« Est-ce qu’il s’est évaporé ? se demanda le Serpent. Peut-être s’est-il téléporté au loin lorsqu’il a compris que j’avais survécu à son assaut. C’est l’option la plus vraisemblable. De nombreuses magelames sont capables de faire ç… »

Un autre sifflement. Et cette-fois le Serpent fut incapable de l’esquiver, ou du moins pas complètement.
Le coutelas s’enfonça dans son épaule sans émettre le moindre son, alors qu’il aurait dû le toucher à la gorge, mais le Serpent s’était décalé in-extremis. La lame était si fine que la douleur était tout à fait supportable. Tout autant qu’une piqure de moustique.
Le Serpent fit volte-face les yeux écarquillés.

« Ça venait de derrière ! Comment est-ce possible ?! Comment as-t-il pu me contourner aussi rapidement et sans que je ne m’en rende compte ?! »

Le Serpent ôta brutalement le coutelas de sa chaire et le jeta au sol sans se préoccuper le moins du monde d’une potentielle toxine dont aurait été enduit la lame –ce qu’on pouvait attendre de la part de n’importe quel assassin. Aucun poison ne pouvait causer le moindre dommage au Serpent.
Ce fut ce moment que choisi le tueur pour lancer trois autres projectiles. Des petites étoiles en acier noir et aux branches aussi effilées que les dents d’un requin, tournoyant sur elles-mêmes en fusant vers leur cible. Des armes qu’affectionnaient particulièrement les exécuteurs Akavirois et certains assassins d’Elsweyr.
Mais le plus étonnant était… que les trois étoiles de jet provenaient de trois sources différentes !
Cette fois, le Serpent s’attendait à un assaut, aussi s’était-il préparé. Faisait preuve d’une incroyable agilité, il exécuta une pirouette acrobatique et se rétablit souplement sur ses pieds alors que les trois projectiles le dépassaient et aller se ficher dans le sol, autour de lui.
Le Serpent bondit sur la gauche et rampa derrière une maison avant de se plaquer au mur.

« Trois, il y en avait trois ! C’est donc une embuscade tendue par plusieurs personnes ? Plusieurs tueurs de ce niveau ? Je ne peux pas y croire ! »

C’est alors qu’une voix retentit. Une voix masculine aux intonations félines. La voix d’un Khajiit.

-Hey, Serpent ! Tu as peur ?

Le ton était enjoué, presque moqueur. Et le Serpent était incapable de déterminer d’où venait la voix précisément. De la droite ? De la gauche ? Du haut ou du bas ? De loin ou de près ? C’était comme si l’individu se trouvait à plusieurs endroits à la fois, et en même temps nulle part.

« Il me connait. Ce n’est pas un Chasseur de Coureur ou un combattant quelconque dont j’aurais accidentellement croisé la route. Selon toute probabilité, ce doit être un agent de l’Empire. »

Mais alors dans ce cas, il devait le capturer vivant et non le tuer. Et pourtant les coutelas qu’il avait lancés visaient des points vitaux de l’anatomie du Serpent. Ils avaient été lancés pour tuer sur le coup, non pour le neutraliser.
A moins que… A moins que l’assassin ait prévu que le Serpent parvienne à les éviter ?
Tous ces assauts constituaient-ils une sorte de… défi ? Une provocation subtile que seul un homme de la même trempe pouvait comprendre et relever ?
Un sourire amusé se dessina sur le visage du Serpent.

« Au moins il ne me sous-estime pas, songea-t-il. Il me prend très au sérieux. Cela me fait plaisir. Dans ce cas, je vais lui rendre la pareille et le considérer comme un adversaire de valeur. Cela ne rendra la confrontation que plus intéressante. »

-Tu peux fuir si tu le désires, reprit la voix. Je ne t’en voudrais pas.

