N°10 – Grim Fandango

C’est le défunt studio LucasArts qui ouvre ce classement avec Grim Fandango. Sortie en novembre 1998 sur PC, cette aventure a été créée par Tim Schaeffer, l’auteur de Psychonauts et Brütal Legend, qui s’est d’ailleurs chargé, avec son studio Double Fine, de la version remasterisée en 2015. Le moins que l’on puisse dire est que le jeu sort des sentiers battus grâce à son scénario. En effet, le joueur y incarne Manuel Calavera, un agent de voyages du monde des morts chargé de vendre diverses formules de voyages vers le repos éternel. Malheureusement, tous ses clients lui échappent au profit de son rival de toujours. En menant son enquête, Manuel met à jour une conspiration qui va l’emmener dans un long périple dans l’au-delà. Alignant énigmes et puzzles à résoudre dotés d’une difficulté croissante, cette aventure se révèle au final une véritable pépite de l’humour noir avec des situations outrancières et des dialogues savoureux. Même 18 ans plus tard, ce titre n’a rien perdu de sa force humoristique !

N°9 – Fallout New Vegas

Ambiance post-apocalyptique de rigueur pour Fallout New Vegas sorti en octobre 2010 sur PS3, Xbox 360 et PC. L’histoire prend place au sein du désert de Mojave, dans la ville de New Vegas, une réinterprétation de Las Vegas après le feu nucléaire. Deux factions rivales se livrent une lutte sans merci pour la possession d’un barrage. Rien de plus normal puisque c’est de ce lieu dont dépendent les réserves d’eau et d’électricité qui représentent en quelque sorte les promesses d’un avenir meilleur et d’une nouvelle civilisation. Le joueur commence l’aventure dans la peau d’un coursier, mais surtout laissé pour mort à cause de mafieux qui l’ont abattu. C’est donc la vengeance chevillée au corps que celui-ci va débuter le jeu, prêt à tout pour retrouver les coupables. Humour décalé quasi permanent, multitude de personnages déviants, missions annexes parfois délirantes… Pas de doute, Fallout New Vegas témoigne d’une grande qualité d’écriture et offre un univers à la cohérence remarquable servi par un gameplay très riche qui aboutit à de nombreuses possibilités.

N°8 – Metal Gear Solid 3 : Snake Eater

Un des plus grands héros vidéoludiques de tous les temps hérite logiquement d’une place dans ce Top 10 : Snake dans Metal Gear Solid 3 sorti sur PS2 en 2005. Le joueur découvre ici le passé de celui qui allait devenir plus tard Big Boss et se retrouve ainsi propulsé en 1964 en pleine guerre froide. Parachuté en territoire russe, Snake doit rapatrier un scientifique qui détient des secrets susceptibles de mettre en danger l’équilibre du monde. Tout au long de cette histoire magistralement mise en scène à l’aide de près de 4h30 de cinématiques, le joueur découvre des possibilités de gameplay incroyables et des séquences d’anthologie, parfois secrètes. Comme ce cauchemar de Snake en noir & blanc qui permet, pendant quelques minutes, de trancher des zombies policiers. Et puis, outre la tonne de dialogues aussi étonnants qu’hilarants accessibles via la radio, l’aventure offre des antagonistes d’anthologie, comme le sniper The End ou encore The Sorrow. Ce dernier occasionne par exemple un passage incroyable au cours duquel le joueur rencontre les âmes hurlantes de tous les personnages qu’il a tués auparavant. Mieux : A chaque fois qu’un éclair le touche, une image subliminale apparaît à l’écran des images qui racontent visuellement la relation entre The Sorrow et The Boss. Bref, une aventure en tous points exceptionnelle !

N°7 – Mafia

C’est tout un pan de l’histoire américaine que propose de revivre Mafia, sorti en septembre 2002 sur PC. En effet, même si la ville du jeu où se déroule l’action, Lost Heaven, est imaginaire, le joueur est propulsé en pleine époque de la « Grande dépression », cette crise économique qui a frappé notamment l’Amérique dans les années 30 et qui a favorisé là-bas l’amplification de la mafia américaine. Ici, le joueur incarne Tommy Angelo, un chauffeur de taxi qui va être amené à plonger dans le milieu de la Pègre par l’intermédiaire de la famille Salieri. A travers une série de flashbacks ingénieux mais aussi une excellente galerie de portraits de gangsters, l’aventure montre donc l’évolution de Tommy, cet antihéros au destin tragique, au sein du syndicat du crime. Inutile de préciser que les développeurs d’Illusion Softworks parviennent brillamment à jouer avec les codes du film de gangsters, d’autant qu’ils s’inspirent officiellement de longs-métrages comme Les Affranchis ou la saga du Parrain.

N°6 – The Last of Us

Une aventure inoubliable, un roller-coaster émotionnel, un chef d’œuvre de pixels… The Last of Us mérite assurément tous les éloges. Cette exclusivité PlayStation, sorti en juin 2013 sur PS3 et un an plus tard en version remasterisée sur PS4, prouve à quel point un scénario est capital lorsqu’il s’agit de faire vivre au joueur une expérience réellement intense. Grâce à un vrai travail sur les relations entre les personnages et sur leur passé, Neil Druckmann, par ailleurs directeur créatif du studio Naughty Dog, signe ici une histoire mature qui donne lieu à une série de séquences aussi violentes que poignantes. Pas étonnant de la part du bonhomme qui n’en est pas à son coup d’essai, puisque celui-ci est aussi l’auteur des scénarios de la plupart des épisodes de la série Uncharted. Il faut donc croiser les doigts maintenant pour que The Last of Us part II bénéficie d’un tel soin. Mais on peut compter sur le talent de Neil Druckmann, d’autant qu’il collabore pour l’occasion avec la scénariste Halley Gross qui a déjà travaillé sur les séries Westworld et Banshee.

