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Sujet : [Fic] Au coeur de la tempête

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EsZanN EsZanN
MP
Niveau 27
10 novembre 2023 à 21:26:14

Yeyy ! :noel:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
19 novembre 2023 à 23:50:25

Chapitre 61

Le manche de la hallebarde frappa trois fois le sol dans un écho assourdissant. Dans une atroce plainte de fer plié, les étagères se mirent à vibrer au-dessus de lui, faisant s'abattre une avalanche de poussière des rayonnages encombrés. Bien que dissimulé par l'immense structure, le félin frissonna.

Aussitôt qu'il avait reconnu l'homme, Renji s'était écarté à pas de velours, se dirigeant vers l'entrée par laquelle lui et ses amis étaient entrés plus tôt. Tous les quelques mètres, il s'immobilisait, observant anxieusement l'avancée du nordique entre l'interstice des rayons. Il n'y avait aucun doute possible. Ce visage de granit, encadré de noir par ces cheveux défaits et cette barbe épineuse, avait le même air dur et impassible que celui dont il se souvenait.
Cette fois, personne n'était là pour lui prêter main forte.

- Je vous entendais brailler depuis l'autre côté. Tu t'es fâché avec tes petits camarades, c'est ça ?

La voix puissante du colosse résonna dans les ruines avec l'amplitude d'un chœur de cathédrale. Aux oreilles du khajiit, c'était une sentence sinistre.

«Merde, comprit-il. Est-ce qu'il était de l'autre côté de la porte depuis le début ?»

Il cessa de bouger, et se pencha de façon à observer le nordique. Toujours en haut des marches, le malfrat n'avait pas bougé depuis qu'il était entré. En revanche, la recrue ne pouvait faire taire l'impression dérangeante qu'il regardait vaguement dans sa direction. Savait-il déjà où il se trouvait ? Si tel était le cas, son seul avantage s'éteignait avec ses chances de passer inaperçu. L'homme n'avait pas simplement conscience de sa présence : il le savait également seul.
Regardant autour de lui, le félin tenta d'estimer la marche à suivre. Passer à proximité de l'escalier revenait à signer son arrêt de mort : il allait devoir parvenir à l'extrémité de l'aile dans laquelle il se trouvait pour regagner l'allée principale et trouver la sortie. Même ainsi, il lui faudrait traverser la salle dans presque toute sa longueur pour regagner le passage aux torches. Vingt secondes ? Non, la douleur lui vrillant les côtes et le poids de sa pertuisane lui criaient qu'il s'agissait là d'une estimation utopique. Son belliqueux interlocuteur se trouvait peut-être hors de portée, mais il ne ferait qu'une bouchée des marches qui le séparaient du sol une fois qu'il l'aurait repéré. Une fois cela fait, la brute se trouverait vraisemblablement assez proche de la sortie pour l'atteindre en premier. Renji se savait d'une carrure plus agile, mais les suppliques de son corps lui interdisaient de miser sa survie sur un concours de vitesse dans ces conditions.

Sa respiration ralenti, ses pupilles s'affinèrent, et son dos s'arqua pour le faire disparaitre sous les rayons. Il allait devoir faire preuve d'une discrétion infaillible pour s'en sortir. Lentement, il se retourna, plaça une main dans son dos pour faire taire le cliquetis de la boucle de son arme, et se mit à avancer, muet comme une ombre. Il parcourut une dizaine de mètres presque collé au sol, sinuant entre les gravats et les morceaux de livres déchiquetés par le poids des siècles. Aucun son derrière lui. Son poursuivant le pensait-il immobile ? Ou bien tentait-il de percevoir ses déplacements ? Quoi qu'il en soit, il ne prévoyait pas de rester pour le découvrir. Il continua d'avancer, et arriva à quelques mètres de la travée centrale, quand un bruit le condamna à l'immobilisme. Il bougeait.

Renji voulut compter les marches, mais réalisa qu'il s'agissait d'une tâche futile en entendant la hampe de l'énorme tranchoir frapper le sol au bout du sixième pas. Au vu de ses dimensions, le hors-la-loi avalait probablement les gradins par volées de quatre.
Inconsciemment, son corps se raidit. Le nordique n'avait qu'à se décaler de quelques mètres pour le repérer au beau milieu de sa rangée. Il devait atteindre le bout de toute urgence, il devait...

- Ici peut-être ?

Le timbre grave de l'homme le fit sursauter. Il n'osa pas se retourner, et bondit presque jusqu'au coin de la bibliothèque. Atteignant l'angle de l'étagère d'un bond précipité, il se plaqua dos à celle-ci, mais la lame de sa pertuisane percuta le rebord ferreux du meuble dans un tintement retentissant. Les mâchoires de Renji se crispèrent d'horreur, et le khajiit maudit son imprudence avec la force du désespoir en entendant l'écho de sa maladresse ricocher indéfiniment dans le grand vestibule. Il retint son souffle et baissa les yeux, fixant le sol avec effroi dans la vaine attente de ne pas avoir alerté son poursuivant.

S'il ne pensait pas pouvoir aggraver sa situation, la réalité le rattrapa une fois de plus lorsqu'il aperçu par terre une série de tâches mates sur le chemin qu'il avait emprunté. Contre le sol, la trace indélébile de ses pas était imprimée dans la poussière de façon limpide. Il comprit rapidement que le coup de hallebarde du géant servait cet exact dessein : d'un geste, il avait changé toute une portion de la pièce en une toile dont la recrue était devenu l'artiste involontaire.

Une quarantaine de mètres dans son dos, les pas reprirent dans un son caverneux.

- Tu me fais attendre, camarade !!

Le jeune Compagnon se sentait nauséeux. Il ne voyait aucun échappatoire sur le champ des possibles s'ouvrant à lui, et ses options déjà restreintes pour repousser l'inévitable s'égrenaient elles aussi chaque fois que les bottes de l'homme percutaient la roche. Désormais, le son des parchemins froissés crissant sous la masse hostile de sa démarche emplissait les alentours, rendant sa localisation presque impossible.

«Une minute, pensa le félin. Aucun papier ne traînait là où j'ai fait mes recherches. Sa rangée est encore loin d'ici

Une bouffée d'air s'engouffra dans les poumons du cathay, irradiant son esprit d'un éclair de clarté. Il y avait de l'espoir. Avec une précaution infinie, il passa la tête à gauche, puis à droite de la rangée, guettant le moindre mouvement. Personne. Devant lui, ou derrière peut-être, les pas continuaient de retentir dans le noir, inlassablement. N'y tenant plus, Renji se redressa un peu, et se mit à avancer à quatre pattes. Il était forcé de laisser des traces, mais en répartissant son poids équitablement et en jouant de la pénombre, il pouvait espérer tromper l'œil du bourreau.
Au détour de la troisième rangée, un éclat métallique lointain l'alerta, à peine perceptible dans la distance. Il s'agissait d'une lame. La vouge aux proportions exagérées de l'homme dépassait du meuble comme l'éclat d'une lune acérée, et presque instinctivement, l'arc ensanglanté de son fil lui rappela la silhouette nocturne de Masser. Immédiatement, cette pensée en entraîna une autre, celle de ce livre, à la couverture toujours imprimée au sein de sa rétine dans ses plus sinistres détails.

«Ne pense pas à ce que tu as lu, s'intima le khajiit. Ce n'est pas le moment

Le nordique devait se tenait dos à la rangée. L'immobilisme du bourreau ne lui inspirait rien qui vaille, mais il n'avait pas le loisir de s'attarder. Il s'avança de nouveau, retenant son souffle, comme si le moindre mouvement d'air risquait de révéler son emplacement même à cette distance.

Un visage. Tout au bout de ce corridor aux murs de papier, dépassant du coin d'un rayonnage à presque deux mètres du sol, le visage du nordique le toisait dans toute son abominable dureté. Situé à presque cinquante mètres de lui, Renji pouvait pourtant voir chacun des détails dérangeants de son faciès comme s'il se tenait juste en face de lui. Comme pour confirmer ses craintes, sa mâchoire s'ouvrit en un rictus de joie malade, révélant une dentition à l'émail tacheté de sang.

- Trouvé !

Le colosse se mit en mouvement trop vite pour sa taille. Sa masse disparut en direction de la rangée suivante, et un souffle de panique s'empara du félin. Il partait en direction de l'entrée.

Échappant à toute pensée rationnelle, le jeune Compagnon se jeta dans la direction opposée à toute allure. Il s'engouffra dans une rangée, la traversa complètement, bifurqua, et en parcouru une autre, puis une troisième. Dans sa tête, ses enjambées précipitées résonnaient en une cacophonie désordonnée, indiscernables des battements de son cœur. La stratégie n'avait plus sa place : tout ce qui comptait était de mettre le plus de distance entre lui et cet individu, quoi qu'il en coûte. Dans son état, il ne pouvait pas survivre à une telle confrontation.

