Forte d'une campagne Kickstarter couronnée de succès, la petite équipe de Pencil Test Studios travaille depuis près de deux ans sur le point and click Armikrog. Le nom du studio ne vous dit peut-être rien, mais il cache pourtant les talentueux créateurs de Earthworm Jim et du jeu d'aventure The Neverhood. Ce sont d'ailleurs les fans de The Neverhood qui ont massivement participé au Kickstarter séduit par la promesse de voir arriver un nouveau point and click réalisé en stop motion avec des personnages en pâte à modeler et toutes sortes de créatures en peluche.
Avant même de démarrer la partie, Mike Dietz (l'une des deux têtes pensantes du studio) m'invite à jeter un œil aux marionnettes qui servent dans la création du jeu. Faits de bric et de broc, les divers personnages sont pour la plupart bâtis autour d'un squelette métallique que les animateurs peuvent faire bouger pour être filmés image par image avec la plus grande des patiences. Contrairement à ce que le résultat laisse croire à l'écran, les modèles ne sont pas tous réalisés en pâte à modeler, mais en latex, un matériel suffisamment souple pour s'adapter aux diverses poses, mais également assez rigide pour donner une certaine consistance aux personnages. La pâte à modeler est toutefois utilisée pour certaines marionnettes, de même que d'autres matériaux divers et variés (fourrure, fils de fer et autres), ce qui donne au final une richesse visuelle très appréciable avec un "côté fait-main" très agréable. Bref, passé le petit moment coulisses, il est temps de découvrir le jeu.
Autant prévenir tout de suite, la version présentée était peu avancée et je n'ai pas pu voir beaucoup du jeu. Il s'agissait d'une version alpha truffée de bugs, et à laquelle il manquait pas mal de choses, dont la moitié de l'introduction. Qu'à cela ne tienne, elle permettait au moins de découvrir les prémices du jeu et d'apprécier la vision vers laquelle Pencil Test Studios souhaite se diriger.
S'il présente pas mal de similitudes artistiques avec The Neverhood, Armikrog n'a finalement pas grand-chose à voir avec lui. En effet, le nouveau titre présente un nouveau héros : Tommynaut, un astronaute qui s'écrase avec son compagnon canin Beak-Beak sur une planète inconnue. Accueillis par la mâchoire pleine de dents pointues d'une créature de la faune locale, Tommynaut et Beak-Beak trouvent refuge dans une immense tour abritant de nombreux secrets. Cette tour donne son nom au jeu : Armikrog.
Visuellement très marqué, Armikrog se paye aussi un univers sonore de qualité grâce à la participation de Terry Scott Taylor de retour à la baguette des années après avoir composé la musique de The Neverhood. Le casting réunit pour sa part quelques voix connues. Tommynaut est ainsi doublé par Michael J. Nelson (Mystery Science Theater 3000), Beak-Beak par Rob Paulsen (Les Animaniacs) et le grand méchant de l'histoire par John Heder (Napoleon Dynamite).
Totalement épuré de toute interface utilisateur, Armikrog joue la carte du minimalisme. L'équipe souhaite mettre en avant l'univers de jeu et opte du coup pour un simple curseur de souris, tout bête, même pas redesigné. Il n'y a pas d'inventaire non plus. Du moins, pas d'inventaire que l'on peut consulter à loisir ; Tommynaut stocke simplement les objets qu'il ramasse dans son ventre, et les utilise automatiquement si la situation le demande. En tant que joueur, il n'y a donc qu'à cliquer par-ci par-là pour se déplacer, récupérer les items, et déclencher des actions s'il y a bien quelque chose à faire à cet endroit. C'est simple, très simple même, mais cela a le mérite d'être clair et limpide. A priori ce minimalisme ne devrait pas perturber la difficulté générale de l'aventure, mais il est encore trop tôt pour l'affirmer.
A tout moment, il est possible de cliquer sur Beak-Beak pour diriger le chien et accéder à des sections inaccessibles à l'astronaute. Complètement aveugle, Beak-Beak ne perçoit pas son environnement de la même façon que son compagnon ; le jeu traduit cela en brouillant les environnements et en appliquant un filtre graphique noir et blanc. Il devient alors plus difficile de se repérer, et surtout de déceler d'éventuels objets à ramasser. Un petit réglage à ce niveau ne serait pas du luxe. L'alternance entre les deux personnages pourrait aboutir à quelques énigmes intéressantes, mais là encore, il est trop tôt pour le vérifier. Ce que nous savons par contre, c'est que cette alternance entre les deux respecte quelques limites. Ainsi, Beak-Beak ne peut pas se balader tout seul n'importe où et il n'acceptera d'aller que là où Tommynaut ne peut pas se rendre. De même, le joueur n'est pas autorisé à reprendre le contrôle de Tommynaut tant que son compagnon ne sera pas revenu à ses côtés. Evidemment, on se demande là quel impacte ces règles auront sur la difficulté de l'aventure…
Mike Dietz confie que la difficulté des énigmes n'est pas vraiment ce que son équipe cherche. A l'inverse, le but premier est d'offrir un jeu qui soit plaisant à parcourir et qui récompense le joueur, non pas par le plaisir de déjouer des puzzles intorchables, mais par de nouveaux environnements à explorer et de nouvelles scènes humoristiques à apprécier. Une vision qui pourrait diviser la communauté de fans de point and click si elle se montre trop prononcée. Nous ne manquerons pas de revenir sur le titre lors de sa sortie prévue plus tard dans l'année sur PC, Max et Linux dans un premier temps puis sur PS4 et Wii U.
Sur le plan visuel, Armikrog est clairement une réussite qui séduit immédiatement. Le design et les animations en stop motion donnent un cachet irrésistible au titre. Sur ce plan, l'équipe de Pencil Test Studios a déjà remporté son pari. Les joueurs auront clairement du plaisir à découvrir et à explorer l'univers d'Armikrog. La partie jeu d'aventure et puzzles, reste quant à elle encore floue. On sait que des énigmes ponctuent l'aventure, mais on ne connaît pas encore leur degré de difficulté.