Qu’on se le dise, Skyforge n’est pas un MMO traditionnel, le titre de la Team Allods et d’Obisdian Entertainement se déconnecte volontairement du modèle classique pour proposer sa propre vision du genre, plus décomplexée à bien des égards. Le joueur y incarnera un immortel chargé de veiller sur le monde d’Aelion. Skyforge prend les choses à sa façon et avance les fonctionnalités suivantes : pas de niveau, un seul personnage par compte, des zones pour la plupart cloisonnées et la possibilité de jouer toutes les classes. Se lancer dans Skyforge demande de savoir où l’on met les pieds, nous avons affaire ici à un jeu d’action, au gameplay dynamique pensé à la fois pour le jeu en solo ou en groupe, le tout est basé sur des missions à boucler pour amasser différentes ressources nécessaires à notre montée en puissance. Diffusé sur un modèle free-to-play, Skyforge mérite-t-il le détour ? Réponses dans ce test.
Déjà disponible sur PC depuis 2015, Skyforge profite de son expérience pour proposer une version PS4 enrichie de tous les contenus et mises à jour majeures sorties depuis ce jour. Retour sur les spécificités de ce portage.
Une technique au niveau
S’il était loin d’être une claque technique sur PC, Skyforge offrait tout de même un rendu assez convaincant avec des textures plutôt propres plaquées sur des décors réussis et des personnages animés avec soin. Fluide en solitaire ou en groupe restreint, le titre souffrait de légers ralentissements au sein des zones plus peuplées (capitales, zones de quêtes ouvertes, etc.). Le portage PS4 fait volontairement le choix de réduire la qualité de certains paramètres (textures, résolution pour les plus visibles) afin de conserver une bonne fluidité d’ensemble. Nous n’avons pas constaté de ralentissements majeurs en jeu, un élément important lorsque l’on sait que l’intérêt de Skyforge réside en grande partie sur le dynamisme des combats. La qualité graphique de l’ensemble se rapproche de celle du jeu sur PC réglé entre les présélections “moyen” et “élevé”. Si les versions PS4 et PS4 Pro n’affichent pas de différence flagrantes côté qualité ou fluidité, la mouture PS4 Pro bénéficie d’une résolution légèrement plus élevée et d’une possibilité d’upscale sur les TV 4K.
L'arrivée du titre sur PS4 s'accompagne aussi de multiples changements et améliorations côté interface et introduction des principes de jeu auprès des nouveaux joueurs. Régulièrement mis à jour sur PC, la mouture PS4 bénéficiera d'un an de patchs, de correctifs et autres contenus supplémentaires afin de découvrir le gameplay des 14 classes du titre. Le portage introduira aussi une refonte complète du tutoriel et de l'affichage des dialogues avec les PNJ. Côté fréquences de mises à jour, la primeur des contenus sera réservée au PC pour les patchs d'importance minime, tandis que les updates majeures devraient débarquer à intervalle rapproché entre les deux plateformes.
De l'action toujours aussi soutenue
Le gameplay orienté action se prête bien à ce type de contrôles avec la possibilité d’alterner entre deux barres de raccourcis d’une simple pression sur R2. Toutes les manipulations du personnage (déplacements, esquives, utilisation des techniques, loot, etc.) tombent sous les doigts avec un certain naturel après quelques minutes de jeu. Bref, pas de crainte de notre côté à voir débarquer un titre tel que Skyforge sur console.
Côté serveurs, les joueurs PS4 évoluent indépendamment des utilisateurs PC, ceci afin de ne pas créer un fossé trop important entre les deux communautés. Si Skyforge ne dispose pas de mécanique de niveaux à proprement parler, la notion de Prestige différencie tout de même les joueurs selon leur puissance. Le studio ne souhaite donc pas que les joueurs PS4 débarquent sur un serveur déjà peuplé de vétérans équipés avec les meilleurs objets du jeu.
Le titre conserve son esprit free-to-play et ne nécessite pas d’abonnement au PS+ pour être parcouru librement, même s'il conserve sa boutique et ses achats intégrés.
