Preuve que la licence s’était taillée une place de choix durant la précédente décennie, Dragon Age : Inquisition fut auréolé du titre de « jeu vidéo de l’année » lors de la première édition de la cérémonie des Game Awards. On a même récemment appris que ce troisième épisode s'était écoulé à 12 millions d'exemplaires depuis sa sortie. Aujourd’hui, pour Dragon Age : The Veilguard, c’est une autre paire de manches et notre récente prise en main du jeu nous a démontré que la saga les a bien retroussées pour parvenir à concurrencer les nombreux jeux de rôle qui se sont succédés lors de cette dernière décennie.

Début septembre, Electronic Arts et BioWare nous ont conviés pour une très longue session de jeu, quelques mois après nous avoir mis l’eau à la bouche à l’occasion du Summer Game Fest. Lors du salon californien, notre aperçu de Dragon Age : The Veilguard, en compagnie de la réalisatrice du jeu, Corinne Busche, nous avait laissé sur notre faim. Non pas parce que la découverte du prologue nous avait laissé de marbre, mais parce que l’on mourrait d’envie de mettre les mains sur la manette pour expérimenter ça par nous-même. Aujourd’hui, c’est chose faite et on a pas mal de choses à vous dire ! Alors, Dragon Age : The Veilguard peut-il reproduire l’exploit d’Inquisition et remporter une seconde fois le titre de GOTY ? Est-il suffisamment bon pour faire de l’ombre aux meilleurs RPG de ces dernières années ? Ce quatrième volet signe-t-il le début d’un nouvel âge d’or pour BioWare ? C’est l’heure de fournir de premiers éléments de réponse !

Le héros que l'on rêve d'être dans un scénario à la BioWare : un combo qui fait mouche

En juin dernier, notre présentation de Dragon Age : The Veilguard avait débuté sur un élément primordial, central même, de ce nouvel épisode : un éditeur de personnages plus complet que jamais, nous permettant de devenir « le héros que l’on rêve d’être ». Si ce n’était qu’un court aperçu, notre prise en main nous a permis d’y plonger plus en détail et de créer l’avatar qui allait nous accompagner le temps d’une partie de la session. Pour tout vous dire, on y a passé presque 30 minutes tant l’éditeur regorge d’options pour modeler le personnage à notre convenance et au plus proche de notre imagination. Bref, il y a des options de personnalisation dans tous les sens - notamment plus de 80 coupes de cheveux, et quel rendu ! -, ce qui nous permet de créer un avatar qui a plutôt fière allure. À côté de ça, on retrouve, comme pour Inquisition, le choix entre quatre races (Elfe, Qunari, Humain et Nain) ainsi que les trois classiques iconiques : Guerrier, Voleur et Mage. Bien entendu, pour alimenter le passé de votre héros, vous pouvez le rattacher à l’une des six factions (ce qui influence l’histoire et les choix de conversation durant la partie), tandis que BioWare a prévu une autre surprise en ce qui concerne la personnalisation ! On vous laisse apprécier le rendu de notre magnifique Voleur, membre de la faction des Dragons de l’ombre.

Mine de rien, Dragon Age : The Veilguard pose instantanément les bases de son role play avec la construction du personnage, mais aussi à travers le récit. Dès l’entame du prologue, on est amené à faire des choix qui se répercutent sur sur la dynamique du groupe. Certains vous soutiendront, tandis que d’autres n’oublieront pas de sitôt que vous vous êtes opposé à leurs préconisations. Pour mieux s’y retrouver, les équipes de BioWare mettent en avant une iconographie qui permet d’identifier le type de réponse que l’on s’apprête à sélectionner. Dans l’idée, cela permet de visualiser en amont le ton ou les émotions que l’on souhaite mettre en avant dans nos échanges. Malgré tout, on a remarqué quelques petits changements entre la suggestion de réponse et la ligne de dialogue finale… C’est surprenant, et on peut parfois regretter de ne pas avoir opté pour une autre option à la place. Bref, si ce n’est pas important lors des échanges basiques, ça peut être déstabilisant lors des choix les plus primordiaux ! Quoi qu’il en soit, on apprécie les différents types d’approche et on doit dire qu’on se réjouit de retrouver la plume de BioWare sur ce genre de récit fantastique où l’on embarque avec une large galerie de personnages (ici, sept nous accompagnent : Neve, Emmrich, Harding, Lucanis, Davrin, Bellara et Taash). Oui, ça fait du beau monde pour partir à l’aventure, et ça tombe bien puisque c’est le prochain point que nous allons aborder !

