Après quelques tests de calibration, où l'on vous propose notamment de jouer debout ou assis, vous vous retrouvez au coeur de Gotham City. L'écran-titre, qui est probablement le plus immersif jamais réalisé, dessine immédiatement les possibilités vertigineuses de la réalité virtuelle. Alors même que l'aventure n'a pas démarré, on ne peut s'empêcher de regarder dans tous les sens pour apercevoir un hélicoptère posé sur un immeuble, un dirigeable qui sillone le ciel ou encore le bâtiment de la GCPD (Gotham City Police Department). Et dans un moment de courage ultime, surtout si on a la peur de l'altitude, on peut se risquer à regarder dans le vide pour apercevoir le trafic en contrebas. Bien évidemment, ce n'est que contemplatif mais tout de même : quelle immersion !

AU COEUR DE LA BATCAVE

Rocksteady, à l'origine de la trilogie Arkham, maîtrise totalement l'univers du justicier masqué et c'est peu dire. Après un flashback, lourd de sens, vous êtes propulsés dans le manoir de la famille Wayne. Alfred se trouve près du piano et semble annonciateur de mauvaises nouvelles. Avant de rejoindre la Batcave, une dizaine d'interactions s'offrent à vous. Outre la clé que glisse le majordome (qui permet d'ouvrir le piano pour ensuite déclencher le mécanisme de l'ascenseur amenant à la Batcave), vous pouvez tourner le globe, regarder les différents cadres et cartes postales ou encore écouter les messages téléphoniques. Tout est bien étudié et l'utilisation des PS Move apporte une vraie plus-value à l'expérience. Si le jeu est accessible via la manette PS4, l'emploi des deux contrôleurs lumineux donne l'impression de contrôler les mains de Wayne. On peut véritablement retourner les objets, les approcher ou même les jeter de façon naturelle. Si les premiers pas sont spectaculaires, ce n'est rien en comparaison de la découverte de la Batcave. Les développeurs de Rocksteady ont mis le paquet pour nous placer au creux d'une grotte secrète, avec ses cascades, ses roches humides et son immensité. L'un des plus grandes réussites du jeu vient d'ailleurs de son impression de grandeur. On a la sensation d'être un Bruce Wayne qui se grime en Batman, tout en apprenant à maîtriser les différentes armes et gadgets. Chaque séquence est soignée, réfléchie et donne, en quelques minutes, un aperçu du couple PlayStation VR / PS Move. Mais on cause, on cause et le jeu dans tout ça ?

PERDUE DE VUE

Réalité virtuelle oblige, il ne faut pas s'attendre à un jeu d'action dans la veine des anciens épisodes de Rocksteady. Ici, il est plus question d'une enquête, avec utilisation de gadgets, faits à reconstituer et indices à récolter. Celles et ceux qui pensaient mettre des tatanes à coups de PS Move seront peut-être déçus mais le jeu ne manque pas d'idées. Le grappin (ou Bat-griffe), accessoire indispensable du héros masqué, sert à se mouvoir dans l'environnement et à agripper des objets éloignés. C'est ce dernier qui est utilisé pour se déplacer au cœur de la Batcave. Le scanner médico-légal, quant à lui, permet de récolter les preuves sur les lieux et victimes. Pour terminer, le célèbre Batarang s'avère très pratique pour atteindre des interrupteurs et autres mécanismes. Et une fois le casque visé sur la tête, il faut bien le dire : ça fonctionne ! Le joueur se positionne à différents endroits, scanne les lieux et éléments, fait diversion ou interagit avec d'autres personnages. Le rendu est impeccable et on prend un malin plaisir à mener notre investigation, d'une ruelle sordide aux toits de Gotham en passant par une morgue ou les égoûts. La tension monte au fur et à mesure de la progression jusqu'à un final retentissant qui joue avec les nerfs. Sous ces airs de point & click, Batman Arkham VR est un jeu intelligent, qui a assurément fait l'objet d'un grand soin. On sent que les développeurs ont pris leur temps pour s'adapter à la réalité virtuelle et le résultat est sans appel : Batman Arkham VR est l'un des plus beaux jeux du catalogue de lancement. Outre les modélisations détaillées et réussies, l'expérience profite d'environnements réalistes et vivants. Le travail sur les lumière est saisissant et les différents défauts, inhérents à la VR, se font ici très discrets. Après, il ne faut pas trop regarder les objets éloignés sous peine d'être rattrapé par une faible résolution mais c'est vraiment histoire de chipoter. Sur le plan visuel, Batman Arkham VR est une réussite totale.

COURT MAIS INTENSE

L'intrigue, si elle est intéressante, se boucle malheureusement en une petite heure. Les développeurs n'ont d'ailleurs jamais caché cette faible durée de vie et c'est tout à leur honneur. Ils ont toutefois eu l'idée d'agrémenter l'aventure de multiples énigmes offertes par l'Homme-Mystère. Une fois que le jeu est terminé, vous avez ainsi la possibilité de résoudre une trentaine de défis, vous obligeant à fouiller les lieux en utilisant vos différents gadgets. Il existe également de multiples variantes d'un jeu de tir dans la Batcave. Du côté de l'ambiance, si l'absence de voix françaises est regrettable, on ne peut que se satisfaire de la qualité des thèmes musicaux (là encore, l'arrivée dans la Batcave va vous scotcher). Dans ces conditions, il est préférable d'utiliser les écouteurs fournis avec le casque pour profiter de l'effet 3D. Si l'on en prend en compte le prix du PlayStation VR, il apparaît difficile de se passer de Batman Arkham VR. En ajoutant une vingtaine d'euros à l'achat initial, l'heureux acheteur peut ainsi profiter d'une expérience gratifiante et prometteuse quant aux possibilités futures de l'accessoire. Alors, c'est vrai, tout n'est parfait et il arrive que les mains (ou le reflet de Batman dans le miroir) partent en vrille. On aurait aussi aimé que les transitions placent le joueur aux commandes de la Batwing ou de la Batmobile. Mais il n'existe, à ce jour, aucun jeu Batman aussi immersif.