Quelque part sur sa droite, un grand fracas retentit. Son poil se hérissa sous le coup d'un sinistre pressentiment, et il cessa de courir. Contre cet homme, il ne devait pas, il ne pouvait pas se permettre d'agir par instinct. L'attente derrière la porte, la poussière, ses mouvements… son guet-apens tout entier se reposait sur une série d'actions préméditées. Cet homme n'était pas là par hasard, et s'il voulait trouver un moyen de s'en tirer, il devrait prêter l'attention la plus irréprochable à chacun de ses mouvements.

Agrippant le cuir moite de son plastron d'une main tremblante pour calmer les battements de son cœur, le khajiit attendit.

Une seconde explosion sonore déforma le silence. Elle fut suivie d'une troisième, puis d'une quatrième, plus proche. Le bruit était puissant, entrecoupé de sonorités plaintives et métallique. Des grincements. Quelque chose était en train de tomber. Alors qu'il se disait qu'il ne connaissait qu'une seule structure capable de produire un tel vacarme, une bourrasque d'air le traversa, couchant son pelage comme un champ au passage d'une armée. Une nuée de livres se mit à pleuvoir sur lui, alors que les ouvrages étaient forcés hors de leurs encoches millénaires par la force invisible.

Quand le cinquième hurlement de métal plié retentit, il demeura un instant figé, à la manière d'une bête hagarde prise dans l'éclat d'une torche. La bibliothèque. La bibliothèque bougeait.

Les barres maintenant les étagères soudées entre elles cédèrent dans toute leur assourdissante agonie, projetant des fragments de fer déformé dans toutes les directions. Le félin se mit à courir, mais sa fuite l'avait mené au beau milieu d'une des galeries. Au-dessus de lui, un pan entier de rayonnage était en train de s'effondrer, à peine retenu par celui contre lequel il venait de s'écraser à son tour.
Le monde sembla basculer à la diagonale quand son issue se retrouva remodelée de force en un losange de pages et de rouille, masquant brusquement l'éclat bleuté du plafond. Un livre s'écrasa sur le coin de son crâne, et un autre lui percuta les omoplates avant de se désagréger en un amas de poussière et de reliures délitées. Fermant les yeux pour ne pas se retrouver aveuglé, il accéléra, drainant de ses muscles chaque once d'énergie encore disponible. Il devait sortir d'ici. Il devait-

Il n'entendit pas la bibliothèque percuter son crâne. Son champ de vision se retrouva brusquement décalé d'un mètre sur le côté, puis bascula complètement alors qu'il s'effondrait, l'esprit déconnecté de son corps par la force du choc.
Il cligna des yeux, et se retrouva a plusieurs mètres de là où il les avait fermé. Autour, tout n'était plus que fer et poussière. Son coude se plia dans un grincement osseux qu'il ne parvint pas à identifier, puis ramena sa paume contre le sol dans un espoir de le relever. Il poussa de toutes ses forces, mais ne bougea même pas. Basculant la nuque, il aperçu son bassin, enseveli sous une pile d'ouvrages haute comme un homme. Les livres étaient compressés sur lui par le poids de la gigantesque bibliothèque effondrée, et ne laissait qu'un mince passage se dessiner devant lui. Il devait réfléchir vite.
Dégageant sa pertuisane de son dos en trois fois plus de mouvements qu'il ne lui en aurait normalement fallu, il tenta de faire levier avec le plat de la lame pour dégager le bas de son corps. Son amplitude était fortement restreinte par le manque d'espace à sa disposition, mais il parvint à extirper ses jambes une à une à force d'efforts.

Dans la salle, aucun autre bruit, si ce n'était celui des gravats retombant peu à peu au sol après le chaos. Fébrile, il se mit à ramper, raccroché à l'espoir par cette pâle lueur bleue, au bout du corridor.
Brusquement, une main plongea dans les décombres et le saisit par le col, avant de le tracter brusquement à travers les décombres. Hagard, le khajiit émit un vague gémissement en sentant son arme lui échapper des mains. La poigne brute le hissa d'un monticule d'ouvrages, puis le projeta de côté, provoquant l'effondrement d'une pile supplémentaire au-dessus de lui.

En entendant le raclement du hachoir sur le sol, Renji bondit de côté, sortant à l'air libre au moment où la lame fendait l'air. Un son métallique lui parvint, et il vit une moitié de livre passer au-dessus de lui dans un déluge de feuilles arrachées. S'il n'avait pas esquivé, ce livre aurait été sa tête.

- Je savais qu'on se reverrait ! tonna le nordique en avançant derrière lui.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
20 novembre 2023 à 00:27:06

Le jeune Compagnon ne répondit pas. Se relevant sans trop savoir comment, il pivota vers son bourreau. Ce dernier souriait toujours de la même expression glaçante, peut-être plus encore que quand il l'avait aperçu.

- Tu ne peux plus te cacher maintenant, chaton. Voyons ce que vaut le tigre qui a repoussé Sirius !
- Je ne l'ai pas... commença le félin.
- Tsss, pas de ça. Le temps presse, tes amis ne vont pas tarder à voir que tu ne les suis pas. Les tuer devant toi me ferait de la peine.

«Ils ne reviendront pas, pensa amèrement le khajiit.»

- Eh bien, tu n'iras pas loin comme ça. Attrape !

Un objet rougeâtre quitta le dos de l'homme, et traversa les airs droit dans sa direction. La recrue pensa à une lame, mais écarta vite cette hypothèse : il semblait s'agir d'une petite bouteille.
Craignant ce qu'il pourrait de produire si son contenu se déversait au sol, il tendit la paume pour la réceptionner. La fiole, de verre ou de céramique, atterrit dans sa main avec un bruit liquide. Elle était couverte d'une peinture rose mate, et ne pesait pas plus lourd qu'un flacon d'eau-de-vie.

- Ne me fais pas attendre.

Le nordique s'était rapproché, couvrant la vision du félin de son ombre hargneuse. Les pulsions du colosse semblaient bouillir en lui, seulement contenues par la ligne fragile de sa patience. Que ce soit lors de leur première rencontre ou aujourd'hui, il apparaissait clair qu'il n'était pas doté d'une once de miséricorde. Pourtant, il semblait ne rien vouloir faire tant qu'il n'aurait pas ingurgité cette étrange concoction.

- Tu préfères que je te coupe en deux, c'est ça ? grinça le nordique en laissant paraître un rictus colérique. Je suis venu affronter le tigre qui a renversé Sirius. Si tu me déçois, je m'assurerais que ton agonie ne prenne jamais fin.

«Renverser Sirius ? Mais de quoi parle-t-il

Alors qu'il tentait de raisonner, il se souvint enfin.
À vrai dire, il n'avait pas grande mémoire de ce combat. L'Astre, comme il se faisait appeler, avait terrassé Fjol et Ja'Hiza, puis s'était chargé d'eux sans mal. Après ça, Nemira lui avait simplement raconté qu'une sorte de sixième sens s'était réveillé en lui. Il s'était jeté sur le magelame sans un mot, plus rapide, plus fort, et plus résolu que jamais. L'affrontement s'était interrompu net suite à l'irruption de Névérar, et la fatigue avait emporté ses souvenirs de la suite avec elle.

Mais il savait une chose : cet homme qui se tenait devant lui avait déjà parlé de Sirius lors de leur dernière entrevue. Était-ce une sorte d'obsession pour lui ? Espérait-il vaincre l'assaillant masqué de Blancherive par procuration, en terrassant celui qui lui avait supposément résisté ?

Toujours cramponné au goulot de cette étrange fiole, le khajiit laissa ses pensée courir, espérant qu'il aurait le temps de les voir aboutir avant que la vouge du géant ne vienne anéantir leur cheminement. À en croire ses propos, Sirius devait être soit son supérieur, soit son rival. Étant donné les compétences de Nemira, il apparaissait clair au khajiit que l'aptitude au combat ne déterminait pas toujours la position au sein d'un ordre, fusse-t-il un regroupement de guerriers sanguinaires. Aussi, la confiance de l'immense nordique en sa capacité à l'emporter laissait présager qu'il s'estimait au moins aussi fort que Sirius, quand bien même son grade laisserait présager du contraire.
Dans un cas comme dans l'autre, l'Astre n'était vraisemblablement plus au meilleur de sa forme. Bretteur talentueux et mage redoutable, il avait dominé chacun de ses assaillants durant plusieurs heures d'affrontements disparates. Mais Névérar était venu changer cela. Si l'elfe disait vrai, il avait rompu quelque chose chez le bréton, et la coupure de ce lien lui interdisait désormais de faire appel aux arcanes. Un tel événement avait dû drastiquement réduire la dangerosité de Sirius, et si sa déchéance partielle avait achevé de fragiliser sa position au sein de son ordre... alors il était possible que d'autres puissent chercher à le remplacer.