La croisée des idées : scénario et exploration, The Veilguard cherche le bon compromis

Lorsque nous avons découvert le prologue du jeu, en juin dernier, la première chose qui nous a sauté aux yeux, c’était la beauté des décors. Au beau milieu de la cité de Minrathie, en proie aux apparitions de monstres et autres engeances, BioWare nous a fait l’étalage des performances du moteur Frostbite, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a eu de sacrés progrès en comparaison de Dragon Age : Inquisition. Le sentiment de dépaysement est total et nous n’avions fait que défricher la surface de cette aventure. Durant cette nouvelle prise en main, divisée en plusieurs segments, on a pu découvrir les environnements colorés de la forêt d’Arlathann, offrant des panoramas tout aussi somptueux que ceux de Minrathie, l’ambiance horrifique de la Croisée de D’Meta, la dimension mystique de la Croisée des Chemins ou encore les rues enchanteresses de la cité de Treviso dont l’aspect nous fait penser à un mélange étonnant entre Venise et Poudlard. On a donc eu le droit, en quelque sorte, à un avant-goût de l’univers inédit de ce nouvel opus de la saga qui promet, globalement, de nous emmener dans des endroits qui ont seulement été évoqués au sein du lore de Dragon Age, à l’image de Riveïn, Weisshaupt ou encore les Tréfonds.

Concernant le déroulé de l’aventure, il faut rappeler que Dragon Age : The Veilguard n’est pas un jeu vidéo en monde ouvert, contrairement à Dragon Age : Inquisition ! Pour le retour de la saga, les équipes de BioWare ont préféré opter pour une structure plus narrative, basée avant tout sur une série de missions à travers les différents environnements du jeu. Par exemple, notre périple dans la forêt d’Arlathann était l’une des étapes du scénario. Globalement, il faut voir ces missions comme des sortes de donjons où vous progressez d’un point de départ jusqu’à l’objectif final, dont la dernière étape est souvent représentée par un boss. Si l’on reste assez dirigiste dans la structure, on peut tout de même explorer, à un certain degré, les environnements pour trouver des collectibles du Codex, des coffres contenant des équipements et autres objets, des matériaux pour aider les factions à se développer ou accroître le potentiel de certaines mécaniques de jeu, à l’image de l’Atelier de la Vigie dans le Phare de la Garde du Voile. En soi, ce n’est pas primordial mais c’est une manière de parcourir les missions qui vous assure de profiter de l’ensemble des fonctionnalités du jeu !

Pour autant, les développeurs de Dragon Age : The Veilguard n’ont pas fait l’impasse sur l’exploration. Afin de contrebalancer la dimension dirigiste de l’aventure principale, vous aurez la liberté - c’est le cas de le dire ! - d’explorer la Croisée des Chemins. Si ces lieux mystiques servent en quelque sorte de passerelles vers les endroits majeurs de cette épopée, c’est surtout sur ces terres que vous allez pouvoir étancher votre soif d’exploration puisqu’il y a tout un tas de quêtes à y accomplir. Toutefois, les équipes n’ont pas fait ça pour combler le vide entre chaque mission capitale. Comme elles nous l’ont expliqué, l’idée était de faire de chaque quête (de régions, de factions…) une opportunité de développer le lore de la saga, d’apporter une plus-value narrative au point où l’on s’aventure à chaque fois dans un récit à part entière, une histoire certes secondaire mais qui a du sens et de l’intérêt. En complément, la Croisée des Chemins est remplie de zones où vous pouvez mettre la main sur des équipements et autres objets puissants (à condition de triompher des monstres qui s’y trouvent), sur des énigmes à résoudre, sur des données du Codex et, surtout, sur des souvenirs importants de Solas qui vous permettront de mieux cerner ce complexe personnage. De notre côté, on doit avouer que l’expérience était plutôt divertissante : si l’on apprécie les moments épiques et les instants de tension liés au scénario, le fait de prendre son temps et de savourer l’univers et les quelques quêtes qu’on a pu entreprendre ont confirmé le potentiel de The Veilguard en tant que jeu de rôle à surveiller de (très) près. Qui plus est, ce fut le meilleur moyen de faire le tour du système de combat qu’on pourrait qualifier d’accrocheur… mais ponctué de quelques défauts.

