Depuis sa sortie fin 2014, le titre phare de David Braben ne cesse de s’améliorer au fil des mises à jour. Dénommées saisons, ces dernières complexifient le jeu comme jamais avec l'ajout de toujours plus de fonctionnalités. Près de 7 ans après son lancement initial, Elite Dangerous s'apprête à donner aux joueurs une nouvelle perspective : la possibilité de se déplacer à pieds et ainsi contempler notre univers à hauteur d’homme et paraître ainsi plus insignifiant que jamais dans un monde toujours plus vaste et impitoyable.
Si les premiers pas de Neil Armstrong et de Buzz Aldrin avaient pu jadis vous inspirer par une lenteur et monotonie relative, réveillant par la même occasion votre âme d’explorateur en herbe, ceux que vous ferez dans Elite Dangerous : Odyssey ne devraient toutefois pas être aussi relaxants. En effet, le monde d’Elite Dangerous vu du sol sera tout aussi dangereux que les versions précédentes, voire encore plus mortel... Ce nouveau rapport de perspective ajoute une nouvelle dimension au titre. Un petit pas pour le joueur, mais un bon de géant pour le gameplay et l'immersion.
Fusil à l’épaule, parcourez de vastes étendues ou complexes militaires, pour y faire une variété impressionnante de missions générées de manière procédurale. Assassinat, récupération de données, sabotage, exploration, récolte ... tous les ingrédients d’un bon FPS d’exploration spatial sont là, mais la recette fonctionne-t-elle ? Cet ajout modifiant l’ADN même de la série Elite est-il pertinent ? Que ce soit le premier Elite de 1984, Frontier Elite II ou encore Frontier: First Encounters, aucun d'eux arborait un mode FPS vous permettant de quitter littéralement le siège de votre vaisseau pour explorer les alentours avec toute la dimension que cela apporte à la série.
Frontier Developments nous avait déjà apporté un break de la série avec l’ajout des rovers SRV et la possibilité de parcourir sans limites ou presque les innombrables mondes de type tellurique présents dans l’univers d’Elite. Mais, au final nous passions d’un véhicule à un autre et nous étions toujours attachés à notre siège avec cette interface désormais bien rodée toujours affichée devant nous.
Cette saison 3 s'affranchit complètement de l’habitacle de vos engins pour vous permettre enfin de mettre un pied à terre et de fouler les vastes paysages, enrichis cette fois de planètes et lunes disposant d’une atmosphère sans toutefois inclure les planètes de type terre, qui on l’espère, apparaîtront dans une prochaine mise à jour. Avec Odyssey, on parle donc vraiment d’une petite révolution chez les développeurs.
Mais Odyssey, qu'est-ce que c'est ?
Odyssey est la 3e grosse extension du jeu. La première, Horizons, permettait de se poser sur les planètes de type tellurique et d’y faire diverses tâches à bord d’un SVR. Le SRV pour Planetary Vehicle Hangar, pour faire simple, est un véhicule tout terrain permettant diverses tâches afin de mener tout un pan de nouvelles missions. Exploration, recherches de divers éléments en surface, infiltration et combats dans les nouvelles bases planétaires également ajoutées via le DLC Horizons. Le SRV est un véritable couteau suisse de l’espace.
Cette mise à jour a également permis d’ajouter les ingénieurs, les petits chasseurs embarqués, le multi crew, les missions de passagers etc. Horizons était une mise à jour gargantuesque.
La saison 2 nommée Beyond qui s’est étalée sur une longue période était au final un large peaufinage du titre avec tout de même des ajouts notables comme de nouveaux vaisseaux, les missions en escadrille, les super transporteurs de type Carrier pouvant être achetés par les joueurs etc. Bref une mise à jour importante afin de renforcer le titre auprès des joueurs.