Les classes : Un seul personnage pour les maîtriser toutes !
Les premières minutes de jeu n’offrent pas tout de suite la possibilité de personnaliser son avatar ou de choisir sa classe de départ. Il faut d’abord suivre un tutorial d’introduction à l’histoire et aux bases du gameplay. Skyforge ne cloisonne pas le joueur dans une seule classe, mais permet de toutes les débloquer au fil de la progression. C’est d’ailleurs la raison de la présence d’un seul serveur de jeu et de l’absence d’écran de sélection de personnage lors de la connexion. Notre unique avatar est en fait un couteau suisse capable d’endosser tous les archétypes, toutes les apparences (homme ou femme), à tout moment dans le jeu. Un joueur classique (comprenez en mode free-to-play) alternera lors de ses débuts entre trois classes de base : un tank, le Paladin, un DPS à distance, le Cryomancien et une classe de support, le Lumancien. Le Team Allods transforme en un sens l’avatar figé des MMO traditionnels en un outil à customiser à la demande, selon l’humeur ou les besoins du moment.
Une totale ouverture appréciable et finalement assez rafraîchissante dans le secteur. Il est par exemple tout à fait possible de jouer en Paladin et d’utiliser les ressources gagnées avec cette classe pour faire progresser son Sorcier. Car la notion de niveau n’existe pas dans Skyforge. Elle se voit remplacée par une valeur nommée Prestige indiquant en quelque sorte le rang global de votre personnage. Ce nombre dépend de différents paramètres comme la qualité des objets équipés, les talents débloqués ou encore votre progression dans l’Atlas de l’ascension.
Les trois classes de départ représentent simplement le point de départ de notre ascension. Au fil du farm de ressources, le joueur pourra en débloquer de nouvelles pour un total actuel de 13 archétypes disponibles. C’est d’ailleurs l’une des grosses forces de Skyforge, les développeurs ont fait preuve de pas mal d’imagination pour proposer des classes originales au gameplay varié. On citera ici des rôles comme le Kinetic, maniant les énergies gravitationnelles pour envoyer des bons gros blocs rocheux sur ses cibles, l’Alchimiste, utilisateur fou de l’acide et du feu équipé de deux pompes dorsales en mode Dr Octopus de Spiderman, ou encore le Moine et sa maîtrise du bâton au style de combat inspiré de l’école Shao Lin (ou bien d’Avatar selon les goûts). Chaque classe possède son propre style de combat et des animations spécifiques travaillées pour ses coups, sa posture générale ou ses déplacements. Toutes jouissent d’assez de personnalité pour donner envie d’être jouées sur le terrain. Et bien que débloquer une classe et compléter tous ses talents nécessite un investissement important, c’est autour de ce but que gravitent toutes nos activités dans Skyforge. Aucune classe n’est d’ailleurs réservée aux membres premium du jeu ou achetable contre de l’argent réel (hormis les classes débloquées dans la version collector), tout reste accessible à condition d’y investir du temps, un bon point pour le jeu.
Customization des personnages - Je fais ce que je veux avec mon perso
Puisque le joueur ne dispose que d’un seul et unique personnage sur Skyforge, il fallait pouvoir le customiser de façon avancée pour éviter le fâcheux phénomène de l’armée de clones portant les mêmes armures. À la manière d’un The Secret World, seule l’arme aura un impact direct sur l’apparence du personnage. Le reste de l’équipement se compose d’une simple série de quatre anneaux et de deux trophées. La personnalisation de la tenue de notre avatar passe en réalité par un système de garde robe à l’impact purement visuel. Vous souhaitez jouer un Chevalier en costard cravate ou un Nécromancien en armure de l’espace ? Faites vous plaisir, tout est possible. Skyforge offre dès le départ et de façon gratuite un panel varié de tenues, chapeaux, boucles d’oreilles et autres tatouages pour changer de look en quelques secondes. Le style vestimentaire reprend d’ailleurs l’orientation Sci-fi Fantasy du titre, ne soyez donc pas surpris de croiser des Paladins en blouson de cuir fluo avec des baskets ou des Alchimistes en robe de Moine.