N°5 – Planescape : Torment

Très remarqué par la presse spécialisée à l’époque, Planescape : Torment n’a hélas pas connu un gros succès commercial lors de sa sortie sur PC en janvier 2000. Et pourtant ce jeu de rôle est considéré aujourd’hui comme une œuvre culte, voire même l’un des meilleurs RPG existant. Les raisons sont évidentes, à commencer d’abord par l’histoire du jeu qui se révèle fascinante. Le joueur se glisse ainsi dans la peau d’un être supposé immortel et sans nom qui, après avoir été tué, doit retrouver la mémoire et comprendre le sens même de son existence. D’autre part, le gameplay offre la part belle au dialogue puisqu’il est possible par exemple d’éviter la plupart des combats simplement en discutant. Pas étonnant dans la mesure où le scénario du jeu, dialogues y compris, affiche près de 800 000 mots. Enfin, le joueur a la liberté de faire évoluer le héros comme il l’entend, sachant que son alignement, du côté du Bien ou du Mal, influence les réponses des personnages rencontrés. Bref, Planescape : Torment offre une histoire passionnante doublée d’une narration éblouissante. Et d’ailleurs, c’est aussi un des points forts de son successeur spirituel, Torment : Tides of Numenera…

N°4 – Spec Ops : The Line

Une plongée très marquante dans les horreurs de la guerre… Voilà ce que propose le jeu d’action à la troisième personne Spec Ops : The Line sorti en juin 2012 sur PS3, Xbox 360 et PC. En effet, l’aventure propose un récit uchronique qui se déroule dans une ville de Dubaï dévastée et traversée de gigantesques tempêtes de sable. L’histoire met en avant le capitaine Martin Walker, dont la mission est de retrouver un colonel et son équipe portés disparus. Problème : forcé de faire de terribles choix au fil de sa progression, Walker sombre petit à petit dans la démence. Réalisé par le français François Coulon, Spec Ops : The Line est à marquer d’une pierre blanche. Car c’est évidemment une critique acerbe de la guerre, mais c’est aussi une plongée fascinante dans la folie ordinaire à travers une poignée de séquences assez éprouvantes. D’ailleurs, le jeu a été inspiré par la nouvelle la plus célèbre de Joseph Conrad, Au Cœur des ténèbres, qui a elle-même inspiré le film de Francis Ford Coppola, Apocalypse Now. Au passage, les développeurs rendent hommage à l’auteur en nommant le colonel que Walker doit retrouver John Konrad.

N°3 – Xenogears

C’est un JRPG, resté inédit en France, qui déboule à la 3ème place : Xenogears. Lancé au Japon et aux USA sur la 1ère PlayStation en 1998, le jeu n’est jamais sorti officiellement en Europe. Et c’est bien dommage car il accumule les qualités. A commencer logiquement par un scénario très abouti qui contient de nombreuses références littéraires, cinématographiques et même philosophiques. Celui-ci place le joueur dans la peau d’un jeune homme amnésique en quête de sa véritable identité. L’aventure se veut aussi très originale par son cadre puisqu’elle prend la forme d’un space opera. De plus, le gameplay propose carrément deux systèmes de combats basés sur des combos : un normal avec le personnage à pied et l’autre lorsqu’il se trouve à bord de son Gear, c’est-à-dire de son Mécha. A tout cela, il faut ajouter enfin une bande-son fabuleuse signée Yasunori Mitsuda le compositeur des Shadow Hearts, mais aussi de Chrono Trigger et Chrono Cross. Au final, une aventure aussi profonde que marquante.

N°2 – Sanitarium

Sanitarium est un thriller psychanalytique sorti en 1998 sur PC. Ambiance glauque garantie dans ce Point & Click qui met en scène un individu frappé d’amnésie et à la recherche de sa mémoire perdue. Ce qui le pousse à traverser un univers angoissant et répugnant constitué de cauchemars, de peurs intimes et de souvenirs peu ragoutants. L’originalité de l’aventure est que le héros change constamment d’apparence et de personnalité. Le joueur peut donc, par exemple, se retrouver dans la peau d’une petite fille confronté à un tas d’horreurs. Une histoire prenante et des graphismes réussis au service d’un univers glauque charriant des thèmes matures comme la mort, le deuil et la rédemption : il n’en fallait hélas pas plus pour que le jeu soit retiré de la vente en France une semaine après sa sortie !

N°1 – Silent Hill 2

Il y a une radio qui grésille à la 1ère place de ce top 10 et c’est celle de l’extraordinaire Silent Hill 2 ! Sortie en 2001 sur PlayStation 2 et Xbox, ce survival-horror d’exception propose une aventure littéralement cauchemardesque. Le héros, James Sunderland, doit retrouver les traces de sa femme disparue au cœur des rues étroites et des demeures désertes de la petite ville de Silent Hill. Tout est réuni ici pour plonger le joueur dans un univers malsain : environnement nocturne, épais brouillard, créatures informes et terrifiantes, présence de personnages décalés par rapport aux situations de jeu, comme cette petite fille sortie de nulle part… Sans oublier des bruitages perturbants et la musique lancinante d’Akira Yamaoka. Mais Silent Hill 2, c’est aussi et surtout une écriture scénaristique très mature qui, en filigrane, aborde des thèmes douloureux tels que l’usure du couple, la perte d’un être cher, la solitude pesante ou encore la dépression menant à la folie et au suicide. Un chef d’œuvre ni plus, ni moins qui, cerise sur le gâteau, offre pas moins de six fins différentes, dont une, sans importance et pour rire, impliquant des extra-terrestres !