Odyssey arrive donc avec pour objectif d’ajouter une nouvelle dimension au titre via le mode FPS tant rêvé par les joueurs. Ce souhait de pouvoir se déplacer librement dans l’univers d’Elite Dangerous n’est pas nouveau. En effet, dès la campagne de Kickstarter fin 2012, David Braben évoquait déjà la volonté de pouvoir se déplacer à pied, même de flotter en EVA dans nos vaisseaux et stations avec l’obligation d’avoir un système de bottes magnétiques. En effet, il faut savoir que dans l’univers d’Elite Dangerous, l’humanité n’a pas encore inventé de système anti gravitationnel. Dans le livre “Elite: Legacy”, Michael Brooks explique en détail la gravité dans le jeu et notamment celle qui se trouve dans les stations spatiales : plus on monte vers le centre de la station, soit la surface artificielle, là où se trouvent les pads, plus la gravité s’atténue, basée sur le principe de la force centrifuge exercée par la station en rotation. Malheureusement, dans Odyssey ces ambitions sont revues à la baisse avec une approche plus traditionnelle de ce qu’on peut voir dans d’autres titres de science fiction.
Le joueur découvre pour la première fois Odyssey via une mission : un flash-back qui se déroule quelques années auparavant sur la planète Phaecia. Cette introduction scénarisée et dans la langue de Molière permet habilement d’introduire toutes les nouvelles mécaniques du jeu. La mission commence sur une lune, à proximité d’une base dans laquelle le joueur doit s’infiltrer afin de récupérer les données secrètes d’un agent clandestin. Guidé par notre compère toujours en orbite, ce dernier nous guidera dans la mission et placera les différents objectifs dans notre HUD appelé InSight. Ce dernier indique de précieuses informations sur le déroulement de la mission ainsi que les éléments vitaux du joueur.
Découpe de panneaux, survoltage de systèmes, fouille de corps et clonage de biomasse, on découvre ainsi au fil de la mission un large panel de possibilités qu’offre le titre. L’ensemble est cohérent et immersif agrémenté d’une bande-son qui s'adapte à la situation afin d'accentuer l’ambiance parfois stressante. Évidemment, dans cette mission, les choses ne vont pas se dérouler comme prévu et le joueur va rapidement goûter à une phase de combat au sol. Elle permettra malheureusement de découvrir une IA à la ramasse incapable de comprendre son environnement. En effet, ces derniers n'exploitent guère les caractéristiques du terrain. Ils ne vous surprendront guère et il sera aisé d'anticiper leurs actions. Ce qui est dommage, car ces missions représentent presque la totalité des types de missions proposées dans ce DLC. Nous aurions aimé une IA plus travaillée, capable de nous surprendre et d’utiliser par exemple la faible gravité d’une lune pour se mouvoir via des bonds forçant le joueur à regarder tous azimuts.
Si certaines phases durant une mission sont claires et simples à appréhender, d’autres en revanche manquent de simplicité tant les indications affichées manquent parfois de précision et le joueur devra très souvent arpenter un lieu pour comprendre les actions demandées. Ça demande un entraînement et Horizons souffrait de la même problématique du “Savoir quoi faire”.
Les stations spatiales, véritable hub social
Dans Odyssey, les stations, que ce soient les bases orbitales ou planétaires, ont également reçues une refonte conséquente permettant aux joueurs, ou groupe de joueurs d'arpenter les différentes coursives à la recherche d’un donneur de mission ou boutiques en vue d’améliorer son équipement, que ce soit votre vaisseau ou armure. Ces stations représentent le cœur d’Odyssey.
Certaines interactions que vous faisiez par le passé via un simple menu 2D ont été déclinées dans un environnement riche en 3D. Même si l’ancien mode d’interaction est toujours présent et accessible depuis votre vaisseau ou via les différents kiosques des stations, il est désormais possible d’aller rencontrer certains donneurs de missions en personne. Ils iront même jusqu'à vous interpeller afin que vous acceptiez leur mission. Cet ajout aide à l’immersion du joueur. Il est même possible de faire des missions sans même posséder de vaisseau. Un système de voyage entre stations moyennant quelques crédits est même disponible. Il suffira alors de vous installer près du pilote, d’attacher votre ceinture et de vous laisser guider.
