mon vdd a tous dis....
Sauf bravo Peil et merci
Vu le nombre de personnes qui vivent encore, il y aura un joyeux massacre au bout de ce dur périple !
"Ce qu’il ignorait, c’était que le lendemain, le frère de Najin périrait de ses blessures et s’éteindrait après avoir agonisé toute la nuit. Comme promis, Najin quitterait le camp sans même se retourner. Ce qu’ignorait également Sandre, c’était qu’il ne verrait pas Najin à Sentinelle. En fait, il ne le reverrait jamais. Car le Bosmer, simple pion sur l’échiquier sanglant des dieux, était destiné à croiser la route de Barahk Gro-Tragnan deux semaines plus tard. Déchiquetés, lacérés et écartelés, les morceaux de son corps, éparpillés sur plusieurs dizaines de mètres, ne seraient jamais retrouvés."
"-Oui, répondit Barahk. C’est moi. J’ai réussi. "
It's a trap
VDD ..
Bien vu zorro, je n'y avait même pas fait attention
Chapitre 94 :
C’était une véritable bassine naturelle, large de plusieurs kilomètres et profondes d’au moins cinquante mètres, qui s’offrait aux yeux de Faen et Armand. Ils avaient quittés leur hôte Marcelo depuis trois jours et, comme l’avait prédit Faen, ils étaient arrivés sur les lieux de la huitième épreuve.
La bassine rocheuse, cernée par de hautes falaises ocre, se situait au beau milieu des montagnes. Vu d’en haut, elle ressemblait à un océan de verdure. La cime des arbres formait un tapis végétal duquel dépassait le sommet des tours qui entouraient le lieu où était enterré Djaaknil.
Quelques voies minuscules et presque impraticables avaient été taillés dans la pierre par les pèlerins Rougegardes qui se rendaient parfois en ces terres reculées afin d’y prier des dieux anciens et occultes.
Ces voies, semblables à des escaliers serpentant le long de la falaise jusqu’au fond de la bassine, étaient de véritables chemins de croix. Il fallait un talent certains pour l’escalade, un équilibre assuré et des nerfs d’acier pour les emprunter et arriver en bas sain et sauf.
Le moindre renfoncement rocheux, la moindre excroissance sur laquelle on posait le pied pouvait constituer un piège mortel et une chute vertigineuse.
Pourtant, pour bâtir le gigantesque temple qui constituait le tombeau de Djakmil, des centaines d’esclaves chargés de lourdes pierres et d’outils encombrants avaient dû descendre dans la bassine, des siècles plus tôt, sans s’aider d’aucun chemin. Cela forçait le respect.
Armand, accroupi à quelques centimètres du vide, siffla, impressionné.
-Belle vue.
Faen, un peu plus loin, s’aspergeait le visage avec le contenu de sa gourde. La chaleur ambiante, si elle restait plus supportable que celle du Chemin des Assoiffés, était particulièrement élevée. Si on ne s’hydratait pas régulièrement, le soleil risquait de taper très vite sur la tête, et la peau de se dessécher.
Les habitants de la région des Monts de la Queue de Dragon avaient tous la peau tannée, rendue épaisse et craquelée par le climat aride de cette contrée. Ils étaient habitués à vivre dans ces conditions.
Mais ni Faen, ni Armand n’étaient originaires de ces terres, aussi prenaient-ils soins de veiller à toujours boire une gorgée d’eau de temps en temps et s’en verser quelques gouttes sur le crâne quand ils en ressentaient le besoin.
Le jeune Impérial se redressa et s’épousseta.
-Bon, on y va ?
-J’arrive, j’arrive…
Faen reboucha la gourde et secoua rapidement la tête, éclaboussant son compagnon. Armand ne s’en formalisa pas. C’était toujours un rafraîchissement gratuit.
Le Dunmer lança un coup d’œil derrière son épaule.
-Qu’est-ce qui t’arrives ? s’enquit Armand.
-Rien… Rien. Peut-être que je suis trop sur mes gardes.
-On n’est jamais trop sur ses gardes dans la Grande Marche. Tu as l’impression d’être suivi ?
-Non, pas particulièrement. Je ne ressens aucune présence. Juste une impression désagréable.
Ils se remirent en route.
La falaise avait beau être escarpée et le chemin taillé dans la roche extrêmement fin et périlleux à emprunter, la descente fut infiniment plus simple que celle du Pic du Fou.
Les deux hommes se rendirent compte que des petites encoches avaient été astucieusement creusées le long de la paroi de pierre, afin que les pèlerins qui prenaient ce sentier puissent toujours s’y accrocher et disposer d’une prise sécurisée.
Des traces de pas parsemaient la minuscule corniche. Mais elles étaient anciennes et à moitié effacées. Visiblement, aucun participant ne précédait Faen et Armand, ou du moins, très peu. Ils devaient être en tête.
Une nouvelle qui n’avait que peu de signification à ce stade de la course, bien que la fin approche à grands pas. L’écart entre eux et ceux qui les suivaient était peut-être très mince. Se croire le vainqueur avant d’avoir traversé les portes de Sentinelle était une erreur gravissime qu’aucun participant digne de ce nom ne pouvait commettre.
Au bout d’une bonne dizaine de minutes, les deux hommes arrivèrent en bas, sous la cime des arbres.
C’était une véritable petite forêt dense qui poussait au fond de la bassine. Un endroit où divers animaux vivaient, et où il était parfaitement possible de s’installer.
En se dirigeant vers le lieu de la huitième épreuve, Faen et Armand croisèrent d’ailleurs des cabanes en bois à moitié détruites et des tentes déchirées, suspendues dans les arbres, signe que des colons avaient jadis essayés de vivre ici. Peut-être étaient-ce les antiques camps des esclaves qui avaient bâtis le tombeau de Djaaknil.
Ils arrivèrent dans une petite clairière. Armand écarta les feuillages et sourit.
-On y est.
Un immense temple de pierres ocre se dressait là, au milieu de la jungle. Ses enceintes étaient couvertes de mousse et de ronces. Son toit et ses tours se perdaient en hauteur, dans les branchages épais et sinueux.
Tout le flanc gauche du temple était effondré sur lui-même. Les murs étaient percés de trous. Le sol était fissuré et à moitié détruit, par endroits. Visiblement, il n’avait pas bien supporté les ravages du temps.
Le tombeau de Djaaknil, un lieu de culte légendaire pour tous les Rougegardes. Djaaknil avait été un prêtre très puissant, des siècles plus tôt, aussi influent qu’un roi et versé dans l’art du combat. L’histoire de sa vie était très floue et parfois contradictoire selon les récits mais tous s’accordaient à dire que Djaaknil avait été un véritable saint, un héros de Lenclume.
Tout le contraire de son oncle, un tyran cruel et égoïste qui, à la mort de son neveu, avait tué à la tâches des centaines d’esclaves pour bâtir ce mausolée géant à la gloire de sa famille, alors que de son vivant, Djaaknil avait émis le souhait d’être sommairement incinéré à sa mort et que ses cendres soient jetées dans un fleuve quelconque.