« Et sitôt que je t’aurais tourné le dos, tu te feras un plaisir de me trancher les tendons et de m’immobiliser. Ou de me tuer, tout simplement. »

Le Serpent soupira. Son adversaire savait exactement où il était. Et visiblement, il était capable de l’attaquer depuis n’importe quelle position et selon n’importe quel angle, et plusieurs fois simultanément. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne le débusque.
Face à ça, il était inutile de se dissimuler. Le tueur voulait un duel, cela crevait les yeux. Chacun de ses assauts avait visé à montrer au Serpent qu’il n’y avait nul endroit où il pouvait se considérer comme en sécurité, ici. Tout cela pour l’amener à se découvrir.
Le Serpent ne voyait aucune raison de refuser cette invitation à combattre. Et de toutes manières, s’ils continuaient leur petit jeu du chat et de la souris, le Serpent finirait par perdre.
C’était rageant à admettre mais c’était ainsi.
D’une démarche sereine, il sortit de l’ombre de la maison abandonnée et se posta au milieu d’une rue, en plein soleil. Il regarda autour de lui en tentant d’apercevoir son adversaire mais il n’y avait rien à faire. Ce Khajiit était aussi doué que le Corbeau pour dissimuler sa présence.

-Je suis là, déclara le Serpent. Amène-toi.
-Attends, je dois me présenter convenablement.

C’est alors qu’une épaisse nappe de brume se déploya tout autour du Serpent, jaillissant des bâtiments alentours, coulant des fenêtres, des portes, du sol et des plafonds… Elle sortait même d’entre les briques.
Le brouillard prit de la hauteur et finit par englober totalement le Serpent, à tel point qu’il ne voyait plus rien au-delà de trois mètres.

« Un sortilège ? »

Une forme floue fusa sur le côté. Le Serpent se retourna et se prépara à se défendre mais elle disparut. Des bruits de pas rapides retentirent dans son dos. Là encore il fit volte-face mais il n’y avait plus rien devant lui.
Une silhouette sombre passa dans la brume, à quelques centimètres à peine du Serpent. Celui-ci fronça les sourcils et étouffa un grognement de colère. Cet enfoiré jouait avec lui. Il pouvait même entendre son rire quand il le frôlait.
Il n’avait rien à voir avec les précédents agents de l’Empire qui avaient attentés à sa vie.
Le Serpent pivota sur lui-même en essayant de ne pas perdre son ennemi des yeux mais c’était peine perdu. Il fit un pas chassé et tenta de frapper sur le côté mais son poing ne fit que brasser de l’air et agiter la brume.
Soudain, un éclat inhabituel attira l’œil du Serpent. Une lame.
Celle-ci creva le brouillard et piqua vers sa cible. Le Serpent le saisit au vol et en contempla la pointe, à moins d’un centimètre de son œil. La vitesse du tueur était ahurissante. Même la rapidité des coutelas qu’il avait lancé quelques instants plus tôt était dérisoire face à celle-ci. Et s’il n’était même pas encore à fond…
La brume se dissipa alors en un instant, s’écartant comme les rideaux d’un théâtre. Le Serpent jeta la lame au sol et leva les yeux vers son adversaire.
Le Khajiit se tenait là, au milieu de la rue, à dix mètres de lui. Un Khajiit à la fourrure d’un blanc immaculé, tirant parfois sur le gris au niveau des oreilles et de la queue. Ses pupilles étaient pâles, elles-aussi, mais brillaient d’un éclat joyeux.
Il portait une tenue en cuir quelconque, peu impressionnante de prime abord, mais qui devait cacher des dizaines et des dizaines d’outils d’assassin à n’en pas douter. On disait parfois qu’on mesurait l’expérience d’un combattant à sa capacité à dissimuler un maximum d’armes dans un minimum d’espace.
Et cet homme était un combattant d’exception.
Le Khajiit sourit d’un air amical et s’inclina en avant, le bras replié au niveau du ventre, à la manière d’un comédien à la fin d’une pièce.

Mais putain, depuis que je lis ta fic j'attends ce combat

Chapitre excellent !

Dat fight

Vivement la suite

PARFAIT , je me demandai ou été passer ce petit coquin de serpent lol!! et ce helzmar quel drôle de personnage!!

