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Sujet : [FIC] Lendemains incertains

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VingtsCoeurs VingtsCoeurs
MP
Niveau 10
19 octobre 2009 à 21:01:51

[Introduction]

Les productions 20<3 sont heureuses de vous présenter le dernier né de leurs industries ! Après quelques tentatives infructueuses pour produire une fic correcte, l'auteur < C'est moi :hap: > , pris d'ennui, a ressenti le besoin d'encrer la page. Il n'est pas sûr de la qualité finale du produit, ni de son avenir proche ou lointain.

Les [Udpates] (en gros les épisodes suivants) sont annoncés par cette petite balise moisie, enfin que les lecteurs potentiels puissent rapidement passer à l'épisode suivant dans leur frénésie littéraire (si des épisodes suivants il y a). Je proposerais certainement une participation de votre part, quand à la poursuite de l'histoire et autres trucs :hap: Je vous demanderais bien sûr à la fin de chaque épisode (implicitement, je vais pas marquer tout le temps "Alors, ça vous a plu :hap: ?") Afin de savoir si cela vaille le coup que je continue (oopa. Parce que faire un bide okay, mais écrire dans le vide ou l'indifférence.. makes me really sad :'( )

---------------------------------------

- Septembre 2011 : Le Commencement -

La sonnerie sur-aiguë de mon réveil me sortit de ma léthargie. Je me releva péniblement et m'assit sur mon lit, les mains sur le visage, me frottant des yeux encore engourdis par le sommeil. Le cadran analogique de l'engin indiquant 7h01, je me mis debout et marcha lentement jusqu'à ma cuisine afin de prendre le premier petit déjeuner de cette nouvelle année scolaire.

Le plan de travail de la minuscule cuisine de mon non-moins minuscule studio était jonché de vaisselle sale, glorieux souvenir des dernières semaines calmes et chaudes de l'été. Mon moral baissa encore en pensant que ces deux mois étaient passés si vite. Me faisant une place sur la table elle-aussi encombrée, j'entamais un bout de pain et allumait la lucarne qui me servait de poste de télévision, trouvée dans un atelier de récup', comme la plupart de mes meubles.
La tragique fin qu'on connu mes parents m'avait laissé dans une situation pour le moins délicate. Après leur accident, je restais seul, n'ayant pas de famille et refusant un tuteur qui viendrait bouleverser ma vie déjà morcelée par cette perte immense.
N'étant pas de riches hommes d'affaires, mais seulement des médecins voyageant à travers le monde, mes parents m'avait appris deux choses : savoir me débrouiller seul, de par leur absence plus que fréquente, partant aux quatre coins du monde afin de sauver des vies et d'aider les plus pauvres, et surtout, après leur mort, savoir faire du neuf avec du vieux, car l'argent qu'ils m'avaient laissés ne me permettait pas de faire des folies, juste de vivre normalement, chaque mois jusqu'à la fin de mes études et même un peu plus.
Cela faisait déjà trois ans... Je repris mes esprits et lança un regard vide à l'écran. Zappant sans trop savoir quoi faire, je m'arrêtais sur une chaîne musicale afin de mettre un peu d'ambiance avant de me préparer pour ce premier jour. La "rentrée" commençait à 10h30, j'avais encore le temps, mon horloge /de récup' aussi, avec un fond blanc représentant des moineaux et dont le son s'apparentait à un piaillement d'oiseau. Plus kitch tu meurs/ affichait alors 7h43. Moins le quart, quoi.

Glandant comme à mon habitude, je m'habillais avec ce qui me tombait sous le main, n'ayant pas fait de lessive depuis 2 semaines. Je peinais à trouver la sœur de ma chaussette, puis me résigna à prendre une autre qui ressemblait vaguement. T-shirt blanc, Chemise blanche aussi, jeans et chaussettes dépareillés, il ne me manquait plus que mes chaussures et mon sac de cours.
Ma prospection de chaussettes ayant pris du temps, je me hâta, bien que mon appartement ne soit pas bien loin du lycée, à environ un quart d'heure de marche. Je dégotais enfin mes Converses, seule paire retrouvée. Pas mes 'shoes' préférées, mais bon, valait mieux ça qu'y aller en chaussettes. Jetant un dernier coup d'œil à l'horloge, je jetait un bloc-notes, quelques stylos et un paquet de clopes dans mon sac, pour sortir de chez moi vers H-30.

Je fermais mon appartement et descendit calmement les escaliers, n'entendant que le bruit de mes pas et le grincement du vieux bois.
__

Tout droits réservés à VingtsCoeurs.
Jeu, set et match, dix de der et poule d'entrée. A vous la main.

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
MP
Niveau 10
21 mai 2010 à 23:14:57

[Ceci est un doublon qui fut créé à la suite d'une erreur fatale du forum :hap:
J'utiliserais ce topic pour poster toutes les suites les unes après les autres, afin de mettre en parenthèses le blabla habituel entre les différents updates]

[Update: 1]

/Septembre 2011 : Symptômes/

Marchant dans le brouillard qui englobait la ville, je me dirigeait vers mon lycée. Mon souffle se détachait de mon visage en nuages opaques, témoin du froid régional habituel en septembre - le nord-pas-de-calais, ça vous gagne ! - de plus, ce qui n'arrangeait rien, j'avais oublié de prendre mon blouson, et il était trop tard pour retourner à mon appartement, arriver en retard le jour de la rentrée, généralement on fait mieux comme impression. Je traversai les rues qui défilaient les unes après les autres, porteuses de souvenirs, tristes ou heureux. Les visages défilaient eux-aussi, généralement tous parés d'écharpes chaudes afin de protéger les gorges fragiles.
Déjà deux ans que le monde entier souffrait de la grippe A. Suite à la polémique sans fondements qui la décrivait comme une maladie mortelle, on s'aperçut qu'elle n'était somme toute pas plus dangereuse que la grippe saisonnière. Seulement, depuis deux ans, le monde souffrait de deux vagues de grippes par an, et le taux de mortalité mondial avait pour le coup sérieusement augmenté. Chaque année, la polémique reprenait, comme quoi elle avait muté cette année encore, mais les sceptiques finissaient toujours par prouver l'inverse, au grand dam des spécialistes de la pandémie qui s'étaient trompés déjà à l'origine.
La seule réalité qui m'apparaissait, moi, jamais malade, c'est que les ventes d'écharpes avaient dues sérieusement augmenter, et que les hypocondriaques devaient être à la fête, chaque toussotement étant signe d'une maladie très grave ne pouvant être guérie que par un médicament très coûteux, ce qui arrangeait bien les entreprises pharmaceutiques privées, qui s'en mettaient plein les poches. Beau monde que celui-ci, pensai-je, les oreilles, irritées par le froid et les bruits de gorges raclées et médicamentées.

J'arrivai devant mon lycée en avance, comme à mon habitude. Être ponctuel était l'une des seules valeurs que mes parents m'avaient inculqués, valeur qu'ils ne respectaient pas souvent. Le souvenir d'une longue attente le soir de mon 8e anniversaire me revint en mémoire, et mon regard s'assombrit un instant. Regard qui reprit son éclat lorsqu'il croisa celui de Claire, assisse à l'intérieur du lycée et m'observant depuis la baie vitrée du hall. Claire était la joie incarnée, je n'ai pas le souvenir de m'être jamais ennuyé à ses côtés. Peut être ma mémoire était troublée par mes sentiments, car - autant l'avouer - je n'étais pas insensible à elle. Elle vint me voir, ouvrant la porte du hall et sortant dans le froid pour me faire la bise. L'air chaud sortant du bâtiment s'échappa en un mince nuage s'élevant vers le ciel.
" Salut Clém' ! Bien tes vacances ? lança t-elle entre deux bises.
_ Pas trop mal. Bien que je ne t'ai pas vue, dis-je avec un sourire mi-figue mi-raisin.
_ Comment te dire ? J'ai eu la chance de partir en camp linguistique tout l'été en Irlande, loin de tout. Et si je ne t'ai pas vue, rassure-toi, je n'ai pas vu grand chose à part de la pluie, du ciel gris et des tableaux noirs.
_ Woaw. En même temps choisir l'Irlande.. Fallait le vouloir. Et le bilan de ton stage linguistique, Madame j'étudie-durant-l'été ?
_ L'inverse de ton bilan de première. Bonne volonté et résultats corrects, Sir.
_ On ne parlera pas des résultats de l'EAF de Français, dans ce cas, rétorquais-je, un petit sourire en coin.
_ Vaut mieux pas, j'avais pas envie de t'entendre te plaindre, dit-elle, se retenant de pouffer de rire.
_ Tiens tiens, mais qui voilà donc ! Bien vos vacances les gens ? " nous interrompit une voix familière.

Je me retournais pour voir Thomas, un de mes meilleurs amis - si ce n'est le meilleur - éternel à lui-même, avec son sweat vert délavé et son jean délavé lui-aussi. Ses cheveux mi-longs encore mouillés avaient les pointes gelées par le froid, faisant de sa coiffure une œuvre assez originale.

" Bien bien Tho, en même temps on a passé deux mois à glander ensemble, donc je ne t'apprend pas grand chose. Tu t'appelles Tho-mas. Répète un peu ? Tho.. mas. C'est facile, essaie.
_ Sympa, j'essaie d'être poli pour une fois, et tu me prends pour un autiste de seconde catégorie. Tu sais Clém, moi je m'en contrefous de ta life, c'était surtout pour savoir pourquoi la miss a tenu un silence radio durant deux mois. Tu sais, là, celle-ci. Claire la sociable, accrochée à Facebook nuit et jour, se nourrissant de sms et de mails, ayant une double vie sur MSN et un portable greffé à l'oreille. Je suis.. impressionné. Deux mois dans une cage, c'est dur ?
_ C'est plus facile quand on se dit qu'au moins on ne te vois pas durant ce temps, glissa Claire. Malheureusement, l'Irlande - et le coin pommé où j'ai passé les 'meilleures' vacances d'été de mon humble vie - était exempté de réseau, alors j'ai dû faire avec. Bon pour changer de sujet, Laure arrive bientôt ou pas ? Parce qu'on discute on discute, ça sonne dans 4 minutes.
_ J'ai le regret de t'apprendre que ta 'bestah' ne sera pas là durant un bout de temps, cause de grippe carabinée, commença Thomas.
_ Yep, en pleine épidémie saisonnière, notre humble Laure a passé le meilleur été qui soit : deux mois au plumard. On passait la voir chaque semaine. On pourra y aller après la remise des livres si tu veux, ça lui fera plaisir. D'ailleurs c'est toi qui prends les siens, voilà le papier, achevais-je.
_ Tss, ça commence bien, dit Claire en prenant la feuille de papier d'une couleur rose saumon pale et déprimante.
_ En même temps, c'est pas la seule. J'ai vu aux infos que le quart de la population mondiale environ fait la rentrée au chaud dans leurs draps, lança Thomas. La grippe A est 'achement virulente cette année, parait-il. Et comme d'habitude, c'est parce que, je cite, "la souche du virus se modifie constamment..
_ .. et que nous devons craindre que le danger qui représente déjà ne soit rien par rapport à son potentiel mortel.. blablabla." Entendu genre combien de fois cette été ? demandais-je.
_ Plus qu'une pub Carglass, c'est te dire.
_ Vous et vos délires débiles, glissa Claire.
_ Sans communications pendant deux mois, ça veut dire deux mois sans Carglass. Je ne pense pas que je tiendrais " , ricana Thomas.

