Partie 5 (suite) :
Cette fois-ci, je voulais voir si je pouvais accélérer la progression en utilisant des mèches de perceuse plus grosses. J’en avais acheté de bonnes à la quincaillerie (pour un bon prix). L’une d’entre elle était plus large en diamètre que toutes les autres. L’autre était plus petite, mais plus longue. J’avais conclus que la grosse serait peut être trop grosse, et j’ai eu raison. Nous avons essayé de l’utiliser pour forer la pierre, mais nos progrès étaient lents. Nous avons essayé de forcer autant que nous avons pu, mais tout ce que nous avons obtenu a été de la fatigue en plus. La mèche créait trop d’espaces de friction pour notre force. Ça aurait pu marcher avec un marteau-piqueur, mais nous n’en avions pas. La plus longue a bien marché avec notre perceuse. Nous l’avons utilisé pour la plus grande partie de notre travail cette fois. Je pensais que la mèche, la perceuse et ma main allaient lâcher quand elle s’est cassée vers un des bouts. J’étais en train de pousser aussi fort que je pouvais sur la perceuse lorsque c’est arrivé. J’ai presque fait taper la perceuse dans le mur tellement je poussais fort. On a pu retrouver la mèche et continuer à l’utiliser, moins quelques pouces. Ça marchait toujours bien. Juste une fois, pendant un long moment, nous avons du recourir au marteau et au ciseau. Le travail avançait normalement, jusqu’à ce que nous arrivions à notre quatrième batterie.
J’étais agenouillé et faisais rentrer doucement la perceuse dans le mur. J’avais mes bouchons d’oreille, mes lunettes de sécurité, et j’étais perdu dans mes pensées. Et tout d’un coup, à travers le crissement de la perceuse qui forait la pierre, j’ai entendu un bruit étrange. Assez fort. Je pouvais l’entendre au-dessus du bruit du matériel, alors que j’avais mes bouchons d’oreille. Au début j’ai pensé que c’était simplement la mèche qui faisait son travail. Elle ponctuait souvent notre travail forcé de grincements pénibles à entendre. Mais là, c’était différent. J’ai eu besoin de quelques secondes pour comprendre que ça venait de l’intérieur du trou, et non de la mèche. J’ai arrêté de percer et ai retiré mes bouchons d’oreille, pour entendre le cri le plus horrible que j’avais jamais entendu se répercuter et s’éteindre dans les ténèbres de la grotte. J’ai regardé le trou en écarquillant les yeux. Pendant un long moment, je n’ai ni bougé, ni respiré. Je me suis tourné vers B. Quelques instants plus tôt, il était étendu sur le sac de corde et piquait un roupillon. À présent, il était debout, la bouche ouverte, avec un air très inquiet sur son visage ! Je me suis retourné et ai regardé de nouveau dans le trou, m’attendant presque à voir un visage démoniaque me rendre mon regard. Rien n’était différent dans la Tombe de Floyd. J’ai fixé mon regard dans le fond du passage, là où la lumière atteignait sa limite. Rien ne bougeait, on ne voyait que les ténèbres derrière le règne de la lumière. Dans le silence qui suivit, j’ai pu entendre le sang battre à mes oreilles. Aucun autre son ne se faisait entendre dans la grotte. J’ai soudain entendu un grattement derrière moi et me suis redressé. Je me suis presque assommé en me cognant contre le rebord. C’était juste B qui s’était déplacé pour allumer sa lampe, mais j’étais tellement sur le qui-vive que ça m’a presque fait faire un infarctus. B a parlé et j’ai sursauté. Il a dit de mettre quelques pierres dans le trou. Il a expliqué que peu importe l’animal qui avait poussé ce cri, il était peut-être capable de passer par le trou. J’en ai immédiatement attrapé quelques unes et les ai jetés par l’ouverture. En me servant du manche du marteau, j’ai poussé les pierres aussi loin que j’ai pu dans le passage, créant un mur entre nous et l’autre côté. Vu comme l’ouverture était petite, ça n’a pas mis longtemps. Pendant tout le temps où j’ai fait ça, cela dit, j’ai pensé que le bruit ne venait certainement pas d’un animal ! Je ne savais pas si B croyait réellement que c’en était un, ou s’il essayait de s’en convaincre lui-même. Je ne lui ai rien dit à propos de ce que je pensais.
Du moment où c’est arrivé jusqu’au moment où j’ai écrit cette entrée (deux jours après), j’ai essayé de réfléchir aux possibles sources de ce bruit. Pour le décrire, je dirais que c’était un croisement entre un homme criant de terreur et un couguar hurlant de douleur. On aurait dit que ça venait du trou, à environ 100 pieds de là. Cet affreux son s’est réverbéré à travers la grotte, et mes oreilles. B a estimé qu’il a duré entre 8 et 10 secondes. J’aurais plutôt dit 5 secondes (3 secondes pendant que je forais, une seconde et demie pour lâcher la perceuse et enlever les bouchons d’oreille, et une demi seconde pour céder à la terreur). C’est difficile de dire combien de temps passe quand tu écoutes un solo venant des profondeurs d’Hadès.
Après avoir rempli le passage de cailloux, on s’est juste assis à écouter le silence. Ma respiration était bien plus rapide qu’habituellement. Aucun de nous n’a parlé pendant un bon moment. Enfin B a suggéré que l’on se remette au travail, mais en gardant un œil sur le trou, au cas où quelque chose bougerait. Nous avons mis une lampe dans l’ouverture qui éclairait jusqu’au bout de la Tombe de Floyd. C’est seulement à cet instant que nous avons réalisé que le vent avait de nouveau cessé et que le grondement s’était tu. Dire que j’étais nerveux aurait été un euphémisme. Je n’ai rien dit à B, pas plus que lui ne m’a dit quelque chose. Retour au forage. B a pris le tour de travail, ce qui m’a très bien convenu. Je n’étais pas vraiment épuisé, mais mettre un peu de distance entre moi et le trou ne me posait pas de problème. B s’arrêtait de temps en temps pour écouter. Je restais simplement assis, à le regarder, avec ma lampe allumée. Je n’étais pas très près de l’entrée du trou, mais je me surprenais toujours à surveiller derrière moi le passage menant à l’eau dormante. À chaque fois que ma lumière rencontrait une ombre inhabituelle, mon cœur sautait dans ma poitrine. Mon imagination me jouait des tours. Curieusement, B avait l’air moins affecté par le bruit étrange que moi. Après un petit moment, il a eu l’air d’être entièrement concentré sur le passage à travers le trou. Je m’astreignais toujours à écouter par-dessus le son de la perceuse. Je n’ai rien entendu à part le son maintenant familier du carbure sur la roche. Alors que j’imaginais les possibles scénarios qui pouvaient se jouer de l’autre côté du mur, je me suis rendu compte que j’étais étrangement très excité à l’idée de réussir à passer. Mon esprit devait commencer à payer le prix de la fatigue. Ou de la perspective de quelque chose de valeur de l’autre côté.
Mes pensées furent interrompues par un cri de B. Probablement un juron. Il disait que la batterie de la perceuse ne tenait plus, mais qu’il n’avait pas foré assez loin dans la section sur laquelle il travaillait. Il a posé la perceuse devenue inutile à terre et a pris le marteau et le ciseau. Il a commencé à frapper dans le trou créé par la mèche. Après dix bonnes minutes, il s’est assis contre la roche, transpirant et à bout de souffle. Le ciseau dépassait toujours du mur de la grotte. Il a poussé le marteau vers moi, m’invitant à m’y mettre aussi. J’ai levé la main et secoué la tête. J’étais prêt à partir de la caverne depuis un moment. Il ne s’est pas pressé sur le chemin du retour, et nous avons commencé à rassembler le matériel que nous allions emporter sans un mot. Une fois de plus, nous en avons caché une partie dans le passage. J’ai ouvert la marche vers la sortie de la grotte. J’ai du m’arrêter plusieurs fois pour attendre B. Pas parce qu’il était lent. Il n’avait juste pas envie de sortir. Je me suis déjà senti mieux que cette nuit, sortant dans l’air calme de la nuit.
Mon journal parle du reste de la soirée. Notre dîner, notre décision de trouver un motel et de revenir le jour suivant, notre longue discussion à propos du son étrange que nous avions entendu, une autre mauvaise nuit de sommeil. Je ne PEUX PAS croire que nous souhaitions tellement retourner dans la grotte après y avoir entendu ce cri. La raison qui m’est venue à l’esprit était que B avait l’air absolument insensible à tous les dangers possibles. Même si c’était un animal (ce que je ne croyais pas, mais je ne pouvais pas donner de meilleure explication), n’étions-nous pas en train de nous mettre en danger ? Rétrospectivement, j’ai toujours du mal à comprendre notre manière de penser à ce moment. Nous étions juste trop excités de découvrir des portions inexplorées de la grotte. Je pense maintenant que ça peut se résumer en un mot : testostérone !
Partie 6 :
13 février
C'est incroyable ce que deux bons repas et un peu de sommeil peuvent changer l’attitude de quelqu’un. Même si nous avions encore le souvenir récent de cet étrange bruit, nous avions rallumé le feu de notre enthousiasme. L'autre côté du passage semblait si proche. Nous étions sûrs que nous y arriverions aujourd’hui. Nous sommes arrivés à la grotte et avons entamé notre chemin vers le trou. Ce retour dans l'obscurité de la grotte a ravivé les souvenirs de la nuit précédente. La vue du trou dans la pierre éclairé par nos lampes frontales, l'odeur de la poussière dans l'air, le bruit que nous faisions quand nous marchions à travers la roche. Une fois arrivés à l'entrée de la tombe de Floyd, cependant, nous étions de nouveau prêts à ouvrir la voie menant à une partie inconnue de la grotte. Nous avons immédiatement constaté la présence d’une brise soufflant du trou, et le fameux grondement.
Le burin sortant de son trou était un signe évident de l'endroit où nous devions commencer à travailler. B a repris son travail la où il l’avait laissé la veille. Je me suis installé dans le même endroit que j'occupais la dernière fois, même si j’étais déjà bien reposé et voulais commencer à travailler. B faisait chanter le marteau à chaque coup. Après seulement 2 ou 3 minutes, il laissa échapper un cri. Il se tourna pour me montrer une poignée de roche qui était sur la paroi de la grotte il y a quelques secondes. Il respirait lourdement mais avait un grand sourire sur son visage. Pour moi aussi, pour le moment, l'étrange bruit avait été oublié, et la vision de cette réussite avait capté notre attention.
La taille de l’ouverture à ce moment.
Le coin inférieur gauche du trou nous embêtait vraiment à cause de l’épaisseur de sa paroi. Nous pensions que si nous pouvions supprimer ce coin, nous pourrions nous faufiler à travers notre chemin. B tenait maintenant les restes émiettés du coin dans sa main. Notre enthousiasme nous consomma quand nous avons examiné le trou. J'ai pris le marteau et ai pilonné à la surface du trou. L'idée était de supprimer les bords dentelés qui pourraient s’accrocher à ma peau. La taille avait l’air bonne ! Maintenant, il était temps de faire ce pourquoi nous avons travaillé.
