Famille : communauté d'individus réunis par des liens de parenté. Dotée d'un domicile, elle crée entre ses membres une obligation de solidarité morale et matérielle, censée les protéger et favoriser leur développement social, physique et affectif. Cette définition illustre plus que tout Red Dead Redemption II, à la fois suite et prologue d'un épisode mettant en avant la traque d'une bande par le désormais célèbre John Marston. Ne vous êtes-vous jamais demandé comment nous en étions arrivés là ? Comment cette bande s'était dissoute ? Qu'est ce qui les avait poussé à prendre des chemins différents ? C'est là tout le sujet du nouveau titre de Rockstar qui nous invite dans le Grand Ouest pour une épopée où l'amitié, la loyauté et la trahison n'ont jamais autant été liées. Si la destination est connue, c'est avant tout le voyage qui importe et quel voyage... Quel voyage.
Le jeu a été majoritairement testé sur une PS4 Pro. Nous avons noté très peu de ralentissements (le jeu profitant d'un 30 FPS constant) et autres problèmes techniques hors bugs inhérents au jeu. Notons toutefois que la PS4 Pro émettait un soufflement assez prononcé lors de nos sessions.
Du côté de la Playstation 4 standard, Red Dead Redemption II reste visuellement somptueux, à tel point que l'on se demande encore comment la machine peut être capable d'afficher un rendu aussi éclatant. La distance d'affichage laisse rêveur, la finesse des effets de lumières est bluffante et il n'est pas un panorama qui n'invite pas à la contemplation. Cependant, outre le bruit de soufflerie qui se dégagera régulièrement de votre plate-forme, c'est aussi du côté de la fluidité que vous payerez la beauté éclatante de Red Dead Redemption II. Effectivement, si le framerate est globalement stable à 30 FPS tout au long de l'aventure, la traversée de certains environnements, notamment urbains, mettra à mal la constance de l'affichage. Il en va parfois de même lors d' affrontements chargés en adversaires et explosions, provoquant parfois une vraie gêne lorsqu'il s'agit d'ajuster ses tirs. Rien de très préoccupant cependant, ces ralentissements n'interviennent que d'une manière ponctuelle au cours de cette longue aventure. En somme, si certes, la version PS4 pro est globalement plus fluide et plus fine, vous n'amputerez pas Red Dead Redemption 2 de son charme ni de ses qualités en y jouant sur une machine standard.
En premier lieu, pour celles et ceux qui se demanderaient si il est préférable d'avoir terminé le premier Red Dead Redemption afin de savourer à sa juste valeur ce second volet, je leur rétorquerai par un simple "oui". En effet, si l'aventure proposée permet de profiter de moments épiques, de gunfights intenses et d'un superbe «jeu carte postale», sa force réside également dans les liens entre ses personnages, la façon dont les relations entre ces derniers vont évoluer et nous amener progressivement à la fin du jeu et donc à l'histoire contée dans le précédent titre. Il faut ainsi comprendre que Red Dead Redemption II, bien que n'évitant pas quelques maladresses dans sa conception (autant narrative que technique), s'avère être un palpitant récit interactif, dense, généreux jusqu'au boutisme mais avant tout mû par l'idée de nous raconter comment une famille unie s'est brisée.
Notre belle famille
Alors que la notion familiale nous avait justement marqué lors de notre preview, elle prend logiquement une autre ampleur dans la version finale à travers une histoire faisant évoluer, une cinquantaine d'heures durant, les relations entre les protagonistes. Bien qu'il soit appréciable d'avoir une telle durée de vie, elle amène aussi quelques quêtes moins intéressantes donnant davantage l'impression d'étirer inutilement le récit avançant véritablement dans les dernières missions clôturant chacun des arcs narratifs.