La sonnerie tinta à nos oreilles, et nous nous rendîmes à la salle polyvalente afin d'être répartis dans les différentes classes et de récupérer nos livres. On espérait être une fois encore dans la même classe, comme chaque année. Le hall à moitié rempli se vida, et les escaliers menant à la salle polyvalente, eux, se remplirent. Assis sur les bancs en bois bancals, je remarquais que plus de la moitié de la promo manquait à l'appel. Si chaque année nous nous entassions les uns sur les autres pour la répartition, ici chacun prenait ses aises et des places restaient vacantes. Quelqu'un tapa sur le micro et fit entendre sa voix. A la place du directeur, ce fut un de mes anciens professeurs d'anglais qui prit la parole, pour nous expliquer rapidement que le directeur était malade.
Pendant qu'il procédait à la répartition, je ne cessais de penser que pour une fois, les soit-disantes conneries qui nous ont soûler tout l'été Thomas et moi nous atteignaient enfin de plein fouet.

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
MP
Niveau 10
21 mai 2010 à 23:15:31

[Update : 2]

/Septembre 2011 : Symptômes 2/

La journée de cours passa vite. Enfin, journée. On est allés chercher nos livres après la répartition, à tout casser ça nous a pris deux heures. Seul bon point de la journée, Claire, Thomas et moi étions dans la même classe. Après avoir déjeuner, nous passâmes voir Laure qui semblait très affaiblie. Nous partîmes pour la laisser se reposer, puis nous rentrâmes chacun respectivement chez nous.
Le train-train quotidien des cours m'emporta. Les semaines passèrent, les classes se vidaient peu à peu. Nous avions de moins en moins d'heures de cours assurées, nos enseignants tombant malades les uns après les autres. Dans un sens, c'était la belle vie. Le gouvernement prévoyait même de faire fermer les établissements scolaires afin d'enrayer la propagation de la grippe, ainsi que d'autres mesures prévoyant d'endiguer sa virulence. Peu à peu les aéroports et gares étaient fermés, afin que la grippe ne s'étende encore plus. L'économie mondiale s'en ressentait durement aussi, 50% de la population mondiale étant cloué au lit par une fièvre torride, et quasiment 1 malade sur 10 était emporté par la maladie. Les laboratoires mondiaux cherchaient un remède à la pandémie. Pour une fois, je m'étais trompé sur toute la ligne, au sujet de cette grippe. Ce qu'on nous promettait deux ans auparavant était en train de se produire sous nos yeux.

Dernière semaine de cours avant les vacances de la Toussaint. Enfin, vacances. On n'a plus que 4 heures de cours par semaine, seul le prof d'anglais est capable de les assurer correctement - même si dernièrement son nez commence à virer au violet, contrastant de manière singulière avec son teint pâle comme la mort - , les loisirs sont légions. Apparemment, on devrait être en mesure de suivre les cours par Internet, mais les modules prévus par le gouvernement sont soit obsolètes soit inachevés. Ne reste plus qu'à glander tranquillement chez soi, puisqu'il fait trop froid pour sortir.

Je me dirigeais vers la fenêtre de ce que j'aime appeler mon salon. Le givre bordait ses encadrements, et la buée empêchait de voir le panorama urbain. Perdu dans mes pensées, une envie me vint, et tel un bon tabacomane, je mis à mes lèvres une cigarette. J'ouvrais ma fenêtre et frissonnait au contact du froid avec ma peau. J'allumais celle-ci. L'air autour de moi se rafraichit soudain, tandis que mon esprit devint plus brumeux à chaque bouffée. Je pensais à Claire, puis le fil de mes pensées me conduisit à Laure, clouée au lit depuis bientôt trois mois. Mon bâtonnet de péché consumé et la fenêtre fermée, je sautais sur mon divan et pris la télécommande dans la main, prêt à me lobotomiser un peu plus. Zappant entre les chaînes, je tombais sur une chaîne d'infos qui relatait les crimes sanglants et cannibales d'un taré qui terrifiait le pays depuis quelques jours. Les journalistes faisaient le parallèle avec des évènements similaires qui se produisaient dans le monde entier, faisant le procès de "la secte la plus monstrueuse qui soit". Ces quelques images m'ayant coupé l'appétit, je restais affalé dans mes coussins durant quelques minutes. J'avais déjà passé l'été dessus, et le siège droit commençait à faire apparaître une empreinte de postérieur dont je n'étais pas peu fier. Je me relevais pour aller mettre mon blouson et sortir afin d'aller me changer les idées, quand on sonna à ma porte d'entrée.
_ Salut vieille branche ! me dit Thomas sur mon palier. Alors, on s'ennuie ?
_ Bah, j'allais sortir, mais puisque t'es là, entre.
_ Ma télé vient de rendre l'âme, et mon frigo est vide. Ferais-tu l'aumône d'un repas et d'une émissions à un pauvre gland tel que moi ?
_ Je vois le topo. Bon on commande une pizza et tu poses tes miches dans le canap', on va se faire une petite soirée télé alors.
_ Comme si t'avais le choix.
_ Tu veux rester dehors ?
_ Ou pas. Bon, je te paye la pizza, c'est quand même moi qui vient m'incruster. Ok ?
_ Mouaif, t'as raison, j'ai pas trop le choix, admis-je.
_ Je suivais une émission sympa et en direct, dit Thomas en allumant la télé pendant que je composais le numéro du livreur, Le mieux dans tout ça c'est que ça se passe ici, à quelques quartiers de là, donc c'est marrant de reconnaître les lieux à la télé.
_ M'okay, lançais-je, le combiné à la main. Et ça parlait de quoi ? O.. Oui bonjour, ça serais pour comm.. oui une pizza, expliquais-je à la petite voix criarde de l'employée.
_ Nanan, c'est pour un prêt immobilier, c'est un pizzéria quoi. Dit que je prend sur 20 ans ! , ricana Thomas, les yeux rivés sur l'écran.
_ Yep, une Royale alors.. RO-YA-LE. ROY.. Ok, dans 30 minutes, bonne soirée à vous au.. Connasse, dis-je en raccrochant.
_ Bon, go take a chair là, c'est la fin de la coupure pub.
_ Alors, ça parle de quoi ?
_ C't'un talk-show à l'américaine, jeune homme. C'est cool.
_ C'est chiant oui. Voir quatre péquenots qui se joutent sur la gueule verbalement, c'est vrai que c'est unique.
_ C'pour ça qu'on regarde. Un plateau en extérieur, ici, ils doivent se les geler, alors autant qu'ils s'excitent un peu.
_ Encore 4 cons de plus pour la crève, Yeehee.
_ Au point où on en est, 4 de plus, osef.

Lorsque l'image du plateau réapparut, nous restâmes sans voix durant 10 bonnes minutes. L'immense table en verre était brisée et maculée de sang, les sièges des invités étaient renversés et les micros diffusaient des grognements et des cris faibles sous un bruit sourd. La caméra bascula à terre pour faire apparaître un corps déchiqueté, semblable à ceux que j'avais vu dans le reportage précédent.
_ C'est quoi ce bordel ?? , gueula Thomas, les mains devant le visage, se retenant de vomir.
_ C'est forcément une connerie, disais-je. Un truc comme ça, ça se passe pas ici !

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
MP
Niveau 10
21 mai 2010 à 23:16:23

[Update : 3]

/Octobre 2011 : Hémoglobines et Hectolitres/

Choqués comme deux enfants devant un film pour adultes, nous avions les yeux fixés sur l'écran, sur la carcasse sanguinolente, nos visages marqués par l'horreur et l'incompréhension. Les bruits de viande qu'on déchiquète n'était rien comparés aux grognements bestiaux qu'on entendait en arrière -plan. Le cadavre tressautait comme si une bête sauvage en faisait son repas. Nauséeux, je changeais rapidement de chaine pour voir quasiment la même scène repassée en boucle et en boucle, sous forme de flash info : Attaque cannibale, menace biologique.. Tout les informations rapportées se contredisaient sauf sur un point : quelque chose de pas ragoutant se passait à quelques lieux de chez moi, et c'était pas pour nous rassurer Thomas et moi.
" B-b-bo-bordel ! Dis-moi que c'est des conneries ! On dirait un mauvais remake d'un Romero ! Un remake ultra gore et gerbant ! , balbutia Thomas.
_ Merde.. Je comprends rien, ils parlent de mutations, de virus d'un nouveau genre.. , dis-je, les méninges en feu. On dirait un mauvais scénario de film, c'est pas possible..
_ J'sens que.. commença Thomas avant de se ruer vers les toilettes. Arrivé là-bas, j'entendis un bruit de vomissement horrible.
_ P'tain.. Quand ça ira mieux, essaie de joindre Claire. Je vais voir sur Internet, les infos ne veulent plus rien dire. "
Pendant que Thomas vidait ses glaires, je tentais de comprendre un peu le bordel ambiant, mais le web était devenu un enfer de rumeurs et autres tuyaus tous plus saugrenues les uns que les autres. Entre fin du monde/jugement dernier, accident biologique/expérience ratée de l'armée/gouvernement et attaque de zombies, je ne savais plus quoi penser. Là où mes infos se rejoignaient toutes, c'est que des troubles pareils prenaient forme sur le globe entier, et que la plupart des responsables étaient devenus comme fou, enragé, se ruant sur tout ce qui bougeait pour le tuer et le consommer. Dans ce sens, on pouvait pencher pour un accident biologique, mais là où les rumeurs m'intriguait, c'est que les fautifs semblaient avoir perdu en plus de leur humanité, leur sens de la douleur.
Derrière moi, j'entendais un flash info du gouvernement, qui, pris de court, déclarait la loi martiale et l'envoi de troupes dans le secteur, ce qui aurait dû me rassurer. Et qui ne me rassura qu'à moitié.
J'entendais Thomas composer un numéro sur son portable quand la sonnette de ma porte retentit.
Thomas et moi restâmes figés, la peur dans le regard et les jambes flageolantes. La nuit commençait à tomber, et le dernier rayon de soleil qui illuminait le salon disparut à l'instant même où la sonnette retentit une seconde fois.
Une sueur froide courut le long de mon échine, tandis que j'attrapais une lampe dans ma main gauche. J'hésitais à avancer, puis une vision d'horreur me traversa l'esprit.

Claire était sortie ce soir. Et la voix de Thomas qui bafouilla ces quelques mots, en chuchotant : " Clém.. Claire ne répond pas. "

[Update : 4]

/Octobre 2011 : Hémoglobines et Hectolitres 2/

A peine ces quelques mots prononcés, mon esprit commença à se fermer et se forger une carapace afin de résister au flot d'émotions qui m'assailait. C'est donc les pensées brouillées, lampe à la main que j'ouvris la porte d'entrée, prêt à frapper.

