Débutée en août 1996 sur PlayStation, la saga Resident Evil s’est par la suite diversifiée au point de s’éloigner drastiquement de ses prédécesseurs. Du jeu de survie en milieu horrifique à l’Actionner violent et décérébré, la franchise éditée par Capcom écume les plates-formes à la recherche de la formule multijoueur idéale. Après la tentation du coopératif avec Resident Evil : Outbreak en 2004 et l’égarement Resident Evil : Operation Raccoon City en 2012, la série lorgne désormais sur le marché des Shooters à dominante multijoueur. Le jeu de tir à la troisième personne Umbrella Corps revenait ainsi d’entre les morts pour une aventure zombifiée en Versus.
Un Shooter infecté
La franchise Ghost Recon avait par le passé tenté l’aventure « Multi » avec Ghost Recon Online rebaptisé Phantoms et la licence Resident Evil lui emboîte le pas 4 ans plus tard avec certaines similitudes indiscutables (caméra, système de couverture...). Umbrella Corps délaisse le temps d’un spin off les concepts mêmes de narration et de série B pour se focaliser sur les affrontements. A la différence d’un Left 4 Dead, l’infection n’est pas le seul ennemi à prendre en compte. Les autres joueurs sont tout aussi létaux que ne peut l’être l’environnement.
Umbrella Corps est avant tout un TPS centré sur l’action et les gunfights ayant pour objectif de remplir le cahier des charges du Shooter moderne. Un système de couverture aperçu dans Operation Raccon City et plus récemment dans Resident Evil 6 fait donc son apparition et propulse la franchise au XXIème siècle pour ce qui est des affrontements. Autrefois faiblesses de la série, les échanges de tirs se veulent nerveux et expéditifs. A la moindre erreur, une pluie de plomb s’abat sur votre avatar au détour d’un couloir ou après avoir enfoncé une porte. Et les développeurs se sont assurés que nos compères puissent se mouvoir librement dans ses environnements sans jamais rester coincés derrière une porte ou devant un rideau de fer. Portes, volets, échelles, murs… ne seront aucunement un obstacle pour les soldats d'Umbrella. Aidé par l’apparition d’action contextuelle, le joueur est à même d’escalader un mur afin de prendre à revers l’adversaire ou encore de se faufiler dans un conduit et débarquer derrière les lignes ennemies.
Le mode Extermination (3v3) sur la carte "Commissariat de Raccoon City"
Une tension palpable est donc au rendez-vous, renforcée par la présence de zombies au sein des cartes, Resident Evil oblige. Et le fan service ne s’arrête pas au simple titre apposé sur le jeu. Les environnements imaginés par les développeurs s’attaquent à notre fibre nostalgique en s’appropriant divers lieux cultes de la série, du Laboratoire d'Umbrella Corps (Resident Evil) aux rues et autre commissariat de Raccon City (Resident Evil 2) en passant par le village de Kijuju (Resident Evil 5), la base arctique de Resident Evil : Code : Veronica et le QG de Tricell. Umbrella Corps s’apparente donc à un voyage en terrain connu. Le bestiaire puise ainsi dans les ennemis des précédents épisodes de la saga entre morts-vivants, Majinis et autres chiens zombies. A la fois problème et solution, ces derniers vagabondent dans les couloirs et servent tantôt de bouclier, tantôt de distraction.
Chaque sbire d'Umbrella Corp profite des avancées technologiques de la firme au parapluie. Radar sonore, Brainer et Jammer-Z agrémentent un équipement comprenant une arme de poing, une arme à distance et des grenades. Le Brainer est un atout non négligeable au corps à corps. Sous ses airs de piolet, cette arme de mêlée tue morts-vivants et soldats en un coup avec sa faculté à surchauffer afin de faire fondre la chaire et les os au moindre contact. Le Jammer-Z de son côté fait office de bouclier au milieu des hordes affamées. Tant que ce dernier est actif, aucun zombie ne se rue sur vous à condition de ne pas les sortir de leur torpeur (leur tirer dessus). Et ce simple gadget ajoute une dimension tactique lors des affrontements. D’un simple jet de grenade anti-jammer, une situation mal embarquée se transforme en boucherie au cœur des lignes ennemies, les morts se délectant des entrailles de vos ennemis.