Mon djeu mon djeu, si j'avais envisagé ça. On dirait que j'ai sous-estimé Helzmar, mais je suis agréablement surpris. J'aime bien ce personnage.

dat combat de titan

J'ai toujours aimé Helzmar (Khajiit oblige) mais j'avoue que je l'avait grandement sous estimé ! J'étais totalement absorbé par ce chapitre, je ressentais limite la même angoisse que Le Serpent. Je me demande vraiment s'il va s'en sortir cette fois-ci

Comment je veux trop la suite en vrai...

Même patienter 2 jours, c'est comme patienter 2 semaines

On aura la suite quand ?

Bientôt j'espère

J'ai rattrapé mon retard, vivement la suite
Par contre j'ai une petite idée pour ce qui est du but poursuivit par le serpent mais pour rod' je ne vois pas trop.

Helzmar il est cheaté
J'attend de voir avec Bahrak

Helzmar j' ai l'impression qu'il a les pouvoirs de la guildes des voleurs qui passaient à travers les murs dans "la fleche blanche " merde je me rappel plus le nom!! y avait la nana qui les accompagner qui avait suivi leur formation!! merde c' été quoid son nom!! bref je vais rechercher!!

les"Jiikarhys" et lynris la nana on va peut etre la revoir ;)

Je crois que c'était cette théorie qu'on avait tous envisagé pour Helzmar.
En même temps les Jiikarhys étaient sensés êtres des sages, lui n'en ait pas un du tout, c'est un voleur confirmé.

C'est pas un Jiikarhys, c'est un membre de la guilde d'assassins les Sang de Brume (ou quelque chose comme sa)

Un Jiikarhys ne produit pas cette magie là. En plus, il a une régen' totale, et aucun des coups du Serpent n'a fonctionné sur Helzmar, alors que si vous vous souvenez, pendant le combat de Lynris contre le Rôdeur, elle n'avait pas pu se régénérer après l'attaque. Helzmar a une forme d'immortalité, et c'est vrai qu'il doit être affilié aux Sang-de-Brume... mais il les aurait surpassés depuis tellement longtemps, puisqu'il peut utiliser sa magie à pleine puissance à plusieurs milliers de kilomètres de la ville des Sang-de-Brume (ou Sang-d'argent, je sais plus )

Voilà la suite, bonne lecture

Chapitre 117 :

Helzmar s’élança. A mi-chemin, le Serpent le vit se changer en nuage de fumée et tourbillonner jusqu’à lui en étirant des tentacules de brumes dans tous les sens. Cinq fusèrent dans sa direction.
Le Serpent esquiva chacune d’entre elle. L’extrémité d’une des tentacules frôla son crâne et alla percuter un mur avant de s’y étaler en une couche de vapeur blanchâtre statique.
Le nuage se rapprocha à toute vitesse et finit par se solidifier et prendre la forme d’une silhouette humanoïde. La fumée devint des os, puis de la chaire, puis de la peau et des poils. En un instant, Helzmar Griffelune s’était reconstitué entièrement.
Il se réceptionna en face du Serpent et fondit sur lui, ses deux poignards fendant l’air, telles les faux de la Mort elle-même.
Le Serpent réagit au dernier moment, laissa la première lame passer devant son nez et s’arc-boutant pour que la deuxième ne fasse que frôler son dos. Dans le même mouvement, il se décala sur le côté et heurta son adversaire, ou plutôt le traversa littéralement de part en part, celui-ci s’étant de nouveau changé en rideau de brume.
Le Serpent fit volte-face. Un trait passa dans la brume et devint un bras. Un bras au bout duquel une main griffue se cramponnait à une dague effilée. La pointe de la lame s’enfonça dans la poitrine du Serpent comme dans du beurre.
Le dernier des Quatre recula en contemplant le couteau fiché dans sa chaire. Puis, il se plia en deux et fut pris d’une quinte de toux. Du sang jaillit de sa bouche et macula ses lèvres et son menton. Il tituba et se rattrapa à un renfoncement dans le mur d’une maison.
Helzmar avait de nouveau disparu.
Le Serpent lâcha un juron.

-Salopard… Quand je t’aurais attrapé, le sort qu’a connu Lilianne te paraîtra être une promenade de santé…
-Dans ce cas, attrape-moi, répondit Helzmar en surgissant de nulle part à quelques mètres de lui.

