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EarthBound
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Test EarthBound

EarthBound : Trailer de sortie

EarthBound
40 537 vues
Profil de JackFost,  Jeuxvideo.com
JackFost - Journaliste jeuxvideo.com

« Des extraterrestres envahissent la Terre ! La pomme de la connaissance a prédit la défaite de leur chef face à quatre enfants. Le seul moyen de les arrêter est donc de retourner 10 ans dans le passé et trouver ces élus. Moi, Buzz Buzz, vais donc voyager dans le temps pour sauver la planète d'une destruction certaine. Pourvu qu'ils ne me suivent pas... » Le pitch de départ vous semble absurde ? Ce n'est que le début. Bienvenue dans EarthBound !

EarthBound

En jouant à Super Smash Bros, de nombreux joueurs se sont interrogés sur les origines de Ness, ce curieux personnage aux allures de playmobil. Vient-il vraiment d'un jeu Nintendo ? Pourquoi n'en a-t-on jamais entendu parler ? Si EarthBound provient bel et bien des studios HAL Laboratory et Ape, tous deux affiliés à la firme du plombier moustachu, il n'a en revanche jamais vu le jour en Europe. Son prédécesseur, Mother, avait failli sortir aux Etats-Unis sous le nom d'Earth Bound, mais fut annulé au dernier moment. Mother 2 a eu plus de chance puisqu'en 1995, EarthBound arrive enfin aux Etats-Unis. Cependant, à cause de ventes insuffisantes dues à une campagne de promotion totalement foireuse (le slogan américain était « Ce jeu pue ! ») et à la concurrence des RPG mythiques sortis au même moment, le titre ne vit jamais le jour en Europe. Pourtant, EarthBound est un jeu d'exception qui mérite toute votre attention.

EarthBound
Pourrais-je avoir un autographe ?
Le scénario reprend l'idée de départ de l'épisode précédent. Les extraterrestres reviennent sur Terre et Ness, Jeff, Paula et Poo, sont les seuls à pouvoir les arrêter. Buzz Buzz, une sorte d'abeille-robot venue d'un futur dévasté par Giygas, le chef des aliens, rencontre Ness et le convainc de sauver le monde. On retrouve également l'humour parodique totalement décalé propre à la série qui nous fait rire dès les premières minutes du jeu. Les personnages principaux ne parlent pas beaucoup, Ness n'a d'ailleurs pas une seule ligne de dialogue, mais on s'y attache quand même beaucoup. L'accent est plutôt mis sur les personnages annexes rencontrés au fil du jeu comme le groupe de musique des Runaway Five, le répugnant Belch, ou encore Brick Road, le fana de donjons. Il y a aussi beaucoup de citoyens insignifiants, comme dans tous les RPG, et si on se sent obligé d'aller parler à chacun d'eux pour récolter des indices, on y prend aussi beaucoup de plaisir car ils racontent souvent des anecdotes décalées et amusantes. EarthBound regorge de détails et de références culturelles, notamment aux Blues Brothers et aux Beatles. C'est un vrai bonheur d'explorer Eagleland, Foggyland et Chommo, tant ces environnements débordent de couleurs et de détails.

EarthBound
Les ennemis sont parfois déroutants.
Le style graphique ne plaira peut-être pas à tout le monde car il est assez simplifié et donne l'impression d'évoluer dans un univers de jouets. Pour autant, cela ne veut pas dire que les décors et les personnages n'ont pas bénéficié de suffisamment de soin, bien au contraire, car les graphistes ont réalisé un travail prodigieux. Les environnements bénéficient de nombreux détails sans souffrir d'encombrements, ce qui permet une lisibilité parfaite. Les décors des combats méritent amplement qu'on leur rende hommage puisqu'il ne s'agit pas du tout d'une transposition de l'environnement mais de fonds psychédéliques animés. L'idée est originale et rend très bien, on sent l'influence des 60's. D'après le créateur du jeu, il y en aurait même plus de 200 différents, rien que ça ! Les musiques ne sont pas en reste puisque les compositeurs qui avaient travaillé sur Mother reviennent. Ils nous offrent une bande-son grandiose et variée qui n'a pas à rougir face aux musiques des grands RPG concurrents de l'époque. Le style évoque les années 60 et 70, particulièrement le blues, le rock et un peu de musique électronique. On note également quelques reprises du jeu précédent, comme le thème des combats qui accompagne ici les affrontements contre les gardiens des sanctuaires, les gros vilains boss, et c'est grandiose. Et contrairement à d'autres séries, on ne subit pas la même musique à chaque combat puisqu'il existe 5 thèmes pour accompagner les rixes contre des monstres classiques et presque autant pour les boss. Un peu de variété n'a jamais fait de mal, bien au contraire.

