Adam, lui, fouillait nerveusement le contenu d’une caisse, n’hésitant pas à balancer par-dessus bord des tas d’objets hétéroclites. Des coquillages, des bijoux, des armes, des pièces de tissus, et même des fruits.
C’est alors qu’un gémissement parvient d’un coin de la carriole. Tous se tournèrent vers Edwin. Le mage avait entrouvert les yeux et pointait un doigt tremblant vers un objet qui sortait à moitié de la caisse.
-C… Celui-là, murmura Edwin. Jette-leur… celui-là…
Adam réagit en une fraction de seconde. Les squelettes n’étaient plus qu’à trois ou quatre mètres du chariot quand il referma ses doigts sur ce qu’avait désigné Edwin. C’était une petite sphère dorée parsemée de ciselures très fines. Elle faisait à peine la taille d’un ongle.
Adam, d’un geste vif, la balança vers les créatures.
La sphère dorée exécuta une trajectoire parfaite et alla heurter le crâne d’un squelette, rebondir dessus, puis retomber sur les pavés de la route avec un tintement métallique. La vague de squelette lui passa dessus sans lui faire attention, la piétinant impitoyablement.
La sphère se brisa, puis disparut dans la mêlée.
Ce qui suivit fut si incroyable que Sandre eut du mal à en croire ses yeux.
Une fumée bleutée et opaque jaillit de l’endroit où la sphère avait été écrasée et se mit à tourbillonner au milieu des créatures. Elle s’éleva dans les airs et se stabilisé à une dizaine de mètres au-dessus du sol avant de se rassembler en une boule aux contours vibrants.
Des éclairs semblaient danser à l’intérieur et l’illuminaient à intervalles réguliers. Un grondement sourd parvint aux oreilles de chacun et des formes indistinctes se dessinèrent sur la boule de fumée bleue.
Elles devinrent plus nettes et tous purent reconnaître une gueule monstrueusement étirée, deux larges narines et une paire d’yeux exorbités. L’ensemble donnait un rictus effrayant et démoniaque.
Le grondement se mua en un ricanement rocailleux et sinistre. En tendant l’oreille, Sandre crut distinguer un mot prononcé d’une manière étrange.
-Merci !
Puis la boule de fumée éclata en une vaste nappe de brume bleutée et s’abattit sur les squelettes, les recouvrant en un instant. Des arcs électriques se mirent à crépiter et le grondement s’amplifia jusqu’à devenir quasiment insoutenable.
La carriole prit un peu plus de vitesse et s’éloigna du nuage de brume. Sandre vit celui-ci s’évaporer et dévoiler tous les squelettes qui les poursuivaient gisant au sol, carbonisés et broyés, comme si une force surnaturelle les avait fracassés les uns après les autres, puis avait passé leurs os en miettes dans un brasier.
En un clignement d’œil, les dizaines, non, les centaines de créatures qui couraient après le chariot avaient été massacrées.
La nappe de brume se changea de nouveau et devint cette fois une silhouette humanoïde dotée d’ailes, lévitant au-dessus du carnage.
A mesure que la carriole prenait de la distance, Sandre la distinguait de moins en moins. Finalement, elle disparut dans la nuit. Mais le jeune homme aurait juré qu’elle s’était envolée dans les cieux.
Adam, pâle, tourna la tête vers Don Leo. Le conducteur du véhicule avait un sourire hilare sur le visage.
-Incroyable ! Qui eut cru que cette petite sphère en or contenait une telle puissance ?
-C’était censé être quoi ?!
-Je ne sais pas. J’ai dû le ramasser quelque part lors de mes pérégrinations. Mais elle vous a sauvé la vie. Et la mienne aussi, par extension. Je pense que nous devrions tous remercier l’ami Kingsming pour son intervention !
Les regards se tournèrent une seconde fois vers lui. Mais il s’était de nouveau évanoui.
Don Leo fit la moue et dévisagea Edwin et Jenna.
-Ils sont dans un état critique. Cette épreuve ne leur a pas réussis, à tous les deux. Je pense qu’ils pourront recevoir des soins appropriés au prochain camp.
-Dans combien de temps pouvons-nous y être ? s’enquit Roderick.
-Je n’en sais fichtre rien, messire. Je ne suis qu’un participant comme les autres. Ce foutu Chemin des Assoiffés a bien failli avoir ma peau à moi-aussi. J’estime qu’on devrait en voir le bout dans une heure ou deux mais ça ne reste qu’une approximation.