La tactique, c'est l'attaque : un RPG imparfaitement charmeur

Il y a bien un aspect sur lequel Dragon Age : The Veilguard est attendu au tournant, c’est son système de combat. Décrié dans Dragon Age 2, BioWare avait revu sa copie pour Inquisition, optant pour un compromis entre le côte action d’un hack’n’slash et la dimension stratégique de la pause tactique où la caméra, en vue du dessus, nous permettait de déplacer nous-mêmes nos trois compagnons et de leur donner des instructions. Cela risque de déplaire aux fans de l’opus précédent, mais Dragon Age : The Veilguard verse encore plus dans l’action, mettant au point une sorte de compromis entre les deux épisodes qui le précèdent. En l'occurrence, le principal changement réside dans l’introduction d’une roue lors du déclenchement de la pause tactique. Riche en informations (faiblesses des ennemis, synergie des attaques, commandes disponibles...), elle sert avant tout à prendre le temps de planifier sa prochaine action, d’envisager des combinaisons de compétences sur tel ou tel ennemi et d’orienter ses compagnons vers un ennemi en particulier ou de les répartir sur leur propre adversaire respectif. D’ailleurs, pour ce qui est des compagnons, Dragon Age : The Veilguard réduit la voilure, passant de trois à deux héros pour épauler Rook, notre avatar.

Lors de notre prise en main, on a effectivement constaté que l’action prenait plus de place au sein de la saga mais que BioWare avait trouvé le bon équilibre pour ne pas réduire la dimension tactique. On l’a d’ailleurs compris dès l’activation de la pause tactique puisque la caméra, bien centrée cette fois-ci, se focalise sur l’action au premier plan, ce qui peut parfois altérer la lisibilité des combats dans certaines configurations, notamment lorsque nos compagnons sont éloignés. En matière d’action pure, BioWare a fait le choix d’un gameplay en toute fluidité : notre avatar peut bloquer, esquiver, sauter et dispose d’une palette de coups typique des action-RPG d’aujourd’hui : attaque légère et lourde (elles peuvent même être chargées), compétences spéciales et ultimes, runes magiques… Pour développer la profondeur de son gameplay, Dragon Age : The Veilguard s’appuie sur un arbre de compétences disposant d’un noyau central et de trois embranchements, en fonction des spécialisations des trois classes disponibles (Guerrier, Voleur et Mage). Au fil de la montée de niveaux - il y en a 50 au total -, on acquiert des points qu’on utilise pour déverrouiller les nœuds de l’arbre. Ce sont soit des compétences passives/actives, des augmentations de statistiques, des sorts de classes, etc. Pour celles et ceux qui aiment varier leur gameplay et trouver celui qui leur correspond le mieux, il est possible de récupérer l’ensemble des points dépensés pour les investir ailleurs.

En plus de ça, et tout en sachant qu’il y a sept compagnons à disposition au total, il y a de nombreuses possibilités pour varier le gameplay. Du côté des équipements, BioWare ne tombe pas dans le piège du loot à outrance mais préfère transformer les doublons d’équipements en un moyen d’augmenter la rareté. Par exemple, si vous détenez déjà l’arme que vous venez de trouver dans un coffre, celle-ci gagne un niveau de rareté. Raison de plus pour prendre le temps d’explorer les décors de chaque mission et fouiller les recoins de la Croisée des Chemins. À côté, le jeu vous initiera à d’autres moyens pour affiner le build de notre héros, à l’image des enchantements. Bref, il y a plein de petites fonctionnalités qui viennent se greffer au gameplay, si bien que l’ensemble, certes un peu moins tactique, au sens traditionnel, n’en demeure pas moins très accrocheur, malgré quelques défauts. En plus des petits soucis de lisibilité que l’on pouvait évoquer, on a ressenti quelques lourdeurs dans le déroulement des combats, des boucles de progression un brin répétitives, à l’image de l’enchaînement de hordes d’ennemis lors de certaines missions, des boss dont la barre de vie n’en finit pas et des compagnons qui, en dehors des sorts, ne semblent pas peser si lourd que ça dans les affrontements. En soi, si nous n’avons pas beaucoup d’inquiétudes sur la dimension narrative, compte tenu du passé de BioWare, on a tout de même quelques réserves sur la qualité du système de combat. Ce n’est pas foncièrement dramatique car Dragon Age : The Veilguard a suffisamment de qualités pour avoir déjà installé au fond de nous une légère obsession. Oui, il semble imparfait sur certains points mais on a envie d’y revenir et c’est ce qui peut faire la différence !