Je me suis prudemment approché de l'entrée de la tombe de Floyd. J'ai décidé que la meilleure façon d'entrer dans le petit trou était de placer un bras au-dessus de ma tête, tourner la tête sur le côté et tracer lentement mon chemin. J'ai vite vu que cette technique n’était pas adaptée à la taille du passage. Le trou était PETIT. Si je voulais le faire sans plus élargir le trou, j'allais devoir mettre les deux bras au-dessus de ma tête, dans une position de plongée, tourner la tête sur le côté, et "glisser" dans la tombe. La largeur de l'entrée était un facteur limitant. La hauteur était suffisante. La position des bras au-dessus de la tête m'a aidé à me compresser contre les parois sur le côté.
Pour entrer directement dans le trou, je me tenais sur mes pieds et me penchais pour être au niveau de l'entrée. Mes genoux étaient pliés et la position était inconfortable, une sorte de position semi- accroupie, courbée au niveau de la taille avec les bras au-dessus de la tête. De plus, je devais tourner légèrement mon torse vers la gauche, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, pour négocier l'angle de l'entrée.
Remarquez sur la dernière photo que l'entrée est généralement en pente jusqu'à la droite.
J'ai eu des éraflures sur mes bras quand je suis entré. Puis vint ma tête. En la mettant tournée sur le côté, j'ai pu avancer, jusqu'à mes épaules. Quand je suis arrivé au niveau des épaules, je pouvais sentir les rochers tout autour de mes épaules et ma poitrine. Ce n'est pas ça qui m’arrêtera, mais j'ai été vraiment écorché sur beaucoup de parties de mon corps. J'ai décidé de passer en gardant à l'esprit que j'allais sûrement devoir revenir. La douleur n'était pas insupportable, et j'étais dedans ! Enfin, le haut de mon corps était dedans. Au moins je pouvais avoir une bonne idée de comment la tombe était.
Voici une photo flatteuse de mon meilleur profil. Notez la taille de la zone dans laquelle nous avons dû travailler. La largeur des rebords constituait un obstacle.
Une fois à l'intérieur de la tombe, je n’ai eu que quelques centimètres de libre pour mon corps. C’était la plus grande partie du passage, et elle était bien placée pour commencer. Cela m'a donné un peu de place pour me positionner et ramper plus loin dans le passage. L'intérieur de la tombe m'a donné une toute nouvelle perspective de ce qu'allait être le passage à travers le trou. Même si c'était la plus grande partie du passage, elle était encore petite. Je pouvais bouger librement la tête, mais dès que je me tournais dans tous les sens, je voyais un pan de la paroi. Lorsque j'ai parlé à B, ma voix était sourde, comme si je parlais dans une petite boîte. Je pouvais reposer ma poitrine sur le sol du passage, mais les roches me faisaient mal. Je tournai la tête pour regarder plus loin, mais je ne pouvais pas voir au-delà du mur de roches que l’on avait fait la veille. L’endroit ou le passage se rétrécissait était plus proche maintenant et me semblait encore plus étroit. Je ne savais pas si je pouvais me faufiler à travers ou non. Je savais que ce serait très juste. Je voulais explorer plus loin dans le passage. Mais d'abord, je devais retirer une partie des roches qui se trouvaient sur le plancher du passage sur mon chemin. J'ai été déçu de constater que la plupart des roches qui parsemaient le chemin étaient effectivement fixées au sol. J'espérais être en mesure de simplement gratter pour les sortir de la voie. J'avais poussé le marteau dans le passage devant moi, donc à ce stade je pouvais l’utiliser pour pousser le mur de rochers que nous avions fait plus loin dans le passage. Ensuite, j'ai traîné le marteau pour déplacer de simples roches ou briser celles solides. En faisant glisser la tête du marteau, j'ai déterminé que la partie la plus étroite du passage était d'environ sept pouces de haut. J'ai pensé que nous aurions à travailler un peu dessus avant que je ne puisse passer à travers. Pendant que j'avais la tête dans le passage, B s’est juste calé sur un côté de la paroi en écoutant mes descriptions et les rapports que je faisais à chaque étape. À un moment il a pris la photo que je vous ai montrée. Merci B. Jusqu'à ce point, la taille du passage n'était pas trop un problème. J'étais dans un très petit passage, mais seulement le haut de mon corps était dedans, et comme c'était la plus grande partie du passage et que mes bras pouvaient se déplacer librement, j'étais assez calme. Ensuite, il était temps que je rentre complètement.
J'ai fais glisser le marteau aussi loin que je pouvais (depuis que mon corps avait bouché l'entrée je ne pouvais pas glisser l'outil à l’extérieur, alors il était plus facile de le pousser en avant). Pour faire tourner mes hanches à l'angle approprié pour entrer dans le trou, j'ai eu à pencher le haut de mon corps sur mes bras, utiliser mes pieds pour escalader le mur extérieur du trou, et lentement glisser dans le passage. Mes hanches s'adaptaient à peine. À un moment ils sont complètement rentrés à l'entrée et je pouvais me détendre un peu et me mettre en position de travail. J'ai décidé d'essayer la technique « un bras avant de passer à travers ». Le passage était si étroit que j'ai dû garder cette position sur toute la longueur. Il n'y avait tout simplement pas de place pour se déplacer ou changer de position. Je voulais aussi pouvoir tourner la tête d'une manière ou d'une autre, et la garder dans la même position. C’était vraiment SERRÉ!
Avancer dans cette partie du passage a été relativement facile. Je pouvais utiliser mon bras vers l'avant (mon bras gauche) pour tirer et mon autre bras pour pousser. En même temps, je voulais bouger mon corps en essayant de me mettre le plus possible en voûte pour préserver ma poitrine des roches. J'ai essayé dans les deux sens et ai décidé de tourner la tête vers la droite. C’était le plus confortable. J'ai commencé à apprendre des choses sur l’endroit où j’allais. J'ai pris la petite lampe de poche dans une main en pensant que ce serait la meilleure technique. Ensuite, j'ai pu éclairer devant moi et avoir une meilleure idée de l’endroit où j’allais ramper. Il s'agissait d'une manœuvre difficile parce que je devais regarder devant moi tout en ayant la tête tournée sur le côté. Il est devenu immédiatement évident que nous allions mettre du temps pour dégager les roches sur le sol. Comme je me déplaçais en étant collé à la surface, ma poitrine se frottait constamment aux roches. Elles faisaient plutôt mal, c’était douloureux. Je voulais essayez de déplacer les roches sur le côté avec ma joue en faisant un mouvement de balayage avec ma tête, ou de sortir en m’aidant de ma main se trouvant vers l'avant.
Mon petit voyage dans ce passage représente une étape importante dans ma carrière de spéléologie. Quand j'ai commencé la spéléologie, je ne me sentais pas trop à l'aise dans les espaces exigus. Même la pression au début de cette grotte était un obstacle à surmonter. En me forçant à essayer les passages étroits, je suis devenu beaucoup plus calme dans les espaces restreints. Pourtant, ce passage représentait un tout nouveau défi tellement il était étroit. Je n'avais jamais été confronté à quelque chose d’aussi petit. Je ne me souviens pas avoir eu à enlever mon casque jusqu’à maintenant. A cause de ce passage, c’était obligatoire. Comme je l'ai déjà dit, non seulement j’ai dû enlever mon casque, mais je devais en plus tourner la tête sur le côté afin de pouvoir m’adapter à la taille du passage.
Le voyage dans la tombe s'est déroulé comme ça :
Partie 6 (suite) :
Après avoir tordu mes hanches dans le passage, j'ai pris quelques minutes pour m’arrêter et élaborer un plan. La plus grande partie de mes jambes était encore à l’extérieur. Elles pendaient tout simplement en l’air. La tombe était encore assez grande pour déplacer ma tête et même mettre librement mes bras en position. Cette partie était plus grande que le reste du passage, mais pas de beaucoup. C'était comme coller sa tête dans une boîte. Partout où je regardais, il y avait des rochers, et pas loin de ma tête. Tout son que je faisais devenait sourd et « mourait » dans le passage. La partie la plus étroite du passage était d'environ 10 pieds. À ce moment là, j'étais à environ 3 pieds et demi de plus. Après 4 pieds de plus, j'ais pu prendre la position que je trouvais la plus confortable, et la conserver jusqu'à ce que le passage se resserre vers 12 pieds, au même moment où la grotte commence à s’ouvrir.
J’y suis allé avec le bras gauche en avant et la tête tournée vers la droite. B m'avait donné une lampe de poche que je tenais dans ma main gauche. Comme je l'avais légèrement avancé, je voulais essayer de déblayer les roches au sol avec mon bras gauche. C'était assez efficace, mais il y avait beaucoup de rochers que je ne pouvais pas atteindre et que j’ai dû laisser. Comme mentionné précédemment, la première partie de l'exploration s’est faite assez rapidement car il y avait un peu de place au dessus de moi pour négocier le passage. Ensuite, les murs ont commencé à se refermer tout autour de moi. J'ai eu quelques pouces de place supplémentaires de chaque côté, mais le plafond du passage baissait de plus en plus au fil de l’exploration. Arrivé à 7 pieds de plus, je pouvais sentir le plafond se frottant à mon dos vu que j’étais voûté. Après un demi-pied, je ne pouvais pas plus me voûter. Je pouvais juste avancer avec mes orteils et me tirer avec mon bras vers l'avant. J'ai décidé que ce serait le bon moment pour voir si je pouvais retourner en arrière. J’ai essayé et ça a été assez facile. Savoir cela m'a donné beaucoup plus de confiance. Pourtant, j'ai demandé à B de sangler mes pieds, juste au cas où il devrait me sortir.
Dernière photo avant que mes pieds soient complètement dans le trou. Remarquez la sangle liée à mes pieds par B à ma demande.
Mon cou commençait à me faire mal à force d’être sur le côté. Ma tête devenait lourde, mais pour la reposer, la seule solution que j'ai trouvée fut de la déposer sur les roches brisées. C'était douloureux, mais je l'ai souvent fait. Je fixais le mur à ma droite. Il était à peine à 4-5 centimètres de mon visage. La plupart du temps, je ne regardais pas le mur. Soit j'avais les yeux fermés (ce que je faisais parfois quand je passais à un endroit difficile) soit la lumière ne n’éclairait pas dans la bonne direction. C'était très calme dans la tombe, il n’y avait que le bruit de mon propre souffle. Je respirais fortement vue l'effort qu'il m’a fallu fournir pour me déplacer. Heureusement, une brise était présente et m'a rafraîchi. En levant la tête et en touchant soigneusement le plafond de temps en temps, je pouvais mesurer la taille du passage que j’allais bientôt traverser. Tout comme un chat qui utilise ses moustaches pour évaluer une ouverture dans une clôture. À partir de 7 pieds et demi, je pouvais dire que les choses étaient sur le point de devenir vraiment serrées.
Quand on se trouve dans l’obscurité, dans un passage aussi profond dans une grotte, on est dans une position unique pour réfléchir. Une montagne reposait carrément au-dessus de moi et la terre entière se trouvait sous mon corps. Un petit mouvement de la terre et je cessais d'exister. Ou pire, je ressentirais la peur de Floyd Collins quand il était là, pris au piège pendant des jours dans le cœur de la Terre, incapable de se libérer de sa prison de terre.