Était-ce donc la raison de la présence du géant devant lui ? Était il devenu, lui, la recrue imprudente de Jorrvaskr, le piédestal sur lequel il fallait poser sa botte pour gravir les échelons du Lys d'argent ?
C'était simplement ridicule. Quand bien même cet individu aurait été moins dangereux que Sirius, les scénarios dans lesquels il avait une chance de l'emporter face à lui paraissaient tout bonnement hors d'atteinte. Il n'était pas vraiment lui-même lorsqu'il avait affronté le bréton, et dès qu'il était revenu à lui, la mort avait failli le cueillir dès les premiers instants. Qui que soit son adversaire, l'idée qu'il se faisait de sa force était erronée : il n'était pas à la hauteur de la grandeur fantasmée par celui-ci, et l'illusion ne durerait pas longtemps.

Il n'allait pas manquer une telle occasion pour autant. Ayant désormais compris ce qu'il tenait en main, Renji fit sauter le bouchon de liège de la fiole, et porta à des lèvres le goulot arrondi par l'usage. Le liquide amer réveilla un goût de sang dans sa bouche, mais s'estompa presque aussitôt. Doucement, une chaleur apaisante se répandit dans son estomac, avant de d'enfler lentement.

«C'est donc ça, pensa le khajiit. Ces potions sont

Brusquement, un éclair traversa son corps, irradiant son torse, sa tête et ses membres d'une énergie brûlante. Ses os lui semblèrent se réaligner, ses poumons s'emplirent d'air, et son cœur se calqua sur le rythme de sa respiration presque instantanément. Une sensation de puissance enivrante venait de gagner ses paumes, ses jambes, son corps tout entier. Inexplicablement, il était en pleine forme... non, il se sentait même plus puissant que jamais.

Le nordique contempla son étonnement d'un air amusé.

- Première fois ? ricana-t-il. Ça vide la tête, pas vrai ?
- Oui...

Pris dans la contemplation de ses mains, le félin observait ses griffes avec un regard nouveau, presque comme si elles n'étaient pas les siennes. Il avait l'impression que rien n'était plus en mesure de l'arrêter. Les pensées parasites avaient quitté son esprit. Rurick, Nemira, le livre... tout se fondait dans les confins de son for intérieur, là où plus rien n'avait d'importance. Sa conscience s'était faite limpide comme la surface d'un lac, engloutissant ses doutes jusqu'à ce qu'ils en deviennent parfaitement indiscernables.
Et, émergeant de ce lit tranquille, une pensée dangereuse, venimeuse, venait de lui parvenir. Il la savait déraisonnable, et pourtant...

«Combien de fractions de secondes me faudrait il pour lui trancher la gorge de là où je me tiens

Il devait fuir. Fuir était la seule option sage, la seule option réaliste.
Il la balaya d'une inspiration enivrée. Il devait le faire. Pour Jorrvaskr.
Lentement, le geste alourdi par la résolution, Renji dégaina.

- Eh bien. Vous vouliez vous battre ?

La pertuisane monta dans l'air jusqu'à désigner la poitrine de l'énorme nordique. Ce dernier sourit de plus belle, exhibant sa dentition ensanglantée comme un étendard tacheté de violence.

- Oui. Oui, c'est très bien. Quoi de mieux pour finir en beauté cette journée qu'un adversaire défiant la mort ?! Tu as intérêt à ne pas mourir trop vite, chaton !

Renji plongea avant qu'il ne finisse sa phrase. Dès le moment où il se mit en mouvement, le khajiit avait senti ses mollets se tordre sous le surplus d'énergie qui l'avait envahi. Avec un sourire dénué de sagesse, il amorça sa frappe. Sa lame découpa l'air avec un son lourd, et fendit la distance le séparant du nordique en un battement de cils. La hallebarde de ce dernier bondit sur sa trajectoire juste à temps pour voir l'acier des deux belligérants exploser en une pluie d'étincelles, déchirant l'air dans un vacarme métallique. Aussitôt, le félin profita de la force du contrecoup pour pivoter dans la direction opposée, et frappa de nouveau en un mouvement de balancier si puissant qu'il projeta l'arme du colosse hors de ses mains. Loin de s'alarmer, ce dernier éclata de rire, puis se jeta sur lui.

Perdu dans un flot de sensations grisantes, le Compagnon bondissait de tous les côtés, extatique. Il frappait presque sans regarder sa cible, subjugué par sa propre vivacité. Ses réflexes n'étaient pas en reste : par cinq, dix, vingt fois, il évita un coup qui aurait suffi à broyer les côtes d'un combattant ordinaire. Il avait l'impression de voir au travers du nordique, comme si ses mouvements se produisaient avant même qu'il ne les esquisse. Dans cet état, rien ne pouvait entraver l'étendue de ses forces. Sa pertuisane fendit net la pierre d'une étagère en manquant le bras du guerrier, et crissa contre le sol dans un grincement d'agonie. Sans même prêter attention aux sons qui l'entouraient, il continua de frapper, encore et encore, laissant son adversaire reculer mètre après mètre dans la galerie dévastée.

Il n'était plus capable d'estimer depuis combien de temps ils se battaient. Plongé au cœur de son ballet mortel, la première chose à laquelle Renji songea était qu'il trouvait étrange qu'un être d'une telle carrure puisse dévier ses assauts de la sorte.

Puis, sans prévenir, la claque cueillit le félin en plein dans la tempe. La main du colosse rugit contre sa joue, plia son corps en deux comme une brindille, et l'entraina avec elle sur un bon mètre avant de relâcher son étreinte, le catapultant à travers la salle comme un carreau d'arbalète. Soudain, le khajiit ne vit plus rien, et son extase se mua en supplice quand il senti le monde le percuter de toute parts comme un étau de souffrance condensée. Il émergea par la paroi d'une bibliothèque située cinq mètres plus loin, et s'effondra contre le sol dans un nuage de poussière viciée. Les sens encore décuplés par l'effet de la mixture, il se remit debout, mais l'angle de son épaule avait quelque chose de si fondamentalement erroné qu'il marqua un temps d'arrêt. Il n'avait même pas mal, mais quelque chose lui disait que cet évènement venait de drastiquement modifier l'issue de leur rencontre.

Imperturbable, le nordique surgit d'un coin de rayonnage, et s'avança dans sa direction, une lame dans chaque main. Si la pertuisane semblait intacte, le manche de sa hallebarde semblait quant à lui sur le point de céder. Plusieurs entailles profondes d'un demi pouce venaient mordre le fer de sa hampe, et la lame était pliée sur le côté, déformée par une force défiant toute logique.
Quelque chose d'autre l'empêcha de charger l'ennemi. Le corps du colosse était couvert de sang. Les plaies petites et profondes couvraient son torse, ses épaules, ses cuisses et ses bras, comme s'il était passé à travers un amas de ronces géantes. Autour de lui, les morceaux de livres tranchés et de pierre broyée étaient couverts d'éclaboussures rougeâtres.

- Je n'y crois pas, tu es un vrai smilodon !

Il regarda l'homme. Sur son visage, une énorme blessure découpait un pan de sa joue, révélant l'ossature de sa mâchoire aux proportions monumentales.

Quand lui avait-il fait ça ?
Avec un frisson, Renji se rendit compte qu'il n'avait aucun souvenir précis des dernières minutes. Il tenta de fouiller sa mémoire, mais seul le flot ininterrompu du combat occupait ses pensées. Puis, dans un second moment de réalisation, il compris qu'il ne savait même pas depuis combien de temps leur affrontement durait.

- Tu ne m'as pas raté, gamin ! Je suis heureux de voir que Sirius n'a pas à rougir de sa défaite. N'importe lequel de mes hommes se serait effondré devant toi et ton arme étrange !

Le félin ne comprenait plus rien. Quand le fil de son esprit avait-il repris son cours ? Était-ce là l'effet du coup qu'il avait reçu ? Ou bien avait-il justement été touché parce que les effets du breuvage s'étaient dissipés ?
Comme accéléré par ses pensées, le regain de sa conscience s'accompagna sans tarder par celui de la douleur. Un instant, il ne sentait rien. Le suivant, le côté gauche de son visage était devenu une masse de souffrance informe, et pulsait au rythme saccadé de son cœur échauffé par la bataille. Lentement, il passa sa langue dans le creux de sa bouche pour vérifier qu'il avait encore toutes ses dents. Le goût du sang anesthésia presque sa langue, mais il ne nota rien d'anormal. Cherchant des yeux sa pertuisane, il la trouva encore accrochée au rebord du rayon qu'il venait de traverser. Il fit mine de s'approcher, mais le nordique se décala en même temps que lui, barrant sa route tel un mur de chair.

