Lors des premières minutes, le joueur sera forcément un peu déboussolé. Que doit-il faire dans ce jeu plus ou moins d'aventure, comment interagir avec l'environnement, quel est le but à atteindre ? Voilà l'impression qui nous assaille face à ce Superbrothers, conçu par une petite équipe de développeurs indépendants basée à Toronto. L'aspect graphique du titre trouble également, mais charme surtout immédiatement. Sorte d'hommage aux jeux d'aventure de la belle époque, ses décors nous permettent pratiquement de compter les pixels qui les constituent lorsque la caméra est proche, tout en conservant une très jolie qualité d'image lors des vues d'ensemble qui nous laissent découvrir des environnements souvent sombres, mais empreints de poésie. Les teintes ocre se mêlent aux verts pour constituer un monde sauvage et naturel du plus bel effet.

Ces graphismes hors du commun accueillent une aventure dédiée à l'exploration, se déroulant au cœur d'un monde un peu hors du temps et totalement fantaisiste. Le joueur comprendra bien assez tôt que le personnage qu'il contrôle devra protéger ce domaine de forces maléfiques, en explorant les lieux, en acquérant de nouveaux pouvoirs et en combattant quelques monstres au passage ! Non, ce scénario n'est pas follement original, mais on prend plaisir à avancer dans l'histoire, composée de quatre sessions ressemblant à des épisodes de diverses longueurs. Superbrothers se laisse d'ailleurs découvrir lors d'une première phase introductive un peu longue, au cours de laquelle l'aspect contemplatif du jeu est vraiment mis en exergue, puisqu'aucun but ne semble réellement se dessiner. Très classiquement, toucher l'écran permet de déplacer notre personnage et de le faire interagir avec des éléments du décor ou les quelques très mystérieux PNJ peuplant l'aventure. Les dialogues écrits sont en anglais et bourrés d'humour et de références. Autant dire qu'il vaut mieux maîtriser la langue de Shakespeare si l'on ne veut pas passer à côté de l'un des aspects importants du jeu. Le second degré et l'ironie sont en effet de mise, et si certaines répliques semblent grandiloquentes dans cet univers fantasy, elles sont vite refroidies par une autre remarque bien sentie.

Heureusement, le gameplay se complexifie au fil de l'aventure, et apparaissent quelques subtilités lui donnant un peu de profondeur. Notre personnage maîtrisera par exemple la magie, et pourra s'en servir dans des cas très précis. Il faudra donc par exemple laisser un doigt appuyé sur le personnage jusqu'à ce qu'il rassemble son pouvoir, puis le faire ensuite glisser sur l'écran de manière à explorer l'environnement... ces phases donnent lieu à la résolution de quelques énigmes et puzzles parfois un peu tirés par les cheveux, mais souvent intuitifs et agréables à résoudre. Comme son nom l'indique, Superbrothers : Sword & Sworcery nous permet également de participer à quelques combats à l'épée bien plus sympathiques qu'il n'y paraissait de prime abord. Pour engager ce combat, il faudra basculer l'iPad en position verticale. Votre vie est représentée par des étoiles, tout comme celle de votre adversaire. Deux icônes placées à gauche et à droite en bas de l'écran représentent votre bouclier et votre épée. Il suffira d'appuyer sur l'une ou l'autre au bon moment pour faire agir votre personnage en conséquence. Relativement faciles, ces affrontements reposent uniquement sur votre timing mais se complexifient parfois, surtout lors de combats bien plus longs contre des boss très particuliers... Notre héroïne (oui, c'est une fille !) dispose également d'un inventaire très simple pouvant contenir des clés, des champignons hallucinogènes pour rétablir la santé, et un livre nommé Megatome, permettant d'obtenir quelques informations complémentaires sur le jeu et les énigmes, informations fournies par les personnages.

La totalité du jeu est soutenue par une ambiance sonore vraiment très réussie et en adéquation totale avec les divers moments-clés de l'aventure. Tour à tour rythmée, charmante ou mélancolique, cette musique fait partie intégrante de Superbrothers, et constitue l'un de ses indéniables points forts. Il faut bien avouer que le titre ressemble plus à un film interactif qu'à un véritable jeu vidéo dans lequel le joueur se sentirait totalement impliqué à chacune de ses actions, et nos allers-retours, toujours au sein des mêmes décors, tendent aussi à lasser un joueur pourtant motivé. Il n'en reste pas moins que l'expérience de jeu est totalement portée par l'ambiance qui se dégage de chacune des composantes du titre, le style graphique, l'ambiance musicale et les interactions apportées par la tablette tactile en tête.