-Je comprends. Au fait… Merci de nous avoir sauvés, Don Leo. Si tu n’étais pas arrivé à ce moment-là… Je crains qu’aucun d’entre nous n’aurai survécu.
-Bah… Je ne suis pas du genre à laisser des personnes en détresse derrière moi. Et puis, je vous ai croisé deux fois dans la course. Cela vous a rendu sympathique à mes yeux, en un sens.
Sandre remarqua alors un fait assez surprenant. Le collier autour du cou de Don Leo comportait dix perles. Ce qui signifiait qu’il avait remporté toutes les épreuves jusque-là, sans payer pour en passer une seule. Un exploit extrêmement rare à ce stade de la course et réservé aux participants les plus talentueux et… les plus dangereux.
Sous son air affable et excentrique, ce marchand ambulant n’était peut-être pas ce qu’il prétendait.
Roderick, visiblement, entretenait également des doutes.
-Don Leo…
-Oui ?
-Avec ta carriole et ton… animal… comment as-tu fait pour ne jamais te faire repérer par les aéronefs ou même les organisateurs à chaque point de passage ? Comment as-tu seulement réussit à arriver aussi loin dans la Grande Marche avec tout le bazar que tu transportes avec toi ? Je ne vois même pas une blessure sur toi, ou une seule salissure.
Il ne répondit pas. Roderick poursuivit sur un ton suspicieux.
-Don Leo, qui es-tu réellement ?
L’intéressé ouvrit la bouche et son regard s’illumina, mais ce n’était absolument pas parce qu’il s’apprêtait à donner des réponses à Roderick. Il lâcha une des rennes et pointa du doigt l’horizon.
-On dirait que mes approximations concernant notre arrivée au camp étaient totalement fausse. Nous y sommes ! Nous avons vaincu le Chemin des Assoiffés !
Don Cor LEO ?
Excellent comme d'hab, merci Peil
je pari sur ce sympathique Shéogorath
Leo Messi ???
J'ai commencé cette fic après avoir lu la Flèche Blanche et bon sang que du bonheur !
Au début, j'ai eu un peu de mal à m'y plonger. L'histoire commence bien mais ce n'était pas la Flèche Blanche (sans parler de l'avancée technologique à l'image des miroirs de divinations et les aéronefs dwemer qui, même si très bien incrusté dans le background, modernisent malgré tout Tamriel).
Et puis, le coup de foudre. Obligé. Parce qu'il y a tous les ingrédients de la Flèche Blanche rassemblés mais encore mieux utilisés. Il suffit de comparer les premiers chapitres de la Flèche Blanche avec les premiers de la Grande Marche. Peil a fait du progrès depuis le temps.
J'aime beaucoup Edwin et Jenna. Mes deux persos préférés.
Les combats sont toujours de qualité. Rien que les deux derniers affrontements du Serpent contre Liliane puis Ephron sont énormes !
Bon courage pour continuer à écrire la suite, Peil.
Merci beaucoup Ca fait plaisir
Don Leo vient de devenir beaucoup plus intéréssant!
ODST-01 Tien donc mois aussi
Et ben, franchement toujours aussi génial.
J'ai adoré le combat d'Ephrön, du début à la fin, très dynamique et très émouvant... Quand le casque vide d'Ephron a soufflé le nom de sa bien aimée, je l'ai entendu dans ma tête, un truc triste. Le Serpent a eu de la chance et le voir baver autant, ça m'a fait plaisir.
Par contre, s'il se fait buter par Zimo, compte pas écrire une suite, je te trouverais.
Don Léo est vachement intriguant, j'aime ce côté mystérieux et qui apparaît comme par surprise au moment où on s'y attend le moins. Pour son identité, je mise sur Shéogorath comme quelques uns de mes VDD.
Après, mention spéciale au fait que tu mêles le background de Ephrön avec le combat acharné des deux monstres. Vraiment fluide et passionnant, le rythme n'est pas cassé, j'ai eu l'impression d'entendre le dialogue d'Edgar et d'Atlus tout en regardant le duel épique.
Gros GG, Peil !!!
Je kiff le personnage de Don Leo sincèrement
Mais on attend toujours Lynris
C'est vrai. Lynris nous manque !
le meilleur moyen de savoir c'est avec une suite.
a quand la suite?
LYNRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS
Bon pas sur que l'on l'a voie non plus...quoique....
Don Leo qui est tu réellement ?
La suite arrive peut être ce soir mais c'est pas certains.