Il suffit d’ailleurs de compléter l’entrainement de chaque classe dans la zone prévue à cet effet pour débloquer gratuitement leur tenue. La boutique propose aussi de nombreux costumes supplémentaires à acheter avec des monnaies amassées en jeu. Aucune apparence ne s’achète avec de l’argent réel pour le moment (hormis une tenue débloquée dans l’édition collector du jeu). Tous les joueurs se retrouvent donc sur un certain pied d’égalité, un élément crucial de nos jours dans le secteur souvent mal perçu du free-to-play. Il est toutefois dommage de ne pas pouvoir combiner plusieurs parties de tenues entre elles car ces dernières forment un tout indissociable. Notez enfin que tous les 14 jours, le joueur peut effectuer une refonte complète de son personnage, de son genre à son apparence physique en passant par son pseudo.
Système de progression : Un sphérier aux multiples possibilités
Skyforge zappe le concept de niveau pour le troquer contre un rang global appelé le Prestige. Cette valeur se pose en quelque sorte comme repère de progression, un moyen de déterminer la puissance et l’investissement temporel d’un joueur par rapport à un autre. Si plusieurs facteurs influent sur ce chiffre (qualité de l’équipement, niveau d’avancement de ses chapelles, progression dans les talent), sa base réside dans l’arbre de progression global appelé Atlas de l'ascension. Il s’agit en fait d’un immense sphérier à la Final Fantasy X ou Path of Exile, commun à toutes les classes, placé au coeur de la progression du jeu. Ce dernier est découpé en deux parties : l’une dédiée à votre classe actuelle et l’autre plus généraliste, associée à votre personnage. Chaque noeud, appelés ici nodules, octroie un bonus dans une statistique, une compétence, ou un talent particulier. Au joueur de choisir le chemin à emprunter pour avancer selon ses ambitions parmi les embranchements. Il peut être motivé par le déblocage d’une nouvelle classe ou par l’obtention d’un talent spécifique.
Plus de détails sur le système de progression dans notre Gaming Live
Quoi qu’il en soit, des ressources sont à utiliser pour déverouiller les différents nodules, elles s’obtiennent en récompense de mission ou à la mort de nombreux ennemis. Certaines sont d’ailleurs spécifiques à une classe tandis que d’autres seront à dépenser dans la partie généraliste du sphérier. L'Atlas de l'ascension nous maintient en haleine et confère un agréable feedback d’évolution constante. Avec en tête l’idée de déverrouiller la classe de Sorcier, il m’aura donc fallu jouer de longues heures avec mon Chevalier pour avancer nodule par nodule à travers les méandres du système. La route n’aura toutefois pas été vaine puisque chaque noeud aura participé à la montée en puissance de mon personnage.
Une fois installé dans un rôle et convaincu de son potentiel fun, il est temps de s’investir dans sa progression et sa spécialisation. La chose concerne le second niveau de l’Atlas, spécifique à chaque classe, où s’obtiennent talents passifs et capacités en échange des différentes monnaies récoltées en mission. Ces ressources sont de plusieurs types : des cristaux de trois couleurs servant à acheter les nodules dans l’Atlas de l'ascension, des étincelles spécifiques à chaque classe et une monnaie joker à investir dans n’importe lequel de nos archétypes. Une nouvelle fois, le joueur n’est pas cloisonné dans un rôle puisqu’il pourra très bien continuer à jouer avec une classe pour dépenser ses gains dans une autre. Skyforge ne propose pas d’arbre de talent, mais une sélection restreinte de skills actifs et passifs à adapter aux rencontres. Chaque personnage d’un même archétype diffère donc assez peu de ses homologues, vous ne verrez pas de Cryomancien tanker ou d’Artilleur vous soigner car les équipements et talents orientent les classes vers des fonctions prédéfinies. Il est en revanche dommage de ne pas pouvoir jouer avec des joueurs de prestige trop éloigné du notre dans les instances; cela peut scinder les guildes (appelées ici Panthéons) en groupe de joueurs du même rang et vous empêcher de jouer avec vos amis.