Le Khajiit lui fit un clin d’œil moqueur.
Le Serpent voulut ôter le poignard de sa poitrine mais Helzmar bondit et lui asséna un formidable coup de pied sauté. Sa patte arrière heurta directement le manche de la dague et le choc la fit s’enfoncer de cinq centimètres de plus.
Le Serpent vola en arrière et s’écroula au sol en gémissant. Il espérait que la lame ne lui avait pas perforée un poumon. En tout cas, il l’avait clairement sentie racler une de ses côtes.
Helzmar se tenait juste en face de lui, accroupie, les bras repliés sur les genoux. Il avait la tête penchée sur le côté et se léchait les babines.

-Tu vois, Serpent, on trouve toujours quelqu’un de plus fort que soit.
-Tu vas jouer avec moi longtemps, sale matou ? Achève-moi…
-Tut-tut-tut-tut, le coupa Helzmar en agitant son index devant son museau. Tu l’as dit toi-même tout à l’heure : Ma mission est de te capturer vivant, pas de t’abattre.
-Ne me prends pas pour un imbécile… Chacun de tes coups est porté avec l’intention de tuer.
-Bien sûr. Tu es un sacré morceau. Crois-moi ou pas mais je me donne à fond là. Si je te ménageais, tu aurais tôt fait de me glisser entre les doigts.
-Tu l’as dit.

Et, d’un coup, le Serpent disparut.
Helzmar haussa un sourcil.

-Oh…

Seule une flaque de sang témoignait de son ancienne présence, ainsi que la forme de son corps imprimée dans le sable.
Le Khajiit blanc se redressa et s’étira.

-Un sortilège d’invisibilité, hein ? dit-il pour lui-même. Et parfait, qui plus est. On m’avait prévenu que tu étais un expert de l’Illusion mais je ne me doutais pas que tu l’étais à ce point. Certains Psijiques en seraient jaloux.

Helzmar ricana.

-En tout cas, tu m’intéresses beaucoup plus d’un coup.

De son côté, le Serpent s’était rapidement éloigné en faisant attention de ne pas laisser des traces de pas sur le sol qui trahiraient sa position. Il maintenait le poignard d’Helzmar enfoncé dans sa poitrine. S’il l’enlevait maintenant, il ne pourrait pas en stopper l’hémorragie, ou du moins pas sans effort.
Il lui fallait prendre un peu de distance. Se cacher quelque part et récupérer ses forces. Il réfléchirait alors à un moyen d’étriper ce satané voleur. Mais pour l’instant, il était impuissant. Les capacités de ce Khajiit étaient remarquables. Et cette aptitude à se changer en fumée… Passé les premiers instants de stupéfaction et de panique, le Serpent était sûr d’avoir déjà vu ça quelque part.
Mais impossible de se rappeler où.
Il traversa plusieurs rues avant d’arriver à la sortie du village. Là, il sentit ses forces le quitter. Du sang coula à la commissure de ses lèvres et il en sentit le goût métallique envahir sa bouche.
Quelque chose en lui était endommagé mais il n’avait pas le temps de déterminer quoi.
Finalement, ses jambes le lâchèrent et il s’affala sur une volée de marches en bois menant à l’entrée d’un bâtiment. Il commençait à voir double. Pas bon, ça…
Le Serpent secoua violemment sa tête et se gifla trois fois pour se maintenir lucide. S’il perdait conscience, son sortilège d’invisibilité prendrait fin. Et là, il serait fichu. Non… Ne pas s’évanouir. Jamais. Ne pas se laisser avoir aussi aisément.
Rien qu’imaginer la satisfaction mêlée d’ironie qu’afficherait Helzmar le faisait bouillir de rage.
Oh, il allait payer pour ce qu’il lui avait fait. Le Serpent allait prendre son temps avec lui. L’écorcher centimètre par centimètre. Faire fondre sa peau et doser très précisément le poison qu’il ferait goutter sur ses blessures pour lui infliger les pires souffrances possibles. Et le garder en vie, bien sûr, jusqu’à ce qu’il se soit tellement abîmé les cordes vocales à hurler de douleur qu’il n’aurait même plus la force de la supplier de l’achever.
Quand il en aurait terminé, il enverrait à l’Empire la tête de leur cher Khajiit, soigneusement empaqueté dans du tissu.
Et sa belle fourrure soyeuse d’une blancheur immaculée serait souillée par son propre sang.
Il s’apprêtait à se relever quand Helzmar apparut au tournant de la ruelle qu’avait emprunté le Serpent précédemment. Il marchait tranquillement en sifflotant, faisant tournoyer gaiement sa dague entre ses doigts.
Le Serpent retint sa respiration et sentit son rythme cardiaque accélérer imperceptiblement.