Chaque année, une foule de pèlerins s’amassait autour de ce temple et venaient y laisser des offrandes. Offrandes qui étaient bien souvent mangées par les singes, les panthères et les créatures ayant élus domiciles dans cette forêt.
En revanche, personne ne mettait jamais les pieds dans le temple en lui-même.
Celui-ci était connu pour avaler les aventuriers imprudents et ne plus jamais les relâcher.
On disait que le tombeau était constituée d’une immense galerie qui s’étendaient sur plusieurs dizaines de kilomètres sous la terre et que le corps de Djaaknil avait été entreposé au plus profond des lieux, dans une salle secrète totalement inaccessible.
Selon les récits des quelques rares personnes étant descendus dans les entrailles du temple et ayant réussis à en ressortir vivant, les souterrains étaient peuplés de monstres féroces et parsemées de pièges redoutables. La mort attendait quiconque pénétrerait dans cet endroit maudit avec de mauvaises intentions.
Mais les plans du tombeau ayant disparus en des temps immémoriaux, aucune preuve ne subsistait plus, et il n’existait plus aucune carte précise du tombeau qui indiquait comment atteindre le sarcophage de Djaaknil et les trésors incroyables qu’il contenait.
Pourtant, c’était bel et bien dans ce tombeau qu’il allait falloir s’aventurer pour remporter la huitième épreuve.
Ce qui ne serait pas une mince affaire.
Le camp de l’organisation s’étalait autour du tombeau, tout près de l’entrée. Il suffisait de le traverser et de passer la tente principale pour y pénétrer.
Faen s’approcha du panneau central qu’on pouvait trouver à chaque lieu d’étape et qui expliquait sommairement le principe de l’épreuve.
-Apparemment, dit le Dunmer, nous allons devoir descendre dans les galeries souterraines sous le temple et atteindre une balise. Il y en a cinq au total. Chaque balise se trouve à côté d’un coffre déposé là par les organisateurs, et ledit coffre contient des parchemins magiques sur lesquels ont été déposés des sceaux magiques. Il suffit de ramener son parchemin à la surface pour se voir valider l’épreuve. Donc nous n’avons besoin que de trouver une seule balise et de se servir.
-Intéressant. La difficulté résidera donc dans l’exploration du temple lui-même.
-Ah… Une annotation précise que les participants sont autorisés à ramasser tout ce qu’ils pourront trouver dans le tombeau. A leurs risques et périls.
-Je vois.
Pendant que Faen lisait les quelques consignes supplémentaires, Armand se mit à siffloter et à observer le camp. Les rares marchands qui étaient encore présents semblaient s’ennuyer ferme, en l’absence de clients.
D’ailleurs, la plupart somnolait à leur étal.
Mais c’est alors que les fourrés entourant le camp s’écartèrent sur le passage d’un individu. Sans doute un participant, se dit Armand, jusqu’à ce qu’il reconnaisse l’allure familière de l’homme. Un Khajiit, avec un cimeterre à la ceinture et un tricorne vissé sur le crâne, une veste écarlate au col doré et un foulard blanc autour du cou.
Le pirate qui le traquait.
L’agent de Lyana Nerricus !
Armand resta figé sur place, ne sachant pas très bien comment réagir sur le coup. Il vit le Khajiit pivoter vers lui d’un air nonchalant et lui adresser un signe amical de la main, légèrement moqueur.
Le jeune Impérial voulut faire volte-face et prévenir Faen mais deux mains se posèrent sur ses épaules, à la fois de manière très douce mais également avec une force peu commune, à tel point qu’Armand eut l’impression qu’on venait de le clouer sur place.
Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Impossible de voir le visage de celui qui se tenait dans son dos mais il pouvait distinguer ses deux bras musculeux à la peau noire, parsemés de petites cicatrices.
Ses doigts épais et puissants semblaient fait de pierre. C’était bien simple. L’homme ne faisait qu’appuyer calmement sur les épaules d’Armand, et pourtant, cette simple prise maintenant l’Impérial dans une immobilité totale.
Une voix chaude et profonde lui parvint.
-Pas de geste brusque, la Colombe. Ne tente rien d’héroïque. Cela ne t’apporterai qu’une mort inutile.
Armand ne répondit pas. Il ne pouvait pas se retourner pour appeler Faen mais il était étrange que celui-ci ne soit toujours pas intervenu, alors qu’il avait vraisemblablement du entendre la voix de l’individu.
Dans sa position, Armand ne pouvait guère vérifier l’état de son compagnon. Mais il pouvait parfaitement deviner que celui-ci était dans une posture identique à la sienne.
Et effectivement, Faen se tenait toujours au même endroit, deux mètres plus loin, face au panneau.
A la différence près que trois griffes fines et acérées pressaient délicatement sa carotide et s’enfonçaient doucement dans son épiderme, alors qu’une main recouverte d’une fourrure blanche immaculée s’assurait que celles du Dunmer restaient loin de ses aiguilles.
Saykam Koza accentua subtilement sa prise sur Armand et rapprocha sa bouche de son oreille.
-Vous pister n’a pas été facile, je dois l’admettre. Mais nous avons finalement réussit.
-Toi-aussi, tu travailles pour ma sœur ? s’enquit Armand sur un ton qu’il voulait détaché, mais qui était nerveux.
-Oh, non, pas du tout. Mon objectif est différent du siens.
Le « siens » était sans aucun doute celui du Khajiit qui venait d’arriver. Aris Langue-de-Chat. Il se posta devant Armand d’un air fier et le dévisagea.
-Tu as un peu maigri depuis la dernière fois qu’on s’est vu, lâcha-t-il avec un sourire.
-Je croyais que Barahk t’avais tué.
-Il a bien faillis. Mais c’est une longue histoire.
-Qu’est-ce que vous nous voulez ?
Ce fut Saykam Koza qui reprit la parole.
-Saches tout d’abord que nous ne vous voulons aucun mal. Ni toi, ni le Dunmer qui voyage à tes côtés ne m’intéresse. Quant à Aris, il a bel et bien reçu l’ordre de te ramener en Cyrodil sain et sauf, mais pour ça, tu négocieras avec lui plus tard.
-Alors qu’est-ce qui t’amène, toi ? Pourquoi nous avoir tendu une embuscade à Faen et moi ?
-Je n’avais pas terminé de parler. Si vous vous montrez tous les deux coopératifs et que vous ne tentez rien d’imprudent… Nous nous quitterons en bons amis et chacun poursuivra sa route. Du moins en ce qui me concerne. Il se trouve que vous voyagez tous deux en compagnie d’un individu que je recherche. Ici, il se fait appeler l’Ombre. En d’autres lieux, il est plus connu sous le nom du Serpent. Tu vois de qui je parle ?
-Je crois bien.