La lampe décrivit un arc de cercle à travers la pièce. Devant moi, dans l'encadrement de la porte se tenait..
le livreur de pizza. J'avais lâché, de stupeur, mon 'arme' et regardai le jeune homme d'un air ébahi.
" Euh... Bonsoir.. C'est bien ici la pizza ?
_ Euh.. Ouais, ouais ouais c'est ici. Mais euh.. ça va ?
_ Ben, pas trop mal. Euh, ça vous fera 5 euros parce que j'ai dépassé les 30 minutes, j'ai dû éviter un espèce de spectacle de rue, ça bloquait pas mal de rues.
_ Un spectacle de.. C'est pas possible.
_ Sisi, mais pas dans le genre avec des clowns, c'est plus de l'art moderne, avec du maquillage ultra poussé à ce que j'ai vu. Un bon jeu d'acteur aussi chez certains, mais une tendance à l'exagération pour la plupart. Enfin, pour ce que j'ai vu depuis mon scoot'. J'avais fait Théatre au lycée, et.., commença le livreur.
_ Venez un peu, le coupais-je, vous allez comprendre que vous avez échappé de peu à..
_ Oui, j'ai esquivé un bus à deux pâtés de maison, et..
_ FERMEZ-LA ! Regardez maintenant ! , dis-je en pointant de mon doigt tremblant la lueur du poste de télévision.
_ Un film ? C'est nouveau ?
_ Malheureusement, c'est du direct, lança Thomas à travers la pièce. Nous aussi on aimerait bien que ce soit un film.
_ En direct ? Mais..
_ C'était pas exactement un spectacle de rue, non, continua Thomas.
_ Je pense que le moment est plutôt mal choisi pour faire de l'humour non ? T'as pensé aux autres ? A Claire ? A Laure, clouée dans son lit ?
_ Me..Merde.. C'est des conneries... , balbutia l'homme.
_ Et ben.. Non. Le truc c'est que t'as échappé à un mouvement cannibale, c'est déjà pas mal. Quoi ton nom, camarade ?
_ Yan..Yannick... Mais, vous ne comprenez pas..
_ Qu'est-ce qu'on ne comprends pas, Yan' ? dit Thomas, pendant que je restai, immobile, debout, assistant à une scène de théâtre.
_ Ma mère est clouée au lit, chez moi...
_ On a le même problème avec une amie, glissais-je.
_ Oui, mais j'ai perdu mes clés il y a peu..
_ Et donc ?
_ Comme elle a vraiment mal elle ne peut pas m'ouvrir, et.. on ne ferme plus la porte" , dit dans un souffle Yannick, passé dans mon estime du stade du livreur lambda à la victime d'une tragédie familiale.
Nous restâmes muets, moi et Thomas. Yannick baissa les yeux au sol. Pour les relever, quelques minutes plus tard, alors que nous étions toujours silencieux, et vociférer :
" Conneries ! Je vais descendre et vous montrer qu'il y a que dalle !
_ P'tain arrête, tu veux crever comme le gars à la téloche ? Le cadavre qui se vide du peu de sang qu'y lui reste, c'est ça que tu veux ? Calme-toi !
_ Dégagez ! " , poussa t-il dans un sanglot déchirant, avant de partir en trombe vers la porte qu'il avait passé quelques minutes avant, encore plein de joie de vivre, et qu'il franchissait alors les larmes aux yeux.

La poursuite dans les escaliers commença alors, Yannick descendant les marches quatre à quatre, son cas que de scooter à la main, qu'il fit tomber lors d'un saut pour rejoindre la grande porte du hall de l'immeuble. Nous n'étions pas à la dernière marche qu'un bruit de moteur déchira le silence qui régnait dans le hall. Bruit de moteur qui se poursuivit pendant quelques minutes, avant de s'arrêter net, comme stoppé dans sa course par un obstacle. Puis des cris. Et le silence, une fois encore.

"Bordel.. T..-tu-tu crois qu.. qu'il va bien ? chuchota Thomas.
_ Honnêtement, j'espère vraiment qu'il ne lui est rien arrivé " , dis-je, en essayant de ne pas imaginer ce qui aurait pu arriver à Yannick.

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
MP
Niveau 10
21 mai 2010 à 23:21:06

[Update : 5]

/Octobre 2011 : Hémoglobines et Hectolitres 3/

Dans l'obscurité du hall d'entrée, Thomas et moi nous tenions l'un et l'autre sur les marches de l'escalier principal de l'immeuble. L'ampoule tressautait, des étincelles jaillissant des câbles la reliant au plafond. Bien que ce spectacle me fut familier depuis quelques années déjà, je ne mesurait que maintenant l'angoisse que cette scène pouvait procurer. Ma réflexion fut interrompue par le vibreur du portable de Thomas - et du mien quelques secondes plus tard - affichant un message de...
" C'est Claire, annonça Thomas
_ J'ai le même, dis-je, l'esprit devenant de plus en plus clair. Elle dit qu'elle va bien, mais que ...
_ Sa soirée l'ennuie, je sais. Apparemment, on a pas les mêmes infos, elle et nous. D'un côté, c'est mieux pour elle pour l'instant, ça veut dire qu'elle n'a pas vu ce.. enfin voilà, d'un autre côté, c'est aussi possible qu'on se trompe totalement. Je veux dire, ça se saurait si.. Allez, on a du tomber sur un film !
_ Plausible, mais si tu te trompes, ne compte pas sur moi pour aller vérifier. "

Thomas resta silencieux pendant un moment. Puis déclara :
" Claire va de toute façon devoir sortir pour rentrer chez elle. Sachant qu'il n'est que 21h et quelques, ça nous laisse du temps pour vérifier ce qu'on a vu.
_ Et comment ? En checkant Internet ? Je te rappelle que je l'ai fait, et tu sais aussi bien que moi ce que j'ai vu.
_ Ouais, mais.. Allez, c'est peut être n'importe quoi !
_ Okay, on va vérifier. Mais en sortant.
_ Hé hé, c'est pas toi qui restait catégorique pour ne pas y aller, y'a quoi ? Cinq minutes ? Tu changes d'avis aussi vite ? Tout en sachant ce qu'il y a - peut être - dehors ? Ok. Sans moi.
_ Et Claire ? Si tu te trompes et qu'elle sort ? C'est pas toi qui disait au livreur de pas sortir y'a quoi ? 10 minutes ? Avant qu'il meure ?? C'est pas toi qui y croyait aussi dur que moi y'a dix minutes ? Tu veux .. !" , m'interrompis-je par mon portable qui faisait vibrer ma jambe entière, ou du moins ais-je eu cette impression.
" .. Je veux ?
_ Maintenant tu vas pas être me croire alors, lui dis-je en montrant le sms que je venais de recevoir.
_ Texto de .. Matt ? Non, t'as son numéro ?
_ Lis-le.
_ Mais.. C'est un conna..
_ LIS-LE.
_ Ok, ok.. Mais si je ne vois qu'un seul jeu de mots pourri, une sale blague salasse ou tout autre truc qui me rappelle sa tronche de BG de bas-étage, je te fais bouffer ton portable.
_ Lis ce foutu texto ou je vais te faire bouffer autre chose.
_ "Etions dans le parc pour fête, puis attaque, on a fui et .. " Raah je comprends pas le mot, c'est même pas du langage sms, c'est encore plus incompréhensible.
_ " ont foutu Gui à terre et l'ont bouffés ! Pas loin de chez toi ! Descend, ouvre qd on tapera !!!!.." En gros, c'est.. " , stoppais-je, après des bruits de cavalcade devant la porte de l'immeuble.
" CLEMENT !!! OUVRE PUTAIN !! ", gueula une voix en tambourinant à celle-ci.
Thomas et moi nous élancions vers la porte, entendant des cris de panique, pour voir surgir trois silhouettes de la porte et entendre la voix de Matthieu crier :
" FERME VITE !!!
_ Que.. Quoi ? , eu le temps de dire Thomas, avant de crier à sa tour, BO-BORDEEEEL ! "
Je n'eus le temps que d'apercevoir une silhouette courir quelques mètres devant la porte pour voir Thomas fermer celle-ci d'un coup sec, et s'agenouiller devant la serrure, tremblant.
_ Thomas, c'était quoi ?
_ C'..c'.. ça, c'était Guillaume, dit une voix féminine derrière moi, suivie par les sanglots d'une autre.
_ Ils.. ils lui ont arrachés la gorge et... et ils ont poursuivis un autre groupe et.. Et il n'arrêtait pas de trembler, et il y avait du sang, tellement de sang et... Et.. Et après qu'il ait arrêté de bouger depuis quelques minutes, il s'est jeté sur nous et.. Ai fini mon sms en courant en espérant que tu le reçoives de suite, et... acheva Matt, des sanglots dans la voix.
_ Ils ? Ils étaient comment ?
_ C'était.. des monstres. Ils manquaient des membres à certains et.. ils étaient maculés de sang..
_ Ils étaient combien ?
_ J'en ai vu que trois, mais avec Guillaume ça fait quatre, et en courant on a entendu des grognements à certains coins de rue.
_ Convaincu ?, lançais-je à Thomas.
_ Bo-bordel.. Tu-tu-tu l'as vu ou non ?
_ Pas eu le temps, pourquoi ?
_ Il.. Il lui manquait la machoire.. et de la bave tombait sur son t-shirt rouge déchiré en lambeaux.. On aurait dit un zombie exactement comme dans L4D...
_ L4D ? Tu t'accroches à un jeu dans de tels moments ?
_ Pour info, il portait un t-shirt blanc 2 heures avant, crut bon de préciser Matt.
_ Ok... Et j'imagine que c'est pour me dire qu'il en a pas changé, c'est ça ?
_ On peut le dire comme ça. Il s'est vraiment.. vraiment vidé de son sang, expliqua t-il avec une expression de dégoût. On aurait dit..
_ N'y pense même pas. Pas de blagues de merde maintenant, tu veux ? coupa Thomas, s'adossant contre le mur adjacent à la porte.
_ Mais.. " s'interrompit Matt.

La lumière lunaire filtrant à travers les carreaux teintés, quasiment opaques faisait apparaître une silhouette qui s'avançait en titubant. La fente de la boîte aux lettre laissait entendre des grognements qui me glaçait le sang.

