Quand Blizzard, l’un des géants du jeu vidéo, prépare un nouveau jeu, beaucoup de joueurs sont aux aguets. Alors quand il s'attaque à l’un des genres les plus populaires sur PC, tous les yeux sont rivés sur lui. Vous l'aurez compris, nous allons parler de MOBA et plus particulièrement de Heroes of the Storm. Prenez tous les héros de l’univers du géant californien, mettez-les dans des arènes, ajoutez-y un gameplay facile à prendre en main et regardez ce qu’il se passe. Alors, est-ce que Blizzard a réussi son pari avec HotS ?

Du neuf avec du vieux ?

Heroes of the Storm (HotS) reprend les bases du MOBA : dix joueurs répartis en deux équipes de cinq s’affrontent dans des arènes miroirs aux sous-objectifs différents. Le but est plutôt simple : détruire la base ennemie. Pour ce faire, chaque joueur choisit son champion et se lance sur le terrain pour attaquer les tours et autres bâtiments se trouvant sur son chemin. Mais là où HotS trouve sa première particularité, c'est qu'ici, il n'y a pas une seule map, mais 7, chacune avec sa propre physionomie, ses propres monstres et surtout ses propres objectifs ! Dans la baie des pirates, il faut par exemple récolter des pièces afin d'envoyer une salve de canon sur les défenses adverses. Tandis que dans le jardin infernal, il est nécessaire d'aller tuer les plantes nocturnes pour récupérer des graines qui permettent d'invoquer une puissante créature. Une diversité fort appréciable qui a le mérite d’opérer une rotation constante entre les parties et de briser une certaine forme de répétitivité.

Cette innovation n’est pas la seule car dans Heroes of the Storm, tout se fait en équipe. Il n’est plus question d'expérience individuelle ici, l'xp que vous engrangez est équitablement distribuée entre tous vos compagnons. Ne reste plus que les objectifs et le skill pour départager les deux équipes. Que ce soit les monstres à vaincre pour engager des mercenaires, les points à prendre pour bénéficier d'un avantage ou encore les boss à tuer, tout se fait main dans la main ! En affrontement direct contre d’autres joueurs ou en accomplissement d’objectifs, HotS récompense donc bien plus le teamplay que le jeu en solitaire. Si votre équipe ne veut pas se retrouver en retard par rapport aux adversaires, il faudra éviter de se la jouer perso. Une partie de HotS dure en moyenne une vingtaine de minutes, un temps de jeu que Blizzard a donc pris le soin de rythmer par un enchaînement constant de situations.

Un MOBA pour tous ?

Puisqu’il a décidé de ne rien faire comme les autres, Heroes of the Storm abandonne aussi la gestion de l’argent en cours de partie. Ici, et contrairement aux autres ténors du genre, les joueurs ne gagnent plus de gold et n'achètent pas d'équipement avec. Tout cela a été remplacé par un autre mécanisme, un système de talents aux principes simples. A certains niveaux, le joueur doit effectuer un choix parmi une liste de talents proposés, passifs ou actifs, venant renforcer une de ses capacités ou en ajouter une nouvelle. Exception faite du niveau 10 où on aura le choix entre deux pouvoirs dit « ultimes ». D'où l’intérêt d'être en avance sur l’expérience cumulée par votre équipe afin de gagner un certain avantage sur vos opposants ! Néanmoins, soyez vigilant, le choix des talents fera ici la différence entre un bon et un moins bon joueur.

En la matière, on ne peut pas dire que HotS croule sous les builds disponibles. Pour être efficaces, les joueurs se limitent souvent à un ou deux archétypes éprouvés par la communauté. C'est d'ailleurs là l’un des petits problèmes du jeu puisque tous les talents ne sont pas disponibles dès le départ. Il est en effet nécessaire de jouer un certain nombre de parties avec votre héros afin de faire progresser son niveau global et, avec celui-ci, débloquer l'ensemble de ses capacités disponibles.

Le système de talents de Heroes of the Storm

Heroes of the Storm propose un gameplay qui, de prime abord, est assez facile à prendre en main. En effet, le MOBA de Blizzard entre dans la nouvelle politique du studio, celle du jeu accessible et amusant possédant néanmoins sa dose de subtilité. Une aubaine pour les néophytes qui pourront y trouver un jeu idéal pour se lancer dans le genre tout comme pour les vétérans qui se plairont à maîtriser le metagame. Mais il s'agit là d'une épée à double tranchant car si certains aimeront la simplicité du soft, d'autres critiqueront le manque de rigueur dans les affrontements ou l'absence de mécaniques complexes que l'on retrouve chez les ténors du genre. HotS se joue en effet bien plus sur la prise de décisions rapides que sur la préparation méticuleuse de stratégies plus globales.

