Super Mario RPG : le jeu de toutes les fantaisies

Bienvenue au Royaume Champignon… Non, pas celui-là ! L’autre Royaume Champignon. Celui qui a vu le jour en 1996 à la faveur d’une opportunité rare dans les locaux de Square, déjà considéré à cette époque comme l’orfèvre du RPG. En décidant de confier aux développeurs de Final Fantasy sa licence fétiche, Nintendo a commis l’impensable : désacraliser l’univers de Mario pour une formule au tour par tour propice à toutes les folies. Les génies de Square et de Nintendo ont donc réuni leurs talents pour permettre la création d’une incroyable bizarrerie vidéoludique.

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Et si Bowser n’était plus l’éternel antagoniste du plombier mais son nouvel allié, allant jusqu’à faire partie de l’équipe en tant que personnage jouable ? Et si la princesse Peach avait enfin la possibilité de participer elle aussi à cette aventure, tirant une fois pour toutes un trait sur son image d’insupportable victime ? Au milieu des années 90, les deux firmes ont osé transgresser tous les tabous de la franchise pour laisser libre cours à leurs envies créatrices. Et le résultat est à redécouvrir aujourd’hui dans un remake encore plus mémorable que le Super Mario RPG original.

Un trésor tout droit sorti d’un vieux coffre à jouets

Prenons deux secondes pour comparer les images de la version de 1996 et celle de 2023 afin de réaliser le gouffre qui les sépare sur le plan visuel. Même si la perspective isométrique apparaît aujourd’hui désuète, le choix de l’avoir conservée dans ce remake était sans doute fondamental. Il fallait que les nostalgiques puissent retrouver immédiatement leurs marques tout en assouplissant la prise en main pour ne pas rebuter les nouveaux joueurs. Et même si cette vue ne se prête pas de manière idéale aux séquences de plate-forme qui s’insinuent régulièrement dans la progression, elle fait partie intégrante de l’histoire de Super Mario RPG.

Si l’épisode Super Nintendo comptait parmi les précurseurs en matière d’utilisation de composantes 3D, ce remake vient parachever la vision qu’en avaient ses créateurs il y a plus de 25 ans. La finesse des textures n’a d’égal que l’explosion de couleurs qui caractérise les environnements du jeu. Comme un hommage rendu à une série qui n’a jamais cessé d’innover pour perpétuer son évolution, Nintendo donne ici l’impression d’avoir voulu sauver des affres du temps un trésor d’enfance en le ressortant de son vieux coffre à jouets pour mieux le dépoussiérer.

En réalité, le concept de Super Mario RPG a tellement marqué les esprits depuis sa sortie en 1996 que la communauté des joueurs n’a de cesse d’en parler depuis deux décennies. Il faisait même partie des jeux culte inclus dans la Super NES Mini et avait rejoint le catalogue de la Console Virtuelle Wii en 2008. Mais plus question de réserver cette pépite aux seuls amateurs d’expériences rétro. Cette refonte en profondeur va permettre à tout le monde de comprendre pourquoi la rencontre entre Mario et le jeu de rôle demeure un moment clé de l’histoire du jeu vidéo.

Des combats menés à la baguette

Accessibles en version réorchestrée ou avec leurs sonorités de l’époque, les musiques du remake de Super Mario RPG sont aussi le fruit d’une union de talents produite par le plus grand des hasards. Bien avant de devenir l’une des compositrices les plus aimées des joueurs, en grande partie grâce à la saga Kingdom Hearts, Yoko Shimomura avait insufflé sa magie musicale dans l’univers loufoque de Super Mario RPG. En combinant le talent de la compositrice aux thèmes emblématiques créés par Koji Kondo pour la série Mario, le jeu profite vraiment d’une atmosphère sonore inimitable.

Même dans les moments les plus critiques, l’ambiance est à la fête. Surtout, les bruitages y revêtent une importance capitale en servant d’indicateurs précieux durant les combats. Ce sont eux qui nous aident à déterminer le timing des attaques de nos adversaires pour limiter la casse en parant les coups au bon moment. Super Mario RPG était l’un des premiers représentants du genre à impliquer à ce point le joueur dans ses affrontements au tour par tour pour lui permettre d’optimiser ses frappes et de réduire les dégâts subis par simple maîtrise du timing. Cette idée, comme beaucoup d’autres trouvailles audacieuses propres à cet épisode, évoluera par la suite au fil des séries Paper Mario et Mario & Luigi dans l’optique de bonifier encore plus la formule d’origine.

Un mode tout confort en option

Durant de longues années, le public français a été obligé de passer par des moyens détournés pour découvrir Super Mario RPG. C’est d’ailleurs la toute première fois que le jeu est disponible dans notre pays avec une traduction officielle dans notre langue. Afin de faire connaître le titre à un maximum de monde, Nintendo a également intégré une sauvegarde automatique, une téléportation accessible n’importe où via la carte du monde et un mode Facile permettant de parcourir le jeu sans aucune prise de tête. Sachant que l’aventure comporte quelques passages délicats, cette option est loin d’être superflue pour éviter que les plus jeunes ne soient rebutés par les défis les plus corsés.

