
Auguste pensait qu’il allait se téléporter mais il le vit simplement s’éloigner d’une démarche tranquille et se perdre dans la foule. Ce ne fut que lorsqu’il fut assez éloigné qu’Hector cracha violemment par terre.
-Putain de mage, ‘peux pas les blairer ceux-là. Encore un peu et j’lui foutais mon poing dans la gueule.
-Il t’aurait pulvérisé sur place, répondit Auguste calmement.
-Pour ça il aurait dû réciter une formule. Difficile à faire avec toutes les dents broyées.
-Un homme de cet acabit se moque des formules. Un regard de sa part aurait suffi à te vaporiser comme un tas de foin face au feu d’un dragon.
Auguste pivota vers son garde du corps et sourit.
-Mais ta réplique n’était pas mal. Allons, nous en avons assez vu.
-Z’allez pas participer au dernier conseil de guerre ?
-Je laisse ça à des gens plus qualifiés que moi. Mon domaine est la politique, non la guerre. Nos amis Dunmers et Khajiit s’en sortiront bien sans ma participation.
Les deux hommes descendirent une série de marche et s’éloignèrent de l’esplanade. Sur la route, un mastodonte les bouscula. C’était un Orque haut de deux mètres, presque entièrement constitué de muscles. Monstrueux, ses bras semblaient pouvoir broyer des rochers entiers.
Trois haches se croisaient dans son dos. Une en fer brut, une en verre, et une en ébonite. Auguste avait déjà vu des guerriers avec un tel armement. On disait qu’ils appartenaient à une confrérie de berserker au code particulier et que chacune de leur lame était réservée à un type d’adversaire particulier.
La hache de fer était pour les hommes.
Quand le colosse les poussa nonchalamment sur le côté, Hector faillit dégainer son épée mais Auguste le calma d’un geste.
-Tu ne t’es pas retenu d’étriper un mage pour reporter ta colère sur un soldat, tout de même ?
Hector cracha une énième fois par terre.
Finalement, Auguste jugea qu’ils s’étaient assez éloignés de la cohue. Il s’engagea dans un renfoncement, entre deux énormes piles de caisses en bois, formant presque une ruelle obscure comme on en trouvait dans les quartiers pauvres de la Cité Impériale.
Hector se posta à l’entrée, les bras croisés. Auguste, dans l’ombre que lui offrait son environnement, tira un Miroir de Divination portatif de sa tunique et le secoua. Ce genre d’outil, plus moderne, était pratique. Nul besoin d’une quelconque incantation pour les activer.
Le Miroir se mit à luire d’une douce lueur bleutée. Le visage d’un vieil Orque couturé de cicatrices noueuses y apparut, d’abord flou, puis de plus en plus net. Quand la silhouette de son interlocuteur se fut stabilisé dans la surface réfléchissante, Auguste prit la parole.
-Bien dormir Shuzug ?
-J’en ai l’air ?
-Pas vraiment.
-Et toi ?
-J’en ai l’air ?
Shuzug ricana.
-Ils sont tous en train d’embarquer, dit Auguste. Trois jours, c’est le temps qu’ils mettront pour atteindre Lenclume. On ne peut plus rien faire. J’ai tenté de dissuader Caesar la dernière fois que je l’ai vu mais… Il semble extrêmement confiant dans ce projet. Presque plus que Caïus Serazor.
Shuzug lâcha un juron.
-Ces imbéciles comptent vraiment se servir des Sentinelles…
-Qu’en dit Seran Darius ?
-A ton avis ? Il a été l’un des premiers à donner son aval. Je n’en reviens toujours pas qu’il ait accepté d’ouvrir Fort-Damon à… à des touristes.
-Pourquoi n’as-tu pas essayé de lui parler ? De t’élever contre sa décision ?
-J’ai essayé. J’y ai passé des jours et des nuits. Mais je suis en infériorité numérique, Auguste. Jarus, Edgard Alastor, Seran Darius, ils sont tous les trois déterminés à éliminer Barahk Gro-Tragnan aux moyens de nos Sentinelles.
-Tu sais, j’étais réticent également… Mais je les ai vus de mes propres yeux et ils sont impressionnants. Barahk n’a aucune chance.
-Ils ne sont pas prêts ! tonna Shuzug.
-Ils ne sont pas les Quatre.
Auguste soupira.
-Je sais ce que tu crains. La dernière fois que l’Empire a laissé un tant soit peu de liberté à ses… cobayes… ils lui ont échappé. Mais les Quatre étaient des criminels. Les Sentinelles sont plus disciplinés que ne l’a jamais un Corbeau ou un Serpent.
