Dallas, QuakeCon 2015 : face à un parterre de fans équipés d'un masque de Vault Boy aussi iconique que « creepy », Todd Howard, le producteur de Fallout 4, présente une longue séquence de gameplay inédit et dévoile quelques nouvelles infos sur le prochain volet de la saga post-apo de Bethesda. On était sur place et voici nos impressions sur ces nouveautés.

Nous avons assisté à une nouvelle présentation bien rythmée s'il en est avec une progression plutôt intelligente dans le dévoilement des quelques nouvelles informations rendues disponibles par le studio. Abordons tout de suite Fallout Shelter, l'une des surprises de l'E3 2015 au succès aussi fulgurant que prévisible. Sorti uniquement sur iOS, le soft trouve enfin une date de sortie sur Android, le 13 août prochain, une nouvelle acclamée par un public en grande partie possesseur de smartphones Android dans la salle.

La mise à disposition de cette version s'accompagnera d'une mise à jour pour les deux supports, ajoutant quelques nouvelles rencontres dans l'abri, notamment avec des Griffemorts ou des rataupes. Le joueur pourra aussi désormais récupérer Mister Handy pour l'aider dans son labeur quotidien, le robot est en effet capable de récolter automatiquement les productions de l'abri, de partir explorer les Terres Désolées en quête de matériaux, voire même d'intervenir pour se battre ou éteindre les incendies. Avec plus de 70 millions de téléchargements sur appareils Apple, Fallout Shelter est loin d'avoir terminé sa course au succès avec cette prochaine sortie.

Une histoire de capacité

Fallout 4 s'est ensuite présenté à travers un personnage très important pour ce nouveau volet, le chien Dog Meat et ses multiples interactions avec le monde. Grâce à un reportage tourné en interne dans les studios, nous apprenons que son modèle n'est autre que River, le berger allemand du lead designer de l'équipe, un animal souvent présent dans les locaux de Bethesda et dont les développeurs ont capté l'essence des mouvements et des comportements typiques du chien afin de conférer à son modèle le plus de réalisme possible. On savait déjà que le compagnon pouvait aller ramasser divers objets pour le joueur ou, mieux encore, intervenir en combat avec quelques coups de crocs bien sentis dans la trachée des ennemis tombés à terre.

Héros et Dog Meat forment un duo soudé par l'amitié et la survie

Cette capacité s'acquiert d'ailleurs via le nouveau système de perks de Fallout 4, aussi graphique que tentaculaire : le menu S.P.E.C.I.A.L . Le joueur disposera en effet de 70 capacités, chacune pouvant évoluer sur différents niveaux (pour un total de 275 points à investir). Je dis graphique, car la représentation de ces talents passe par une interface originale quelque peu similaire à la représentation visuelle de l'abri de Fallout Shelter où chaque case met en scène un Vault Boy associé à une capacité. Le côté décalé, cynique et trash du personnage est d'ailleurs mis en avant grâce à des animations sanglantes à souhait. On aime et le public aussi à en juger par la quantité d'applaudissements dans la salle.

De leur côté, les statistiques du personnage influeront toujours sur ces possibilités d'action. La force par exemple, présentée au moyen d'un court métrage animé permettra, ô surprise, de transporter plus d'équipement et de frapper plus fort au corps-à-corps. Fallout 4 poursuit donc son héritage, les habitués ne seront pas dépaysés pour un sou. On note tout de même la volonté de Bethesda de rendre l'utilisation du Pip-Boy plus réaliste. Cela passe déjà par sa modélisation sur l'avant-bras du personnage bien plus poussée qu'auparavant et par ses multiples usages en jeu et IRL via l'introduction d'une application Android et iOS que l'on imagine directement connectée avec le jeu. Détail important mis en avant par les différents moments de gameplay : utiliser le Pip-Boy en combat mettra l'action en pause, une décision pas forcément des plus immersive pour le joueur mais rendue nécessaire par les options offertes par l'appareil. Le héros pourra en effet changer d'arme à la volée via l'interface de l'objet en naviguant dans une vaste liste d'armes à disposition (dont la quantité dépendra bien sûr de sa statistique de force, vous l'aurez compris).

