Dans la grande lignée des Portal-like, voici venir Lightmatter, un jeu d’énigmes à la première personne où il faut à tout prix rester dans la lumière pour rester en vie. Le titre souhaite tellement s’inscrire dans la tradition de ses aînés qu’il fait explicitement référence au succès de Valve, in-game. Mais parvient-il à se forger sa propre personnalité, et surtout avec autant de réussite ?
Lightmatter - Bande-annonce
Vous vous éveillez sur les dalles de Lightmatter Technologies, un énorme complexe scientifique où l’on cherche à maîtriser le “Lightmatter”, une énergie renouvelable particulièrement puissante. Rapidement, le PDG de la firme, un certain Virgil, vous épingle : “Mais qu’est-ce que vous faites là ? La visite touristique s’est pourtant achevée depuis un moment. Laissez-moi vous raccompagner vers la sortie”. Mais les effets secondaires du Lightmatter ont transformé l’endroit et l’ont rendu instable. Impossible de rejoindre normalement la surface et il faut absolument éviter les ombres pour rester en vie. Virgil vous tiendra ainsi compagnie jusqu’à trouver une solution, et vous dévoilera les secrets du Lightmatter en cours de route.
Faire la lumière sur ces mystères
Comment ne pas penser à Portal quand on lance Lightmatter ? Tout y est : le complexe scientifique, la voix teintée d’humour qui nous tient compagnie, et surtout les énigmes. C’est d’ailleurs par ce dernier point que le titre de Tunnel Vision Games se distingue de la concurrence. Comme dit précédemment, il faut absolument éviter les ombres sous peine de périr et de recommencer quelques secondes plus tôt. L’objectif de Lightmatter est donc simple : se frayer un chemin en utilisant la lumière, à travers une quarantaine de niveaux. Pour cela, le joueur aura d’abord à sa disposition des projecteurs qu’il pourra déplacer à l’envie. Vers la moitié du jeu, des connecteurs à Lightmatter entreront dans la danse, permettant de connecter une source d’énergie à une autre et de créer des rayons de lumière (à condition qu’il n’y ait pas d'obstacles sur le chemin). Et le dernier tiers du jeu se fera un plaisir de mélanger les deux mécaniques, pour des énigmes de plus en plus complexes.
Précision qui a son importance : votre personnage (qui n’a d’ailleurs pas de nom) ne bloque pas la lumière avec son corps, et ne peut pas sauter avec les connecteurs et projecteurs en main. Vous êtes pour ainsi dire une caméra qui flotte dans les airs. Et mêmes les rayons de lumière créés avec les outils de Lightmatter ne vous affectent en rien. Des éléments qui pourront d’abord s'apparenter à des défauts, mais qui sont vite oubliés : les outils mis en place par Tunnel Vision Games suffisent déjà amplement à fournir des énigmes astucieuses où la solution ne saute pas aux yeux. En effet, en plus des mécaniques évoquées plus tôt, Lightmatter ajoute au fil de l’aventure des plateformes qui se déplacent, des interrupteurs manuels et sensibles à la lumière, des obstacles où il faut sauter avec précision, parfois en respectant un certain timing. Au final, le jeu renouvelle suffisamment souvent son concept pour offrir un moment agréable.
Lightmatter : L'une des premières énigmes en vidéo
Bonjour, ici la voix…
Comme tout bon Portal-like, Lightmatter intègre un personnage qui accompagne le joueur par sa seule voix. Ici, c’est Virgil, le PDG de Lightmatter Technologies, qui remplit ce rôle. Et autant dire que l’homme aura des choses à vous raconter pendant les quatre heures de jeu. D’abord disposé à vous aider, Virgil deviendra au fur et à mesure méfiant à votre égard, étant persuadé que votre présence dans le complexe n’est pas due hasard. C’est aussi quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche. Il se laissera ainsi souvent aller à quelques blagues, louant par exemple vos exploits lorsque vous appuyez sur un bouton. Mais surtout, le PDG vous détaillera les secrets de Lightmatter, la manière dont l’énergie a été découverte, les problèmes rencontrés pour la maîtriser, etc. Ainsi, en parallèle des énigmes qui se renouvellent agréablement, le scénario fait de même, avec une montée en puissance du début à la fin. Surtout qu’en marge des explications de Virgil, les propos d’autres scientifiques viendront s’ajouter, laissant doucement paraître une réalité plus complexe que prévue.
Mais la narration de Lightmatter n’est pas exempte de défauts. C’est notamment la manière dont Tunnel Vision Games prolonge le séjour dans le complexe scientifique qui pose problème. En effet, le studio joue plusieurs fois la carte de l’ascenseur cassé ou du pont qui s'effondre pour justifier un détour. De plus, si on peut apprécier une montée en puissance du côté des dialogues, le rythme général n’est pas aussi maîtrisé. Passé l’effet “waouh” des nouvelles mécaniques et de certaines phrases qui font mouche, le soufflet a tendance à retomber de temps en temps. On aurait aimé plus de scènes où le tempo s’accélère subitement, comme dans la dernière ligne droite de l’aventure.
Une direction artistique trop irrégulière
Dernier point à aborder : la direction artistique. Si Lightmatter affiche des effets de lumière et un cel shading soignés, il peine cependant à réveiller les mirettes du joueur. Les trois-quarts de l’aventure sont habillés du même mélange de gris, bleu et violet, et les quelques variations, bien que réussies, ne sont pas assez fréquentes pour retenir l’attention. Un élément d’autant plus dommage que lorsque Lightmatter s’y met vraiment (comme dans les dernières minutes du jeu), avec des effets de lumière différents et des plans inspirés, le titre fait des merveilles.
Enfin, il faut préciser que nous avons rencontré quelques impairs techniques lors de notre session de jeu. Par moments, les textures des ombres s’affichaient à la place des endroits réservés à la lumière, ce qui a compliqué l’approche de certaines énigmes. Et il était parfois possible de se déplacer sur des pans entiers de niveaux sans le moindre éclairage. De plus, dans le menu pause, presser le bouton “A” (ou la Croix) en sélectionnant “Reprendre” fait sauter automatiquement le personnage en jeu. De petits manques de finition que Tunnel Vision Games devrait corriger à l’avenir, mais que nous devons préciser ici.
Points forts
- La mécanique ombre / lumière bien exploitée
- Une histoire intriguante et intéressante
- Virgil, parfait compagnon de voyage
Points faibles
- Une DA qui aurait pu offrir plus
- Quelques soucis de finition
Malgré son étiquette de Portal-like, Lightmatter est un jeu agréable et surtout intelligent. Ses énigmes, basées sur la lumière et les ombres, se renouvellent astucieusement et certaines donneront même du fil à retordre. Le scénario du titre n’est pas non plus en reste : les dialogues et remarques de Virgil, PDG du complexe scientifique, font souvent mouche. Et la direction artistique parvient quelquefois à émerveiller. Au final, Lightmatter n’est sans doute pas un indispensable du genre, mais mérite bien qu’on lui accorde quatre heures de son temps.