Chaque type de station possède un intérieur et une architecture propre en fonction de certains critères comme l'économie. Il y a en tout 28 visuels de stations. Une station hautement technologique aura une architecture spécifique, à l’inverse, les systèmes très industrialisés auront cette caractéristique visible sur les coursives. Ces dernières sont réalisées de manière procédurale et seront plus ou moins toujours uniques.
Odyssey ajoute donc de manière convaincante le mode FPS tant attendu par les joueurs mais nous aurions aimé que le concept soit poussé plus en profondeur avec la possibilité de visiter l’intérieur de nos vaisseaux. Cependant, c’est quelque chose qui devrait arriver prochainement vu la demande insistante de la communauté.
Dans un message sur le forum officiel, le gestionnaire de communauté Arthur Tolmie, confirme qu’il sera un jour possible de nous déplacer dans nos vaisseaux sans être plus explicite sur une date.
Une VR partielle
Si par le passé Elite Dangerous était avant-gardiste en matière de réalité virtuelle avec probablement l’une des meilleures expériences pour ce type de jeu, il est regrettable de voir que ce DLC ne bénéficie pas du même traitement de faveur que les versions précédentes. En effet, les phases se déroulant à pied seront simplement projetées dans un mode cinéma. Le joueur pourra toutefois, s’il le souhaite quitter son casque et poursuivre l’aventure sur l’écran de manière traditionnelle.
La réalité virtuelle reste toujours une priorité pour Frontier Developments et on espère toutefois que cet ajout viendra enrichir le titre via une mise à jour prochaine.
Une mise à jour qui divise les joueurs
Comme annoncé précédemment, les joueurs d'Odyssey pourront accéder aux fonctionnalités planétaires, ainsi qu'à de nombreuses améliorations visuelles, mais ceux restant sur Horizons devront le faire sans leurs amis ayant acheté la nouvelle extension.
Concrètement, sur PC, un joueur d'Odyssey pourra jouer avec ceux disposant d'Horizons, mais n'aura temporairement plus accès aux nouveautés. De leur côté, les joueurs d'Horizons ne pourront pas entrer dans les parties estampillées Odyssey. Sur consoles, les joueurs devront d'abord attendre quelques mois, probablement jusqu'à l'automne, mais devraient au passage recevoir une mise à jour majeure, permettant aux utilisateurs d'une même plateforme de jouer ensemble, quelle que soit l'extension dont ils disposent. Les joueurs d'Horizons auront droit à une belle amélioration graphique, mais ne pourront évidemment pas profiter des ajouts d'Odyssey.
Points forts
- L’immersion globale apportée par le mode FPS
- La gravité qui impacte sur la balistique...
- Des effets spéciaux magnifiques
- Un nouveau souffle immersif au jeu
- Le doublage en français
Points faibles
- Pas de nouveaux vaisseaux/SRV
- … mais que les ennemis n’exploitent pas
- Une IA pas à la hauteur
- Le prix
Elite Dangerous Odyssey est devenu avec le temps un must have en terme de simulation spatiale, toujours renouvelé par des DLCs convaincants qui apportent au gré des saisons toujours plus de renouveau. Idéal pour fidéliser les joueurs déjà bien nombreux sur le titre. Cependant, après 7 ans d’exploitation et afin d’éviter un essoufflement, il était important pour Frontier Developpements d’apporter au titre phare de David Braben un changement de perspective. Jadis un fantasme, le mode FPS était probablement la seule fonctionnalité capable de relancer avec fracas la franchise. C’est probablement la fonctionnalité la plus attendue par les joueurs. Les développeurs ont su apporter ce mode avec brio même si ce dernier est encore largement perfectible et trop limité, cependant, Odyssey ouvre la voie vers ce que sera le jeu dans un avenir proche, ce dernier s'annonce prometteur. Elite Dangerous Odyssey reste dans la course des Space Sims.