Imaginez-vous à ma place : Allongé sur le ventre avec votre bras gauche prolongé au-dessus de votre tête. Votre bras droit est sur votre côté, ayant seulement quelques pouces dans lequel il se déplace. Vos bras et vos mains sont douloureuses et saignent à force de ramper / de vous tirer à travers les roches brisées. Votre corps tout entier repose sur ces roches. Votre cou se lasse de tenir votre tête et vous la posez sur les roches pour vous reposer doucement, la joue contre ces rochers tranchants. Ensuite vous continuez. Vous devez appuyer avec vos orteils pour pousser votre corps en avant, en glissant à travers les rochers. Après un déplacement de quelques centimètres, vous respirez difficilement et avez besoin de vous reposer. Comme vous inspirez, vous pouvez sentir votre dos appuyer fortement sur le plafond et vous écraser. Il vous faut plusieurs minutes avant de récupérer assez pour pouvoir continuer. Pendant tout le temps où vous êtes couché, vous pensez à comment vous allez revenir sur vos pas. Et si ... ?
Eh bien, c'est à peu près ce que je vivais à ce moment-là dans le passage.
Je me suis dit que ce serait un bon moment pour prendre une photo de « l’écrasement ». La photo a été prise pendant un autre voyage, mais il montre à quel point les choses étaient serrés dans le passage. Remarquez ma tête tournée sur le côté (pas le choix !) et vous pouvez voir que je devais poser ma joue sur les rochers. Vous pouvez également voir combien il m’est difficile de regarder devant moi. Mes bras sont collés à moi (j’ai déterminé plus tard que c’était la meilleure position). Il n'y a pratiquement pas d'espace entre le plafond et mon dos. SERRÉ ! Sûrement pas pour les claustrophobes.
Tombeau de Floyd.
Quand je suis arrivé au point où mon dos se frottait au passage, que je pouvais sentir ma tête et que le passage ne s’était pas agrandit, je savais que je n’étais pas près de passer au travers. Pourtant, j'ai décidé de pousser un peu plus l’exploration. Si j'avais été dans cette position il y a un an, j'aurais paniqué, mais pas aujourd'hui ! J'ai été assez courageux. J'ai pris quelques minutes pour me reposer, puis j’ai continué. J'ai expiré assez puissamment pour vider complètement mes poumons. Cela a rétrécit ma poitrine de quelques centimètres, ce qui m’a permis de continuer de quelques centimètres. Je ne suis pas allé plus loin car il faut fournir beaucoup d’effort pour glisser et je devais arrêter de respirer. Comme je devais reprendre mon souffle, ma poitrine s’est pressée sur le sol et mon dos contre le plafond. Il m’a fallu un peu plus de temps pour reprendre mon souffle. Et comme par miracle, j’ai continué ! Expirer, glisser, rester. Encore une fois, seulement de quelques pouces. Répéter. J'ai pris quelques minutes supplémentaires pour «profiter» de cette position. Écrasé dans ce petit passage. Wow, je ne pouvais pas croire à quel point j'étais détendu. J'ai essayé une fois de plus d’expirer et de glisser. Mon dos s’appuyait trop pour continuer. Malgré cet échec, j'étais excité. J'ai pris plusieurs longues minutes pour me poser et reprendre un peu de force. B m’avait encouragé tout ce temps. C'était amusant de l'entendre acclamer pendant qu’il voyait mes chaussures aller plus loin et plus profondément dans le trou .
Revenir sur mes pas n’a pas été difficile mais a m’a demandé un certain effort. J'ai rencontré les mêmes obstacles que quand j’y étais rentré. Après avoir remué mes hanches hors du trou, ce qui a pris un certain temps, j'ai eu du mal à ressortir mes épaules. Les deux bras aussi dans le trou à ce moment. Ma chemise s’agrippait sur les rochers et mes épaules étaient brossées par des rochers pointus. Après avoir lutté pour trouver une bonne position, j'ai abandonné et ai juste tiré le haut de mon corps pour tenter de le sortir. SCRAAAAPE ! Ma chemise s’est retrouvée sur ma tête, et j'ai eu quelques belles éraflures sur mes épaules, mais je ne me suis pas soigné. Pour moi, ce voyage était un succès. Je m'étais aventuré au delà de ce qui était possible. Je me suis agenouillé à l'entrée et ais regardé dans le passage étroit que je venais de traverser. La paroi rocheuse était désormais marquée jusqu’à 11 pieds (j'avais poussé un peu avec mon bras vers l'avant). Le point le plus étroit se trouvait à 9 pieds. Nous étions près. Entre le travail et l'excitation, j'étais fatigué. Je me suis assis sur le sac de corde en souriant. Ouf ! Quel voyage !
Nos progrès sur le trou.
Le reste des notes dans mon carnet raconte les choses habituelles : notre ascension pour sortir de la grotte, le dîner, le retour à la maison, etc. Sur le chemin du retour nous avons réfléchi et avons trouvé quelques idées qui pourraient nous aider à passer à travers. Nous avons tous deux inventé des outils pour enlever la roche se trouvant sur le sol dans les parties les plus profondes du passage. Nous étions tous les deux très excités par ce voyage. Moi pour avoir repoussé mes limites dans le passage et B de son succès dans l'escalade de la grotte. C'était la première fois qu'il était en mesure de remonter sans l’aide de matériel ni de mon aide. Ce fut un succès personnel qui a pu montrer les progrès qu'il avait fait depuis son accident. Vraiment cool.
Je suis toujours étonné de voir que nous avions oubliés le moment terrifiant que nous avions vécu la veille. Tout avait été oublié, avec le bruit étrange qui, dans notre esprit, trouvait une explication rationnelle.
Partie 7 :
7 Avril 2001
Avant de retourner à la Grotte Mystérieuse, nous avons passé beaucoup de temps à nous préparer. Nous avons fabriqué une étroiture en boîte, c’est une grande boîte en bois dont on peut régler la hauteur de l’ouverture. Nous avons ainsi pu ramper à travers et mesurer l’étroitesse maximale dans laquelle nous pouvions nous faufiler. Grâce à cela, nous avons pu déterminer que j’avais besoin d’à peu près 8 pouces de haut pour passer par la partie la plus petite de la Tombe de Floyd. Cela voulait dire qu’il nous faudrait creuser environ un pouce dans le sol du passage. Nous avons aussi appris que la meilleure position que je pouvais prendre pour passer à travers était sur le ventre, avec les deux bras sur les côtés. Et bien sûr, la tête tournée dans un sens ou dans l’autre. Cette position permettait à mes épaules d’atteindre leur point le plus bas. Afin de bouger, il me faudrait appuyer en avant ou en arrière avec mes orteils. Ça avait l’air difficile, mais suffisant. Nous avons pu constater plus tard que ça marchait.
La deuxième chose que nous avions à préparer était la construction des outils que nous avions inventés pour travailler dans la grotte. J’ai réussi à trouver un moyen futé de creuser dans le passage sans avoir à grimper dedans. J’ai demandé à mon voisin de souder ensemble plusieurs longueurs de tubes d’acier de manière à pouvoir les démonter lorsqu’on descendrait dans la grotte, mais à rester suffisamment robustes pour résister à un coup de marteau une fois assemblés. Nous avons fait nos propres extrémités que nous pouvions visser dans nos tuyaux pour atteindre la zone sur laquelle nous devions travailler. B a eu l’idée géniale de concevoir un grattoir en utilisant une cornière. Il l’a fait souder par son voisin. Ça a très vite fait ses preuves en tant qu’outil irremplaçable pour gratter et retirer la pierre. Nous étions tous les deux fiers de nos inventions ! J’ai aussi fait un appareil pour tenir ma perceuse attachée à notre tuyau. Mais finalement, nous ne nous en sommes pas servi, vu l’efficacité du grattoir de B.
Voici une photo de B, éditée pour protéger son identité, avec le tuyau qu’il a construit. J’ai pris l’image dos à la Tombe. Il est assis sur le sac de cordes qu’on utilise comme lit. Derrière lui à gauche se trouve le passage qui mène à l’eau dormante. À l’opposé se trouve la dernière descente avant le passage. On peut distinguer une des sangles orange que nous utilisons pour monter ou descendre.
Je me suis juré quelque chose. J’en ai fait le serment. Je ne quitterai pas la grotte tant que je n’aurai pas réussi à traverser le passage, à conquérir la Tombe de Floyd. Aujourd’hui, ça DEVAIT être la bonne. Cela faisait un moment que nous n’étions pas revenus à la Grotte Mystérieuse. On avait été occupé, cela dit. On a fabriqué les outils dont on a parlé. C’était amusant d’essayer de les imaginer. On a par exemple fait une étroiture en boîte pour déterminer la meilleure technique pour passer les endroits les plus serrés. En plus de cela, on a su combien de pierre il fallait enlever avant de pouvoir passer.
Nous étions surexcités d’enfin revenir à la grotte pour terminer notre projet. Notre descente jusqu’au passage a pris un peu plus de temps que d’habitude vu qu’on était un peu plus chargé que d’habitude. Une fois arrivés, on a tout de suite commencé à travailler avec le grattoir de B et le tuyau que j’avais confectionné. Ça marchait à merveille ! On donnait un coup de marteau sur un bout et le grattoir de l’autre côté creusait dans la pierre. Ensuite on pouvait pousser les débris du passage et hors de notre chemin. Quand on voulait mesurer les progrès, on tournait le grattoir sur le côté pour observer le déblaiement.
On a travaillé environ deux heures avant que je ne veuille essayer la Tombe. Je voulais juste être sûr de réussir à traverser du premier coup. B a fait glisser son outil sur le sol du passage pour enlever tous les cailloux restants, et pousser le mur que nous avions fait jusqu’à l’arrière de l’étroiture. Je me suis préparé en fabriquant des « bretelles » avec du ruban adhésif pour éviter à ma chemise de bouger de droite et de gauche pendant que je me glisserais à travers la roche. J’y suis allé avec une lampe dans ma main, même si elle se trouverait sur le côté. Je savais que j’en aurais besoin une fois que je serais passé. Comme pour prouver ma foi dans ma réussite, je n’ai pas accroché de corde à mes pieds. J’étais certain que ça allait marcher. Finalement, j’ai commencé mon essai.
Bien que je ne l’aie pas mentionné dans mon journal, nous avons remarqué que le souffle était de nouveau là, et le grondement présent.
