Déjà approché par notre rédaction il y a moins d’un mois, Pokémon Epée / Bouclier nous avait laissé avec plus de questions que de réponses. À l’heure de son lancement officiel, il est maintenant temps de lever le voile sur l’arrivée de ce premier épisode principal sur Switch. Quid des terres sauvages ? Du Dynamax ? Des nouveaux Pokémon ?
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Rappelons tout d’abord que cet opus nous propose une nouvelle génération de créatures, un nouveau monde et donc de nouveaux personnages venant habiller une aventure inédite. Inspirée du Royaume-Uni, Galar est le théâtre d’un grand tournoi durant lequel des challengers venus de toute la région viennent défier les 8 champions d’arène. Une forme de phase préliminaire aux Poké Masters, ultime étape d’une aventure qui s’avère familière pour les habitués de la saga.
La question de la réduction du Pokédex a fait l’objet de nombreuses discussions agitées auprès d’une frange des fans. En l’état, celui-ci vous propose un total conséquent de 400 Pokémon, reprenant des créatures des 8 générations. C’est évidemment une perte directe par rapport au nombre total qui dépasse les 800, mais l’ensemble reste fort heureusement largement suffisant pour créer une équipe digne de ce nom et trouver son bonheur parmi la sélection proposée, même s’il est regrettable de devoir se passer d’un de ses chouchous.
Bienvenue à Galar-swinda
Ne vous attendez en effet pas à un vrai renouveau en terme de structure tant Pokémon Épée / Bouclier marche dans les pas de ses aînés. Vous aurez toujours le choix entre trois Pokémon du type eau, feu ou plante, un rival viendra régulièrement vous chercher des noises, et votre parcours consiste à enchaîner les victoires dans les différentes arènes. Un manque de renouvellement structurel qui s’accompagne en plus d’un rythme presque trop soutenu sur la quête des 8 badges, qui rend cette séquence très expéditive. L’avantage, c’est qu’elle s’épargne ainsi l’écueil du remplissage, mais la très grande linéarité de chaque zone rend chaque phase d’exploration très courte, exception faite des terres sauvages sur lesquelles nous reviendrons plus tard.
En revanche, l’aventure principale a aussi son lot de réussites, avec en premier lieu la présence d’une galerie de personnages visuellement très soignés, qui sont en plus régulièrement sollicités dans le cadre de l’histoire principale. On pense notamment aux champions, plus caractérisés qu’avant et régulièrement utilisés dans les intrigues, mais aussi au fait que votre rival et les quelques adversaires récurrents s’avèrent plus intéressants à suivre du fait d’une écriture toujours très enfantine, mais qui évite de trop verser dans les clichés (à l’exception de Travis). Nous n’en dirons pas trop sur les évènements des Poké Masters pour vous éviter d’être spoilés à leur sujet, mais sachez tout de même qu’ils ont su nous convaincre en proposant une formule différente de celle habituellement déployée dans les opus principaux. Cette dernière partie est d’ailleurs plutôt copieuse tout en demeurant intéressante du point de vue scénaristique, ne s’offrant qu’un bref passage faisant office de remplissage, heureusement rapidement évacué par l’intérêt des séquences suivantes. Tablez au total sur 20 à 25 heures pour boucler l’ensemble de l’aventure sans faire trop d’à-côtés.