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
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Niveau 10
21 mai 2010 à 23:21:39

[Update : 6]

/Octobre 2011 : Feuille d'Automne sanglante/

La silhouette qui se détachait par le clair de lune sur les vitres opaques - d'un bleu clair et profond - de la porte d'entrée s'affaissa soudain. Thomas, la tête au niveau de la boîte aux lettres, à quelques centimètres seulement, retint son souffle. De l'encolure de celle-ci s'échappait le souffle macabre de Guillaume, ex-lycéen et néo-chose. Les minutes passèrent, le souffle régulier, horrifié, mon imagination fertile créant sans mal une forme accroupie quasiment derrière Thomas, la tête contre la boîte aux lettres, sentant l'odeur du sang que nos trois nouveaux compagnons arboraient sur leurs vêtements.
Puis le souffle s'arrêta. Les secondes parurent des heures, aucun bruit ne venant perturber ce silence - de mort, comme n'aurait pas manquer de mentionner Matt, affalé sur les marches de l'escalier, s'il avait été en état de plaisanter.
La vitre se brisa dans un fracas, une main ensanglantée venant des ses doigts décharnés agripper le coup de Thomas, le planquant contre la porte, à la merci de son agresseur.
Je me précipitais à la rescousse de mon ami qui luttait avec ce bras - vidé de toute vie mais empli de force inhumaine - , des morceaux de verre écorchant le visage de Thomas et coupant profondément les doigts de notre assaillant. A peine fus-je arrivé au niveau de Thomas que tout le verre de la porte céda et se précipita sur Guillaume - enfin, l'ex Guillaume - et Thomas. Je sentis un vive douleur à l'épaule droite mais n'en tint pas compte pour l'instant : je contemplais un fragment de verre fiché en plein crâne de la chose et le corps de Thomas sous celle-ci.
Je décochai prestement un coup de pied dans le cadavre afin de dégager mon ami, mais lorsque qu'il prit ma main, la douleur de mon épaule se décupla. Tandis que Thomas se relevait, ôtant les tessons de verre de ses vêtements, choqué de la scène qui n'avait duré que quelques secondes, quelques minutes tout au plus, je contemplais le morceau de verre qui s'était planté dans mon épaule, alors que je tentais de jouer au héros, volant au secours de mon ami. La tâche de sang s'agrandissait au fil des secondes, en même temps que la douleur augmentait. Le blanc de mon T-shirt, souillé par la transpiration des derniers moments peu habituels se retrouvait teinté de pourpre, progressivement, et le froid ambiant, tombant sur mon corps entier, faisait doucement geler mon sang, qui coulait le long de mon épaule, une rivière cramoisie dont la douleur se faisait de plus en plus sourde. Ma vision se brouilla un instant, et j'entendis à peine mes compagnons d'infortune prononcer les quelques mots : " Faut aller... Pharmacie.. " Des mots qui ne signifiaient rien pour moi dans mon état, qui sentait mes jambes se dérober peu à peu sous mon poids, la douleur sourde se mêlant au bruit sourd de ma chute et aux gémissements sourds que je peinais à produire.

Je repris connaissance dans un endroit plutôt familier : la pharmacie du coin de la rue. Le petit groupe que j'avais quitté, forcé par la douleur, me faisait face, je voyais leur visage de plus en plus clairement à mesure que je recouvrais ma vision. Je fis mine de me lever, mais mon épaule m'interdis tout mouvement. Je remarquais dans une grimace un nouveau visage, celui du pharmacien de garde, M. Gills. Son visage bienveillant à mon égard fit presque écran aux raisons connues qui m'avaient amenés ici.
" Re, Clém, dit Thomas, le visage souriant, ses blessures superficielles recouvertes de sparadraps multiples. Tu t'en sors bien, mais merci quand même pour avoir tenté de me sauver, Superman.
_ Mmf, je me suis pris un putain de bout de verre dans l'épaule, ça tombe bien... Vous m'avez amené quand ?
_ Y'a 15 minutes, t'es pas resté dans les pommes longtemps. Heureusement que M. Gills était là, parce que sinon, avec ce qui rode dehors et la porte pétée, on était mal, déclara Matt.
_ J'ai fais ce que j'ai pu. Mais j'ai encore du mal à croire ce qu'il se passe.. J'ai pourtant bien vu la télévision, écouté votre histoire... Mais j'en reste abasourdi.." dit M. Gills, penaud.
Il avait la vingtaine, plutôt grand. Je le connaissais depuis maintenant 2 ans, il était de garde à la pharmacie quasiment tout les jours et aux horaires les plus incongrus. Etudiant en médecine, il avait du mettre entre parenthèses ses études lorsque son oncle, pharmacien de son métier, attrapa la grippe H1N1. Depuis, en attendant son rétablissement, il s'occupait de tout et se répartissait les tâches avec Marie, l'intendante, jusqu'à sa mort l'hiver dernier, durant la vague de grippe H1N1 (si l'oncle Gills, de constitution robuste avait résisté durant près de 2 ans jusqu'alors, la fébrile Marie n'avait tenu que deux mois. La dernière image que j'avais retenu de M. Gills, c'était le visage balafré par des cicatrices de douleurs et des rivières de larmes). C'était un homme de principes et surtout un homme rationnel, ce qui expliquait d'autant plus son scepticisme sur les évènements.
" Si vous voulez aller vérifier, le cadavre de Guillaume vous attend, entre les débris de verre, lança Thomas.
_ Heureusement que vous étiez là, M. Gills, dit une des voix féminine que j'avais entendu avant toute cette.. agitation.
_ Sans vous, on serait restés à la merci de ces choses, avec celui-là baignant dans son propre sang, crut bon d'ajouter l'autre voix féminine.
_ Celui-là, il a un nom, glissais-je, sans vraiment me faire entendre. "

Au fil de la conversation, j'appris les noms de ces deux filles. La première, brune, assez jolie et plutôt.. décervelée s'appelait Jade. Elle avait 17 ans et était dans un autre lycée que le mien, non loin. C'était Guillaume qui l'avait ramenée (elle sanglota d'ailleurs à l'évocation de son nom) pour leur 'soirée' - avant que cela ne tourne au vinaigre, bien entendu - dans le parc.
La seconde, aux cheveux noirs de geais, se prénommait Isabelle. Plus subtile que son amie, elle était en fait dans la même promo que moi depuis mes 5 ans, et je ne le remarquais réellement que maintenant - preuve de son grand intérêt à mon égard, et réciproquement - .

Ces bavardages auraient pu continuer longtemps ainsi si la triste réalité ne nous rattrapait pas aussi vite. C'est cloué dans mon fauteuil qui avait servi de table d'opération, observant les visages tendus de mes compagnons lorsque des bruits retentirent à l'étage.
" Mon oncle ? Réveillé ? A cette heure ? " s'enquit M. Gills, dont la voix sonnait faux, les syllabes bloquées dans sa gorge et des gouttes de sueurs perlant à son front.

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
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Niveau 10
21 mai 2010 à 23:22:27

[Update : 7]

/Octobre 2011 : Feuille d'Automne sanglante 2/

Les bruits continuaient à l'étage. Pétrifiés, dans une obscurité partielle, nos visages ne laissaient apparaître que de la peur. Jetant un coup d'œil à la seule fenêtre de la pharmacie, je remerciais le destin d'avoir ôté de l'esprit de l'oncle Gills l'idée de faire une vitrine, ce qui m'évitai de penser à ce qui pouvait nous attendre dehors. Sans - bien sûr - penser à ce qui nous attendait à l'étage.
" Je.. Je vais aller voir ce qu'il se passe, dit M. Gills, avec difficulté.
_ Je serais pas trop pour, à votre place, chuchota Matt. A tout les coups il est devenu comme eux qui rodent dehors.
_ Putain, nous fais pas flipper !, dit Isabelle sans bouger les lèvres, se tournant vers Jade qui semblait plus que terrifiée.
_ Pour une fois, je suis d'accord avec lui, siffla entre ses dents Thomas. C'est trop glauque pour être rien. Je veux dire, les gars dehors sont pas devenus des monstres sanguinaires pour rien, non ? Y'a forcément un truc qui clochait avant.
_ Dixit le gars qui n'y croyait pas deux heures avant, ajoutais-je.
_ Après ce qui s'est passé, autant dire que je m'y suis forcé. Bref, ce que je pense, c'est que la grippe a transformé ces gars en.. trucs. C'est quasi-sûr. Alors, d'après ce que je sais de l'oncle de M. Gills, il est malade - depuis un bout de temps même - . Je ne suis donc pas tout à fait chaud pour monter dire coucou à Tonton Zombie.
_ Et si tu te trompes, on le laisse crever, en gros. Et si t'as raison, Laure connaît actuellement une grosse envie de chair humaine. En gros, je pense personnellement que tu dis n'importe quoi " , m'interrompis-je, notant que le bruit à l'étage avait cessé.
Un temps passa, le silence reprenant ses droits sur la petite discussion qui nous venions de tenir, puis fut brisé par des pas à l'étage. Espacés, lourds.. Chaque pas semblait être un poids de plus sur mon coeur, un des derniers coups de l'horloge de mon coeur.
" Il-il ne s'est pas levé depuis sept mois, crut bon de stipuler M.Gills.
_ Merci, c'est très rassurant, ajouta Thomas. En tout cas, je ne monte pas là-haut.
_ Pa-pareil, dirent Jade et Isabelle en chœur, le menton tremblotant de peur.
_ Pas - pas besoin, la po-por-porte menant à l'étage n'est pa-pas fermée, bégua M. Gills.
_ Suuper " , dis-je.
En effet, comme pour justifier les paroles de Gills, les pas lourds se firent entendre de plus en plus forts, se rapprochant, pour devenir clairs lorsqu'ils atteignirent le bois de l'escalier. La tension ambiante, d'abord palpable, devint à couper au couteau, le souffle terrifié de chacun venant monter la température de la pièce. La porte de celle-ci s'ouvrit en grinçant, nos regards terrifiés n'osant regarder son encadrement, ainsi que la personne - ou la chose - qui l'avait ouverte.
La silhouette titubante trébucha et s'affala à terre, à quelques mètres de nous. Nous restâmes immobiles, puis M. Gills se précipita vers celle-ci. Inerte, le corps de l'oncle Gills faisait entendre une respiration lente, ce qui ne me soulagea qu'à moitié. Si elle ne ressemblait en rien à la respiration lourde et difficile de Guillaume/chose, ça ne prouvait pas la normalité du corps que retournait à l'instant M. Gills... Laissant apparaître des yeux gris terne, me rassurant quelque peu. Rien à voir avec les yeux injectés de sang qu'arborait Guillaume lors de son attaque.
M. Gills installa le corps de son oncle sur un fauteuil semblable à celui que j'occupais, corps qui reprit ses esprits après quelques minutes, le front en sueur.
" Ah.. Joseph, c'est toi... Du monde si tard ? Oh ma tête..
_ Du calme mon oncle. Que s'est-il passé ? Vous vous êtes levé.
_ J'étouffais... J'étouffe, rectifia l'oncle Gills. Ma fièvre ne cesse d'augmenter, je pensais que..
_ Il y a ce nouveau médicament, mon oncle. Apparemment, il devrait faire des miracles, cela devrait vous soulager. Tenez, dit M. Gills en tendant un flacon de pilules à son oncle dans la main droite, et un verre d'eau glacée dans la main gauche.
_ Merci... Alors, jeunes gens, qu'est-ce qui vous amène en plein milieu de la nuit ? " lança celui-ci après avoir ingurgité deux pilules noires et blanches et reposé son verre sur une table à côté de son fauteuil.
L'oncle Gills s'endormit paisiblement en plein milieu de notre explication, après quelques protestations aux évocations de mots tels que "monstre" , "zombie" et "sanguinaire". Intérieurement, je pensais qu'il nous prenait pour des drogués, car, d'un point de vue objectif, notre histoire semblait invraisemblable.
Nous passâmes de longues minutes à ressasser notre nuit, moi dans l'attente désespérée d'une réponse de Claire. Au moment où j'imaginais le pire, je remarquais qu'un détail clochait : le buste de l'oncle Gills ne bougeait plus. Le jeu de lumière sur sa robe de chambre de satin pourpre s'était tu. Au moment où j'en avisais les autres, et que leurs regards se tournait vers son corps inanimé, il ouvrit les yeux, nous fixant d'un air étrange, nous dévisageant.

