La Suicide Squad dirigée par Amanda Waller, l’équipe la plus “borderline” de l’univers DC Comics, débarque pétoires hurlantes le 28 juillet 2021 au cinéma. Cette nouvelle adaptation réalisée par James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie) est-elle fidèle aux comics ? Si OUI, dans quelles proportions ? A quel public se destine ce film ? La rédaction de JV répond à ces questions après avoir assisté à une projection de The Suicide Squad (2021) en avant-première.
Le film The Suicide Squad est-il fidèle aux comics ?
Le comic book a cette particularité de confier la destinée de ses personnages à différents auteurs et illustrateurs à l’origine de récits s’inscrivant (ou non) dans un multivers commun. Plusieurs versions d’un même héros, ou vilain dans le cas présent, cohabitent ainsi à un instant “t” dans des sphères connexes, voire identiques. Adapter les aventures de la Force Spéciale X relève donc du choix cornélien. Quelle version privilégier ? La première apparition de l’équipe de DC Comics ? La plus récente ? La plus populaire ? The Suicide Squad tranche ladite question en s’inspirant ouvertement du matériau d’origine pour créer des variantes toutes néées de l’imagination fertile de James Gunn. Nous ne sommes pas en présence des vilains des comic books, mais ceux du DC Extended Universe.
Sans surprise, Harley Quinn interprétée par l'actrice Margot Robbie, ainsi que Rick Flag et Captain Boomerang demeurent dans les grandes lignes ceux du film Suicide Squad (2016) réalisé par David Ayer. Ils subissent toutefois quelques ajustements accueillis chaudement, que ce soit au niveau des costumes et/ou du caractère afin de séduire les amateurs de comics. Mais revenons aux origines de la Suicide Squad. La vision populaire et moderne de la Task Force X remonte à 1987. Le scénariste John Ostrander pose alors sur papier les grands principes de la Suicide Squad dans la mini-série Legends #1-4 (à découvrir dans le recueil Suicide squad the worst of chez Urban Comics). Ce mode opératoire, qui est resté inchangé depuis près de 35 ans, est conservé intacte par James Gunn dans The Suicide Squad (2021).
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Le réalisateur des Gardiens de la Galaxie Vol.1 et Vol.2 puise dans les nombreux arcs narratifs mettant en scène les différents membres de la Force Spéciale X. Son amour pour le format papier se ressent dans la création des personnages qui par de nombreux aspects rappellent ceux des comics. Prenons les exemples de Bloodsport et Peacemaker incarnés respectivement par Idris Elba (Heimdall dans le Marvel Cinematic Universe) et John Cena (catcheur pour la WWE). Ces deux personnages, fraîchement parachutés dans le DC Extended Universe et qui s’avèrent centraux dans The Suicide Squad, sont les parfaits représentants de la vision de la Task Force X par James Gunn.
Bloodsport est présenté par Amanda Waller en personne comme un mercenaire aussi habile que Deadshot. Ce dernier partage avec son homologue de papier un fait d’armes peu banal, celui d’avoir blessé Superman avec une balle de Kryptonite. Néanmoins, sa tenue et ses motivations diffèrent fortement si nous les comparons avec sa première apparition dans la publication Superman #4. Il en va autrement de Peacemaker qui reprend majoritairement les composantes du personnage. Son costume reconnaissable entre tous et sa ligne de conduite singulière déjà présente dans le run Vigilante #36-38 le suivent depuis ses débuts dans l’écurie DC Comics en décembre 1986 (à découvrir dans le recueil Suicide Squad présente : Peacemaker chez Urban Comics).