- Ça ne sert à rien de t'affoler. Tu n'en as plus pour longtemps. Maintenant, mieux vaut te reposer en attendant la fin.
- Je peux encore me battre, objecta le félin en cherchant de toutes ses forces un moyen de tromper la vigilance de son opposant.
- Non.

Le khajiit plissa les yeux. Le ton de l'homme n'avait plus rien de belliqueux.

- Non, répéta-t-il. Ça n'en vaut plus la peine. Tu ne saurais plus me satisfaire dans ton état.
- Qui êtes-vous pour affirmer cela ?

La défiance forcée du félin fut accueillie par un rire tonitruant. La voix du barbare explosa dans le vestibule, ricochant contre les parois comme un coup de tonnerre fendant la pierre. Son hilarité enfla pendant plusieurs secondes, puis s'évanoui brutalement lorsqu'il reporta son regard sur lui.

- Ah, mon chaton, dit-il en reprenant son souffle. Tu m'as mieux diverti que je ne saurais l'admettre. Si c'était à refaire, je serais retourné à Jorrvaskr bien plus tôt !

Voyant la mine circonspecte de la recrue, il reprit :

- Quoi, tu ne savais pas ?
- Qu'est-ce que je ne savais pas ?
- Oh.

Ses yeux s'agrandirent.

- Alors, Rigel ne t'as rien dit ? Rien du tout ?
- Vous allez cracher le morceau ou non ?

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
20 novembre 2023 à 00:27:42

L'esprit encore échauffé, Renji sentait poindre la frustration dans sa propre voix. Son épaule lui faisait terriblement mal, mais quelque chose lui disait que l'homme tentait de gagner du temps. D'après ses blessures, il avait perdu beaucoup de sang. S'il pressait son avantage maintenant, peut-être pouvait-il...

- Puisque personne ne te l'a dit, je vais le faire. Je suis Brunwulf. Et je suis membre des Compagnons.

Cette fois, la surprise défigura Renji à la place de la colère.

- Quoi ?
- Je pensais que tu étais au courant. De mon temps, Titus n'était pas du genre à garder les secrets. Je suppose que son successeur se plaît à défier les codes de l'honneur.

D'un pas, le dénommé Brunwulf s'approcha de lui. Comme un reflet désynchronisé, le félin recula du même coup, esquissant deux enjambées en arrière pour maintenir la distance entre eux.

- Je l'ai vu en haut, lâcha le barbare. Il lance des sorts. Il lance des sorts ! Tu imagines ? Le Héraut des Compagnons, descendant du titre d'Ysgramor, lançant des sorts ? L'homme représente tout ce qu'il y a de plus pathétique dans nos rangs à l'heure actuelle.
- Vous n'êtes pas des nôtres. C'est impossible.
- Oh, mais je le suis. Enfin, plus tout à fait à l'heure actuelle, tu n'as pas tort. Cela fait un moment qu'ils m'ont envoyé paitre. Ce n'était pas dur, cela dit. Frapper plus fort, juste un tout petit peu plus fort que prévu pour que l'adversaire rende l'âme avant sa capture… tuer quelques prisonniers par erreur... Rien qui attire trop l'attention, mais suffisamment pour leur laisser croire que j'étais incontrôlable.

Si le khajiit était certain d'une chose, c'était que cet homme était tout sauf maladroit. Ses mouvement trahissaient une maitrise parfaite de son corps. S'il avait bien fait partie des Compagnons un jour, comment avait-il su tromper la vigilance du Cercle ?

- Alors, voyant que la brutalité de mes méthodes ne faiblissait pas, Titus m'a congédié. J'ai passé quelques jours de plus en ville en espérant que l'un d'eux soit trop vexé par ma présence pour me supporter davantage, mais aucun n'a semblé assez digne pour oser se mesurer à moi. Enfin, à part Titus et ce forgeron, aucun n'aurait pu me satisfaire. Mais toi…
- C'était tout ce que tu voulais ? Te battre ?
- Y'a-t-il une meilleure raison de rejoindre les Compagnons ? Vous vous enorgueillissez peut-être d'objectifs plus nobles aujourd'hui, mais votre fond de commerce n'a pas changé. Vous êtes simplement un peu moins regardants qu'à l'époque sur la qualité des guerriers que vous recrutez.

Le nordique fit une petite pause, et observa un instant son interlocuteur. Il esquissa un sourire triomphant, comme s'il avait attendu cet instant précis avec impatience. Laissant un rictus mauvais se dessiner sur son visage, il reprit la parole :

- Dis-moi, mon chaton : as-tu déjà entendu parler des mains d'argent ?

Renji le fixa un moment. Comment ne pas les connaitre ? Ils étaient probablement l'organisation avec le plus de sang de Compagnons sur les mains. Aujourd'hui encore, on louait la vaillance des braves leur ayant succombé, et les chants de l'extermination de ce groupuscule sinistre faisait battre la grande salle de Jorrvaskr pendant les banquets.
Il resserra sa prise sur sa pertuisane. Ce n'était pas le genre d'histoires que l'on contait à quelqu'un qu'on avait prévu d'épargner.

- La haine qui liait les mains d'argent aux fils d'Ysgramor était tenace, bien trop pour s'effacer. Il y a quelques années, nous leur avons porté le coup de grâce. Nous pensions les avoir anéanti. Je le pensais, en tout cas. Jusqu'à ce qu'ils me contactent.
- Contacter un Compagnon ? C'est ridicule.
- J'aurais probablement dit la même chose. Mais, disons que les méthodes du Cercle ne me laissaient pas complètement indifférent. Leur façon de faire était… sauvage, pour ne pas exagérer. Ils ne se battaient plus, chaton. Ils chassaient. Et rien n'est plus triste pour un guerrier que de voir un valeureux combat se changer en traque.
- Alors vous les avez rejoint ?
- Alors je les ai rejoint. Mais n'y voit pas là une volonté de vengeance quelconque. Je me suis contenté de répondre à leurs questions, en échange de la promesse qu'une fois le moment venu, ils me laisseraient le champ libre.

Le félin tiqua.

- Le champ libre pour quoi ?

Le colosse s'apprêtait à répondre, mais fut pris d'une quinte de toux. Il crachat un caillot d'hémoglobine par terre, puis soupira profondément.

- À Jorrvaskr, les lames ne se croisent plus depuis bien longtemps. Aujourd'hui encore, les plus forts d'entre eux se regardent comme des pucelles dans un miroir. Ils ne rêvent pas de se mesurer les uns aux autres… par les Neuf, ils ne rêvent plus de rien ! Alors j'ai parlé. J'ai parlé à ces fantômes d'argent que tous pensaient disparus. Et, quelques semaines plus tard, trois vétérans de Jorrvaskr disparaissaient définitivement. Comme ça, d'un seul coup. Sans laisser de traces. Enfin, si je devais être exact, je dirais que seuls deux d'entre eux portaient la marque… Mais ça ne faisait aucune différence à l'époque. Personne n'a fait le lien avec les mains d'argent supposés disparus, et personne ne m'a soupçonné non plus.
- L'espion du Lys d'argent, c'était vous ?

Le nordique haussa un sourcil broussailleux.

- Pas que je sache. Le Lys n'a trouvé son nom que plus tard, lorsque Sirius a pris notre tête. Mais bon. Main d'argent, Lys d'argent, peu importe. Le Lys prendra Blancherive, mais c'est aux chasseurs de Compagnons que reviendra l'honneur de terrasser Rigel et le vieillard. C'est bien pour ça que j'ai fini par les rejoindre.

Le khajiit se sentit blêmir. Vouloir se mesurer à ses frères d'armes au point de les trahir était l'acte d'un fou. Les entrainements de Jorrvaskr étaient tout sauf une partie de plaisir : il avait sans doute écopé de plus de blessures dans l'enceinte des Compagnons qu'en dehors des murailles de Blancherive, et il avait découvert par la force des choses que là-bas, personne ne retenait ses coups. Mais cela ne suffisait pas à l'homme qui lui faisait face. Cette brute ensanglantée ne voyait ni les allégeances, ni la justice, ni la confiance. Il ne voyait que l'attrait du danger immédiat, que cette ombre fatidique qui planait au-dessus du champ de bataille lorsque deux guerriers enchainés par la promesse dichotomique du triomphe ou de l'au-delà croisaient le fer. Soudain, il su à coup sûr que l'un d'eux ne pourrait quitter ces ruines qu'en enjambant le cadavre de l'autre.