Désolé, j'ai sous-estimé la quantité de travail que j'avais à faire ce soir, ça va me prendre encore un certains temps et je crois que je ne pourrais pas terminer d'écrire le chapitre. Dans tous les cas, il arrivera demain.
travail d'abord, plus important que la fic^^
sweet ?
Chapitre 90 :
Don Leo tira sur les rennes et le chariot ralentit. Jenny finit par s’arrêter. Le conducteur tourna la tête vers ses passagers.
-C’est ici qu’on se quitte. Je ne peux pas m’approcher du camp. Les organisateurs vont remarquer ma Jenny et je risque bien de me faire disqualifier.
-C’est surprenant que tu ne le sois pas déjà, répondit Sandre. Mais tu vas bien être obligé de passer par là si tu veux valider ton épreuve et continuer la course.
-Oh, oh, mais j’ai tout mon temps pour cela. Ne vous en faites pas pour moi jeunes gens.
Sandre descendit de la carriole et prit Edwin dans ses bras tandis que Roderick portait Jenna. Don Leo soupira.
-Je ne pense pas que leur vie est en danger mais si j’étais vous, je passerais la nuit au camp. Ils ont clairement besoin de repos. Reprendre la course dès le matin serait d’ailleurs dangereux.
-Nous aviserons quand ils se réveilleront. Merci pour tout, Don Leo.
-Merci à vous.
Il fit claquer les rênes de sa monture et arracha son chapeau de sa tête avant de le secouer au-dessus de lui.
-Hue Jenny ! En avant pour de nouvelles aventures ! Yooooo oooooooh !
L’animal s’élança et la carriole, cachotant et tressautant, chargée de ses caisses de marchandises et de ses sacs de bibelots, disparu dans un nuage de poussière vers la plaine désertique. Roderick, Adam et Sandre restèrent silencieux pendant quelques secondes.
Finalement, Adam se gratta la tête d’un air désabusé.
-Etrange personnage, lâcha-t-il.
-Espérons qu’il s’en sorte et qu’il arrive jusqu’au bout de la course, fit Sandre.
-Je crois qu’il y arrivera, répondit Roderick d’un air mystérieux. ‘Pas le genre de type à qui je m’attaquerais, en tout cas.
-Il n’a pas l’air dangereux. Enfin… Je suis incapable de dire s’il est fort ou non.
-Retiens bien cela, Sandre : Ce sont ceux dont tu le moins lire les capacités qui possèdent les plus redoutables. Méfie-toi toujours de celui que tu es incapable de sonder. Bon, allons-y. J’ai l’impression que la température a bien diminuée mais il fait toujours atrocement chaud.
Les trois hommes soutinrent les corps évanouis de Jenna et d’Edwin et se dirigèrent vers les tentes de l’organisation qui se dressaient, au loin. Il leur fallut dix bonnes minutes pour y arriver.
La nuit étant bien avancée, les lieux étaient totalement silencieux. Un participant solitaire somnolait, assis à même le sol et adossé à un tonneau en bois, derrière un étal de marchand. C’était un Bosmer à l’air efféminé dont les cheveux en batailles étaient coupés très courts, et dont la peau était particulièrement pâle.
Ses vêtements étaient en lambeaux et le sabre recourbé qui était accroché à sa ceinture était ébréché et couvert de poussière. Lui-même portait diverses estafilades et hématomes sur le visage.
Il venait visiblement de terminer l’épreuve, lui-aussi, et en avait payé les frais.
A en juger son collier, qui ne comportait plus que sept perles, il avait déjà sauté trois épreuves. C’était plutôt un bon score. En moyenne, les participants de la Grande Marche dépensaient environs cinq perles durant la course.
La petite équipe passa devant le Bosmer sans le réveiller. Ils pénétrèrent dans la plus grande des tentes, au centre du camp, qui faisait office d’infirmerie et d’aire de repos.
Les règles de la Grande Marche étaient très strictes : Elles stipulaient qu’aucun concurrent ne pouvait recevoir d’aide ou de soin de l’organisation durant la première moitié de la course. Cependant, une fois passé la cinquième épreuve, ils obtenaient le droit de bénéficier de soins de la part de médecins, à chaque étape, en échange d’une perle de leur collier.
Dans leur état, Edwin et Jenna en avaient cruellement besoin.
Une jeune femme vêtue d’une tunique aux couleurs de la Grande Marche, sous un tablier de chirurgien tâché de sang, vint les accueillir.
