Annoncé en septembre 2017 lors de la Keynote Apple, Sky : Children of the Light est le tout nouveau jeu de thatgamecompany, les créateurs de flOw, Flower et du plus "récent" Journey sorti en 2012. Depuis cette date, le studio de Jenova Chen s’est montré plutôt discret, laissant échapper certains de ses talents vers d’autres projets externes tels qu'Abzu. Sky : Children of Light a de quoi surprendre au premier abord : free-to-play, très inspiré par les précédents travaux du studio, le titre a pris son premier envol sur iOS afin de nous proposer une expérience planante, pleine de mystères et résolument tournée vers les interactions sociales entre les joueurs.
Un voyage social
Quelques minutes suffisent à savoir que l’on pose les doigts sur une expérience imaginée par thatgamecompany. Sa patte artistique rappelle de suite celle de Journey, tout comme la fluidité de ses déplacements ou sa bande-son onirique. Mais plus qu’une simple balade émotionnelle, Sky : Children of the Light est avant tout un jeu, avec des objectifs, des secrets à dénicher et un système de progression invitant le joueur à s’aventurer toujours plus loin dans ses différents niveaux. Le titre embrasse avec fougue sa composante multijoueur et propose une série d’interactions originales et positives, aussi intelligentes que discrètes pour quiconque souhaiterait vivre ce périple aérien aussi bien à plusieurs qu'en solitaire.
Souvenez-vous de ces silhouettes inconnues croisées au fil de vos glissades dans Journey. D’autres joueurs anonymes qui, comme vous, partageaient l’espace d’un moment un bout de chemin sans un surplus d’informations sur l’identité de son binôme. Résumée à quelques interactions basiques comme de petites mélodies ou le langage implicite du mouvement, il n’en fallait pourtant pas plus pour en dire beaucoup et créer une véritable connexion, éphémère certes, entre deux inconnus. Sky reprend à son compte cette idée et la place en fer de lance de son concept. Vous allez croiser des dizaines d’autres joueurs durant vos explorations et communiquer avec eux aux moyens de petites mélodies, d’emotes, de cadeaux, voire de dialogues bien plus directs en vous asseyant en duo sur un banc pour échanger librement par écrit.
La somme de ces échanges créée assez vite un sentiment d’empathie de tous les instants, une atmosphère positive où l’entraide est favorisée par de multiples récompenses. Jusqu’à huit joueurs peuvent se regrouper de manière spontanée dans l’idée de s’entraider ; il suffit de s’approcher d’un autre personnage et d’appuyer dessus pour choisir de le suivre automatiquement. Loin d’avoir la désagréable sensation de traîner un boulet derrière soi, on prend plaisir à venir en aide aux autres tant la coopération est plaisante et utile dans certaines situations.
L'exploration récompensée
Mais au fait, on fait quoi dans Sky : Children of the Light ? Le joueur incarne ici un enfant de la lumière, un petit être nimbé de clarté avec une cape sur le dos. Cette dernière fait écho à l’écharpe de Journey puisqu’elle permet de prendre son envol dans les cieux. Mais la liberté de mouvement est ici bien plus importante que dans le précédent jeu du studio. Votre quête consiste à restaurer la lumière au travers des sept royaumes oniriques de ce pays flottant dans les cieux. Chaque zone, distinguée de la précédente par une ambiance visuelle unique et captivante, est séparée des autres mondes par une épaisse mer de nuages à parcourir avec la grâce d’un oiseau. On se sent pousser des ailes dès les premières minutes de l’aventure grâce à une prise en main simple et intuitive pensée pour les contrôles tactiles. Le pouce gauche émule un stick virtuel tandis que le droit sert à faire pivoter la caméra ou à interagir avec l’environnement.
D’apparence basique et sans grand challenge, notre exploration de ces landes magiques a pour but de retrouver la trace des esprits ancêtres perdus dans les ténèbres afin de les conduire vers différentes constellations où ils pourront trouver la paix. Cette quête fait peu à peu progresser une barre d’objectifs où chaque étape débloque de nouvelles récompenses comme des emotes, des options de personnalisation ou de nouvelles mélodies d’interactions sociales. En tant qu’être de lumière, vous aurez la possibilité de réactiver certains flambeaux sur votre route ou encore de collecter des bougies nécessaires à l’amélioration de vos capacités de déplacement. Une barre d’énergie lumineuse, située en haut de l’écran représente à la fois votre jauge de santé ainsi que votre aptitude à voler durant un temps limité. Les phases de plateforme sont ainsi soumises à la bonne gestion de cette ressource qui se recharge dès que le personnage s’approche d’une source de lumière ou de tout être nimbé de clarté. Certains niveaux, comme la forêt ancienne, sont plongés dans les ombres et obligent donc le joueur à planifier au mieux ses déplacements pour atteindre des zones plus dérobées.
