Véritable jeu dans le jeu, le Gwent (ou Gwynt en version française) avait remplacé l’emblématique poker aux dés dans le troisième volet de la saga The Witcher. Simple à comprendre, mais finalement doté d'assez de profondeur pour captiver l’attention des joueurs sur le long terme, la question d’une adaptation vidéoludique à part entière est très probablement passée par la tête de nombreux joueurs lors de la sortie de The Witcher 3. Alors qu’Hearthstone a popularisé le genre auprès d’un large public, les Polonais de CD Projekt RED abattent enfin la carte d’une version standalone du Gwent. Nous avons pu nous y frotter pour la toute première fois lors de l’E3 2016 afin de vous livrer cet aperçu.
Gwent : The Witcher card game n’est pas une simple adaptation paresseuse du jeu de cartes de l’univers de The Witcher 3. Derrière ce projet en apparence secondaire, CD Projekt RED indique avoir mis en œuvre la même exigence de qualité que pour chacun de ses autres projets, celle-là même qui a participé à bâtir sa renommée au fil des années. Mode compétitif en ligne, escarmouches, mode joueur contre IA, collection de cartes, construction personnalisée de decks, les classiques du genre sont ici accompagnés d’une grosse cerise sur le gâteau, qui prend la forme d'un mode campagne solo où chaque arc scénaristique entend bien embarquer le joueur dans une aventure de plus d’une dizaine d’heures de jeu !
Bande-annonce de Gwent : The Witcher Card Game
Tous les chemins mènent aux cartes
Première bonne nouvelle, le titre se basera sur un modèle free-to-play à la fois sur PC, PS4 et Xbox One. Les développeurs tiennent à rassurer les joueurs : hors de question pour le studio polonais de ternir sa réputation en incluant quelconque élément pay-to-win dans l’expérience. C’est bien simple, en mode multijoueur compétitif, tout le monde bénéficiera dès le départ de l’ensemble des cartes des cinq factions du jeu. Le volet transaction interviendra du côté des différentes campagnes solo, dont l’accès aux futurs scénarios sera très probablement payant. Quoi qu’il en soit, les cartes récoltées en mode campagne n’interviendront jamais en mode JcJ, une façon de garantir à tout le monde une totale équité lors des parties en ligne.
Dans la mission présentée lors de notre rencontre avec les développeurs, notre ami Geralt de Riv se voit embarqué dans l’escorte d’une troupe de mercenaires eux-mêmes chargés de protéger la fille d’un riche noble. S’il reste avant tout un jeu de cartes, Gwent n’en oublie pas d’offrir au joueur la possibilité d’influer sur le cours des choses en fonction de ses décisions lors des dialogues ou de la route qu’il décidera d’emprunter. De nos choix dépendra la survie de certains personnages ou encore l’obtention de cartes spécifiques. Après une cinématique en mode artworks animés, nous découvrons la carte du mode campagne avec sa vue du dessus permettant de contrôler les déplacements d'un sorceleur miniature. Sur la route de la mission principale ou hors des sentiers battus pour dénicher des objectifs secondaires, nous sommes libres d'explorer les moindres recoins de la zone visitée. Ne pas se cantonner au chemin préétabli ouvre ainsi plusieurs opportunités de gain de nouvelles cartes lors d’un dialogue avec un PNJ, ou au hasard d’un combat.
Dès les premières minutes de jeu, l’effort d’immersion est notable et se traduit par le doublage intégral de toutes les phases de dialogue. Le style visuel des personnages et des environnements fait directement écho à celui des comics ou des cinématiques en mode dessin de la saga The Witcher. Si le public ne pourra s’empêcher de comparer Gwent à un certain HearthStone, le scénariste Mateusz Tomaszkiewicz nous fait savoir que le projet vise finalement un tout autre genre, celui du jeu de cartes stratégique fortement emprunt d’éléments RPG. Les différentes campagnes du jeu ne pointeront pas toujours les projecteurs sur Geralt de Riv, elles seront l’occasion d’incarner une vaste galerie de personnages allant des magiciennes aux méchants emblématiques des jeux et des romans.
Tu bluffes Martoni !
Nous avons ensuite rejoint la taverne pour tester le mode affrontement multijoueur. Si l’essence même du jeu reste dans l'ensemble inchangée, de nombreuses améliorations enrichissent l'expérience Gwent. Le plateau de jeu bénéficie par exemple d’une refonte visuelle avancée, chargée de le rendre plus vivant que jamais ; les cartes exposent ainsi leurs nouvelles illustrations à la patte artistique très réussie dans un cadre où leurs effets de capacités spéciales se matérialisent avec plus de panache que dans la version intégrée à The Witcher 3. Non sans une certaine ironie, le directeur du projet déclare à ce sujet : « Vous avez apprécié le Gwynt que nous avons développé en trois semaines dans The Witcher 3, attendez-vous maintenant à découvrir celui sur lequel nous avons passé des mois ! ». Une période de développement qui aura sans doute permis d’accoucher d’un gros travail d’équilibrage des unités afin de rendre chaque faction viable. Skellige, les Royaumes du Nord, Nilfgaard, la Scoia’tael et les monstres s’affrontent ici dans des rencontres articulées en trois manches où le bluff sera souvent bien plus important que la puissance effective des cartes en votre possession.
Les règles de base restent, pour la plupart, inchangées dans Gwent. Au début de chaque tour, chaque joueur est invité à modifier trois cartes de sa main de départ si ces dernières ne lui conviennent pas ; il place ensuite ses différentes unités sur les fameuses trois rangées du plateau : les engins de siège en dernière ligne, les attaquants à distance au centre et les cartes au corps-à-corps en tête de cortège. Le but du jeu est tout simple : remporter deux manches sur trois en cumulant plus de points d’attaque que son adversaire au moment où vous décidez de passer votre tour. Il est donc important de savoir économiser ses forces en se couchant volontairement lors d’un tour pour mieux surprendre son adversaire ensuite. Notre session victorieuse nous aura exposé de solides bases pour le jeu, avec des effets visuels plus nombreux à l’écran, agrémentés d’un habillage sonore particulièrement convaincant. Les illustrations des cartes se déclinent parfois en version « premium » et troquent leur design fixe contre des animations plus travaillées, chargées de retranscrire le côté « rare » de l’unité. On ignore toutefois si ces cartes à l’aspect visuel spécial seront accessibles via des transactions dans la boutique ou à récupérer lors des différentes campagnes du jeu.
En attendant, les inscriptions à la bêta fermée sur PC et Xbox One sont d'ores et déjà ouvertes sur le site officiel du jeu. Notez que la campagne solo ne sera pas disponible au lancement de la bêta. Les phases de test se lanceront un peu plus tard sur PS4. Reste maintenant la question d’une sortie sur plateformes mobiles, une étape que CD Projekt RED indique envisager après la sortie du jeu sur ses supports de lancement.
→ Tous nos aperçus E3 2016
Tout dans le Gwent de The Witcher prédestinait CD Projekt RED à se pencher un jour ou l’autre sur une sortie en mode standalone de leur jeu de cartes. Avec ses règles simples à comprendre et son gameplay tourné vers le bluff, le passe-temps secondaire de l’univers du sorceleur devient aujourd'hui un jeu à part entière. Agrémenté de sa refonte visuelle, de son modèle free-to-play équitable et de son mode campagne solo à la durée de vie velue, Gwent The Witcher Card Game nous aura laissé une excellente première impression lors de cet E3 2016. Preuve en est que le studio polonais n'en a pas terminé avec son sorceleur fétiche !