Ses pupilles étaient d'un rouge sombre, et de son œil droit coulait une larme de sang.

x-Sawyer-x x-Sawyer-x
MP
Niveau 10
21 mai 2010 à 23:22:43

Tiens, une fic' qui a l'air pas mal écrite, c'est rare. :p)

Moui3 Moui3
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Niveau 6
21 mai 2010 à 23:23:05

Chaud le bide :rire:

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
MP
Niveau 10
21 mai 2010 à 23:23:37

[Update : 8]

/Octobre 2011 : Feuille d'Automne sanglante 3/

Alors que mes yeux croisaient ceux emplis de fureur de l'oncle Gills, leur couleur me rappelèrent furtivement la conversation que j'avais eu le matin avec Claire, dans le parc non loin du Quai du Wault. Peu de mots mais beaucoup d'images, dont une feuille de chêne d'un rouge pur tombant entre nous, assis sur un banc. Pourquoi cette image me revenait en tête ?..
Des yeux haineux du vieillard sympathique jusqu'alors tombèrent des larmes de sang, de ses commissures de lèvres sortaient un cocktail de bave rageuse et d'hémoglobine qui coulait en un fil rougeâtre le long de sa bouche. A peine la première goutte de ce filet tombée qu'il fondait sur nous, enragé et poussé par une force inhumaine.
Il tomba sur son neveu qui se débattait sous le poids de son oncle corpulent, appelant à l'aide : Horrifiés de voir le danger juste devant nous, nous étions pétrifiés et incapables d'intervenir, regardant, impuissants, l'oncle se faire un festin du neveu, lui arrachant la gorge et se délectant du flot noir qui sortait de ses plaies.
Jade et Isabelle hurlèrent, ce qui attira l'attention de l'homme qui était devenu ce que nous craignions dès lors, qui laissa le cadavre qu'était son neveu pour chercher du sang neuf. Matt et Thomas, terrifiés, se lancèrent à leur secours, attrapant tout ce qui était à leur portée et le projetant sur le vieil homme avec l'énergie du désespoir, ce qui lui fit changer de cible, se ruant sur Matt pour faire une deuxième victime.
Je me levais et tentais d'attraper le tabouret qui était à ma droite, sur lequel Thomas s'était assis lorsque tout était encore calme, mais à mon premier mouvement la douleur se signala une fois encore, et je dus le prendre le plus vite possible de ma main gauche afin d'asséner un coup médiocre sur le crâne du monstre, que Matt repoussait de toutes ses forces afin de ne pas mourir.
" ENLEVEZ-MOI CE TRUC BORDEEEL ! , s'époumonait-il, les cris de hargne de la bête se mêlant à ses plaintes.
_ Prends ça enflure ! dis-je en donnant un second coup à la chose, sans succès une fois de plus, sauf celui de briser le tabouret et de me trouver avec un bout de bois inutile en main.
_ Donne ça ! " gueula Thomas, me prenant le pieu de la main, décochant un coup de pied dans la tête de l'oncle, qui se retrouva projeté à côté de Matt, soulagé pour un temps, et enfournant dans la gueule ouverte de l'horreur ce pied de tabouret, avant de faire taire le monstre pour toujours en enfonçant d'un second coup de pied ferme celui-ci, faisant gicler à flot un sang impur qui éclaboussa quelque peu Matt.

" Putain, c'était quoi ce truc... , commença Thomas avant de se raviser et de se tourner vers le cadavre de M. Gills. Faut l'achever, avant qu'il ne devienne comme son oncle.
_ Wooo, attends, c'est pas un film ! protestais-je.
_ Si je me trompe, il est déjà OUT, et si j'ai raison et qu'on ne fais pas ça, on va le devenir ! " argumenta t-il en joignant le geste à la parole et en écrasant de plusieurs coups de pied le crâne et la cervelle encore chaude de l'homme qui m'avait soigné et qui nous avait accueilli dans ses dernières heures.

Le sang du neveu et de l'oncle se mélangeaient en une rivière de sang qui suivait les rainures du carrelage de la pharmacie, un circuit pourpre qui s'étendait lentement mais sûrement. Je songeais aux horreurs que j'avais vues, et me demandais combien d'autres j'allais en voir encore avant la fin de la nuit, avant l'arrivée de l'armée. Dans un état de choc, bercé par les murmures des deux filles, le silence de Thomas et les remerciements de Matt, mes pensées furent cassées par un texto de Claire.

[ De : Claire Temnies A : Tous.
" Coincée dans le métro, poursuivie par choses !! Petit groupe, Aidez-nous ! " ]

[Merci boy, je la up depuis un moment déjà, j'avais des lecteurs, mais, mon absence poussée les a fait partir :hap: ]

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
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Niveau 10
21 mai 2010 à 23:24:10

[Update : 9]

/Octobre 2011 : Virée Nocturne/

Mes yeux se posaient sur l'écran de mon portable, sans vraiment voir le contenu du message, mais dont la signification allait tout droit à mon esprit. Appuyant sur la touche de sécurité par mégarde, je voyais, en de grands chiffres blancs familiers, s'afficher l'heure.
22h27. Si peu de temps était passé, et tant de choses s'étaient produites.
Si les choses continuaient à ce train-là, la nuit serait longue, songeai-je.
" Alors, message de qui ? lança Thomas, le regard vide, observant vaguement le crâne qu'il venait d'écraser, comme s'il avait fait ça toute sa vie.
_ Claire, articulais-je difficilement.
_ Et ? demanda Matt.
_ Métro, ces trucs à leur trousse. Elle est avec un petit groupe, ils tentent de fuir.
_ Je sais déjà ce à quoi tu penses, glissa Thomas, le regard toujours braqué sur les corps inanimés.
_ Idem, claqua Matt, ses mots tranchant comme de l'acier, ou peut être était-ce la fatigue qui me donnait cette impression.
_ Qu'est-ce que.. Quoi ? demanda Isa. On va pas sortir quand même ?!
_ Hein ? fit Jade, ébahie. Tu penses peut être qu'on va les laisser crever, comme Guillaume ? " dit-elle, déterminée.
Durant le silence qui suivit ses paroles, je me rendais compte que c'était l'une des seules fois où j'entendais le timbre de la voix de Jade, jadis caché par ses sanglots et plaintes. Derrière le visage traumatisé se cachait une volonté de fer qui transparaissait derrière ses yeux.
" Bon, si on sort, autant ne pas y aller les mains vides. Doit bien y avoir un sac, on va y mettre des médocs et autres trucs utiles, et essayer de se trouver des armes, fis-je, ne croyant pas moi-même mes paroles. "
Mon assemblée acquiesça mes propos, et partit en quête de tout ceci en essayant d'éviter la mare de sang au milieu de la pièce. Après quelques minutes, notre inventaire se résumait à des boîtes de sparadraps et de bandages, des médocs en tout genre style fièvre, mal de gorge et autres, mis façon vrac dans le sac; ainsi que les deux pieds restants du tabouret brisé, quelques couteaux de cuisine trouvés à l'étage, des briquets et des bombes de déodorants venant de la même source, et une barre à rideau décrochée servant de lance de fortune. On se répartissait le tout, me prenant un couteau d'une belle longueur, Matt les lance-flammes potentiels, Thomas les pieux de bois dont il semblait connaître le fonctionnement, Isabelle la barre de rideau en métal et Jade deux petits couteaux de cuisine (enfin, petits, tout est relatif, et puis ce n'est pas la taille qui compte :hap: ).

Nous étions parés, mais nous retenions notre souffle lorsque nous nous tournâmes vers la porte d'entrée franchie environ une heure auparavant. Qu'allions-nous trouver derrière cette porte ? Je tentais de rassurer le groupe, en stipulant que la prochaine station de métro n'était pas bien loin, vers Grand'Place, à un quart d'heure de marche tout au plus - ce qui ne me rassura pas tellement, et qui eu un effet inverse sur le groupe, pensant aux prochaines minutes passées dans le froid et la peur - .

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
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Niveau 10
21 mai 2010 à 23:24:38

[Update : 10]

/Octobre 2011 : Virée Nocturne 2/

Je m'apprêtais à ouvrir la porte d'entrée massive, mais alors que ma main touchait la poignée et ressentait le froid du métal gelé, je jetais un dernier coup d'œil à notre groupe :
Jade se tenait en seconde position, les pupilles brillant d'une étincelle qui m'inquiétait quelque peu. Elle portait un jean slim d'un noir profond - et, bien que j'avais les slims en horreur, lui seyait assez - , qui arrivait à sa taille fine et était retenu par une ceinture à la boucle énorme. Elle arborait de solides bottes de cuir brunes foncées dont les semelles baignaient dans la flaque de sang qui s'écoulait toujours sur le carrelage, silencieusement. Elle portait une doudoune sans manche, simple, qui laissait apparaître les manches d'un pull de soie blanc sous lesquelles dépassaient les manches longues et noires d'un t-shirt. A ses mains, les deux couteaux qui brillaient à la lumière fébrile que procurait l'ampoule de la pharmacie.
Derrière elle, se tenait Thomas, son jean habituel, son pull noir qui transparaissait dessous son cuir noir laissé ouvert, ses éternelles converses noires, et ses pieds de tabouret fraichement brisés.
A ses côtés, Isabelle, le regard fuyant, ses cheveux ténébreux le laissant à peine transparaître. Son jean blanc était tacheté d'éclaboussures de sang, ainsi que ses chaussures noires. Elle portait un pull de soie à col roulé gris, et un blouson en jean noir. A ses mains, deux gants en cuir du même noir que les bottes de Jade, tenant fermement sa barre de fer improvisée et sur-dimensionnée.
Tout derrière, jetant un œil mi-dégoûté mi-amusé aux cadavres et à la marre de sang qui s'en échappait, Matt. Caban noir, gants noirs tenant briquets et bombe de déo. Jean noir à son tour, et à sa ceinture attachée tout bien que mal une seconde bombe de déo - certainement en cas de pépin, le reste du stock étant détenu par Thomas, portant le sac - . Il levait ses pompes noires elles-aussi en essayant d'esquiver le plus possible le sang qui avançait sur le plat glacé du carrelage.

