En 2008 apparaissait sur PC un étrange jeu baptisé Mount & Blade, fruit du travail d’un jeune studio nommé TaleWorlds. Vendu uniquement en version dématérialisée, ce soft mariant à merveille l’action-RPG et le sandbox proposait une expérience de jeu unique en son genre : une quête pour la gloire et la puissance au sein d’un monde médiéval fictif. Depuis, une large communauté de fans s’est formée autour de cette franchise, attendant avec impatience la venue d’une suite digne de ce nom. Aujourd’hui, nous y sommes enfin, la version Early Access de Mount & Blade II : Bannerlord à fait son entrée sur Steam.
Mount & Blade II : Notre avis résumé en 3 minutes
Concept inchangé, plaisir retrouvé
Si Mount & Blade est parvenu à séduire autant de joueurs, c’est avant tout grâce à son gameplay. Pour ce deuxième volet, c’est justement ce que les développeurs de TaleWorlds ont décidé de reprendre en priorité, ce fameux concept si addictif. En mode solo, nous sommes ainsi invités à concevoir notre héros via un éditeur de personnage bien plus complet et riche qu’avant. Si certains modèles continuent à naviguer dans la vallée dérangeante, il est cette fois-ci possible de pousser la personnalisation bien plus loin. Notre avatar créé, il nous faut désormais lui inventer un passé, cette fois encore, en sélectionnant parmi les différentes factions disponibles et plusieurs petits morceaux d’histoire. Enfant de l’Empire, fils de marchand, habitué à traîner avec des soldats… Chaque décision influe évidemment sur les caractéristiques de notre personnage, posant ainsi les bases de notre arbre de talents.
Après une rapide quête d’introduction destinée à nous familiariser avec l’interface et le système de combat, nous voici lâchés. Bienvenue en Calradia 2.0, le monde fictif de la série qui s’est un peu étendu depuis l’opus Warband. Nous y retrouvons désormais huit grandes factions réparties sur une carte largement plus vaste, mais qui conserve le même aspect médiéval. À partir de là, le concept est simple, vous pouvez vous déplacer comme bon vous semble sur cet immense terrain de jeu grâce à une vue de haut. Sur celui-ci sont placés châteaux, villes, villages et parfois, caches de bandits. Les villes étant particulièrement importantes puisqu’elles vous permettent de réaliser des échanges commerciaux, de recruter des combattants, de participer à des tournois ou de rencontrer les éminentes personnalités du royaume.
Etant donné que le concept fondamental de ce Mount & Blade II demeure inchangé, votre progression passera par les mêmes chemins. Il faut tout d’abord récolter un peu d’argent et pour cela, plusieurs options s’offrent à vous. Remporter des tournois, transporter des biens d’une ville à une autre pour engranger des bénéfices, effectuer des missions pour les PNJ du coin… Si la dernière option s’est diversifiée avec de nouvelles quêtes, les deux premières semblent avoir été légèrement "nerfées". Plus question d’empocher 4 000 denars par tournoi, nos gains sont plutôt de l’ordre du petit millier désormais (même si un équipement bonus vient accompagner la dotation). Un équilibrage logique, quand on sait à quel point faire la tournée des tournois pouvait permettre de renflouer les caisses en quelques jours. Autre technique rendue caduque, le recrutement des mercenaires dans les tavernes. Ne vous attendez plus à trouver des cavaliers increvables dans chaque gargote miteuse, ce sont la plupart du temps des "Thugs" épais comme des chaises pliables qui vous y proposeront leurs services.
Pour ce qui est de votre avatar, les armes, armures et autres équipements sont désormais bien plus nombreux. N’oublions d’ailleurs pas l’ajout d’un système de forge pour le moment assez peu convaincant. Les patrons sont certes abondants, mais les débloquer reste trop coûteux et surtout bien trop long. Une idée intéressante, mais qui devra encore être améliorée avant de présenter un véritable intérêt. Même son de cloche pour ce qui est de l’arbre de talents qui ne fonctionne quasiment pas pour le moment. Les effets des perks débloquées dans chacune des catégories ne sont pas encore actifs, il faudra donc attendre les futures mises à jour.
