Si vous pensiez que, pour Nintendo, tout s’est joué en ce début d’année, vous avez encore le temps de faire machine arrière ! Il faut dire qu’avec The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom et le film d’animation Super Mario Bros. Wonder, l’entreprise que l’on appelle également “Big N” a sorti les griffes. Mais ce serait oublier la parution, ce vendredi 20 octobre en exclusivité sur Nintendo Switch, de Super Mario Bros Wonder. Un opus qui signe le retour triomphal de la série Super Mario Bros. On vous explique pourquoi dans ce test.
Le 18 novembre 2012 signait la sortie de la Wii U avec New Super Mario Bros U. À cette époque, peu de gens auraient parié sur le fait qu’il aurait fallu attendre onze ans pour voir la sortie d’un jeu Super Mario Bros inédit. Et il s’en est passé des choses depuis. En ce qui concerne Nintendo, elle a réussi à rebondir sur le fiasco commercial de la Wii U avec la Switch, devenue il y a peu la troisième console la plus vendue de tous les temps derrière la Nintendo DS et la PlayStation 2. Un succès probablement dû en partie à leur incroyable révolution de The Legend of Zelda avec Breath of the Wild et des Mario en 3D avec Super Mario Odyssey.
Nintendo a même réussi à s’exporter au cinéma grâce au carton planétaire de Super Mario Bros. Le Film. De quoi s’assurer avec un certain enthousiasme une audience large pour Super Mario Bros. Wonder, surtout juste avant les fêtes de fin d’années. Il faut dire que le jeu est une vraie claque et fait parfaitement son office : celle de rafraîchir une série vieille de presque 40 ans sans la dénaturer. Une mise à niveau qui concerne autant la forme que le fond.
Sommaire
- Mario au Royaume des Fleurs mais surtout au Pays des Merveilles
- La philosophie de Super Mario Bros intacte
- Des petits ajouts, de grosses différences
- Les Fleurs Prodiges, une drogue addictive qui altère tout
Mario au Royaume des Fleurs mais surtout au Pays des Merveilles
La comparaison entre Super Mario Bros. Wonder et le film d’animation sorti en salles lors du dernier mois d’avril n’est clairement pas fortuite. Les deux produits signés Nintendo partagent bien plus qu’un simple nom. C’est tout d’abord une intrigue simple qu’ils ont en commun. Dans le jeu Nintendo Switch, Mario, Peach et compagnie se rendent en visite officielle au Royaume des Fleurs. Une première ! Mais lors de la cérémonie officielle avec le prince Florian, Bowser vient jouer les perturbateurs : il vient de s’approprier la Fleur des Prodiges. Le roi des Koopas sème la destruction sur la contrée avec son nouveau pouvoir et c’est, encore une fois, au plombier moustachu de remédier à la situation.
Le cadre donné suggère donc un nouveau départ. Dans le jeu puisque, on l’a dit, c’est la première fois que Mario met les pieds dans le Royaume des Fleurs, mais aussi du côté de Nintendo. Super Mario Bros. Wonder est le premier jeu inédit de la série à paraître sur la console hybride. C’est probablement pour cela qu’il embarque toute une direction artistique extrêmement soignée. Quelque chose qui s’observe dès les premiers instants du jeu avec les personnages et notamment celui de Mario : nouveau look et nouvelle voix pour une nouvelle vie.
Un ravalement de façade qui s’observe aussi sur des détails. Le plombier le plus connu de l’histoire affiche de nouvelles animations faciales, mais pas que. Quand il s’accroupit, quand il passe à travers un tuyau et même quand il est lancé à pleine balle sur un rail grande vitesse. Bref, inutile d’être exhaustif. Il y a eu un soin colossal apporté aux à-côtés.
Ce sont les fleurs cancans qui symbolisent le mieux ce travail. Cette espèce de fleur de tournesol bavarde comme une pie s’est déjà attirée les foudres de certains. Mais selon nous, elle apporte un vrai plus ! Elle distille, à travers chaque stage, une phrase qui a le mérite d’essayer de faire sourire. Il y a quelqu’un qui nous parle, nous accompagne durant tout notre aventure. On n’a plus le sentiment d’être seul, et ça fait une grosse différence.
Ce sont des plus bienvenus qui permettent de s’immerger plus facilement dans l’aventure. En plus de cela, on les observe avec un plaisir égal tout au long de celle-ci.