-Excellent. Où est-il ?
-Qu’est-ce que vous lui voulez ?
-Ça ne te concerne pas et je n’ai pas à te le dire, mais tu dois bien avoir une petite idée.
-Effectivement.
-Je repose donc ma question et j’espère ne pas avoir à me répéter une troisième fois : Où est-il ?
Armand sourit avec insolence.
-Je n’en sais fichtrement rien.
-Mauvaise réponse, fit le Rougegarde avec une pointe d’amertume dans la voix.
Discrètement, Armand essaya de rapprocher ses doigts de la poignée de son épée. S’il parvenait à la saisir… Il n’y avait pourtant que quelque malheureux centimètres entre elle et…
Saykam Koza resserra violemment les mains et Armand sentit les os de ses épaules craquer. Il serra les dents et étouffa un gémissement de douleur. Le Rougegarde se rapprocha encore.
-Tu as déjà oublié ce que je t’ai dit tout à l’heure ?
-Non… C’est bon…
-Helzmar ? lança Saykam. L’autre sera peut-être plus bavard !
Le Khajiit blanc qui caressait la gorge de Faen du bout de ses griffes afficha un léger sourire.
-Tu l’as entendu ? dit-il. Où est le Serpent ?
-Navré mais… je n’en sais rien non plus, répondit Faen.
-Il n’était pas avec vous ? Quand il a tué Liliane par exemple ? Ou Ephron ? Nous avons retrouvé les restes de son armure sur le Chemin des Assoiffés.
-On lui a faussé compagnie il y a plus d’une semaine. C’était justement le jour où Liliane nous a attaqués, si tu parles bien de la gamine avec un chapeau pointu et un sceptre en bois. Ce qui lui est arrivé après et où il a pu aller, je n’en ai aucune idée.
-J’ai du mal à croire que vous ayez pu quitter le Serpent aussi facilement. Surtout après avoir vu… ce que vous avez vu de lui.
Armand grogna.
- Quelles raisons aurait-on de vous mentir ? Vous nous avez eus. Nous sommes en position d’infériorité totale. Pourquoi voudrions-nous protéger l’Ombre, ou le Serpent, ou quel que soit son nom ? C’est un participant rival.
-Dès que nous avons eu l’occasion de nous enfuir, nous l’avons fait, ajouta Faen. Nous avons profité d’un instant d’inattention de sa part pendant qu’il affrontait Liliane. Ensuite, nous avons mis le plus de distance entre lui et nous, en espérant ne plus recroiser sa route.
Pendant qu’ils parlaient, Aris scrutait leurs visages. Le corps d’un homme possédait son propre langage, et il était très difficile de le faire taire. Encore plus de la maîtriser.
En tant qu’expert de tout ce qui touchait au mensonge, aux dialogues et aux sous-entendus, Aris était capable de repérer le moindre tic nerveux, le moindre tressaillement musculaire sur les traits d’un individu qui lui indiquerait que celui-ci lui cachait quelque chose.
Or, il ne voyait rien de tout cela chez Faen et Armand. Les clignements d’yeux de l’Impérial était un peu rapides, d’accord, mais cela trahissait plus une angoisse due à sa situation défavorable et à la surprise de l’embuscade qu’un mensonge.
Quant à Faen, le coin gauche de sa lèvre supérieur tremblait par intermittence de manière très discrète, alors que ses sourcils se fronçaient de façon un peu chaotique, un signe de frustration qui dénotait un égo blessé chez le Dunmer. Sans doute s’en voulait-il de s’être laissé prendre aussi aisément et de ne pas avoir repéré ses ennemis à temps.
On pouvait apprendre beaucoup de chose d’un homme en observant sa gestuelle, lorsqu’il parlait. Y compris son honnêteté.
-Ils disent la vérité, fit Aris.
Saykam haussa un sourcil.
-Ah oui ?
-Oui. Je peux t’assurer qu’ils ne mentent pas, et qu’ils ne cherchent pas à nous dévoiler une demi-vérité non plus. Ils n’ont absolument aucune raison de couvrir le Serpent de quelque manière que ce soit.
-Quel dommage, susurra Helzmar. Moi qui me faisais une joie de les torturer un peu…
Il sentit Faen frémir légèrement.
-Pas de panique, je plaisantais, dit le Khajiit à la fourrure blanche. La torture, c’est pas trop mon truc.
-Je n’ai jamais eu peur de me faire torturer, répliqua le Dunmer.
-Pas la peine de jouer aux durs non plus, mon gars. Pas dans ta position.
Saykam soupira.
-Bon… Pourquoi avez-vous faussé compagnie au Serpent ?
-Il était… trop dangereux, expliqua Armand. Ça faisait déjà un moment qu’on cherchait un moyen de s’enfuir mais il était du genre prudent, et difficile à berner, vous voyez ?
-Je vois, oui.
-Bref, on savait que tôt ou tard, la situation allait être un peu tendue avec lui, surtout à l’approche de la fin de la course. On l’a vu se battre. On a vu de quoi il était capable. Personnellement, ça m’a coupé toute envie de l’affronter un jour. C’est un trop gros morceau pour moi.
-Ça, tu l’as dit, ricana Helzmar. Vous savez ce qui est arrivé à Liliane ?
-Non.
-Alors mieux vaut pour vous ne pas le savoir. Au moins vous pourrez dormir la nuit.
Il y eut un silence. Helzmar tourna la tête vers Saykam.
-S’ils ne mentent pas et qu’ils n’ont plus aucun lien avec le Serpent… On peut les relâcher, non ?
Armand sentit les doigts du Rougegarde se contracter sur ses épaules, signe que celui-ci pouvait lui briser les articulations à n’importe quel instant s’il le désirait.
-Je vais te lâcher, fit Saykam. Je vais le faire tout doucement. Au moindre mouvement un peu trop brusque à mon goût, je te broie la clavicule, c’est clair ?
-C’est clair.
-Bien.
Lentement, la prise du Rougegarde se fit moins pesante. Puis, ses mains lâchèrent les épaules d’Armand, et leur contact disparu.
Le jeune homme grimaça et se massa les articulations. Saykam recula d’un pas.
Derrière lui, Helzmar avait également relâché Faen. Le Dunmer lança un regard noir au Khajiit et se frotta le cou. Sur celui-ci se trouvaient trois petites marques sanguinolentes, là où Helzmar avait posé ses griffes.
Le maître voleur sourit.
-Désolé, je ne peux pas m’empêcher de faire du zèle.
Armand tourna la tête vers Aris.
-Toi, tu ne vas pas me lâcher, hein ?
-Exactement, répondit le pirate. Nous allons avoir à discuter.
-Je t’ai déjà dit très clairement que je ne laisserais personne me ramener en Cyrodil. Et surtout pas un agent au service de ma sœur.
-Je suis sûr que nous allons pouvoir trouver un arrangement qui contentera les deux partis, d’accord ?
