Loin de la fantasy des Tales of, Scarlet Nexus place son histoire dans un univers de science-fiction qui emprunte beaucoup au genre du cyberpunk. Alors que l'Humanité développe des pouvoirs extra-sensoriels après la découverte d'une hormone cérébrale de type psionique, d'étranges créatures appelées "Autres" débarquent sur Terre pour dévorer les cerveaux des humains. Pour lutter face à cette menace, seuls les pouvoirs psioniques semblent être efficaces pour en venir à bout. Tous les espoirs résident alors dans la BEA (Brigade d'Extermination des Autres) qui semble être le dernier rempart face à cette mystérieuse invasion. Dans ce contexte sombre, vous incarnez au choix Yuito ou Kasane, deux nouvelles recrues de la BEA capables tous deux de psychokinésie, le pouvoir de déplacer les choses par la pensée. Chacun va alors découvrir la vérité sur cet univers qualifié de "Brain Punk" par la communication du jeu, mélange de cyberpunk et brain pour les pouvoirs extra-sensoriels qui ont une place centrale.

Quand Astral Chain rencontre Persona

Une chose est sûre, le scénario de Scarlet Nexus est dense, très dense. On y retrouve de nombreuses thématiques propres à la science fiction pour créer cette ambiance pesante mais avec une intrigue très complexe, voire trop par moment. Si l'histoire se laisse suivre, il faut tout de même s'accrocher pour comprendre tous les concepts évoqués. Heureusement, ils sont régulièrement rappelés pour que tous les joueurs ne soient pas perdus. De ce que l'on peut dire sans trop en dévoiler, l'histoire de Scarlet Nexus est riche en rebondissements de situations qui apparaissent régulièrement pour garder le joueur en haleine. Cependant, cela ne l'empêche pas pour autant de présenter des situations à la logique peu compréhensible qui ont de quoi faire sortir de l'expérience.

Malheureusement, ce scénario complexe n'est pas aidé par une mise en scène très plate. En effet, la majeure partie des discussions est représentée sous la forme d'images fixes et de vignettes de personnages qui se répondent. Les cinématiques en temps réel sont rares et sont réservées au moment les plus importants. Un choix qui renvoie aux premiers temps des Tales Of, ce qui a de quoi étonner pour un jeu next-gen. De plus, on se retrouve parfois dans des tunnels cinématiques statiques ce qui ne facilite pas l'appréciation de l'histoire.

Pour ce qui est du casting, les amateurs d'anime se trouveront en terrain connu puisque l'on retrouve la plupart des archétypes du genre : l’amie d’enfance et la timide amoureuses, l’excentrique mystérieux, la fille au caractère froid, le rival antipathique et jaloux etc... Cela n'empêche pas pour autant certains personnages d'êtres attachants, comme Gemma, le vétéran de l'équipe. Entre chaque mission, il est possible de se rapprocher d'eux de plusieurs façons : offrir des cadeaux, répondre à leurs textos, ou encore de discuter avec eux... Toutes ces actions permettent de renforcer vos liens avec vos coéquipiers à la manière d'un Persona. Si ces sous-intrigues ne sont pas toujours intéressantes, elles sont néanmoins presque obligatoires puisque vos alliés débloquent ainsi de nouvelles compétences utiles en combat.

Malgré ces quelques reproches, Scarlet Nexus peut compter sur un élément de poids : sa direction artistique. Avec ses environnements urbains qui rappellent Ghost in the Shell, le titre présente un monde où tous les cerveaux du monde peuvent être connectés simultanément entre eux. Une idée représentée par la couleur orange qui est omniprésente dans le titre. Il en va de même pour les Autres, les ennemis du jeu, qui prennent la forme de créatures grotesques et cauchemardesques qui rappellent les monstres de Silent Hill par leur aspect absurde et impossible. Saluons également au passage la bande-son électro qui renforce l'aspect connecté de cet univers et qui permet d'insister sur le côté nerveux des affrontements.

