Ces derniers temps, on ne peut pas dire que la licence Transformers ait fait des émules. À l'image des films de Michael Bay, Optimus Prime et ses potes se sont peu à peu essoufflés, ne laissant poindre que lassitude et frustration. Frôlant l'overdose, Activision a pourtant décidé de remettre le couvert avec Transformers Devastation. Présentée lors de l'E3 dernier, cette production a fait naître quelques craintes légitimes, beaucoup se demandant si ce n'était pas l'épisode de trop. Sous ces airs de "jeu de commande", le titre avait tous les contours pour exploser en plein vol. Mais les talentueux japonais de PlatinumGames en ont décidé autrement et livrent probablement l'une des meilleures adaptations sorties à ce jour.
Sortez les ouvre-boites, la menace Decepticons plane sur la planète ! Ces affreux jojos métalliques ont décidé d'utiliser notre bonne vieille Terre comme réceptacle de leur nouvelle Cybertron. Heureusement, les Autobots vont tout faire pour court-circuiter les plans de l'insolent Megatron. Action, baston, explosion : le cocktail gagnant ! Dès l'écran-titre, on comprend que le studio nippon a voulu s'extirper des blockbusters hollywoodiens. Transformers Devastation est un vibrant hommage aux années 80 et s'appuie sur l'arc scénaristique de la première génération. Qu'il s'agisse du design, de l'utilisation du cel-shading (on y reviendra), de l'univers employé, des couleurs utilisées ou même des voix (V.O sous-titrée), tout rappelle le dessin animé d'il y a 30 ans. Pad en main, il est difficile de ne pas succomber à la nostalgie, tant le titre respire la classe à tous les niveaux ! En clair, le premier contact est aussi rafraîchissant qu'immersif !
PLATINUM FAIT DU PLATINUM
L'équipe de PlatinumGames est réputée pour ne suivre aucune des tendances du marché et elle le prouve une nouvelle fois. Plutôt que d'œuvrer pour une énième adaptation à l'américaine, les développeurs nippons sont remontés à la source en marquant le jeu de leur empreinte. Outre Optimus Prime, on peut incarner Bumblebee, Wheeljack, Sideswipe et même Grimlock, qui est l'un des dinobots les plus réclamés par les fans (avec Devastator). Si la progression se veut assez linéaire, Transformers Devastation a la bonne idée de s'inspirer des plus grands hits du studio japonais, à commencer par un certain Bayonetta. Caméra à l'épaule, on se déplace dans de multiples zones (entre couloirs et places un peu plus élargies) en éradiquant les Decepticons qui nous tombent sur le coin de la carlingue. C'est un véritable plaisir d'alterner entre les attaques de base (rapide, lourde, coup de genou, charge...) et les combos dévastateurs.
Le style Platinum est immédiatement reconnaissable. Par exemple, une esquive réussie donne lieu à un ralenti proche du "Pouvoir de la Sorcière" de Bayonetta. L'écran devient bleu et on peut alors réaliser un maximum de dégâts. Cette technique devient vite une seconde nature, surtout face à des adversaires de plus en plus redoutables. Le jeu fait également appel à une jauge qui, une fois remplie, donne accès à un combo ultime (genre Grimlock qui crache une boule de feu ou Prime qui balance une salve de missiles). Son utilisation est certes limitée mais elle permet de se sortir de situations mal embarqués. Pour terminer, chaque protagoniste (qui dispose de ses propres enchaînements, aptitudes, transformation, etc.) peut déclencher une attaque qui lui est propre. Cela peut aller d'un mouvement circulaire ravageur à un dash puissant en passant par une glissade permettant de passer dans le dos de l'ennemi. Les commandes répondent bien et on ne tarde pas à enchaîner les assauts spectaculaires, renforcés par des transformations visuellement sublimes. Les rixes sont ultra dynamiques et si vous n'êtes pas adeptes du corps-à-corps, de multiples armes (que l'on peut changer à la volée) sont mises à disposition. Cette variété fait vraiment plaisir à voir... et à jouer !
TRANS-FOR-MA-TION
Ce qui fait la force des Transformers, outre leur charisme, c'est bien évidemment leur aptitude à passer du mode humanoïde en mode véhicule (et vice-versa) en un instant. Et ça, les créateurs de PlatinumGames ne l'ont pas oublié. À tout moment, il est possible de se transformer en bolide pour se déplacer plus rapidement et surprendre les ennemis munis de boucliers électromagnétiques. Dans ce genre de situations, le véhicule doit prendre son élan afin d'enclencher le turbo qui lui permettra de terrasser l'adversaire (plusieurs combinaisons font d'ailleurs appel à ce fameux boost). Si les combats sont omniprésents, le level design a été conçu pour pousser le joueur à se transformer. Par conséquent, ne vous étonnez pas de la présence de tremplins qui permettent de passer d'un secteur à un autre sans avoir à se coltiner de longues minutes à pied. De la même manière, il n'est pas rare de participer à des courses-poursuites nerveuses qui servent, généralement, à rattraper un fuyard. Grisant ! S'il reste très classique dans sa progression, Transformers Devastation essaye de varier les séquences et ce n'est pas un mal. Il y a notamment un passage où la caméra surplombe la zone, tandis que la séquence sur le pont mettra des étoiles dans les yeux à celles et ceux qui ont connu les jeux vidéo des années 80/90.