-Entrez, leur dit-elle. Allongez-les ici.
L’intérieur de la tente était constitué de quatre rangées de lits, disposés parallèlement. Enfin, de lits… Ce n’étaient que des paillasses posées à même le sol, mais elles étaient assez rembourrées et avaient l’air plutôt confortable.
Trois lits étaient occupés par des participants blessés. Deux semblaient évanouis, tandis qu’un autre gémissait doucement. Ce dernier était couvert de bandages dont la plupart étaient imbibés de sang. Un de ses bras était tordu dans un angle douloureux, et la partie gauche de son visage était ouverte de haut en bas, une blessure sans doute causée par un coup d’épée.
Roderick, Sandre et Adam déposèrent Jenna et Edwin sur les paillasses désignées par l’infirmière. Celle-ci tendit la main.
-Deux perles.
-Nous…
-Une perle pour chaque tête. Sans ça, vous pouvez les reprendre et les mettre dehors.
Sandre tourna la tête vers ses coéquipiers.
-Qu’est-ce qu’on fait ? On ne peut pas leur prendre une perle de leur collier sans leur autorisation.
-Si on ne le fait pas, ils ne pourront pas reprendre la course avant plusieurs jours. Avec le retard qu’ils vont prendre, cela est synonyme d’abandon. Je ne pense pas que c’est ce qu’ils veulent.
-Oui mais…
-Tu veux payer une perle à leur place ?
Sandre baissa les yeux.
-Pas vraiment. Je sais que c’est égoïste mais…
-Ça n’a rien d’égoïste. Nous sommes rivaux. Penses à ta course avant tout.
-Très bien, dit Adam. On paye. On ne peut ni les laisser là et les abandonner, ni payer des perles de nos colliers.
Roderick posa un genou à terre et se pencha vers Edwin et Jenna. Il décrocha une perle de leur collier à chacun et les soupesa. Chacun d’entre eux avait encore ses dix perles. Cela risquait d’être douloureux quand ils se réveilleraient, d’apprendre cela.
Mais c’est alors qu’Edwin entrouvrit les yeux et saisit le poignet du vieillard. L’infirmière sursauta. Roderick, lui, fronça les sourcils.
Le mage ouvrit la bouche d’un air faible. Il avait le regard dans le vague et semblait lutter pour garder le peu de conscience qui lui restait.
-N… Non, murmura-t-il. N… Ne… touchez pas… à ça…
-Ne fais pas l’enfant, dit Roderick d’un air grave. Je sais ce que représentent ces perles pour un homme, dans la Grande Marche, mais une vie est plus précieuse que ça.
-J’ai… conservé ces perles… jusque-là, et j… j’ai versé mon sang… pour cela... J… Je les con… conserverais… jusqu’à la fin.
-Si on ne paye pas ce prix, tu ne recevras pas de soin. Tu sais ce que ça veut dire ?
-J… Je me fiche… de perdre… Ce sont… les règles du jeu… Je les ai… acceptées… Mais je ne me dé… déshonorerais pas ainsi. Tu m’entends ? Alors repose… cette perle.
-Tout ça pour ta fierté mal placée, grogna Roderick. Tu préfèrerais mourir ici comme un chien plutôt que d’accepter de l’aide de l’organisation ?!
-Sans… hésitation.
Il y eut un long silence. Puis Edwin expira et ferma les yeux, retombant dans le coma. Ses doigts se desserrèrent autour du poignet de Roderick et sa main retomba mollement à côté de lui. L’infirmière s’agenouilla à ses côtés.
Elle jeta un regard à ses compagnons.
-Eh bien, quelle force de caractère. C’est incroyable qu’il soit parvenu à reprendre connaissance, même quelques secondes, à un tel degré d’épuisement mental et physique. On reconnait là le célèbre Edwin Kingsming. Bon, j’attends les perles.
Pendant un instant, Roderick ne bougea pas. Puis, comme s’il avait finalement pris sa décision, il raccrocha les deux perles qu’il avait prises aux colliers de Jenna et Edwin. Adam écarquilla les yeux.
-Roderick !
-Tu ne vas quand même pas faire ce qu’il t’a dit ! s’exclama Sandre. De gré ou de force, ils doivent recevoir des soins !
La Flèche Blanche leva les yeux vers eux.
-Je n’irais pas contre sa décision. Ces perles, ils les ont protégés en mettant leurs vies en jeu. Ils ont versés sueur, sang et larmes pour arriver à ce stade de la course avec leur collier intact. C’est quelque chose que je respecte et que j’admire. Je me salirais si j’osais prendre leurs perles ainsi.