« Du calme, pensa-t-il. Tu es totalement invisible. Il ne peut pas te voir. »

Mais Helzmar le détrompa fortement en tournant la tête et en posant son regard sur lui. Il tapota son museau du bout du doigt.

-Tu as beau échapper à ma vue, tu ne peux pas tromper mon flair.

La seconde d’après, il était sur lui.
Le Serpent dissipa son sort d’invisibilité devenu inutile et contraignant à maintenir, afin que toute son énergie soit employée à esquiver l’assaut de son adversaire. La lame d’Helzmar tinta contre le mur de la bâtisse lorsque le Serpent s’étala volontairement sur les marches pour l’éviter.
Des étincelles jaillirent de l’impact entre l’acier et la pierre.
Le Serpent se redressa violemment en balançant son poing vers le visage du Khajiit. Comme un peu plus tôt, la tête d’Helzmar explosa sous le choc en un nuage de vapeur pour se reconstituer une seconde plus tard.

Alors le Serpent roula sur lui-même pour s’éloigner un peu et se releva en vacillant.

-Toi, cracha-t-il avec rage. Je sais où j’ai vu ton pouvoir !
-Ah oui ?
-Tu es un Sang-de-Brume hein ?

Helzmar resta silencieux un instant avant de se mettre à applaudir.

-Bien joué ! J’ignorais qu’il existait encore en Tamriel des individus connaissant ma guilde. Enfin, la guilde à laquelle j’appartenais jadis, lorsque je vivais à Orcrest.
-C’est parce que j’ai déjà travaillé avec certains membres de cette organisation.
-Je vois… Rien d’étonnant pour un assassin de ton calibre. J’imagine que tu as été en contact avec la plupart des confréries de tueur de Tamriel à un moment où à un autre de ton existence.

Le maître voleur se releva à son tour et s’épousseta distraitement.

-J’ai effectivement fait partie des Sang-de-Brume à une époque reculée, expliqua-t-il. C’est là-bas que j’ai acquis mes pouvoirs.
-Mais… Une malédiction empêche les Sang-de-Brume d’utiliser leur capacité hors d’Orcrest !
-Ha ! Ha ! Ha ! Bien sûr ! J’ai été soumis à cette malédiction pendant près de vingt ans alors j’y connais un rayon ! Mais il existe un rituel qui permet à n’importe quel homme de pouvoir exercer son pouvoir hors d’Orcrest. C’est un secret férocement gardé dont peu de membre, même au sein de la guilde, ont connaissance. Il est réservé au chef de l’organisation.
-Alors tu as pris la tête des Sang-de-Brume ?
-Oui, il y a bien longtemps. Pour cela, j’ai dû tuer mon prédécesseur. Un homme du nom de Mordred. Tu le connais ?

Le Serpent fronça les sourcils.

-Mordred ? Oui, il y avait un type de ce nom-là… Mais c’était il y a près de soixante-dix ans.
-Quel âge penses-tu que j’ai ?

Le Serpent ne répondant pas, Helzmar reprit la parole.

