Le titre vous place dans la peau d'un détective qui après s'être pris la cuite du siècle est frappé d'une amnésie presque totale. Cependant, il faudra se remettre au travail puisqu'un cadavre pendu dans l'arrière-cour de l'hôtel réclame qu'on mène l'enquête sur les circonstances de sa mort. Et si cette trame restera la même pour tout le monde, le parcours lui, pourrait bien différer en fonction de votre manière de jouer. En premier lieu, outre 3 archétypes de détective que vous pouvez choisir, vous avez la possibilité de créer votre propre avatar, en répartissant des points dans un arbre 24 compétences réparties dans 4 branches générales. À vous de voir si vous souhaitez faire un personnage polyvalent, ou plutôt porté sur la psyché ou sur la vivacité corporelle. De ces points de talents découleront des dialogues totalement différents. Effectivement, presque toutes vos interventions seront précédées d'un check de vos statistiques, qui sera matérialisé directement dans la boîte de dialogue sous la forme de texte. Chaque stat dispose de sa propre voix, interagit avec les autres et vous donne parfois des conseils pour mener un interrogatoire ou réaliser une action pertinente. D'autres énigmes, quant à elles, sont soumises à un jet de det explicite, dont les chances de réussite sont autant conditionnées par vos talents que certaines actions précédentes. Mais il existe toujours une manière alternative de remplir un objectif et le titre semble faire montre d'un potentiel de rejouabilité assez impressionnant.

Tout est pris en compte et tout est mémorisé par le jeu, qui, en plus de ne jamais manquer de vous rappeler votre comportement erratique le cas échéants, va définir progressivement votre personnalité et adapter les dialogues en accord avec votre évolution. Avoir une tendance à s'excuser platement pour tout vous donnera le trait de « sorry cop » et débloquera de nouvelles phrases dans les conversations. Une discussion politique vous placera à droite ou à gauche de l'échiquier politique du jeu et votre orientation conditionnera aussi les futurs dialogues. Enfin, votre attitude générale débloquera des souvenirs, qui sont autant de pistes sur votre propre personnalité passée. Il faudra intérioriser pendant un certain temps ces éléments pour par la suite les verrouiller et débloquer un bonus qui impactera directement ces statistiques. Ces dernières pourront d'ailleurs être modifiées grâce à vos vêtements, chacun d'entre eux procurant bonus ou malus à certaines compétences. Il ne sera donc pas idiot d'équiper tel ou tel vêtement avant un jet de dé un peu laborieux pour mettre un maximum de chances de votre côté.

Ce qui impressionne, dans Disco Elysium, c'est le déroulement particulièrement organique des dialogues. Grâce à des phases très descriptives et en raison du fait que vos talents ont une voix, on perçoit mieux l'évolution du personnage et avons le sentiment de jouer avec un véritable maître du jeu. Notre première session de jeu, qui nous a tenus en haleine pendant environ 40h, a laissé entrevoir un large panel de possibilités quant à l'approche des nombreuses quêtes à accomplir. De la manière la plus absurde à la plus sérieuse, il semblerait que Disco Elysium ait pensé à toutes les situations ou presque. Tantôt hilarant, tantôt grave et cru, le titre des Estoniens de ZA/UM est un RPG atypique, qui pêche essentiellement pour sa navigation au clic un peu laborieuse et l'absence de traduction française, ce qui vous demandera un très bon niveau d'anglais malheureusement.

Il faudra donc accepter ces quelques écueils et surtout embrasser pleinement la philosophie du jeu, qui règle tout, même les combats qu'après un check minitieux de toutes vos statistiques. Si la perspective, en revanche, de jouer à un jeu qui n'a jamais été aussi proche d'une expérience jeu de rôle papier, Disco Elysium devrait vous offrir un vrai sentiment de contentement, autant grâce à son écriture époustouflante que sa splendide direction artistique. Un vrai tour de force.

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