Ces quelques observations faîtes, je pris une grande inspiration et ouvrit la porte. Devant nous, rien. Je descendis lentement le perron, prudemment, regardant à droite et à gauche dans l'espoir de ne pas voir de silhouettes sombres se cachant dans l'ombre. Espoir qui fut récompensé, pour l'instant. Nous avançâmes ensemble devant le perron, et refermâmes la porte sans bruit, et sans regret. Je sortis fébrilement une cigarette du paquet situé dans la poche de mon blouson, en proposa à tout le monde et attendit que Matt me l'alluma afin d'inspirer une bouffée destinée à calmer mon stress, mon excitation et surtout ce sentiment d'oppression et d'être observer qui me faisait couler des sueurs froides. La fumée de nos cigarettes, à Thomas, Matt, Isa et moi se diffusait dans l'air glacé lentement, et les cendres tombaient à nos pieds, sans bruit autre que le papier à cigarettes se consumant. Un silence ô combien terrifiant. Nous commençâmes notre progression dans les rues de Lille, guettant le moindre bruit suspect et la moindre forme suspecte. Durant plusieurs minutes, le silence planait sur nous, tel un voile comprimant l'air que nous respirions avec difficulté. A chaque bouffée, il me semblait que l'air se refroidissait de plus en plus. La route était déserte, seules quelques voitures abandonnées gisaient sur notre passage. Les propriétaires volatilisées, et leurs clefs aussi, malheureusement. Dans plusieurs d'entre elles, nous trouvèrent des vestiges de leurs occupants, tel que billets de cinéma datant du jour même, ou encore nounours en peluche usé et mâchonné par les quenottes d'un enfant.
Notre progression nous fit découvrir près de la Grand'Place de Lille une carcasse humaine, mâchonnée quant-à-elle par les crocs non moins humains d'un bête qui ne l'était certainement plus.
Nous approchâmes du but, à savoir le métro, sans que rien de grave ne fut arrivé sur la route, qu'à peine arrivé en haut des escaliers et escalator de celui-ci, nous vîmes les marches souillées par un fluide d'un pourpre profond.
Un appel à l'aide sorti du fin fond de la station, à peine audible, mais suffisant pour déchirer le silence qui pesait.
Nous descendîmes quelques marches lorsque quelque chose craqua sous les pas de Jade...
" Un-un doigt.... "
Elle avait écrasé ce qui restait d'un cadavre : un doigt humain ou il restait plus d'os que de chair, et sur la chair brillait en de rares endroits où le sang ne l'avait pas tachetée une lueur doré, celle d'une alliance.
Un spectacle horrifiant, qui s'accompagna d'une redondance des appels à l'aide, au loin dans la station, provenant du tunnel sombre, éclairé par de minuscules lupiottes crépitant et s'éteignant fréquemment. Pas de quoi nous rassurer à nous engager dans ce tunnel.
Puis les appels à l'aide se transformèrent en cris plus proches que jamais. Et mon portable de sonner :
[ 1 nouveau message de : Claire ! ]

readyy2k8 readyy2k8
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Niveau 6
21 mai 2010 à 23:25:58

Met la sur Noelfic jeune gomme :bave: ça me donne envie de lire :ok:

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
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Niveau 10
21 mai 2010 à 23:26:05

[Update : 12]

/Octobre 2011 : Terminus, tout le monde descend ! 2/
=> Métro Rihour

Tandis que je tenais Claire dans mes bras, je vis les membres de notre groupe nous dépasser l'un après l'autre, afin de prêter main-forte aux autres inconnus qui accompagnait Claire. Matt, peu assuré au début, pris goût à cramer ces choses aux côtés d'une de ses connaissances. Jade, elle, partit dans la mêlée, tandis qu'Isa resta à nos côtés, regardant la scène de loin, pétrifiée.
Tandis que Claire enfouissant son visage dans le mien, je vis Thomas s'acharner sur ce qui restait de Laure. Ses pieux plantés dans le visage déjà torturé de feu notre amie, il continuait à frapper le corps sans vie, longtemps après que le reste du groupe fit son compte aux autres. Je m'étonnais de la facilité déconcertante avec laquelle nous avions mis en échec dix monstres et la difficulté que nous avions eue avec un seul d'entre eux, auparavant. Mais l'heure n'était pas à la réflexion. Je vis Matt s'approcher de Thomas, ses pas silencieux. Il s'accroupit au niveau de son visage, et lui murmura, assez distinctement tout de même :
" Allez Tho'. C'est fini.
_ Bordel, bordel, boooordeeel... murmurait-il inlassablement, depuis qu'il avait commencé à frapper Laure.
_ Ce truc est mort. Relève-toi gars. Si tu la connaissais, tu sais aussi bien que moi que taper dessus ne la fera jamais revenir. Viens.
_ Boordel... " , dit Thomas avant de s'arrêter de frapper le sac de chair et de sang qu'il avait laissé.
Il se releva, le visage en larmes, les mains en sang. Il prit une barre de fer qui trainait là, afin de se ré-équiper, puis rejoignit le groupe que nous formions à présent.
" Les présentations pour plus tard, avant faudrait se mettre à l'abri le plus vite possible. Quelqu'un a une piaule pas trop loin ? Une piaule sûre ?
_ Moi, dit Isabelle. A vingt minutes à pied. Au Quai du Wault.
_ Eh bah en avant, ne trainons pas ! " déclara le même inconnu, apparemment leader auto-proclamé du groupe.

Nous refîmes le trajet en sens inverse sans rencontrer ces choses, fort heureusement. Arrivé devant l'escalier, une horloge numérique indiquait presque minuit. La nuit ne faisait que commencer..
Grand' Place, la fontaine désertée, à l'inverse du midi où généralement la place est bondée. Toujours rien à l'horizon, et pourtant..
" Hé ? Ce corps là, il était pas là à notre arrivée... " , remarquais-je.
L'eau généralement terne de la Fontaine était colorée par le sang d'un cadavre fraichement tué, - une sorte de fontaine de sirop de grenadine sanglant, pensais-je - mais pas de "choses" à l'horizon.
Nous entamâmes alors notre trajet vers le Quai du Wault, mais arrivé au niveau du parc situé juste avant - parc qui me rappelait des moments passés avec Claire, et aussi maintenant l'œil sanglant de l'oncle Gills - la triste vérité nous éclata aux yeux. Des cadavres de SDFs jonchaient les bancs couvert de sang, la terre était gorgée d'hémoglobines de couples romantiques et nostalgiques du clair de lune, les feuilles de chêne baignant dans le fluide vital de celui qui les abreuvaient. Le vent cassa le silence qui était autour de nous, passant entre les buissons, chaque bruit manquant de nous faire perdre raison. Je tremblais et suait à grosses gouttes, non de peur mais de manque et surtout de stress. J'avais besoin de nicotine, et malheureusement j'étais pétrifié, cette fois par la peur, et n'osai allumer une autre cigarette, ce qui aurait certainement pu nous faire repérer.

Notre trajet jusqu'à l'appartement d'Isa se fit dans la terreur, voyant des groupes de ces décharnés au loin qui ne nous avaient, quant à eux, pas détectés. C'est dans un grand soulagement qui nous pûmes tous entrer dans le vaste appartement d'Isabelle, payé " grassement par ses parents " d'après elle. Coup de bol, nous pûmes nous restaurer, moment de légèreté après cette nuit étrange et terrifiante. Avant d'allumer la lumière, nous baissâmes les stores afin de ne pas attirer l'attention de ces choses, quand bien même pouvaient-elles encore réfléchir. Nous gardâmes les présentations pour plus tard encore, car nous nous affalâmes tous de fatigue les uns après les autres, d'un sommeil profond, en sécurité enfin jusqu'au lendemain.

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
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Niveau 10
21 mai 2010 à 23:26:40

[Update : 13]

/Octobre 2011 : Lendemain trouble/
=> Quai du Wault, Appartement d'Isabelle

J'ouvris les yeux avec difficulté, les muscles tendus après une nuit dans une position inconfortable sur un des canapés d'Isabelle. Je remarquais alors la tête de Claire posée près de moi, le souffle régulier. Une sensation de bonheur m'envahit un court instant, avant de repenser aux épisodes de la nuit dernière. Mes yeux se posèrent sur une horloge accrochée à un mur, et nota l'heure. 10h09. Je me levais sans un bruit, reposant délicatement la tête de Claire sur un coussin trainant là, et m'approcha d'une des fenêtres au store baissé. Je soulevais une des lattes pour être à demi-aveuglé par la lumière du jour. Je scrutais les environs, apparemment aucun truc à l'horizon.
Avais-je rêvé la nuit dernière ? Non, ça n'expliquait pas pourquoi je me retrouvais dans l'appartement d'une fille que je n'aurais pas connu si ces évènements ne s'étaient pas produits. Furtivement, l'image du corps inanimé de Laure me revint. J'eus un frisson, passager mais marquant.
Je me dirigeais vers la cuisine tout en admirant l'espace de l'appartement d'Isa. Moi et mon petit studio, on ne pouvait rivaliser avec ce loft immense. Le spectre de la jalousie s'arrêta un moment sur mon épaule, puis je le chassais, trop exténué pour me laisser aller à des futilités. J'ouvris la porte du frigidaire, scrutant longuement les étagères laissant échapper un petit souffle frais qui me réveilla plus efficacement. Je notais que celui-ci était rempli : de l'eau, du lait, des sodas, de l'alcool... Pensée à mon frigo toujours vide, suivie d'un petit rire.

