Sega joue avec nos nerfs et prend le pari de nous faire craquer une nouvelle fois avec Super Monkey Ball 2, la suite du jeu le plus pervers de la GameCube. Archétype même du jeu d'arcade hilarant à plusieurs, il n'en constitue pas moins une expérience redoutable pour ne pas dire suicidaire pour les joueurs qui ont du mal à garder leur sang-froid. Bien entendu, l'éditeur dénigre toute responsabilité en cas d'aliénation du sujet victime de SMB2.
Super Monkey Ball 2, c'est avant tout une histoire d'adresse. Le joueur suffisamment inconscient pour tenter l'expérience se retrouve aux commandes d'une bulle parfaitement ronde qui renferme un singe. Jusque-là, rien d'anormal. L'histoire met aux prises toute une famille d'anthropoïdes avec un chimpanzé maléfique venu du futur pour tenter de séparer le héros simiesque de sa fiancé. Ce que la trame scénaristique ne nous dit pas, en revanche, c'est pourquoi le héros se retrouve contraint de terminer une série de parcours rocambolesques pour tenter d'atteindre la sortie de chaque niveau dans un temps limité tout en récoltant un maximum de bananes. Mais passons. L'intérêt de cette histoire à deux balles, c'est de nous projeter dans le jeu le plus prise de tête que l'on ait connu de mémoire de joueur.
Cloîtré dans sa bulle, le joueur doit faire une démonstration de sa maîtrise du stick analogique pour tenter de mener à bien chacun des challenges proposés, et diriger sans faillir son duo singe/bulle sur un plateau tarabiscoté à souhait qui penche en fonction de l'inclinaison que vous donnez au stick. Un principe extrêmement simple mais diaboliquement pervers, qui nécessite de doser chaque mouvement à la perfection pour contrôler sa trajectoire. Une fois de plus, la prise en main est immédiate, et le gameplay extrêmement prenant. Ceux qui connaissent le premier volet ne seront absolument pas dépaysés par ce titre qui comporte grosso modo les mêmes atouts et les mêmes faiblesses que son prédécesseur. Ainsi, même si l'ensemble se veut parfaitement jouable, on ne peut toujours pas contrôler la caméra avec le stick C, en tout cas dans le mode solo, et l'interface se révèle absolument identique.
Alors, qu'a bien pu trouver Sega pour nous faire perdre définitivement la tête après les trésors d'ingéniosité déployés dans le premier volet ? Eh bien pas mal de choses puisque de 90 parcours dans le premier opus on passe à 150 proposés en solo dans Super Monkey Ball 2 ! Avec surtout une tonne de nouveaux mini-jeux en multijoueur jusqu'à 4 en simultané ou en écran splitté. Et même si l'on retrouve certaines épreuves du premier volet, toutes sont actualisées et comportent de nombreuses variantes. Plus ou moins palpitantes, les épreuves proposées en multijoueur vont de la partie de tennis au traditionnel billard, en passant par les matches en arènes, les courses, le bowling, le baseball, le golf, le foot ou encore le vol plané. Un vaste programme, croyez-moi. Pour ceux qui s'interrogent sur les éventuelles particularités de SMB2 au niveau du gameplay, autant dire que le principe est le même que Super Monkey Ball, avec cette fois un seul niveau de difficulté unique, le jeu se voulant parfaitement progressif. De plus, il offre la possibilité de s'essayer à n'importe quel parcours d'un même monde une fois celui-ci débloqué, ce qui permet de faire les épreuves dans l'ordre de son choix et d'éviter de buter des heures sur un même challenge. D'autant que l'on peut recommencer une épreuve autant de fois qu'on le désire.
Le mode Histoire offre des mondes à thèmes (plaine, océan, volcan, etc...) entrecoupés de cut-scenes qui font intervenir les protagonistes du jeu, mais les niveaux profitent surtout d'un level design incroyablement vicieux. Les développeurs ont su parfaitement se renouveler malgré les délires proposés dans le premier opus, et l'on se retrouve parfois face à des parcours véritablement démoniaques qu'il faudra recommencer des dizaines de fois avant d'en venir à bout. Seul regret, une réalisation qui n'a absolument pas été améliorée depuis l'épisode précédent mais qui reste correcte malgré la présence d'aliasing et le manque de détails des différents parcours. Mais là n'est pas l'essentiel, et à moins d'être totalement impatient et rebuté par l'ambiance débile du jeu, on ne résiste pas à l'envie de recommencer pour progresser et découvrir de nouveaux parcours. Les plus persévérants s'arracheront les cheveux en tentant de collecter toutes les bananes et de finir dans des temps records pour améliorer leurs scores et ainsi obtenir les points suffisants pour débloquer tous les mini-jeux. Véritable phénomène vidéoludique, Super Monkey Ball 2 est un titre diablement accrocheur, idéal pour les adeptes des parties à plusieurs.
- Graphismes14/20
On se croirait en face du premier volet tellement la réalisation est du même acabit. Dommage que les développeurs n'aient pas résolu les problèmes d'aliasing, mais le jeu comporte en tout cas une option 60 Hz en maintenant B au lancement du jeu.
- Jouabilité14/20
Un concept effrontément basique qui donne pourtant lieu à de véritables prises-de-tête à cause du caractère ultra vicieux des parcours proposés. On constate avec joie que les développeurs ont parfaitement su se renouveler, mais s'il subsiste encore l'impossibilité de contrôler les caméras en solo.
- Durée de vie15/20
Un mode solo très vaste puisqu'il comporte 150 niveaux, mais qui risque de lasser la plupart des joueurs qui manqueront peut-être de persévérance. Les mini-games sont encore plus nombreux et toujours aussi fun.
- Bande son14/20
Là encore, c'est une histoire de goûts. L'atmosphère du jeu rebutera sans doute certains joueurs mais la musique et les bruitages collent bien à cet univers.
- Scénario12/20
Les développeurs ont essayé de donner une explication à cette succession d'épreuves, mais les cut-scenes qui entrecoupent la progression du mode Histoire sont d'un intérêt très relatif.
Sega parvient une fois de plus à nous rendre accro avec Super Monkey Ball 2, et même ceux qui avaient juré de ne plus toucher à ce titre après le premier volet risquent de perdre à nouveau la boule et de se laisser séduire par le concept très prenant de ce jeu. Les nombreuses possibilités en multijoueur constituent une fois de plus un atout de poids pour relancer l'intérêt du soft.