Le système d’ordre offre aux joueurs un moyen supplémentaire d’augmenter leur prestige. Il s’agit de missions sur timer à lancer depuis une interface dédiée dont la réussite ocrtoit différentes ressources et bonus permanent de statistiques. À la manière des missions du Fief d’un Warlords of Draenor, ces tâches seront réalisées automatiquement par des disciples à recruter dotés d’archétypes et de niveau. Il est important d’y consacrer quelques minutes par session de jeu car l’Ordre participe pour beaucoup à notre montée en score de prestige. Il permet aussi de placer des chapelles dans les zones visitées afin de débloquer divers bonus passifs pour notre personnage.
Système de combat - La dynamique des combos
Les combats sont le sel de nombreux MMO, il était donc primordial de ne pas les louper dans Skyforge. D’autaut que le titre est pour le coup presqu’entièrement basé sur ses affrontements. Le système puise ses inspirations du côté des jeux d’action pour dynamiser chaque rencontre. On note l’influence directe de titres comme TERA, C9 ou encore Blade & Soul, voir même de beat’em all comme Devil May Cry ou God of War. Le tout est savamment mixé à des éléments plus traditionnels venus des MMO basés sur le verrouillage de cible et des raccourcis de compétences. Les attaques basiques s’effectuent ici avec les clics gauche et droit de la souris. Bien pensé, le système ouvre la voie à de nombreuses variations d’attaques en quelques touches seulement. Entre clic direct, combos de clics (gauche, gauche, droit par exemple) et maintient du clic, chaque classe possède son propre éventail d’attaques à varier selon les inputs à la souris. Un personnage comme l’archer est par exemple capable de créer 8 attaques différentes avec la simple combinaison des deux boutons de la souris.
On fait le point en Gaming Live sur le système de combat de Skyforge
Si Skyforge adopte un gameplay presque sans ciblage, il permet aussi de sélectionner ses cibles de façon plus classique avec la touche tab et de les vérouiller afin de faire pivoter la caméra tout en continuant à attaquer. L’esquive sur charges à la Guild Wars 2 participe aussi à dynamiser les affrontements souvent basés sur des groupes d’ennemis à défaire et des attaques à éviter. Au final, le gameplay est l’une des plus grande réussite de Skyforge, c’est grâce à lui que son concept de missions répétables ne sombre pas dans la monotonie. Chaque rencontre est rythmée, engageante et diablement fun.
L’un des objectifs à long terme pour le joueur sera de débloquer sa véritable forme et d’élever sa condition d’immortel à celle de Dieu. La forme divine s’acquière passé le cap de 30 000 prestige (ce qui représente un certain investissement en temps). Cette forme libère toute la puissance du personnage, il devient deux fois plus grand, son apparence change, il flotte dans les airs et ses statistiques, dégâts bénéficient d’un énorme boost. De compétences spécifiques à faire évoluer interviennent aussi sous cette forme. La forme divine dispose d’un temps de rechargement et dure pendant 15 minutes. Afin de ne pas faire sombrer Skyforge dans le spam bête et méchant de forme divine dans son contenu HL, la transformation utilise une ressource, la foi à acquérir en développement son Ordre et en convertissant des sujets à votre adoration.
La trinité existe dans Skyforge avec le triptyque tank, DPS, support requis pour effectuer donjons et raids. Support et non soigneur, car hormis via des consommables, il n’existe pas de talent de soins directs dans le jeu. Les classes de support (Lumancien et Alchmiste) appliquent divers buff et boucliers protecteurs sur leurs cibles pour absorber une partie des dégâts. Chaque joueur est en ce sens responsable de sa propre barre de vie de part son placement, l’utilisation de ses compétences défensives et le maintient d’un DPS constant pour écourter au maximum les rencontres. Les ennemis ont toutefois la délicatesse de laisser tomber des orbes de soin durant les combats, ce qui permet à aux joueurs de planifier divers stratégies de survie au fil des rencontres. Les combats ont néanmoins tendance à s'éterniser sur certains boss, véritables sac à PV dotés de multiples barres de bouclier à grignoter avant de pouvoir (enfin !) s’attaquer à leur barre de santé. Les rencontres majeures disposent toutefois d’assez d’éléments stratégiques pour nous maintenir en haleine. On notera aussi la présence de finish move différents pour chaque classe à déclencher avec le touche E afin d’achever sa cible avec une animation du plus bel effet.
