La relation entretenue entre le manga et le jeu vidéo ne date pas d'hier et ce mariage des genres est prolifique. Éditeurs et studios exploitent sans relâche cette source intarissable d'univers, de personnages, de récits depuis des décennies. Bandai Namco, spécialiste de l'exercice, se rue sur la majorité des licences juteuses et ne pouvait décemment ignorer The Seven Deadly Sins (Nanatsu No Taizai en japonais), phénomène dans le petit monde du Shonen. Mais le jeu vidéo est-il à la hauteur du manga et de l'anime ? L’absolution va débuter.
Du rififi en Britannia
Le Royaume de Liones est à l’agonie. Les Chevaliers Sacrés, supposés protéger les intérêts du peuple, maintiennent l’ordre d’une main de fer et recherchent sans relâche les Septs Péchés Capitaux (Seven Deadly Sins), un groupe de chevaliers renégats persécutés depuis 10 ans pour avoir fomenté un coup d'état contre la couronne. Mais les apparences sont trompeuses. La princesse Elizabeth, héritière du trône, part en quête de ces anti-héros dans l’espoir de contrecarrer les Grands Chevaliers Sacré et leur complot visant à déclarer la Guerre Sainte.
Derrière ses apparences de Shonen décérébré, se cache un univers fait de complots, de trahison et d’amitiés. Malheureusement, l'adaptation vidéoludique de The Seven Deadly Sins n’a rien de captivante et parvient même à ruiner un récit porté par des personnages singuliers aux comportements très éloignés des archétypes du héros sans peur et sans reproche. La narration se cache derrière des conversations sans intérêt qui édulcorent le propos et le simplifient à tel point que toute compréhension sans avoir lu le manga ou vu l’anime est tout bonnement impossible. Seul point positif, la présence de sous-titre en français qui ravira les réfractaires à la langue de Shakespeare.
Le scénario est expédié manu militari sans même prendre le temps de soigner l’entrée des nouveaux personnages. Et le nombre anémique de cinématiques se comptant sur les doigts de la main, ne témoigne pas en faveur de ce Knights of Britannia qui n’a rien de légendaire. La direction artistique bâtarde et les textures grossières ne font qu’accentuer cette impression de projet opportuniste surfant simplement sur la sortie de la seconde saison de l’anime. Les arènes, réduites au strict minimum, se distinguent tout de même par des éléments destructibles ajoutant à l’épique tant recherché. De plus, les effets visuels lors des attaques simples et magiques tirent leur épingle du jeu. Cependant, les mouvements spéciaux (attaques ultimes), points culminants de tout jeu d’action, sont ici anecdotiques et manquent cruellement d'impact à l'écran.
Extrait de gameplay de The Seven Deadly Sins : Knights of Britannia
Les péchés capitaux du jeu vidéo
La gourmandise est un vilain défaut et lorsque l’aventure se résume à une suite fade de combats sans réelle saveur, l’envie se transforme en colère. Qu’un jeu d’action-aventure soit redondant est une chose, mais la structure même de The Seven Deadly Sins : Knights of Britannia est une ode à la répétitivité. Sur une carte représentant les différentes régions du Royaume de Liones, nos protagonistes évoluent au gré de missions et de quêtes secondaires à l’intérêt restreint. Et cette carte n’est qu’un prétexte pour justifier une durée de vie artificielle forçant nos Sept Péchés Capitaux à accomplir diverses tâches dont l’héroïsme frôle le zéro absolu par instant. Cependant, gamifier la rumeur du retour des Seven Deadly Sins est une excellente idée. La propagation de leurs faits d’armes s’exprime en pourcentage et indique clairement le taux de progression dans une zone donnée.
Si seulement la répétition des combats était le seul vice de The Seven Deadly Sins : Knights of Britannia. Ce jeu d'action est un voyage temporel direction les années 90's avec sa caméra indigne du genre. Cibler proprement un adversaire ou même tourner autour pour l’éliminer est un calvaire. La caméra virevolte entre les ennemis, télescope les éléments du décors et finit par donner le tournis aux combattants les plus endurcis. Pour combler ce manque de précision et raccourcir les distances entre les personnages, Bandai Namco intègre une téléportation efficace et surtout essentielle pour dynamiser des affrontements parfois plaisants, souvent frustrants.
Le casting de 25 personnages (disponibles dans les modes Aventure et Duel) et leurs attaques dévastatrices tentent malgré tout d’assurer le spectacle. Attaques magiques et mouvements spéciaux enchaînés à des jauges de Magie et Spéciale pimentent des combats se résumant jusque-là à des téléportations successives. Mais rien n'y fait. Les affrontements demeurent insipides et répétitifs à de rares exceptions près. La présence d’alliés durant les combats et la personnalisation des Septs Péchés Capitaux pimentent malgré tout l’aventure, mais ne parviennent jamais à occulter le vide abyssal de cette adaptation qui s'avère également avare en contenu.
Points forts
- L'adaptation d'un Shonen culte...
- Un casting de 25 personnages
- Une aventure intégralement sous-titrée en français
Points faibles
- ...mais dépourvue de la saveur du manga d'origine
- Un jeu d'action répétitif au possible
- Une réalisation technique obsolète
- Une caméra récalcitrante source de frustration
- Des combats brouillons et insipides
The Seven Deadly Sins ou l’exploitation opportuniste d’une licence à l’aura grandissante. Sans être une purge absolue, ce jeu d’action-aventure manque tout ce qu’il entreprend sans jamais rendre hommage au matériau d’origine. Un Shonen est une invitation au voyage, une épopée en compagnie de héros haut en couleur à travers un univers fantastique regorgeant de mystères. Mais ce Knights of Britannia a loupé sa vocation. Le dépaysement n’est jamais au rendez-vous. Et la réalisation aussi bien graphique que technique témoigne d’un manque flagrant de considération pour toute une communauté de fans de la franchise qui espérait bien plus d'une telle adaptation.