AU SEIN DE L'ARCHE
Entre chaque chapitre (ces derniers sont divisés en missions), vous aurez accès à l'Arche, le vaisseau qui a permis à Optimus Prime et les siens de quitter leur planète. C'est dans ce labo expérimental que vous préparez vos futurs objectifs. Le joueur a ainsi le loisir de synthétiser ses armes afin de les améliorer. Face à des ennemis plus résistants (tels que les boss), leur utilité peut s'avérer indispensable. L'option T.E.C.H, quant à elle, se matérialise sous la forme de puces électroniques qu'il faut créer et équiper. Le tout se présente sous la forme d'un mini-jeu plutôt basique consistant à arrêter une jauge au bon moment. Plus votre pourcentage est élevé, plus vos aptitudes (vitesse, résistance, etc.) sont optimisées. Pour terminer, le laboratoire de Wheeljack contient tout ce qu'il faut pour vos méchas : armes, objets, puces... libre à vous d'acheter et vendre comme bon vous semble. Transformers Devastation n'est pas un jeu inaccessible (trois niveaux de difficulté sont proposés) mais votre réussite dépendra beaucoup des performances de votre robot et de son arsenal. Enfin, il est à noter qu'il existe de multiples bonus à débloquer, comme des illustrations.
DES ROBOTS QUI ONT LA CLASSE
Si le jeu d'Activision est si accrocheur, il le doit en partie à cette réalisation de haute volée. Les graphismes exploitent la technique du cel-shading pour un rendu des plus spectaculaires. Les couleurs pètent littéralement à l'écran et l'ensemble, entre rétro et modernisme, en met plein la vue ! Les effets, notamment les explosions, sont stupéfiants de beauté ! Pour ne rien gâcher, les animations sont soignées et tout bouge à 60 images par seconde sans sourciller. On tient là le plus beau jeu Transformers à ce jour, même si les environnements sont un peu en retrait. Ils ont au moins le mérite de rester dans le ton de la direction artistique choisie pour cet épisode. Du côté de l'ambiance, les musiques sont épiques comme il faut et donne envie de casser du Decepticons. Du tout bon ! Transformers Devastation n'excède pas les 6 heures de campagne solo, ce qui peut paraître un peu court. On peut bien sûr prendre le temps de fouiller les environs pour tout débloquer, mais ça ne fait que rallonger artificiellement la durée de vie. Et ce n'est pas le mode Défi, avec sa succession d'objectifs à réaliser (terrasser un certain nombre d'ennemis, lutter contre le temps...) qui va changer la donne. L'absence d'un mode en ligne, qui scierait à merveille à ce type de jeu, est préjudiciable. En ce sens, on a tout de même un peu l'impression que les moyens mis à disposition de PlatinumGames n'ont pas été suffisants et que le temps a manqué pour créer le Transformers ultime. Il suffit de se pencher sur les décors qui peinent à se renouveler (hop, on change l'heure de la journée pour un rendu un peu plus orangé ou on fait passer le tout de nuit avec un orage qui zèbre le ciel) ou sur le level design très paresseux pour s'en convaincre (sans parler des murs invisibles). Malgré cela, ce titre est probablement l'un des meilleurs de la licence. Les combats sont vraiment agréables et les graphismes enchantent vraiment la rétine (certains panoramas sont superbes, on se croirait dans un anime). Finir sur une mauvaise note serait une hérésie, tant l'aventure se révèle plaisante.
Points forts
- Les graphismes très convaincants
- Les combats à la Platinum
- Cinq personnages, dont Grimlock
- Les bonus à dénicher
- Ambiance digne du D.A
Points faibles
- Pas assez de contenu
- Campagne solo trop courte
- Une redite de décors et d'ennemis
- Level design peu évolué
- Des boss parfois longs à vaincre
Sans faire de bruit et sans être parfait, Transformers Devastation s'impose comme l'un des meilleurs jeux de la licence. Épaulée par une réalisation de qualité, l'aventure se montre suffisamment divertissante et percutante pour qu'on en garde un bon souvenir. Sans ce copier-coller incessant de décors et d'ennemis, le jeu d'Activision aurait été encore plus séduisant. Il est également regrettable qu'aucun mode multijoueur ne soit de la partie. Mais pour sa classe, ses affrontements ultra dynamiques et son ambiance, le jeu mérite vraiment que l'on s'y attarde. Proposé à une cinquantaine d'euros, c'est une certitude : il a tout pour ravir les fans !