De leur côté, Helzmar et Saykam s’étaient rapprochés.
-Nous revoilà à notre point de départ, fit Helzmar. Aucune trace du Serpent. Aucun début de piste.
-Je n’en suis pas ravi non plus, répondit Saykam en désignant Armand et Faen d’un geste du menton. Il ne reste plus beaucoup de temps avant la fin de la course. J’escomptais vraiment que ces deux-là nous mèneraient jusqu’à notre cible.
-En tout cas, ces gamins n’imaginent pas la chance qu’ils ont eu d’échapper au Serpent. Après qu’ils l’aient lâché, il doit être vraiment en rogne. Je ne veux même pas savoir ce qu’il prévoit de faire s’il leur met la main dessus.
-Et comment. Espérons qu’on le trouve avant qu’il ne les tr… Attends.
-Attends quoi ? J… Oh. Je crois que je pense à ce que tu penses.
Saykam se frotta le menton et plissa les yeux.
-Si le Serpent est rancunier, il cherchera probablement à se venger de ces deux-là. Ca pourrait jouer à notre avantage. En se servant d’eux comme d’appâts, il y a moyen de faire sortir le Serpent de sa tanière.
-S’il est toujours en train de les traquer, il doit se diriger par ici à l’heure qu’il est. Mais il est excessivement prudent et intelligent. Inutile de dire que s’il repère notre présence, il disparaîtra de nouveau dans la nature.
-Et même en nous cachant à proximité d’eux, les sens du Serpent sont assez affûtés pour nous repérer… Enfin, toi il ne te repèrera pas, mais moi si. Et ça foutrait tout notre plan en l’air.
-Par contre, on peut tirer avantage des lieux. Le tombeau de Djaaknil regorge de couloirs tortueux et de passages dérobés où il est aisé de surprendre un homme, même aussi doué que le Serpent. Et surtout si on endort sa vigilance en lui offrant Armand Nerricus et Faen sur un plateau.
-Tu crois qu’il tomberait dans le panneau ?
-Peut-être. Peut-être pas. Ce n’est pas comme si nous avions autre chose à essayer.
Saykam s’approcha d’Armand et lui reposa une main sur l’épaule.
-Changement de plan les enfants. On va peut-être rester ensemble un peu plus longtemps que prévu.
-Pardon ?
Le Rougegarde leur exposa sommairement ce qu’ils comptaient faire. Faen secoua la tête.
-Hors de question que je marche. Premièrement, attendre le Serpent ici pour lui tendre une embuscade va nous ralentir dans notre course. Deuxièmement, je n’ai pas envie de risquer ma peau pour vous, surtout en sachant que le Serpent va vous massacrer, et donc moi-aussi par la même occasion.
-Oh, je crois que tu n’as pas saisi la situation, mon ami. En vérité, on ne vous laisse pas vraiment le choix. Vous allez nous suivre dans ce temple, vous allez vous poster où vous dire de vous poster, et vous allez faire exactement ce que nous allons vous dire de faire. Quand nous aurons arrêtés le Serpent, nous vous laisserons continuer votre route en paix. Mais pas avant.
-Qui vous dit qu’on va gentiment obtempérer ? lança Armand.
Helzmar haussa les épaules.
-Tu peux essayer de résister. Une fois ou deux. Mais tu ne seras clairement pas en état de faire quoique ce soit la troisième fois, si tu vois ce que je veux dire.
-Alors nous sommes vos prisonniers ? fit Faen.
-C’est un peu excessif, répondit Saykam en levant les yeux au ciel, mais c’est l’idée.
Aris secoua la tête.
-Oh, oh, oh ! Attendez ! Il n’était pas question de ça. Que vous vous serviez du Dunmer comme appât, aucun problème, mais on ne mets pas Armand en danger. S’il lui arrive quoique ce soit ici, Lyana Nerricus me fera trancher la gorge !
-Il ne court aucun danger avec nous, dit Saykam. On sera là pour intervenir.
-Votre cible a tué Liliane et Ephron. Moi-même je commence à douter de vos chances de réussite.
-Ce n’est pas comme si on te laissait le choix à toi-aussi. Je te rappelle que c’est grâce à moi que tu es encore en vie à l’heure qu’il est, et qu’on ne t’as pas jeté dans le vide depuis un aéronef. Je sais très bien qu’on t’a confié une mission, mais la mienne passe en priorité. Et si tu as quelque chose à redire à ça, libre à toi de te servir te de ce que tu portes à la ceinture.
Le Rougegarde avait désigné du doigt l’épée d’Aris. Le Khajiit déglutit. Il était clair qu’il n’avait aucune chance dans un combat avec Saykam Koza, et celui-ci le savait parfaitement. Pour le moment, tout ce qu’il pouvait faire c’était d’accepter la situation.
En vérité, il était tout autant prisonnier qu’Armand et Faen.
Helzmar mit une légère claque sur l’épaule du jeune Impérial.
-En route, mauvaise troupe. Vous ouvrez la marche, on vous suit.
Les deux hommes se dirigèrent vers l’entrée du temple, avec Saykam, Helzmar et Aris sur leurs talons. Armand se rapprocha imperceptiblement de Faen et lui chuchota à l’oreille :
-Qu’est-ce qu’on fait ? On se débarrasse d’eux ?
-Tu crois vraiment avoir le niveau ? répliqua le Dunmer. Tu n’as pas reconnu le Rougegarde ? C’est Saykam Koza, le champion de l’édition précédente.
-Et alors ? A deux on peut se le faire. L’effet de surprise nous aidera.
-Comme s’il y avait le moindre effet de surprise. Ils sont encore plus sur leurs gardes que nous. Ce sont tous des experts, bien que le pirate soit un peu moins à craindre que les deux autres. Un combat contre eux ici serait extrêmement risqué.
-Tu crois vraiment que le Khajiit à la fourrure blanche serait un problème pour nous ?
-Observe-le. Regarde sa démarche. Ses gestes. Ses mains. Sa façon de contrôler tout ce qui l’entoure. Lui, il est au moins aussi dangereux que Saykam. J’ignore qui il est mais ce n’est pas un petit joueur.
Armand jeta un coup d’œil discret à Helzmar et dû se rendre à l’évidence : Faen avait raison à son sujet.
-Bon, je te fais confiance, lâcha l’Impérial. Après tout, tu es beaucoup plus expérimenté que moi. Mais merde, on ne peut pas se laisser faire comme ça. Il faut qu’on réagisse.
-Qui t’a dit que je prévoyais de me laisser faire ? Il est interdit de se battre au milieu d’un camp de l’organisation. Ça peut nous valoir de se faire éliminer de la course. En revanche, il en va autrement pour les lieux d’épreuves. Quand on sera dans le tombeau de Djaaknil, on pourra leur fausser compagnie facilement. Je te rappelle que ce sont des galeries souterraines. Rien de plus simple que de les perdre dans ce dédale.
-Mais ?