-Oh, ne me parles pas du Serpent, grogna Shuzug en secouant la tête. Dire qu’il court toujours…
-La Flèche Blanche aussi.
-Tout a foiré. Tout !
Auguste fronça les sourcils.
-Tu es l’un des fondateurs de ce projet de résurrection des Quatre. Je te fais entièrement confiance concernant leurs capacités et l’avancement du projet. Si tu m’assures que les Sentinelles ne sont pas encore assez fiables mentalement pour être envoyés sur le terrain, je te crois. Mais je sais aussi que tu es celui qui a le plus lutté contre les agissements des Quatre, à l’époque. Et je sais qu’émotionnellement, tu es particulièrement impliqué dans…
-Qu’est-ce que tu veux dire ? se rembrunit Shuzug. Que je ne suis moi-même pas digne de confiance ?
-Disons que… tu es extrêmement frileux sur tout ce qui touches aux Sentinelle ou au Serpent. Peut-être n’es-tu pas totalement objectif dans l’affaire.
-Je sais ce dont sont capables des combattants à l’organisme magiquement modifié, de toutes les horreurs qu’ils peuvent commettre. Je ne suis pas prêt à lâcher un tel fléau sur Tamriel une nouvelle fois.
-Les Sentinelles...
-Il n’y a pas que les Sentinelles elles-mêmes, Auguste. Je n’ai pas l’esprit aussi fermé que ça. Quand bien même ceux-là seraient absolument disciplinés et stables psychologiquement, rien ne nous garantit que la menace ne sera pas extérieure. Ou intérieure. Qui t’assure qu’il n’y a pas une nouvelle Félisia infiltrée à Fort-Damon, dans l’équipe scientifique ou je ne sais quoi ? Ou que les puissances étrangères que Caesar a invité à pénétrer dans notre base ne convoitent pas nos Sentinelles au point de songer à nous les enlever, d’une manière ou d’une autre ? Nous parlons d’une arme de destruction massive. Oui, je suis excessivement prudent à leur sujet. Ce que ne sont pas Seran Darius et Caesar Tenerim.
-Bien sûr, j’en suis conscient.
Auguste jeta un coup d’œil derrière lui pour s’assurer qu’Hector était toujours en place.
-Bon, alors, que comptes-tu faire ? De mon côté, je suis impuissant.
-Je ne sais pas encore, répondit Shuzug. Trop de problèmes nous tombent dessus en même temps. Le retour du Serpent, nos agents qui périssent les uns après les autres, et maintenant ce démon qui débarque comme fleur et qui menace tout le continent par son simple potentiel destructeur… Et moi qui suis coincé à Daggerfall à cause de cette maudite course !
-Tu n’as rien de prévu concernant la capture du Serpent ? D’autres cartes à jouer dont je n’aurais pas entendu parler ?
-Non, malheureusement. Je suis pieds et poings liés depuis… la mort de Raedyn et de ses hommes. Ni Seran, ni Jarus ni Edgard, ni Atlus ne me font plus confiance. Certes, ils me tiennent au courant de la plupart de leurs décisions mais je ne suis plus habilité à prendre des initiatives personnelles jusqu’à mon retour à la Cité Impériale et… mon jugement. Il est fort probable que je sois exclu du Conseil quand tout sera terminé.
-Seran et les autres sont intelligents.
-Oui mais ils sont humains. Ils mobilisent toute leur énergie dans l’affaire Gro-Tragnan et n’ont guère plus le temps de traquer le Serpent. Même nos agents sur le terrain semblent dépassés. Enfin, « notre » agent puisqu’il ne reste plus qu’Helzmar encore en vie. Saykam Koza est porté disparu depuis l’incident du tombeau de Djaaknil.
-J’en ai entendu parler.
Shuzug secoua la tête, dépité.
-Je suis le seul qui pourrait faire quelque chose. Je connais parfaitement le Serpent et ses capacités, mieux que quiconque. Si on me laissait carte blanche, j’accélérerais le processus.
-Ce n’est plus de mon ressort en tout cas. Désormais, tout va se jouer à Lenclume.
-Je sais.
-J’essaierais de te recontacter rapidement pour te tenir au courant de l’évolution des évènements, ici en Cyrodil.
-Merci Auguste.
Le Miroir s’éteignit. De l’autre côté, à Daggerfall, Shuzug s’enfonça dans son fauteuil et soupira longuement.
