L'équipe du vaisseau, c'est vous, et par vous, il faut comprendre vous tout seul, vous et un ami, ou encore vous et deux amis. Affordable Space Adventures propose en effet de naviguer sur la planète seul, ou en partageant les commandes du vaisseau entre un maximum de trois joueurs. L'aspect tout à fait unique est que le gameplay ne s'adapte pas véritablement en fonction du nombre de joueurs, c'est-à-dire qu'il n'y a pas plus ou moins de choses à faire en étant seul ou à trois joueurs. A l'inverse, l'intégralité du gameplay se divise en assignant des tâches spécifiques à l'un ou l'autre des joueurs qui incarneront au choix l'opérateur, le navigateur ou l'officier scientifique. En clair, tout seul, il faudra s'occuper de tout, tandis qu'à plusieurs, les tâches sont partagées avec un ou deux autres équipiers. Inutile de préciser que le multijoueur est savamment étudié pour encourager une communication constante entre les joueurs. Voyons tout cela dans le détail.

Chacun son rôle

Le premier joueur incarne l'opérateur. Il est muni du Wii U GamePad et peut voir sur son écran tactile tout un tas de boutons. Ces derniers correspondent à des fonctions précises sur le vaisseau telles que l'allumage, la puissance des moteurs, le poids de l'engin, le module d'antigravité, le scanner, le système de ventilation, etc. A noter qu'après le crash de l'appareil en début d'aventure, le titre distribue petit à petit ces fonctions au fil de la progression jusqu'à remplir complètement le tableau de bord. L'opérateur est ainsi chargé d'activer ou de désactiver chaque fonction, mais également de définir la puissance pour certaines d'entre elles, sachant que pousser les moteurs à fond entraînera inévitablement une surchauffe et l'extinction dudit moteur. L'opérateur est également responsable de l'inclinaison du vaisseau en faisant pivoter son GamePad dans un sans ou dans l'autre.

De son côté, le pilote est chargé de diriger le vaisseau en se servant d'une Wiimote ou d'un Wii U Pro Controller. Si son rôle est plutôt limité, il se révèle pourtant essentiel pour naviguer dans les niveaux. Un détail, le pilote peut également se servir d'un klaxon qui ne sert strictement à rien mais donne du caractère au vaisseau. Reste enfin à voir ce que fait l'officier. Muni d'un Wii U Pro Controller ou d'une Wiimote et d'un Nunchuk (obligatoire), ce joueur se retrouve aux commandes du projecteur qu'il peut pointer dans n'importe quelle direction. De base, le projecteur permet d'éclairer les environnements parfois très sombres du jeu. L'appareil possède cependant deux fonctions annexes très utiles. La première donne la possibilité d'envoyer des fusées de détresse qui, bien placées, sont capables d'enfoncer des boutons pressoir à distance. La seconde option est un scanner capable d'analyser les étranges créatures qui pullulent sur la planète. Cette fonctionnalité est absolument cruciale dans le jeu dans la mesure où la moindre rencontre est synonyme de danger. Se renseigner sur les créatures et savoir ce qui les perturbe est absolument essentiel.

Ne pas déranger. Alien méchant.

En effet, les aliens présents dans le jeu sont tous plus ou moins sensibles à la chaleur, au bruit et à l'électricité et le scanner permet de connaître le seuil de tolérance de chacun, affiché directement sur l'écran du GamePad. L'objectif est de régler le vaisseau en conséquence pour ne pas perturber les ennemis qui n'hésiteront pas à tirer à vue si les conditions ne sont pas remplies. Par exemple, si une créature est particulièrement sensible à la chaleur et à l'électricité émise par le vaisseau, il faudra que l'opérateur trouve les bons réglages sur son tableau de bord en réduisant notamment la puissance des moteurs, ou celle du stabilisateur, et en coupant peut-être aussi les fonctions annexes qui consomment le plus d'électricité, etc. L'idée est que le vaisseau puisse continuer à avancer sans être repéré à travers les 38 niveaux de jeu. Donc en gros, le scientifique scanne les ennemis, l'opérateur lit les résultats sur son écran et règle chaque fonctionnalité du vaisseau pour que le pilote puisse traverser tant bien que mal la zone dangereuse.