Comme nous n’avions pas davantage travaillé sur l’entrée, j’ai du reproduire la même danse que la dernière fois pour pouvoir entrer. Une fois le haut de mon corps à l’intérieur, j’ai allumé la lampe devant moi pour préparer mon plan d’attaque. Le passage n’avait pas l’air plus grand que lors de mon dernier passage, mais la plupart de nos efforts avaient été concentrés plus loin. J’ai fait une pause de quelques minutes, puis j’ai tordu mes hanches pour entrer complètement. J’ai lentement avancé tandis que mon corps remplissait le passage. Avant d’être complètement dedans, je me suis mis en position pour pousser. J’ai fait passer mes bras sur le côté et j’ai tourné la tête à droite. Ensuite j’ai commencé à grignoter du terrain. Quand mes orteils ont été à l’intérieur, je les ai utilisés pour pousser. Pour éviter de m’écorcher, j’ai « marché » en me servant de mes épaules, de mes genoux et de mes orteils. La progression était lente mais sûre. Ça ne me posait pas de problème. Un pied ou deux avant le resserrement, je pouvais déjà voir qu’il y avait un peu plus de place. Même comme ça j’ai commencé à toucher le plafond de l’étroiture avec mon dos. Cette fois, par contre, j’ai réussi à continuer mon avancée. J’ai atteint le point le plus bas du passage et j’ai vu que ça allait quand même être délicat. Même avec les efforts que nous avions fournis pour déblayer le passage, je pouvais sentir de petits cailloux tranchants rouler sous mon buste tandis que je me glissais toujours plus loin.
Partie 7 (suite) :
Lorsque j’ai pu sentir mon arrière-train brosser le haut du passage en plusieurs endroits, j’ai repris ma technique de l’expiration. Avant de commencer, j’ai toutefois pris quelques minutes pour me reposer dans le passage. Je pouvais deviner la lueur de la lampe de B, comme les rayons arrivaient à se glisser sur le côté de mon corps. Je pouvais sentir une centaines de pierres pointues qui creusaient la surface de ma peau. J’ai senti une pointe d’excitation en réalisant que le but que nous nous étions fixé quelques semaines plus tôt était sur le point d’être atteint. Cette seule pensée m’a donné envie de continuer à avancer, peu importe à quel point l’étroiture pouvait se resserrer. J’ai respiré rapidement pendant quelques instants, et ai enfin commencé.
Expirer.
Glisser.
Arrêter pour reprendre mon souffle.
Recommencer.
Après à peine quelques pouces, j’ai pu décoller la tête du sol et voir que l’étroiture commençait à s’élargir ! J’ai fait passer ces informations à B et nous avons tous les deux pris quelques secondes pour fêter ça ! Pendant le reste de mon rampement, B n’a pas arrêté de m’acclamer. « Passage vierge ! » et « Territoire Neil Armstrong ! » étaient les phrases qu’il ne cessait de répéter. Mon sourire s’étendait jusqu’à mes oreilles.
Même si le passage commençait à s’élargir, j’allais toujours lentement. Je devais continuer à ramper pendant un pied et demi avant de pouvoir glisser mes bras sous moi pour pouvoir m’en servir. À ce moment, j’ai senti que mon voyage touchait à sa fin. J’arrivais à peu près à m’asseoir et à bouger le « mur » que nous avions érigé il y a un certain temps. Ces pierres servaient de piqûre de rappel quant au fait qu’un peu de vigilance n’était pas de trop.
J’ai crié à B que j’étais de l’autre côté ! Nous avons tous les deux pris un moment pour nous féliciter de notre succès. B n’arriverait probablement jamais à se glisser dans l’étroiture et voir ce que je voyais, je lui ai donc donné une description de ce à quoi la grotte ressemblait. À ce moment, je n’avais que ma lampe mini-mag, donc je ne pouvais pas voir très loin. J’étais incapable de faire autre chose que de rester assis, à cause de la taille du passage. Toutes les pierres que nous avions poussées de la Tombe de Floyd étaient autour de moi. Il n’y avait aucun signe de passage humain. Je devais attendre que B me passe ma lampe frontale pour obtenir un meilleur aperçu de la caverne.
B a utilisé le tuyau que nous avions fabriqué pour me passer le bout d’une corde. J’ai alors pu tirer tout mon équipement à travers l’étroiture. La première chose qu’il m’a envoyée était mon casque avec sa lumière. Après l’avoir allumée, j’ai enfin pu admirer la nouvelle section de la grotte. LA NÔTRE ! C’était une expérience excitante que de voir le résultat d’heures de travail acharné au cours de nombreuses semaines. À ce moment nous ne savions toujours pas ce que la grotte avait à offrir. La seule chose que je pouvais voir était le passage suivant immédiatement l’étroiture. Il était assez étroit, avec un plafond bas. Je pourrais facilement passer à travers, mais je devrais ramper. J’ai commencé à prendre des photos pour montrer à B.
La première section du nouveau passage. J’étais presque étendu par terre, à cause de la taille de l’étroiture. Mes pieds sont étendus devant moi, comme vous pouvez le voir. Remarquez la pierre brisée sur le sol de la grotte. Le passage a l’air d’être un cul-de-sac, mais il tourne doucement vers la droite au bout.
J’ai demandé à B jusqu’où il pensait que je devais m’aventurer dans la nouvelle caverne, suite aux étranges évènements dont nous avions été témoins. Pour la première fois, son enthousiasme aussi a chuté, comme il s’est remémoré les étranges bruits. Il a glissé le tuyau à travers la Tombe avec une pointe desserrée au bout. Il a dit que je pourrais m’en servir comme d’une arme si je tombais sur un animal ou… ? Il m’a aussi dit de m’assurer que l’on pouvait s’entendre pendant ma progression.
Même si nous pensions aux possibilités d’avoir des problèmes, nous n’avons jamais pris en compte le fait que s’il m’arrivait quelque chose, B serait incapable de me secourir, et en fait personne ne pourrait me rejoindre avant de nombreuses heures. Si j’avais de graves problèmes, si j’étais blessé par exemple, il était impossible que quelqu’un puisse me sortir de là à temps. Mais, comme toujours depuis le début de notre expérience, nous étions focalisés sur notre but, et pas sur les dangers potentiels auxquels nous faisions face. Nous avions si longtemps contourné la question. Si longtemps…
J’ai sanglé mes gants et mes genouillères, attrapé mon appareil et commencé mon aventure. J’ai rampé dans le passage de l’image précédente qui faisait environ 20 pieds de long. Tout au bout, la grotte tourne doucement vers la droite. J’ai du escalader une légère pente, mais ensuite j’ai enfin pu me redresser vers l’extrémité de cette section de la grotte. La suivante faisait environ 40 pieds de long. En plus d’avoir un plafond plus haut, les murs étaient un peu plus espacés qu’auparavant. Les deux sections étaient relativement droites. Le sol était couvert de pierres qui craquaient quand je rampais, et ensuite marchais dessus. Les murs étaient globalement les mêmes que dans la quasi-totalité de la Grotte Mystérieuse, sauf qu’ils étaient intacts. Il était évident que personne n’avait jamais mis les pieds ici avant moi. Avec des examens plus minutieux sur les murs, j’ai découvert deux types délicats de formations. Le premier ressemblait à deux nombreux morceaux de formage râpé attachés ensemble à un bout, avec le reste du « fromage » qui tombait mollement. La seconde formation était composée de fils très fins de pierre, plus fins encore que des cheveux humains. C’était assez sympa à regarder. J’ai trouvé beaucoup d’occurrences des deux types de formation.
Je n’étais pas au bout de la deuxième section que je peinais déjà à entendre B. Les passages des grottes ne sont pas ce qu’il y a de mieux pour l’acoustique. Je lui ai crié que j’allais continuer pendant une demi-heure et qu’ensuite je reviendrais. Il a donné son accord, en me disant juste d’être prudent. Ensuite j’ai continué mon exploration. Je pouvais quasiment marcher debout à cet endroit. J’étais dans la troisième section droite de la caverne lorsque j’ai découvert une formation de cristal sur le mur de droite. Il y en avait plusieurs couches sur le mur, semblables à des bougies de cire claire qui pouvaient fondre et couler sur le mur. Il y avait plusieurs petites formations des ces cristaux ressemblant à des stalactites. Le plus long mesurait environ quatre pouces. Il y en avait eu un plus gros, à en juger par la taille de la base, mais il s’était brisé. J’ai cherché l’endroit où il avait pu atterrir, mais je n’ai rien trouvé.
Les formations de cristaux sont à droite derrière la pierre, dans le coin supérieur droit de la photo. Je pouvais marcher debout, mais parfois je devais me baisser, comme par exemple sous ce rocher.
Le passage continue pendant à peu près 100 pieds avant que la caverne ne s’élargisse un petit peu. À la fin, ça ressemblait à un petit segment de grotte parfaitement droit. Tout au bout, le passage faisait un angle vers la gauche et s’ouvrait dans une pièce. À l’endroit précis où cette salle commence, il y avait une pierre ronde qui semblait appuyée contre le mur. Ça avait l’air bizarre, mais des formations un peu atypiques sont monnaies courantes dans les grottes, donc ça ne pouvait pas être quelque chose d’unique. J’avais rampé et escaladé de nombreux morceaux de roche qui étaient tombées du plafond, mais celle-là était bien plus ronde que les autres. Passé la pierre, la pièce s’ouvre à une hauteur d’environ 15 pieds. Elle faisait environ 15 pieds de large et 30 de long. Tout au bout de la salle, il y avait un nouveau passage menant tout droit.
Lorsque je suis entré dans la pièce, j’ai eu une sensation étrange. Un peu comme cette vieille phrase typique qui dit qu’on a la sensation d’être observé. Une fois de plus l’excitation de la découverte est retombée, et les souvenirs des côtés mystérieux de la grotte me sont revenus à l’esprit. Je me suis soudain senti TRÈS seul. Heureusement pour mon ego, je n’avais presque plus de temps, et je devais retourner jusqu’à B avant que ma demi-heure ne soit écoulée. J’ai pris plusieurs photos de la pièce. J’étais sur le point d’aller jeter un œil à la longueur du passage suivant quand quelque chose a attiré mon attention. Sur le côté gauche de la salle, à peu près au niveau des yeux sur le mur, j’ai découvert ce qui s’est avéré être des hiéroglyphes ! C’était un seul dessin qui avait presque l’air de faire partie de la coloration de la roche. Ça ressemblait à des représentations très rudimentaires de personnes se tenant en-dessous d’un symbole. J’avais le souffle coupé ! Ça voulait dire qu’il y avait une autre entrée à cette grotte. Même si elle était fermée ou bloquée, cela voulait dire qu’il y avait une possibilité de l’ouvrir et de faire entrer B dans la grotte. J’ai de nouveau regardé le symbole pour être sûr de pouvoir le décrire à B. J’ai ensuite pris quelques photos de plus et je suis revenu sur mes pas.
Partie 7 ( suite 2 ) :
Lorsque j’ai été de retour à l’étroiture, je pouvais à peine parler assez vite pour raconter à B tout ce que j’avais découvert. Il était tout autant excité d’entendre les trésors que nous venions de découvrir. Tandis que nous débattions de ce que serait notre prochaine action, j’ai commencé à renvoyer mon équipement à travers la Tombe à B. Je lui ai dit que ce serait mieux si quelqu’un d’autre venait avec nous, au cas où quelque chose arriverait. Il était d’accord. Une fois que j’ai fais passer tout mon équipement, il me restait encore cette merveilleuse tâche qui était de repasser moi-même par la Tombe de Floyd.
Théoriquement, une personne devrait être capable de sortir d’un passage à travers lequel il vient juste de ramper en inversant le processus. S’il contorsionne son corps d’une certaine manière pour entrer, il devrait être capable d’arriver à la même position pour sortir. En pratique rien ne prouve que ce soit possible ou faisable. C’était le cas de la Tombe.
