Jon Landau, producteur du film Avatar et Yannis Mallat, président directeur général d'Ubisoft Montréal nous parlent du projet assez énorme qu'est Avatar :
J'ai tout de suite été séduit par ce projet de long métrage. Lorsque j'ai rencontré James pour la première fois, j'étais fasciné par les films qu'il avait réalisés auparavant. James réalise des films dont les thèmes sont plus importants que le genre même de ses films. Quand nous avons produit ensemble Titanic, ce n'était pas une histoire à propos d'un bateau qui coule, mais plutôt de thèmes émotionnels forts. Il en va de même pour Avatar. Ce n'est pas un film sur l'univers de Pandora, mais un parcours initiatique auquel Sam nous convie au travers de Jake le personnage qu'il incarne à l'écran.
Nous avons choisi Ubisoft parce qu'ils ont partagé notre vision du film et de son univers. Lorsqu'ils sont revenus nous voir pour exposer leur projet après le premier rendez-vous, ils nous ont parlé de choix, le genre de choix que l'on fait dans notre vie et qui nous définit en tant qu'individu. Et c'est exactement le thème du film. Ils avaient la volonté d'incorporer cet aspect dans le jeu vidéo. Et si vous regardez les jeux produits par le studio d'Ubisoft Montréal, chacun d'entre eux a repoussé les limites du précédent. Ils ne voulaient pas faire le jeu tiré du film, mais plutôt un jeu qui prenne place dans l'univers du long métrage. Ils voulaient s'accaparer l'univers comme si c'était leur propre licence et concevoir des aventures inédites qui seraient en mesure d'accoucher de la meilleure expérience de jeu possible.
Je suis un gamer, et je l'ai toujours été. J'étais déjà un gamer lorsqu'il fallait se rendre dans des salles d'arcades pour jouer. J'ai aussi connu le lancement de la première console de salon. J'ai joué sur un tas de plates-formes différentes et puis j'ai aujourd'hui deux garçons qui sont tous deux amateurs de jeux vidéo.
Le développement du jeu a été une expérience de réelle collaboration. Ca ne s'est pas fait sur le mode classique de la validation des éléments envoyés de temps à autres. Nous nous sommes rencontrés très souvent que ce soit à Montréal ou à Los Angeles pour essayer le jeu avec James Cameron. C'est seulement en procédant de cette manière que l'on pouvait apporter une bonne contribution et aider les équipes d'Ubisoft à mettre sur pied la meilleure expérience de jeu. Je n'ai pas joué au jeu du début à la fin, mais j'y ai quand même joué pas mal.
Avatar a pris une place assez importante par rapport à l'effort de développement. C'est comparable à nos plus gros jeux. Notamment si l'on considère les efforts spécifiques qui ont été mis sur les différentes plates-formes. Par exemple, la Wii a son propre gameplay, sa propre histoire, ce n'est pas un portage rapide de la version Next Gen. De la même manière, la version DS est entièrement autonome au niveau histoire, gameplay, intrigue, développement etc... c'est un effort considérable qui marque le sérieux avec lequel Ubisoft a géré ce projet-là. On a pu bénéficier évidemment des développements technologiques arrivés à maturité lors des projets précédents, c'est ce qui a permis de gagner en vitesse sur ce projet.
On porte beaucoup d'intérêt envers le cinéma pour plusieurs raisons. La première est que le cinéma dispose de techniques et de façons de faire qu'il est très important pour nous d'apprendre. Le média des jeux vidéo évolue et va évoluer tout le temps. Va-t-il se rapprocher d'un média tel que le film, je ne sais pas. Je pense que le jeu doit rester un jeu, ça c'est sûr et certain. Il y a l'interactivité qui doit rester au cœur de ce média-là pour toujours, par contre, nous devons apprendre encore plus sur le savoir-faire narratif, le savoir-faire scénaristique et de réalisation. Le savoir-faire en termes de pose de personnages. A ce niveau-là, on en est encore à l'adolescence de notre média. Le cinéma existe depuis 150 ans alors que le jeu vidéo n'est là que depuis 20 ans. On doit rattraper ce retard et c'est le but des prochaines étapes de développement.
A chaque fois que nous aurons la possibilité de faire avancer notre industrie, nous saisirons l'opportunité de nous associer avec des partenaires de renom comme James Cameron ou Steven Spielberg. On n'en fait pas forcément une règle, mais lorsqu'il y a un intérêt pour nous de faire de meilleurs jeux et de faire avancer l'industrie, nous répondrons présents.