Des imprécisions

Au-delà de ses nombreuses qualités, le soft fourmille de petits défauts assez irritants à la longue. L'un des plus gros problèmes rencontrés jusqu’à présent est celui du matchmaking. Celui-ci ne sépare pas toujours bien les niveaux et il est possible de se retrouver avec des joueurs vraiment plus faibles ou tout simplement plus forts lors des parties. Mais surtout, celui-ci n'équilibre pas forcément les équipes. Pour faire simple, les cinq joueurs présents ont tous un rôle bien précis, il peuvent être là pour détruire les bâtiments ennemis, faire des dégâts, protéger leurs alliés, etc. Mais il arrive trop souvent qu'une équipe se retrouve avec deux supports (héros chargé de soutenir ses compagnons), alors que l’équipe ennemie n'en possède aucun. Un problème apparemment innocent mais qui peut s’avérer gênant quand on connaît un peu le genre.

A haut niveau, on remarque que certains champions sont vraiment prisés et présents à chaque partie. Tandis que d'autres sont quasiment absents des arènes. Des défauts d'équilibrage évidents que Blizzard met plus ou moins de temps à corriger. S'il est assez courant d'avoir des disparités dans les titres PvP, celles de HotS sont particulièrement visibles et nettement dommageables. D’autant que Blizzard a fait le choix (assez malheureux) de ne pas introduire de ban dans son matchmaking ! Pour ceux qui ne savent pas ce dont il s'agit, les bans sont la possibilité d'interdire aux joueurs de sélectionner certains champions lors d’une partie. Une astuce très utile puisqu'elle permet de contrebalancer les déséquilibres liés aux puissances respectives des héros. Son absence se fait évidemment remarquer par une forte présence des mêmes personnages lors de nombreuses parties.

Une victoire imminente

Et toujours, l'univers de Blizzard

Les amateurs d'univers Blizzard seront aux anges, le casting de HotS ratisse large dans les différents univers du studio. Le studio américain reprend les personnages de ses différentes licences pour créer un roaster varié aux possibilités d’extension assez conséquentes. Il vous sera possible d'être aux commandes de héros des univers de Starcraft, Diablo et Warcraft (et on y voit bien arriver les héros du futur Overwatch). Les cartes reprennent aussi l’esprit des principales licences du studio et opèrent un mélange d’influences dans leur architecture et leur bestiaire. Quant au modèle économique, il reste dans la lignée du genre. Il vous est en effet possible d'acheter de nouveaux héros avec de l'argent in-game : les golds. Vous gagnerez ceux-ci de différentes manières : en prenant des niveaux ou tout simplement à la fin des matchs, même si les gains s’avèrent minimes dans ce cas-là.

Néanmoins, la meilleure option pour se faire de l’argent reste d’effectuer les différentes quêtes journalières proposées par le jeu. Celles-ci valent leur pesant d'or mais demandent en contrepartie un investissement quotidien certain. Une certaine frustration existe donc une fois ces quêtes terminées puisqu’une victoire ne vous rapportera que quelques piécettes. Pour les plus impatients, il est toujours possible de tout débloquer avec de l'argent réel. HotS n’oublie pas non plus son volet cosmétique avec des skins ou des montures à acquérir contre une dizaine d’euros pièce. Une somme plutôt coquette, mais qui reste globalement similaire aux tarifs pratiqués dans le secteur du MOBA.

La boutique propose personnages, skins et montures

Techniquement, le jeu offre un rendu très agréable avec la patte cartoon caractéristique des productions Blizzard. Les cartes sont autant fournies en détails qu'en petits clins d’oeil aux différents univers utilisés. Le jeu dispose aussi d’un gros travail sur les doublages vocaux et sur la mise en scène avec une phase d’introduction aux nouveaux joueurs scénarisée dans le pur esprit du studio. Les modèles de héros sont animés avec soin et les effets de sorts, bien que nombreux à l’écran, ne gênent pas la lisibilité outre mesure.