Le Brainer ou l'art de trancher dans le vif
Après la pandémie, la disette
Il est coutume de dire que l’Enfer est pavé de bonnes intentions. Sans nullement connaître les intentions de Capcom, envisager Umbrella Corps comme un pur produit d’exploitation est loin d’être une hérésie. Ce TPS ne se donne en aucun cas les moyens de ses ambitions. Dénué de campagne solo, le contenu est tout simplement famélique. Le multijoueur, sève de l’expérience, se contente de deux modes en 3 versus 3, à savoir « Extermination » et « Multi Ops ». Extermination se résume à un Team Deathmatch dans la plus pure tradition se déroulant sur 3 minutes maximum sans aucun Respawn autorisé. Une fois morte, la victime profite de la suite des hostilités sur une carte en vue du dessus. Multi Ops de son côté mixe divers objectifs selon les manches entre Cible à abattre, Collecte d’ADN, Prise de position et Collecte de Malette.
Mode ayant fait les choux gras de la saga Gears of War, un mode Horde s’invite dans Umbrella Corps sans pour autant redessiner les contours du shooter moderne. Recyclant les cartes du multijoueur, cette aventure jouable uniquement en solo ne prend jamais la peine de contextualiser les missions et leurs objectifs. Collecter X échantillons d’ADN (à traduire en « Tuer X zombies »), récolter une quantité précise de données… la même rengaine égraine les heures et avec elles notre patience. Fun durant les 60 premières minutes, ce mode répondant au nom de « L’Expérience » ne sauve en rien une recette qui laisse le joueur sur sa faim, en appliquant à la lettre, et surtout sans maestria, les poncifs du genre.
"L'Expérience", le mode Horde d'Umbrella Corps
Un Resident Evil à mon image
A l’image des modes mutijoueur en vogue actuellement, la progression des nerveux de la gâchette se traduit en points à mesure que zombies et soldats tombent sous vos balles. 100 points pour un sbire d'Umbrella Corps (50 pour une assitance). 10 points pour un zombie... L’expérience acquise par tout à chacun implique une montée de niveaux et avec elle un accès à de nouvelles armes, de nouveaux équipements et ornements. Sans pousser la personnalisation de votre avatar à son paroxysme, les options mises à votre disposition bien que sous dimensionnées sont suffisamment étoffées pour vous laisser créer un soldat à votre image. 28 équipements, 27 armes (pistolets, SMG, fusils à pompe, grenades…) sans compter les différents Brainers et les améliorations disponibles pour chaque arme combleront un temps du moins les adeptes de customisation. Et les nombreux coloris et autres stickers se feront une joie de nourrir votre sens du détail par l’ajout d’un rouge vif ou encore d’un bleu pétant garantissant un effet « WAHOU » sur le champs de bataille.
La passion de la personnalisation
Les horreurs de la guerre
L’habit ne fait pas le moine et pourtant… Pour ce qui est de la réalisation à proprement parler, Umbrella Corps oscille entre le correct et le grossier à l’image de son contenu et de son gameplay. Sans jamais être une honte, ce spin-off se contente du minimum syndical à tous les niveaux. Les environnements, bien que variés et partiellement destructibles, se laissent porter par cette volonté nostalgique puisant dans ses références passées, mais oubliant de soigner le visuel avec des textures baveuses et des décors vides et exempts de toute vitalité. Et les personnages font du concept de procrastination leur mantra, la faute incombant à des animations sans finesse. L’ambiance sonore, quant à elle, balaye d’un revers de main toute tentative de mise sous tension des joueurs au profit d’une Hardtech bien sentie rappelant les grandes heures des Fast FPS multijoueur ; décapant si besoin il y avait les dernières aspérités survivalistes du titre.
Cependant, l’aspect « en ligne » est de son côté parfaitement maîtrisé. Malgré une présence réduite des joueurs, l’attente pour rejoindre un groupe de joueurs n’excède jamais plus de 60 secondes, un excellent point donc, étant donné la dimension online quasi unilatérale du jeu de Capcom.
Points forts
- Des gunfights nerveux et expéditifs
- Des zombies redessinant les contours du Shooter multijoueur
- Un Brainer et un Jammer-Z rafraîchissant la recette du TPS
- Un fan service omniprésent
Points faibles
- Un contenu proche du ridicule : 2 modes multijoueur et un mode Horde
- Une personnalisation sous dimensionnée
- Une réalisation se contentant du minimum syndical
Avec ses allures de mode multijoueur extirpé d’un épisode canonique à grand renfort de forceps, Umbrella Corps trébuche sur ses propres cadavres. Malgré des affrontements nerveux et tactiques où position et coopération seront source de victoire, un mode « Horde » et cet ajout de zombies dans l‘équation, le titre de Capcom apparaît tout autant décharné que les morts-vivants qu’il met en scène. Contenu à même de caler une dent creuse, fan service du pauvre et personnalisation sous dimensionnée ne pourront rectifier le tir. Loin d’être une ode à la saga, ce spin off n’a que peu d’intérêt que vous soyez fans de Resident Evil ou de TPS.