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Les puristes trouveront à n’en pas douter plusieurs points, de détails ou non, sur lesquels revenir. En effet, le scénariste a créé un tout nouveau personnage, celui de Ratcatcher II. Il s’agit ni plus ni moins de la fille de Ratcatcher, l’un des adversaires du Chevalier Noir apparu pour la première fois dans Detective Comics #585-586. Mise à part son nom et ses pouvoirs, la version du film ne partage rien ou presque avec celle des comics. Les autres membres qui composent en début de film la Suicide Squad (Blackguard, Fouine, Javelot, King Shark, Mongal, Penseur, Polka-Dot, TDK, Savant) possèdent plusieurs points communs avec leurs versions d’origines. Si pour certains d’entre eux les altérations sont considérables, elles ne sont jamais rédhibitoires. James Gunn maîtrise avec talent le délicat passage qu’est celui du 9e au 7e Art. Les vilains de la Task Force X gagnent pour ceux qui survivent en profondeur. La mort des uns garantit le salut des autres… le concept même de la Suicide Squad est respecté.
A quel public se destine le film The Suicide Squad (2021) ?
Une question brûle les lèvres des fans de la Task Force X et de DC Comics depuis l’annonce de The Suicide Squad. Le film réalisé par James Gunn est-il une suite, un remake ou encore un reboot de Suicide Squad (2016) ? Selon le producteur Charles Roven, ce nouveau long métrage est un standalone pleinement inscrit dans le DC Extended Universe. Il partage avec son prédécesseur, mais également avec Birds of Prey, certains personnages et un univers cinématographique commun, mais peut se visionner sans même avoir vu le film de David Ayer. The Suicide Squad s’adresse aux fans déçus par Suicide Squad ainsi qu’aux néophytes, et ne nécessite aucune connaissance préalable pour comprendre l'intrigue. Nul besoin d'être une encyclopédie vivante DC Comics pour apprécier la nouvelle mission confiée à l'équipe d'Amanda Waller.
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The Suicide Squad est réalisé et scénarisé par James Gunn en personne, et cela transpire à l’écran. Les fans des Gardiens de la Galaxie, mais aussi de Super (2010) avec Elliot Page (Hard Candy, Inception, Juno), seront ravis de retrouver cet adepte des losers magnifiques, comprendre ici des personnages voués à échouer et parfois à réussir sans en être véritablement responsables. Cette nouvelle adaptation de comics se veut irrévérencieuse au dernier degré, se complaît dans un humour tantôt potache tantôt acide, et baigne dans une violence ultra graphique qui rend justice aux exactions de la Force Spéciale X. Si vous aimez le cinéma de James Gunn et tout ce que cela implique, vous aimerez The Suicide Squad tant ce film est à l'image de son réalisateur et de nul autre.
En s’inspirant des films de guerre des années 60 et 70, The Suicide Squad tente de séduire un public de cinéphages, voire cinéphiles, par d’habiles clins d’oeil aux grandes oeuvres qui ont marqué le genre, que ce soit Les Canons de Navarone (1961), Les Douze Salopards (1967), De l'or pour les braves (1970), Quand les aigles attaquent (1968), etc. Le film de Warner Bros. se destine également aux fans de comics, cela va sans dire, mais tend surtout la main au grand public. Le film de James Gunn est à même de séduire une audience en quête d’un blockbuster estival divertissant et accessible, à ne pas mettre néanmoins devant tous les yeux.
Bien qu’il soit pensé pour être un divertissement “familial”, The Suicide Squad est violent à l'excès, et sa classification Rated R aux Etats-Unis parle d’elle-même. Au pays de l’oncle Sam, les mineurs de 17 ans et moins doivent être accompagnés d’un adulte sous peine de rester à la porte du cinéma. Cela n’a rien d’étonnant. James Gunn s’en donne à coeur joie durant plus de 2 heures. L’hémoglobine coule à flot. Les morts sont plus graphiques les unes que les autres. Les blagues, souvent sous la ceinture, tapent fort. Puis la Suicide Squad est un ramassi d’individus peu recommandables, pourtant humanisés par un réalisateur qui privilégie les nuances de gris. Cela lui permet de concevoir des personnages ambigus, parfois bon, souvent mauvais, mais 100% humain. Niveau exemple pour la jeunesse, il faudra repasser.
The Suicide Squad (2021) est un défouloir cinématographique insolent qui brandit fièrement les couleurs de DC Comics. Un film à réserver toutefois à un public averti.
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