Dans notre quotidien saturé d'obligations, l'évasion a un prix. Sur mobiles, quelques euros suffisent toutefois à voyager dans un monde fascinant. Bienvenue à Monument Valley, une destination unique, qui l'espace d'un instant vous fera littéralement perdre tous vos repères.
Faites la connaissance de la princesse Ida, une jeune fille en quête de rédemption, et bien déterminée à explorer de mystérieux temples pour trouver ce qu'elle cherche. L'histoire, qui n'apparaît qu'en filigrane durant les chapitres, conserve volontairement de grandes parts de mystères, même après la fin du jeu. Ce n'est pas bien grave puisqu'il ne s'agit finalement que d'un prétexte pour découvrir d'étranges environnements, lieux de résidence d'un non moins étrange peuple de corbeaux.
Illusions en perspectives
Guider Ida dans son voyage se fait tout simplement en tapant sur le chemin devant elle. Si l'endroit est accessible, la princesse se rend directement jusqu'au point indiqué, mais vous l'avez deviné, il s'agira la plupart du temps de lui ouvrir la voie afin qu'elle puisse atteindre la suite du parcours. Manipuler des leviers, déplacer des blocs ou même pivoter le décor font partie des quelques interactions possibles pour dégager le chemin. Il faut ajouter à cette palette d'action la prise en compte dans Monument Valley d'illusions d'optiques faisant passer le moindre décor pour une lithographie de M.C. Esher. Grâce à des perspectives trompeuses et l'utilisation d'objets impossibles, le jeu multiplie les moments d'émerveillement lorsqu'une voie apparaît finalement de nulle part défiant les lois de la logique. Par exemple, ce qui devait être au second plan, passe d'un coup au premier plan, deux passerelles qui devaient être distantes de plusieurs mètres se retrouvent jointes par une perspective faussée, et ainsi de suite. Le principe rappelle grandement celui d'Echochrome sur PlayStation 3. On reste cependant bien loin de la prise de tête de ce dernier. Monument Valley conserve en effet un niveau de difficulté presque inexistant puisque les interactions possibles sont toujours balisées à l'avance. Par exemple, on ne peut pas pivoter le décor à tout moment, juste lorsque le niveau a été pensé pour cela. De fait, on avance bien vite, et les dix chapitres que compte l'aventure se terminent en moins de deux heures, en prenant votre temps pour admirer chaque tableau.
En dépit de sa brièveté, Monument Valley offre un voyage marquant car toujours surprenant. En réalité, si le jeu se dévore aussi vite, ce n'est pas seulement parce qu'il est court, c'est aussi parce qu'il a ce pouvoir, presque hypnotique, qui nous pousse constamment vers l'avant pour découvrir les prochaines merveilles que l'aventure nous réserve.
Points forts
- La direction artistique épurée pour un rendu sublime
- La simplicité du concept
- Un voyage toujours surprenant
- Jamais difficile
Points faibles
- Trop court (de nouveaux chapitres sont prévus)
- Jamais difficile
Comme une parenthèse bienfaitrice au milieu des puzzle-games, tower defense et autres free-to-play pernicieux qui pullulent sur mobiles, Monument Valley nous invite à un voyage sublime, hors du temps, hors de la réalité. L'escapade est courte, mais une telle bouffée d'air frais se refuse difficilement, surtout que les développeurs ont déjà promis qu'ils réaliseront d'autres chapitres.