TheGreatReview revient dans ce nouvel épisode de La Gazette de l'eSport et vous propose d'aborder un pan précis du monde de l'eSport, entre estoire et edoles.
Aujourd’hui on parle d’un move, tellement célèbre, tellement considéré comme au-dessus du reste sur la scène où il a eu lieu qu’on l’appelle juste « The Play » .
Tous les moves dont j’ai parlé jusqu’à maintenant avaient toujours un nom construit avec le nom du joueur qui l’avait fait, ou de l’événement où ça s’était produit. Mais parmi les joueurs de Dota 2, c’est tellement évident que tu parles de cet instant là quand tu dis the play, qu’il y a jamais eu besoin dun autre nom. Alors on est à l’International 2012, et ce sont deux géants qui s’affrontent, d’un côté Invictus, c’est eux en rouge, la meilleure équipe chinoise à une époque où les escouades chinoises sont déjà considérées comme terrifiantes et de l’autre Na’vi, ils sont en vert sur ce clip, une équipe d’Europe de l’est avec des Russes, des Ukrainiens et des Estoniens, qui sont les champions du monde en titre de L’international de l’année passée et très clairement ce que le reste du monde a à opposer de mieux à la déferlante chinoise.
Alors attention c’est du dota donc, ça va tout d’abord être incompréhensible, et en plus ça va aller très vite, donc on va avancer étape par étape. Pour pas nous aider un teamfight sur dota c’est... visuellement chargé, autant sur league of legends ça se voit que les développeurs font attention à ce que les sorts soient pas trop flashys autant sur Dota ils en ont rien à carrer, quand un personnage de Dota utilise son ultime des météores tombe du ciel, le sol se transforme en lave, un trou noir s’ouvre, ça détruit la rétine comme un festival d’électro sur une plage californienne.
Du coup, accrochez-vous on y va : Navi est tranquillement en train d’avancer vers la base de leurs adversaires qui se trouve en haut de la carte et leurs adversaires justement se trouvent… derrière eux, l’équipe chinoise les a contourné et se prépare à leur tendre une embuscade, ils ont utilisé un objet qui rend toute leur équipe invisible et, parfaitement indétectable, se placent derrière Navi, près à leur bondir dessus. Ils préparent cette embuscade parce qu’ils ont dans leur équipe deux champions qui sont parfaits pour ça, La siren Naga, capable d’endormir l’équipe adverse, et le Dark Seer, capable d’attirer les ennemis sur un même point. Le combo est simple : la siren endort tout le monde, le dark seer les rassemble et après y a plus qu’à jeter tous ses sorts de zone au même endroit et l’équipe adverse passe à la casserole. L’embuscade se lance, la siren d’invictus endort les joueurs de Navi, ce sont ces espèces d’ondes violettes que vous voyez un peu partout, le dark seer s’avance, attrape tout le monde. Et a ce moment là notez qu’aucun joueur de na’vi n’a encore pris de dégât, car lorsqu’on est endormi par la sirène on est invulnérable. Bon, leur situation est pas enviable pour autant. ils sont dans la situation d’un gars qui se réveillerait un beau matin pour découvrir autour de son lit 5 types très énervés avec des battes de baseball, il a pas encore pris de dégâts, mais les prochaines secondes risquent de pas être agréables.
À la seconde où les joueurs de Na’vi se réveillent, un joueur d’Invictus qui joue ce gros homme poisson, déclenche son ultime qui s’appelle Ravage et qui fait surgir des tentacules du sol, le but, propulser les joueurs de navi qui viennent de se réveiller dans les airs pour les étourdir et pour infliger beaucoup de dégâts, c’est un ultime qui fait vraiment mal et c’est principalement pour pouvoir placer Ravage sur 5 personnes que le combo Siren et Dark seer a été effectué.