Le Serpent, le Serpent, le Serpent… Cela faisait des années qu’on lui rabâchait ce nom toute la journée. Le Serpent hantait ses cauchemars la nuit. Il le voyait partout, désormais. Devenait-il fou ? A son âge, cela pourrait être perçu comme un signe de sénilité.
Longtemps, Shuzug avait considéré que les Quatre étaient la plus grande menace que Tamriel ait jamais connu (du moins depuis sa naissance). Lorsqu’ils avaient été tous décimés ou presque, il s’était rendu compte que le Serpent pouvait représenter, à lui seul, un danger bien plus grand que ses autres frères réunis.
Et quand il avait appris qu’il participait à la Grande Marche, il avait tout de suite compris ses motivations. Lui seul les avaient compris, d’ailleurs. Il était le seul qui était capable de se projeter dans la psyché du Serpent et de réfléchir comme lui. Après toutes les années qu’il avait passé à l’étudier, lui et les trois autres, puis à se battre à ses côtés, il était presque devenu uns des leurs. A tel point que, durant quelques temps, on l’avait surnommé le Cinquième.
En fait, tous se fourvoyaient. Si Shuzug souhaitait si expressément que le Serpent soit capturé pendant la Grande Marche, ce n’était pas pour accélérer le projet « Sentinelle », comme tous semblaient le croire. Soixante-dix ans durant, l’Empire avait traqué le Serpent, et celui-ci leur avait toujours échappé d’une manière ou d’une autre.
Et pourtant, ils étaient arrivés par leurs propres moyens à mettre sur pied une armée conséquente de surhommes. Loin d’atteindre le niveau des Quatre, certes, mais très perfectionné néanmoins.
Qu’on laisse à l’Empire dix ou vingt ans de plus, ainsi que des finances importantes, et il était fort probable que leurs chercheurs parviennent à recréer des soldats d’une puissance égale à celle des Quatre.
Non, si le Serpent devait être neutralisé au plus vite, c’était parce qu’il ne devait absolument pas finir cette course, et surtout pas en première position.
S’il y parvenait, eh bien… cela pourrait bien marquer la fin de l’Empire tel qu’on le connaissait alors.
Shuzug ignorait encore ce que le Serpent comptait faire en détail mais il en avait une vague idée et cela l’effrayait plus que tout, à tel point que lorsqu’il avait compris à quel point la situation était désespérée, il n’en avait plus fermé l’œil de la nuit.
L’Orque se leva et alla se verser une coupe de vin. L’alcool, son seul réconfort en ces terres Brétonnes inhospitalières.
Cette pensée le fit sourire. Y avait-il une seule terre en ce monde qu’il considérait encore comme « hospitalière » ? Il avait vu suffisamment d’atrocités durant son existence pour comprendre qu’ici-bas, le bonheur et la sécurité n’étaient que des illusions. Lui avait vu la réalité de ses propres yeux. La réalité vraie.
Il alla se rasseoir dans son fauteuil, sa coupe de vin à la main.
« J’étais un imbécile. »
Il avait baissé sa garde.
A trop voir le Serpent comme la menace suprême qui jamais ne pourrait être surpassée, il avait oublié la cruauté de la réalité, cette cruauté qu’il se vantait souvent de connaître par cœur.
En vérité, il n’était qu’un sot. Les dieux, dans leur infinie malveillance, avaient eu tôt fait de le lui rappeler.
Ce Barahk Gro-Tragnan… Ce démon sorti de quelque enfer… Un seul être qui parvenait par sa seule aura de dangerosité à faire se lever des armées entières contre lui en l’espace d’une semaine.
La plupart trouvait se déploiement de force exagéré, voire ridicule. Pourtant, sitôt qu’il avait eu vent de l’attaque de l’aéronef principal de la course par Barahk, Shuzug s’était plongé dans la lecture de dizaines de livres de démonologie qu’il avait trouvés dans les archives de Daggerfall. Il avait eu de la chance. En tant que région extrêmement versé dans la magie et l’étude des arcanes, Hauteroche regorgeait d’écrits à ce sujet.
Shuzug avait interrogé de nombreux mages également, des érudits pour la plupart, provenant de plusieurs confréries différentes.
Il avait découvert que le démon qui possédait Gro-Tragnan appartenait à une espèce très particulière et réduite d’une dangerosité incommensurable. Un secret de polichinelle dont n’avait connaissance qu’une minuscule poignée d’élus en Tamriel. Un tabou dont on évitait de parler autre part qu’au sein de cercles d’éminents sorciers, très restreints.