L’appel des terres sauvages
Des à-côtés, il y en a justement quelques uns dans cet épisode qui a particulièrement mis en avant dans sa communication l’existence des terres sauvages, une vaste étendue ouverte offrant quelques activités. La première, c'est évidemment la chasse aux Pokémon : la région est divisée en plusieurs zones disposant chacunes de leurs propres créatures, qui peuvent également différer selon le temps en vigueur. Tempête de sable, brouillard ou pluie viendront ainsi varier les espèces de Pokémon à découvrir dans chaque zone. Un choix qui s’accompagne par ailleurs d’un système de capture se passant désormais des rencontres purement aléatoires : ainsi, vous voyez désormais tous les Pokémon se déplacer sur la carte, certains venant directement vous confronter tandis que d’autres tentent de fuir, en sachant que vous pouvez siffler via une pression sur le stick gauche pour les attirer à vous. Unique exception, les monstres dissimulés dans les hautes herbes signalent leur présence via un point d’exclamation. En allant à leur rencontre, vous déclenchez l’affrontement, mais il s’agit évidemment du seul cas dans lequel vous ne saurez pas au préalable sur qui vous tomberez. Nous parlons d’affrontement, vous aurez donc compris de vous-même que la capture revient à une formule plus proche de celle des épisodes classiques, avec la possibilité d’affaiblir le Pokémon avant de lancer une ball. Ce qui n'est pas pour nous déplaire.
Deuxième nouveauté des terres sauvages, le Poké Camping (qui s’étend également à d’autres zones plus tard) offre quant à lui deux séries de mini-jeux. La première consiste à jouer avec vos Pokémon et discuter (sic) avec eux afin de soigner vos relations et offrir un nouveau système de gestion du bonheur, donc. La seconde reprend un modèle proche des Pokéblocks de Rubis et Saphir, puisque vous devrez mixer des baies de différentes sortes avec d'éventuels ingrédients récupérés dans l’aventure pour ensuite créer des Currys de toutes sortes. Selon le degré de réussite de celui-ci, vous pourrez ensuite bénéficier de bonus d’expérience, mais aussi de rétablissement des PV et des PP des Pokémon de votre équipe plus ou moins conséquents. Limité du point de vue purement ludique, le Poké Camping s’avère tout de même utile quand vous enchaînez les combats sur les terres sauvages.
Exit Méga-évolutions, bonjour Dynamax
Outre la capture classique de Pokémon, les terres sauvages offrent aussi une nouveauté avec la présence de failles abritant un Pokémon dynamaxé. Le “Dynamax” est un phénomène présent dans le monde de Galar qui permet aux Pokémon en contact avec des étoiles voeux de devenir plus grands et plus forts. La méga-évolution des précédents opus est donc ici laissée de côté au profit de ce nouveau système, qui vous permet une fois par combat et pendant seulement trois tours de dynamaxer l’une de vos créatures : un atout toutefois uniquement disponible dans certains lieux propices à cette transformation, comme les arènes. Une variante existe également avec certains Pokémon bien précis, qui non content de s’agrandir, peuvent également changer d’apparence lors du phénomène : on parle alors ici de Gigamax.
Mais revenons à nos failles. Celles-ci vous confrontent à un Pokémon dynamaxé qui a le luxe de pouvoir conserver cette forme tout au long du combat. Pour s’en défaire, vous devrez donc le combattre à plusieurs, en pouvant notamment inviter jusqu’à 3 joueurs à prendre part à cet affrontement ou en les remplaçant par 3 bots. En dehors de l’apparition ponctuelle d’un système de protection pour le Pokémon adverse, ces affrontements restent très proches des combats classiques. Ils offrent toutefois un peu plus de défi aux aventuriers en herbe puisqu’il arrive régulièrement que vous tombiez sur un adversaire plus coriace que votre niveau actuel, à moins que vous n’écumiez pleinement la zone qu’après avoir bouclé l’aventure principale. Mais si vous parvenez à vider l’intégralité de sa barre de vie, ce type d’affrontement dévoile une nouvelle nuance : le jeu vous propose alors systématiquement de lancer une Poké Ball pour le capturer. Et même en envoyant des Poké Ball “basiques” sur des adversaires très coriaces, nous n’avons ici jamais échoué dans nos tentatives de captures de ces Pokémon dynamaxés.