Même l’exigence du timing peut être paramétrée pour offrir une fenêtre d’exécution plus permissive. Ce mode permet ainsi de réaliser plus facilement les actions coordonnées, de monter plus vite de niveau, de réduire la force des ennemis et de transporter davantage d’objets. Il rend l’expérience plus accessible et plus familiale, mais rien n’oblige évidemment les habitués à activer cette option qui n’a de toute façon aucune influence sur l’histoire. On peut parfaitement jouer dans les conditions d’origine pour retrouver le même ressenti qu’au moment de la découverte de la version Super Nintendo.

Le bon (Mario), la brute (Peach) et le truand (Bowser)

L’histoire, justement, commet d’abord le sacrilège de détrôner Bowser de son piédestal d’antagoniste légendaire pour le remplacer par un tout nouvel ennemi. L’épée géante Exor a fendu la route des étoiles, condamnant l’accès au château du roi des Koopas, et Bowser est forcé de faire une trêve avec son adversaire de toujours en rejoignant son équipe. Embarquée elle aussi dans cette fable à dormir debout, la princesse Peach révèle des talents de guérisseuse si prodigieux qu’elle ferait presque passer les mages blancs de la licence Final Fantasy pour des amateurs. Ses claques et ses coups d’ombrelle sont d’ailleurs loin d’être inoffensifs. Enfin, deux autres alliés totalement inédits font une entrée en scène tonitruante. Mais ne vous laissez pas tromper par leur design enfantin, Geno et Mallow vous réservent de sacrées surprises dont nous ne pouvons évidemment rien vous révéler ici.

Quand le RPG cesse de se prendre au sérieux

L’efficacité du système de combat de Super Mario RPG ne réside pas seulement dans la notion de timing dont nous avons déjà parlé plus haut. Elle se renouvelle aussi à travers la diversité des armes utilisées par les personnages pour envoyer leurs ennemis au tapis. Non seulement l’arsenal est complètement absurde mais chaque nouvel objet utilisé nous oblige à réapprendre le moment où il convient d’intervenir pour optimiser les frappes. C’est là que les bruitages se révèlent essentiels, d’autant que la réussite des attaques synchronisées provoque une onde de choc qui touche tous les ennemis alentour ! Tirer parti de cet avantage en provoquant des dommages collatéraux est déterminant pour éviter que les combats ne s’éternisent inutilement.

Même chose côté défensif avec un bestiaire désopilant qui se renouvelle sans arrêt, nous obligeant à rester concentré pour tenter d’intercepter les techniques lancées contre nous. Sans compter que certains monstres ne sont sensibles qu’à un type d’attaque en particulier, puisant souvent dans l’univers des jeux Mario via des clins d’œil pertinents. Par exemple, le saut peut s’avérer parfois la seule option efficace face à des ennemis logiquement immunisés contre le marteau ou les boules de feu. Mais désormais, les PF (points fleur) qui permettent de recourir aux magies sont partagés entre tous les membres de l’équipe. C’est loin d’être une mauvaise idée, d’autant que le jeu regorge de bonus permettant de recharger ce stock tout en repoussant la limite maximale de PF.

Des secrets jalousement gardés

L’évolution des personnages à travers les gains d’expérience nous laisse en revanche toujours la liberté d’aller vers un style plutôt offensif ou plutôt défensif. Quant à la jauge qui se remplit au fil des combats, elle permet de déclencher des actions en trio qui donnent lieu à de véritables séquences animées en 3D. La nature de ces techniques spéciales dépend évidemment de la composition de l’équipe, ce qui incite à faire tourner les 3 membres actifs de notre team afin de toutes les découvrir. Super Mario RPG a aussi la particularité de faire intervenir plusieurs mini-jeux imbriqués directement dans le déroulement de l’aventure. Et cela constitue autant de défis facultatifs appréciables en marge de la quête principale.

Comme dans la version d’origine, le jeu grouille littéralement de secrets qui peuvent déboucher sur des récompenses ou des boss optionnels, mais il faut vraiment les chercher pour mettre la main dessus. Et, si les pages du journal sont bien utiles pour garder un œil sur l’évolution du scénario tout en nous aiguillant vers le prochain objectif, cela n’empêche pas certains passages de se montrer toujours aussi peu limpides sur ce que l’on attend de nous. Ces moments bien précis de l’aventure auraient mérité d’être davantage explicités pour nous éviter de tourner en rond, même si cela n’arrive que très ponctuellement sur l’ensemble du jeu. Voilà bien l’un des rares reproches que l’on peut faire à ce remake de Super Mario RPG qui risque de provoquer l’émerveillement des joueurs (petits et grands) à l’approche des fêtes de Noël.

Conclusion