Pour l’instant, Barahk Gro-Tragnan était une grande menace. Une menace aussi grande que celle que représentait un Ancien Vampire ou un dragon millénaire en liberté. Une menace qui méritait d’être traitée comme une priorité par n’importe quel chef d’état sain d’esprit.
Et c’était précisément parce qu’il n’était pour l’instant « qu’une » grande menace qu’il fallait l’éliminer le plus vite possible.
Ce qu’avait lu Shuzug au sujet de ce démon lui avait glacé le sang. Particulièrement quand il avait compris que, lorsqu’ils avaient pris le contrôle total du corps et de l’esprit de leur hôte, les créatures de ce type voyait leur pouvoir grandir de jour en jour.
« Et sans aucune limite connue à ce jour, pensa Shuzug en sirotant son vin. Pour l’instant, nous nous inquiétons d’un Orque démoniaque capable de massacrer à lui seul un bataillon entier de légionnaires. Mais attendons un mois, voire deux ou trois, et nous aurons alors à nous inquiéter d’un monstre capable de mettre Tamriel tout entier à feu et à sang. »
Par miracle, en plusieurs siècles, aucun hôte ne s’était jamais retrouvé possédé par son démon comme l’était Barahk Gro-Tragnan aujourd’hui. Ou si cela avait été le cas un jour, l’Empire n’en avait jamais été informé et les démons avaient été rapidement éliminé par quelques inconnus –des champions auxquels Nirn devait de ne pas avoir été ravagée- dans l’ombre.
Oui, à n’en pas douter la menace Gro-Tragnan était de loin supérieure à celle du Serpent. Ce qui n’empêchait pas ce dernier d’obséder Shuzug.
L’Orque se releva, incapable de rester assis et immobile plus d’une minute. Il reposa sa coupe de vin et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre. Là, il contempla le ciel.
« Malgré les dangers immenses que sont le Serpent et Barahk pour l’Empire, il y en a un que je crains encore plus qu’eux. Bien plus qu’eux. »
La Flèche Blanche.
Et s’il était aussi dangereux, c’était parce qu’en dehors de Shuzug, tous l’avaient oublié. Tous avaient oublié que Roderick Lustwick participait à la Grande Marche et qu’il était là pour assassiner le Serpent.
« Et il ne s’arrêtera pas là. Si son seul objectif était la mort du dernier des Quatre, cela aurait pu aller. J’aurais même pu lui permettre de tuer le Serpent et de le couvrir. Cela aurait considérablement gêné l’Empire pendant une ou deux décennies mais pas plus. Mais non, Roderick… Il a fallu que tu vises trop haut. Toujours trop haut. Tu t’es fait un ennemi de taille, sûrement le plus puissant que tu ais jamais affronté, et je me dois de te combattre cette fois. Nous ne lutterons pas côte à côte comme nous l’avons fait tant de fois mais face à face, en tant qu’adversaires. »
Tout comme pour celles du Serpent, il était probable que seul Shuzug ait deviné le véritable but de Roderick. Son objectif final.
A cette pensée, un frisson parcourait son échine, plus intense que tout ce qu’il ressentait en songeant au Serpent.
Un jour, il le savait, la Flèche Blanche se tiendrait devant lui, son arc dans les mains et une flèche encochée, prête à être tirée dans sa direction. Et Shuzug, sa hache à la main, l’attendrait fermement. Ne rate pas ton coup, lui dirait-il avant de s’élancer en brandissant sa lame.
Sans doute son dernier duel. Personne ne le verrait jamais, il s’en assurerait, mais cela aurait fait une belle chanson. La meilleure de toutes à son sujet.
Shuzug reprit en main son Miroir de Divination et le remit en marche. La lueur bleutée qui engloba le verre indiqua à l’Orque que l’objet recherchait un récepteur pour le message.
Cent fois il avait essayé de le joindre. Cent fois, personne n’avait répondu. Etait-il mort ? Avait-il égaré son Miroir ? Shuzug n’en savait rien.
-Allez Raedyn, grogna-t-il. Réponds, bordel !
Le Dunmer était son seul espoir désormais. Et il semblait que même lui l’avait abandonné.
Tant de mystères Je me pose trop de questions c'est horrible J'attends la suite avec impatience (pour changer)
je me demande quand même qui de barahk ou du vargoth est le démon le plus redoutable ? je me demande d'ailleur si au final sandre ne serait pas encore plus dangereux si il reussissait a debloquer la totaliter de ses pouvoirs.
c'est Jenna l plus dangeureuse
c'est génialissime!! quel suspens!!