-Cent-seize ans.
-Impossible…
-Crois-tu ? Il y a bien des moyens de rallonger son espérance de vie, tu sais. Toi-même, tu en fais l’expérience chaque jour. Les Quatre ont vu leur organisme être modifiés à coup de sortilèges et de produits chimiques, afin de ne pas vieillir. Moi, c’est une malédiction qui a affaibli la morsure du temps sur mon corps et mon esprit. La malédiction des Sang-de-Brume. Comme je te l’ai dit, Serpent, je ne suis pas un immortel mais je m’en rapproche assez.
-Tu m’as dit tout à l’heure que tu regrettais d’être né trop tard et de ne pas avoir connu les Quatre…
-J’étais un homme fait à l’époque où toi et tes frères avaient atteints leur apogée, c’est vrai, mais lorsque j’ai eu le niveau pour me mesurer à vous, la guerre était terminée depuis près d’une décennie et tu n’étais plus que le seul survivant. Oui, je suis né trop tard.

Helzmar s’approcha d’un pas lent.

-Bref… Mordred était l’un des plus grands assassins qu’Orcrest n’ait jamais connu. Mais j’étais meilleur. La lutte a été difficile et j’ai mis du temps à m’en remettre, mais je l’ai tué en combat singulier et selon les lois de ma guilde, j’ai pu accéder au rang de dirigeant et au fameux rituel que j’ai évoqué.
-Ce rituel… J’en ai entendu parler il y a longtemps.

Un rituel brutal nécessitant que l’individu souhaitant acquérir la force… sacrifie l’être qui lui était le plus cher. Le tue de ses propres mains.

-Une fois que j’ai obtenu cette faculté, continua Helzmar, j’ai eu tôt fait d’abandonner la guilde. Ils ont bien envoyé quelques exécuteurs pour me faire la peau… Le fait est que je suis toujours là pour en parler. Pas eux. J’ai changé de nom, je suis devenu un voleur, un dieu vivant pour certains. J’ai mis la main sur des artefacts à la puissance inimaginable, j’ai vu de mes yeux des lieux auxquels nul humain n’a accès, j’ai infiltré les places les plus inviolables de ce monde et d’ailleurs… Et, durant tout ce temps, j’ai affiné mes capacités. Regarde, Serpent.

Helzmar écarta les bras et commença à se dissiper en volutes de brume… Mais cette fois, la brume était d’un noir d’encre, dégageant une aura des plus sinistres.

-J’ai atteint un degré de maîtrise de mes pouvoirs tel qu’aucun Sang-de-Brume de l’Histoire ne pourrait rêver, lança Helzmar sans cesser d’avancer, et le Serpent de reculer. J’ai poussé mes facultés à leur paroxysme.

La brume jaillissant d’Helzmar siffla et effleura les marches de la bâtisse. Lorsqu’elles entrèrent en contact avec elles… la pierre se changea elle-même en brume.
Le Serpent recula précipitamment. Quel était donc ce maléfice ? Cette brume noire changeait en vapeur tout ce qu’elle touchait ? Si c’était le cas, Helzmar possédait effectivement une arme des plus redoutables.

« Non, songea le Serpent. C’est ce qu’il veut me faire croire. Mais elle est très lente. »

La brume noire, qui l’entourait désormais, se mouvait effectivement avec une grande lenteur. Sa puissance était immense et le Serpent ne doutait pas qu’un seul contact avec elle pouvait être mortel, mais s’il restait vigilant, il n’y avait aucun moyen qu’elle le touche.
Helzmar lui-même était beaucoup plus préoccupant. Avec ses réflexes de félin, ses aptitudes martiales dignes des plus féroces combattants de Tamriel, son agilité, sa science des armes et son insensibilité à tout type d’attaque, il était…

« Attends… Tu es peut-être dans le faux. »

Le Serpent reporta son attention sur Helzmar. Le Khajiit continuait à s’approcher.

-Je vais te prendre un membre ou deux, déclara-t-il en fixant le Serpent. Juste histoire de te neutraliser complètement. Tu ne m’en voudras pas, j’espère.