À la guerre comme à la guerre
Vous avez gagné quelques tournois, terminé quelques quêtes et recruté une pittoresque bande de paysans armés de fourches ? C’est parti pour la baston ! Pour ce deuxième épisode, TaleWorlds conserve là aussi ses fondamentaux. Les affrontements se font toujours via l’habituel mode bataille, mais évoluent largement grâce à la refonte du moteur graphique. Les animations sont plus jolies, les décors plus travaillés et l’ensemble bien plus agréable. Certes, nous ne sommes pas encore au niveau des standards actuels du AAA, mais de véritables efforts ont été réalisés au niveau des modèles 3D, bien plus riches en polygones, des textures et surtout, des jeux de lumière. Tout cela confère ainsi un côté épique à nos affrontements, notamment grâce à l’augmentation du nombre d’unités disponibles en bataille (hors mods). Du côté des mécaniques, le schéma est le même avec quatre axes d’attaque apportant un aspect tactique aux combats. Que ce soit monté ou à pied, il faut donc frapper avec le bon angle afin de toucher l’adversaire. Le tout semble plus réactif qu’auparavant, surtout lorsqu’il s’agit de placer son bouclier au dernier moment.
Mais pour ce qui est du champ de bataille, les vraies nouveautés sont à chercher du côté des sièges. Bien plus tactiques et complètes, les prises de châteaux ou de villes démarrent par la construction d’infrastructures jadis peu diversifiées. Dans Mount & Blade II, nous avons le choix de placer les engins qui nous intéressent à différentes positions avant l’assaut. Ceux-ci sont d’ailleurs bien plus nombreux. Balistes et catapultes ont fait leur entrée (déclinées en version enflammées), tout comme les béliers qui permettent de varier les plaisirs lors d’un siège. Une gestion indispensable pour réussir vos attaques avec le moins de pertes possibles.
Continuons cette seconde partie en évoquant l’intelligence artificielle. Assez sommaire dans les premiers volets, cette composante importante est présentée ici comme largement améliorée par l’équipe de développement. Les armées adverses tentent effectivement des manœuvres plus compréhensibles, en envoyant par exemple la cavalerie massacrer les unités les moins mobiles en passant par un flanc, tandis que leurs archers bombardent depuis l’arrière. En revanche, il faudra toujours composer avec des masses de guerriers qui se bloquent les uns, les autres, ou d’improbables embardées suicidaires. Nous sommes encore loin d’une grande IA digne de Deep Blue, mais c’est quand même bien mieux que dans Warband. Les commandes permettant de contrôler l’armée ont elles aussi été amplement améliorées, que ce soit au niveau de l’interface ou des possibilités.
Si vous recherchez des combats éminemment stratégiques, ce sera donc plutôt vers le multijoueur qu’il faudra se tourner. Régulièrement mis en avant par TaleWorlds, ce mode a également profité de nombreuses améliorations de gameplay. Trois modes de jeu sont disponibles : Skirmish, Captain et Siege. Des expériences chacune sympathique et visiblement plus équilibrées que par le passé. Si pour l’heure, il nous est arrivé de tomber sur des serveurs quelque peu instables, Early Access oblige, l’ensemble reste malgré tout fun et convainquant. Une belle manière de prolonger le plaisir ou de s’entraîner pour progresser en mode campagne.
Fonder sa dynastie
Mais nous n’avons pas encore évoqué ce qui fait le sel de toute cette expérience, ce qui apporte le côté addictif à la recette de TaleWorlds. Calradia est un monde vivant, animé par huit factions qui se tirent la bourre à longueur d’année. Les faits se déroulent 210 ans avant ceux présentés dans Warband, alors que l’Empire Calradic est en train de perdre son hégémonie en raison d’une guerre civile et de l’arrivée de nouvelles peuplades. Vous voici donc au milieu de tout ça, en train de faire votre petit bout de route. Quel clan rallierez-vous ? En fonction de vos goûts, de vos envies, des unités qui vous intéressent, vous finirez par prêter serment à l’un des grands leaders de ce monde impitoyable. Il faudra ainsi faire preuve de tact pour réaliser les bonnes alliances et faire prospérer votre famille. Là aussi, quelques ajouts intéressants viennent bonifier l'équation.
Tout d’abord, la possibilité de convaincre un personnage en passant par un système à choix multiple, chacun ayant plus ou moins de chances de réussir. Classique, mais parfois utile, ce système s’intègre bien au gameplay du jeu. Autre nouveauté de taille, la vie… Et la mort. En vous mariant avec une demoiselle, vous pourrez donner naissance à des héritiers, condition sinéquanone à une partie longue et heureuse, puisque votre personnage finit inévitablement par mourir de vieillesse (ou même au combat si vous activez l’option correspondante). En plus de cela, nous noterons la possibilité d’assassiner un seigneur fait prisonnier par vos soins. Si ce n’est pour vous débarrasser d’un rival qui pose vraiment problème, ou pour les amoureux de role play, cette option n’est finalement qu’assez peu utile, car trop lourde de conséquence. Signalons enfin l’introduction des points d’influence qui seront utiles pour appuyer certaines décisions de votre faction. Que ce soit afin d'obtenir la garde d’un fief ou pour appeler des seigneurs à guerroyer à vos côtés, il faut absolument débourser ces points durement gagnés au combat.