La suite, la suite, la suite !!!!!
Suiite !
Sinon je comprend pas trop, Shuzug il pense que Roderick à un autre objectif? (Relié au Serpent)
On entre dans la dernière ligne droite
notez que ça fait déjà une bonne année que Peil à commencé la Grande Marche
Du coup je commence à me dire qu'on reverra pas certains personnages de la flèche blanche finalement
"notez que ça fait déjà une bonne année que Peil à commencé la Grande Marche "
Ca passe vite hein ?
.
Chapitre 116 :
Le Serpent caressa un mur. Ses doigts tracèrent trois sillons dans la poussière épaisse qui recouvraient les briques de la maison silencieuse. Un souffle de vent chaud balaya l’endroit et souleva un léger nuage de sable.
Il n’y avait plus âme qui vive ici. Ce village avait sans doute jadis été un lieu plein de vie et d’activité, mais il n’était plus aujourd’hui qu’un endroit de mort.
Le Serpent ignorait ce qui avait poussé tous les habitants de la région à la fuir. La veille, il était passé près d’une cité totalement déserte, comme ce hameau. Par curiosité, il avait pénétré ses murs et avait observé avec stupéfaction que la moitié de la ville avait été ravagé, comme si un cataclysme abominable s’y était déclenché.
Il en avait déduit que la région était sujette à certains désastres naturels qui la rendait extrêmement hostile à l’Homme.
Par la suite, trois villages il avait croisé sur sa route. Tous déserts, et sûrement depuis plusieurs siècles au vu de l’état de décrépitude de la plupart des bâtiments.
Celui-ci était le quatrième qu’il rencontrait.
Il y avait quelque chose dans l’atmosphère de ces lieux qui le fascinait. Un calme morbide.
Le Serpent s’éloigna de la bicoque et arpenta lentement le village. Sur son passage, le vent faisait claquer les vieilles portes fissurées et les volets en bois. Derrière ces mêmes volets, les ténèbres qui régnaient à l’intérieur des maisons semblaient le fixer et ne jamais le lâcher.
Qu’importe, le Serpent n’était pas homme à craindre les ombres. Il était leur seigneur. L’habitant de l’obscurité.
Une vilaine crampe le saisit alors aux flancs et il dû s’asseoir précipitamment sur le perron d’une bâtisse à moitié en ruine pour souffler. Ses côtes le lançaient encore, même après plus de deux semaines. Les blessures que lui avait infligées son adversaire sur le Chemin des Assoiffés étaient sans doute les plus importantes que le Serpent ait jamais reçues au cours de son existence.
« Foutu Ephron. Même mort, tu continues à me harceler. »
Il ne devait la vie sauve qu’à l’eau des Bienheureux qui lui avait permis de toutes les cicatriser. Mais jusque-là, il avait survécu en puisant dans ses réserves de toxines.
Si les poisons tuaient aussi sûrement que n’importe quelle lame, il arrivait que certains, lorsqu’on les dosait avec une précision chirurgicale, soient capables de guérir. Le Serpent s’était maintenu en vie de manière précaire en absorbant une quantité phénoménale de divers produits qu’il possédait encore mais il avait bien cru y passer.
Cet Aonyados n’avait pas été aisé à traverser avec la moitié de ses côtes à l’air libre et un corps plus délabré que celui d’un vieillard mais ce qui l’y attendait en son centre valait toutes les douleurs du monde.
Il s’était gavé de l’eau de l’Oasis et celle-ci avait été une délivrance pour lui. La magie de ce liquide été si puissante qu’en une demi-journée, il avait retrouvé l’intégralité de ses forces.
Enfin, presque…
Son ventre et sa poitrine le lançaient toujours, comme si ses os avaient été si profondément émiettés que même l’eau des Bienheureux ne parvenait à les ressouder complètement. Le Serpent se demandait s’il allait s’en remettre un jour.
En attendant, se mouvoir sur une longue période avant tendance à l’essouffler rapidement et il peinait parfois à exécuter des gestes brusques ou des efforts trop intenses sollicitant les muscles de son ventre.
