Ils ont du courage, 2K. Après un Evolve en demi-teinte, accompagné de reviews peu emballées et d'un accueil plutôt tiède de la part du public, ils remettent le couvert avec un nouveau FPS coop, développé par les papas de Borderlands. Alors cette fois-ci, a-t-on en face de nous le futur du genre, celui qui rassemblera de nombreux joueurs pour les années à venir ? Eh bien... peut-être.
Evolve a beau s'être vendu correctement, le public n'a pas paru particulièrement emballé, et on doute que le jeu de chasse aux monstres de Turtle Rock Studios soit le nouveau Left 4 Dead que certains espéraient nous vendre. Et si vous avez été déçu, pas de problème, 2K a encore quelque chose à vous proposer, même si, curieusement, la communication sur ce nouveau titre de Gearbox (la série Borderlands) a été plutôt discrète. En tout cas jusqu'à présent. A l'approche de l'E3 2015, la presse a eu la possibilité de s'essayer à Battleborn, et ce premier contact a de quoi faire rêver les amateurs de jeux qui font pan-pan à plusieurs. Ô joie.
La Ligue des Héros
De l'aveu même de son game director, Battleborn est basé sur une volonté particulière : mettre en scène des héros dignes des films Marvel, à la Avengers, et permettre au joueur de trouver celui qui lui convient, et de s'éclater avec sur le champ de bataille. La terminologie utilisée par les développeurs fait penser à League of Legends, Heroes of the Storm et autre DoTA 2, mais le titre de Gearbox n'est absolument pas un MOBA : c'est un FPS, auquel vous pourrez jouer seul ou en coopération, avec des amis ou via matchmaking.
Mais ces héros occupent une place de premier ordre dans le jeu. Gearbox s'est évertué à créer des personnages hauts en couleur, chacun disposant d'un look et de capacités uniques. Il y a Rath, un samurai vampire, utilisant des épées énergétiques, Thorn, une archère terrifiante, Oscar Mike, le space marine, Miko, un healer capable de lancer des poignards... Sur les 10 personnages que nous avons pu voir et essayer, il est presque impossible de ne pas trouver son bonheur, de trouver un personnage que l'on aime et que l'on utilisera à de nombreuses reprises. Bon point pour les développeurs qui, de ce point de vue-là, ont fait du très bon travail.
L'esprit d'équipe
Que ce soit avec l'ordinateur, des inconnus ou des amis, Battleborn se joue en coopération. Les personnages sont ainsi pensés et l'on réfléchit vite à quels personnages assortir dans la même équipe. Certains disposent d'une grosse force de frappe, tandis que d'autres priviligieront la guerre éclair, ou l'attaque à distance, le support... Si Gearbox travaille encore sur l'équilibre du jeu, on se rend compte que certaines associations sont beaucoup plus intéressantes que d'autres, à tel point que l'on craint un peu pour l'équilibre des combats à 5 contre 5. Néanmoins, il reste encore beaucoup de temps aux développeurs pour balancer tout ça.
Mais ce sont justement ces associations qui apportent un certain sel aux parties de Battleborn, qui déjà de base ne manquaient pas d'intérêt.
L'expérience de Gearbox
Gearbox, après avoir travaillé sur Halo (les portages PC des deux premiers jeux sont de leur fait) et surtout sur Borderlands, ne manque pas d'expérience en matière de shooter. En effet, les affrontements de Battleborn sont extrêmement dynamiques et le feeling avec les armes particulièrement bon.
Fait intéressant, certains personnages ont la possibilité d'effectuer un double saut, ou même de dasher dans les airs, apportant toujours plus de dynamisme aux combats et permettant d'appliquer des stratégies propres aux capacités particulières de certains personnages. Là encore, c'est bien vu, et on prend beaucoup de plaisir à contrôler et déplacer son héros. Notez que le teamplay sera particulièrement important pour venir à bout de certaines situations, et que chaque joueur devra connaître les capacités de son personnage sur le bout des doigts : pouvoir effectuer un double saut, par exemple, permet d'atteindre certaines zones du décor ou d'éviter de passer par certains endroits. Cela n'a l'air de rien mais il faut absolument le prendre en compte au moment de penser vos tactiques d'approche et de combat.
Chaque héros dispose de plusieurs pouvoirs, que l'on pourra faire évoluer à chaque partie, en fonction des points d'expérience engrangés. Vous voulez mettre l'emphase sur la défense ? C'est possible. Sur l'attaque ? Tout pareil. En conséquence de quoi, chaque partie devrait être plutôt différente, en fonction de ce que vous avez en face de vous et des personnages choisis par vos coéquipiers. On devrait éviter la redondance des parties de Evolve qui finissait par lasser, il faut bien l'avouer.