Cependant, si toutes les missions ne sont pas aussi marquantes et utiles à l'avancée de l'intrigue, chacune est une sorte de «story» nous permettant de connaître un peu plus les membres du groupe avec qui il sera par ailleurs possible de discuter lorsqu'on revient à notre camp de base bougeant au gré de l'aventure. Ainsi, chaque quête participe à l'unité du groupe en créant une véritable empathie pour les femmes et les hommes se tenant à nos côtés dans cette fuite éperdue des autorités du pays suite à un casse loupé dans la ville de Blackwater. Chacun et chacune ayant sa part d'ombre, il devient encore plus intéressant de les découvrir à mesure que l'histoire avance. Il est par dessus tout agréable de retrouver John d'autant que l'homme, bien qu'enclin à suivre ses compagnons dans tous leurs méfaits, n'en conserve pas moins des principes et valeurs en ressentant par dessus tout le besoin de protéger sa femme Abigaïl et leur fils Jack.
En haut de la pyramide, Dutch est également une totale réussite tant le charismatique chef de bande s'avère lui aussi fascinant dans son envie de protéger ses compagnons, ses fils comme il les appelle, tout en étant obnubilé par l'appât du gain au point de verser dans une sorte de parodie de l'homme qu'il fut. Dutch est bien plus qu'un chef, c'est un père et si il convient de suivre les directives de son paternel, il s'avère parfois que ce dernier peut aussi se tromper. Que faire dès lors ? Lui vouer une loyauté sans faille et le suivre jusqu'au bout ou se permettre de douter et commencer à choisir une autre voie ? Ce sera à Arthur Morgan de prendre la décision, coincé entre le fait d'avoir épaulé Dutch dès le départ, et de réaliser au fur et mesure de son voyage que son ami de toujours n'est peut être plus celui qu'il a connu et suivi aveuglément.
Si Dutch représente le côté Pile d'un dime, Arthur Morgan en est indubitablement le côté Face. L'homme, hanté par son passé tragique et doutant du bien fondé de certains choix de Dutch, n'hésitera pourtant jamais à jouer des poings ou à sortir ses flingues pour le bien-être de la famille. Il ne tiendra alors qu'à vous d'en faire un véritable desperado nourri à la violence et n'hésitant pas à braquer banques, diligences et autres quidams ou au contraire d'en faire un cowboy aux valeurs exemplaires. Le monde qui vous entoure s'en retrouvera alors modifié, des primes tombant (ou non) sur votre tête en fonction de vos actions, aux réactions des membres du gang. Si ces dernières n'auront pas nécessairement un impact sur l'histoire, on se prend à réagir à la moindre remarque négative comme positive d'un compagnon qu'on apprécie. Un signe qui ne trompe pas quant à la qualité d'écriture du scénario qui a autant soigné ses personnages principaux que secondaires.
De fait, tout en participant à la vie du groupe en ramenant de la nourriture, des peaux d'animaux ou de l'argent (ceci améliorant le nombre de munitions ou d'objets qu'on peut récupérer au camp), on prendra plaisir à faire une halte bien méritée. Une partie de dominos ou du jeu du couteau nous permettra de souffler ou de tester notre dextérité (tout en nous permettant de gagner quelques dollars) alors que se poser le temps de quelques minutes sera l'occasion de discuter avec nos ami(e)s pour mieux les cerner. Cette façon de nouer des relations, à l'inverse d'autres jeux, prend ici du sens car en renforçant les liens entre Arthur/le joueur et les autres membres, l'envie de les aider sera encore plus forte et renforcera l'intérêt de certaines quêtes pourtant assez basiques en soi. Néanmoins, si la quasi totalité d'entre-elles se finiront par des gunfights de plusieurs minutes, on appréciera d'avoir aidé un proche tout en assistant parfois impuissant au destin tragique de certains ou de l'évolution d'autres. A ce titre, comment ne pas citer Sadie Adler, l'un de ces fameux personnages secondaires qui à travers un excellent traitement va passer de simple Aide de corvées ménagères à une véritable Calamity Jane. Avide d'aventure, tête brûlée, Sadie nous conviera à quelques missions suicides particulièrement délectables pour au final nous retourner émotionnellement à travers une conclusion de quête aussi brutale qu'émouvante.