Zones / carte du monde - Enchaîner de courtes missions pour amasser des ressources
Centre névralgique du jeu, l'observatoire Divin est l’endroit où se sélectionnent toutes les activités du jeu. Skyforge se rapproche ici d’un Warframe ou d’un Vindictus dans la façon d’aborder les tâches à effectuer. Contrairement à un MMO traditionnel composé de zones inter-connectées adaptées à des tranches de niveau, le titre propose au joueur de choisir parmi une liste de missions et de se téléporter directement dans la zone concernée pour la remplir. Ces tâches sont de nature multiple : instances solo ou en groupe jusqu’à 3 joueurs, donjons à 5, zones de quêtes plus classiques, arènes PvP, raids et invasions. Libre à nous d’y piocher en fonction de la récompense à la clé ou de notre temps de jeu disponible. Comptez entre 15 et 20 minutes pour terminer une zone en solitaire et une grosse demi-heure pour voir le bout d’un donjon à 5 si les choses se déroulent bien (ce qui n’est pas toujours le cas tant la difficulté est de la partie). Afin de contenter tout le monde, les récompenses de missions se renouvellent toutes les 40 minutes.
Par cette approche, Skyforge revêt donc bien plus des airs de CORPG (Cooperative Online Role Playing Game) que de MMO. On y enchaîne en effet des missions dans des zones cloisonnées assez linéaires composées de packs de mob à dézinguer et de boss à occire. Nos tâches quotidiennes dépendront ainsi en grande partie de nos besoins spécifiques pour progresser dans l’Atlas de l’Ascension. Des multiplicateurs (x2 / x3) boost les récompenses de certaines missions tout comme l’abonnement premium avec son bonus de 50% sur les gains de ressources.
Que faire dans Skyforge ? Réponse en Gaming Live
Si des zones ouvertes sont aussi de la partie, elles reprennent peu ou prou les mécaniques des missions cloisonnées à une échelle simplement plus vaste. Dans les faits, il suffira de sauter sur toutes les créatures du coin pour compléter une série de missions rapportant un petit montant d’étincelles de progression dans l’Atlas. On aurait aimé trouver un peu plus de diversité dans les tâches à accomplir, une façon de briser la relative répétitivité induite par ce genre de jeu de farm. Car c’est sans doute l’un des aspects capable de décevoir plus d’un joueur sur le long terme, le modèle de Skyforge, basé sur des missions répétables ad vitam nauseam peut se montrer lassant passé un certain cap. La team Allods se doit donc de proposer de nouveaux contenus à un rythme soutenu pour éviter cet écueil. C’est d’ailleurs ce qu’elle fait depuis l’ouverture de la bêta aux joueurs avec l’introduction des invasions ou des territoires hostiles.
Modèle economique - Entre free-to-play et abonnement premium
La simple évocation de la Team Allods pourrait faire frémir plus d’un joueur tant l’ombre du Pay to Win colle à la peau de leur précédente production : Allods Online. Mais force est de constater que l’équipe semble avoir appris de ses erreurs du passé. Le modèle free-to-play de Skyforge repose sur plusieurs éléments :
- Un accès gratuit où tout le contenu du jeu est accessible de façon équivalente à tous les types de joueurs (premium ou free-to-play)
- Une offre d’abonnement premium conférant de multiples avantages dans les gains de ressource
- L’achat d’Argent, une monnaie à acquérir contre de l’argent réel utilisée pour accélérer la progression du personnage.