-Mais on aura à se battre, dans tous les cas. Cependant, l’environnement nous sera bien plus favorable.
-D’accord, ça me parait jouable.
-Quand on sera à l’intérieur, tu attendras mon signal pour agir. Dès que je te le dirais, tu t’arrangeras pour éloigner le Khajiit blanc et le pirate, et éventuellement les semer. Moi je m’occuperais de Saykam. Je ne prendrais pas de risque inutile. Je m’enfuirais dès que je le pourrais.
-Et on se retrouvera à l’extérieur, c’est ça ?
-Exactement. Mais pas ici. Plus loin. A la prochaine épreuve.
-Très bien.
A l’arrière, Helzmar et Saykam se consultaient.
-Ils vont chercher à nous la mettre à l’envers, dit Saykam en fixant Armand et Faen, quelques mètres plus loin. D’une manière ou d’une autre, quelque chose va foirer.
-Pourquoi tu dis ça ?
-Je ne sais pas. L’instinct.
-Il est évident qu’ils vont tenter quelque chose pour s’enfuir mais on pourra les maîtriser facilement. Pas de problème de ce côté-là.
-Certes, mais… Bah, je me fais peut-être du souci pour rien. Mais c’est cette épreuve. Il y a un truc qui cloche avec ce tombeau, et je ne peux pas dire quoi.
-Je connais ce genre de sentiment. L’impression que la mécanique d’un plan est bien huilée mais qu’il y a forcément un point qui va déconner, sans qu’on s’y attende. J’ai l’habitude. Mais c’est gérable.
-Surtout que notre plan est tout sauf bien huilé. Merde… On manque de temps. J’ai l’impression qu’on se précipite trop.
-Si les choses tournent mal, qu’est-ce qu’on fait ?
-Chacun prendra sa décision à ce moment-là. Peut-être que nos chemins se sépareront. La priorité restera le Serpent, quoiqu’il en soit.
-Je sais.
Il y eut un bref silence, puis Helzmar reprit la parole.
-Saykam ?
-Ouais ?
-Le plan va fonctionner. Ça ne va pas foirer.
-Si tu le dis.
Helzmar ne pouvait pas le savoir, mais il se trompait lourdement. Tout allait foirer.
Cette fin
La suite va être
MasterPop Ta suite sanglante arrive bientôt.
ça m"énerve ce demi-spoil a la fin du chapitre, il me fait languir jusqu'au chapitre suivant
Salut, que dire à part bravo , genial magnifique et evidemment la suite ;)!!
simple efficace, je m' attend à un prochain chapitre oppressant à souhait!! les fous dans un trou face au serpent!! c' est des malades!!
Ça c'est du cliffhanger
Et je parie qu'on va de nouveau changer de personnages...
Chapitre 95 :
Les cinq hommes dépassèrent les enceintes du temple et pénétrèrent par les grandes portes. Des rais de lumière, passant par les multiples trous au plafond et dans les murs, éclairaient l’intérieur. Le sol était couvert de gravats et des statues de démons étaient incrustées dans les coins de la salle.
Au centre se trouvait une sorte d’autel couvert de mousse et de ronces. Face à lui, une large trappe ouverte donnait sur un vaste escalier s’enfonçant dans les profondeurs de la terre.
Armand y jeta un coup d’œil et déglutit. La main de Saykam Koza se posa contre son dos et le poussa légèrement. Le Rougegarde fit un signe vers l’escalier.
-Après toi.
Armand et Faen s’y engagèrent en regardant autour d’eux. L’endroit était obscur et poussiéreux. L’air était lourd et chargé d’une odeur de renfermé, comme si personne n’était passé par là depuis des siècles, ce qui était presque vrai.
Les marches étaient inclinées vers l’avant, ce qui faisait qu’on pouvait facilement y glisser s’y l’on ne prenait pas garde, et au vu de la hauteur des escaliers, on avait bien des chances de s’être brisé le cou en arrivant en bas.
Mais finalement, les deux hommes passèrent la dernière marche et se retrouvèrent dans une vaste pièce circulaire. Au centre trônait une imposante statue en marbre représentant un homme assis en tailleurs, roulé dans une cape, les yeux fermés.
Sans doute Djaaknil, représenté en train de méditer.
Derrière lui, Armand entendit les pas de Saykam et d’Aris. En revanche, il se rendit compte qu’il était incapable d’entendre Helzmar se déplacer. Le Khajiit à la fourrure blanche marchait avec la légèreté d’une ombre. On aurait dit un fantôme.
Tous attendirent plusieurs minutes que leurs yeux s’accoutument au noir. Bien entendu, les deux Khajiit du groupe voyaient parfaitement dans un tel environnement, mais leurs compagnons humains et Elfes n’avaient pas leurs pupilles.
Une fois que chacun fut capable de discerner ce qui l’entourait, ils regardèrent autour d’eux.
Les murs arrondis de la pièce étaient parsemés de portes et d’ouvertures coulissantes. Il y en avait bien une vingtaine. Et impossible de savoir précisément laquelle choisir pour atteindre une balise. Mais ce n’était pas vraiment ce que Saykam avait en tête.
-On va prendre celle-ci, déclara-t-il en désignant une porte du doigt.
-Pourquoi ce choix arbitraire ? s’enquit Faen.
-Aucune raison particulière. Mais c’est celle-là que va prendre le Serpent.
-Comment le sais-tu ?
-Parce qu’on va prendre soin de laisser des traces pour l’y mener. Pas trop évidentes pour ne pas éveiller ses soupçons, mais assez visibles pour qu’il n’ait aucun mal à les repérer et à les suivre.
-Très bien, très bien.
Sous le commandement du Rougegarde, et sous la surveillance d’Helzmar et Aris qui se tenaient un peu plus loin, adossés à la statue, Armand et Faen entreprirent de marquer subtilement leur passage, tantôt en laissant une emprunte de pas un peu plus marquée que les autres, tantôt en dégageant négligemment des gravats du passage.
Saykam jetait régulièrement des coups d’œil derrière lui pour s’assurer qu’aucun participant n’arrivait dans leur dos, mais Helzmar veillait au grain. Il était impossible de surprendre le Khajiit.
Au bout d’une bonne dizaine de minutes harassantes que Faen et Armand passèrent à quatre pattes, à effacer soigneusement du bout des doigts les traces indésirables que Saykam voulait cacher, cette fois-ci, ils terminèrent leur œuvre.
Aris s’approcha et hocha la tête d’un air appréciateur.
-Pas mal. Un homme non averti n’y verrait que du feu. Et même un bon traqueur s’y laisserait sûrement prendre.
-Le Serpent n’est pas un bon traqueur, grogna Saykam. Il est bien plus que ça.
-On ne peut pas vraiment faire mieux, fit Armand en jetant un regard noir au Rougegarde. Ce serait différent si vous décidiez de nous aider, tous les trois, au lieu de nous observer.
-Moi j’aime bien mon rôle, dit Helzmar.
