S’il arrive parfois d’attendre un jeu qui nous fait vraiment envie pendant des mois voire des années, cela implique aussi de pouvoir être amèrement déçu. Un exemple récent pourrait se cristalliser autour de The Day Before, longtemps considéré comme le MMO triple-A le plus prometteur et attendu de l’industrie. Mais voilà, après de multiples reports, le jeu final sort et c’est la douche froide. En plus de ne pas honorer la moindre de ses promesses, le titre est accusé de plagiat. Le jeu est si mauvais qu’il est retiré de Steam à peine 4 jours après sa sortie, ne laissant derrière lui que sa mauvaise réputation et les attentes piétinées des joueurs. Mais sachez qu’un autre jeu rend le scandale The Day Before parfaitement insignifiant. Découvrez l’immense fiasco qu’a été Limbo of the Lost dans ce JV Legends.

Un jeu revenu des limbes

En avril 2006, l’éditeur G2 Games (Enemy Engaged 2, Alliance Future Combat) vient d’inscrire un nouveau jeu PC en développement : Limbo of the Lost. C’est une petite équipe de 6 personnes qui se charge de la création du titre depuis maintenant plus de 10 ans. Originellement prévu pour sortir sur Ataris ST, le projet évolue en 1995 vers l’Amiga 500. C’est le duo composé de Steve Bovis, développeur, et Tim Croucher, scénariste, qui est alors sur le projet et qui se heurte au ralentissement des ventes de l’Amiga au profit du PC. Limbo of the Lost retombe alors dans le néant avant de ressurgir 10 ans plus tard avec un concept dépoussiéré et une modélisation 3D.

L’équipe s’est aussi agrandie puisque Laurence Francis, gérant d’un pub, musicien et ami de Steve et Tim, rejoint l’équipe en tant que game designer, comédien de doublage et guitariste, aux côtés d’un autre musicien, Marko Hautamäki. Les épouses de Steve et Laurence rejoignent aussi le bateau, s’occupant respectivement de la paperasse et des tests. Après ces longues années de développement, c’est le grand jour. La sortie est attendue, mais premier couac, les joueurs ayant précommandé leur copie du jeu ne sont pas livrés. Inquiets, ceux-ci tombent, sur un forum, sur le message d’un joueur européen qui a soi-disant bien reçu le disque et qui encense le jeu. “C’est dommage que l’éditeur ait du mal à le sortir, car le jeu est génial même si je suis coincé” écrit-il avant d’ajouter “j’espère que vous aurez la chance d’y jouer bientôt”.

Plagiats à gogo

Quand les joueurs reçoivent enfin leur jeu, c’est l’incompréhension. Eric Franck, journaliste pour Game Plasma, teste le jeu et découvre que certains lieux sont repris d’autres titres, notamment l’Hôtel de Ville qui n’est ni plus ni moins que le Château de Skingrad de The Elder Scrolls 4 : Oblivion. La toile s’enflamme et sur les forums, des listes des différents plagiats sont dressées. Vampire : The Masquerade : Bloodlines, Return to Castle Wolfenstein, Painkiller, Le Seigneur des Anneaux : La Bataille pour la Terre du Milieu, Diablo 2, Silent Hill 4 : The Room, World of Warcraft, Enclave, Black & White 2, font partie de la longue liste de jeux pillés. Les cinématiques sont même directement reprises de films comme Spawn ou Pirates des Caraïbes.

Le jeu est rapidement retiré des rayons et Tim Croucher ainsi que Laurence Francis annoncent leur départ du studio. Steve Bovis est accusé par ses anciens collègues d’avoir sciemment volé d’autres œuvres sans en avoir prévenu l’équipe, en plus de garder plus de 50 % des revenus. Le jeu narrait l’histoire de Benjamin Spooner Briggs, le capitaine du Mary Celeste, un bateau américain découvert abandonné pour des raisons obscures en 1872, et sans aucune trace de ses passagers. Inspiré d’une histoire vraie et sujette aux rumeurs de malédiction, Tim Croucher déclarera plus tard à une journaliste avoir, peut-être, été maudit par le Mary Celeste dès qu’il a commencé à travailler sur le jeu. L’histoire de la création de Limbo of the Lost contient de très nombreux rebondissements, et nous vous encourageons à la découvrir dans notre JV Legends dédié !