Relu Les Liaisons dangereuses et j'arrive toujours pas à savoir si Laclos excuse Merteuil et Valmont par une sorte de déterminisme psychologique, et donc par une certaine critique de la morale chrétienne (comme productrice tragique de frustrations pathogènes). Y a cet aspect qui m'a frappé mais peut-être que je projette et qu'il y a des endroits qui disent le contraire dans le livre.
Des avis experts sur ce classique ?
Je n'ai pas d'avis expert sur le bouquin, je ne l'ai pas tapé depuis longtemps alors que fut un temps je le claquais dans mon top 10.
Ce que j'en garde comme idée quand j'y repense maintenant, c'est que Valmont et Merteuil bénéficient d'un traitement diamétralement opposés par la structure de l'histoire, par sa fin notamment mais pas que.
Valmont est ultimement sauvé par le fait que c'est un personnage toujours tourné vers la prospection ; il entreprend, il machine, quand il analyse c'est plutôt a posteriori de ses impulsions et dans le système forcément un peu traditionnel est viriliste qui est celui d'un auteur appartenant à la muette, le personnage est sauvé à la fin en ayant droit d'accéder à la mort héroïque du chevalier. Et ce qui demeure quand même très chrétien chez le personnage, c'est qu'il est récupéré par là où se situe sa faiblesse ; il a la faiblesse au milieu de sa perversité d'être capable de tomber dans le piège de l'amour.
Merteuil est un personnage que son statut de femme ayant déjà quelque peu vieilli met nécessairement sur la touche, bien qu'elle aie encore un ou deux tours de piste à claquer ; elle analyse et regarde depuis les marges, elle a toujours des coups d'avance et en punition de ce machiavélisme, l'auteur décide de la conserver en vie mais humiliée, disgraciée, précisément par là où on peut blesser une femme le plus cruellement à l'époque. Sa destinée de fin c'est la destruction symbolique de son visage par la maladie. Alors certes il y a la fameuse lettre 80, et on a écrit depuis des romans et des pavés sur la manière dont celle-ci présentait le personnage comme quasi pré-féministe en lutte nécessaire pour son autodétermination, afin de conjurer les désavantages de son sexe. Mais dans le cadre de l'époque, c'est une liberté qui a quelque chose de satanique, elle ne me paraît pas valorisée par la narration.
Après, ce qui est génial dans les Liaisons, et difficile quand on veut faire de l'épistolaire, c'est que le geste de l'auteur, s'il est réussi, doit se sentir dans le montage des lettres, tandis que dans leur contenu en elles-mêmes elles sont supposées réussir à nous faire croire à l'existence de plusieurs voix qui s'ignorent en partie - et donc cela dilue considérablement ce que l'on peut tirer de jugement de la voix narrative.
Laclos a su bien faire ça à mon avis, le lecteur a un puzzle face à lui, orienté par la disposition des pièces proposées mais tout de même, et l'ambiguïté dont tu parles nait, heureusement de ça.
Merci pour cet avis.
Effectivement mon interrogation se fondait en partie sur l'émancipation sexuelle de Merteuil décrite par elle dans la lettre 81, lue avec d'autres lunettes que celles de l'époque (pas vraiment les féministes, mais disons vaguement psychanalytiques).
Pour le reste, quand tu évoques ce que les personnages ne savent pas, ça m'a aussi beaucoup remué. Merteuil orchestre la dépravation de Cécile et condamne l'amour de Valmont pour Tourvel, mais le Valmont pervers et complaisant me semble affreux aussi, et je supposais que son salut final s'expliquait par une relative ignorance de Danceny et Rosemonde d'une partie des lettres du vicomte à la marquise. Je supposais qu'ils l'auraient condamné autrement, et donc que le lecteur est appelé à le condamner, par l'avance qu'il a sur les personnages, dupés d'une certaine manière par Valmont.
Mais maintenant, je me dis que c'est un peu forcé et que la narration suppose l'intégralité des lettres retrouvée.
Ce qui brouille la piste c'est que les lettres de Valmont à la marquise sont toujours médiées par un besoin qu'il a de ne pas paraître en position de faiblesse auprès d'elle, il contrefait constamment un personnage qu'il doit faire à sa hauteur à elle mais j'ai le sentiment que c'est un personnage auquel il croit de moins en moins au fur et à mesure du roman.
Intéressant. L'ambiguïté un peu insoluble du genre est forte, parce que pour une fois j'ai pas envie de trancher. Même les relectures contemporaines souvent un peu nazes se fondent bien ici.
HS
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Le S tu conseilles quoi déjà comme première montre, j'en ai marre d'avoir le poignet nu
Go Herbelin c'est pas hors de prix et c'est solide
Ca dépend de pas mal de paramètres, surtout en fait de ton budget, du style que tu voudrais privilégier par rapport à ton usage / quotidien (est-ce que tu cherches un truc plus habillé ou un truc plus sportif), et de si tu préfères un modèle méca / auto ou quelque chose à quartz.
A partir de là t'as pas mal d'options possibles qui se valent dans chaque tranche et c'est à la préférence esthétique.