Saykam secoua la tête.
-Non, ça ne va pas. Recommencez dans ce coin-là.
-Quoi ? J’y suis déjà passé quinze fois !
-Saykam…
Helzmar venait de poser sa main sur l’épaule du Rougegarde. L’ancien champion de la Grande Marche tourna la tête vers lui.
-Oui ?
-A trop vouloir bien faire, ça ne paraîtra pas naturel. Mieux vaut laisser ça comme ça et continuer.
-Il a raison, fit Aris. C’est déjà convenable. Avançons un peu.
-Bon, bon, lâcha Saykam.
Ils se remirent en marche et traversèrent la porte que leur avait indiquée le Rougegarde. Ils passèrent de longues minutes à tourner dans une série de corridors étroits, s’arrêtant tous les trois mètres pour bien appuyer certaines traces ou en effacer d’autre.
Ils continuèrent et s’enfoncèrent dans les méandres du temple. Armand en perdit la notion d’espace et ne sut plus dire s’ils étaient déjà passés par un tel couloir ou une telle salle vide. Tout se ressemblait, et c’était pire dans l’obscurité.
Ce tombeau était un véritable labyrinthe.
Au bout d’un moment, le groupe déboucha sur une minuscule pièce carrée ressemblant à une cellule. Sur l’un des murs se trouvait une cavité dotée d’un trou noir, donnant sur une sorte de long tunnel incliné qui descendait plusieurs mètres plus bas, dans une autre pièce.
Il suffisait de s’asseoir sur le bord, puis de s’y élancer et de se laisser glisser. Mais nul ne savait ce qui l’attendait en bas.
Armand, avec dégoût, écarta une épaisse toile d’araignée de l’ouverture.
-Qui y va le premier ? s’enquit Helzmar.
-Hein ? Vous voulez qu’on descende là-dedans ?
-Bien sûr. C’est typiquement ce qu’il nous faut pour coincer notre cible. Si le Serpent nous suit jusque-là, il ne sera plus possible pour lui de s’enfuir en rebroussant chemin.
-En tout cas, ne comptez pas sur moi pour jouer les éclaireurs.
-Ca suffit les jérémiades, soupira Saykam. Tu seras bien content si on trouve une balise, là-bas.
-On a autant de chance de trouver une balise que de se retrouver piégé définitivement.
-Mais non…
Faen s’avança.
-C’est bon, j’y vais.
-Bon esprit, ça, approuva Aris.
Armand regarda son compagnon poser un pied sur le rebord du trou et scruter l’intérieur d’un air méfiant.
-Alors ?
-Je ne sais pas, fit le Dunmer. Je ne vois pas bien ce qu’il y a en bas. C’est trop sombre.
-Alors descends.
Faen hocha la tête et, sans plus tergiverser, bondit à l’intérieur de l’ouverture et quitta le champ de vision des quatre autres. Tous entendirent le Dunmer glisser le long du tunnel et les grains de poussière crisser sur son passage.
Puis, ils n’entendirent plus rien. Jusqu’à ce qu’un choc lourd leur parvienne depuis l’autre extrémité, une vingtaine de mètres plus bas, suivi d’une série de craquements. Puis, un cri de douleur étouffé retentit et résonna contre les parois de pierre.
C’était Faen.
Armand se pencha en avant.
-Faen ? Est-ce que ça va ? Faen !
-Eh, le Dunmer ! lança Saykam. Il t’est arrivé quelque chose ?
Aucune réponse. Tous se regardèrent.
-Merde, murmura Aris. Si ça se trouve, y’a une fosse remplie de pieux acérés en bas, ou un trou sans fond, ce genre de truc qu’on trouve dans les vieux temples abandonnés…
-Ne dis pas de connerie, le coupa Helzmar.
-S’il ne répond plus, c’est qu’il a un problème.
-Excellente déduction, le génie, fit le voleur d’un air sarcastique. Ta vivacité d’esprit m’impressionne.
-Je vais voir, dit Armand.
Au moment où il allait s’élancer à la suite de son compagnon, Saykam le saisit par la manche et le retint.
-Hep, hep, hep… Pas si vite, petit. Je ne suis pas né de la dernière pluie. Je sais très bien que toi et ton pote cherchez à nous fausser compagnie depuis qu’on est rentré dans ce tombeau. Tu croyais que je n’avais pas remarqué les regards que vous vous lanciez et les paroles que vous échangiez discrètement ?
-Et alors ?
-Et alors ça ne m’étonnerais pas que ce Dunmer se soit fait la malle et que tout ce que tu souhaites, c’est l’imiter. Si je te laisse y aller, il y a fort à parier que tu prennes la première porte que tu verras en bas. Et il n’y aurait rien de plus facile que de nous semer, dans un tel dédale.
-Libre à toi de passer avant moi, si tu nous soupçonnes de quoi que ce soit.
-C’est ce que je vais faire.
Helzmar haussa un sourcil.
-Ce n’est pas très prudent.
-Si j’étais du genre à avoir peur d’un tunnel, on ne m’aurait pas engagé pour capturer le Serpent.
-Bon… Tu nous préviens quand tu es en bas.
-Ouais.
Armand recula et se décala pour laisser sa place à Saykam. Celui-ci vérifia que son sabre était bien à sa ceinture et s’engouffra dans le trou.
Immédiatement, il sentit le sol incliné, sous ses pieds. Il rentra la tête dans les épaules et se laissa glisser. La descente fut plutôt rapide. Mais plus il avançait, plus le tunnel rétrécissait et se transformait en un goulot obscur.
Sur la fin, Saykam fut obligé de se tenir raide comme un piquet, les bras le long du corps et les jambes tendues, pour pouvoir progresser.
Finalement, les parois de pierre disparurent et il chuta. En plein vol, il se recroquevilla et contracta les muscles. Tout s’inversa autour de lui, le haut, le bas… Il heurta violemment le sol et roula sur lui-même pour amortir la violence du choc, avant de se redresser, en position de combat, prêt à bondir sur le premier ennemi qui surgirait.
Mais il n’y avait personne.
Il se trouvait au milieu d’une immense salle rectangulaire ressemblant à… des égouts. Le plafond était haut de plusieurs mètres, et en hauteur, des ouvertures rondes étaient alignées tout le long des murs, reliées à des salles plus en hauteur.
Il était probable que plusieurs passages dans tout le temple menaient à cet endroit, et que de nombreuses personnes avant eux y avaient atterris. Des aventuriers, des voleurs, des archéologues, des pilleurs de tombe… Tous étaient morts désormais.
Le sol était jonché d’ossements, de crânes fracassés, d’armes brisées, de vêtements déchirés… Et aucune sortie n’était visible.
Saykam aperçut alors une forme sombre, un peu plus loin. Une silhouette roulée en boule, gisant sur le sol. Le Rougegarde plissa les yeux et reconnut Faen. Le Dunmer semblait évanoui. Peut-être s’était-il assommé dans sa chute.