Grâce à son écriture, Red Dead Redemption II parvient à nous secouer durant tout son périple dont la fin est pourtant prévisible dès le départ. Cependant, la grande force du titre de Rockstar ne tient pas dans sa promesse d'un lendemain chantant mais plutôt dans la façon dont il va parvenir à nous tenir en haleine tout au long de son aventure. Vous aurez ainsi compris que cela tient autant à ces moments intimistes synonymes de conversations autour d'un feu ou de partie de pêche entre Dutch, Morgan et Hosea, qu'à ces instants de fureur où chaque gunfight, chaque chevauchée héroïque sera la résultante d'une décision pour le bien (supposé) du groupe.
La porte du Paradis artistique
Vibrant de concert pour Arthur et sa petite troupe, on éprouve un plaisir infini à découvrir le monde de Red Dead Redemption II d'autant que celui-ci s'avère différent ou plutôt complémentaire à celui du précédent volet qu'il est par ailleurs permis de visiter, en partie, dans une version décrépie, sale, laissée aux mains de banditos. Bien qu'on évolue toujours dans l'Ouest américain, celui poussiéreux et aride du premier volet laisse sa place à un monde verdoyant où de vastes prairies côtoient des lacs paisibles bordant des villes grouillantes de vie. Servi par des jeux de lumière de toute beauté offrant à certains lieux des atmosphères radicalement différentes en fonction du moment de la journée, la patte artistique du jeu étonne à plus d'un titre, se voulant quasi photo réaliste par moments.
Ce qui impressionne également dans RDR II tient au fait que chaque lieu, ayant pourtant demandé un énorme travail de modélisation et de recherche artistique, n'est jamais surexploité. En témoigne une richesse incroyable où chaque endroit sert aussi bien les gunfights que la mythologie du jeu tout en augmentant sa pluralité environnementale. A ce sujet, on retiendra une variété incroyable d'ambiances, d'immenses étendues naturelles, dont la flore et la faune accentuent la crédibilité, à l'industrialisation galopante cristallisée par la ville de Saint Denis. Fourmillant de détails, le monde de Red Dead Redemption II se façonne à mesure qu'on découvre sa carte et fascine dans sa propension à multiplier les atmosphères à travers son bayou, ses montagnes escarpées ou ses plaines vibrant au grè d'un vent annonciateur d'un d'orage naissant, grondant dans le lointain. Piochant par moments dans le cinéma d'horreur en évoquant La Colline a des yeux lors d'une incroyable mission, jouant avec les effets volumétriques pour nous plonger dans un cimetière mal famé, peaufinant ses éclairages pour poser l'ambiance désirée, le jeu tient la plupart du temps d'un tableau de maître qu'on ne cesse d'observer sans jamais se lasser.
Gaming Live : Partons explorer le Grand Ouest
Dommage cependant que le système de Fast Travel (synthétisé par les diligences et trains reliant les villes) n'ait pas été peaufiné afin de nous éviter quelques très longues chevauchées. En guise de substitut, on pourra opter pour la vue Cinéma qui, en plus de nous proposer des angles de caméra différents dans un format cinémascope, nous fera aller automatiquement d'un point A à un point B en prenant le contrôle du cheval d'Arthur, pour peu qu'on ait emprunté une route. Bien que crédible et ancré dans cet univers suranné, on aurait apprécié d'avoir le choix par moments, surtout lorsqu'on aborde les missions annexes, la traque d'animaux légendaires ou la recherche de collectibles.