Sa tête tournait. La brume d'hostilité qui avait couvert sa conscience s'était levée, et désormais, l'étendue de la soif de sang qui habitait son adversaire lui parvenait enfin. Il ne voulait pas simplement détrôner Sirius. Non, il voulait simplement massacrer les Compagnons en remontant la chaîne de commandement depuis le début. D'abord lui, la recrue qui avait résisté à l'Astre. Puis ce serait le tour des membres plus aguerris comme Fjol et Ja'Hiza. Ensuite, ce serait le Cercle. Puis Titus. Et enfin Rigel.
Il était convaincu qu'Athis ne ferait qu'une bouchée de cet homme s'il le souhaitait. Mais il n'était pas Athis.
L'homme avança de nouveau, et le khajiit buta contre une pile d'ouvrages en reculant. Le ton du nordique se fit plus dur à mesure qu'il se rapprochait, jusqu'à ce qu'il ne se tienne plus qu'à un mètre de lui, laissant son faciès tordu par le dégoût surplomber sa stature monumentale comme la touche finale d'un tableau d'horreur martiale :
- Mais vos dirigeants n'ont pas daigné se montrer à la hauteur. Ils ont négligé toute notion de force, toute notion de gloire ! Quand Titus a passé le flambeau, Rigel est devenu la lie des guerriers de ce monde. Du jour au lendemain, Jorrvaskr recrutait ! Elle recrutait ! Alors, ce qui devait arriver arriva ! Un ordre qui ne jurait que par la grandeur de ses guerriers s'est changé en une guilde miséreuse et puante en l'espace d'un mois ! Moi qui estimait mes pairs, je fus soudain entouré de cafards tremblants ! De gosses, à peine assez grands pour tenir une épée ! Aux Daedra les consignes du Lys ! Je suis parti peu après. Et je vois que malheureusement, rien n'a changé depuis. Mais sois sans crainte, quand j'en aurai fini avec toi, le petit nordique qui t'accompagnait va-

La jambe de Renji se leva instinctivement, et vint fouetter le flanc du géant avec un son sourd. Il baissa les yeux vers sa jambe, puis sourit. Lorsqu'il saisit le manche de sa bardiche, le khajiit compris qu'il n'attendait que cela pour attaquer.

- Eh bien, voilà une déclaration de guerre comme je les aime ! rugit le colosse en s'abattant sur lui.

Le nordique balança son glaive en diagonale dans une tentative d'éventrer le félin. Évitant de peu la lame, ce dernier prit appui sur l'étagère de la bibliothèque dans son dos, et se jeta avant qu'une seconde frappe ne vienne dévaster le monticule de livres sur lequel il se tenait. Se retournant, il balaya le dos de son adversaire de la pointe de sa pertuisane, imprimant une ligne écarlate contre son omoplate. Sans un cri, l'homme inséra sa main dans un rayonnage, et pivota sur lui-même comme pour lui asséner une gifle. Alors qu'il s'attendait à le voir charger, Renji vit une bonne quinzaine de manuscrits fuser sur lui à la vitesse d'une salve de flèches. Il fut projeté en arrière par la force des projectiles, et se réceptionna d'une jambe, juste à temps pour voir son opposant charger de nouveau.
Il dévia plusieurs assauts, réchappant chaque fois de peu à une mort aussi violente qu'expéditive. La lame de sa vouge déchirait l'air dans un bourdonnement pesant, comme un gigantesque insecte vibrant à la recherche de sa proie. Plusieurs fois, sa propre lame trouva la chair du colosse, mais ce dernier ne freina pas le rythme de ses assauts. Couvert de son sang comme d'une peinture de guerre, il paradait avec une force inouïe, démolissant l'espace qui le séparait de sa cible avec chaque frappe manquée. Plus le temps passait, plus la recrue se mettait à croire que ses tentatives ne faisaient que renforcer la bête sanguinaire qui l'assaillait sans faiblir.

Puis vint l'erreur. Frappant de la pointe de sa pertuisane, Renji perça profondément l'avant-bras du nordique. Voyant que ce dernier lâchait son arme, le khajiit arma une nouvelle frappe, visant à balayer le torse de son ennemi.
Ce dernier se rapprocha d'un pas fulgurant, entrant dans la zone morte du félin sans lui laisser le temps de corriger sa frappe. En voyant son bras coincer la lame contre lui dans une prise vigoureuse, le cathay su que sa chance venait de s'écouler. Comme dans un rêve, il vit le bras blessé du colosse se replier vers l'arrière, refermant ses doigts en un bloc de chair mortelle. Puis le bras se déplia, et s'enfonça dans son abdomen.

Renji traversa les airs si violemment qu'il ne sentit même pas son corps percuter la pierre de la bibliothèque. Sa cage thoracique se comprima en un amas brûlant, comme prise dans un fer ardent. Il rebondit sur le sol si vite que sa course ne s'arrêta même pas, et vint s'écraser une seconde fois de tout son poids. Cette fois, il senti que quelque chose n'allait pas quand son cri de douleur resta bloqué dans ses entrailles. Ses poumons ne répondirent pas quand il tenta d'inspirer, et une sensation de vide terrorisante lui vrilla le ventre. Il resta allongé, suffoquant dans un long râle d'agonie, incapable même de savoir si ses yeux étaient encore ouverts.
En réalité, l'issue du combat était scellée avant même que celui-ci n'ait débuté.

Une voix. Le nordique lui parlait.
Le poids d'une botte lui comprima les vertèbres avec une force impitoyable, faisant exploser une nouvelle vague de douleur dans le thorax du félin. Par miracle, cela sembla débloquer quelque chose en lui, car l'air afflua de nouveau dans ses poumons, lui arrachant un hurlement étranglé à peine audible. La brûlure de l'oxygène se diffusa dans tout le haut de son corps, et une toux frénétique vint secouer son diaphragme compressé, libérant dans sa bouche le relent acide de la bile.

Quelque part au-dessus de lui, la voix repris. Cette fois, il l'entendit :

- Tu n'étais pas mauvais, mais on dirait que tu ne peux plus jouer. Je passerai le bonjour à tes petits amis de ta part.

Le sifflement était bref, mais Renji le perçu sans mal. Le cri du nordique résonna dans la salle, et un liquide chaud aspergea le visage de la recrue. Ses yeux s'ouvrirent.
Effondré entre les jambes de son adversaire, il aperçu les contours de deux silhouettes floues se découper dans la rangée. L'une, nettement plus grosse, se rapprochait à toute vitesse d'eux. La seconde, quant à elle, était presque confondue dans la clarté blafarde des orbes luminescents.

- Nemira ? Rurick ?

Non. Il s'agissait de deux argoniens. Le premier était très grand, presque autant que le nordique. Le second attendait en retrait, les bras pliés au niveau de son torse.
Le colosse le surplombant recula, disparaissant de sa vision. Le grand argonien le dépassa en trombe, et s'en alla le rejoindre dans un grand fracas métallique.

Il tenta de se tourner, mais ses membres étaient comme détachés de son contrôle. L'autre argonien tendit les mains, et un trait d'énergie bleutée traversa la bibliothèque. Nouveau cri du nordique. Un mage ?
S'élançant à son tour, le second reptile s'arrêta à son niveau, et posa une main contre son visage. Ses doigts à l'éclat turquoise étaient couverts de rouge quand il la ramena à lui, mais son visage écailleux ne sembla pas s'en alarmer.

- Désolé pour les éclaboussures, dit-il. Tu vas bien ?
- V...vous êtes…
- Allons, ne me fait pas l'affront d'écorcher mon nom. Zede-Tei. En deux mots. Tu peux parler ?
- Z...Zede…
- Pas mal, tu n'es qu'à moitié idiot. Tu te souviens de moi ?

Le félin hocha la tête.
Presque aussitôt, l'argonien le hissa en arrière, et l'adossa contre un rayonnage.

- Qu'est-ce que… vous faites…
- Je t'installe un peu mieux. Tu ne voudrais pas rater le spectacle, crois moi. Oka est d'une humeur massacrante aujourd'hui.

La recrue secoua le crâne de gauche à droite, mais la douleur l'empêcha de finir son mouvement.

- Non, articula-t-il avec difficulté. Qu'est-ce que vous faites… ici ?
- Oh, ça ?

Un sourire carnassier ouvrit les mâchoires de Zede-Tei, révélant deux rangées de crocs superbement alignés.

- Ca ne se voit pas ? On sort un camarade du pétrin.