I'm a Fat Man (Ski Ba Bop Ba Dop Bop)

On aura d'ailleurs pu constater que l'arsenal s'annonce assez varié avec des armes à la fois classiques, futuristes, parfois steampunk, toutes dotées de cet aspect rafistolé propre à la saga. Le gameplay débutait par exemple par l'utilisation d'un fusil mitrailleur à l'aspect métallique bricolé au fond d'un garage avant d’enchaîner sur des outils de destruction plus violents comme les fameux fusils plasma, ou des armes laser rechargées à l'ancienne en tournant une manivelle. A gros ennemis, gros moyens, les différents lance-roquettes ont aussi été présentés avant d'introduire le fameux Fat Man et ses dévastatrices ogives nucléaires balancées à la tronche de groupe de psychos ennemis ou de super-mutants Behemot en colère. On espère grandement que le panel d'armes sera plus étoffé que dans Fallout 3. Bethesda en est conscient et sa réponse prend forme par l'introduction du système de craft et de customisation des armes capable d'engendrer une foule d'outils de mort insolites. Bruitages et effets visuels sont hyper convaincants même si le gameplay semble toujours avoir les feses coincées entre deux chaises, le côté FPS d'un côté et le mode plus RPG du VATS de l'autre, je demande à voir comment le tout fonctionnera dans l'action ici.

Ça va faire mal !

Héros solitaire recherche compagnons pour romances multiples

L'âme de Fallout réside aussi dans les multiples compagnons d'infortune intervenant au fil de l'histoire. La saga mise ici sur un travail plus approfondi de leurs différentes personnalités. La QuakeCon a été l'occasion d'en découvrir deux nouveaux : Preston Garvey, qui dirige la faction des Commonwealth Minutemen à Concord dans le Massachusetts, et Piper, que l'on croisera aux abords de Diamond City dans un complexe construit sur les ruines du Fenway Park, le stade des Red Sox de Boston. Tous deux ont d'ailleurs été modélisé par motion capture afin de leur donner plus d'intensité et de conviction dans les échanges. On sent tout de même les limitations du moteur graphique du titre, les visages sont certes correctement modélisés, mais on reste loin du rendu des jeux de nouvelle génération. Fallout compte donc s'appuyer sur son écriture pour faire vivre cette galerie de personnages avec lesquels il sera possible d'entretenir des romances indépendamment du sexe du personnage (on exclut bien sûr Mr Handy et Dog Meat pour des raisons évidentes... hum). Une douzaine de compagnons seront disponibles, mais le joueur peut choisir de les laisser de côté s'il souhaite jouer un scénario plutôt solitaire.

Fallout 4 compte aussi jouer la carte du souci du détail, preuve en est la foule de dessins préparatoires montrés lors de cette nouvelle présentation. « On est en train de parler de choses épiques et je vous montre les plans d'une salle de bain » ironise Todd Howard sur scène. Mais la chose n'est pas si anecdotique, Fallout 4 entend bien proposer un monde vaste aux influences années 50 revendiquées. Il en résulte cette variété des décors que le public a déjà aperçus lors de l'E3 2015, des environnements certes toujours ruinés par la catastrophe nucléaire, mais dont on imagine aisément le passé glorieux et coloré. Le titre de Bethesda revendique cette touche kitsch issue des années 50 où le monde, en pleine renaissance industrielle, cherchait dans la couleur et les designs rondelets une forme d'optimisme d'après-guerre nécessaire à la reconstruction d'une société. Que dire alors des fans se plaignant de la perte d'ambiance post-apo poussiéreuse et quasi monochromatique de la franchise ? C'est oublier que depuis le second épisode, Fallout n'est plus un univers post-apo mais bel et bien une franchise post post-apo, un monde ruiné mais en reconstruction depuis plusieurs années déjà. On attend donc le jeu au tournant en espérant que les environnements distillent à leur manière un charme rouillé, désuet et finalement plein de nostalgie.