J’ai déterminé par avance que je devrais retraverser l’étroiture tête la première. Je savais que je pouvais le faire en mettant les pieds en premier, mais ça aurait voulu dire aller en marche arrière pendant toute la Tombe. Ça prendrait très longtemps et ce serait très fatiguant. Ma seule préoccupation était qu’y aller tête la première rendrait la sortie un peu difficile. Je devrais passer à travers le trou que nous avions fait sans pouvoir tordre mon corps comme je le souhaite. Oh, et puis tant pis. J’ai choisi d’y aller tête la première et de me débrouiller avec la sortie quand j’y serais arrivé.
Je suis entré dans l’étroiture en étant très près du resserrement, donc au moins je l’aurais bientôt passé. Il s’est avéré que ça a été assez ardu de le traverser. Je devais décaler mes hanches vers la droite pour pouvoir passer. Mais j’ai continué à faire des efforts. Mes mains étaient de nouveau sur mes côtés. Ma tête était tournée vers la droite et je glissais avec mes orteils. Et une fois encore j’utilisais ma tête comme une jauge pour déterminer quand j’étais au resserrement, et quand est-ce que je l’avais passé. Je me suis vraisemblablement fatigué plus vite sur le chemin de la sortie. Probablement à cause de tout le travail que nous avions accompli pour passer à travers.
J’étais à un peu plus de la moitié du chemin lorsque quelque chose de bizarre est arrivé. J’étais étendu, en train de faire une petite pause, lorsque j’ai entendu un son plus profondément dans la grotte. C’était le son faible mais distinct de la pierre qui glissait contre la pierre. Mon sang s’est glacé dans mes veines. Je ne pouvais pas bouger. J’étais juste là, étendu, en train de m’efforcer d’entendre de nouveau le son. Rien. J’ai vite recommencé à ramper vers la sortie. Je n’ai pas mentionné le son à B, mais je me suis rappelé un de nos voyages précédents où B avait dit avoir entendu la même chose.
Sortir du trou s’est avéré être aussi douloureux que je le pensais. J’ai du mettre mes bras devant ma tête et forcer sur mes épaules. Je sais que j’y ai laissé de la peau lorsque j’ai réussi à passer. B m’a aidé lorsque j’ai commencé à tortiller le haut de mon corps pour me sortir du passage. J’ai ensuite pu me rattraper et sortir facilement le reste de mon corps de la Tombe. J’étais dehors !! B et moi nous sommes serrés la main et avons commencé à charger notre matériel. J’essayais d’entendre n’importe quel autre son provenant du trou, mais nous faisions trop de bruit en rassemblant nos affaires. Autant que je souhaitais entrer dans le passage, c’était une délivrance d’en sortir. C’est ce que je ressens pour la grande majorité des grottes. J’adore y entrer, mais je me sens bien lorsque j’en sors.
Quelque chose d’étrange est arrivé avec les images que j’ai prises dans la nouvelle partie de la grotte. Les photos que j’ai prises dans le passage menant à la grande pièce ont pu être développées normalement. Mais curieusement, aucune des photos que j’ai prises à l’intérieur de la pièce n’a pu être développée ! Les images de la pierre ronde, et le plus important, les images des hiéroglyphes que j’ai vus. Les photos prises avant et après n’avaient aucun problème, mais les négatifs des photos prises dans la pièce ne montraient rien ! Rien du tout. Je me rappelle de quoi avaient l’air les hiéroglyphes, donc j’ai dessiné pour vous donner une idée de ce que j’ai vu.
C’est un dessin rudimentaire de ce que j’ai vu, mais c’est assez précis. La première chose à laquelle j’ai pensé lorsque je l’ai vu, c’était « Blair Witch Project ». Ça le rappelle un peu, en quelque sorte. Ce symbole était au centre et de nombreuses figures qui ressemblaient à des gens levaient leurs mains en-dessous .
Partie 8 :
C'est la dernière photo avant d'entrer dans la grande salle. A la fin du passage, on peut voir la pierre ronde dont j’avais parlé, partiellement cachée dans l'ombre.
Voici la même image avec la roche ronde indiquée. Vous ne pouvez pas vraiment dire ce que vous voyez avec ces photos mais ce sont les seules que j'ai eu de la roche ronde.
Seulement quelques jours se sont écoulés avant que B ne trouve quelqu'un qui veuille explorer le passage avec nous. B m'a dit qu'il avait parlé à quelques autres personnes qui ne pouvaient pas le faire en raison de problèmes d’horaire. Il a dit qu'ils l’avaient vraiment harcelé pour obtenir des informations sur la grotte et sur le passage. Il ne voulait pas leur dire comment était la grotte avant que nous l’ayons suffisamment explorée et que nous la montrions au public. Même le gars qui a finit par venir avec nous ne savait pas comment était la grotte avant que nous y soyons. Et il a promis de garder le secret de l’existence de la grotte et qu’il ne révélerait son emplacement à personne. Je ne donnerai pas son vrai nom alors je vais juste l’appeler « Joe ». Joe, B et moi vinrent tôt le matin pour nous assurer que nous pourrions passer tout le temps que nous voudrions dans le passage. Quand nous sommes arrivés dans la grotte, nous avons pu monter et descendre assez rapidement. Ca aide quand vous n'avez pas à transporter des kilos de matériel dans la grotte. Joe a été impressionné par notre travail. Même B et j'ai pris une minute pour nous féliciter pour tout le travail acharné que nous avions fait. Et pour le fait que nous avions réussi à passer au travers !
Joe est un spéléologue plutôt mince qui a beaucoup d'expérience dans des grottes. Il a dit que le passage était très serré mais ça n’avait pas l’air de le déranger. Je savais que physiquement il serait en mesure de le faire puisque que je suis plus grand que lui et que je l'ai fait. Il était tout aussi excité que nous de passer à travers et de commencer à faire de la spéléologie. Peut-être même plus. Il fit une rapide investigation et fut pressé d’entendre le plan d’attaque. J'ai pensé qu’il devrait passer le premier car il était prêt, puis je le suivrais. B nous passerait notre équipement à travers et nous attendrait à l'extérieur du passage. B nous donnait deux heures pour revenir. C'était gentil de la part de B de descendre dans la grotte et de faire la baby-sitter. Ca devient vite ennuyeux de rester assis dans une grotte. Avec ce plan établi, nous étions prêts à commencer.
Il était peut-être irresponsable de notre part de ne pas avoir raconté à Joe les événements inexpliqués survenus dans la grotte après l’avoir traversée. Mais qu'est-ce qu’on aurait pu lui dire ? Combien de choses bizarres avions-nous besoin de lui révéler ? Nous n'avions pas l'impression d’être en danger, sinon nous ne serions pas allés dans la grotte. Nous ne lui avons donc rien dit avant d’entrer dans la tombe de Floyd. Bien sûr, lorsque nous lui avons dit par la suite, il était trop tard.
Je ne pouvais pas croire à quel point Joe avait glissé facilement à travers le passage. Il a dit qu'il était serré, mais il ne l’avait pas l’air du tout. Une fois que nous lui avons passé son équipement, j’ai commencé à passer. Même si je savais que je pouvais passer à travers, le voyage à travers la tombe fut plutôt lent. Vous ne pouvez pas aller vite en glissant avec vos orteils. Quand je suis arrivé dans la partie difficile du passage, Joe a pris une photo de moi. Je pensais que ce serait une bonne photo. Une fois que je suis passé, B a commencé à relayer mes outils à moi. Puis ce fut la catastrophe. J'étais allé au fond et me suis retourné pour récupérer mon matériel. J'ai dû m’agenouiller et m'accroupir encore plus vers le bas. Je venais de retirer mon casque (ironiquement) et la lumière me servait à voir la corde de B, quand je me suis frappé la tête sur le haut du passage. Un crâne humain contre de la roche solide. La roche a gagné. J'ai dit à B ce qui s'était passé et il m’a donc envoyé ma trousse de premiers soins à travers le trou. Je saignais, mais pire encore, je ne me sentais pas trop bien. Je me suis soigné puis ai dit à Joe que je pensais que je ferais mieux de ne pas continuer. Il ressemblait à un petit enfant à qui on aurait dit que Noël était annulé. Bien que je n'aimais pas l'idée qu'il explore la grotte sans moi (pour des raisons égoïstes, bien sûr), je voulais qu’il voie une autre partie de la grotte pour faire le voyage là-bas plus tard.
Partie 8 (suite) :
Je lui ai dit jusqu'où aller et combien de temps cela prendrait, puis je l’ai laissé y aller. A l’endroit ou j’étais, je pouvais l’entendre ramper dans l'obscurité. Sa lumière a disparu après le premier virage. Je me suis reposé une minute ou deux, puis j’ai commencé mon voyage de retour à travers le passage. Il était décevant d’avoir fait tout le chemin jusqu’à la grotte et puis de ne pas être en mesure d'explorer sa fin. En fait, ça me tuait ! Après avoir traversé la tombe de Floyd (c’était plutôt douloureux) je me suis assis et croquai une barre de Clif tandis que je parlais avec B. Je lui ai dit que je paierais une chambre de motel pour y passer la nuit. Ensuite, nous verrions comment je serais le lendemain et je pourrais réessayer de passer. Je me sentais idiot de m’être frappé la tête contre le mur de la grotte. B m’a dit qu'il était prêt à me donner une autre chance demain. Il était tout aussi soucieux de découvrir le reste de la grotte. Par rapport au temps que voulait mettre Joe pour se reposer, nous avons décidé quelles choses nous allions laisser à la grotte pour le lendemain. Une fois cela réglé, nous nous sommes assis en arrière et avons profités de l’obscurité. Nous ne pouvions entendre aucun son en provenance du passage. Le silence m'a rappelé le bruit de grattage que j'avais entendu la dernière fois que nous étions là. J'en ai parlé avec B. Comme je n'avais pas complètement exploré la grotte, je ne pouvais pas offrir d’explication sur l’origine de ce bruit. Ou le changement de la force du vent. Ou le grondement. Ou ce terrible cri que nous avions entendu. Soudain, nous nous sommes tout les deux dit que nous n’aurions pas dû laisser « Joe » seul dans la grotte.
B est allé devant le trou et a crié dedans. « Joe ». Pas de réponse. Pas étonnant. Vous ne pouvez pas entendre d’aussi loin quand vous êtes dans une grotte. Nous attendions nerveusement une réponse ou des sons (des sons typiques de Joe). Le délai de vingt minutes nous nous étions fixés était passé. Vingt-cinq minutes sont passées. Je n'avais vraiment pas envie de remonter par le passage. Ma tête me faisait encore mal et le trou semblait plus serré que jamais. Pourtant, je savais que j'allais devoir vérifier si Joe était en sécurité. Quand je m’apprêtais à retourner dedans, j'ai vu une lumière dans le passage. « Joe ? », J’ai appelé. Rien. « Joe ! ». Toujours pas de réponse. La lumière était forte et je pouvais entendre le bruit de quelqu'un ramper à travers la roche brisée qui bordait le passage. « Ca va Joe ? ». «Non», fut sa faible réponse. Quand il est arrivé de l'autre côté de la tombe, il a dit qu'il ne se sentait pas bien. Il a rapidement pris son équipement et l'a mis dans le sac afin que nous puissions le tirer à travers. Quand j’ai tiré le sac à travers le passage, il a commencé à grimper à travers la tombe. Nous n'avons même pas eu l'occasion de l'interroger sur ce qu'il avait vu pendant qu'il revenait. Il se glissa rapidement dans la compression et le trou et nous avons enfin pu le voir. Il avait l'air horrible. Son visage était pâle et il était à bout de souffle. La poussière qui recouvre le plancher de la compression avait laissé sa marque sur son visage et ses vêtements. Il avait de nombreuses petites coupures et égratignures sur le visage et les bras. Elles venaient probablement de son rapide passage au travers du trou. Ses yeux étaient grands ouverts.
