En septembre 2017, la rédaction de JV établissait son classement des 100 meilleurs jeux de l’histoire. Au sommet, les lecteurs retrouvent un monument du FPS : Half-Life. Presque 25 ans après, ce dernier est-il toujours aussi agréable à jouer ?
Sommaire
- Black Mesa vous attend…
- Un FPS intemporel ?
- Dans le labo, personne ne vous entendra crier
- Mais c'est jouable au moins ?
- Half-Life, une pétarade toujours jouissive
- Alors, chef-d'œuvre ou supplice ?
Développé par Valve, Half-Life pointait le bout de son nez le 19 novembre 1998. Ainsi, les aventures de Gordon Freeman vont fêter leur 25ᵉ bougie cette année. Véritable pilier du FPS en 3D, il s'est rapidement imposé comme une référence. Durant l’E3 1998, il est récompensé du prix du meilleur jeu PC et meilleur jeu d'action au Game Critics Awards. En 2017, la rédaction de JV le désignait comme le meilleur jeu de tous les temps, devant The Witcher III, Final Fantasy VII et World of Warcraft. Mais alors, après tout ce temps, ce monument a-t-il perdu de sa splendeur ? Peut-il toujours plaire aux néophytes ou ne tient-il que grâce à la magie de la nostalgie ? La meilleure façon de le savoir était d'avoir un regard neuf et innocent, en l'occurrence le mien, moi qui n'y avait jamais touché jusqu'ici. Ne me lapidez pas tout de suite, je suis jeune, j'ai un début d'excuses... Quoiqu'il en soit, l'expérience racontée est ici celle d'une découverte d'une des oeuvres les plus influentes de l'histoire du dixième art.
Black Mesa vous attend…
Tout commence dans un wagon de monorail où une voix vous énumère les règles inhérentes à votre destination : le centre de recherche de Black Mesa. Vous incarnez Gordon Freeman, chercheur des matériaux anormaux et homme aux capacités de combat proches du néant, mais bien aidé par des armes et accessoires derniers cris. Votre rôle ? Pousser des cristaux dans un réacteur, parce que le budget était bon pour des missiles, mais un peu court pour un tapis roulant. Votre mission sera grandement facilitée par une armure capable d’encaisser les chocs et les éléments qui pourraient vous blesser.
Cependant, l’expérience ne se passe pas comme prévu et une explosion détruit partiellement le complexe. Pire encore, elle ouvre une brèche vers une nouvelle dimension : Xen. Avec ce pont interdimensionnel, des créatures vont pointer le bout de leur nez. Heureusement pour vous, votre combinaison vous a sauvé la vie, ce qui n’est pas le cas de tous vos collègues… Dans un premier temps, votre but sera de retourner à la surface et de sauver votre peau, loin de Black Mesa, mais vous comprenez que tout va se compliquer assez rapidement.
Un FPS intemporel ?
Quand il est sorti en novembre 1998, ce fut un choc. Avec Half-Life, Valve venait de révolutionner le FPS avec un sens du détail encore jamais vu. Alors s’il faut donner un avis actuel, autant commencer par l’évidence : oui, c'est daté. En même temps, quoi de plus normal après 24 bougies soufflées ? Les titres quasi intemporels le sont, car leur esthétique et leur gameplay sont devenus un genre à part entière. Par exemple, il n’est pas rare de voir, aujourd’hui, des jeux de plateforme 2D reprendre la formule de Super Mario Bros. sur NES. Mais, en définissant ce qui allait devenir la base d’une bonne campagne solo pour un FPS, Half-Life a vu ses successeurs le surpasser logiquement dans un genre qui avait encore beaucoup à donner. Graphiquement, il est à l’image de tous ses contemporains du début de la 3D : un témoin d’une technologie pas encore totalement maîtrisée.
Alors évidemment, si l’on se connecte à Steam pour jouer à son FPS précurseur, il faut faire preuve d’un esprit critique. Non, l’œuvre n’est pas intemporelle graphiquement. Oui, pour jouer à Half-Life, il faut être prêt à retourner dans une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. D’autant plus, la refonte sur le moteur graphique Source est connue pour comporter des bugs absents de l'original et n’offre pas de révolution graphique flagrante. Néanmoins, des fans ont fait un remake complet du premier opus. Intitulé Black Mesa, il reste fidèle et offre des textures bien plus agréables.
Dans le labo, personne ne vous entendra crier
Niveau sonore, le sound-design souffre aussi de l’âge, mais à un niveau beaucoup moins dérangeant. Les bruitages sont suffisamment variés pour ne pas être redondants. On vous prévient néanmoins, en récupérant les items présents dans les caisses éparpillées un peu partout, préparez-vous à la cacophonie de votre pied de biche sur ses boîtes. Un véritable plaisir pour les oreilles ! (Non.) Pour la musique, la bande originale n’est pas extrêmement fournie. Des musiques angoissantes ont tendance à surgir lorsque vous vous approcherez de zones plus compliquées ou garnies en ennemis.