Des pas légers se firent entendre derrière moi, c'était Matt, ordinateur portable à la main. Il me salua, et me me pointa l'écran de celui-ci, posé sur le plan de travail de la cuisine :
" J'ai eu du mal à dormir après toutes ces émotions, alors j'ai regardé sur le Web si on avait des infos sur ces trucs. J'ai regardé avec Alexis, un de mes potes. Isa m'a gentiment filé le sien, malheureusement j'ai pas pu trouver de fichiers pr0ns dessus, dit-il avec un petit sourire. Bref, d'après ce que j'ai chopé, en vrac hein, les infos qui se recoupent le plus souvent : j'ai au moins deux mauvaises nouvelles, et une bonne, pas sûre mais prometteuse.
_ Envoie, dis-je, voyant l'inconnu/leader d'hier s'approcher.
_ Lut les gars, dit-il furtivement, prenant une chaise et s'asseyant à nos côtés.
_ 'Lut, continua Matt. bref, je commence par les mauvaises : C'est mondial, ça ne nous concerne pas, donc impossibilité de chercher à se barrer dans un havre de paix comme dans la plupart des films. De deux, ça ne touche apparemment pas que les humains. J'ai vu plusieurs cas disant que des gars avaient été tués sauvagement par leurs chiens, attaqués par des oiseaux, bref des bestiaux en tout genre - y'a aussi un paysan qui s'est fait piétiné à mort par sa vache, m'enfin bref - et comme pour.. pour Guillaume, dit-il en déglutissant, c'est contagieux. Je résume en des mots simples, vu vos têtes ahuries. Toi attaqué par rat, cochon d'Inde, barracuda ou noiseau, si toi mourir = toi devenir un des leurs. Compris ?
_ Je reste dubitatif quant à la véracité de tes informations, dit l'inconnu.
_ Toute façon, c'est pas ça le plus important pour l'instant. T'avais une bonne nouvelle, ou tu l'as déjà dite sans que je m'en rende compte ?
_ J'y viens. Si môssieur je-sais-pas-ton-nom veut bien écouter cette info, apparemment ces merdes ne supportent pas les rayons UVs. Des témoignages relayés par des médias - CNN, Libération, Le Petit Spirou, faut pas déconner - ce qui veut dire en d'autres termes : la journée, on peut sortir.
_ Tu te fous de moi là, lâchais-je.
_ Écoute, pour une fois, je suis prêt à tester, parce que je te signale que même si le réfrigérateur d'Isa est plein, on est 11, et je ne me sens pas chaud pour bouffer du riz durant des semaines avant de devenir complètement dingue et d'aller me jeter en pâture à ces trucs. Autant le tenter de suite, et je ne déconne pas.
_ Question vivres, le geek marque un point. Faut sortir pour faire des provisions, et vite, avant que d'autres survivants - s'il y en a - ne fassent de même et joue la carte de la cupidité.
_ Le geek ? Je t'emmerde.., glissa Matt
_ Mouaif. On en parlera aux autres. "

Lorsqu'enfin tout le monde fut réveillé, nous fîmes les présentations.
L'inconnu avec lequel nous avions déjà eu des contacts plus poussés se prénommait Théo. Grand pour ses 17 ans, cheveux mi-longs châtains, les sourcils prononcés d'un noir intense, doté d'un port altier, il avait l'air de prendre de bonnes décisions qui avait garanti la survie de son groupe jusqu'à notre rencontre.
Un autre individu plus trapu que Théo, aux cheveux blonds ternes, mi-longs eux-aussi, rigolait avec Matt. C'était Alexis, 17 ans lui aussi, un de ses amis qu'il connaissait depuis quelques années, apparemment un adepte de la boxe et des jeux-vidéos.
Trois autres individus se tenaient ensembles sur le sofa, face à nous. Tout à gauche, Samuel dit Sam, 18 ans, je le connaissais déjà, il était réputé pour être l'archétype du gars populaire dans le lycée. A ses côtés, Benjamin (Ben), 16 ans, un gars sans histoires, pour le peu que je connaissais de lui, il n'était pas mauvais en gym. Et enfin, tout à droite, se tenait une ravissante créature du nom de Julie. Ses cheveux de pailles longs à souhait cachaient son yeux gauche et le doré de sa chevelure étincelait avec le peu de lumière qui rentrait dans la pièce. Ses yeux étaient d'un bleu glacé qui gela progressivement les miens, puis je me ravisait, voyant le regard noir que Claire lui portait.
Julie avait 17 ans elle aussi, et je l'avoue, c'était LA fille populaire du lycée, pas tant par son style (une minette, des minettes, plus de minettes, comme disait Matt à son sujet) mais plutôt par son caractère (une chipie, c'est le seul mot non grossier que Matt avait trouvé et qui collait parfaitement, il est vrai).

Matt ré-exposa les faits qu'il nous avait montré plus tôt à Théo et à moi, et nous décidâmes alors de faire une razzia vers la grand'place, afin de nous procurer des victuailles - et du matos informatique, indispensable d'après Matt et Alexis - . C'est pourquoi, vers midi environ, nous nous retrouvâmes devant la porte de l'immeuble, porte que nous avions franchie le cœur battant, et que nous nous apprêtions à re-franchir, le cœur fébrile cette fois. Claire, Isabelle, Julie et Jade restaient dans l'appartement, restant en contact par portable afin de nous donner en dernier recours des choses indispensables à penser à ramener.

J'approchais ma main de la porte, ressentant la chaleur des rayons du soleil qui passaient à travers le verre opaque. Je me préparais à l'ouvrir, et..

"YAAAAAARRH !"
Un cri déchira l'air, tandis que la porte s'ouvrait.

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
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Niveau 10
21 mai 2010 à 23:28:14

[Update : 14]

/Octobre 2011 : Lendemain trouble II/
=> Fnac

" YAAAAAAAARGH "

La lumière du jour nous aveugla un court instant, laissant place à un corps hurlant, à moitié calciné, se trainant vers l'ombre d'un chêne, se morcelant peu à peu et laissant un noire trainée de cendres et de suie, vestiges de son corps décomposé par l'aube. Des traces de sang séché maculait son t-shirt jadis blanc ou beige, arraché à de maints endroits. De minces filets de fumée s'élevaient de sa peau aux endroits où la lumière paraissant entre les feuilles de l'arbre où il tentait de chercher refuge, loin de la clarté matinale.

Devant ce spectacle navrant, Matt lança, triomphant :
"Internet : 1, Théo et Clém : 0.
_ Sur ce coup, j'avoue, glissa Thomas, silencieux jusqu'alors.
_ Mouaif. Direction Grand'Place, pour changer, lâchais-je. Les filles veulent absolument qu'on aille chercher de la bouffe, et ces deux-là, dis-je en pointant Alexis et Matt, veulent du matériel informatique. Et évidemment, tout cela dans la plus grande légalité :hap:
_ On n'a qu'à se séparer. Un groupe bouffe, un groupe.. autre, fit Théo.
_ Alexis, Matt, Clém, Théo, et le reste, avec moi, dans ce cas. Pas besoin de beaucoup de bras pour la bouffe, lança Sam. Allez, go ! "

Arrivés Grand'Place, nous nous séparèrent ainsi, Sam, Thomas et Ben allant du côté du Monoprix rue des Tanneurs, nous côté Fnac/Furet.
La fontaine de sang de la nuit dernière avait changé de couleur : du pourpre sanglant elle était passée au noir de suie, et en lieu et place du corps sanguinolent gisant dans la mare, se tenait un charbon informant, flottant au gré des remous. La galerie marchande conduisant à la Fnac, dont la porte en verre gisait en morceaux, était plongée dans une obscurité partielle lorsque l'on s'enfonçait loin des portes d'entrée vitrées. Les magasins qui la bordait étaient eux, plongés dans le noir le plus total. Nous passâmes peu à peu devant le salon de coiffure, Nature & Découverte, la plupart témoins muets de la nuit dernière : vitres brisées, sang maculant la devanture..

Arrivés devant la Fnac, nous tombèrent en déconfiture. Les portes, impénétrables, nous empêchaient d'entrer. Nous contournâmes, afin d'arriver devant la Galerie des Tanneurs, donc non loin de nos amis, et nous heurtèrent au même problème. Matt, dégoûté, ne le fut qu'un court instant.
" Alex, tu vois ce que je vois ?
_ Mmh.., dit l'intéressé, jetant un coup d'œil aux alentours. Ooh... Je pense bien. "
Un vélo était resté en plein rue, posé sur un poteau, le cadenas accroché juste à la roue. Matt entreprit de bazarder celles-ci, ne gardant que le cadre.
" Et ça t'avance à quoi ? dis-je, dubitatif.
_ Simple. Regarde ", dit-il en prenant son élan.
Au lieu de se soucier de la grille en métal sale qui scellait la porte en verre du magasin, il visa la vitrine juste à côté qui vantait les offres de Noël, ultime farce après la vague de cannibalisme mondial. Celle-ci vola en éclats, le cadre de vélo bazardant au loin l'arrière-plan en carton blanc de la vitrine, nous laissant le champ libre. Matt nous fit la révérence.
" Ces messieurs veulent-ils se donner la peine d'entrer ? :hap: " lança t-il, d'un ton trop sérieux pour être contenu dans une seule personne.

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
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Niveau 10
21 mai 2010 à 23:29:03

[Update : 15]

/Octobre 2011 : Lendemain trouble 3/
=> Fnac

Enjambant les débris de verre, nous pénétrâmes dans le bâtiment plongé, une fois de plus, dans l'obscurité. Nous gravîmes les marches du petit escalier menant à la section "Jeux-vidéos", nous enfonçant de plus en plus dans le magasin petit à petit, et laissant la lumière derrière nous un peu plus à chaque pas.

" Si ça continue, on y verra bientôt plus rien, dis-je.
_ A part mon portable, j'ai pas de lumière, désolé, lança Théo.
_ Désolé, j'aurais dû y penser. Remarque, j'ai mon briquet, c'est déjà ça, lâcha Matt.
_ A part si tu fais cramer l'étagère là, lança Alexis en pointant un étalage de best-seller du moment, ça va pas vraiment nous aider :hap:
_ Mmh... En allant vers les caisses, on trouvera bien un interrupteur, ou au pire le transfo, qu'on pourra redémarrer, répliqua Matt.
_ Ouais ouais ouais, j'attends de voir :oui: " , ironisa Alexis, avant de siffloter 'Bob le bricoleur'.

Le sifflement parcourait le vide obscur du magasin, brisant le silence de celui-ci, comme le faisant nos pas, l'un après l'autre, symphonie régulière qui fut brisée par un bruit inadéquat.

" J'ai entendu un truc là..
_ Dans d'autres circonstances, j'aurais trouvé le truc marrant, mais là, ferme ta gueule, répliqua Matt à Alexis.
_ Fermez là, j'ai entendu un truc aussi. "

Au loin, dans le noir le plus complet, nous parvint le bruit de livres qui tombaient de leurs étalages. Puis plus rien.

" Ah ah, c'est.. cer-certai-certainement des livres mal rangés par les derniers clients, hein ?? No-non ? tenta Matt, d'une voix peu assurée.
_ Euh, ouais, c'est sûr, renchérit Alexis.
_ Certainement, fit Théo.
_ Oopa :hap: " , fis-je, dans une ultime tentative de détendre l'atmosphère tendue et de faire cesser les coulées de sueurs froides qui me tombait de la nuque jusqu'au bas des reins.
Nous continuâmes notre progression, entouré d'obscurité et de silence, nos pas marchant dans l'humidité, certainement due à une infiltration d'eau ou une autre vétusté du bâtiment.

Arrivé aux caisses, Matt chercha en vain un interrupteur, puis tomba au bout de quelques minutes sur une poignée destinée à réactiver le transformateur. La lumière, vacillante, se diffusa de la plupart des néons, et illumina faiblement le sol du plancher, qui n'était pas inondé mais maculé de sang, à notre grande horreur.

Au loin dans le magasin, un grognement se fit entendre. Puis, dans une étincelle, le transformateur rendit l'âme.
Le destin.
Le silence.
La peur.

Les grognements se rapprochaient.

[Pour info, déjà sur Noelfic, mais... Comment dire... Perdu mon pass il y a longtemps :hap: ]

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
MP
Niveau 10
21 mai 2010 à 23:29:38
  1. [Update : 16]

/Octobre 2011 : Ampoules grillées et flaques de sang/
=> Fnac
Résumé des épisodes précédents : Dans le but d’aller chercher du matériel utile, Théo, Clément, Matthieu et Alexis se sont enfoncés dans les entrailles de la Fnac, brisant une vitre afin d’accéder à ce qu’ils cherchaient. Malheureusement pour eux, ce qui semblait sûr ne l’était pas...