Nous avons seulement eu un bref moment pour analyser ce changement radical d’humeur de Joe avant de commencer à sortir de la caverne, sans dire un mot. Alors que Joe et B ont commencé à rejoindre la surface, j'ai pris une minute pour rassembler notre équipement. Puis je me suis arrêté pour écouter dans le passage. Je n'ai rien entendu. ET JE N’AI RIEN SENTI ! Le vent avait cessé ! Une partie de moi voulait sortir de la grotte aussi vite que possible. Mais une autre partie de moi voulait passer immédiatement à travers le passage pour savoir ce qu’il se passait dans cette grotte. Cependant nous n’avions pas le temps. Je me sentais toujours un peu étourdi par ma blessure. A ce moment, j'ai remarqué que B et Joe étaient déjà partis et m’avaient laissé seul. Des frissons parcouraient mon corps et je me suis mis à les rattraper.
Une fois que nous sommes sortis de la grotte j'ai pensé que nous pourrions demander à Joe ce qu’il s’était passé. Mais quand il s'est levé après la montée finale, il s’est contenté de détacher la corde et est allé directement au camion. Dans la lumière du jour, il avait l'air encore pire que dans la grotte. B et moi avons réunis la corde et notre équipement et nous sommes dirigés vers le camion. Joe a dit qu'il ne voulait pas passer la nuit au motel parce qu'il se sentait très mal (et nous le croyons), donc nous sommes rentrés à la maison. Nous n’avons pas pu obtenir plus d'informations de la part de Joe. Il regardait droit devant lui. Il tremblait comme une feuille et nous disait qu'il ne faisait pas froid. Lorsque nous avons essayé de lui poser des questions, ses réponses étaient courtes. Je lui ai demandé s'il avait vu les hiéroglyphes. « Non ». A-t-il entendu des hurlements ? « Non ». A-t-il vu le rocher rond ? « Non ». A-t-il vu les cristaux ? « Non ». Il a dit qu'il avait fait un peu de chemin et qu’il a commencé à se sentir malade. Quelque chose était louche dans ses réponses. Il aurait dû avoir vu les cristaux si il était allé assez loin dans la grotte, puisqu'il ne pouvait même pas nous entendre crier. Mais pourquoi n’en disait-il pas davantage?
Le reste du voyage s’est passé dans un silence mystérieux. Joe n'a pas dit grand-chose. Nous lui avons fait un briefing des évènements dont nous avions pu être témoins dans la grotte. Il ne répondait pas. Au moment de le laisser, nous lui avons demandé s’il voulait retourner dans la grotte. Il secoua la tête et courut dans sa maison. J'ai essayé de l'appeler plus tard dans la journée et le lendemain mais je suis toujours tombé sur son répondeur.
Partie 9 :
Cette fois-ci, l’étroitesse du passage m’était complètement égale. J’écorchais mon visage, mes oreilles, mes bras et mes épaules. Chaque pouce de l’étroiture signifiait de nombreuses éraflures sur mon corps, mais je les ai à peine remarquées. Mon dos me paralysait presque de douleur. Une fois encore j’ai eu une grosse envie de vomir à cause de l’odeur qui parvenait jusqu’à moi grâce à la brise. À la moitié de la Tombe de Floyd, j’ai fait une pause pour reprendre mon souffle. J’approchais l’épuisement et ma respiration était presque trop rapide. Le haut du passage semblait appuyer sur ma joue, et le bas était comme du verre brisé sur mon autre joue. Alors que je faisais une pause pour récupérer rapidement, j’ai entendu le grattement venant des profondeurs de la grotte. Il a duré quelques secondes, puis s’est arrêté. J’ai laissé échapper un cri qui m’a fait sursauter. Je ne réagissais plus consciemment au bruit. Le cri était une réponse de mon subconscient à la peur qui filtrait dans mon corps entier. En panique, j’ai recommencé à glisser dans le passage. Lorsque j’ai atteint la partie la plus large de la tombe, j’ai rapidement glissé mes bras sous moi pour atteindre la position qui me permettait de sortir par le trou. J’ai attrapé la corde et ai tiré de toutes mes forces. Lorsque mes épaules ont atteint le trou, elles s’y sont logées, et je me suis retrouvé coincé ! J’ai enfoncé mes pieds dans la pierre et j’ai remué en arrière pour m’en sortir. Ensuite j’ai un peu tourné mon corps et j’ai réessayé. Cette fois-ci, j’ai réussi à faire passer le haut de mon corps. Normalement, je ferais attention en sortant, vu qu’il y a trois pieds entre le trou et le sol. Mais cette fois, j’ai donné des coups avec mes jambes et ai poussé avec mes bras et PLOP, je suis tombé de la Tombe, directement sur mon épaule. J’ai essayé de rouler pour amortir l’impact, mais j’ai été incapable de faire autre chose que de prendre le coup de plein fouet. Curieusement, la douleur s’est focalisée dans mon épaule, n’affectant apparemment pas mon dos déjà engourdi. J’ai roulé sur mes membres, et je me suis relevé précautionneusement. L’odeur était moins intense en dehors du passage. J’ai attrapé mon bâton lumineux pour trouver mon casque. J’ai commencé à me diriger vers les sangles pendant que j’attachais mon casque. Lorsque je les ai atteintes, j’ai levé les mains pour attraper les prises et j’ai reculé d’horreur. Dans la lueur de mon bâton, je pouvais voir pour la première fois les blessures de mes bras. Mes avant-bras étaient couverts de plaies profondes et d’écorchures. Ma peau était presque recouverte par le sang. Pendant ce bref moment où je me suis arrêté, j’ai remarqué que la grotte était silencieuse. Aucun son ne venait du passage, pas plus que de devant. Une fois de plus le sentiment de solitude m’est revenu, me motivant à avancer. Grimper la petite corniche s’est avéré être difficile dans ma condition. N’avoir qu’un bâton de lumière pour s’éclairer ajoutait encore de la difficulté. Une fois en haut, je me suis mis à courir pour rejoindre B. J’étais impressionné par sa rapidité.
Bien que je n’aie pas davantage mentionné ma condition physique pendant ma sortie, j’avais affreusement mal ! Chacun de mes pas était ponctué par un accès de douleur dans ma nuque et le bas de mon dos. Mes bras étaient déchiquetés et un de mes épaules avait une belle entaille. Je pense sincèrement que si je n’avais pas été autant terrorisé, je n’aurais pas eu l’énergie et la motivation suffisante pour sortir de là. Je carburais uniquement à l’adrénaline. Malheureusement pour moi, le pic d’adrénaline était sur le point de toucher à sa fin.
Je n’ai ni vu, ni entendu B avant d’atteindre la petite zone au bout de la pente. Il était accroché à la corde et se frayait un chemin vers la sortie aussi vite qu’il pouvait. Je pouvais l’entendre se déplacer rapidement et respirer très fort. Je l’ai appelé et son sursaut m’a permis de voir qu’il était presque aussi tendu que moi. Il m’a dit d’attraper la corde et de commencer à le suivre. Nous savions tous les deux que c’était dangereux et qu’on ne le ferait pas en temps normal, mais c’était différent. Je me tenais là et regardais où la corde disparaissait dans l’obscurité. J’ai gigoté autour tandis que B gravissait le chemin vers la sécurité. Il était hors de vue, mais je savais qu’il était proche. Je savais que la corde était la ligne de sauvetage qui me reliait à l’extérieur. À la lumière, à la sécurité. Derrière moi se trouvaient les ténèbres, la peur, l’inconnu. J’ai eu la pensée futile d’une scène de film où l’acteur a vaincu le monstre et a atteint la porte de la maison hantée. Au moment où il passe le seuil, il entend un bruit derrière lui qui le fait se retourner, juste pour voir que…
J’ai fixé mon bâton lumineux sur mon casque grâce à son cordon et ai atteint mon harnais. Ensuite j’ai pensé que je laisserais B aller un peu plus haut tandis que je tirerais la corde qui s’étendait encore dans la grotte. Cela permettrait de sortir plus facilement une fois que nous en aurions le bout. J’ai décidé de ne pas enrouler la corde autour de mon bras, vu qu’il était engourdi et qu’il saignait, alors j’ai simplement fait un tas sur le sol. Au-dessus de moi, B m’a prévenu, « cailloux », et je me suis accroupi sous le rebord alors que plusieurs petites pierres atterrissaient sur le sol, non loin de mes pieds. Je suis ensuite vite revenu à ma tâche. J’avais à peu près la moitié de la corde, environ 50 pieds, quand il y eut un accroc. OUH ! Il était solide. Mais je n’allais pas retourner en arrière pour la libérer, alors j’ai préféré simplement l’oublier et enfiler mon harnais pour sortir. Je me suis équipé et ai commencé à me sangler. Avant de pouvoir le sécuriser, j’ai entendu un bruit étrange à mes pieds. Mon pouls s’est accéléré. J’ai regardé la corde et, horrifié, je l’ai vue qui commençait à disparaître dans les ténèbres. QUELQUE CHOSE TIRAIT LA CORDE DANS LA GROTTE !!!
J’ai laissé tomber le harnais et ai attrapé la corde pour remonter. Le harnais non sanglé est tombé sur le sol. Heureusement j’étais attaché à un ascendeur. À ce moment, je ne pouvais pas penser correctement et j’ai commencé à grimper sans être attaché à la corde. Il m’était souvent arrivé de grimper sans ascendeur, mais j’avais toujours été accroché à la corde, au cas où.
Je grimpais aussi vite que mon corps exténué pouvait le faire. J’étais de nouveau proche d’un état de panique et recommençais donc à m’écorcher, à me cogner et à m’esquinter les bras et les jambes. Pendant mon ascension, j’ai crié à B que quelque chose tirait la corde. Il m’a crié de me dépêcher. La chance était avec moi, car je ne suis pas retombé dans le trou. Si ça avait été le cas, je me serais cogné de nombreuses fois contre les murs de la caverne avant de m’écraser sur le sol. Les blessures auraient été fatales. Sans la nécessité de m’arrêter pour décrocher l’ascendeur de la corde, j’ai mis très peu de temps à me relever. Je pouvais voir des rayons de lumière au-dessus de moi, provenant de l’entrée de la grotte. Cela me disait exactement où j’étais.