Sur la forme pure, le point qui reste le plus agréable reste sûrement les “dialogues”. Si Gordon Freeman est muet comme une tombe, les PNJ soliloques vous mettront facilement dans l’ambiance. Bien écrits, les textes de ces derniers sont entachés d’un accent robotique, mais offrent un charme particulier. Mention spéciale aux gardes et leur alcoolisme aussi joyeux que prononcé devenu iconique avec le temps. L’histoire livrée n’a pas spécialement vieilli. Elle se raconte par les éléments du décors, son gameplay, l’atmosphère et des apparitions fugaces d’un étrange homme en costume. Par ailleurs, presque aucune cinématique n’existe dans le jeu. Même dans la légendaire séquence dans le wagon, au tout début, vous restez libre de vos mouvements. Vous ne souffrez donc pas du même coup de vieux que vous avez eu ce jour où vous avez relancé vos J-RPG de la même époque.
Mais c'est jouable au moins ?
Rappelons tout de même que l’approche contemporaine autour d’Half-Life reste du rétro gaming, tout chef-d'œuvre qu’il soit. Pour les amateurs de cette démarche, les points évoqués auparavant (qui ne sont pas des défauts, mais les traces d’une époque) ne les gêneront assurément pas. La seule question qui les taraude est la suivante : “On s’amuse toujours en jouant à Half-Life en 2023 ?” Alors, pour ceux qui trépignent depuis le début de l’article, on y arrive.
Principal point noir, il y a beaucoup (trop) de phases de plateformes. Si elles s’avèrent souvent intelligentes et très bien intégrées au level design, elles sont parfois terriblement rageantes. L’effet “patinoire” des anciens titre PC et PS1, où votre personnage parait glisser sur le sol à chaque déplacement, n’y est pas pour rien. Il peut arriver occasionnellement que le joueur reste bloqué dans une texture, vous obligeant à charger la dernière sauvegarde, qui peut être loin. Mais surtout, l'opération se corse une fois l’ultime zone atteinte. Si vous y avez déjà joué ou que vous n’avez pas peur d’être spoilé, vous pouvez lire le paragraphe qui suit. Sinon, passez votre chemin et sautez à l'intertitre suivant.
À la fin, vous vous rendez dans Xen. Cette dimension est constituée d’un petit ensemble d'astéroïdes où vous sautez de plateforme en plateforme à l’aide d’un module d’aide au saut. Cependant, le contrôle de ce dernier est très compliqué. Ajoutez à ça l’effet patinoire mentionné plus tôt et vous vous arrachez quelques cheveux devant votre écran. D’autant plus, le niveau devient très vite répétitif. Les ennemis affrontés restent presque toujours les mêmes et les munitions adaptées pourront venir à vous manquer. Quand vous pensez en avoir fini avec cet enfer et vous vous préparez à défier le boss final (Nihilanth). Malheureusement, l'une de ces attaques vous téléporte dans des zones à plateforme, rallongeant le supplice. En termes de gameplay, cette conclusion paraît vraiment frustrante comparée au reste de l'aventure.
Half-Life, une pétarade toujours jouissive
Alors, oui. On passe généralement un bon moment en jouant à Half-Life. Malgré les années, l’immersion est toujours présente. Le level-design est bon et vous aiguille facilement sur les choix à faire. Vous comprendrez que parfois les combats directs sont à éviter face à des entités trop fortes pour vous. Par ailleurs, il n’y a quasiment aucun boss. Néanmoins, la variété des ennemis permet de ne pas trop se lasser. Novatrice pour l’époque, l’intelligence artificielle de ces derniers a pris un sacré coup de vieux. Cependant, ne vous laissez pas surprendre : ils ne sont pas du genre à camper sur leurs positions et n'hésitent pas à venir vous chercher. En tout, Gordon Freeman croise plus d'une douzaine de types d’ennemis différents. Cela va de l’araignée alien à la tourelle en passant par le char d’assaut, il y en a pour tous les goûts.
Si l’arme la plus générale reste le fusil d’assaut, la taille des calibres varie. En tout, on trouve 5 catégories : les armes corps à corps (fusil à pompe et pied de biche), de poing, distance, lourdes et les explosifs. Chacune de ces catégories comprend au moins deux armes. Dans une époque où la plupart des FPS se concentrent sur un inventaire réduit (entre 3 et 5 slots), la diversité est plaisante. D’autant plus que chaque ennemi n’est pas sensible aux mêmes attaques. Rapide exemple : un soldat sans casque pourra être assommé en un coup avec un pied de biche. Celui qui en a un vous aura fusillé avant que vous ayez le temps de l’achever avec cet outil. Bref, votre inventaire est varié, mais surtout, il est utile ! Ce dernier vous permettra de répondre de manière adaptée aux différentes situations.
Alors, chef-d'œuvre ou supplice ?
En conclusion, le jeu iconique de Valve reste encore aujourd’hui très plaisant à jouer si on l’aborde avec une mentalité spécifique. Il faut prendre en compte l’approche rétro gaming et être conciliant sur les aspects ternis par l’âge en surface. De nombreux points conservent tout de même une saveur très agréable en 2023. Puis, les promotions restent récurrentes autour de cette licence phare. L’intégralité de la franchise Half-Life, à l’exception d’Alyx, est disponible via un bundle sur Steam. Le premier opus, seul, coûte moins d'une dizaine d'euros. Cette oeuvre légendaire vaut donc largement le coup de finir dans votre wishlist a minima. La Definitive Edition du remake non officiel, mais approuvé par Valve, Black Mesa coûte 14,99 euros. Alors, êtes-vous prêt à expérimenter un monument du jeu vidéo ?