La panique s’installa alors dans le groupe, chacun se ruant vers le point lumineux de la sortie, à quelques dizaines de mètres mais semblant si loin.
Des silhouettes multiples passaient devant le hâle de lumière de la vitre que nous avions cassée si peu de temps auparavant. Le front me brûlait, je courais sans savoir où je posais les pieds, me fiant au bruit de mes pas sur le sol humide et inondé de sang frais, mare qui allait peut être se remplir à nouveau.
La terreur me tiraillait les entrailles, chaque pas qui me rapprochait de la sortie semblait pourtant m’en éloigner, à mes côtés des cris déchirants, des supplications et des sons macabres, manifestations de la faim inhumaine qui habitait ces choses, camouflées dans leur sombre milieu. Je crus entendre la voix d’Alexis, avant de m’écrouler à terre, glissant sur la surface moite et glacée.
Je me relevais, pressé par la peur, pour retomber sur le même obstacle et dévaler le petit escalier que nous avions franchi tout les quatre, seul, éclairé par la faible lumière du dehors.

Une douleur sourde.
Des bruits carnassiers se faisaient entendre derrière moi, des bruits de chair qui se déchirent, des hoquets de douleurs, des pas rapprochés, des éclats de sang. Deux silhouettes me dépassèrent, sans me voir sur le coup.
Puis je vis furtivement les traits de Matt et de Théo, défigurés par l’effroi, ses yeux se posant sur moi. Mes paupières se fermèrent, sous le cou de la douleur ressentie en essayant de me relever. Mon épaule n’était pas encore guérie, et j’étais retombé dessus. Je sentais mon sang couler, peu à peu, le long de celle-ci, sensation que je commençais à connaître, malgré moi.
Mais la douleur ne provenait pas que de là. Avançant prudemment ma main écorchée, je palpais une plaie douloureuse au niveau de la cuisse droite.
Un objet planté en son sein. En passant mes doigts meurtris sur celui-ci, la vive souffrance ressentie me confirma ce que je pensais : un bout de verre acéré.
Je vis Matt et Théo me hisser sur leur dos, me tenant par les bras, tiraillant ma blessure à l’épaule, qui me laissa produire de faibles protestations. La douleur avait chassée la peur, et l’étourdissement qu’elle provoquait m’emporta quelques instants, me laissant groggy, assez sonné pour ne pas avoir la force de lever les yeux sur l’ombre morbide qui poussa une plainte, vive et profonde, lorsque sa peau décomposée fut touchée par la lumière salvatrice, alors qu’elle tentait de nous faucher comme elle avait fauchée notre compagnon manquant. Des cendres tombèrent de ses brûlures, s'envolant dans un souffle tandis que l'ombre repartit dans sa tanière se repaître du cadavre de notre ami.
Théo, Matt et moi nous affalèrent sur les pavés sales de la rue bordant le bâtiment que nous pensions sûr, peu avant, le souffle court. Je repris mes esprits peu à peu, le vent froid me glaçant la peau, gerçant mes lèvres, et ayant fait coagulé mes plaies pour l’instant.

Un cri se fit entendre non loin, et je reconnu à peine la voix de Benjamin avant de m’évanouir, faute de trop d’émotions.

Cacaotier Cacaotier
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Niveau 9
21 mai 2010 à 23:29:52

""Bordel.. T..-tu-tu crois qu.. qu'il va bien ? chuchota Thomas.
_ Honnêtement, j'espère vraiment qu'il ne lui est rien arrivé " , dis-je, en essayant de ne pas imaginer ce qui aurait pu arriver à Yannik"

Tout ce que j'eus lu. :hap:

+Bide
+OncheOnche :hap:

VingtsCoeurs VingtsCoeurs
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Niveau 10
21 mai 2010 à 23:31:06

[Update : 17]

/Octobre 2011 : Organisation/

Je rouvris les yeux, le corps engourdi. Mes omoplates meurtries contre la pierre glacée et humide qui pavait la rue. Mes cheveux, trempés par l’eau et le sang mêlé, tombaient en de longues mèches devant mes yeux. J’avais mal. Mon épaule droite me tiraillait. Je me relevai péniblement, regardant furtivement ma plaie, observant d’un œil vide la blessure gercée, une trace de sang coagulé qui avait tâché mon t-shirt en piteux état. Des déchirures partout, des coupures et traces de sang. La douce chaleur de la mâtinée s’était évaporée aussi sûrement que notre assurance face à ce danger nouveau.
A cause de nous, quelqu’un était... Mort dans cette galerie sombre, dévoré par ces choses, ces vampires, incapables de supporter la lumière et se nourrissant de notre chair et notre sang. Et le cri de Benjamin entendu peu de temps auparavant n’était guère rassurant.
Je frissonnai. Je poussais Matt, la face ensanglantée contre terre, des coupures de verre sur les joues, les cheveux en bataille. Je cherchais Théo du regard, mais ne le trouva pas. Quelques tâches de sang se dirigeaient en direction de la Galerie des Tanneurs. Pas difficile à comprendre où était parti Théo, et vers où il se dirigeait. Je tentais de me relever, oubliant le tesson de verre fiché dans ma cuisse. De douleur je m’écroulais, me rattrapant de justesse à un lampadaire providentiel. Matt observa ma plaie, et me lança :
« Je ne sais pas où est parti Théo, mais avec toi dans cet état, je ne rentre pas dans la galerie.
_ On ne va pas les laisser crever !
_ Et se jeter dans la gueule de ces monstres ? Merde quoi ! Ces trucs ont eu Alex’ ! Et… Si tu tiens vraiment à y aller, tu ramperas tout seul.
_ ‘Chier… Ma jambe me fait mal. »
Matt marqua un temps. Il observa ma jambe, mes mains crispées sur le métal froid du poteau noir.
« Mai.. mais.. Oh, et merde tiens, » dit-il en s’approchant. Il déchira une manche de son t-shirt, retira sa ceinture et me la tendit.
« Et je fais quoi, dis-je, voyant son bras gauche, sous un souffle glacé du vent nordique, avoir la chair de poule, avec ta cein..
_ Mords-la, coupa t-il. 3. 2. 1, dit-il en retirant d’un coup sec le bout de verre.
_ AAAAAAAH BORDEL !!, lâchant la ceinture, qui tomba dans une flaque d’eau.
_ Voilà, fit-il en utilisant sa manche pour me faire un bandage de fortune, une large tâche de sang perçant le fin tissu.
_ RAAAH PUTAIN…
_ Désolé, j’ai fait du mieux que j’ai pu. Je t’aurais bien proposé d’aller dans une pharmacie, mais je ne sais pas si tu as remarqué, mieux vaut ne pas trop rentrer dans des lieux « publics » la gueule enfarinée ou affaibli.
_ T’aurais pu pré..prévenir ‘foiré va… PUTain , ça arrache, m’interrompis-je avant de voir deux silhouettes sortir en courant de la Galerie des Tanneurs, l’un poussant prestement un caddie, l’autre regardant l’air affolé en arrière. Peu derrière, une dernière silhouette se jetant à terre, esquivant des coups invisibles, se projetant littéralement hors de la Galerie et roulant sur les pavés, l’air affolé. JE crus reconnaître Théo.
_ ON SE TAILLE !! dit-il, ses paroles transpirant la peur.
_ Hein, qu… quoi ? », fis-je, avant de voir une silhouette marcher juste devant la porte vitrée, s’arrêtant au niveau où la lumière, dernière barrière nous protégeant, lui interdisait tout passage. Loin d’être décharné ou totalement décérébré, il affichait un air hautain et une peau relativement pâle, nous toisant de regard. Il disparut dans l’ombre sans un mot.
« C’était quoi, ça ?, lança Matt.
_ Un de.. c.. ces trucs là ! gueula Benjamin. Il.. Il nous a attaqué, m.. mais pas comme les autres hier ! Il ri… riait, et il a quasiment bouffé Sam devant nos.. nos yeux, dit-il, apeuré et choqué.
_ Il riait ? »

Nous poursuivîmes cette discussion sur le chemin du retour, moi claudiquant, épaulé par Thomas et Matt, Benjamin et Théo poussant le caddie, heureusement bien chargé. Articles de cuisines, victuailles, jeans, couvertures, pulls, un peu de tout. Durant le trajet qui nous conduisit à l’appartement, je commençais à penser sérieusement à aller se procurer des armes un peu plus meurtrières que des couteaux.
Je gardais ces pensées réjouissantes pour un temps, m’affalant à l’arrivée sur un canapé, me tenant la jambe, paralysée de douleur. Ma consolation fut l’aide de Claire, m’apportant des bandages, des pansements et de l’alcool pour désinfecter mes plaies.
Elle déchira de ses doigts fins le garrot de fortune que Matt m’avait confectionné. Il parlait avec Thomas, tout deux ayant le regard sombre. Je n’ai pas pu entendre leur conversation, à ce moment précis, Claire versa dans ma plaie le désinfectant, produisant une douleur intense alors que le liquide me cautérisait la chair, comme de la lave versée sur mes nerfs à vifs. Tout mes sens étaient annihilés par cette sensation d’oppression, et je serrais de mes mains maculées de mon sang l’étoffe pourpre du sofa. Les yeux exorbités, je sentais des larmes couler de ceux-ci, sans que je puisse les retenir devant elle. Elle me posa des pansements sur les coupures et me refit mon bandage à l’épaule, la piqûre du désinfectant atténuée par la cicatrisation progressive de la plaie déjà entamée et l’intensité de la douleur endurée juste avant. Elle sécha mes larmes, passa ses doigts alors rougis par mes blessures dans mes cheveux, et me déposa un doux baiser sur le front. Elle m’aida à me relever, prit des affaires dans le caddie remonté, piochant dans les multiples vêtements pris en vrac avant la funeste rencontre et me poussa jusqu’à la salle de bain. Elle m’assit sur le panier à linge, me fit enlever mon t-shirt et mon jean, et s’occupa de laver à l’eau claire les traces de sang que j’arborais, zigzaguant entre les pansements qu’elle venait de poser. Elle débarrassa le sang de mes cheveux, et m’aida à me vêtir des affaires prises. Nous refîmes le chemin inverse jusqu’au canapé, où elle s’assit à mes côtés, me tenant le bras.
La douleur s’était envolée. Je sentais une légère fièvre, mais rien de plus. Je saisis quelques bribes de conversations, dont celle de Thomas et Matt, brefs chuchotements : ma faute, j’aurais dû… Rien d’intelligible, malheureusement. Je sentis la fatigue et le confort l’emporter sur moi, et mes paupières se fermèrent lourdement, la main de Claire serrant la mienne.

[Cacaotier : :hap: Ecoute, lis-la, je te le conseille, comme ça, tu me diras ce que tu en auras pensé :hap: ]

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