L'appel du Grand Ouest
Rendons grâce une fois encore à la richesse de l'open world, conçu pour le plaisir de la découverte et pensé afin que nous ayons toujours quelque chose à y faire quel que soit l'endroit où l'on se trouve. En parallèle du camp, mentionnons les villes où l'on pourra à loisir acheter de nouveaux vêtements chez le tailleur, se raser et changer de coupe chez le barbier ou bien encore acheter de très nombreuses armes et les customiser en les personnalisant chez l'armurier. A ce sujet, pensez à les nettoyer car il serait dommage que celles-ci s'enrayent en pleine action. Notons toutefois que ceci n'est pas si fréquent et qu'il est tout à fait permis de faire le jeu d'une traite sans nécessairement passer plus de temps que ça à briquer ses pistolets.
A l'inverse, la gestion de nos noyaux sera primordiale. Il faudra par exemple surveiller notre alimentation pour éviter d'être en surpoids ou en sous-poids, ceci influençant grandement l'état de nos jauges de santé et d'énergie. En somme, l'idée sera d'avoir toujours sur soi de la nourriture ou des toniques pour se requinquer et recharger son noyau de Sang Froid pour parer à toute éventualité. Idéalement, avoir un poids dans la moyenne permettra d'avoir une jauge de santé et d'énergie égale qui pourront être améliorées via des talismans et autres objets spéciaux. De même, effectuer diverses actions (courir, tirer à l'arc, se battre à mains nues, chasser...) fera évoluer nos différents noyaux en nous rendant plus résistant. Toute cette gestion ira de paire avec celle de notre cheval qu'il faudra nourrir, cajoler et bien seller pour faire en sorte que ce dernier soit plus résistant et s'épuise moins vite.
Comme vous pouvez le voir, la gestion de notre avatar et de notre monture demande pas mal d'attention. Et si vous êtes à bout, vous pourrez toujours aller faire une petite partie de poker ou de blackjack dans le saloon du coin ou assister à l'un des spectacles de Saint Denis. Bien sûr, il sera possible de passer un nombre incalculable d'heures afin de remplir l'encyclopédie du jeu pour débloquer les 551 éléments parmi lesquels on trouve pêle-mêle 178 animaux, 19 races de chevaux, 59 armes, les 6 bandes qui ne manqueront pas de se venger dès qu'elles croiseront votre route, etc. L'ensemble des ces éléments constituant l'un des nombreux attraits du jeu, autant pour le joueur que pour le monde y puisant une vitalité sans cesse renouvelée, s'y perdre procure une vraie délectation d'autant qu'on pourra à loisir faire parler ses bas instincts ou sauver la veuve et l'orphelin grâce aux événements aléatoires.
En résulte bien entendu une durée de vie phénoménale, la quête principale réclamant entre 45 et 50h de votre temps, alors que les tâches annexes et autres défis (débloquant des objets supplémentaires une fois bouclés) vous occuperont une vingtaine d'heures de plus.
L'héritage de John Ford et Sam Peckinpah
Tout comme son prédécesseur, Red Dead Redemption II est un hommage appuyé à ces westerns ayant crevés l'écran, de ceux de Ford à Peckinpah en passant par Leone ou Eastwood. Si les clins d'oeil abondent, le titre de Rockstar puise constamment dans ces chefs-d’œuvre et l'imagerie associée pour ponctuer l'aventure de moments éclatants, au sens propre comme au sens figuré. Attaques de trains, bagarres de saloons (mettant en avant un système de combat à mains nues amélioré sans être pour autant transcendant), chevauchées grandioses, impasses mexicaines, rien ne manque dans RDR II. Soutenu par une réalisation finalement assez sobre, efficace, et faisant le jeu de plans véhiculant une énergie folle, ce second volet profite également de son niveau technique pour fusionner cinématiques et jeu dans des mouvements de caméra fluides sans aucune coupure.
Un peu de violence dans ce monde de douceur !
