Yakuza : Like a Dragon, d’ores et déjà disponible au Japon depuis janvier 2020, attend patiemment la sortie des consoles de neuvième génération début novembre pour poser définitivement un pied sur le vieux et le nouveau continent. Les fans occidentaux sont à l’affût prêts à reprendre du service, et pour cause. Ce nouvel épisode, forcément confié aux studios Ryu ga Gotoku et édité par Sega, s’annonce comme le renouveau aussi bien sur le plan narratif que ludique d’une franchise qui célèbre en fin d’année ses 15 ans. Mais qu’en est-il vraiment ? Le Dragon de Dojima a-t-il trouvé son digne successeur ?
Yakuza Like a Dragon : Les impresssions de la rédaction en 3 minutes
La rédaction de jeuxvideo.com a pu découvrir Yakuza : Like a Dragon sur Xbox Series X lors d'une session de jeu de 3 heures et 30 minutes couvrant le chapitre 5 dans son intégralité. La preview ci-dessous s'attarde uniquement sur le jeu, son contexte et ses mécaniques de gameplay, et non sur l'optimisation "Next Gen".
Une histoire de vengeance
Kazuma Kiryu ayant tiré un trait sur sa vie mafieuse, une retraite bien méritée, c’est à Ichiban Kasuga, tout juste sorti de prison après 18 ans passé derrière les barreaux, de prendre la relève. Et quelle relève. Son retour à la vie “civile” ne va pas se passer comme prévu. Trahi par la famille Arakawa du clan Tojo, ce nouveau héros part en quête de vengeance et de réponses. Il n’est pas aisé de remplacer au pied levé la légende vidéoludique que représente le Dragon de Dojima. Pourtant, ce nouveau protagoniste parvient à s’imposer rapidement. Kasuga est loyal à l’image de Kiryu, avec une pointe d'excentricité qui n’est pas sans rappeler les facéties toutes proportions gardées de Majima Goro. Le ton est donc bien plus léger que dans les épisodes précédents, mais sait retrouver son sérieux quand l’intrigue l’exige. La démo commençant au Chapitre 5 (sur les 15 qui composent l’histoire), nous ne jugerons la qualité du scénario qu’une fois ce dernier intégralement parcouru. Toutefois, les quelques heures passées dans le costume fushia d’Ichiban Kasuga attisent notre curiosité.
Niveau mise en scène, les studios Ryu ga Gotoku récitent leurs gammes sans bouleverser une saga extrêmement codifiée. Des discussions exposent par de simples champ-contrechamps l’intrigue, et en révèlent certains détails. L’accent est mis à raison sur le jeu des acteurs (Kaiji Tang, Shinichi Tsutsumi, Greg Chun, George Takei, Elizabeth Maxwell, Andrew Morgado…) qui incarnent la multitude de personnages principaux et secondaires disséminés dans le récit. La force des Yakuza réside en partie dans cette approche cinématographique, et Like a Dragon accepte pleinement cet héritage, le fait sien. Des cinématiques de plus grande envergure viennent ainsi ponctuer les innombrables conversations dont le jeu est friand, car ce nouvel épisode s’avère très verbeux, et font progresser l’histoire avec un sens de l’épique exacerbé. Un Yakuza ne fait jamais dans la demi mesure.
Yakuza : Like a Dragon échange Kamurocho contre les districts de Isezaki Ijincho à Yokohama. Le quartier chaud de Tokyo ainsi que celui de Sotenbori (Osaka) devraient tout de même faire une apparition au cours des pérégrinations d’Ichiban Kasuga, mais le récit se concentre majoritairement sur ce nouvel environnement qui s’annonce immense. La découverte d’un Japon reconstitué à l’échelle 1:1 a toujours été l’une des forces de la série. Le titre de Sega promet des heures d’exploration sous le soleil nippon. Les bars, les restaurants, les clubs, les magasins donnent vie à la citée portuaire de Yokohama. Cette ville située au sud de Tokyo réserve aux protagonistes de belles surprises, y compris des activités attendues ou non (Baseball, Karaoke, Karting, SEGA Centers...), l’une des marques de fabrique de la saga depuis le premier épisode.
