Dead Space Remake : USG Ishimura ou mourra pas ?

Bien que le remake de Dead Space (2023) s’adresse avant tout aux fans du jeu d’origine, il est également pensé pour accueillir des hordes de néophytes grâce à un dépoussiérage en règle de la station spatiale USG Ishimura. Le célèbre vaisseau spatial brise-surface – qui a traumatisé plus de deux millions de joueurs quand les Xbox 360 et autres PlayStation 3 représentaient la crème de la crème – est un endroit sordide infesté de créatures infernales. Envoyé à bord de la navette USG Kellion afin de comprendre pourquoi l’équipage ne donne plus signe de vie, Isaac Clarke va rapidement se retrouver dans des situations cauchemardesques face à des adversaires protéiformes appelés “nécromorphes”. La mission de restauration initialement envisagée se transforme vite en sauve-qui-peut. Piégée dans l’enfer métallique de l’Ishimura, la petite escouade du Kellion va remuer ciel et terre pour s’en sortir.

Si vous nous rejoignez seulement : Dead Space est un survival-horror disposant d’une caméra derrière l’épaule qui a frappé un grand coup lorsqu’il est arrivé en 2008, au point de donner un coup de vieux au bodybuildé Chris Redfield alors que ses nouvelles aventures arrivaient quelques mois plus tard avec Resident Evil 5. Le titre développé par EA est connu pour être un vibrant hommage à Alien mais aussi à Event Horizon grâce à ses corridors fumants éclairés par des lumières stroboscopiques révélant brusquement diverses créatures atroces. Chaque bouche d’aération, chaque recoin sombre abrite une menace potentielle. Cette ambiance oppressante finement mise en place tout au long de la progression est renforcée par des affrontements bestiaux. Les ennemis de Dead Space ne se trouent pas, ils se découpent. Trancher les jambes, les bras ou les tentacules du bestiaire est le seul moyen de repousser définitivement la menace. Grâce aux pouvoirs proposés au joueur qui agrémentant le gameplay, telle que la stase (pour ralentir objets comme monstres) ou la télékinésie (pour se saisir d’items à distance ou déplacer les plus lourds), l’expérience d’origine ne révolutionnait pas le genre mais apportait suffisamment de leviers pour provoquer des situations variées.

Quoi de neuf docteur Kyne ?

Pour ce remake, les équipes de Motive Studio ont décidé de bien faire les choses. Tout d’abord, et c’est ce qui se remarque d’emblée quand on entre dans le costume d’Isaac, les graphismes ont été totalement repensés afin de bénéficier de la puissance des machines current gen (PS5, Xbox Series). Le jeu se déroulant principalement en intérieur, les artistes ont pu se faire plaisir avec de nombreuses lumières dynamiques mettant en valeur une architecture agressive. Les déchirures observables sur les adversaires sont plus détaillées que jamais, les effets spéciaux sont nombreux, tandis que les textures en imposent. Oui, nous retrouvons l’ambiance poisseuse d’antan et le sound design est toujours aussi fabuleux. Au casque, la spatialisation est bien rendue sans que cela n’aide trop l’utilisateur : l’Ishimura est tellement bruyant avec ses moteurs qui vrombissent, ses hélices qui tournent, ses tuyaux qui fuient, qu’un son parasite peut tout à fait cacher les signes de vie d’un mutant. Est-ce que ce remake a de quoi faire oublier le soft de 2008 ? D’après ce que nous avons vu, oui, assurément. Dead Space nous revient dans une forme technique olympienne et parvient à nous replonger dans les confins de l’espace le sourire aux lèvres, mais la peur au ventre. Seuls quelques ralentissements aperçus pendant notre démo et deux ou trois bugs visuels nous rappelaient que le jeu n’était pas encore totalement terminé. Des petits soucis qui devraient bien entendu disparaître dans la version finale si l’on se fie aux promesses de l’équipe de développement.

Dead Space Remake met un point d’honneur à garder l’héritage du jeu d’origine tout en améliorant tout ce qu’il est possible de perfectionner. À ce titre, il va beaucoup plus loin que ce qu’a réalisé Naughty Dog avec sa nouvelle version de The Last of Us. En effet, durant notre session, nous avons aperçu différentes nouveautés allant bien au-delà de la simple refonte graphique. Motive Studio a tout d’abord repris divers ajouts inclus dans les épisodes suivants, comme la maniabilité simplifiée en gravité zéro et le système d’amélioration d’armes à plusieurs embranchements, pétoires dont certains effets supplémentaires sont à débloquer en ramassant ce qui est nécessaire (contre de précieuses places de l’inventaire). Si le level-design n’a pas drastiquement changé, il accueille des variations inédites grâce à la manière d’utiliser les noyaux d’énergie. En effet, Issac a désormais le choix de décider à quelle sauce il va être mangé en choisissant lui-même son malus lié à ce que la batterie alimente. Dans une salle par exemple, il était possible de choisir entre éteindre les lumières ou arrêter l’alimentation en oxygène afin de pouvoir progresser. Un choix cornélien tant la vue et le souffle sont indispensables pour survivre plus de quelques minutes dans l’Ishimura !

Enfin, le jeu, filmé comme un grand plan séquence à la God of War, octroie la possibilité de revenir sur ses pas. Histoire de ne pas laisser le visiteur trop à l’aise dans des endroits déjà parcourus, les développeurs de Motive Studio ont mis en place ce qu’ils appellent “l’Intensity Director”, un procédé permettant de changer des événements de manière aléatoire. Lors d’un aller-retour à bord du vaisseau, la musique peut soudainement varier, les lumières peuvent se mettre à clignoter ou à s’éteindre, et des créatures peuvent surgir, sans que cela soit un événement strictement scripté comme cela était le cas dans le jeu de base. Aucune partie du remake de Dead Space ne devrait donc être identique à la précédente. En voilà une bonne nouvelle.

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