Malheureusement, en terme de gameplay, quelques ombres viennent ternir le tableau et ce malgré les efforts des développeurs pour rendre cette suite plus agréable. La plupart des améliorations fonctionnent effectivement bien à l'image de la gestion de notre inventaire nous permettant désormais de choisir plusieurs armes et objets depuis notre canasson puis de les utiliser en pleine action à l'aide d'une roue dédiée. De la même façon, le Sang Froid a été peaufiné même si certaines capacités, comme celle de voir les points faibles des ennemis, ne servent pas à grand chose, l'objectif étant toujours, dans le cas présent, d'enchaîner les head-shots pour en finir le plus rapidement. A ce titre, on saluera toute de même l'usage de la Kill Cam pointant de façon aléatoire certains tirs létaux pour rajouter au dynamisme des échanges de coups de feu. Mentionnons également l'Oeil de Lynx, utile pour pister les animaux traqués (ceux-ci laissant une sorte d'effluve) ou pour dénicher des indices. Dommage néanmoins que ce «sixième sens» n'ait pas été davantage mis en avant à travers des sortes d'enquêtes qui auraient pu être couplées à des missions d'infiltration, cet aspect étant vite délaissé malgré les éliminations silencieuses ou l'usage de l'arc et des couteaux de lancer allant pourtant dans le sens de la discrétion.
Au rayon des regrets, on reprochera à cette suite des déplacements toujours un peu lourds et rigides avec une inertie dans les mouvements d'Arthur nous valant souvent de nous prendre murs et objets lorsqu'on évolue dans des lieux exigus. Enfin, la vue FPS est une bonne idée en soi mais après une demi-heure de jeu, on se rend compte que galoper en vue subjective n'est pas vraiment adapté. Bien qu'on soit déjà plus à l'aise lors des gunfights, on aura tôt fait de passer en vue TPS. Ironiquement, on se servira de la vue à la première personne pour les déplacements dans les boutiques afin de gagner en vivacité.
Retenir son souffle et apprécier
Si il serait aisé de continuer à vous parler de Red Dead Redemption II des heures durant en décortiquant chaque point de gameplay, chaque bonne idée, chaque moment de vie rendant cette suite à la hauteur de nos espérances, le plus important est de rappeler à quel point le titre fait naître l'envie chez le joueur. L'envie de vibrer au fil des huit chapitres émaillant la progression pour des personnages forts, l'envie de découvrir chaque recoin de ce Grand Ouest, l'envie d'y replonger alors qu'on vient d'arrêter sa console il y a à peine 10 minutes.
Un vol de chevaux qui se termine bien
Nanti d'une bande-son absolument parfaite à travers un sound-design bluffant, un doublage toujours juste et un choix éclectique de chansons et thèmes supportant parfaitement l'action, cette suite se montre attentionnée dans le traitement de ses stars, généreuse envers le joueur et respectueuse de son héritage autant vidéoludique que cinématographique. Bien qu’entachée par quelques soucis techniques et de conception ainsi qu'une propension trop appuyée à clôturer ses missions en faisant parler la poudre, ce second volet illustre néanmoins à merveille une relation passionnée entre un développeur, son univers et le joueur. Si fouler une terre d'avenir souillée par le sang et la trahison ne vous fait pas peur, ne reste plus qu'à ajuster votre Stetson, à respirer un grand coup et à dégainer le premier. L'Ouest ne fait pas de cadeau à l'inverse de Rockstar Games qui signe ici le jeu de cette fin d'année doublé d'un prologue magistral à son chef-d'oeuvre de 2010.
Premier état des lieux pour un multijoueur en beta
Lancé fin novembre, le multijoueur de Red Dead Redemption II préfère pour l’instant passer par la case Beta afin de tâter le terrain. Et pour tout dire, on serait tenté de donner raison à Rockstar Games puisque pour l’heure, il faut avouer que l’expérience n’est pas optimale.