Il n’y a qu’une faille qui m’aille
Seules les failles ouvertes - émettant un rayon lumineux vers le ciel - permettent d’accéder à ces combats, et en fonction du moment ou vous vous rendez sur ces terres, vous ne ferez pas face aux mêmes failles. Chaque fois que vous sélectionnez une faille, vous récupérez selon l’ouverture de celle-ci une quantité plus ou moins importante de Watts, sorte de monnaie alternative échangeable contre des objets auprès de dresseurs de la zone, ainsi que d’un autre personnage qui vous donne accès à des objets plus rares. Parmi ceux-ci, on notera notamment la présence de morceaux voeux, qui permettent d’ouvrir des failles fermées, qui évitent de vous retrouver trop souvent avec un terrain de jeu vierge de tout intérêt sur ce point.
Notez également qu’en cas de victoire dans un combat de faille, vous obtiendrez des récompenses particulières comme un objet permettant d’améliorer le niveau Dynamax d’un de vos Pokémon (et donc ses statistiques lorsqu’il est sous cette forme), mais aussi des objets donnant directement de l’expérience à vos créatures, et surtout des DT. Si les CT peuvent être utilisées sans limite, les DT sont à usage unique, contiennent quelques attaques fort utiles (comme Psyko, par exemple) et rappellent donc une époque révolue de la saga tout en dévoilant l’intérêt de ces combats qui apportent des bonus d’expériences et d’objets non négligeables. Au delà de l’affrontement qui permet d’apporter un soupçon de coopération en multijoueur (facultative de surcroît), c’est donc davantage l’écosystème autour des failles et des terres sauvages qui s’avère intéressant en offrant un terrain de jeu propice à l’implantation d’évènements et d’une dose d’aléatoire qui sied très bien à la série. Avec encore un peu plus de contenu et d’idées, nous ne serions pas étonnés qu’une version encore plus aboutie des terres sauvages vienne s’inviter de nouveau dans la série d’ici quelques années.
L’accessibilité au détriment du défi
Plus anecdotiques sur le papier, quelques autres nouveautés d'Épée et Bouclier méritent ici d‘être abordées. On pense dans un premier lieu à la possibilité d’apporter des modifications visuelles à votre carte de dresseur, qui peut également changer d’allure selon l'apparence de votre dresseur, encore une fois personnalisable grâce aux boutiques de vêtements et autres coiffeurs accessibles dans tout Galar. Ce système de carte vient aussi s’implanter dans les fonctionnalités online du titre, que nous n’avons ici pas pu tester pour d’évidentes raisons liées à l’absence de serveurs. Notez tout de même qu’une simple pression sur la touche Y vous permet à tout moment d’accéder au menu du COMM-Y offrant plusieurs possibilités : échange réseau, échange magique, échange cartes, combat réseau, profil et sticker. Plus globalement, le titre a cherché à soigner son accessibilité via plusieurs décisions, pas toujours heureuses : l’existence des missions du Poké Service fait partie des idées intéressantes puisqu’elle vous permet d’envoyer les Pokémon inutilisés de vos boîtes en mission afin de rapporter des objets, de l’argent et surtout de l’expérience pour les monstres concernés.
Il ne s’agit évidemment pas du seul choix heureux. Citons pêle-mêle la possibilité d’accéder aux boîtes PC à tout moment, le système de déplacement rapide accessible en permanence, ou encore la centralisation de la boutique et du système de rappel de capacité au sein même des centres Pokémon. Mais en voulant se montrer accessible à tout prix, Pokémon Épée et Bouclier perd aussi un peu d’intérêt sur d’autres points. Il n’est par exemple plus possible de désactiver le partage systématique d’expérience, les zones reliant les villes sont très linéaires et s’explorent rapidement et facilement, de nombreux personnages soignent régulièrement votre équipe dès qu’un ou deux combats plus difficiles s’enchaînent… Si tous ces points ne datent pas forcément de ces épisodes en particulier, Épée et Bouclier manquent énormément de challenge, y compris sur les séquences de fin de jeu. Un public plus jeune ou tout simplement néophyte y trouvera sans doute son compte, mais pour les habitués, il faudra une nouvelle fois compter sur d’autres alternatives : la “Shasse”, l’optimisation statistique des créatures et pourquoi pas la compétition.