-Mais, tu… !
-C’est moi qui vais payer pour eux.
Et sur ces mots, le vieillard décrocha deux perles de son propre collier et les posa dans la main de l’infirmière. Celle-ci n’en croyait pas ses yeux.
-Vous êtes sûr, monsieur ? Vous devriez prendre un peu plus de temps pour réfléchir. Vous risquez d’amèrement le regretter par la suite.
-J’en suis parfaitement sûr, jeune fille, répondit Roderick en se levant et en s’époussetant. Deux perles, c’était votre prix. Je veux que demain matin, lorsque nous nous lèverons, ils soient en pleine forme et aptes à reprendre la route. C’est clair ?
-Très clair, mais… je me permets d’insister. C’est une décision très importante que d’abandonner ainsi un cinquième de votre collier. Comme vous l’avez fait remarquer à ce jeune homme de façon très lucide, vous êtes tous rivaux, ici. Vous ne leur devez rien.
La Flèche Blanche sourit de toutes ses dents.
-Je suis un vieil homme sénile et à la tête particulièrement dure. Je crains que lorsque j’ai pris une décision, il soit encore plus difficile de me faire changer d’avis qu’Edwin Kingsming.
-Bien, dans ce cas…
Roderick fit volte-face et se dirigea vers la sortie. Sandre le rattrapa et le saisit par l’épaule.
-Tu es conscient de ce que tu viens de faire ?
-Oui. Tu t’époumones pour rien. Toi comme moi savons que gagner la Grande Marche ne m’intéresse pas le moins du monde. Mon objectif est tout autre. Ces perles n’ont que peu de valeur pour moi.
-Ce n’est pas ça que je voulais dire. Edwin risque de t’en vouloir beaucoup plus que si tu lui avais pris une perle. Son orgueil va en être sévèrement affecté.
-Je le sais également.
Adam, lui, soupira.
-Moi, je ne veux pas me mêler de ça. Edwin et Jenna sont assurés d’être soignés, nous en avons définitivement terminé avec ce Chemin des Assoiffés, nous sommes arrivés au camp… Tout est bien qui finit bien, et ça me suffit. Si ça ne vous dérange pas, je vais aller dormir.
Il passa entre Roderick et Sandre, et disparut dans la nuit en sortant de la tente. Sandre l’entendit grommeler en s’éloignant.
-‘Pas de mon âge, ça… ‘Pas de mon âge…
Voyant que l’infirmière prenait l’état de ses compagnons en main, Roderick hocha la tête.
-Je vais y aller moi-aussi. Histoire de trouver un coin ou passer la nuit qui ne soit pas trop inconfortable. On se retrouve demain, Sandre. Bonne nuit.
-Bonne nuit.
Roderick sortit à son tour. Sandre resta seul, au milieu de la tente. Derrière lui, l’infirmière se redressa.
-Tu devrais y aller aussi. Tu ne peux pas dormir là. C’est une zone réservée aux blessés et aux malades.
-Euh, oui… J’allais m’en aller.
Sandre se dirigea vers la sortie. Dehors, l’air était toujours chaud et sec, mais cela n’avait plus rien à voir avec le Chemin des Assoiffés. Le jeune homme se sentit revivre. Il inspira profondément et ferma les yeux. C’était une belle nuit.
Derrière lui, la poussière crissa sous les pas d’un individu. Sandre se retourna pour voir face à lui le Bosmer qu’il avait croisé en arrivant, et qu’il avait cru endormi.
Celui-ci sourit.
-T’as l’air de revenir de loin.
-Assez, oui. Mes compagnons et moi avons vu la mort de près.
-Comme nous tous, j’imagine. Tu t’appelles ?
-Sandre. Sandre Hearthsley.
-Najin Leydon, enchanté.
Najin tendit sa main à Sandre. Le Bréton la saisit et la serra avec amabilité. C’était rare de rencontrer un participant non hostile, alors autant répondre amicalement et ne pas s’en faire un ennemi. Le Bosmer détailla rapidement son interlocuteur.
-Tu n’as pas l’air très vieux. Quel âge as-tu ?
-Vingt-et-un ans.
-Oh, alors on est de la même génération. J’en ai vingt-deux.
-Je… n’aurais pas deviné.
Najin ricana.
Waaaaaoouh ! Très bon chapitre, et quelle fin !