Toutefois, reconnaissons à la société d’être à l’écoute des joueurs qui ont déjà commencé à grogner à propos du modèle économique. Nous y reviendrons un peu plus tard car effectivement, le tout est loin d’être parfait et ce ne sont pas les centaines de dollars et lingots d'or (virtuels, on le précise) offerts durant le mois de décembre qui vont complètement changer la donne.
Mais de quoi est véritablement fait le multi du jeu pour le moment ? Et bien c'est là tout le problème car il y a quelques manques si on le compare à celui du premier épisode, bien que ce constat devrait s'amenuir d'ici peu vu que Rockstar a d'ores et déjà prévu d'inclure davantage de modes au fil du temps. Pour l'heure, outre des missions scénarisées qu'il est possible de vivre de 2 à 4 joueurs, on a la possibilité de participer à un Battle Royale (de 16 à 32 joueurs), divers types de courses à cheval et plusieurs events passagers ou non basés la plupart du temps sur des modes classiques. On y trouve par exemple Fusillade et Fusillade en équipe (le meilleur étant celui qui a éliminé le plus de pistoleros à la fin du temps imparti), Conquête (nous demandant de gagner le plus de territoires possibles) ou bien encore Arme préférée (seul ou en équipe) où plus vous utiliserez une arme difficile à manier, plus vous aurez de points à chaque kill.
Alors qu'on pourra déplorer l'absence du Repaire de gangs du premier RDR (simple mais vraiment fun), on est aussi curieux de voir si le poker sera implémenté. Le modèle économique du titre étant ce qu'il est, on a un peu de mal à imaginer comment les développeurs vont intégrer les jeux d'argent tout en évitant de potentielles dérives. En effet, il faut savoir qu'actuellement, le modèle économique réclamant des dollars et lingots virtuels est quelque peu abusé. Ainsi, créer un camp permanent de bonne taille demande par exemple pas mal d'argent. De même, dès que vous voudrez acheter quoi que ce soit (munitions, armes, vêtements, matériaux...), améliorer votre camp ou utiliser le Fast Travel, ceci vous coûtera des dollars ou lingots. Pour en gagner, vous devrez alors jouer encore et encore. Logique me direz-vous sauf que plus on joue au multi de RDR II, plus on se rend compte que si on s’accommode assez vite des imperfections du gameplay en solo, il en est tout autre en multi où davantage de réactivité est demandé. Les lourdeurs initiales prennent alors une autre dimension, de même que les limitations imposées par le Fast Travel.
Néanmoins, on trouve de bonnes choses dans ce online à commencer par la création de personnage, plutôt poussée, et les missions scénarisées. Certes, le fait que notre avatar ne dise pas un mot rend les cinématiques légèrement ridicules mais une fois en pleine mission, et pour peu qu'on joue avec des amis, l'immersion est là, certains objectifs étant même particulièrement réussis. On appréciera aussi le système de choix en fin de mission consistant la plupart du temps à ramener/tuer notre cible ou la laisser partir, le résultat étant assujetti aux votes des membres de l'équipe. Malheureusement, pour espérer voir 100% des missions scénarisées, vous devrez automatiquement faire baisser ou augmenter votre niveau de réputation, certaines missions n'étant disponibles que si vous êtes un vrai desperado ou au contraire, un véritable petit ange. Très maladroit à mon sens et nous obligeant par exemple à éliminer quantité de PNJ, à braquer des diligences, bref à être la pire pourriture possible alors que ça ne nous correspond pas, afin de pouvoir progresser dans l'histoire. D'ailleurs, outre cet état de faits, rien ne nous incitera vraiment à éliminer lesdits PNJ, hormis pour avoir des munitions ou quelques items, puisqu'on ne trouvera le plus souvent que quelques cent sur les corps de ceux-ci.
Quel futur pour le online de RDR II ?
