Tout savoir sur Gladiator II

Gladiator II n’est rien de moins que la suite directe et légitime du péplum Gladiator sorti en 2000 avec en tête d’affiche Russel Crowe et Joaquin Phoenix dans les rôles principaux. Près d’un quart de siècle plus tard, Ridley Scott foule de nouveau le sable du Colisée de Rome pour nous conter la suite de sa fresque antique non-historique, mais imprégnée fortement de l’Histoire avec un grand H. Cette nouvelle épopée débarque le 13 novembre 2024 au cinéma en France avec la ferme intention de nous en mettre plein la vue, et les premiers retours de la presse vont dans ce sens.

Gladiator II peut-il éclipser l’aura si majestueuse d’un film qui a bouleversé le 7e art en son temps ? Il met toutes les chances de son côté avec un budget dépassant les 250 millions de dollars américains, un casting hors normes et un scénario digne de l’Âge d’or d’Hollywood. 16 ans après la mort du général et gladiateur Maximus Decimus Meridius, l’empire romain dirigé par les tyranniques Geta et Caracalla ploie sous la corruption de ses élites et une soif inassouvible de grandeur. Face à une Rome devenue l'antithèse du rêve de feu Marc Aurèle, son héritier Lucius Verus est condamné à suivre les traces de son père Maximus et à combattre dans l’arène afin de redonner espoir au peuple.

Le synopsis officiel de Gladiator II : Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus aux mains de son oncle, Lucius est forcé d'entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d'une main de fer. La rage au cœur et l'avenir de l'Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l'honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple. - (Paramount Pictures)

Le casting de Gladiator II : Paul Mescal (Lucius Verus), Pedro Pascal (Marcus Acacius), Joseph Quinn (Empereur Geta), Fred Hechinger (Empereur Caracalla), Lior Raz (Vigo), Derek Jacobi (Sénateur Gracchus), Connie Nielsen (Lucilla) et Denzel Washington (Macrinus)

Lucius Verus : De l'ombre à la légende

Sans Ridley Scott et sa filmographie aussi hétéroclite qu’exceptionnelle, je ne serais probablement pas devenu le cinéphage (voire cinéphile) que je suis devenu aujourd’hui. Ce réalisateur, au même titre que James Cameron, Paul Verhoeven et Steven Spielberg, a marqué au fer rouge “mon 7e Art" et défini ma cinéphilie. Je suis un fan inconditionnel d’Alien le huitième passager et de Blade Runner qui ont bouleversé à leur époque le genre encore en devenir de la science-fiction. Et que dire de Thelma et Louise ou encore Kingdom of Heaven que je peux visionner encore et encore sans jamais ressentir la moindre lassitude.

Le réalisateur britannique n’a pas fait que des chefs-d'œuvre, loin s’en faut. Prometheus, Alien Covenant et Napoléon furent même perçus comme des actes de haute trahison par votre serviteur. Et pourtant, j’apprécie cet esprit créatif qui peut se vanter d’avoir résisté aux affres du temps et traversé les âges cinématographiques pour mieux ressusciter un univers culte sur grand écran. Je me souviens très bien du 20 juin 2000, soit le jour où j'ai découvert Gladiator en salles et suis tombe éperdument amoureux de ce cinéma grand spectacle d’auteur aux visuels saisissants et à la musique enivrante. 24 ans plus tard, ce miracle cinématographique revient d’entre les morts sous la forme d’une suite.

Mon appréhension était totale et ma satisfaction en sortant l’est tout autant… ou presque. Gladiator 2 n’est pas la suite que j’attendais et c’est en réalité une excellente chose. Ridley Scott prend des risques avec ce nouveau péplum qui embrasse pleinement la légende de Maximus Decimus Meridius tout en sachant proposer quelque chose de neuf et bien plus dans l’ère du temps que ce que nous étions en droit d’attendre d’un vieux briscard hollywoodien. L’histoire fait suite à celle de Gladiator et réinvoque dans l’arène plusieurs personnages du premier film, mais pas uniquement à des fins nostalgiques. Au contraire, ils ont un véritable rôle à jouer dans la triste et sanglante destinée de la cité antique où passé et présent s'entrecroisent afin de tisser un avenir commun qui prend racine dans de nouvelles figures instantanément cultes.

Paul Mescal en Lucius Verus tire bien évidemment son épingle du jeu avec sa performance vengeresse tout en hardiesse, et il en va de même pour Denzel Washington et Pedro Pascal dans des rôles très différents qui leur siéent à merveille. Cette profusion de personnages, loin d’être un défaut, fait la force de ce récit antique qui place la politique et ses enjeux au cœur de la narration. Il sait aussi rassasier la foule avec ce qu’elle est venue chercher… à savoir un spectacle sons et lumières violent à souhait et digne des mythes et légendes de l’Antiquité. Mais avant de souiller le sable du Colisée, j’aimerais revenir un instant sur certaines imperfections qui m’empêchent d’être pleinement convaincu par la proposition.

Non, je ne reviendrai pas sur la non historicité de Gladiator 2 qui en tant que suite de Gladiator est bel et bien une fable reprenant des éléments de l’Histoire sans afficher la moindre volonté de devenir le représentant officiel d’une certaine vision de la Rome antique. Au contraire, Ridley Scott grossit le trait à outrance et dépeint un empire décadent qui dépasse l’entendement. Rien n’est vrai (ou presque) dans Gladiator II, et cela ne me dérange pas le moins du monde. Toutefois, la caricature est si grosse qu’elle en devient par instant grossière à l’image des empereurs jumeaux qui incarnent parfaitement la chute d’une civilisation, mais dénotent au milieu d’une histoire bien plus terre à terre et ancrée dans le réel. Deux diègèses, deux univers cohabitent ici… celui de l’arène et celui des élites… sans jamais parvenir à fusionner pour ne faire qu’un.

Il n’en demeure pas moins que j’ai pris un pied monstre devant ce Gladiator 2 réalisé par Ridley Scott. Une fois la vraisemblance historique mise de côté, je me suis laissé emporter par cette histoire de vengeance d’ores et déjà mythique et par les prouesses athlétiques de personnages haut en couleurs. J’ai adoré la dimension “pulp” qui vient épicer les différents affrontements dans l’arène, qui au-delà d’être créatifs et ils le sont assurément, sont récréatifs et divertissants au dernier degré. Le cinéaste trouve un équilibre certain entre nécessité narrative pour faire avancer l’intrigue et simple plaisir d’offrir aux spectateurs des morceaux de bravoure encore jamais projetés sur grand écran.

J’ai rêvé de ce film près de 25 ans et je n’ai pas été pas déçu. Gladiator 2 de Ridley Scott n’est pas la suite que j’attendais, mais c’est celle qui se devait d’être. Décadente, sanglante, vengeresse, politique... la résurrection du mythe est en marche. Maximus, Maximus, Maximus, Maximus !