Il sourit et, dans la même seconde, tendit ses bras en avant. Deux projectiles constitués de fumée noire fusèrent vers le Serpent. Celui-ci, comme il l’avait prévu, les vit venir de loin. Il se jeta sur le côté alors que la brume noire allait éclater sur le sol et se répandre en une sorte de flaque sombre.
Sous elle, la terre se changeait elle-même en vapeur. La fumée creusait de profonds sillons sur son passage. Le Serpent n’imaginait pas le genre de ravage que son contact pouvait engendrer sur de la chair humaine.
Helzmar bondit dans sa direction en faisant tournoyer sa dague. Le Serpent remarqua qu’il haletait. L’emploi de cette brume noire était visiblement extrêmement épuisant.
Plutôt que de l’affronter au corps à corps et se risquer à lutter face à cette effrayante vapeur obscure, le Serpent pivota et s’élança vers une maison avoisinante. Helzmar le regarda faire, perplexe. Il se lança néanmoins à sa poursuite, suivi d’un nuage de brume noire.
Le Serpent défonça la porte de la maison et y pénétra. Il disparut dans l’obscurité. Helzmar s’arrêta sur le perron, l’air suspicieux. Le Serpent ne faisait rien au hasard. Il devait préparer quelque chose et il n’était pas prudent de le suivre à l’intérieur mais Helzmar était pressé d’en finir. Ce combat ne l’amusait plus.

Le Serpent était un adversaire intéressant à affronter mais il fuyait un peu trop à son goût. Cela devenait lassant.
Helzmar avait vu ce qu’il voulait voir et il n’avait plus d’intérêt à poursuivre ce petit jeu. Et, dans l’immédiat, il doutait que le Serpent puisse lui faire quoi que ce soit. Tant qu’il gardait sa brume noire à proximité, il ne craignait rien.
Le Khajiit entra dans la maison. L’intérieur était extrêmement sombre mais les yeux d’Helzmar lui permettaient d’y voir comme en plein jour. En revanche, chose troublante, le Serpent n’était visible nulle part. Helzmar sourit.

-Encore un sort d’invisibilité ? Tu te répètes, mon pauvre.

Le Khajiit leva la tête et se mit à flairer l’air. Rien. Aucune odeur suspecte.
Le Serpent s’était-il envolé ?

-Qu’est-ce que ça veut dire ? murmura Helzmar alors qu’à côté de lui, une nuée de gouttelettes rougeâtres apparaissait subitement dans l’air.

Il les vit trop tard et les reçut sur le visage. Le Khajiit pesta et recula précipitamment alors que la brume noire se rassemblait devant lui et formait une sorte de rempart opaque qu’aucune arme ne pouvait transpercer.
Helzmar secoua la tête et feula. Cette odeur, il la connaissait bien. C’était du sang.
Le Serpent réapparu. Helzmar gronda doucement. Il n’appréciait pas cet air de fierté qu’arborait désormais son adversaire, lui qui n’avait que peur dans les yeux quelques instants plus tôt.

-Pourquoi souris-tu ? s’enquit Helzmar en tâchant de garder son sang-froid.
-Parce que tu es mort. Simplement… Tu ne le sais pas encore.
-Quoi ?
-Tu es quelqu’un d’intelligent, Helzmar, et tu as bien faillis m’avoir. Mais ce pouvoir dont tu es si fier, là… Ce n’est que du vent. De la poudre aux yeux.
-Pardon ? Tu as perdu la tête ?
-Au contraire, je suis plus lucide que jamais. Et maintenant, je te vois pour ce que tu es vraiment. Au fait, tu avais raison pour une chose, tout à l’heure. Tu n’es pas immortel. Je vais bientôt te le montrer.
-Des vantardises creuses, Serpent. De simples vantardises !

Une vague de brume noire fusa vers le Serpent. Celui-ci disparut de nouveau. Et ce n’était pas un sort d’invisibilité puisqu’Helzmar ne percevait plus aucune odeur de son adversaire. Il s’était vraisemblablement téléporté pour de bon.
Le Serpent réapparu juste à côté de lui et frappa du poing. Mais Helzmar s’évapora en volutes de fumée et le poing ne fit que lui passer au travers. La brume noire prit de nouveau le Serpent pour cible et celui-ci roula sur le côté. La vapeur percuta un mur et la changea en brume avant de le traverser. La lumière de l’extérieur envahit l’intérieur du bâtiment.
Le Serpent se releva alors qu’Helzmar se reconstituait à l’autre bout de la pièce. Lorsqu’il s’était décomposé, le sang sur son visage n’avait plus trouvé d’appui solide et était donc tombé au sol en une petite flaque rouge. La face souriante du Khajiit s’y reflétait.