Quoi qu’il en soit, ces nouveautés viennent renforcer un peu plus le gameplay si addictif de cette franchise. Commencer en bas de l’échelle, monter petit à petit son armée, échanger des marchandises aux quatre coins de la carte, s’entourer de fidèles compagnons, rejoindre une faction, grimper dans la hiérarchie, se marier… Plus que ses prédécesseurs, Mount & Blade II : Bannerlord offre d’ores et déjà une expérience grisante et passionnante. Il ne s’agit cependant que d’une Early Access que les développeurs devront encore améliorer sur plusieurs points importants, à commencer par les interactions possibles avec les autres personnages. Les discussions demeurent pour le moment assez limitées, que ce soit avec les autres nobles, vos compagnons, votre femme ou vos enfants. Un petit manque de profondeur qui apparaît surtout lorsque l’on s’approche du "end-game".
Un moteur gourmand
Terminons ce test en évoquant l’aspect technique de Mount & Blade II. Nous l’avons déjà précisé plus tôt, le moteur graphique du soft a été largement amélioré et c’est probablement le point sur lequel les développeurs ont effectué les changements les plus visibles. Malheureusement, tout cela a un prix. Les petites configurations seront probablement en sueur face à cette Early Access pour l’instant assez mal optimisée et gourmande. Si la Geforce 1080Ti ayant servi pour ce test s’est retrouvée à suffoquer de temps à autre, il ne fait nul doute que les configurations les plus modestes auront bien du mal à garder un compteur de fps stable. Ce problème semble par ailleurs plus vrai en solo qu’en multijoueur.
Comme le font bien comprendre les développeurs, nous sommes face à un accès anticipé, ce qui sous-entend donc qu’un certain nombre de bugs est à prévoir. Effectivement, nous avons croisé quelques petits problèmes durant notre test, allant d’un simple dialogue transformé soudainement en phase de séduction, à un crash pur et dur. Au final, ces bugs sont assez peu nombreux, probablement parce que TaleWorlds travaille d’arrache-pied en multipliant les mises à jour depuis la sortie. Notons enfin que de nombreuses fonctionnalités seront ajoutées ou améliorées durant le développement prévu pour durer encore une année. Il faudra ainsi patienter un peu avant de retrouver une traduction française native, le tout étant pour le moment uniquement disponible en anglais. Soyons donc clairs, si vous souhaitez absolument mettre la main sur une expérience parfaitement stable et complète (notamment au niveau du end-game), nous vous recommandons d’attendre encore quelques mois.
Points forts
- Une Early Access déjà très poussée...
- Un moteur graphique largement amélioré.
- Une carte de Calradia quatre fois plus grande.
- Des systèmes économique et politique qui vivent.
- Les nouvelles interactions avec les PNJ.
- La possibilité de fonder une véritable dynastie en faisant des enfants.
- Les batailles encore plus jouissives.
- Le nouvel aspect stratégique des sièges.
- Un mode multijoueur fort sympathique.
- Une très jolie bande-son.
Points faibles
- ... même s'il faudra encore attendre pour certaines fonctionnalités (dont la traduction française).
- Une intelligence artificielle qui mérite encore du travail.
- Certaines fonctionnalités (forge, assassinat) pour l'instant peu utiles.
- Un peu trop gourmand pour les petites configurations.
Grisant et addictif, ce Mount & Blade II concocté par TaleWorlds vient magnifier un concept qui a déjà fait ses preuves. Plus beau, plus passionnant, plus ambitieux, ce soft est un must-have pour tous les amateurs d’action-RPG en quête d’aventures intenses. On ne se lasse décidément pas de l'immense liberté qui nous est offerte en Calradia et ce, malgré quelques défauts encore présents. L’intelligence artificielle a été améliorée, mais demeure en-deçà de ce que l’on aurait pu espérer, tandis que certaines fonctionnalités ne seront ajoutées (ou terminées) que plus tard durant le développement. Il ne s’agit pour le moment que d’une Early Access, ne l’oublions pas, mais les formidables bases posées par le studio annoncent déjà une expérience exceptionnelle et unique. Mount & Blade II, c’est le triomphe du gameplay et rien de moins.