Et c’est ici que Sky : Children of the Light surprend le plus, dans cette capacité à se montrer bien plus profond qu’il n’y paraît au premier coup d’œil. Car s’il est possible de terminer l’aventure sans trop se soucier de ses à-côtés en un peu plus de quatre heures, une telle approche vous privera de l’élément le plus intéressant du titre : l’exploration et la découverte de secrets. Allumer des brasiers, retrouver des étoiles, faire sonner des cloches, ces multiples interactions parsemées au fil des mondes confèrent au joueur des possibilités accrues de déplacement et d’interactions avec ses semblables. Tout ne s’offre pas dès les premiers pas dans un environnement, certains éléments sont cachés avec soin, d’autres nécessitent des séquences plus avancées de plateforme et certains requièrent la coopération de deux joueurs pour dévoiler leurs mystères. Ne vous attendez néanmoins pas à des énigmes de haute volée, la plupart demandent simplement d’allumer des interrupteurs ou de collecter un nombre donné d’esprits dans les niveaux. Il en résulte toutefois un agréable sentiment de progression, jamais forcé où artificiellement bridé par des mécaniques restrictives propres à de nombreuses expériences free-to-play sur mobile.
Et oui, Sky : Children of the Light reste bel et bien un jeu à télécharger gratuitement sur iOS. On pourrait alors redouter un modèle de progression limité par divers paywalls. Et pourtant, nous avons parcouru l’intégralité du titre sans ressentir un instant le besoin de faire chauffer la carte bleue afin d'accélérer notre progression. Le jeu contient des microtransactions sous la forme d’achat de bougies et autres pass d’aventure permettant de débloquer des récompenses exclusives. Ces monnaies sont, pour la plupart, identiques à celles que le joueur récolte au fil du jeu. Elles servent à personnaliser divers aspects de son apparence comme sa cape, sa coupe de cheveux, son visage ou encore obtenir de nouvelles emotes. Le cashshop n’est donc pas intrusif et ne favorise en rien les acheteurs par rapport aux joueurs free-to-play.
Beau, gratuit et généreux
Après chaque fin de niveau ou déconnexion, le joueur retourne dans une sorte de HUB central doté plusieurs lieux d’interactions sociales et de portails directs vers les mondes qu’il a déjà visité. Si, tout est pensé pour une simplicité d’utilisation totale, le titre éprouve parfois les limites de son support mobile. Les graphismes bénéficient d’un rendu admirable pour le support : colorés, éclairés et animés avec un grand soin, c’est un véritable successeur spirituel de Journey qui s’offre à nos yeux avec ces mêmes séquences de glissades somptueuses dans des décors grandioses pleins de poésie à l’allure de tableaux vivants. Le titre n’aura aucun mal à se montrer crédible au moment de sa sortie sur consoles et PC (comme annoncé cette semaine par le studio), support où il devrait moins souffrir des quelques chutes de framerate rencontrées sur notre Ipad de 2018.
L’autre écueil de son support mobile concerne ses contrôles, certes simples et intuitifs, mais peu adaptés aux séquences de déplacement où un minium de précision est requis. Si nous aurions apprécié un support des manettes afin de profiter au mieux de l’expérience, le challenge "casual" proposé par l’aventure ne souffre pas outre mesure de ce manque de maniabilité. Un mot enfin sur la bande-son du jeu composée par Vincent Diamante, un artiste déjà à l’œuvre sur Flower, qui nous régale de symphonies captivantes, toujours adaptées à la magie du moment.
Points forts
- De splendides environnements à visiter
- Un charme de tous les instants
- Les interactions entre joueurs, au cœur de l'expérience
- Un vrai sens de la progression
- Bande-son qui complète à merveille le tableau
- Microtransactions non-intrusives et totalement optionnelles
Points faibles
- Contrôles tactiles parfois imprécis
- Énigmes basiques
- Pas toujours très fluide
Beau comme un tableau et touchant comme un Journey, Sky : Children of the Light transforme les précédentes expériences de thatgamecompany en un superbe voyage tourné vers les interactions sociales. Plus profond qu’il n’y paraît et pourtant diablement intuitif, il nous emporte avec lui au gré d’un périple relaxant où la découverte de mystères et les échanges avec des inconnus seront la plus belle de vos motivations. S’il semble parfois à l’étroit sur son support mobile de lancement, notamment en matière de précisions dans ses contrôles, Sky : Children of the Light s’élève sans difficulté au rang des très bonnes surprises free-to-play de cette année 2019.