EsZanN EsZanN
MP
Niveau 27
24 novembre 2023 à 17:52:14

aaaaaaaaaaaaaaaah je veux la suite !
Non vraiment le chapitre était vraiment super, rien à redire et plus ça va plus je bénis cette fic d'exister.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
24 novembre 2023 à 19:57:43

J'y travaille :hap:

Deux gros exams la semaine prochaine et le 8, mais le prochain devrait sortir début décembre, et après ça le rythme devrait accélérer de façon durable :oui:

EsZanN EsZanN
MP
Niveau 27
24 novembre 2023 à 20:19:07

J'ai hâte. :hap:
Bonne chance pour tes examens, j'espère que tu les réussiras haut la main. :noel:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
24 novembre 2023 à 20:21:25

Pour l'instant je m'en sors relativement bien, j'ai bon espoir :noel:

EsZanN EsZanN
MP
Niveau 27
25 novembre 2023 à 22:26:00

Je te le souhaite. :hap:

EsZanN EsZanN
MP
Niveau 27
08 décembre 2023 à 20:41:48

Cc :hap:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
12 décembre 2023 à 23:32:48

Mes excuses camarades une masse abyssale de travail m'est tombée dessus, j'essaye de survivre mais je continue lentement d'écrire pas d'inquiétude :hap:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
15 décembre 2023 à 00:50:15

Chapitre demain (enfin aujourd'hui) ! Le suivant courant décembre

Je vais tabler sur des chapitres un peu plus courts pour essayer de maintenir un semblant de régularité d'ici fin janvier, à partir de là le rythme devrait décoller un peu :oui:

EsZanN EsZanN
MP
Niveau 27
15 décembre 2023 à 23:37:45

Il te reste 20 minutes. :hap:

Et aucun souci bg, prends ton temps on est pas à un mois et demi près. :ok:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
16 décembre 2023 à 00:00:26

Chapitre 62

- Lame en avant.

Le sifflement de l'argonien claqua dans l'air vide comme un coup de fouet.
L'air mauvais, le nordique de redressa péniblement. Deux immenses aiguilles de glace translucide traversaient sa chair de part en part, ornant son épaule et le bas de son abdomen de deux excroissances grotesques.
L'espadon du reptile battu l'air d'un moulinet furieux, puis se pointa vers lui.

- Allez, viens t'battre. Tu n'sais pas depuis combien d'temps j'attends d'te régler ton compte.
Ignorant les projectiles lui perçant le corps, le colosse se dressa de toute sa hauteur, et saisit da hallebarde à deux mains. Il souriait à pleines dents.
- Ah, Oka... Tu as encore grandi, non ? Mais tu t'encombres toujours de ton frangin. Quand verras-tu enfin que ce dernier te déshonore ?
- Tu fais peine à voir, rétorqua l'argonien sans daigner lui répondre. Mon seul regret s'ra de n'pas t'avoir écrasé au sommet d'ta puissance.
- Oh, si ce n'est que ça !

L'une des mains du nordique quitta le manche de son glaive, et disparu dans son dos. Elle réapparut aussitôt, armée d'une petite fiole rouge.
Un craquement de banquise brisée retentit, et un trait d'air glacial vint traverser la paume de l'homme de part en part, faisant voler le flacon en éclats dans une explosion sanglante. Aussitôt, Oka se retourna en arrière, foudroyant Zede-Tei d'un regard chargé d'intention meurtrière.

- Refais ça une fois, mon frère, une seule... et je te jure que je te-
- Arrête de chialer. Il est en forme. Et ça n'a pas l'air de l'avoir arrêté...

D'une main encore chargée d'énergie arcanique, Zede-Tei pointa un doigt vers le nordique. Le grand sang-froid toisa son aîné encore un instant, ses pupilles réduites à l'état de deux fentes prédatrices, puis se retourna avec la lenteur d'une porte.
Brunwulf était en train de lécher sa main déchiquetée avec avidité, couvrant sa gorge d'une mixture de sang et de verre brisé. Visiblement, les précautions du mage n'avaient pas suffi, car les doigts écharpés du malfrat se mirent à se reconstituer lentement.
Un soupir de soulagement souleva la poitrine d'Oka.

- En voyant que t'avais fermé toutes les portes derrière toi, j'commençais à croire que tu comptais disparaître.
- Alors, tous les autres y sont passés, hein ? Dis-moi, est-ce qu'ils ont supplié avant de mourir ?
- Certains ont pleuré.

L'annonce de Zede-Tei était dénuée de réjouissance comme de compassion. Ses yeux froids n'avaient pas quitté Renji des yeux. Dans un élan de conscience brumeuse, le khajiit vit l'argonien inspecter son corps à la recherche de blessures. Il apposa ses paumes contre les joues de la recrue, et un froid vif se répandit de ses écailles. Presque aussitôt, le félin se sentit ramené dans le réel par l'étreinte glaciale, et tourna lentement la tête scène vers le nordique.

Les deux belligérants se faisaient face, campés dans une posture presque caricaturale. Oka se tenait de profil, et brandissait son espadon au-dessus de sa taille, parallèle au sol, comme si ce dernier ne pesait pas plus lourd qu'une rapière. Le nordique, quant à lui, se dressait avec nonchalance. Il agrippait sa bardiche d'une seule main, juste sous l'insertion de la lame. En dépit de son air décontracté, ce fut pourtant lui qui chargea le premier.
Il fonça tête baissée, laissant ses bottes tonner contre le sol dans un écho destructeur. Arrivé au niveau de son opposant, il fléchit les genoux, et frappa d'un coup d'estoc, utilisant sa vouge comme un énorme poignard.

D'une extension des bras, Oka révéla l'étendue de son allonge, pointant sa lame droit vers le cœur de son ennemi. Loin de reculer, ce dernier corrigea la trajectoire de sa frappe, et dévia l'acier de l'argonien. Profitant de son élan, il se mit à pivoter sur lui-même, laissant sa main glisser le long de la hampe.
Décuplée par la rotation de son porteur, la hallebarde fusa à toute vitesse, et traversa les airs avec tant de force que plusieurs livres furent chassés de leurs rayonnages sous la bourrasque générée par son coup. La frappe aurait pu fendre un tronc en deux, mais le Compagnon ne bougea pas. Dans un hurlement de métal supplicié, le glaive se fracassa contre sa lame, soulevant la poussière autour des deux belligérants. Étonné, le hors-la-loi recula d'un pas.

L'argonien tenait sa grande épée d'une main. Sa seconde main était plaquée poing fermé contre sa lame au niveau du point d'impact.

- Impressionnant, le félicita le nordique. Quand as-tu appris ça ?
- Silence. Lame en avant.

Du même élan, ils se jetèrent de nouveau l'un sur l'autre, et le chant des armes rugit de plus belle dans les corridors vides.

Le second assaut fut bien plus violent que le premier, comme si ce dernier n'avait été qu'un échauffement sommaire. À chaque coup échangé, le son des pages volantes rappelait le caractère profane de leur rencontre. Ici aussi, les conflits avaient achevé de rendre ineptes les plus grandes traces d'esprit de la civilisation, reléguant les écrits millénaires des scribes au rang de spectateurs muets, virevoltant avec impuissance dans les étincelles de la guerre.
Oka était fort : cela n'avait jamais fait l'ombre d'un doute pour le félin. Mais ce qui le surprenait vraiment était l'adresse de ce dernier. Au centre de sa vision assombrie, les deux adversaires feintaient, se fendaient, déviaient et contre-attaquaient dans une danse lourde et élégante. Leurs mouvements faisaient frémir l'air, comme si même les éléments craignaient de se trouver sur le chemin de leurs échanges impétueux.
Une seconde fois, les opposants brisèrent leur duel, reculant chacun de quelques pas.

Du dos de la main, Oka essuya le coin de sa bouche, y laissant une traînée écarlate. Face à lui, le malfrat n'en menait guère plus large. Cramponnée au manche de sa bardiche, sa main avait mal cicatrisé, et son annulaire violacé pendait de côté, complètement inerte. Les nombreuses blessures que Renji lui avait infligées semblaient quant à elles s'être refermées, ne laissant qu'un maillage de coupures à la surface de sa peau blafarde. Néanmoins, l'argonien avait indéniablement laissé sa marque sur le corps de Brunwulf : deux énormes couronnes de sang bleui ornaient son flanc, témoignant du passage destructeur de ses poings écailleux.