À ce moment là Navi devrait mourir, sauf que, SAUF QUE : Y a dans l’équipe de Na’vi deux champions qui sont prêts à échapper au combo, Enigma d’abord, qui a acheté très tôt dans la partie un bâton qui lorsqu’il est activé, protège pendant quelques instants contre n’importe quel sort, à la seconde où il échappe au chant de la sirène, il active le bâton qui le protège contre le ravage et puisqu’il n’est pas envoyé en l’air par les tentacules il peut lancer son propre ultime, un trou noir qui attire les ennemis vers son centre tout en l’air infligeant de lourds dégâts un sort efficace lorsque les ennemis sont groupés et ça tombe bien, rendus confiants par la puissance de leur combo, les joueurs d’invictus s’étaient tous rassemblés au même endroits. Rembobinons un instant pour suivre un autre joueur de Navi, il joue Juggernaut, il se trouve tout en haut de l’écran, assez loin pour ne pas être attrapé par le dark seer. Lui aussi va échapper au Ravage et il aura même pas besoin d’un bâton pour le faire, parce que quand un juggernaut active son premier sort, il devient insensible à la magie, ha et il se met à tourbillonner comme une toupie démente aussi, en infligeant de lourds dégâts de zone, et devinez qu’elle équipe est coincée sur place par un trou noir ? Donc soudain, on a deux joueurs de Na’vi qui ne peuvent pas être one shot grâce à leurs résistances respectives, qui n’ont pas été étourdis par le ravage, et l’un des deux à pu attraper tous les joueurs D’invictus dans son trou noir pendant que l’autre tourbillon pour les réduire en sashimi. Le contre est déjà de toute beauté mais un troisième joueur de Na’vi va faire quelque chose de plus spectaculaire encore. Il est là, il joue Rubick le magicien et le pauvre n’a ni bâton surpuissant ni ultime de grosse brute pour se protéger. Ce qu’il a à la place, c’est un bâton bien plus modeste qui lui permet de se propulser sur une courte distance, et la capacité de copier un sort lancé par un adversaire pour le lancer à son tour. Et ça tombe plutôt bien, un certain homme poisson vient de lancer un sort particulièrement redoutable. Mais avant toute chose il faut éviter de se faire one shot par le combo d’invictus, ce qui veut dire activer son bâton de propulsion à la nano seconde où il échappe au chant de la sirène.
Il y arrive, c’est lui qui fend les cieux une seconde avant que le ravage ne soit lancé. Et c’est lui également qui une seconde après, retourne tranquillement dans la mélée et profite du fait qu’invictus soit coincé dans le trou noir pour voler le Ravage et pour le lancer, cette fois dans la figure d’Invictus pour leur rendre la monnaie de leur pièce et terminer le teamfight par la même occasion. À noter que cette capacité de copie de sort, copie le dernier sort lancé par un adversaire, donc il fallait aller très vite, dans une situation aussi stressante et alors qu’il était à une seconde de se faire one shot, il a pas hésité un seul instant à retourner dans la mélée pour voler Ravage avant que l’homme poisson n’ait le temps de lancer un autre sort.
Alors ça fait beaucoup de moves expliquées d’affilée, et avec toutes mes pauses et ralentis c’est dur de se rendre compte à quelle vitesse les joueurs de Navi ont du prendre toutes les bonnes décisions, du coup voici le move tel qu’il a réellement eu lieu.
À cette époque le combo, sirène/darkseer est considéré comme imbattable, pas juste fort imbattable. Donc T he play c’est à la fois la découverte d’un contre à l’un des combos les plus redoutés qui soient et une montagne russe émotionnelle absolument terrible pour le public, rendez vous compte que les fans de navi ils sont passés de mon équipe a perdu un match de coupe du monde à mon équipe a gagné un match de coupe du monde en 2 secondes.
L’exécution mécanique parfaite de Na’vi n’explique pas à elle toute seule leur victoire, ils savaient comment contrer le combo Siren/dark seer, alors que pas une équipe au monde ne savait le faire à l’époque. La preuve, ils ont laissé Invictus prendre ses personnages alors qu’au début de chaque rencontre de Dota tu peux choisir d’interdire un personnage pour la rencontre, ils ont volontairement laissé le combo le plus fort du jeu à leurs adversaires adverse parce qu’ils étaient l’unique équipe au monde à avoir trouvé un contre. D’aucun diraient qu’une demi finale d’International c’est pas le meilleur endroit pour tester une nouvelle stratégie, d’autres diraient que c’est le meilleur endroit si le but est d’entrer dans la légende. Merci beaucoup d’avoir regardé