Si le constat peut s'avérer décevant pour l'instant, n'oublions tout de même pas que Rockstar bénéficie d'un savoir-faire en matière de online même si on imagine mal celui de RDR II aussi percutant et généreux que celui de GTA V, l'époque étant propice à moins d’excentricités ou d'ajouts de contenus sortant des sentiers battus. Cependant, Undead Nightmare nous avait prouvé qu'il était possible de mélanger fantastique et western et on suppose que la société américaine a d'ores et déjà une longue feuille de route remplie de contenus à venir.
On espère donc que le modèle économique sera amélioré car en l'état, disons le clairement, il demeure trop présent et jouer des heures et des heures pour gagner quelques centaines de dollars a de quoi vite lasser. D'autant plus vrai que, bien que nous ayons eu la chance d'avoir davantage d'expériences positives que négatives avec d'autres joueurs, impossible d'éviter ceux uniquement là pour nous tirer comme des lapins histoire de s'amuser. Heureusement, après cinq kills rapprochés (en mode Exploration), il sera possible d'opter pour une trêve en téléportant le joueur meurtrier à un autre endroit de la carte.
Laissons donc le temps aux équipes de développement pour nous offrir un contenu plus riche dans les mois qui viennent. On est d'ailleurs curieux de voir si Rockstar optera plutôt pour de nouveaux modes de jeux iconiques ou au contraire originaux et surtout si les développeurs agrandiront l'aire de jeu en donnant notamment accés à la partie mexicaine de manière "officielle" à l'inverse du solo. On est impatient de vérifier tout ceci car au delà de ses nombreuses imperfections, chevaucher en online, avec plusieurs cowboys à ses côtés dans un si bel open world, fait malgré tout son pt'it effet d'autant que les serveurs sont peuplés et désormais stables.
Points forts
- Chacun des personnages de la bande a bénéficié d'un grand soin d'écriture
- Visuellement somptueux
- Le plaisir de parcourir un open world vaste et cohérent
- Des ambiances bien plus éclectiques que dans le premier RDR
- La pluralité des lieux sert aussi bien les gunfights que le récit
- Une bande-son sans aucune fausse note (musiques, doublages, sound-design)
- Certaines quêtes marquent durablement
- Quelques améliorations de gameplay intéressantes
- Une quantité astronomique de choses à faire et à découvrir
- Excellente durée de vie (entre 50 et 70h)
- De bonnes sensations en online
Points faibles
- La narration s'éparpille parfois à travers quelques quêtes moins intéressantes
- On aurait aimé un peu plus de folie dans la conclusion des missions
- L'aspect infiltration trop en retrait
- Un gameplay toujours un peu lourd (système de couverture, déplacements, inventaire)
- Le Fast Travel, moins efficace que dans RDR
- IA moyenne compensée par des adversaires en grand nombre
- Certains bugs cassent par moments l'immersion
- Le système économique du multi est à revoir
- L'obligation de changer sa façon de jouer pour voir toutes les missions scénarisées en multi
Plus que pour son visuel sidérant de beauté et son effarante perfection sonore, Red Dead Redemption II se révèle précieux pour ce qu'il a à raconter et sa manière de faire évoluer de façon crédible la dimension familiale de la bande, centrale dans cette suite. Tout en profitant d'un gigantesque open world vivant, cohérent et parvenant à nous surprendre même après y avoir passé une cinquantaine d'heures, on se retrouve pris au piège de cette histoire servie par une brochette de personnages tous mieux écrits les uns que les autres. Et c'est là la force du jeu de Rockstar Games qui réussit la plupart du temps à dépasser sa dimension vidéoludique en usant de son récit pour mieux ferrer le joueur afin de le faire rire, frémir et de l'émouvoir. Plus qu'un jeu (imparfait dans son gameplay, parfois redondant mais tellement généreux), Red Dead Redemption II est une épopée, née des plus grands chefs-d’œuvre cinématographiques du genre, se nourrissant perpétuellement de grands sentiments pour nous retourner jusqu'à un final étonnant et logique à la fois.