EarthBound
Mr. Saturn parle bizarrement.
EarthBound se déroule comme un RPG classique, avec des combats, des objets à récupérer, de nombreuses quêtes nécessaires à la progression, de l'entraînement, etc. Les ennemis sont visibles sur le terrain, ce qui permet d'éviter les mauvaises surprises qui étaient trop fréquentes dans Mother. Il existe d'ailleurs 3 façons d'entamer un combat en fonction de la façon dont vous entrez en contact avec l'ennemi. De face, le combat commence normalement, en approchant l'ennemi de dos, on gagne un tour d'avance, et si c'est lui qui prend les héros par surprise, on perd un tour. Passé un certain niveau, les ennemis très faibles fuient systématiquement et il suffit de les toucher pour les tuer et gagner de l'expérience sans même que le combat ait eu lieu, ce qui représente un gain de temps appréciable. Autrement, les affrontements se déroulent au tour par tour et chaque personnage peut attaquer, se défendre, utiliser un objet, ou tenter de fuir. Ness, Paula et Poo peuvent aussi utiliser le PSI, un pouvoir qui rappelle les magies classiques de type feu, glace, soins et autres boucliers protecteurs. Jeff est quant à lui un expert en technologies et peut utiliser des objets explosifs pour causer de lourds dommages aux ennemis ou des objets de défense comme la douche de défense. Paula peut prier, une commande étrange aux effets aléatoires, et Poo peut se transformer en ennemi, ce qui ne présente finalement que peu d'intérêt.

EarthBound
Il y a même des blagues sexistes.
Pour interagir avec l'environnement, il suffit d'appuyer sur une touche pour ouvrir un menu permettant d'utiliser des objets, observer un élément de décor, parler à quelqu'un, équiper un objet, utiliser un pouvoir PSI ou vérifier son statut. Les développeurs ont également pensé à octroyer au bouton L la fonction de touche raccourci pour réaliser la commande « observer » et « parler », en fonction du sujet abordé. Cela permet d'éviter d'ouvrir le menu et de sélectionner la commande appropriée, c'est vraiment pratique. L'astuce marche aussi sur le distributeur d'argent qui stocke les gains des combats. D'ailleurs, dans un souci de réalisme, ce ne sont pas directement les combats qui remplissent le compte en banque de Ness mais son père qui effectue des virements. En effet, quel genre de monstre se promène avec un porte-monnaie ? Le père de Ness sert également à sauvegarder quand on lui téléphone et heureusement, on trouve des téléphones assez fréquemment. Les objets deviennent plus faciles à gérer que dans l'épisode précédent puisque chaque personnage dispose désormais de 14 emplacements. En revanche, 4 d'entre eux doivent être occupés par les armes et autres protections (même équipées) et plus encore se retrouvent encombrés par les objets clés dont il n'est jamais possible de se débarrasser. Heureusement, les développeurs ont pensé à tout puisqu'on peut appeler Escargo Express, une super compagnie de stockage dont les coursiers surentrainés sont capables de trouver Ness où qu'il aille, sauf dans les endroits vraiment trop louches.

EarthBound
Vers la fin, les ennemis sont vraiment très forts.
Finalement, l'un des seuls reproches que l'on pourrait faire à EarthBound serait de ne pas durer assez longtemps. Un jeu comme ça, on aimerait pouvoir passer des centaines d'heures dessus, or il suffit de 30 à 40 heures pour en venir à bout. Certains ennemis « normaux » sont très forts, surtout vers la fin et quand ils attaquent en groupe, ça fait très mal. Comme on ne veut pas gâcher des objets d'attaque et de précieux points PSI contre eux, soit on tente désespérément de fuir, soit on les tue avec des attaques à la batte ou à la poêle à frire mais dans tous les cas, les dommages encaissés causent de sérieux problèmes de survie. En revanche, contre les boss, on s'en donne tellement à cœur joie, sans aucune retenue, qu'ils disparaissent en quelques tours. A ce sujet, on pourra pinailler sur un équilibrage pas toujours parfait de la difficulté des combats. Cela dit, avec un inventaire bien géré et un niveau correct, il est possible de finir chaque donjon sans trop de problème, d'autant que les décors cachent quelques objets régénérant et que les ennemis en laissent aussi parfois derrière eux.