Les pouvoirs des personnages, que l'on déclenche très facilement, au clavier ou à la manette, sont tous très différents et on prend vite un malin plaisir à s'en servir contre les hordes d'ennemis que le jeu nous envoie à la figure. A ce petit jeu, Caldarius s'en sort particulièrement bien parce que chacun de ses pouvoirs est différent des autres, allant du gros coup d'épaule à l'attaque en piqué, infligeant de gros dégâts de zone.
De la richesse
Gearbox nous promet de nombreux modes de jeu. Lors de la présentation, nous n'avons pu voir que le mode Story, mais l'on devrait également avoir différents types de parties "versus" dans lesquelles il faudra affronter d'autres joueurs humains, dans des matches en équipes (pour l'instant le 1 contre 1 n'est pas au programme, et de toute manière les personnages ne sont pas pensés pour cela). Mais ce simple mode Story a de quoi séduire, même si l'on espère que les scénaristes sauront créer de nombreuses situations qui empêcheront là encore le sentiment de lassitude qui peut rapidement pointer le bout de son nez dans ce genre de jeux.
Battleborn dispose en outre d'un background qui devrait se dévoiler petit à petit, au fur et à mesure de vos parties. Dans l'univers de ce jeu, les êtres peuplant la galaxie se sont rendu compte que celle-ci disposait d'une date de péremption, et, au début du jeu, il n'existe plus qu'une seule étoile et les planètes gravitant autour. Nos héros vont donc devoir unir leurs forces et mettre de côté leurs différends pour empêcher la fin de toute vie dans la galaxie.
Malgré ce script apocalyptique et un brin convenu, Battleborn est bourré d'humour et les nombreux dialogues existant entre tel et tel personnage apportent beaucoup de vie au jeu, ce qui devrait d'ailleurs nous donner envie de changer de personnage de temps en temps, pour voir comment il réagira à une situation donnée.
Une esthétique soignée
Battleborn ne concourt certes pas pour le titre de plus beau jeu de l'année, mais il parvient tout de même à séduire, grâce à son cel shading très propre et à ses couleurs bien choisies. Les artistes de Gearbox ont su rester sobres tout en proposant des personnages et des décors détaillés et donnant au jeu une certaine identité.
Le niveau que nous avons parcouru, à base de blanc et de nuances de bleu, offrait une très bonne lisibilité de ce qui se passait à l'écran. On pouvait ainsi voir clairement quel coéquipier tirait, où se trouvaient les ennemis, etc. Un bon point donc, d'autant que le level design était à la hauteur, lui aussi.
Et à long terme ?
Dans l'immédiat c'est le seul point négatif que j'aurais à soulever concernant Battleborn. Si je me suis beaucoup amusé sur cette heure de jeu (et mes confrères également, je crois), j'ai tout de même plus de réserve sur le long terme. La partie aperçue en mode Story donnait surtout l'impression de devoir passer de pièce en pièce pour les vider de leurs monstres, sans enjeu particulier ; mais c'est un sentiment que j'ai déjà eu en jouant à Left 4 Dead (qui bénéficie d'une large communauté), et je ne doute pas que les conditions de test un peu particulières ont eu un impact, une influence sur ce ressenti.
Je le rappelle, je n'ai vu qu'une infime partie du jeu : le mode Story est divisé en plusieurs chapitres, et je n'ai fait que la moitié de l'un de ces chapitres ; il faut rajouter à cela le mode Versus, qui devrait attirer la plupart des joueurs, et les autres modes qu'on nous a promis. On espère donc que Battleborn saura se montrer intéressant même après une dizaine d'heures de jeu. Cela dépendra grandement de l'équilibrage des personnages, puisque si certaines combinaisons de personnages sont trop fortes, l'intérêt pour le titre en sera forcément impacté.
Battleborn, le trailer avant l'E3 2015
Pour l'instant, il est assez difficile de se prononcer sur Battleborn, dans la mesure où l'on a vu peu de choses du jeu. Néanmoins, ce premier aperçu a de quoi nous donner confiance en Gearbox et son projet. Dans l'immédiat, le titre est franchement amusant et laisse présager de nombreuses parties entre potes jusque tard dans la nuit. Il faudra tout de même améliorer l'équilibrage, et faire en sorte que les nombreuses missions et défis du jeu soient tous autant intéressants... Faute de quoi les joueurs se tourneront sans doute vers d'autres jeux, quitte à revenir vers l'immortel Left 4 Dead. Souhaitons bonne chance à Gearbox, qui tient entre ses mains un bien joli titre, que l'on espère revoir le plus abouti possible, au moment de sa sortie.