En 2012, après avoir livré aux joueurs l'ovni vidéoludique Flow et l'excellent Flower, thatgamecompany est arrivé dans notre industrie préférée avec Journey : une expérience unique qui a influencé des dizaines de productions. Depuis près de 10 ans, le jeu d'aventure continue d'inspirer de nombreux titres, et Omno, la première création de Jonas Manke, s'inscrit parmi ses héritiers. Que vaut cette nouvelle proposition disponible sur PC, PlayStation 4, Xbox One et sur le Game Pass ? Réponse dans quelques lignes !
Présenté pour la première fois en vidéo en 2018, Omno, le projet mené de bout en bout par son unique développeur Jonas Manke, avait séduit tout le monde par son concept enchanteur inspiré en grande partie par Journey. Omno reprend en effet ce qui a fait le succès de la production maintenant incontournable de thatgamecompany pour partager avec les joueurs un voyage initiatique inoubliable. Ici, on incarne un bâtonnier, un jeune gardien d'un bâton magique, qui parcourt des terres reculées sur les pas de ses ancêtres. L'idée fonctionne une fois de plus, il faut dire qu'elle a déjà fait ses preuves, mais ça reste du déjà-vu.
Un voyage sans pareil…
Si Omno ne propose pas un scénario très original, le jeu se détache grandement de ses précurseurs par son univers ! Le titre pousse continuellement au voyage. Et même si notre bâtonnier fait ses premiers pas dans un monde marécageux un brin mystérieux, rapidement la production émerveille en dévoilant des paysages colorés fourmillants de vie. À pied dans un premier temps, puis en surfant sur un bâtonnet magique flottant dans les airs, notre aventurier explore sans cesse des environnements dépaysants semi-ouverts offrant de somptueux panoramas. Au cours des cinq heures de jeu nécessaires pour terminer l'aventure, le titre sait varier ses idées visuelles. Forêt luxuriante, plaines désertiques ou même gigantesques glaciers, tout y est. Dans chacun de ces lieux, notre héros doit récupérer trois sphères de lumière pour poursuivre son périple.
Pour mettre la main sur ces sphères cachées aux quatre coins des niveaux, le joueur doit bien évidemment explorer les différentes zones de fond en comble, participer à des épreuves d'adresse ou résoudre des énigmes. Les épreuves d'adresse se présentent comme des phases de plates-formes plus ou moins classiques où il faut se montrer agile pour atteindre l'objet convoité. Malheureusement, cette partie du gameplay pourtant omniprésente est gâchée par l'inertie étrange de notre explorateur. Les sauts étant mal calibrés, il est nécessaire de s'y prendre à deux fois pour passer un gouffre ou prendre appui sur certaines plates-formes, ce qui, à long terme, peut se montrer frustrant. Toutefois, le titre n'est en rien difficile et ne vous presse jamais. Louper un saut, tomber dans le vide ou se noyer dans les marais n'est jamais handicapant : après une mort, votre personnage réapparaît quelques mètres plus loin. Du côté des énigmes, on fait dans le très conventionnel : il faut, par exemple, déplacer des caisses pour se frayer un chemin ou appuyer sur des boutons pour ouvrir un passage. Si dans l'ensemble le tout fonctionne et se résout haut la main, un puzzle en particulier nous a retenus de longues minutes, la faute à un manque d'initiation en préambule. Les mécaniques de l'énigme sont implémentées maladroitement et ne fonctionnent comme aucune autre.
Certaines sphères peuvent également se récupérer en se mélangeant à la faune locale. Omno vous pousse constamment à interagir avec des animaux, souvent mignons, parfois gigantesques, mais toujours amicaux, pour accéder à certaines zones auparavant inaccessibles ou simplement pour s'amuser. Certains monstres rampants vous projettent alors dans les airs, quand d'autres patinent sur la glace à vos côtés ou virevoltent à votre approche. Ces êtres aux design réussis et inspirés des animaux de notre quotidien ou de l'ère jurassique se montrent tout simplement fascinants et attiseront sans nul doute votre curiosité. Dans tous les cas, en jouant avec ces derniers, vous serez récompensés de petits fragments de lumière qui par la suite pourront être échangés contre l'une de ces jolies sphères tant recherchées.
Même si Jonas Manke a développé Omno en solo, le réalisateur a tout de même été épaulé par Benedict Nichols pour la partie musicale. Le compositeur que l'on connaît pour son travail réussi sur The Falconeer revient donc en pleine forme et nous propose des partitions tantôt épiques, tantôt plus apaisantes. Ces dernières font parfaitement le job et participent grandement au voyage, mais leurs sonorités tournent vite en rond. Le côté épique perd alors de sa superbe. Dommage !
Omno : Découverte d'une nouvelle aventure indé à la Journey
… Pour un schéma répétitif
Tout comme The Pathless, un jeu signé Matt Nava vous mettant aux commandes d'une jeune chasseuse, la création de Jonas Manke souffre d'une certaine répétition. En effet, même si les activités sont variées au sein d'un même environnement (phases de plates-formes, exploration, énigmes), dans l'ensemble, Omno propose sans cesse les mêmes étapes à accomplir. La première chose à faire une fois arrivée dans un lieu est de scanner la zone en exécutant une séance de yoga à un point précis pour repérer les éléments importants comme les sphères lumineuses. Ensuite, il vous suffit d'interagir avec deux ou trois animaux sauvages, récupérer au moins trois de ces sphères pour ouvrir le prochain passage. Et voilà… maintenant, il ne vous reste plus qu'à répéter ce même schéma jusqu'à la fin du jeu.
Heureusement, à force de vivre de nombreuses épreuves, le jeune bâtonnier gagne en expérience et débloque de nouvelles compétences. Si au début de l'aventure notre héros peut simplement courir et sauter, par la suite, ce dernier peut réaliser des dash joliment animés pour atteindre des plates-formes trop éloignées, flotter dans les airs, se téléporter ou chevaucher son bâtonnet magique pour gagner en vitesse. Fort plaisantes, ces petites améliorations, qui rappellent une fois de plus Journey, renouvellent l'expérience et transforment un gameplay en apparence rigide en un objet agréable à prendre en main.
Points forts
- Un univers merveilleux qui laisse rêveur
- Très joli visuellement
- Un héros qui gagne en puissance
- Une fin réussie
- Une bande-son épique...
Points faibles
- … Qui ne se renouvelle jamais
- De trop nombreux ralentissements, même sur Series X
- Des séquences de plates-formes capricieuses
- Des niveaux bien trop similaires
- Un scénario déjà-vu
Pour une première, Jonas Manke, avec Omno, réalise un voyage initiatique séduisant que l'on se plaît à découvrir. Explorer cet univers coloré offrant de jolis panoramas et habité par des animaux curieux est un plaisir de tout instant surtout si notre héros dispose de toutes les améliorations possibles. Mais dans un premier temps, le joueur doit forcément composer avec un gameplay plus capricieux, à l'inertie étrange, et faire face à une formule qui peine à se renouveler.