J’ai rattrapé B sur le « rebord » du dessous, où notre point d’assurage était fixé. Je lui ai dit de continuer. Ça prendrait seulement quelques minutes, mais chaque seconde serait une torture, parce que je devrais attendre qu’il arrive en haut. Je regardais la corde que nous venions de suivre. Je m’attendais à voir une créature des entrailles de la terre monter et faire de moi son repas. La corde bougeait un peu, en rythme avec l’ascension de B, mais n’avait pas l’air d’être tendue. Tandis que j’attendais B, je restais là à surveiller la corde au cas où quelque chose de bizarre se produirait. Je ne savais pas si mon cœur pouvait supporter davantage de stress. Je ne pouvais pas être plus tendu. J’essayais de me détendre un peu pour être sûr de penser rationnellement, mais mon pauvre cerveau avait atteint une surcharge sensorielle. Lorsque B a atteint le haut de la dernière montée, je me suis préparé à accrocher mon ascendeur et à me sortir de cet endroit maudit. C’est alors que je me suis aperçu que la corde commençait à se tendre depuis l’arrière. Je pouvais sentir la tension sur la corde, mais c’était une tension continue, pas comme si quelqu’un était en train d’y grimper. Quoi qu’il en ait été, je voulais sortir le plus vite possible. Je me suis accroché et j’ai agrippé la corde. Je ne l’avais pas remarqué, mais B avait continué à avancer vers l’entrée. J’ai accompli les derniers pieds en vitesse. Je me suis simplement détaché et ai continué à avancer, laissant la corde derrière.
Partie 9 (suite) :
Au moment où je suis arrivé à l’entrée, et à la lumière du jour, B était presque arrivé à l’endroit où la corde était ancrée. Je voulais tellement sortir que j’ai presque commencé à escalader librement, sans être attaché par quoi que ce soit. Je pouvais voir que B était presque en haut, alors je me suis attaché et je l’ai suivi. J’ai failli ne pas réussir. À peine après le début de mon ascension, je me suis presque évanoui de fatigue. J’ai réussi à me reprendre suffisamment pour me tirer vers le haut pendant les derniers pieds. Tandis que je montais, je pouvais entendre la tension de la corde qui se manifestait par des bruits d’étirement. Je priais pour qu’elle ne casse pas tant que j’y étais attaché. À la seconde où j’ai atteint le sommet, je me suis détaché de l’ascendeur. Je pouvais voir B agenouillé à côté de l’arbre, alors j’ai boité vers lui et me suis effondré. Pour la première fois depuis que j’étais sorti de la Tombe de Floyd, nous pouvions nous voir. Nous nous sommes juste observés. Je savais que je n’avais pas bonne mine, mais je ne pensais pas que B était en aussi mauvaise forme. Il avait des coupures et des écorchures sur chaque surface exposée de son corps. Son visage était pâle, presque blanc. Sa bouche et ses yeux étaient grands ouverts. Il respirait lourdement. Il suffoquait presque. Le choc que nous avons partagé en voyant l’état de l’autre s’est évanoui quand nous avons entendu la corde autour de l’arbre se tendre et le nœud de B s’étirer. J’étais paralysé sur place. Subjugué par la peur. B avait l’air d’être obsédé par le nœud. Ensuite, en un seul mouvement, il a sorti un couteau de sa poche et a commencé à entamer la corde.
C’est incroyable comme l’état d’esprit d’une personne peut altérer la perception du temps. Je suis sûr que ça a pris seulement 4 ou 5 secondes de séparer la corde de l’arbre, mais ça a paru durer une heure. Lorsqu’elle a été coupée, le nœud est tombé au sol, tandis que le bout de la corde a filé entre les rochers et par-dessus le rebord de la falaise, sa vitesse la faisant bourdonner. Aussitôt que la corde fût coupée, B a laissé échapper un cri et s’est laissé tomber sur le dos. Voir la corde voler au-dessus de la falaise m’a rappelé les sentiments de la grotte. Je me suis relevé et ai marché vers le camion. J’ai remarqué que B était resté allongé, les yeux grands ouverts, fixant l’endroit où la corde avait disparu. Je l’ai appelé, ce qui a semblé briser sa transe. Il s’est relevé et a quitté l’arbre en toute hâte, la grotte, le cauchemar. Aucun de nous n’a dit un mot pendant tout le trajet jusqu’à la maison.
Cela fait maintenant 4 jours depuis notre excursion. J’ai pris ces 4 jours et une douzaine de tentatives pour essayer de coucher cette expérience sur le papier. À chaque fois que je commençais à écrire, je me rappelais ces terribles sentiments et je ne pouvais plus écrire. Je me suis senti forcé de continuer, afin de documenter les évènements incroyables avec tous les détails encore frais dans mon esprit. Je peux toujours sentir la douleur. Toujours sentir la puanteur. Toujours vivre la terreur. Rien que le fait de taper mon journal a pris des heures. Je voudrais écrire davantage, mais ça devra attendre. Même maintenant, avec plusieurs jours entre moi et ces évènements, je ne peux me détendre. Je peux à peine me concentrer. C’est tout pour l’instant.
5/19/01
Cela fait trois semaines depuis notre dernière visite à la grotte. Je voudrais donner des nouvelles de ma condition, de mes plans pour la grotte, et des évènements des semaines passées. Je m’excuse de ne pas avoir répondu à vos appels téléphoniques. J’ai eu tous vos messages, je ne me suis juste pas senti de vous répondre. Steve et Marc, merci pour vos mots d’encouragements sur mon répondeur. Je sais que vous être très inquiets à propos de moi. Vous êtes des amis incroyables. Marc, je sais que tu t’es arrêté devant chez moi quelques fois, et je suis désolé de ne jamais avoir répondu à la porte. Mais ça m’a aidé de simplement savoir que tu es passé. Sœurette, je peux entendre l’inquiétude dans ta voix. Je vais bien. Ne te fais pas de soucis à propos de moi. Occupe-toi simplement de mes neveux et de mes nièces.
Je suppose qu’en mettant à jour ce site, tout le monde pourra savoir comment je vais d’un coup. Beaucoup de choses se sont produites pendant les trois dernières semaines, donc je vais essayer de faire de mon mieux pour le résumer. Je devrais commencer là où ma dernière entrée s’est arrêtée. Ça a pris plusieurs jours pour l’écrire. J’étais tellement choqué par l’expérience que je ne pouvais pas faire grand-chose d’autre que de rester assis et de penser à ce qui s’était passé. Actuellement, je suis en arrêt médical de longue durée. J’ai essayé d’aller travailler plusieurs jours après ces évènements, mais mon patron m’a renvoyé à la maison. Je ne pouvais pas me concentrer et j’avais une mine affreuse. J’ai même été voir le docteur, mais je ne pouvais pas lui parler de ces évènements, donc je lui ai juste dit que je subissais une forte pression. Il m’a recommandé le repos et m’a donné une ordonnance pour m’aider à me détendre. Mmmmmm ! Les bons médicaments !
Lorsque nous avons quitté la grotte, j’étais presque en état de choc. Je ne pouvais pas penser clairement et j’avais des difficultés à comprendre ce qui était arrivé. Je n’ai pas mangé beaucoup, pas plus que je n’ai beaucoup dormi. J’étais heureux d’avoir eu la présence d’esprit d’écrire mon expérience alors qu’elle était encore fraîche dans mon esprit. Pendant la relecture, j’ai trouvé que j’avais décrit précisément ce qui s’était produit dans la grotte ce jour-là. Je n’ai pas changé un mot. Même si ça a pris trois jours pour tout écrire, quand j’en ai eu fini, je me suis senti mieux. Je suppose que c’était comme une sorte de thérapie. Malheureusement ça n’a pas duré. En fait, les choses ont commencé à aller vraiment mal après.
B et moi nous sommes séparés après l’excursion et je ne l’ai pas revu avant-hier. Je n’ai pas essayé de le joindre, et il n’a pas essayé d’entendre parler de moi. Et ni moi ni lui n’avons essayé de contacter Joe. B m’a juste laissé tomber après le voyage et j’ai passé les jours suivants cloitré chez moi. J’ai essayé de manger, mais je n’avais pas d’appétit. Je ne pouvais pas dormir, mais je ne trouvais rien à faire qui puisse me faire penser à autre chose. C’est alors que j’ai déterminé qu’il fallait que j’écrive tout. Comme je l’ai dit, ça m’a aidé à penser un peu plus clairement, et je me suis senti un peu plus calme, mais ça n’a pas duré. Je suis allé au travail le lendemain mais ai été renvoyé à la maison. Le jour suivant, j’avais un sentiment écrasant d’anxiété au plus profond de mon âme. J’étais déprimé et confus, et je n’avais personne vers qui je voulais me tourner pour me réconforter. J’ai reçu tous les types possibles et imaginables d’appels, mais j’ai laissé le répondeur faire son travail. J’ai même changé le message d’accueil pour faire savoir à tout le monde que j’allais bien. J’ai continué dans cet état misérable, mangeant et dormant quand je pouvais, pendant une semaine entière. Ensuite les choses ont commencé à devenir bizarres.
Pour commencer, j’entendais des sons dans la maison qui n’avaient pas d’explication. Des pas. Des bruits de glissement. Des portes qui craquaient. Vous savez, typiquement comme dans les films d’horreur. Mais les sons étaient indistincts. C’était comme si je n’étais pas sûr de les avoir entendus. J’étais en train de manger ou de prendre ma douche, et je m’arrêtais, pensant avoir entendu quelque chose. Mais le son ne se répétait pas. En fait, si ça n’arrivait pas fréquemment, je ne serais pas sûr que c’étaient des sons. Dans tous les cas, j’avais peur. C’était comme si j’avais été pris dans une toile d’araignée la semaine dernière. De l’anxiété, des appréhensions, de la tension étaient mon pain quotidien. Ensuite, les hallucinations ont commencé.
J’ai commencé par voir les choses de la même manière que j’entendais les sons. Juste des ombres dans le coin de mon œil. Quand je me retournais, il n’y avait rien. J’ai dormi avec la lumière allumée au début, mais j’ai fini par ne plus éteindre aucune lampe du coucher du soleil jusqu’à l’aube. Quand j’ai commencé à voir ces choses régulièrement, j’ai acheté un revolver. Je l’ai eu grâce à une publicité dans un journal, donc je n’ai pas eu besoin d’attendre d’avoir un permis. Je suis allé voir le docteur mais je n’ai pas mentionné ces détails de ma vie. Je lui ai juste dit que je ne pouvais pas me détendre, et je suis ressorti avec une ordonnance. Heureusement, mes blessures étaient quasiment guéries à ce moment. Mon dos me faisait toujours mal, mais une ordonnance a pris ça en charge aussi. Lorsque je prenais mes médicaments, je me sentais bien, mais je ne voulais pas rester drogué le reste de ma vie, alors j’ai fini par ne plus en prendre que pendant les journées difficiles. Malheureusement, la gravité des hallucinations a augmenté, ce qui m’a fait avoir besoin de plus en plus de médicaments.