-‘Chier…
Saykam se retourna et leva la tête vers l’ouverture par laquelle il était tombé. Il mit ses mains en porte-voix.
-Eh, vous m’entendez ?
-Ouais ! lui répondit Aris, dans le lointain.
-L’endroit a l’air sûr ! Par contre, impossible d’en sortir ! Ça ressemble à un piège !
-Un cul-de-sac ?
-Ouais, j’en ai bien l’impression.
-Et le Dunmer ? cria Helzmar.
-Il est là, mais je crois qu’il s’est cogné la tête en tombant. J’espère qu’il est toujours vivant et qu’il n’a rien de cassé, mais je ne promets rien !
-Attends, on arrive !
-Je viens de te dire que c’est un cul-de-sac ! C’est plein de gars morts ici !
-Comme si un cul-de-sac m’avait déjà arrêté ! répliqua Helzmar en éclatant de rire. Je peux sortir de ce tombeau à ma convenance ! Et il faut bien quelqu’un pour te tirer de là, non ?
-D’accord, alors venez tous tant qu’à faire !
Il attendit quelque secondes avant qu’Aris ne jaillisse de l’ouverture dans le mur, trois mètres au-dessus du sol. Il se rétablit souplement en contrebas, à la manière d’un chat. Puis, il se redressa et s’épousseta en écartant des ossements du bout du pied.
Armand le suivit. Il retomba lourdement au sol mais se releva rapidement en toussant et en grimaçant. Le dernier fut Helzmar, qui exécuta une magnifique pirouette et retomba sur ses deux pieds avec une grâce impressionnante, sans soulever le moindre nuage de poussière ni faire craquer un seul os.
Aris se permit des applaudissements discrets.
-Monsieur fait le spectacle.
-Merci.
-J’aurais pu faire la même chose. Avant de devenir marin, j’étais acrobate dans un cirque itinérant.
-Les acrobaties que je pratique sont un peu plus dangereuses que celles que l’on voit dans les cirques.
Saykam s’approcha lentement de Faen. Le Dunmer n’avait toujours pas bougé.
-Bon, il est toujours en vie ? demanda Aris.
-Laisse-moi deux secondes, grogna Saykam. Faen, tu m’entends ?
Le Rougegarde arriva au niveau de Faen. Il posa un genou à terre et posa ses doigts sur le cou du Dunmer. Il sentit instantanément son pouls.
-La bonne nouvelle c’est qu’il est vivant. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il a l’air dans les vapes.
Saykam saisit Faen par les épaules et le retourna sur le dos pour pouvoir vérifier son état. Soudain, les yeux du Dunmer s’ouvrirent et son pied se détendit violemment. Saykam, avec des réflexes prodigieux compte-tenu de la situation, tenta de bondir en arrière, mais il se rendit compte que Faen venait d’agripper son poignet.
La botte du Dunmer percuta la tempe de Saykam. La tête du mercenaire fut projetée sur le côté et il s’écroula. Faen se redressa avec vivacité, trois aiguilles venant d’apparaître entre ses doigts.
Aris porta la main son épée mais un violent coup de poing vint le heurter en haut de la nuque. Armand venait de le frapper de toutes ses forces dans l’intention de l’assommer.
Le Khajiit trébucha et s’étala sur le sol.
-Armand ! cria Faen. Dégage de là !
Helzmar bondit en avant, comme un tigre passant à l’attaque. Faen se leva et lança ses trois aiguilles. Celles-ci fusèrent dans l’air, telles trois minuscules flèches en acier, et se plantèrent une par une dans la poitrine du voleur.
Helzmar continua à avancer pendant une seconde avant de tomber à genoux, puis face contre terre. Faen tenta de s’élancer dans sa direction, mais Saykam l’attrapa par la cheville.
-Toi tu restes là, enfoiré… cracha le Rougegarde.
-Cause toujours.
Faen ouvrit sa main gauche, révélant une paume pleine de poussière d’os et de morceaux de cartilage. Il les balança au visage de Saykam et celui-ci roula sur le côté en toussant, en éternuant et en se frottant les yeux douloureusement.
-Espèce de salopard ! cria le Rougegarde aveuglé.
Helzmar était à terre, neutralisé par les aiguilles. Aris tentait de se relever tant bien que mal mais retombait toujours, sonné par le coup d’Armand. Quant à Saykam, il se tordait toujours de douleur sur le sol, les yeux emplis de poussière et d’os.
La situation avait tournée étonnamment rapidement à l’avantage d’Armand et Faen. Mais ils n’avaient pas beaucoup de temps pour agir et ils devaient s’enfuir très vite.
Faen pointa du doigt l’ouverture dans le mur, de laquelle ils venaient.
-Tu peux l’atteindre ?!
-Trop haut, répondit Armand. Je n’y arriverais pas à temps !
-Alors il y a un mécanisme, là-bas ! Je l’ai repéré en tombant ! Il ouvre peut-être quelque chose !
Faen avait fait un geste vers une brique, dans un coin de la salle, qui ressortait étrangement du mur. La presser révèlerait sans doute une issue.
Mais c’est alors que deux bras couverts de fourrure blanche entourèrent le torse de Faen par derrière et le serrèrent violemment. Helzmar Griffelune sourit de toutes ses dents, malgré les trois aiguilles toujours fichées dans sa poitrine qui auraient dû le paralyser définitivement.
Faen écarquilla les yeux.
-Désolé mon chou, siffla Helzmar. Ce genre de technique ne fonctionne pas sur moi.
Sans hésiter, Armand s’élança vers le coin de la salle qu’avait montré Faen. Il tendit le bras et appuya sur la brique suspecte. Pendant un instant, rien ne se passa, et Faen continua à lutter avec Helzmar pour se dégager de sa prise.
Mais le Khajiit blanc possédait une force incroyablement élevée et qu’on ne pouvait soupçonner en le voyant. Faen avait l’impression d’être emprisonné dans un étau de pierre. Et celui-ci commença à le compresser.
Helzmar ricana.
-Tu pensais sérieusement que le coup de l’évanouissement allait marcher ? C’est éculé depuis des siècles.
-Ca a bien réussit avec ton ami le Rougegarde, gémit Faen en sentant sa cage thoracique craquer sous la puissance surnaturelle des bras d’Helzmar.
Aris, lui était parvenu à se lever. Les dents serrées, le regard plein de haine, il tira son sabre hors de son fourreau et se dirigea d’un pas déterminé vers Faen.
Armand, dépité, voulut aller aider son ami, mais c’est alors qu’un grincement retentit et qu’une fine fente horizontale, longue d’une cinquantaine de centimètres, apparut sur uns des murs de la salle. Non, pas une… deux. Non, trois. Quatre. Huit. Vingt.
En un instant, une trentaine d’ouvertures semblables se dessinèrent sur les murs de la salle, cernant les cinq hommes. Tous se figèrent, attendant de voir ce qui allait bien pouvoir se passer. Même Saykam, qui était finalement parvenu à nettoyer ses yeux.