-Pour être tenace, tu es tenace, lança le voleur d’une voix dans laquelle le Serpent perçut une pointe d’épuisement. Tu m’avais caché que tu connaissais des sortilèges de téléportation.
-Quelle téléportation ? répliqua le Serpent. J’étais invisible, voilà tout.
-Hein ?
-L’école de l’Illusion permet à ses adeptes de tromper les sens de leur victime. La plupart des gens pense que nous n’agissons que sur la vue mais c’est une idée fausse. Tu as eu tort de croire que ton flaire pouvait percer mes illusions. Elles peuvent autant tromper tes yeux que ton odorat, ton ouïe, ton goût et ton toucher.

Le sourire d’Helzmar s’évanouit et fut remplacé par un rictus de colère.

-Ah oui ? Dans ce cas je te félicite, tu m’as bien eu ! Tu as d’autre tour de passe-passe comme celui-là dans ta manche ou je peux t’achever, maintenant ?
-Des tours de passe-passe ? Je n’en ai jamais eu, chaton. Chacun de mes tours est un tour mortel.
-Alors qu’est-ce que tu attends pour me tuer dans ce cas ?
-Je te l’ai dit il y a une minute, tu as la mémoire courte : Te tuer, je l’ai déjà fait.

La brume noire fusa et de nouveau le Serpent disparut, l’évitant de justesse. Mais cette fois, il avait laissé son odeur persister. Helzmar le sentit sortir du bâtiment. Il voulut le suivre mais il se rendit compte que quelque chose clochait. L’ensemble de la maison tremblait.
Helzmar comprit instantanément.

« L’enfoiré, pensa-t-il. Il a profité de son invisibilité pour ronger les fondations avec ses acides ! Il parlait pour gagner du temps ! »

Toute la bâtisse s’écroula. Helzmar ramena la brume noire à lui et s’en fit un bouclier qu’il stabilisa au-dessus de sa tête. Des tonnes de gravats chutèrent autour de lui dans un fracas épouvantable mais chacune des briques qui tombaient dans sa direction heurtait le rempart de brouillard et se changeait elle-même en vapeur.
Ainsi, au bout de quelques secondes, quand tout le bâtiment se fut écroulé, Helzmar écarta sa brume noire et se révéla être intact. Il n’y avait qu’un peu de poussière sur ses vêtements.
Le Serpent l’attendait, assis en tailleurs au milieu de la rue.

-Tu l’as échappé belle, lança-t-il, mais tu ne fais que retarder l’échéance.
-La ferme, répliqua Helzmar sur un ton qui trahissait une perte de sang-froid inhabituelle. Toutes tes attaques sont futiles ! Quand bien même je ne me serais pas protégé avec ma brume, je serais sorti sans dégât de ce…
-Economise ta salive. Tu ne trompes personne.
-Quoi ?

Helzmar sentait qu’un malaise s’était installé. Il avait la désagréable sensation que la situation lui échappait doucement mais sûrement. Pourtant, il était toujours en forme, quoiqu’un peu fatigué par l’utilisation prolongée de sa brume noire. Et le Serpent était toujours blessé avec un poignard profondément enfoncé dans la poitrine.
Rien n’avait changé, et pourtant… Le Serpent semblait lentement prendre l’ascendant psychologique. C’était intolérable.
Helzmar fit un pas en avant et tendit le bras pour balancer un projectile de fumée vers sa cible. Rien ne se passa. Le Khajiit contempla son bras inerte pendant le long de sa hanche. Il cligna des yeux, hébété.

-On dirait que ça commence à faire effet, dit le Serpent.
-Qu… Que m’as-tu fait ?! cria Helzmar en tentant vainement de bouger son bras.
-Arrête, ça ne sert à rien. Tes muscles sont paralysés. Il n’existe aucun antidote contre le poison que j’ai injecté dans ton organisme.

Un poison ? Helzmar écarquilla les yeux.