Dévoilé à l’E3 2018 lors du PC Gaming Show, Night Call avait attiré l’œil avec son visuel tout de noir et de blanc, tout en piquant plus particulièrement l'intérêt des joueurs français, puisque l’action se situe dans notre chère capitale. Avec une proposition étonnante : incarner un chauffeur de taxi parisien, pris au piège dans une enquête policière.
Nous avons pu essayer Night Call lors d’un événement ID@Xbox organisé par Xbox, à Paris. Au cours de notre partie, nous avons pu discuter avec l’un des développeurs du jeu. Ce dernier tournait sur PC ; la démo a duré environ 30 minutes.
Curieux jeu que ce Night Call, une aventure narrative qui prend rapidement la forme d’un jeu d’enquête, sur fond de critique sociale. Au volant de son taxi, le joueur incarne un ex-taulard qui a réussi à se bâtir une nouvelle vie… jusqu’à ce qu’il soit laissé pour mort à côté du cadavre d’un de ses clients par le serial-killer qui affole la police depuis des mois. À peine sortie du coma et revenu à la vie active, il est abordé par une inspectrice de police qui n’hésite pas à lui faire du chantage pour qu’il l’aide à retrouver le tueur. Ses origines et son nom qui feraient de lui le coupable idéal, la licence de taxi obtenu en cachant son passé… Tout y passe. Notre héros n’a donc pas vraiment le choix : il a sept jours pour identifier le criminel, sinon le piège se refermera sur lui.
Black & white
Night Call est plutôt minimaliste dans sa forme : le joueur passe le plus clair de son temps dans son taxi, à écouter parler ses passagers ; si le joueur le souhaite, il peut même leur répondre, via plusieurs options de dialogue. Entre chaque course, l’écran affiche une carte complète de Paris, sur laquelle sont affichés plusieurs icônes : personnes ayant appelé un taxi, stations service… Car oui, si Night Call est un jeu d’enquête, le héros est avant tout un chauffeur de taxi et il doit travailler. Il faut donc réussir à faire les deux, en pensant intelligemment ses courses pour gagner un maximum d’argent, mais aussi en prenant le temps de se rendre dans certains endroits pour obtenir des informations. Ou simplement en posant les bonnes questions aux personnes qui pourraient se glisser sur la banquette arrière. Une fois la journée de boulot terminée, le joueur a accès à l’appartement de notre chauffeur, où il peut choisir d’utiliser du temps pour examiner les dossiers fournis par l’inspectrice et les éléments obtenus dans la journée.
Côté gameplay, Night Call n’est donc pas très compliqué et compte surtout sur votre capacité à raisonner et à tirer les bonnes conclusions. Selon les développeurs, le jeu n’est pas particulièrement compliqué, un point que nous n’avons pas été en mesure de vérifier. En revanche, le Game Over est tout à fait possible puisque le jeu compte au total 75 NPC qui peuvent embarquer à bord de votre taxi, mais aussi plusieurs centaines de milliers de ligne de dialogue. Autant dire qu’un mauvais choix de passager ou un mauvais choix de dialogue peuvent faire passer à côté d’informations cruciales pour le déroulement de l’enquête, si vous ne réussissez pas à avancer avec ce que vous avez déjà. Ce qui fait toute la richesse de Night Call.
« Évaluer cette course ? »
Dans Night Call, chaque nouvelle course est l’occasion de découvrir une histoire à l’intérieur de l’histoire. Des moments de vie, ceux de vos passagers qui sont plutôt volubiles. À la différence du Parisien moyen, les PNJ de Night Call ont la conversation facile et si tous ne sont pas vraiment sympathiques (comme le Parisien moyen, là encore), le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils n’hésitent pas à s’épandre sur leur vie privée. De la jeune étudiante en droit qui déteste ses études et ne poursuit son cursus que pour faire plaisir à sa mère, au dragueur vicieux qui fait les aéroports à la recherche de femmes un peu fragiles, on rencontre de nombreux profils et tous ont une petite histoire, quelque chose à raconter. On a tour à tour envie de les aider, de les insulter, et c’est finalement, en filigrane, la vie dans la capitale française qui se dessine. Avec tout ce qu’elle a de plus beau et de plus laid à offrir. Night Call surprend par la richesse de ses dialogues, la cohérence des réactions des PNJ, et surtout le nombre de thèmes qu’il embrasse à chaque nouvelle course. Malin, cynique mais pas désenchanté, le jeu de BlackMuffin Studio et Monkey Moon livre une vision éclairée et sans concession de Paris et de sa faune nocturne. En soi, c’est déjà une petite victoire, puisque c’est principalement pour cette raison qu’on relancera Night Call à chaque échec, et avec plaisir s’il vous plaît.
Les Experts : Paris
Si cette démo d’une demi-heure ne nous a pas réellement permis de tester en profondeur le système d’enquête, elle nous a quand même offert un premier aperçu plutôt séduisant. Night Call ne prend pas le joueur par la main, en tout cas pas avec des cut-scenes, des élément mis en surbrillance ou des indices balancés sans finesse ; tout doit être trouvé et compris en lisant les documents et en reliant les points entre eux. Points qui existent finalement en nombre limité, les développeurs ayant opté pour un temps d’enquête assez court : le joueur n’a donc pas la possibilité d’amasser une quantité folle d’informations, dans lesquelles il aurait pu se perdre. Cela donne l’agréable sensation que l’on pourra faire sa petite enquête sans être trop bloqué par une narration trop dirigiste.
Avec son interface toute simple et ses visuels en noir et blanc, Night Call joue la carte de la sobriété et il le fait avec beaucoup d’élégance. Intelligent et bien écrit, reposant sur un concept qui devrait pousser les amateurs d’enquête à relancer la partie plus d’une fois, le titre de BlackMuffin et Monkey Moon nous a séduit et l’on espère que le déroulement de l’enquête sera, dans sa totalité, à la hauteur des jolies choses que l’on a entre-aperçu lors de cette démo.