C’est d’autant plus apprécié que le voyage est long pour un Super Mario Bros. Une quinzaine d’heures devrait tenir en haleine les joueurs, avec un rab pour ceux voulant faire le 100%. Et on parie qu’ils seront nombreux vu l’addictivité du gameplay ! Mais on y reviendra plus tard. Cette quête pour virer Bowser du devant de la scène est rythmée par l’exploration de biomes, tous aussi variés les uns que les autres : de quoi mettre en avant, une nouvelle fois, la palette de couleurs vives et chaleureuses empruntées par Wonder.
La philosophie de Super Mario Bros intacte
Mais rassurez-vous, Super Mario Bros Wonder garde néanmoins toujours la philosophie de la série qui a propulsé Nintendo sur les toits du monde en 1985. Un gameplay très efficace qui se prend en main instantanément. Il s’agit toujours d’enchaîner (avec une plus grande liberté concernant ce nouvel opus) des stages à défilement horizontal que l’on termine en capturant le drapeau de Bowser. Pour se faire, on dirige notre personnage (parmis une dizaine disponible) avec le joystick et on saute avec le bouton B. Avec ses deux commandes, il est tout à fait possible de terminer le jeu.
Une formule intacte mais remaniée à travers quelques nouveautés. Il y a d’abord les pouvoirs, ou les costumes, qui font office de fonctionnalité inédite. La fleur de feu est probablement connue de tous, mais ce n’est probablement pas le cas de la fleur à bulle, du champi-foreuse ou du costume d’éléphant. Inutile de les passer en revue : ils permettent de faire exactement ce à quoi vous pensez ! Ils servent des rôles bien distincts et apportent, à tour de rôle, une alternance de gameplay bienvenue.
Pour prouver une fois de plus que c’est toujours la même recette pour faire du Super Mario Bros, les équipes de Nintendo valorisent l’exploration. À l’instar de nombreux jeux Mario, la progression est conditionnée par une ressource. Ici, il s’agit des graines prodiges que le joueur récupérera à travers sa pérégrination. Il y en a une au bout de chaque stage, mais d’autres sont à récupérer en allant en dehors des sentiers battus. Les pistes secrètes sont nombreuses et on prend toujours autant de plaisir à les dépister. Encore une fois, Nintendo arrive à faire en sorte que le joueur se persuade d’être le maître de son aventure. On est tout le temps titillé de faire telle ou telle chose sans vraiment qu’on nous le dise.
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Des petits ajouts, de grosses différences
Super Mario Bros.Wonder reste donc du Mario Bros. Mais depuis 2012, Nintendo avait de sacrés défis à surmonter. Les sorties de New Super Mario Bros. 2 et New Super Mario Bros. U n’avaient pas réussi à rafraîchir une formule en perte de vitesse. Celle-ci s’est pourtant renouvelée avec Super Mario Maker mais il conviendra que les deux opus restent à part. Il n’y a pas d’aventure à proprement parler. Il faut alors réussir à rafraîchir la licence tout en surpassant la créativité de la communauté des joueurs de SMM.
Et sous-estimer Nintendo concernant leur fibre créative serait une grossière erreur. L’entreprise nous le montre une fois de plus en incorporant à son jeu de plateforme une petite dimension de RPG à travers les badges. Équipés sur notre personnage, ils altèrent sa façon de jouer. Mario peut alors tirer un grappin en forme de liane, attirer les pièces à lui ou encore courir tellement vite qu’il marche sur le vide un court instant. C’est fun, efficace et très naturel dans le gameplay. D’autant que leur perfectionnement se réalise grâce à des stages dédiés dits de “Maîtrise”. D’autres niveaux se distinguent également par leur qualité d’Intermède. Très courts, ils mettent une lumière une musique des anciens jeux. Parfaits pour les nostalgiques mais aussi pour varier le rythme de l’aventure. Il en existe d’autres, mais ce serait dommage, encore une fois, de vous gâcher la surprise.
En quelques mots, Super Mario Bros. Wonder se dévore comme une comédie musicale dans la forme et le fond. Le joueur est à la fois acteur et spectateur et chaque stage (et certains bien plus que d’autres) lui permet d’apprécier le spectacle un peu plus. Une réelle addiction !