EarthBound
Shigesato Itoi, le créateur du jeu, est fan des Beatles.
Du début à la fin, EarthBound nous en fait voir de toutes les couleurs. On nage parfois dans le grand n'importe quoi tant le délire tend vers l'extrême. L'ambiance qui émane de ce jeu est unique, avec son scénario parodique des films de science-fiction de série Z, son côté rétro années 70 et son design ludique. Malgré son humour absurde et ses graphismes colorés, il véhicule également un message critique de la société, principalement de la société américaine et de la consommation de masse. Les enfants-héros sont souvent pris pour des idiots par les adultes, des adultes qui mentent et qui causent de nombreux tracas autour d'eux alors que Ness et ses amis transmettent un message de paix et d'amour. On remarque aussi qu'aucun ennemi ne meurt au cours du jeu. En effet, lorsqu'un combat s'achève, on peut lire « Chien sauvage se calme », ou « Hippie retrouve la raison », mais jamais « Untel est mort dans une flaque de sang ». Pour autant, EarthBound ne s'adresse pas qu'au jeune public mais aussi aux grands enfants car son contenu possède deux niveaux de lecture, c'est aussi ce qui rend EarthBound aussi riche et aussi universel.

EarthBound
Kitsch, n'est-ce pas ?
Si les RPG avaient été plus populaires en 1995 aux Etats-Unis, EarthBound aurait pu rencontrer le succès qu'il méritait tant. C'est un jeu fantastique, qui sort des sentiers battus, et qui fascine encore aujourd'hui des fans de plus en plus nombreux. Il n'a malheureusement pas trouvé son public à sa sortie et aujourd'hui, il est devenu si rare que les nombreux joueurs qui veulent le découvrir doivent dépenser des sommes indécentes pour poser la main dessus. N'espérez pas le trouver un jour sur console virtuelle car les différents problèmes de droits auquel il est sujet l'empêcheront, peut-être pour toujours, de ressortir hors du Japon. Les avocats travaillant pour Nintendo redoutent en effet des attaques en justice de la part des détenteurs des droits de musiques dont quelques secondes ont été utilisées sans autorisation ou ont été parodiées dans le jeu. D'autres éléments comme la croix rouge des hôpitaux ou les costumes noirs des Runaway Five, trop similaires aux Blues Brothers, avaient déjà fait l'objet de censures lors du passage de Mother 2 à EarthBound. On aurait aimé que Nintendo prenne plus de risques pour faire découvrir ce jeu mémorable aux nouvelles générations de joueurs et aussi aux pauvres Européens qui n'ont jamais eu droit à une sortie officielle.

Les notes
  • Graphismes17/20

    Le côté simplifié des graphismes ne plaira pas à tout le monde mais les développeurs n'ont pas à regretter leur choix puisqu'ils créent une ambiance atypique et attirante. Les couleurs donnent au jeu des allures de friandise acidulée et on en redemande ! Mention spéciale aux ennemis, dont le design révèle l'imagination débordante des designers.

  • Jouabilité18/20

    Les commandes ne posent aucun problème, les développeurs ont même pensé à inclure un raccourci pour pouvoir exécuter les commandes les plus courantes en appuyant sur L. Certains passages vont en énerver plus d'un car le challenge est légèrement relevé mais certains ennemis faibles offrent de nombreux points d'expérience après leur défaite, ce qui évite d'avoir à passer des heures à s'entrainer. Encore faut-il trouver ces ennemis...

  • Durée de vie17/20

    30 à 40 heures de jeu sont nécessaires pour atteindre le boss final. Le jeu est tellement riche de détails et d'évènements qu'on ne voit pas le temps passer et qu'on ne peut s'empêcher, une fois le boss de fin vaincu, de se dire « Déjà ? ». L'absence de quêtes annexes est par ailleurs regrettable.

  • Bande son17/20

    Les musiques sont agréables et les bruitages réussis. Plus de 120 musiques différentes accompagnent le jeu, ce qui assure une excellente variété musicale, tant dans les phases de combat que d’exploration.

  • Scénario18/20

    Le scénario de base n'est qu'une parodie de films d'envahisseurs et un prétexte à une aventure bien barrée. La quête de Ness, Paula, Jeff et Poo est jalonnée de petites histoires annexes toute plus intéressantes les unes que les autres. Ce n'est donc pas tant l'envie de découvrir le fin mot de l'histoire qui nous pousse à avancer que le plaisir de rencontrer des personnages atypiques et des situations loufoques. A ce titre, le passage à Moonside est particulièrement renversant.

Après un premier épisode génial mais encore imparfait, EarthBound parvient à corriger presque toutes les maladresses de son aîné. L'aventure proposée est d'une richesse prodigieuse et les personnages sont tous très attachants, même les PNJ les plus insignifiants. Aucun autre jeu ne possède une telle atmosphère, savant mélange de S.F. et d'humour décalé avec un zeste de cyanure. Préparez-vous à tomber amoureux d'EarthBound.

Note de la rédaction

18
18.5

L'avis des lecteurs (61)

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