Belle île en mer
Le passage sur Nintendo Switch s’accompagne forcément de nouveautés graphiques importantes. Sur ce point, Pokémon Épée et Bouclier offre quelques belles surprises, tout en témoignant d’une marge de progression réelle au regard du potentiel technique de la Switch. Il convient tout d’abord de saluer la partie artistique du titre : qu’elle concerne les nouveaux Pokémon, revenus à des designs et des combinaisons de couleurs plus simples et naturels (même si les versions galariennes des anciens Pokémon nous ont moins séduit), ou les environnements urbains et ruraux, tous très reconnaissables et uniques quels que soient les biomes concernés, il faut reconnaître que Game Freak a su nous offrir un cadre visuel réussi. Un point appuyé par l’arrivée de quelques efforts de réalisation d’une part, offrant davantage de variation de plans selon la route ou la région explorée - les terres sauvages offrent quant à elles une caméra libre à orienter avec le stick droit - mais aussi de nouvelles animations dans les cutscenes pour les personnages principaux, qui participent à leur caractérisation réussie déjà évoquée plus tôt dans ce test. L’interface sobre et plus moderne fonctionne également très bien, avec un seul petit bémol sur l’absence de touche directe pour accéder à la carte, auquel nous accédons via une pression sur X suivie de la touche +. Un choix étonnant quand en jeu, les touches - et + servent toutes les deux de raccourci pour accéder à la bicyclette. La possibilité de jouer à un seul Joystick aurait pu expliquer ce choix, sauf que le jeu ne permet pas de jouer dans cette configuration.
Quelques textures plus grossières s’invitent dans les terres sauvages, qui tout en invitant à l’exploration grâce à un champ de vision élargi semblent davantage à l’étroit techniquement sur la machine. Le clipping, via l’apparition de Pokémon et de personnages est d’ailleurs très présent et gêne soit l’immersion, soit plus occasionnellement la lisibilité en déclenchant un combat de manière impromptue si vous passez trop vite à vélo dans les terres sauvages. Enfin, si en mode portable le titre s’avère très lisible et appréciable, l’aliasing est bien plus perceptible en mode docké. Un dernier mot s’impose aussi sur les animations, qui n’ont pas manqué d’alimenter la grogne de certains fans lors des semaines qui ont précédé la sortie du jeu. La réutilisation d’anciens éléments est effectivement perceptible et donne un caractère plus old-school aux animations, mais entre les effets visuels colorés et la palette de caméras assurant un certain dynamisme, Game Freak parvient régulièrement à masquer cette carence avec un certain doigté.
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Points forts
- Les nouveaux Pokémon, aux designs simples et réussis
- La dernière partie du jeu, globalement plaisante
- Chasser dans les terres sauvages
- Plus d’efforts dans la réalisation
- Chara design convaincant
- Une belle réussite artistique
- Le Dynamax, une nouveauté bien exploitée...
Points faibles
- … Contrairement au Poké Camping, ludiquement limité
- Le clipping, très présent, et l’aliasing (en mode docké)
- Manque d’innovation dans la structure, tout de même
- Pas de raccourci de touche direct vers la map
- L’absence de difficulté dans l’aventure
Pokémon Épée / Bouclier s'offre quelques nouveautés fort appréciables. Son monde artistiquement magnifique, son travail plus prononcé sur la réalisation, mais aussi sa nouvelle génération de Pokémon ainsi que plusieurs ajouts comme la présence d'une dernière partie légèrement remaniée vis-à-vis des précédents en font un opus convaincant. Sa structure encore très classique, son absence globale de difficulté et ses carences au niveau technique - aliasing en mode docké, clipping - l’empêchent toutefois de prétendre au statut d'incontournable. Le modèle des terres sauvages et des failles qui y sont présentes amène cependant une vraie bonne idée au potentiel certain pour la suite de la série, que l'on espère donc voir revenir sur de prochains épisodes Switch.