En soit, la haine de Sasuke bascule de celle qu'il éprouvait envers Itachi à Konoha, et elle est absolument justifiée et légitime.
Inutile de lancer des commentaires condescendants ou méprisant sur sa soit-disant nature lunatique car ici elle est tout bonnement étayée.
Il en veut à Konoha, d'avoir poussé son frère à tuer tout son clan, déshumaniser un être, venant à tuer sa propre famille mais son amour envers son frère était si grand qu'il n'a pas pu s'y résigner à ne pas le tuer.
Il en veut à Konoha de n'avoir pas pu empêcher ce massacre.
Il en veut à Konoha de n'avoir pas essayer tous les moyens, d'avoir ouvert des discussions et trouver des arrangements, de n'avoir pas réglé cette affaire sans la force, il soupçonne même Konoha d'avoir inventé cette histoire car le village craignait la suprématie des Uchihas.
Il en veut à Konoha de lui avoir enlevé son frère, de lui avoir poussé à vivre une vie de merde où son seul but était de tuer son frère vainement. Car Itachi voulait faire passer Sasuke pour un héros en étant tué de ses mains, mais Sasuke est frustré de savoir que les gens l'admiront pour un acte faussement héroique.
qui repose sur un mensonge totale et le meurtre d'un innocent
Il en veut à Konoha d'avoir empêché à son frère de vivre une vie paisible.
Il en veut à Konoha d'avoir occulté, étouffé l'affaire et de ne pas lui en avoir parlé.
TOUT ceci justifie correctement le retournement d'objectifs de Sasuke.
Je réponds un peu tardivement, j'en conviens. C'est étonnant de justifier le comportement de Sasuke, alors que ses actions sont globalement à l'opposé de ce qu'on peut qualifier d'intelligent ou d'avisé.
D'abord, il faut recontextualiser l'affaire. Sasuke est l'un des derniers survivants du clan Uchiha, pilier fondateur du village. Sa famille a fourni de nombreux combattants à Konoha, passés aujourd'hui à la postérité, et qui ont gagné un respect et même une notoriété par-delà le Pays du Feu. Malheureusement, les circonstances du décès du Yondaime et de sa femme ont effrité le lien de confiance entre le clan Uchiha et le village lui-même, provoquant un cercle vicieux de suspicion assez regrettable.
À l'issue des rumeurs avérées du coup d'état que tramaient Fugaku et ses comparses, les élites du village ont décidé de lancer une attaque préemptive. La manoeuvre de Konoha, aussi cruelle soit-elle, reste raisonnable : le village exerce ses droits régaliens, parmi lesquels figurent la Défense et la Sécurité intérieure. Alors certes, l'affaire est sale. Sa conclusion est sordide. On objectera que le droit qu'offre la Raison d'Etat n'est pas la solution à tout, et qu'une diplomatie plus habile aurait pu permettre de prévenir ce massacre. Malheureusement, la Raison d'Etat n'a pas pour objet d'offrir une résolution morale finale, mais a pour objectif d'assurer la paix sociale et garantir le maintien ou le développement de l'Etat. Si Konoha était aux prises avec une guerre civile, les dangers seraient considérables pour l'équilibre géopolitique et pour la sûreté de ses habitants.
Et puis, Sasuke Uchiha, un déserteur, un traître donc, qui a intenté à la vie d'un shinobi de Konoha (Naruto) et qui collabore avec un criminel d'état, un autre traître responsable d'un nombre incalculable d'atrocités, sort sa moraline. Voilà, il est fâché que sa famille de traîtres ait attaqué une classe politique immensément plus puissante et pouvant justifier sa manoeuvre grâce aux exigences de la Raison d'Etat mentionnée ci-dessus. Sa rancune est telle qu'il souhaite ôter tout son sens aux actions de son frère aîné.
En résumé, il reproche à une puissance politique, amorale par définition, ayant pour objectif de maintenir la paix sociale à Konoha, de supprimer une menace à sa stabilité. C'est stupide et profondément égoiste. Aveuglé par sa rancune, il oubliera d'ailleurs ses propres méfaits pour se donner bon rôle, réduisant l'appareil politique de Konoha à son implication dans l'extermination de son clan naturellement blanc comme neige. Car, c'est bien connu, l'élimination des traitres (auxquels il faut ajouter, certes, des innocents, malheureusement) au village justifie sa destruction.
Aucune mesure chez Sasuke. Nous sommes dans l'impulsion meurtrière, le ressentiment constant et la réflexion immédiate. Chez lui, il est très facile de chercher la paille dans l'oeil du voisin quand on est incapable de voir la poutre qu'on a dans le sien.
Un personnage assez grandiose dans sa médiocrité morale et intellectuelle durant la majeure partie du second cycle du manga.