Partie 9 (suite 2) :
Les flashes dans les coins de l’œil ont continué, mais j’ai ensuite commencé à voir des formes et des ombres. C’était souvent dehors, par la fenêtre, la nuit. Je ne voyais toujours rien de concret, donc c’était dur de saisir précisément ce que je voyais. J’ai bientôt décidé de fermer tous mes rideaux et mes volets pour pouvoir éliminer les possibilités de voir quelque chose. Faire cela a aidé sur cet aspect, mais ma vie était toujours en désordre. Ma routine quotidienne était mécanique et vide. Je dormais aussi longtemps que je pouvais, souvent jusqu’à ne plus être fatigué. Ensuite je nettoyais et j’essayais de manger quelque chose. J’ai perdu beaucoup de poids, alors j’ai essayé de me mettre au boulot. Ensuite je faisais un peu d’exercice et je faisais surtout la sieste. Je suis sorti assez rarement pendant les deux dernières semaines. Le magasin, le docteur, l’armurerie. Je n’ai pas beaucoup regardé la télé parce que je ne pouvais pas me concentrer. J’ai passé beaucoup de temps sur internet. Je cherchais des informations sur les grottes et sur les mythes prenant place dans des grottes. La seule histoire que j’ai pu trouver était le folklore de spéléologue à propos du Hodag. Le Hodag est supposément une créature qui erre dans les grottes.
Deux semaines après notre excursion, et une semaine après que j’aie commencé à entendre des bruits, j’ai commencé à faire des cauchemars. Des cauchemars extrêmement lucides. Sans thème spécifique ou évènement récurrent. Juste terrifiants. Parfois j’étais chez moi et quelqu’un essayait de m’attraper. Mais je ne pouvais pas courir car je n’avais pas de jambes. D’autres fois j’étais dans une cuve et quelqu’un répandait un liquide semblable à du sirop sur moi, remplissant la cuve. Je me réveillais en panique. Je restais éveillé jusqu’à ce que la fatigue me force à retourner au pays des rêves. Une routine brutale. Cela a continué pendant plusieurs jours, jusqu’à ce que ça atteigne un point culminant au bout de six jours (hier). Mes rêves avaient l’air si réels que j’avais du mal à dire si je dormais ou non. J’étais exténué, vidé de mon énergie. J’allais de mon salon à ma chambre tôt en soirée lorsque j’ai regardé dans le hall et j’ai vu une silhouette sombre au bout. J’ai pensé que c’était un voleur alors j’ai commencé à reculer doucement. Ça ne bougeait pas. Pendant que je reculais, les lumières s’éteignaient et se rallumaient. Tous mes muscles étaient tendus. Je me suis arrêté pour observer la silhouette. Et à ce moment le téléphone a sonné ! Ça m’a tellement fait sursauter que je suis tombé sur une chaise. Quand je me suis relevé, je me suis tourné vers le hall et il n’y avait rien ! J’ai attrapé mes clés et ai quitté la maison. Je me sentais forcé d’aller dans ma voiture et de conduire. Mon pouls battait dans mes veines quand je suis entré et que j’ai mis le contact. Je voulais conduire jusqu’à une hauteur pour voir les lumières de la ville. Je ne savais pas pourquoi je voulais aller là-bas, mais je savais que je DEVAIS y aller. Plus je m’approchais, plus le sentiment que c’était urgent grandissait. Quand j’y suis arrivé, j’ai vu quelque chose qui au début m’a fait sursauter, mais ensuite qui m’a permis de me détendre plus que je ne l’avais été depuis bien longtemps. Joe était là ! Il était en dehors de sa voiture, et admirait les lumières. Nous nous sommes regardés. Je pouvais voir à son visage fatigué qu’il avait vécu la même expérience misérable que moi. Il pouvait voir à mon visage que j’avais partagé son calvaire. Notre conversation a été incroyablement brève. « Vous y êtes retournés ? » a-t-il demandé, connaissant déjà la réponse. « Oui. » « On doit y retourner. » « Demain, ça te va ? » j’ai demandé. « Ouais, à midi. » Il est entré dans sa voiture et moi dans la mienne. Je n’avais même pas voulu lui parler de son expérience. Bien sûr il n’avait rien voulu savoir de la mienne. J’ai conduit jusqu’à la maison de B.
Quand il a répondu à la porte, je pensais que B aurait l’air d’aller bien, qu’il serait joyeux ou quelque chose du genre. Un regard sur moi et son attitude a changé. Notre conversation a aussi été succincte. « Je suis tombé sur Joe, et nous y retournons demain à midi. » B avait l’air terriblement sérieux. Il a juste acquiescé. Je lui ai demandé si je pouvais passer la nuit chez lui. Il m’a fait entrer chez lui d’un air enthousiaste. Je ne l’ai remarqué que plus tard, mais toutes les lumières étaient allumées chez lui. Il m’a mené à sa chambre d’ami. « Fais comme chez toi. » « Merci. » Je me suis lavé dans la salle de bain, ai pris quelques médicaments, et ai eu la première vraie nuit de sommeil depuis longtemps. Je me suis réveillé tôt le matin et suis rentré chez moi pour me préparer au voyage. J’ai pensé faire cette mise à jour afin que personne ne se demande ce qui m’arrive. Je pense que quand la plupart d’entre vous liront ceci, je serai à la maison et aurai une histoire géniale à raconter. Je vous promets que si vous n’avez pas eu de nouvelles de moi récemment, vous en aurez de nouveau dans peu de temps. Il est maintenant 10 heures du matin, le samedi 19. Nous allons partir pour la grotte dans deux heures.
Se préparer pour ce voyage va être comme cela n’a jamais été pour les autres excursions que j’ai fait. Pour la première fois dans ma vie, je vais avoir un revolver dans une grotte. Je vais aussi avoir un couteau, un kit de premier secours, beaucoup de nourriture et d’eau, et une caméra. Je vais prendre beaucoup de sources de lumière, et un bloc de papier avec un stylo. Je vais devoir prendre toutes mes cordes d’escalade, vu que B a perdu la sienne dans la grotte. Je vais porter une bonne longueur de corde avec moi de l’autre côté de la Tombe de Floyd. (C’est la première fois que j’entends parler de la Tombe de Floyd depuis trois semaines. Rien que de l’écrire, des frissons parcourent mon échine.)
Il y a tellement de choses que je veux accomplir aujourd’hui. Tellement de réponses que j’espère trouver dans un petit passage dissimulé à la vue. En repensant aux évènements qui ont mené à aujourd’hui, je me sens un peu étourdi. Est-ce que tout cela n’était qu’un mauvais rêve ? Malheureusement je suis bien réveillé, et en tout cas, dans quelques heures je vais faire face à mon cauchemar. La pensée d’avoir quelqu’un avec moi dans le passage ne soulage absolument pas la peur que je ressens. Je glousse presque en réfléchissant à une notion enfantine que nous allons devoir considérer : qui va décider à quel moment il faudra partir ? La principale des questions qui restent dans mon esprit est : qu’en est-il de la caméra que j’ai laissée derrière moi ? Elle est supposée pouvoir filmer dans l’obscurité la plus totale. Je l’ai laissé tourner, donc qu’est-ce qu’on va bien pouvoir trouver sur la bande?... Des questions plus sombres la suivent – et si la caméra avait disparu ? Si elle était détruite ?
Même s’il est difficile de mettre un nom sur ma motivation, je pense que « conclusion » correspond plutôt bien. J’ai besoin de découvrir certaines choses à propos de cette caverne. La principale, croyez-le ou non, c’est de trouver sa fin. Avec toutes les choses étranges que j’ai observées pendant les semaines passées, ce genre de but premier peut sembler banal, mais c’est vraiment ce que je veux. Pour être sûr, je vais chercher d’autres bribes de connaissance sur le chemin. Si je trouve une fin au passage principal, et au passage caché par la pierre, je me contenterai de ne jamais retourner dans cette grotte. Jamais !
Ramper dans un passage menant droit dans les ténèbres me paraît être quelque chose de peu naturel. Tout comme ramper sur le bord d’une falaise pour s’amuser. Ou sauter d’un avion en bon état et atterrir sur le sol. Nous faisons ces choses pour satisfaire notre soif d’aventure. Ce désir subconscient de conquérir notre petit mont Everest. Comme B a l’habitude de le dire, « la spéléologie est la dernière opportunité d’exploration pour les personnes avec des moyens modestes. » C’est vrai. Il suffit de conduire pendant quelques minutes n’importe où dans le pays pour trouver une grotte qui n’attend que d’être explorée. Même une très connue du public peut être approchée par quelqu’un pour la première fois comme une aventure, quelque chose de nouveau, quelque chose à surmonter. Parce que c’est là.
Beaucoup d’entre vous ne sont pas d’accord avec ma décision de continuer l’exploration de cette grotte. Je le sais des messages que j’ai reçus. J’ai peur de ne pas avoir le choix. Si je veux retrouver un sommeil réparateur, je dois y retourner. Si je veux pouvoir de nouveau me balader dans ma propre maison en paix, je dois y retourner. Si je veux de nouveau quitter le monde du dessous pour entrer dans le monde souterrain d’une grotte, je dois y retourner maintenant. Je n’ai plus l’impression d’avoir le choix. Je DOIS y retourner.
Pour ma famille et mes amis qui lisent ce que je dis, soyez en paix. Je vais conquérir cette grotte. Ensuite je reviendrai et je mettrai ce site à jour immédiatement. Je vais inclure toutes les photos que nous prendrons dans la cave aujourd’hui, et si vous passez par la maison, je vous montrerai les vidéos que j’aurai. Je pense être à la maison tard ce soir, ou au plus tard demain.
Je vous revois bientôt, avec beaucoup de réponses ! Bien à vous, Ted.
Bon voilà c'est posté, pour le photos vous devrez aller sur le site, et de toute façon elles n'ont rien d'extraordinaire .
Pas mal Ted The Caver
Omg merci mec
J'ai fini de lire y'a pas longtemps et c'est vrai qu'elle est pas mal.
Juste, je trouve qu'il y a beaucoup trop de longeurs, une description aussi detaillee n'etait ptet pas nécessaire et finit par ennuyer. J'ai meme saute plusieurs passages tellement c'est long...
Sinon, on peut ( spoilers ) peut etre expliquer le phenomene de la corde qui se tend par la traction d'un animal ( assez puissant pour faire ca evidemment ) mais vous me direz , qu'est-ce qu'un gros animal foutrait la-dedans et comment est-il parvenu a rentrer ?
Derniere chose, en regardant l'une des photo, (celle ou l'on voit le trou menant vers l'origine du cri) , c'est moi ou on voit une tete de "monstre" qui sourit a travers le trou ?
Faudrait que je la lise en fait, peut être ce soir si j'ai que ça à faire .
Si mes souvenirs sont bons il me semble qu'on ne voit rien de spécial dans le trou
C'est peut etre mon imagination j'ai vu la photo sur mon tel donc j'ai peut etre mal vu a cause de la mauvaise qualite mais il m'a semble avoir vu un visage...
J'ai tout lu, mais je reste sur ma faim concernant la fin.
Thx bro' ^^
Elle est épic l'histoire
J'ai pu lire toute les creepypastas de ce forum mais je trouve dommage que certaines histoires n'ont pas u de suites (Je pense notamment a ACR ) dotant que sa fait desormais 5 jours qu'il ny a rien eu