D’une certaine manière, l’Argent confère bien certains avantages aux joueurs payants puisque cette monnaie peut être utilisée pour augmenter le rang de son équipement ou être échangée contre des crédits afin d’améliorer son rang d’Ordre. Cela fait-il pour autant sombrer Skyforge dans le gouffre du pay-to-win ? Non, car une personne ne souhaitant pas investir le moindre centime dans le jeu pourra accomplir les mêmes objectifs en investissant juste plus de temps qu’un joueur ayant payé. Le même principe est appliqué pour l’abonnement premium qui augmente de 50% le gain en étincelles, crédits et autre ressources utilisées utile à l’amélioration de son avatar. Pour un joueur ambitieux, investir dans un abonnement premium représente toutefois une aide considérable tant tout ici gravite autour de la récolte de ressources. Tout le monde sera néanmoins soumis à la limitation hebdomadaire de gains de monnaies en jeu.
Sujet à controverse, le système de limitation hebdomadaire de ressources mérite quelques éclaircissements dans ce test. Chaque semaine, les joueurs ne peuvent dépasser un certain cap d’étincelles de connaissance, de classes ou de crédits. Selon les développeurs, ce frein volontaire a pour but d’empêcher les hardcore gamer de s’envoler vers des valeur de prestige indécentes en quelques semaines seulement. Il servirait aussi à motiver les joueurs à se concentrer un minimum sur l’augmentation de leur rang d’Ordre, seul moyen d'accroître leur prestige une fois cette limitation atteinte. Revers de la médaille, nombreux sont ceux à se sentir frustrés une fois le cap hebdomadaire atteint. Si l’idée derrière une telle limitation est salutaire, sa mise en place semble à l’heure actuelle bien trop maladroite pour être admise unanimement par la communauté. La démarche résonne comme une barrière abrupte, un coup de frein inévitable qui chaque semaine démotive bon nombre de joueurs à se connecter les jours où la limitation est encore active. On espère donc voir ce système s’affiner au fil des prochaines mises à jour.
Le PvP - Les immortels entrent dans l'arène
Skyforge dispose aussi de contenus Joueurs contre Joueurs. Ils prennent la forme d’escarmouches en arène en mode 3vs3, 8vs8 ou 12vs12 aux objectifs classiques mais différents : capturer des points, faire avancer une cargaison ou bien ramener un drapeau dans son camps. Le PvP permet de gagner les mêmes récompenses que les missions PvE du jeu. Le joueur est donc libre d’effectuer toute sa progression en mode JcJ si tel est son souhait. Même si l’affrontement avec les autres joueurs n’est pas votre tasse de thé, certains bonus de ressources ou objets de progression des Temples offerts en cas de victoire vous motiveront à vous lancer régulièrement dans la bataille. Si des stratégies et combinaisons de classe existent bel et bien, Skyforge ne s’imposera pas dans le secteur pour ce volet là, trop basique dans sa forme actuelle, il fait à l’heure actuelle bien plus office de passe temps entre deux missions pour une grande partie des immortels.
Une technique au sommet au service d’un mélange Science-fiction / Fantasy
Abordons déjà ce qui saute aux yeux, Skyforge réussi son examen technique avec les honneurs. Le rendu est même plutôt joli pour un “MMO”. Pas de doute possible, aidé par son cloisonnement en zones fermées, le jeu peut se permettre d’afficher des textures plutôt propres plaquées sur des décors convaincants et des personnages animés avec soin. Loin de la claque graphique, Skyforge impose tout de même un certain style servi par une direction artistique opérant un audacieux mélange entre science-fiction et fantasy traditionnelle. Il en résulte une ambiance toute particulière, à mi-chemin entre un Star Wars, un Mass Effect et un RPG de fantasy médiévale. Croiser un chevalier en armure de plate armé d’une épée et d’un bouclier dans une chaîne de fabrication d’unités robotiques ultra modernes sera donc votre lot quotidien. Ce style graphique ne sera sans doute pas du goût de tous les joueurs, mais force est de constater qu’il participe à créer une ambiance plutôt originale et maîtrisée. Mention spéciale au bestiaire, qui même s’il demande encore à s’étoffer au fil des mises à jour, propose une vision mécanique et organique des plus réussie. On notera tout de même quelques chutes de framerate dans les zones ouvertes provoquées par un manque d’optimisation du jeu dans son build de jeunesse. C’est d’autant plus dommage que Skyforge se montre plus que fluide et optimisé dans les zones d’aventure en solo ou en groupes restreints.