Malgré tout, il y a quelques petites fausses notes à souligner; Super Mario Bros. Wonder met de côté les joueurs aguerris de titres comme Super Mario Maker par son manque général de challenge. Quelque chose de logique dans l’audience recherchée par Nintendo. Mais s’il y avait en plus un petit segment pour amateurs de jeux de plateformes, alors-là… Tant qu’on y est, parlons d’un autre écueil (rassurez-vous, c’est le dernier). Certains niveaux communs à tous les biomes se démarquent… par leur ressemblance et répétitivité. S’ils sont identiques dans la forme pour des raisons évidentes, ils ne se distinguent pas assez dans le gameplay. On ne vous en dit pas plus.
Super Mario Bros. Wonder s'apprécie seul mais aussi à plusieurs. La découverte du titre peut se faire en local avec des amis, mais aussi en ligne avec des étrangers. Les parties deviennent vite chaotiques et nécessitent une réelle coopération. La variété des niveaux s'imbrique parfaitement dans cette façon de jouer à plusieurs. En résumé, le multijoueur de Super Mario Bros. Wonder fait s'épanouir de façon différente un gameplay déjà parfaitement éveillé en solo.
Les Fleurs Prodiges, une drogue addictive qui altère tout
On l’a dit et suggéré et plusieurs fois : Super Mario Bros. Wonder est une comédie musicale qui s’apprécie par les yeux et les oreilles ; en étant à la fois tant acteur que spectateur… Un tour de force prodigieux que l’on doit aux réelles stars de la troupe : les Fleurs Prodiges. Ce sont elles qui apportent toute la saveur de ce nouvel épisode, et de quelle manière ! Cachées ou non sur les niveaux dits traditionnels, elles permettent de modifier l’intégralité de l’expérience du joueur sur celui-ci.
Ces fleurs prodiges travestissent non seulement tout l’environnement mais parfois aussi la façon de jouer ! Pour reprendre l’exemple le plus parlant, l’une des fleurs prodiges rencontrées transforment Mario en goomba. Il ne peut plus sauter aussi haut, doit se cacher derrière des buissons pour éviter de servir de repas aux Salabaffres... il a l’avantage de pouvoir marcher sur les pics. On est donc systématiquement à la recherche de ces fleurs prodiges pour savoir à quelle sauce Nintendo va nous manger tant leur réalisation est parfaite. Comme dit plus haut, c’est aussi l’environnement qui s’altère lors d’une fleur prodige et il se peut que vous débarquiez dans l’espace littéralement gonflé à bloc et n’ayant plus que vos bras pour flotter… Il y a des idées folles et l'on regrette presque que Nintendo n'ait pas poussé le bouchon un peu plus loin en proposant des structures plus ouvertes lors de ces séquences.
Bref, on n’en dit pas plus. C’est bien évidemment par la découverte et l’émerveillement que ces fleurs prodiges s’apprécient. Si les badges, les différents stages et pouvoirs inédits servent d’apéritifs forts goûtus pour l’aventure, ce sont bien ces fleurs à la limite de l’hallucinogène qui constituent le plat de résistance. Chaque bouchée appelle la suivante et ce même lorsque l’on a terminé notre assiette.
Conclusion
Points forts
- Les Fleurs Prodiges, une véritable réussite tant dans la forme que dans le fond
- Contenu colossal, avec des secrets partout
- Une réalisation exceptionnelle
- Du soin dans les détails, partout, tout le temps
- Aussi fun seul qu’à plusieurs
Points faibles
- Aussi exceptionnelles soient-elles, les Fleurs Prodiges restent très linéaires
- Peu de challenges pour les amateurs de défis
- On en attendait bien plus des boss !
Note de la rédaction
Difficile de rédiger un test complet quand les grandes forces du jeu en question tournent autour de la surprise. Mais avec Super Mario Bros. Wonder, Nintendo livre une prestation quasi-parfaite. Presque quinze après New Super Mario Bros. Wii, ce nouvel épisode fait renouer la série de jeux plateformes en 2D avec l’exceptionnel. Tout en lui restant fidèle comme en gardant son gameplay diablement simple et efficace, il apporte des nouvelles idées qui font mouche. Toute la réalisation fait penser à une comédie musicale qui ne cesse d’éblouir le joueur tant dans la forme que dans le fond. Mario est bien parti au pays des merveilles, et nous avec.