Soudain, un vrombissement métallique résonna et un large disque argenté aux bords aussi effilés qu’une lame de rasoir fusa à travers la pièce en tourbillonnant, jaillissant de la première fente qui était apparue.
-Hein ? lâcha Helzmar éberlué avant que le disque ne le décapite et n’aille disparaître dans une autre fente, à l’autre bout de la salle.
La tête du Khajiit, séparée de ses épaules, tourna lentement sur elle-même pendant son ascension, avant de retomber et de rebondir sur un tas d’ossement. Faen sentit les bras du voleur se desserrer autour de son torse, puis le corps de celui-ci basculer sur le côté et s’écrouler avec un bruit sourd.
Saykam se releva.
-C’est un piège ! hurla-t-il à Armand. Tu viens d’activer un mécanisme de défense !
-A terre ! glapit Aris en se jetant sur le sol, à plat ventre.
Trois autre disques jaillirent des fentes sur les murs et volèrent à travers la salle. Armand en vit un se rapprocher de lui à une vitesse mortelle. Le jeune homme se laissa tomber sur les fesses et vit le disque passer au-dessus de sa tête avant de disparaître dans une fente opposée.
D’autres disques sortirent de différentes ouvertures et tracèrent des arcs de cercles menaçants dans l’air, en vrombissant comme des bourdons géants.
Faen courut vers un mur, dans l’espoir de l’escalader et de rejoindre le trou par lequel il était arrivé. Mais Saykam fonça dans sa direction et l’attrapa par la taille. Les pieds du Dunmer quittèrent le sol et les deux hommes allèrent rouler dans la poussière et les os.
Saykam leva le poing, dans l’intention de frapper Faen, tandis que celui-ci tirait deux aiguilles de sa ceinture pour les enfoncer dans la gorge de son adversaire. Mais un disque fusa vers eux et ils durent tous deux bondirent sur le côté pour l’esquiver.
Faen sentit le bord métallique lui tracer une ligne sanglante le long de la joue.
Armand rampa vers un autre mur où il venait de voir une brique sortir du mur, avec un déclic. L’activation des disques en argent avait provoquée l’apparition d’un autre mécanisme, caché cette fois.
Le jeune homme ignorait pourquoi ceux qui avaient bâtis le temple l’avait conçu ainsi, mais il comptait bien en sortir vivant.
Aris, aplatis au sol, se protégeant du mieux qu’il pouvait, le vit faire. Il cligna nerveusement des yeux et ouvrit la bouche.
-Non !
Mais Armand ne l’écouta pas. Il se releva et, avec angoisse, appuya sur la brique.
Instantanément, les disques arrêtèrent de jaillirent des murs et le silence revint. Un silence pesant et inquiétant.
Une nouvelle fois, tous s’immobilisèrent et regardèrent autour d’eux. C’est alors que le plafond s’ouvrit, donnant l’impression de coulisser, et qu’une épaisse grille en fonte tomba lourdement et heurta le sol, séparant la salle en deux.
D’un côté se trouvaient Faen et Saykam. De l’autre, Aris et Armand.
Chacun se regarda, stupéfait.
-Putain, c’est quoi ça… lâcha Faen.
C’est alors que les murs se mirent à trembler. Le plafond et le sol aussi. Des fissures y apparurent et de la poussière commença à chuter d’en haut. Aris se redressa et tourna la tête vers Armand.
-C’est un temple en ruine, pauvre imbécile ! Et qui plus est, conçu pour tuer tous ceux qui tenteraient d’y pénétrer !
-Que…
-Tu croyais vraiment que tu allais pouvoir activer n’importe quel piège au hasard et t’en sortir comme ça ? Les fondations étaient sans doute déjà bien fragilisées, mais la grille que tu viens de faire tomber les a à moitié détruites ! Ça va s’écrouler !
Faen bondit vers la grille et y colla son visage.
-Armand ! Essayes d’atteindre une des ouvertures et de remonter le tunnel ! Sauve-toi de là avant que tout ne nous tombes dessus !
-Et toi ?!
-Je vais m’en sortir ! On se revoit dehors !
Aris avait déjà commencé à gravir un des murs avec précipitation. Armand courut vers lui.
-Eh ! cria-t-il. Donne-moi un coup de main !
-Tu peux toujours rêver ! répondit Aris.
-Je croyais que tu devais me ramener vivant à ma sœur, enfoiré !
-J’emmerde ta sœur !
Le Khajiit était presque arrivé à l’extrémité d’une ouverture qui le mènerait en hauteur. De son côté, Faen voulut escalader un des murs également, mais Saykam l’attrapa par la ceinture et le tira en arrière. Le Dunmer retomba violemment sur le sol.
-Toi, tu ne bouges pas, grogna Saykam en dégainant son sabre.
La salle tremblait de plus en plus et les fissures se multipliaient. Aris avait presque atteint son but. Encore un petit effort et il pourrait sortir de là sain et sauf en laissant tous ces abrutis derrière lui à leur destinée.
Mais sans qu’il ne s’y attendre, le mur qu’il gravissait se craquela, et un énorme pan se détacha de la paroi. Le pirate chuta et retomba dans un tas d’ossement avec un feulement de colère.
-Merde ! rugit-il. Bordel de merde !
C’est alors que le sol tressaillit. Le jeune homme et le Khajiit se fixèrent.
Puis, il tomba en morceaux, et du côté de la pièce où se tenaient Armand et Aris, le sol s’effondra littéralement, les précipitant plusieurs mètres plus bas, dans l’obscurité la plus totale.
Faen et Saykam contemplèrent l’endroit où s’étaient trouvés leurs compagnons une seconde plus tôt, et où il n’y avait plus rien qu’une fosse dont il était impossible de distinguer le fond.
Le tremblement cessa, et le silence se fit.
Faen se releva lentement.
-Putain, murmura le Rougegarde avant de crier. Si vous vous étiez tenus tranquille, rien de tout cela ne serait arrivé ! Est-ce que t’as seulement idée de la merde dans laquelle on est ?!
-C’est toi qui me dis ça ? siffla Faen d’un air menaçant. C’est vous trois qui nous avez tendus une embuscade et qui nous avez entrainés là-dedans alors qu’on ne demandait qu’à continuer la course. Mon partenaire vient de crever pour vos conneries !
-Et les miens de partenaires, alors ?! Ils sont morts tous les deux, le Serpent va débarquer et on est toujours coincé ici !
-Je me fous royalement du Serpent ou de ta mission, répliqua Faen en crachant par terre. Je vais sortir de ce temple vivant, et ce n’est certainement pas toi qui va m’arrêter, Saykam Koza.
-Oh, je vois…
Le mercenaire cracha à son tour et fit tournoyer son sabre entre ses doigts.
-Alors c’est entre toi et moi, peau grise.