Une nouvelle fois, ils s'approchèrent l'un de l'autre, et noyèrent l'allée dans un déluge d'étincelles hurlantes. Cette fois, Renji su dès le premier coup que les frappes échangées étaient différentes : celles-ci étaient lourdes, plus encore que les précédentes. Si leurs premières passes d'armes étaient un échauffement, ces dernières étaient bien réalisées avec l'intention de tuer.
Le son de l'acier fracassé explosait dans les ruines sans discontinuer. Brièvement, le félin se demanda si leur affrontement ne risquait pas de réveiller les morts qui hantaient les corridors sépulcraux de la Souche Dormante. Mais en voyant ces colosses se mouvoir infatigablement, comme des statues de granit animées par une volonté les dépassant, il pensa que les macchabées faisaient bien de garder leurs distances.
Pour autant, leur affrontement ne semblait pas s'approcher d'une quelconque conclusion. Les deux guerriers semblaient d'une force égale, et si l'agilité du nordique paraissait légèrement supérieure, la technique de l'argonien avait déjà fait ses preuves.

Les coups de Brunwulf étaient terriblement précis. Utilisant à merveille son centre de gravité, il enchaînait les assauts rapides, et profitait de chaque ouverture de son adversaire pour étendre sa prise sur sa hallebarde et asséner une attaque rotative dévastatrice. Chaque fois qu'il frappait ainsi, un pan de bibliothèque ou de sol volait en éclats, ne manquant Oka que de peu. Si le nordique touchait ne serait-ce qu'une fois, c'était la mort assurée.
À l'inverse, le Compagnon adoptait un style très scolaire. Malgré leur lourdeur terrassante, ses gestes étaient secs et contenus, comme si seule une fraction de sa force était autorisée à s'exprimer dans chacun de ses mouvements. En conséquence, il semblait réduit à la défensive la plupart du temps, n'attaquant qu'après les frappes les plus lourdes de son opposant. De temps à autres, ses poings venaient cogner le thorax du nordique, mais ces derniers ne freinaient même pas ses assauts furieux.

Renji perdit le fil de l'affrontement à plusieurs reprises. Le battement irrégulier du fer lui rappelait ses siestes à Jorrvaskr, bercées par les travaux métallurgiques de Shazam. Que ne ferait-il pas pour regagner le berceau chaleureux de Blancherive et regarder la neige tomber depuis la fenêtre du hall ? Finalement, peut-être était-ce pour cela qu'il se battait. Pas pour sauver qui que ce soit, pas pour la justice, mais pour la simple promesse d'une aube nouvelle, entourée des siens.

Un juron le tira de ses pensées. Zede-Tei fixait la scène en sifflant, sa langue reptilienne battant l'air dans ce que Renji interpréta comme de la frustration. Il tourna la tête, faisant craquer ses cervicales dans une décharge de douleur. Le Main d'argent était en train de gagner du terrain, noyant Oka sous une avalanche de coups que ce dernier peinait à dévier. Mêlant les frappes à mains nues aux coups de bardiche, le nordique semblait avoir délaissé toute retenue, et n'hésitait pas à fracasser sa main mutilée contre le corps de l'argonien pour empêcher sa riposte.
Forcé de reculer sans pouvoir riposter, le reptile concentrait ses parades sur la lame de son adversaire, mais écopait au passage de lourdes frappes. Malgré sa dextérité hors normes, près de la moitié des coups le touchaient au ventre, au torse ou aux épaules, et l'inconfort provoqué par la douleur se voyait aux frémissements erratiques de sa queue chaque fois que le poing du malfrat rencontrait ses côtes.
À côté de Renji, l'aîné secoua la tête d'un air dédaigneux avant de cracher par terre.

- Tsss... Il se fait submerger comme un débutant.
- Je t'ai dit que je pouvais m'en charger ! rugit l'intéressé avant de s'interrompre en encaissant un uppercut dans le plexus.

Comme enhardi par le dédain de son frère, Oka laissa le coup suivant venir. La lame du malfrat ripa contre son flanc dans un éclair de sang, mais il ne broncha pas, et asséna un violent coup de tête à ce dernier, brisant net son élan. D'un coup de tibia, l'argonien fouetta la cuisse nue du colosse, faisant plier sa jambe dans un claquement assourdissant. Un second coup de pied vint écraser son bras contre son torse, pliant ce dernier dans un angle à peine compréhensible. Surpassant le fardeau de la douleur, Brunwulf tenta de frapper de nouveau, mais la queue du reptile remonta comme un fouet, lacérant son poignet pour l'empêcher d'armer un coup de hallebarde.

Cette fois-ci, ce fut au Compagnon de passer à l'attaque. Saisissant son espadon par le milieu de la lame, il se mit en mouvement, et Renji compris que la retenue du Compagnon n'avait eu pour but que d'économiser des forces dans l'attente de cet instant. Dans une tornade d'émeraude et d'argent, l'argonien se déchaîna brusquement, projetant sa lame dans une série de frappes à peine visibles. En quelques secondes, l'air se couvrit de spirales pourpres, aspergeant le sol, le papier et la pierre des rayons d'une bouillie sanglante. Le spectacle était macabre. L'espadon fendait le nordique sans pitié, creusant des sillons de chair béante à la surface de sa peau pâle.
Brusquement, Brunwulf écarta les bras dans une pluie d'hémoglobine, laissant jaillir un hurlement viscéral semblable à celui d'une bête acculée. Délaissant son arme, il se jeta vers son adversaire pour saisir sa lame à mains nues.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
16 décembre 2023 à 00:08:22

Sans un mot, Oka observa le bras du hors-la-loi pendre de part et d'autre de son épée comme les grotesques pans d'un tronc fendu par la foudre. Puis il vit le sourire malade se dessiner sur son visage. Dans un rire grotesque, Brunwulf brandit son autre bras, révélant des doigts serrés comme une pointe de lance. D'un geste rapide, sa main fusa vers la gorge de l'argonien. Un son de muscle déchiré parvint aux oreilles du khajiit, mais ce dernier ne discerna pas toutde suite ce qui s'était passé. Ce ne fut qu'en constatant le sourire carnassier de Zede-Tei qu'il compris qui venait de remporter l'affrontement.

Dans la main d'Oka, une pique de glace épaisse comme un rondin s'était matérialisée de nulle part, traversant l'espace où se trouvait l'épaule du colosse. Désormais, seul un arc de cercle de chair mordue subsistait, laissant son bras arraché se balancer le long de son corps, seulement retenu par un lambeau de peau décharnée.
Interdit, le nordique regarda son opposant. Un rictus moqueur entrouvrit la mâchoire du reptile, à peine assez pour laisser émerger les sons de sa voix :

- La magie d'mon frère est un déshonneur, hein ? Voyons si j'peux m'rattraper.

En finissant sa phrase, l'argonien lâcha sa pique, et saisit à deux mains l'espadon encore planté dans le bras de Brunwulf. Quand les biceps du Compagnon gonflèrent sous l'effort, le bourreau devenu victime poussa un hoquet incrédule, et tenta de reculer pour dégager la lame de son corps.

Trop tard. D'un seul geste, Oka il fendit l'air horizontalement. Sa lame sectionna l'os du coude, siffla dans l'air, puis plongea dans le thorax du nordique avec un son sourd. Elle parcouru la chair du bandit d'un seul coup, broyant muscles, côtes et organes le long de sa course avide, et émergea de l'autre côté de sa poitrine dans une vague écarlate. Une moitié de corps tomba, précipitant face contre terre le visage déjà exsangue du supplicié. Le temps d'un battement de cœur, et ses jambes s'effondraient à leur tour, déversant un torrent de tripes sur les pages au papier rougi.

Comme pour ponctuel la fin de leur duel d'une ultime touche de mépris, Oka débarrassa sa lame du sang qui la couvrait d'un coup sec, couvrant le dos nu de son adversaire de sa propre essence.

- Voilà qui règle notre problème, lâcha Zede-Tei en observant son frère le rejoindre auprès de Renji. Bon, dis-nous où sont les autres. Est-ce que… ?
- Ils sont en vie, souffla le khajiit. Ils sont partis par-là.
- C'était il y a combien de temps ?
- Je ne sais pas… Peu avant que cet homme n'arrive.
- Ils ont du r'joindre Rigel, grogna le cadet en s'accroupissant.

À côté de son frère, Oka était si massif qu'il sembla au félin que le monde les entourant avait rétréci. La respiration du reptile était si lente que sa poitrine se soulevait à peine, comme si le moindre mouvement superflu représentait un gâchis d'énergie intolérable. Il n'était même pas essoufflé. Renji déglutit. Difficile de croire que ce véritable géant d'écailles et de crocs venait de s'adonner à l'un des duels les plus techniques qu'il lui avait été donné de voir. La performance du Compagnon était déjà impressionnante en tant que tel, mais en tenant compte de ses dimensions, elle en devenait extraordinaire.

- Comment as-tu survécu ?