Vous vous en doutez, la bonne communication entre l'équipage est la clé pour rester en vie dans le jeu. Elle représente même 50% de l'équation du succès ; la seconde moitié étant représentée par une excellente coordination entre les joueurs pour réaliser certaines sections. Imaginez par exemple une phase où l'opérateur doit donner un maximum de puissance au vaisseau, pendant que le pilote fonce droit vers des ennemis. L'opérateur coupe les gaz juste avant d'entrer dans la zone de détection et laisse la poussée du vaisseau faire le reste, tandis que l'officier vise et lance une fusée sur un bouton pour ouvrir une porte. Simple ? Pas tant que ça. Il faudra réellement que tout soit minutieusement exécuté pour espérer continuer. En cas d'erreur, vous reviendrez simplement à l'un des nombreux checkpoints pour essayer de nouveau.

Flying alone

Comme dit au début, le gameplay reste le même quel que soit le nombre de joueurs. Tout seul, l'ensemble des commandes se retrouve donc concentré sur le Wii U GamePad. Du coup, si le jeu solo élimine toutes les difficultés liées à la communication et à la coordination, tout ne devient pas aussi facile que prévu. Bien au contraire puisqu'il faut constamment partager son attention sur l'écran du pad et sur l'écran de télé, tout en réalisant les différentes manipulations nécessaires à la bonne avancée. En clair, que ce soit seul ou à plusieurs, Affordable Space Adventures réserve son lot de défis avec quelques passages réellement ardus qui exigeront autant de patience que d'ingéniosité. Préparez-vous donc à recommencer encore et encore certaines sections jusqu'à trouver la bonne méthode et la manière de l'exécuter à la perfection.

Voyage exquis

Déjà très séduisant par son contenu, Affordable Space Adventures se paye aussi le luxe de briller par son contenant. Le titre est tout d'abord très joli. Avec des décors variés et parfois sublimes, le jeu parvient à insuffler une notion très organique à des décors autrement très industriels. Au point de nous faire sentir qu'il y a une réelle histoire derrière chaque lieu traversé, que la planète n'est pas un environnement générique, mais bien un lieu ayant un vrai passé, que l'on devine sans jamais vraiment le comprendre pleinement. L'aspect sonore n'est pas en reste. Nous sommes littéralement plongés dans un nouveau monde, avec des thèmes musicaux parfaitement adaptés, et des bruitages toujours justes pour poser une réelle ambiance. On apprécie aussi les petits détails tels que le son des essuie-glaces qui s'activent lorsque le vaisseau immerge d'une section sous-marine.

Portal n'est pas loin

Tout cela participe à donner une réelle personnalité au jeu, sublimée par les quelques cinématiques toujours très drôles. L'humour est à chercher du côté de Portal, très pince-sans-rire – on sent d'ailleurs que le titre de Vavle a servi d'inspiration aux équipes de KnakNok Games et Nifflas en charge d'Affordable Space Adventures. Et pas simplement au niveau de l'humour en fait, puisque la progression d'Affordable Space Adventures rappelle aussi celle de Portal. Ici aussi, le titre nous enseigne de nouvelles fonctionnalités ou de nouvelles manières d'aborder des situations puis nous laisse nous dépatouiller seul(s) pour tout combiner ensemble et trouver la solution à un énigme plus ardue. A l'instar de Portal, on retrouve ici aussi une certaine tension de plus en plus palpable durant l'aventure. L'humour reste présent jusqu'à la fin, mais plus on avance et plus le désarroi de l'équipage devient tragique jusqu'à atteindre un point culminant durant les deux dernières séquences. De ce point de vue-là aussi, Affordable Space Adventures réalise une chouette performance puisque sans jamais user d'artifices grossiers, il parvient à ce que le joueur s'investisse émotionnellement dans le destin d'un petit vaisseau perdu sur une grande planète.