Un gameplay survolté à la sensation de puissance instantanée

Car oui, plus que son scénario et son univers, la carte maîtresse de Scarlet Nexus réside surtout dans son gameplay. Et bon dieu, quel gameplay. En apparence, les contrôles sont plutôt classiques : attaque légère, attaque lourde, esquive... Sauf que la principale feature du jeu réside dans la capacité commune aux héros principaux : la psychokinésie. Ainsi, votre personnage peut projeter de nombreux éléments du décor sur votre adversaire pour infliger des dégâts. Mieux, ces projections peuvent être combinées avec les autres attaques pour donner lieu à des combos virevoltants. Si la plupart des éléments du décor peuvent être envoyés sur les ennemis à l'aide d'une simple pression de touches, ceux qui font le plus de dégâts ou appliquent des altérations d'état donnent lieu à des QTE. Une fois les ennemis suffisamment affaiblis, ils peuvent être achevés à l'aide d'une action spéciale impressionnante. La base du gameplay est donc très fluide et donne rapidement une sensation de puissance au joueur, ce qui rappelle les productions Platinum Games (Bayonetta, NieR Automata, Metal Gear Rising : Revengeance...). Et encore, ce n'est que le début.

Au cours de vos missions, vous êtes accompagnés la plupart du temps par deux membres de votre équipe. Ces derniers sont gérés par l'IA et il n'est pas possible de les contrôler, simplement de leur indiquer une stratégie à suivre. Chacun de vos alliés possède un pouvoir qui lui est propre : feu, foudre, téléportation, hypervitesse, duplication, invisibilité, invincibilité... Grâce à la connexion mentale qui vous relie à eux, vous pouvez à tout moment emprunter leur pouvoir pour le combiner au vôtre. Mieux, après avoir débloqué certaines améliorations dans l'arbre de compétences, jusqu'à quatre capacités simultanément peuvent être activées. De quoi donner lieu à un déluge d'effets à l'écran pour un sentiment de puissance toujours plus grand.

Avec ces combats de plus en plus virevoltants à mesure que l'on progresse, l'action peut parfois être brouillonne, quand ce n'est pas la caméra qui se bloque dans certains recoins des arènes. C'est notamment le cas lors des affrontements contre d'autres utilisateurs de pouvoir qui sont particulièrement illisibles. Heureusement, les arènes sont souvent de grandes tailles et la caméra a l'intelligence de se reculer suffisamment loin pour rendre le tout clair pour le joueur la plupart du temps. D'ailleurs, au niveau de la technique, on est agréablement surpris de voir que le jeu tient constamment la barre des 60 FPS sur PS5 face aux déluges d'effets qui ont souvent lieu lors des affrontements. Précision importante, nous n'avons pas eu accès aux versions last-gen du jeu pour savoir si l'en était de même sur PS4 et Xbox One. Cela n'empêche pas pour autant à certains moments de voir apparaître à vue d'oeil des éléments du décor dans certains espaces ouverts à mesure que l'on avance.

Pour peu que vous accrochiez à son gameplay, Scarlet Nexus propose une durée de vie d'une vingtaine d'heures pour votre premier run, en sachant qu'il est possible de refaire l'histoire avec le second personnage. Le cours des événements est identique que vous choisissiez Kasane ou Yuito, mais vous ne ferez pas les mêmes choses puisqu'ils ne sont pas toujours ensemble tout au long de l'histoire. À côté de cela, le titre pèche malheureusement par son manque de contenus annexes. En effet, il y a très peu de choses à faire en dehors des missions principales qui prennent souvent la forme de couloirs où l'on va d'arène en arène. Si vous pouvez interagir avec ses compagnons à la planque, les deux villes explorables n'ont que peu d'intérêt hormis y récolter des quêtes annexes. Et encore, ces dernières prennent plutôt la forme d'objectifs à remplir pour obtenir des récompenses plutôt que de vraies missions scénarisées à part. Un manque de contenus annexes regrettable donc mais qui est compensé par sa durée de vie conséquente.