La recrue regarda Zede-Tei. Il était dur de déchiffrer l'expression et le regard d'une espèce si fondamentalement différente de la sienne, mais il crut comprendre à son ton que l'argonien ne l'interrogeait pas par simple politesse.

- Moi-même, je ne comprends pas trop, répondit la recrue. J’ai tenté de fuir, bien sûr. Mais ce n’était pas ce qu’il voulait. Il voulait se battre, mais il voulait se battre à la loyale. Mon état ne le satisfaisait pas, alors il m’a donné une potion.
- Et tu n'en as pas profité pour décamper ? L’occasion ne risquait pas se présenter de nouveau.
- Je ne pouvais pas. Non... je ne voulais pas. Je ne sais pas ce que c’était, mais après avoir bu l’élixir, tout ce que je désirais était de me battre jusqu’à mon dernier souffle. Désolé, c’est tout ce que je sais. Je ne comprends pas vraiment ce qui s’est passé.
- T'as gardé la fiole ?

Oka s'était presque jeté sur lui en posant la question. Il se savait hors de danger, mais voir la stature de l'argonien projeter son ombre prédatrice au-dessus de lui suffit à lui faire froid dans le dos. Il ne faisait aucun doute que le plus grand des deux frères pouvait le briser d'un simple geste s'il le désirait.

- La fiole, gamin. Où est-elle ?

Il sursauta presque en entendant le reptile poser sa question une deuxième fois.

- Je... balbutia-t-il. Je l'ai laissé tomber de ce côté-là après l'avoir bue. C'est important ?

Ne répondant pas, le colosse se leva, et se dirigea dans la direction indiquée d'un pas rapide. Il dépassa la pile de livre de laquelle Brunwulf avait tiré la recrue, contourna l'étagère effondrée, et s'immobilisa.
Comme s'il avait senti quelque chose en regardant son frère, Zede-Tei se redressa, portant sur ce dernier un œil aux pupilles fines comme des coupures.
D'un air grave, Oka se tourna vers eux, et hocha imperceptiblement la tête. Aussi sec, l'aîné se retourna vers lui. Cette fois, l'expression d'incrédulité de l'argonien était clairement identifiable.

- Il t'as vraiment donné ça à boire ?
- Je... oui, c'est bien ça.
- Tu ne devrais pas être en vie.

La réponse lui parut si étrange qu'il douta d'avoir bien compris.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Lève-toi.

Le khajiit obéit presque instinctivement. Le ton du Compagnon ne tolérait pas de refus.
Alors qu'il s'attendait à tituber en se remettant sur pied, il se redressa presque sans mal. Une brève douleur à la poitrine le fit grimacer, mais ses articulations se déplièrent sans broncher, et il se retrouva debout droit comme un i, cloué aux instructions de son supérieur. Zede-Tei l'observa avec une attention presque déplaisante. Il inspecta chaque éraflure, chaque bleu et chaque plaie à la surface de son corps, le dévisageant d'un air grave à intervalles réguliers. Une fois son examen conduit, il s'écarta d'un pas, perplexe.

- Comment te sens-tu, à présent ?
- Je… Je crois que ça va.

L’argonien conserva le silence durant un long moment. Tandis qu’il l’observait sans un mot, Oka se rapprocha d’eux, une petite fiole dans les mains. Il tenait celle-ci au creux de ses paumes avec une délicatesse infinie, comme s’il s’agissait un oiseau blessé. En voyant le Compagnon tenir ainsi ce que le nordique lui avait lancé sans une once de considération, il eut le sentiment que ce petit récipient de verre et ce qu’ils contenaient avaient une importance capitale aux yeux des deux frères.

- Qu’est-ce que j’ai fait ?

Le khajiit avait tenté de prendre une voix assurée ; ce qui s’échappa de sa bouche l’était nettement moins. Sans s’affliger de l’air incertain de la recrue, Zede-Tei secoua la tête.

- Ne t’en occupes pas. Tu n’y es pour rien, de toute manière.

Comprenant qu’il ne tirerait pas plus d’informations du duo sans risquer de déclencher leur colère, le félin s’abstint d’insister. Les échos de ce qui s’était produit avec Nemira et Rurick finiraient bien par arriver aux oreilles de Rigel un jour, et il n’était pas désireux d’aggraver son cas. Il n’avait pas oublié les mots de Titus. À leur retour, ils seraient sacrés Compagnons tous les trois, et même si sa dispute avec ses amis lui laissait un goût amer, il n’avait aucune envie de compromettre son avenir à force d’insubordination. Il était en vie, et c’était déjà plus qu’il n’aurait pu l’espérer dix minutes plus tôt. Pour l’heure, mieux valait se contenter de faire ce qu’on lui disait.
D’un geste, il ramassa sa pertuisane et remit en place son plastron au cuir fendu, et emboita le pas aux deux argoniens.
Ils se dirigèrent vers les marches que Brunwulf avait emprunté. Cette fois, aucun signe de la titanesque dalle de pierre qui bloquait l’accès aux galeries supérieures. La sortie était là, à portée de vue.

Alors qu’il gravissait les marches, Renji sentait l’euphorie le gagner graduellement, comme si son niveau d’excitation était devenu proportionnel à la distance qu’il mettait entre lui et ce dédale mortuaire. Il était sorti vivant de l’assaut de Blancherive. Il avait vaincu plus de malfrats qu’il n’aurait jamais pensé en rencontrer. Il avait bravé la clameur de la bataille, le froid glacial de l’hiver nordique, et la morsure froide de l’acier dressé contre lui. Et voilà qu’il venait de triompher des spectres et des pièges hantant les ténèbres millénaires de ce labyrinthe. Personne n’était jamais venu le secourir. Ses échecs avaient toujours été les siens, et en avait toujours supporté les conséquences dans toute leur impitoyable sévérité. Mais plus maintenant. En quelques mois, il avait croisé le fer avec Frognir, Sirius, puis Brunwulf, et avait pourtant survécu à ces hommes dont les accomplissements funestes auraient fait trembler n’importe quel esprit sensé. Non pas parce qu’il était fort… mais parce qu’il n’était plus seul. Encadré de deux guerriers infiniment plus expérimentés que lui, venus le secourir sans se demander une seule seconde s’il en valait la peine, il était convaincu qu’aucune épreuve n’était assez sombre pour briser ce qui venait de naitre en lui.
Était-ce cela, le grand secret de leur ordre ? Était-ce cette sensation d’unité, invraisemblablement puissante, qui faisait battre le cœur des Compagnons à l’unisson ?
Il croyait enfin pouvoir comprendre. Cet écho brûlant qui s’était répercuté comme une vague de courage devant les marches de Jorrvaskr à Blancherive résonnait désormais de lui-même en son sein, comme une flamme qu’aucun souffle ni aucun désastre ne pouvait plus éteindre. Peut-être n’avait-il pas encore assisté à la cérémonie. Mais au fond de lui, il se savait déjà appartenir tout entier à ceux qui avaient su lui venir en aide dans ses heures les plus sombres.

- Rigel avait raison. Vous aviez tous raison.

Sans interrompre leur course, les deux frères se tournèrent imperceptiblement dans sa direction. Ils s’attendaient à la vision d’une recrue épuisée par l’ascension soutenue des ruines qui avaient bien failli causer sa mort, et se préparaient déjà à ralentir la cadence devant ses suppliques exténuées. Contre toute attente, ils découvrirent le sourire radieux du jeune félin les suivant tant bien que mal, une main plaquée contre sa poitrine dans une étreinte pleine d’espoir.

- Je suis un Compagnon.

Message édité le 16 décembre 2023 à 00:13:19 par TheEbonyWarrior
EsZanN EsZanN
MP
Niveau 27
18 décembre 2023 à 18:02:16

Le chapitre est vraiment cool, j'ai vraiment aimé le rythme donné par le combat et le contraste que les dernières paragraphes du chapitre donnent à l'ensemble.
Désolé si je me répète, mais encore une fois super chapitre et vivement la suite. :noel:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
18 décembre 2023 à 19:21:40

Merci comme toujours :noel:
Le chapitre suivant est déjà quasiment prêt mais je vais attendre un peu pour pas qu'il y ait un trop gros vide en janvier, j'en profiterai pour prendre de l'avance :oui:

EsZanN EsZanN
MP
Niveau 27
05 janvier 2024 à 17:33:47

:up:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
08 janvier 2024 à 15:13:42

Re ! Je suis sorti de l'enfer qu'était cette semaine et je suis en vie :hap:

Je reprend demain, chapitre très probablement ce week-end !

Heavy-Tribes Heavy-Tribes
MP
Niveau 9
08 janvier 2024 à 21:07:13

l'enfer c'est le rer b.
+ faut tout que je relise.

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