« Sûrement un sortilège maléfique rattaché à l’armure d’Ephron, songea le Serpent. Mais je connais certains guérisseurs peu scrupuleux en Morrowind qui seraient ravis de me débarrasser de ce problème, moyennant finance et discrétion. »
Il se redressa lorsqu’il sentit que la douleur commençait à se dissiper. L’après-midi touchait à sa fin et le soleil allait bientôt se coucher. Le moment idéal pour se remettre en marche et tâcher d’atteindre la dernière épreuve au plus vite.
Mais c’est alors qu’un sifflement retentit. Imperceptible. Tel le chuintement d’une lame en acier poli sur un morceau de soie.
Peu d’individu en ce monde auraient pu se targuer de l’entendre, mais le Serpent en faisait partie. Son ouïe surdéveloppée, plus proche de celle d’un fauve que de celle d’un humain, perçut le son léger et mortel quelque fraction de seconde avant qu’il ne soit trop tard.
Pour le reste, il s’en remit entièrement à ses réflexes.
Son corps, éprouvé par des décennies d’entraînement, réagit instinctivement, quasiment automatiquement, et se jeta sur le côté pour aller rouler derrière un muret en pierre ocre. Là, il s’immobilisa et retint sa respiration, à l’affût d’un ennemi.
« Qu’est-ce que c’était que ça ? pensa-t-il. Une attaque ? Mais d’où provenait-elle, et de qui ? »
Ses yeux se posèrent sur l’objet qui avait émis le son. Ledit objet était un minuscule coutelas, pas plus long qu’un doigt et aussi fin qu’une aiguille à tricoter, doté d’un manche en bois de moins de trois centimètres.
Il était fiché dans le mur d’une maison, un peu plus loin. Là encore, un autre que le Serpent ne l’aurait jamais remarqué car le plat de la lame avait été émoussé de manière à ne pas pouvoir refléter la lumière du soleil.
Une arme d’assassin, et pas de n’importe lequel. Le genre d’outil qui ne courait pas les rues et dont la seule possession aurait valu un long séjour en prison dans la plupart des contrées de Tamriel.
Le Serpent était bel et bien la cible d’une attaque.
« J’ai bien faillis y passer. »
Selon l’angle avec lequel le coutelas s’était enfoncé dans le mur, entre deux briques poussiéreuses, le Serpent pouvait deviner approximativement la trajectoire qu’il avait suivie, et en déduire que son adversaire avait visé sa nuque avec une précision inhumaine.
« La jointure entre la base de mon crâne et les vertèbres, très exactement. Si je l’avais reçu, cela aurait été une mort instantanée pour moi. »
Cette simple pensée suffit à apaiser immédiatement le Serpent et à faire ralentir son rythme cardiaque. Un homme ordinaire avait tendance à paniquer et à perdre son sang-froid dans une situation précaire, dans laquelle sa vie était mise en jeu.
L’organisme du Serpent, lui, était calibré pour adopter le meilleur comportement possible face au danger. Si l’adversaire qu’il affrontait représentait une menace réelle pour lui, alors c’était comme si chaque parcelle de son corps se calmait et s’assouplissait instinctivement pour lui permettre de déployer l’intégralité de ses forces dans la contre-attaque.
Cependant… comment contre-attaquer face à un ennemi invisible ?
« J’étais pourtant certains qu’il n’y avait personne ici. J’ai exploré chacune des rues, chacun des bâtiments, et j’ai surveillé constamment mes arrières ces derniers jours pour vérifier que je n’étais la cible d’aucune filature. Il n’y a pas un seul tueur en Tamriel qui soit capable de me surprendre ! »
Et pourtant, celui-là l’avait surpris.
Qui était-il, d’où venait-il et quelles étaient ses motivations ? Le Serpent s’en moquait. Tout ce qu’il savait à cet instant précis, c’était qu’il faisait face à un assassin de son calibre. C’était la première fois que cela lui arrivait depuis l’époque où ses frères étaient encore en vie et où il pouvait mesurer ses compétences face aux leurs.
Et même eux n’arrivaient pas à sa cheville quand il était question de furtivité et d’élimination discrète, excepté le Corbeau.
Le Serpent, avec lenteur et prudence, se pencha sur le côté et jeta un coup d’œil hors de sa cachette.
Premièrement, sonder le terrain et déterminer la position de l’assaillant.
Plus facile à dire qu’à faire. Le Serpent balaya son regard sur le décor vide et silencieux du village abandonné sans repérer la moindre trace, le moindre signe qui pourrait trahir la présence éventuelle d’un autre que lui dans les environs.
Nulle trace de pas dans le sol, nul bruit de respiration, nul mouvement suspect. Rien.