J'ai chopé une petite Seiko il y a un peu plus d'un an, plutôt classe pour - de 300€, j'ai quelquefois des compliments. C'est une montre à quartz, paraît que c'est pour les ploucs. J'y connais rien en montre mais je recommanderais
Quand c'est un quartz de Grand Seiko ou Cartier ça parle pas trop à la ploucerie
Perso j'ai rien contre. J'en possède plusieurs d'ailleurs, et j'en attends une autre - une Boulton, comme dans Indy 5 pour ceux qui l'ont vu mais une vintage, pas la réédition.
C'est plus précis que du mécanique en soi ; même si ça dure moins longtemps potentiellement.
Le 03 mai 2024 à 06:47:54 :
J'ai retapé un peu d'Hadrien récemment parce que je voulais en découper une page pour en faire un sujet de commentaire de texte pour certains de mes premières.Autant j'apprécie l'Œuvre au noir mais le H c'est une perfection. Il y a une manière de taper des pages extrêmement denses et massives qui vont ensuite être fauchées par une seule phrase de clausule en autodérision méditative triste, quand t'ouvres le bouquin tu as l'impression de loin que c'est un tas de pavés sans aucune aération mais la maîtrise de la période néo-classique à l'intérieur est folle.
J'ai relu Le Diable au corps toujours pour le taf, puisque j'en ai choisi également une page à faire étudier à mes élèves pour le bac et parce que je le fais lire à mes secondes dans la foulée. Un bouquin toujours aussi stressant à lire pour moi, il me cause un véritable malaise dans la manière dont les personnages sombrent dans des perversions inconscientes face à l'impossibilité de comprendre leurs sentiments et les fluctuations de ces derniers. Une lecture que j'adore toujours mais qui me déprime aussi. Je me souviens que quand j'avais 17 ans il m'avait beaucoup marqué et au bac une examinatrice s'était indignée, car quand elle m'avait demandé quel était selon moi le roman le plus immoral entre les Liaisons dangereuses et le Diable au corps, j'avais répondu le deuxième sans hésiter.
Ok pour Hadrien, je le garde de côté en attente du moment propice
Le Diable au corps je l'ai lu il y a très longtemps parce que le bouquin traînait chez mes parents et je ne devais pas avoir la maturité pour bien y accéder ; je ne m'en souviens quasiment pas, si ce n'est que la femme s'appelait Marthe. Ce serait sans doute déprimant intéressant de le relire maintenant
Là j'ai commencé Le Général de l'armée morte de Kadaré.
Actuellement c’est American Predator de Maureen Callahan. Il a reçu le prix de littérature policière. J’me suis laissé tenter. Le début est prometteur sur la suite
Lu le Canzoniere de Pétrarque, de A à Z, pour voir ce que ça donnait dans son économie et parce que ça m'agaçait d'en entendre parler partout sans trop savoir. J'en ai une lecture forcément tributaire de ce que j'ai lu de sa postérité, énormissime en France, et de ses modèles antiques et médiévaux, mais les accents blasphématoires m'ont parlé, dans sa tentative vaine de concilier l'amour de la femme et l'amour de Dieu. Dans ses poèmes ça passe par une fragmentation du monde, une fragmentation de lui-même aussi, en regard d'une unité inaccessible. Après structurellement le recueil est fait à la truelle et il faut s'avaler 500 pages d'apitoiements faits de variations sur le même thème.
Le grand dieu pan (Arthur Machen).
J'ai lu Allah n'est pas obligé (Kourouma). Le ton est amusant les premières pages: on massacre la langue et maudit la culture et tout ce qui nous rend collectivement violent. Si les mémoires personnelles de Birahima s'essoufflent rapidement, Kourouma peut commencer à dérouler son cours d'histoire dans la droite ligne d'En attendant les bêtes sauvages. Le Libéria vaut certainement qu'on la raconte, mais on évite pas la répétition, de chef de guerre en chef de guerre. Sympatoche malgré tout.
À présent je suis tourné vers les années avant notre ère où la République devient l'Empire en lisant Augustus (John Williams). Cela commence très solidement, avec l'envergure et la gravité qui m'a rendu Butcher's Crossing inoubliable et qui manquait à Stoner. Williams possède un art presque cinématographique de la narration, il sait éclairer ses personnages juste ce qu'il faut, il sait les faire taire. Et les ellipses d'un roman épistolaire (en fait un mélange de lettres, journal, chroniques) se prêtent parfaitement à créer le rythme voulu. Il est aussi tourné vers l'action. Bien qu'il avertisse que la vérité de son roman est celle de la fiction plutôt que de l'histoire, je suis satisfait de la manière dont c'est sourcé. À voir à présent comment il maintient l'intérêt pour son personnage, mais je suis accroché.
Vallée du silicium d'Alain Damasio
The Thing; Une phénoménologie de l'horreur de Dylan Trigg
Des lectures enrichissantes et passionnantes. Brillant !
Manga, histoire et univers de la bande dessinée japonaise (Jean-Marie Bouissou).
Voyage au centre de la Terre, de Jules Verne, mais je trouve ça chiant.
Mémoires sauvés du vent de brautigan
La Forteresse Assiégée de Qian Zhongshu