L’interface de Skyforge se veut épurée au possible ce qui s’avère agréable en combat puisque la lecture de l’action en cours est facilitée par l’absence d’éléments graphiques perturbants à l’écran. En solo tout du moins, car les choses deviennent un peu plus brouillonnes en groupe du fait de la profusion d’effets visuels affichés. La navigation dans les menus et les interactions sociales ne sont pas des plus intuitives au premier abord, s’y retrouver demandera donc quelques jours d’apprentissage. Le statut d’open bêta du jeu lui permet d’amoindrir l’impact de quelques bugs présents depuis les premières phases de test : personnage coincé dans certains angles du décors, collisions mal gérées avec les pentes, corps des ennemis restant debout après leur mort, esquives inactives ou armes parfois invisibles dans les mains de notre personnage pour ne citer que ces derniers. Si ces pépins techniques ne viennent pas ruiner l’expérience de jeu, on compte toutefois sur l’équipe de développement pour les corriger au plus vite sur les serveurs US et Européens (la plupart d’entre eux sont patchés sur les serveurs Russes, plus en avance sur notre version).
Là ou le bas blesse, c’est au niveau du scénario. N’y allons pas par quatre chemin, l’histoire de Skyforge ne nous a pas captivé pour un sous. Il est question ici de trahison au royaume des dieux et d’invasions de méchants élus corrompus par le mal. Les quelques échanges entre les protagonistes de cette fresque divine passent par des dialogues doublés sans grande conviction (en anglais uniquement) et surtout sans aucune possibilité de choix dans nos réponses. Il suffit d’appuyer avec nonchalance sur la touche espace pour écouter d’une oreille peu attentive les conversations de l’histoire principale qui, je vous le donne en mille, vous demandera à peu de chose près de sauver le monde. Bref, on ne jouera pas à Skyforge pour son scénario, c’était d’ailleurs plutôt prévisible. Car Skyforge est sans contexte un titre à l’esprit proche d’un Warframe, d’un Phantasy Star Online voire même d’un Destiny. Comprenez par là qu’il s’agit d’un jeu de farm où l’on enchaîne avec un certain plaisir des missions assez courtes avec une carotte au bout du bâton. Et il n’y a rien de péjoratif dans mes propos ; j’ai aimé farmer dans Skyforge, motivé par divers buts : débloquer une nouvelle classe, en compléter une à 100%, terminer un donjon. Le titre d’Obsidian et de la Team Allods repose sur un équilibre réussi entre investissement (ici du temps et non de l’argent) et récompenses à la clé. Il s'adresse donc tout autant aux casual gamer qu'aux farmer assidus
Points forts
- Gameplay dynamique et accrocheur
- Une grande liberté de choix pour le joueur
- Des classes nombreuses et originales
- Système de progression très complet
- Techniquement solide
- Mélange entre science-fiction et fantasy réussi
- Un modèle économique gratuit non restrictif pour les joueurs free-to-play
Points faibles
- Le principe même du jeu peut le rendre répétitif à la longue
- Scenario et bande-son en retrait
- Des bugs persistent (collision, affichage, chute de framerate)
- Une limite hebdomadaire de ressources génante en l’état
Si vous recherchez un MMO classique, passez votre chemin. Skyforge propose en effet sa propre vision du genre et s’avance avec un concept de missions à la carte tournées vers un unique but : développer tout le potentiel de votre personnage. Le titre de la Team Allods et d’Obsidian Entertainment laisse une marge de manoeuvre rarement croisée dans un jeu en ligne. À force d’heures de jeu, le joueur sera capable d’endosser tous les rôles avec son personnage, véritable couteau suisse doté d’un système de progression solide et engageant. Le tout est servi par un système de combat dynamique et des graphismes convaincants. Skyforge bénéficie en plus d’un modèle économique free-to-play relativement équitable pour tous les joueurs. Une réussite pleine de potentiel qui trouve aujourd’hui sa place au sein d’un secteur du MMO en pleine mutation.