Ichiban Kasuga face au clan Liumang
Le club des loosers magnifiques
Un nouveau héros. Un nouvel environnement. Les studios Ryu ga Gotoku modifient en profondeur la formule, et les plus importants changements restent à venir. Le système de combat, historiquement un Beat’em All en temps réel, laisse sa place à un tour par tour surprenant. Les affrontements changent radicalement d’orientation, et mettent l’accent sur la stratégie et la coordination entre les membres du groupe. N’est pas le Dragon de Dojima qui veut. Ichiban Kasuga s’entoure donc de plusieurs individus au cours de ses aventures pour éliminer toute menace qui se place en travers de sa route. Yakuza : Like a Dragon emprunte aux jeux de rôle leurs mécaniques sans perdre au cours du processus ce petit quelque chose qui fait d’un Yakuza un jeu reconnaissable entre tous.
L’interface en combat s’inspire ouvertement de celle de Persona 5 avec ses options d’attaque et de défense, ses aptitudes spéciales à déclencher contre des points de Mana ou encore ses items. Les initiés aux RPG modernes sont ici en terrain connu. Au beau milieu de la rue, dans un bar... le groupe de Kasuga défie les gangs et autres loubards de Yokohama au cours d’affrontements loin d’être statiques. Les QTE des “Kiwami Skills” pour en accroître les effets, les “Delivery Help” pour convoquer un acolyte, les actions contextuelles liées à l’environnement… tout cela dynamise les combats, et ajoute une pincée d’imprévisibilité bienvenue au beau milieu de la mêlée. Yakuza : Like a Dragon suit sa propre voie, celle de la joute au tour par tour, et cela semble lui réussir.
La montée en puissance tout au long de l’aventure d’Ichiban Kasuga et de ses camarades d’infortune passe par un gain d’expérience augmentant leurs statistiques (Attaque, Défense, magie, Soin, Agilité, Dextérité…), mais pas seulement. Les métiers sont ici essentiels, et déterminent votre style. Selon le job sélectionné, diverses aptitudes et modificateurs s’appliquent aux personnages. Il en va de même pour les armes et les équipements qui diffèrent selon la profession. A mesure que la bande progresse dans l’histoire, de nouveaux métiers sont disponibles, et étoffent un impressionnant panel de combinaisons. Pour se renforcer, nos héros s’équipent de la tête aux pieds, et s’arment selon leurs prédispositions et leurs jobs. Ces armes, armures et accessoires en tout genre s’achètent, et s’améliorent moyennant ressources et finances.
L’amitié entre les membres du groupe importe également. Ce lien indéfectible entre Ichiban Kasuga, Namba, Kouichi Adachi et Saeko Mukouda se renforce au gré des discussions, des moments partagés, ce qui apporte en combat des bonus traduisant la complicité entre ces derniers. Ichiban Kasuga se démarque des autres protagonistes par un système de personnalité qui définit selon ses actions lors des quêtes secondaires l’importance de ses différents traits de caractère. Les 6 facettes de sa personnalité (Passion, Confiance en Soi, Gentillesse, Charisme, Intelligence et Style) débloquent selon leur niveau respectif de nouveaux jobs, et boostent certaines statistiques dont la défense. Mises bout à bout, ces features laissent aux joueurs une liberté appréciable pour faire de l’histoire d’Ichiban Kasuga la leur.
Une virée nocturne entre amis
Les studios Ryu ga Gotoku prennent un risque en modifiant en profondeur l’ADN de la franchise Yakuza, et ce pari pourrait s’avérer payant. Le système de combat au tour par tour désarçonne par instant avant de se révéler tactique et dynamique avec en prime les jobs et l’amitié pour enrichir l'expérience. Le nouveau héros prend ses marques en quelques saynètes sans pour autant effacer des mémoires la légende de Kazuma Kiryu dans une ville de Yokohama qui accueille à bras ouvert une intrigue à la fois sérieuse et légère. Yakuza : Like a Dragon surprend par sa proposition, mais reste sur bien des aspects un vrai “Yakuza” avec tout ce que cela implique. L’avenir d’Ichiban Kasuga pourrait bien être radieux.